4.1. Les risques liés à l'obligation
L'investissement en obligations suppose le sacrifice d'une
consommation immédiate certaine en échange d'une situation future
incertaine. D'où la notion du risque définie par J.P.
Morgan1 comme étant l'incertitude qui existe
quant à la valeur future de l'instrument financier. C'est donc la
probabilité que le rendement réalisé (ex post)
soit plus ou moins différent de la rentabilité
espérée (ex ante).
Il existe une multitude de risques liés à
l'obligation et sont classés en deux catégories : les risques
systématiques et les risques spécifiques.
4.1.1. Les risques systématiques
Le risque systématique ou risque de marché peut
être défini comme le risque de variation du prix d'une grandeur
économique constatée sur le marché. Dans cette optique, il
s'agit de l'incertitude quant aux gains qui résultent des changements
dans les conditions du marché telles que : les prix des valeurs, les
taux d'intérêt ou encore le taux de change.
1. Le risque de taux d'intérêt
: ce risque mesure le degré d'exposition du porteur d'un
titre à l'évolution ultérieure des taux sur le
marché. A cet effet, une évolution défavorable des taux
aura une conséquence directe sur les prix des obligations ; puisqu'il
existe une tendance opposée entre les prix des obligations et les taux
d'intérêt, une hausse des taux sur le marché pendant une
certaine période se traduira logiquement par une réduction
appréciable des cours des titres.
Par ailleurs, le risque de taux couvre deux
éléments : un risque général
lié à l'évolution des taux
d'intérêt et un risque particulier
relatif à l'appréciation de l'émetteur du
titre par le marché.
2. Le risque de variation des cours
: représente le risque d'évolution
ultérieure des prix d'un titre financier, engendrant
éventuellement des pertes/gains particulièrement
considérables. Ce risque résulte soit d'une dégradation de
la situation de l'émetteur (risque de crédit usuel) ou bien d'une
détérioration de la situation du marché (risque
général).
3. Le risque de taux de change : ce
risque concerne les émissions libellées en devises, et
réside dans la possibilité de variation des prix de la devise par
rapport à la monnaie nationale.
4.1.2. Les risques spécifiques
1. Le risque de défaut :
appelé également risque de contrepartie, il s'agit du
premier risque auquel est confronté l'investisseur, estimant les pertes
potentielles dues à l'incapacité d'une contrepartie de remplir
ses obligations. En effet, l'investisseur peut ne pas être
remboursé à l'échéance par l'émetteur. Ce
risque se met en évidence lorsque l'investisseur ne reçoit pas le
paiement d'un coupon, ou bien s'il y a non-paiement de l'ensemble des coupons
périodiques et du prix de remboursement.
Evaluation du risque de
défaut
L'évaluation du risque de défaut est
généralement confiée aux agences de notation ; les plus
importantes sont les deux firmes américaines : Standard & Poor's et
Moody's. Leur fonction est de porter un jugement, non une recommandation
d'achat ou de vente, sur le risque de défaillance d'un investisseur
détenant des titres émis par des émetteurs. Par ailleurs,
ce risque peut être mesuré par une autre méthode
appelée : écart de rentabilité
(spread de taux) ; cet écart représente la différence de
rentabilité entre les obligations risquées et les obligations
d'Etat.
Cependant, on peut mesurer le risque de contrepartie par une
méthode simple, à un niveau de taux d'intérêt
t, qui dépend de trois éléments : la
probabilité de défaut p, le montant de
l'exposition au risque M et le taux de recouvrement
r (celui-ci reflète le degré
d'exposition au risque), nous donnant ainsi la perte potentielle probable
actualisée P 1 :
2. Le risque de liquidité : le
risque de liquidité est associé à l'incapacité pour
une société à transformer certains avoirs illiquides en
avoirs liquides à des conditions de
marché attrayantes. Ce type de risque est néanmoins
répandu quand les titres sont émis par de petites entreprises ou
bien émis en faible quantité.
Toutefois, ce risque peut exister dans le cas d'une grave
crise économique, d'une réglementation contraignante ou
restrictive entraînant des fermetures sur certains segments du
marché, qui peuvent engendrer de leur part des risques
systématiques.
3. Le risque d'inflation : c'est la
probabilité d'être remboursé dans une monnaie
dépréciée, et donc d'obtenir un taux de rentabilité
inférieur au taux espéré. Parallèlement, dans le
cas d'une hausse considérable du taux d'inflation, le taux obtenu peut
être négatif.
4. Le risque de réinvestissement des
coupons : traduit le fait que le détenteur d'une
obligation ne sait pas à quel taux seront réinvestis ses coupons.
Dans le cas d'une hausse de taux, l'investisseur subira une perte de capital
mais réinvestira ses coupons à un taux favorable ; dans le cas
contraire, la baisse des taux sur le marché entraînera un gain en
capital et un réinvestissement de coupons à des conditions moins
attrayantes.
4.1.3. Autres risques
En dehors des risques présentés qui concernent les
obligations, il en existe d'autres formes de risques concernant les
portefeuilles obligataires et les risques opérationnels.
1. Le risque de portefeuille : tant
que le portefeuille est composé de titres dont les rendements ne varient
pas de façons similaires, son risque est inférieur à la
moyenne des risques de ces titres. En d'autres termes, la théorie de
portefeuille démontre qu'en prenant un ensemble de titres, pour une
rentabilité donnée, le risque peut être
réduit1.
2. Le risque opérationnel :
c'est le risque de perte provenant d'erreurs humaines ou de défaillance
des systèmes ou processus tels que : les risques technologiques et le
défaut de fonctionnement des systèmes de gestion.
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