Conclusion générale :
Au Maroc, l'année 2005, proclamée année
internationale du microcrédit par l'Assemblée
Générale des Nations Unies, est le bon moment pour penser sur la
micro finance.
Le microcrédit s'est avéré être un
véritable vecteur de développement socio-économique,
malgré son jeune âge dans notre pays.
A travers ce travail, on a essayé de traiter le
·microcrédit· d'une façon globale au niveau de la
première section, et particulièrement dans le cas de Maroc dans
le cadre de la deuxième partie.
Le microcrédit présente une
réalité diverse, et recèle d'immenses potentialités
de développement.
Sans rappeler des différents éléments et
résultats analysés durant ce travail, on va essayer de placer
l'accent sur un ensemble de suggestions et recommandations.
Généralement, de telles recommandations peuvent
être articulées autour de trois aspects : les aspects juridiques
et institutionnelles, les produits et services offerts, les mécanismes
et sources de financement:
-Les aspects juridiques et institutionnels :
le cadre légal régissant le secteur de la micro finance, la loi
18-97 en fait, contient des atouts certains (la spécialisation des AMC
en matière de microcrédit et son résultat sur le
développement d'un savoir-faire en la matière, l'émergence
d'institutions pérennes grâce à l'obligation de
viabilité imposé par la loi, un renforcement des assises
financières des AMC grâce à l'exonération de la TVA,
une transparence accrue grâce à l'approbation du plan comptable et
la supervision confiée récemment à Bank Almaghrib), mais
présente aussi de sérieuses entraves au développement des
AMC (le statut d'association limite l'accès des AMC à certaines
ressources de financement, l'interdiction de mobiliser l'épargne
d'offrir d'autres types de produits et services financiers privent encore les
AMC de la possibilité de diversifier leurs produits et d'accéder
à des ressources financières importantes, la non
détermination du taux d'intérêt plafond risque d'engendrer
certains abus). D'où la nécessité de renforcer les atouts
et d'endiguer les entraves. En effet, une amélioration du cadre
réglementaire actuel pourrait être réalisée à
travers, notamment :
Ø l'élargissement du champ d'action des AMC,
afin de répondre aux besoins des pauvres en termes d'épargne,
d'assurance et de transfert d'argent. Le but est de diversifier les produits
offerts et d'accéder à autres sources de financement ;
Ø un statut avancé pour le secteur et une
capitalisation des associations remplissant les critères de performance.
Cela dans le but de satisfaire les besoins financiers des AMC ;
Ø et la fixation du taux d'intérêt maximum
appliqué par le secteur ;
A côté de ces axes, une contractualisation des
rapports Etat-AMC dans le cadre d'un contrat-programme favoriserait la
réalisation des objectifs de l'INDH et le développement des
AMC.
-Les produits et services offerts : le secteur
de la micro finance au Maroc se caractérise par sa structure
oligopolistique, sa forte croissance et son
hétérogénéité. Malgré les amendements
de la loi 18-97, le secteur reste encore largement dépendant du
crédit solidaire et est concentré dans les zones urbaines et
périurbaines. Une véritable diversification des produits offerts
et une meilleure implantation géographique des AMC passent, entres
autres, par :
ü le renforcement des capacités institutionnelles
des AMC (management, gouvernance et assistance technique) ;
ü un accompagnement des bénéficiaires par
la conception et la mise en place de prestations de services susceptibles de
les aider à faire aboutir leurs projets (formation, conseil et
orientation, etc.) ;
ü un maillage territorial en parfaite harmonie avec la
nouvelle carte de pauvreté. Cette carte fait apparaître les
régions et les localités où l'ampleur et
l'intensité de la pauvreté sont les plus préoccupantes,
d'où la nécessité de les cibler prioritairement ;
ü la réalisation des études de grande
envergure se rapportant à la population cible (les profils variés
des pauvres, les vulnérables...) et ses besoins en terme de produits et
services financiers ;
ü la mise en place d'une base de données
actualisées et variées, afin de s'y référer en
toute recherche scientifique sur le secteur, et d'éviter le
caractère disparate et lacunaire des données statistiques.
-Mécanismes et sources de financement :
toute stratégie de financement du secteur devrait tenir compte du
développement inégal des AMC. D'où la
nécessité de mesures spécifiques aux grandes (afin de leur
permettre d'accéder aux ressources financières à long
terme), aux moyennes (afin de renforcer leur assises financières) et aux
petites associations (des subventions afin de renforcer leur management et
gouvernance, notamment).
La satisfaction des besoins en financement et d'assistance
technique du secteur, nécessiterait la conception et la mise en oeuvre
des instruments novateurs de financement tels que :
§ la création d'un fonds de financement national
dédié au microcrédit, qui satisferait au moins
partiellement les besoins en financement et assistance technique. Les efforts
en cours pour créer ce fonds sont salutaires ;
§ la mise en place d'un fonds de garantie marocain
dédié aux AMC, qui faciliterait l'accès aux prêts
bancaires à moyen et long terme ;
§ l'autorisation des AMC les plus transparentes et les
plus performantes à la collecte de la petite et la micro épargne
ainsi qu'à l'accès aux marchés de capitaux. Ces deux
instruments permettraient aux AMC d'avoir les moyens nécessaires pour
satisfaire leur besoin en financement, diversifier leurs produits et augmenter
le nombre des bénéficiaires ;
§ et la mise en oeuvre de la technique de titrisation
qui permettrait aux AMC d'améliorer leurs résultats comptables et
de financer une part de leurs activités.
Enfin, quel que soit le degré de perfection de ces
instruments de financement et de ces éléments de réforme,
ils ne peuvent donner les résultats escomptés sans l'existence
d'un environnement institutionnel et socioéconomique favorable et d'une
stratégie bien définie. Cette dernière devrait promouvoir
les AMC et l'efficacité de l'action sociale au Maroc. Il s'agit de
trouver des réponses adéquates au dilemme traditionnel consistant
à mieux concilier l'économique (la viabilité
financière des AMC) et le social (la réduction de la
pauvreté, l'amélioration des conditions de vie de la population
démunie et la contribution à la cohésion sociale).
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