I- L'AVENEMENT DU SYSTEME COMPTABLE OHADA ET
SES COMPOSANTES :
Dans un premier temps, nous ferons une description très
sommaire de l'avènement du Système Comptable OHADA. Ce qui va
nous amener à commencer par l'exposition des failles du Plan Comptable
OCAM, puis de souligner la naissance même du système comptable
OHADA.
Dans un second temps, nous passerons en revue les
différentes composantes du Système Comptable OHADA .Ce sont le
dispositif juridique, le dispositif comptable, le plan et le fonctionnement des
comptes, les approfondissements techniques et la comptabilité de
trésorerie.
A- L'AVENEMENT DU SYSTEME COMPTABLE OHADA
Avant de faire une exposition sur la naissance du Système
Comptable OHADA, nous nous attarderons sur les limites que présentait le
plan comptable OCAM
1- Les failles observées au niveau du plan
comptable OCAM
Le Plan Comptable OCAM fût adopté en Janvier 1970
par les chefs d'Etats de l'OCAM (Organisation Commune Africaine et Malgache).
Ce Plan avait pour objet, de dépasser la comptabilité preuve
juridique pour atteindre la comptabilité instrument de
gestion13.
Le Plan Comptable OCAM avait plusieurs innovations, entre
autres, la création du Tableau des Soldes Caractéristiques de
Gestion, la création du tableau de passage aux soldes des comptes
patrimoniaux, l'intégration de la statistique à la
comptabilité par l'utilisation de la nomenclature etc. Par ces
innovations le Plan OCAM a prolongé et approfondi les acquis du Plan de
1957.
Cependant, bien que le Plan présentait des innovations
précieuses, l'on constatait que le besoin de le remplacer était
ressenti. Il présentait des failles et était inadéquat
avec la réalité économique. Différents constats
peuvent en fait justifier la mise à l'écart de ce Plan Comptable
et de l'adoption du Système Comptable OHADA.
En effet, le Plan Comptable OCAM avait pour objectif de donner
une conception gestion à la comptabilité. Par contre, le fait que
parmi les innovations du Système Comptable OHADA, il y a question
d'élargissement du bilan, il y a lieu de déduire que cet objectif
n'a pas été atteint.
De plus, le plan présentait une certaine
rigidité, une complexité et d'utilisation difficile surtout pour
les secteurs informels (NZAKOU, 2001). Or la rigidité et la
complexité de la réglementation comptable sont les causes des
manipulations comptables par les dirigeants. Il faut donc adopter des normes
comptables souples et générales pour responsabiliser les
dirigeants.
Ensuite, le Plan OCAM n'était pas le seul
référentiel comptable en vigueur dans la zone. Ce qui ne
permettait pas la comparaison entre entreprises.
13 NZAKOU André, Système comptable par
l'exemple Difficultés comptables et fiscales, Tome 1, Imprimerie SAINT
PAUL ? Yaoundé, 2001.
Aussi, on notait la pluralité des bilans et des autres
états financiers. Ce qui affectait la fiabilité des informations
comptables émanant des entreprises, car ces documents ne donnaient pas
une image fidèle de la situation de ces entreprises et de
l'évolution patrimoniale.
De même, la norme comptable était obsolète
et présentait un déphasage avec les normes internationales. Les
investisseurs et les opérateurs économiques sont devenus
très attachés aux dispositions comptables internationales.
Enfin, on observait l'insuffisance de la prévention du
secteur productif. En fait, dans la structure économique actuelle le
secteur informel occupe une place très importante, la plupart des
entreprises camerounaises et surtout les TPE et les PME, évoluent dans
ce secteur. Mais le Plan Comptable OCAM ne permettait pas la tenue facile des
comptes pour les entreprises de ce secteur.
Au regard toutes ces failles, on pouvait constater l'ultime
nécessité de penser à un système qui prendrait en
considération toutes ces limites, et s'adapterait à la
réalité économique, au « village planétaire
».
2- La naissance du système comptable
OHADA.
