4 Chapitre
III : Théories d'explications de l'IDE :
Les principales théories
explicatives de l'investissement direct étranger tirent leur origine de
la théorie Ricardienne des avantages comparatifs telle qu'elle a
été perfectionnée par l'apport Hecksher-Ohlin-Samuelson en
matière d'égalisation des prix des facteurs de production.
Un ensemble des théories d'orientation
marxiste a été largement développé dans les
années 1960 et 1970 et qui appelaient a un renouvellement radical des
relations entre les pays du centre et ceux de la periphérie.ces
théories s'inscrivaient dans l'optique de la dépendance, du
dualisme, de l'impérialisme et du néo-colonialisme.
Ø Théorie de l'avantage comparatif
dynamique :
La théorie de
l'échange international dans sa forme néo-classique et telle
qu'elle a été présenté par Hecksher-Ohlin et
formalisée ensuite par Samuelson et STOL ber, se fonde sur une
série d'hypothèses : régime de concurrence parfaite sur
les marchés des produits et facteurs, immobilité internationale
des facteurs de production, des fonctions de production, des fonctions de
production identiques dans les deux pays coéchangistes.
Dans ce modèle, l'information technologique
sur les produits se présente comme libre et immédiatement
disponible .ce qui explique l'identité des facteurs du processus de
production à travers les pays.
Dans cette théorie, aux hypothèses si
restrictives, il n'y aurait place pour l'échange international et qui
serait déterminé par les couts comparatifs. Il n'est pas encore
question d'investissement direct à l'étranger.
Le stock d'information étant supposé
être libre, aucune firme dans un pays donné ne possède un
avantage supérieur de connaissance pour lui permettre de concurrencer
les firmes d'un autre pays.
L'échange se fonde sur les prix relatifs des
biens, il joue le rôle d'un substitue partiel au libre mouvement des
facteurs.
Cette nouvelle interprétation du
théorème néo-classique permet de montrer que
l'investissement direct à l'étranger est l'une des
manières d'exploiter un marché étranger, tout autant que
les exportations, incorporant dans un même cadre d'analyse les
phénomènes d'échange et d'investissement
international.(HUMBERT Marc : « Investissement
international et dynamique de l'économie mondiale ».Economica
1999.)
Ø Approche en termes d'économie
industrielle :
La firme, pour investir à
l'étranger, doit bénéficier de certains avantages
monopolistiques ou oligopolistiques, qui ne se sont pas possédés
par ses concurrents locaux.
Au plan des facteurs, les sources d'avantages
potentiels sont nombreuses : accès au capital, management,
technologies etc.
L'accès au capital à meilleur
marché que ses concurrents du pays hôte, même s'il n'est
qu'un des facteurs permissifs d'expansion des investissements étrangers,
il revêt une grande importance dans la décision d'investir
à l'étranger.
C'est à H.Hymer(1960) que l'on attribue
généralement la paternité de la formulation de l'approche
de l'investissement étranger en termes d'économie
industrielle : »dans un monde de concurrence parfaite pour les
biens et les facteurs, l'investissement direct ne peut pas exister...pour que
l'investissement direct prospère, il doit exister des imperfections sur
les marchés des biens et des facteurs, y compris celles résultant
d'un progrès techniques récents.
L'accent est mis alors sur la structure du
marché et sur le comportement de l'entreprise comme catalyseur de
l'investissement direct et non sur l'avantage comparatif national.
Sur le plan du marché des produits, le
comportement oligopolistique se comprend mieux quand on s'attaque à
repérer les imperfections ou les barrières auxquelles se heurte
l'investissement étranger par rapport aux concurrents autochtones ou
même à des concurrents étrangers déjà
installés dans le pays d'accueil : coûts dus à
l'information, inadaptation aux conditions sociales, légales ou
économiques...
Face à ces coûts additionnels, R.Caves
propose la théorie de la diversification des produits qui exprime la
capacité pour un investisseur étranger, de diversifier la
production lui permettant ainsi de pénétrer le marché
oligopolistique.
Dans le même ordre d'idées, les
économies d'échelle constituent également l'un des
déterminants de l'investissement à l'étranger qui mettent
en relief la puissance des firmes sur le plan de l'organisation industrielle,
notamment, dans les domaines suivants :
recherche-développement ; réseau de marketing, accès
au marché des matières premières et des produits
intermédiaires etc.
Ø Approche d'interdépendance
oligopolistique :
Ces modèles sont moins
taxés sur des avantages monopolistiques dus à l'imperfection des
marchés qu'au comportement des firmes les unes par rapport aux
autres .ils revêtent généralement deux formes :
stratégies de défense, les stratégies de
coopération.
Les stratégies de défense se fondent
sur le fait que les firmes oligopolistiques ne peuvent ignorer les
activités de leurs concurrentes, notamment, en matière de leur
investissement dans des pays étrangers .Aussi, l'investissement à
l'étranger devient un des instruments du jeu qui se déroulent
entre grandes entreprises rivales à l'intérieur d'une structure
de marché oligopolistique.
