La problématique de l'Autre comme Infini dans la philosophie d'Emmanuel LEVINAS( Télécharger le fichier original )par Charles NDUMBI KABOYA Université Saint Augustin de Kinshasa - Graduat 2009 |
CONCLUSION GENERALEAu terme de ces investigations au sujet de `La problématique de l'Autre comme infini' chez Emmanuel Lévinas, il est temps pour nous de conclure. Dans le premier chapitre, il a été question d'élucider ce qu'est l'autre comme infini. Trois points ont été développés ; au premier point, nous avons essayé d'éclairer tant soit peu, ce qu'est cet Autre qui s'avère Infini ; d'où nous avons évoqué l'idée de l'infini qui présuppose une rupture et qui se produit comme révélation. Cette idée n'est possible, avons-nous dit, que par le dépassement du moi subjectif. Au deuxième point, nous avons essayé de parler de la responsabilité pour Autrui qui est effectivement ce par quoi nous sommes dignement humains et nous devenons responsable d'Autrui sans notre vouloir. La rencontre avec le visage de l'Autre, a été le troisième point de ce chapitre ; nous avons dit que le visage de l'Autre me parle et m'invite à une relation sans commune mesure ; c'est dans le visage qu'Autrui prend sens. Nous avons subdivisé ce point en deux sous points : `la rencontre d'Autrui' et `le mystère du visage de l'Autre'. Nous lisons - en dépit de la responsabilité que nous avons envers Autrui - à travers son visage, non seulement une métaphysique éthique, mais aussi un rapport de commandement car, il est mon maître et je dois être attentif à lui. Son visage est également transcendance du moi car il suscite en moi l'idée de l'Infini vers qui je dois tendre.
Au deuxième chapitre, nous avons parlé de `L'altérité comme désir métaphysique' ; ici nous avons voulu chercher d'abord à parler du désir métaphysique qui a été présenté comme celui qui ne peut pas être satisfait et qui ne repose sur aucune parenté préalable ; il est infini et apparaît dans le visage de l'Autre. Dans un deuxième moment, nous avons abordé le désir comme transcendance ; ici nous avons souligné que l'homme est responsable dans la recherche des dimensions humaines de son semblable, de son Autre. L'intentionnalité comme philosophie de la totalité a fait l'objet du troisième point du deuxième chapitre. Nous avons plus parlé de Husserl - l'un de maître de notre auteur - qui a axé sa réflexion essentiellement sur le monde et sa constitution, plutôt que sur l'homme et tout ce qu'il peut entreprendre. Nous avons aussi parlé de l'ontologie comme négativité de l'altérité où l'ontologie qui est philosophie première, philosophie de l'injustice contre laquelle Lévinas développe une pensée selon laquelle le désir devient considération de l'Autre ou Justice. Enfin, avec l'altérité comme nécessité, une approche conceptuelle de l'altérité nous a servi de piste pour décoller afin d'atterrir sur l'acception lévinassienne selon laquelle, seul l'asymétrie dans la relation sauvegarde la possibilité d'une éthique et la relation entre Je et Tu doit être exclusivement éthique. Au troisième chapitre « L'autre et moi dans l'espace socio-politique congolais », six points ont été au rendez-vous. Au premier point nous avons mentionné que le virus congolais est de ne pas reconnaître l'Autre ; l'Autre n'est pas pris en tant qu'autre, il est méconnu dans son altérité. Au deuxième point de ce chapitre, un paradoxe a été mis en exergue : le moi qui prend les armes pour sauver l'Autre, recourt aux mêmes armes pour le tuer, le Moi qui prône la démocratie, use de la dictature pour asseoir son pouvoir71(*). Alors dans ce cas, le visage de l'autre est dépouillé et se trouve dans sa nudité. La justice dans la relation avec Autrui constituait le troisième point du chapitre ; ici nous avons présenté la justice comme une des conditions premières pour que toute forme de responsabilité ne se convertisse pas en une nouvelle violence exercée sur Autrui ; la justice implique nécessairement un ordre moral. Au quatrième point « responsabilité personnelle et justice sociale », nous avons remarqué que la responsabilité devrait se manifester dans l'organisation des institutions justes et doit concerner tout le monde. Pour que l'égalité et l'équité règnent entre les hommes et dans la société, il faut que les hommes exigent d'eux-mêmes plus qu'ils exigent d'Autrui, qu'ils portent la responsabilité de toute l'humanité. Au cinquième point, nous avons montré avec Lévinas qu'il n'y a pas d'autre conscience qu'éthique. La relation à l'Autre ne se produit pas d'abord comme une conscience de l'Autre, mais, comme conscience éthique. Et au sixième et dernier point de ce chapitre, nous avons mis en marge ce qui a été autrefois appelé « Etat de nature » où l'homme était un loup pour l'homme (homo homini lupus) ; nous avons fait remarquer que la politique n'est plus comme autrefois l'art de gagner la guerre. D'où l'homme doit chercher à dépasser le règne de l'animalité pour prôner la raison afin d'éviter toute bavure et arriver à un Etat juste et idéal, où l'Autre est d'abord considéré au premier plan. Somme toute, sûr de n'avoir pas tout dit sur la pensée, mieux la philosophie d'Emmanuel LEVINAS, ce travail reste ouvert aux autres contributions qui pourraient l'enrichir. * 71 C'est ce que Sylvain TSHIKOJI Mbumba appelle les impasses méthodologiques. (Cf. S. TSHIKOJI, De la bonne gouvernance. Appel à un nouvel ordre éthique du pouvoir en Afrique noire, Kinshasa, Cerdaf, 2002, p.31-36). |
|