Historiquement, plusieurs systèmes comptables ont
été utilisés dans la zone de l'espace OHADA.
Tout d'abord, il y a eu le Plan Comptable Français de 1947
et de 1957. Ce sont les plans d'avant indépendance.
Par la suite, il y a eu adoption du Plan Comptable OCAM en 1970
qui remplace le plan comptable français de 1957.
Puis, il y a eu le plan comptable générale de
l'OHADA première version qui a été adopté à
Dakar en 1995, mais jamais mis en application.
Enfin, intervient le plan comptable général des
entreprises du système comptable ouest Africain (SYSTOA).
D'un côté, le plan comptable OCAM qui
était en vigueur présentait beaucoup de lacunes qu'il fallait
prendre en considération. Et de l'autre côté, la prise de
conscience se faisait au plan macro-économique, les instances
monétaires et financières (BCAO, UMOA) se préoccupaient
des instruments de gestion des entreprises. À cet effet, elles
définissent des nouveaux instruments de gestion monétaire dont la
mise en oeuvre nécessitait entre autres, la réalisation
d'une centrale des bilans. Cette centrale constitue et
gère une base des données descriptives, financières et
comptables et publie après traitement, des informations destinées
à des analyses multiformes.
Ces préoccupations vont enfin de compte, mener à
l'adoption de droit comptable tel que, celui de SYSCOA qui a été
adopté en 1996 et entré en vigueur en 1998.
Ainsi, puisque les choses évoluent et étant
donné que le but de l'OHADA est l'unification de droit des affaires dont
le droit comptable est une blanche, le Système Comptable OHADA voit le
jour le 24 mars 2000 à Yaoundé (Cameroun). Le conseil des
ministres de l'OHADA adopte l'Acte Uniforme portant organisation et
harmonisation des comptabilités des entreprises sises dans les Etats
parties au traité de Port-Louis. Ce traité s'applique ainsi,
à tous les membres qui sont au nombre de seize (16) Etats. Le
Système Comptable OHADA est entré en vigueur en deux temps :
· le 1er janvier 2001 pour la comptable personnel des
entreprises
· Le 1er janvier 2001 pour les comptes
consolidés » et les « comptes combinés ».
Le plan comptable local, face à la mondialisation de
l'économie, face à la préoccupation internationale sur la
mondialisation, s'est montré défaillant sur plusieurs niveaux. Il
a fallu mener des réflexions pour trouver son successeur. C'est ainsi
que le Système Comptable OHADA a vu le jour et devenu un «
référentiel comptable qui s'inscrit dans la lignée de
l'Ecole continentale et de pratique comptable. ».14 Quelles
sont alors les composantes de ce « référentiel comptable
» ?
B- LES COMPOSANTES DU SYSTEME COMPTABLE
OHADA
Le Système Comptable OHADA comporte l'ensemble de la
réglementation comptable jugée adaptée à la
situation des entreprises de l'espace OHADA et à l'évolution des
techniques comptables (SERE 2000).
Le système forme donc un ensemble cohérent
comprenant le dispositif juridique, le dispositif comptable, le plan et le
fonctionnement des comptes, les approfondissements techniques et la
comptabilité de trésorerie. Cette présentation consistera
à commencer par les dispositifs du Système ensuite les autres
composantes.
14 Souleymane SERE , Acte uniforme du 24 mars 2000
portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises,
OHADA Traité et actes uniformes commentés et annotés,
2e édition , Juriscope, 2000
1-Les dispositifs du Système Comptable
OHADA
Nous commencerons tour à tour par la présentation
du dispositif juridique puis le dispositif comptable.
a- Le dispositif juridique
L'Acte Uniforme a définit les obligations liées
aux comptes personnels des entreprises, les obligations liées aux
comptes consolidés et aux comptes combinés et les sanctions
prévues en cas de non conformité à ces obligations. Ces
mesures sont définies en cent treize articles.