L'autre forme de modèle
d'interdépendance oligopolistique réside dans la stratégie
de coopération entre firmes : accords de partage de marché,
exploitation en association de certains marchés extérieurs.
Derrière ces modèles récents
d'interdépendance oligopolistique se dessine en filigrane la
théorie des jeux dont la paternité revient à
V .NEUMANN et MORGENSTERN et qui a pour objectif de préciser ce que
sont des comportements rationnels et de dégager les principales
caractéristiques de leur interaction avec les plus grands degrés
de généralité possible.
Ø Théories de l'aversion au
risque :
Cette théorie s'inscrit dans
le prolongement des théories précédentes, tout en ajoutant
l'élément d'incertitude dans les décisions de la firme.
En effet, le rendement et le risque constituent les
déterminants majeurs de la sélection de l'investissement
optimal.
Dans ce cadre, dans quelle mesure l'investissement
direct étranger trouve-t-il sa signification ?
L'élément de réponse
avancé considère que l'investissement étranger permet de
réduire les risques d'une entreprise grâce à une plus
grande diversification de ses actifs : théorie du portefeuille.
Pour cette théorie, l'investissement
étranger n'est pas l'unique déterminant du portefeuille
efficient (équilibre optimal entre risque et rendement), mais il
joue un rôle important dans la recherche d'une décision optimale
de la part de l'investisseur. C'est dans une telle perspective que l'IDE
apparait comme un agent de diversification des actifs, un processus contribuant
à équilibrer les risques avec la préférence pour la
liquidité.
Cependant, si cette dernière suppose un
comportement conservateur ou prudent de l'investisseur, R.Z.Aliber (1970)
est allé plus loin en appelant à tenir compte d'une autre
variable à savoir le risque de change ou l'incertitude au changement
attendu du taux de change. Cette situation amène l'investisseur, qui a
une aversion pour le risque a chercher une prime pour couvrir l'incertitude du
risque de change et qui sera faible pour les monnaies considérées
comme fortes sur le marché des changes et fortes pour les monnaies
relativement faibles.
Ø Théorie de
l'information :
L'information joue un rôle
cardinal dans l'implantation des unités de production à
l'extérieur. Or il est évident que cette information, sous ses
diverses formes de connaissance, et particulièrement la création
de produit, exige des ressources pour son développement. Ce qui pose au
fond le problème du financement de la recherche et du
développement. Deux grands types d'information peuvent être
dégagés : les informations technologiques et les
informations de commercialisation.
Si les informations d'ordre technologique posent les
questions de l'invention, de l'innovation, de la science fondamentale et celle
appliquée de la protection des découvertes, de l'obsolescence, de
l'imitation perfectionnée ; les informations de commercialisation
se référent plutôt aux questions ayant trait à
l'adaptation du nouveau produit ou du nouveau processus de production aux
conditions du marché, et aux recherches centrés sur la
communication directe des informations aux consommateurs.
Pour H.JOHNSON le transfert des connaissances est le
noeud du processus d'investissement direct à l'étranger et joue
un rôle cardinal dans l'implantation des unités de production
à l'extérieur.
Ø Théorie de la
localisation :
Cette théorie cherche
à identifier les variables spécifiques de localisation des firmes
des pays d'origines sur les marchés étrangers. ces variables ont
trait au coût des facteurs de production, à la structure du
marché et aux mesures interventionnistes de l'Etat.
Parmi les variables de coûts qui influencent la
localisation, cette théorie retient principalement le coût du
travail et le coût de déplacement des produits ou des facteurs.
En effet, les imperfections dans le marché
international du travail entraînent souvent la localisation du processus
de production à l'étranger : exemple de l'assemblage
d'éléments électroniques et de l'industrie de
sous-traitance en général dans quelques pays en
développement.
Du coté de la demande, la dimension et la
croissance du marché sont les déterminants majeurs de la
localisation extérieure. À cet égard, la firme recherche
à la fois la dimension et les possibilités de croissance du
marché en vue de savoir si elle peut tirer parti des économies
d'échelle.
D'un autre coté, pour la théorie de la
localisation, la politique du pays d'accueil peut modifier les décisions
de localisation.les moyens dont disposent les autorités publiques
concernent, notamment, l'application de mesures spécifiques
d'encouragement des investissements étrangers (avantages fiscaux,
infrastructures d'accueil, climat social...), la politique économique
extérieure (protection tarifaire, politique de taux de change etc.)
Ø Théorie des coûts de transaction et
la multinationalisation :
Lorsqu'une entreprise désire
vendre un produit, elle a le choix entre le fabriquer elle-même ou faire
appel à des fabriquants extérieurs. Ce comportement d'achat ou de
fabrication se retrouve également dans le comportement de la firme
multinationale.