L'Acte Uniforme élargit le champ d'application de
l'obligation de tenue d'une comptabilité en vue d'une meilleure
appréhension du secteur productif. Seuls sont exclus de son champ, les
établissements financiers, les banques, les compagnies d'assurances et
les entités soumises à la réglementation de la
comptabilité publique. A cet effet, le dispositif juridique du
Système Comptable OHADA consacre une acceptation plus large de la notion
d'entreprise. Le dispositif est complété par les annexes,
c'est-à-dire les autres composantes du système.
b- Le dispositif comptable
Il comporte trois grandes parties : le cadre conceptuel et la
structure du Système Comptable OHADA, la terminologie et les
états financiers. Pour palier l'insuffisance du plan OCAM et de ses
dérivés, le Système Comptable OHADA présente les
principes et concepts servant d'assise au dispositif comptable.
Ainsi donc, le cadre conceptuel traité dans cette
partie s'inspire de la pratique internationale, mais souligne le changement de
fond et de forme par rapport aux plans comptables qui étaient en
vigueur. La définition d'une terminologie assez riche montre le souci de
donner aux utilisateurs la même acceptation des termes.
Une partie du dispositif s'occupe des états financiers et
met en évidence les innovations introduites.
2- Les autres composantes du Système Comptable
OHADA a. Le plan et le fonctionnement des comptes
Cette partie comprend le plan des comptes, le tableau de
correspondance postes /comptes et le fonctionnement des comptes. Outre les
fondements conceptuels du plan de comptes, cette partie expose la liste des
comptes (codification à 4 chiffres) à laquelle elle
confère une certaine flexibilité avec une possibilité de
lui adjoindre les nomenclatures définies
par la statistique pour des analyses complémentaires.
Elle précise le fonctionnement des comptes en faisant des commentaires
et en donnant des éléments de contrôle. La correspondance
entre les postes des états financiers et les comptes y est faite.
b. Les approfondissements
techniques
Cette partie du Système Comptable OHADA ressort les
précisions et compléments techniques sur certains points
difficiles de la pratique comptable. Elle donne des explications par exemple
sur le traitement des opérations de crédit- bail, les contrats
plein- exercices, la réévaluation des bilans...
Aussi, le Système décrit la méthodologie de
consolidation (qui est devenue obligatoire) et la démarche à
suivre pour produire les états financiers consolidés.
Egalement, des approfondissements sont portés sur les
comptes combinés qui visent l'appréhension du poids
économique d'entités étrangères exerçant
leur activité dans la zone OHADA.
Par ailleurs, le Système Comptable OHADA qui a une
approche gestion, prévoit à ce titre des éléments
utiles à la comptabilité nationale dans l'état
annexé.
Enfin, une nouvelle analyse financière ainsi que des
développements sur la comptabilité de gestion font aussi partie
intégrante de ces approfondissements.
c. La comptabilité de
trésorerie
Pour prendre en compte le secteur informel qui constitue
l'essentiel de notre secteur productif, le Système Comptable OHADA a
prévu le Système Minimal de Trésorerie pour les
très petites entreprises. C'est une comptabilité de type
recettes- dépenses, qui déroge aux principes et fait l'objet
d'une publication à part.
Tout au long de ce qui précède, nous nous sommes
attardé à souligner d'abord, l'avènement du système
comptable OHADA, ce qui nous a permit de faire le recensement des failles de
l'ancien plan comptable en vigueur ainsi que de ses dérivés.
Par la suite, un nouveau système est né pour
palier, certainement, les failles observées.
Puis nous avons passé en revue les différentes
parties du Système Comptable OHADA. En somme il s'articule au tour des
points suivants : le dispositif juridique relatif au droit comptable, la
terminologie, les états financiers, le plan des comptes, les tableaux de
correspondance postes / comptes, le contenu et le fonctionnement des comptes,
les opérations
et les problèmes spécifiques, les comptes et les
états financiers consolidés, les nomenclatures et la
comptabilité de trésorerie.
Après avoir cerné la constitution du système
comptable OHADA, la question qui peut directement nous venir à l'esprit
c'est : sur quoi se fonde ce système ?
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