En faveur du recours à la production au lieu
de l'achat sur le marché, R.Coase cite, notamment, la difficulté
de trouver les vrais prix de marché(le juste prix) ; le cout de
négociation et de conclusion de contrats d'échange
En faveur du recours à la production au lieu de l'achat
sur le marché, R.Coase cite, notamment, la difficulté de trouver
les vrais prix de marché (le juste prix) ; le coût de
négociation et de conclusion de contrats d'échange pour chaque
transaction ayant lieu sur le marché ;la fluctuation des prix sur
le marché ne permet pas généralement de passer des
contrats à long terme pour l'offre de produits et
services ;l'intervention de l'Etat sur les transactions de marché
sous forme de fiscalité ou de quotas.
D'après R.Coase, les indicateurs qui
permettent à une firme donnée de recourir à la production
directe ou au provisionnement auprès du marché sont : les
coûts de transaction et l'organisation hiérarchique de la
production.
Les coûts de transactions ont été
définis comme étant ceux auxquels l'entreprise doit faire face en
échangeant un bien ou les services d'un facteur de production sur un
marché. Ils viennent s'ajouter au prix d'achat ou de vente. Le
coût de transaction exprime le prix de face à face entre deux
partenaires économiques, individuels ou collectifs.
Face à ces coûts de transaction, les
avantages de l'internalisation (organisation hiérarchique de la
production) se trouvent être : facilitation de la prise de
décision séquentielle et adaptative ; réduction de
l'incertitude ; atmosphère générale plus
satisfaisante.
Dans ce cadre, la firme multinationale peut
être considérée comme étant une alternative au
marché et est mise en place dans le but de maximiser le profit pour les
unités de production interdépendantes et localisées dans
différents pays.
Cependant, dans la réalité, les
situations sont beaucoup plus complexes du fait de l'existence d'une multitude
d'organisations intermédiaires entre la hiérarchie d'un
coté et le marché de l'autre.
Autrement dit, la théorie des coûts de
transaction fournit un cadre d'analyse distinguant les transactions qui
nécessitent d'être internalisées de celles qui ne le
nécessitent pas.
Les différentes alternatives de
pénétration du marché étranger sont
comparées entre elles en termes de coûts de transaction et
d'organisation, coûts qui sont fonction de la nature du produit et de sa
technologie.
D'après cette théorie,
développée par Coase et Rugman, les choix alternatifs dans les
méthodes de pénétration des marchés
étrangers vont de l'export pur et simple à la création ou
l'acquisition d'une filiale à 100%.
Ø Intégration de l'échange et de
l'investissement international :
Le modèle de S. Hirsch
constitue la première tentative d'englober la plupart des
théories particulières qui ont voulu expliquer l'investissement
direct à l'étranger en mettant l'accent uniquement sur un facteur
spécifique déterminé.
L'objectif de ce modèle est de rechercher les
déterminants stratégiques du choix de décision d'une firme
entre l'échange et l'investissement en recourant à une approche
éclectique.
Partant d'un premier groupe de variables se
rattachant au principe dynamique de l'avantage comparatif, d'un second groupe
de variables liés à la théorie de l'information et d'un
troisième emprunté au cadre de la théorie de
l'organisation industrielle, Hirsch arrive à la fin de son modèle
aux conclusions suivantes :
Pour qu'une firme consente à investir dans le
pays B, elle doit bénéficier à la fois d'un avantage par
rapport aux firmes rivales et d'un avantage par rapport aux possibilités
de servir le marché de B par le biais des exportations.
A l'inverse, une firme établie dans le pays A
optera pour le mode des exportations si d'une part ses coûts
d'exportations sont inférieurs aux coûts de ses rivale dans le
pays B et si d'autre part, ils sont aussi inférieurs à ses
propres coûts de s'implanter à l'extérieur.
Ø Des stratégies multinationales aux
stratégies mondiales :
Si l'on de réfère au
cadre analytique construit sur la base de la théorie Ricardienne des
avantages comparatifs et/ou du modèle néo-classique
(Hecksher-Ohlin Samuelson), l'économie internationale est réduite
aux flux des biens et services échangés entre les
Etats-Nations.
Aussi, ce n'est plus le secteur, la branche ou le
produit, mais c'est le composant qui devient l'élément
fondamental de la spécialisation internationale. Nombreuses sont les
entreprises qui ont acquis de nouveaux avantages compétitifs qui font de
leurs pays des concurrents au niveau international sur un ou plusieurs de ses
composants.
Pour M. Humbert, la spécialisation d'une
nation se loge dans un système industriel mondial et où le lieu
privilégié de la compétition n'est pas la configuration
« centre/périphérique », mais plutôt
l'espace mondial avec une diffusion des normes techniques, productives et de
consommation qui se reproduisent au sein d'une hiérarchie.
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