De la problematique de la prise en charge des femmes et filles congolaises victimes des violences sexuelles, enquete mene en Ituri( Télécharger le fichier original )par Lydia KAVUO MUHIWA Universite de Kinshasa, RDC - Licence en sociologie 2008 |
c A Dieu Créateur de toute chose et Accompagnateur de tous les projets, A notre père Eli Kamala Mukanirwa ; A notre mère Hélène Mbambu Kamala ; A papa Salomon Banamuhere B ; A nos frères Arcène Mwaka et Nelson Paluku ; A nos soeurs et frères, cousines et cousins, tantes et oncles, nièces et neveux, belles soeurs et beaux frères, A notre futur époux ; A toutes les femmes victimes des violences sexuelles en Ituri et dans tout le Congo, Que ce travail, fruit d'endurance, serve d'enseignement à notre postérité. Lydia Kavuo MUHIWA AVANT-PROPOS Le présent travail de fin d'études est l'expression de notre endurance sur le parcours gracieux de notre apprentissage et formation intellectuels à l'Université de Kinshasa (UNIKIN), lesquels ne seraient possibles si nous n'avions pas bénéficié des encouragements, assistance et encadrement de plusieurs bonnes volontés envers lesquelles nous voudrions aujourd'hui témoigner de notre sincère gratitude. Nous pensons au Professeur H. NTUMBA LUKUNGA qui a toujours accepté, en dépit de ses multiples et lourdes charges de diriger ce travail qui n'est pas le premier. Sa façon de nous traiter en fille (enfant) et étudiante reste à jamais marquer dans notre mémoire. Il en est de même du Chef de travaux Jean Pierre MPIANA qui, malgré ses occupations et surtout pour sa grande volonté de se rendre disponible, au delà du temps très minime impartie, au delà de la précarité existentielle à la quelle le corps scientifique est confronté, s'est rendu disponible pour nous apporter des remarques et conseils dans la réalisation finale de notre travail. Nos remerciements vont également à l'endroit de tous les professeurs, chefs de travaux et assistants de la faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques en général, et ceux du Département de Sociologie et Anthropologie particulier, pour avoir contribué efficacement à notre formation. Que tous nos amis, connaissances, compagnons de lutte, grandes familles « les compagnons de Néhémie » et « tous les membres du Centre d'Etude Politique » et surtout celle qui a été pour nous plus qu'une amie, mais bien une soeur, de tous les temps Erby BIKAYI OBEL, trouve leur compte dans ce travail. 0. INTRODUCTION La femme congolaise, mère, épouse, maîtresse de maison s'activant pour la survie de sa famille mériterait mieux que d'être ligotée par la coutume en temps de paix ou de servir de cette natte de combattants en temps de guerre. Les violences faites à la femme paraissent être une constance, une nécessité, un exutoire de la société. Violences légères, raisonnables, acceptables, phénomène social d'activités courantes et banales parce que les représentations sociales sur la femme se perçoivent dans les comportements des auteurs. De ces faits, aucun caractère antisocial n'est relevé. Elle serait, d'après ces représentations et imageries sociales, un être irresponsable qu'il faut encadrer, éduquer corriger, quel que soit son âge, sinon pour son propre bien, en tout cas pour celui de la société. Mais aussi violences graves et dramatiques. Torture, coups et blessures, sévices entraînant l'altération de la santé, la mutilation, l'infirmité permanente voir la mort. Ceci en temps de paix. Surviennent alors les guerres et la situation prend une nouvelles dimension, absurdes, démesurée. Et pourtant que n'apporte-t-elle pas, cette femme à la société1(*). Telle est la situation de la femme en R.D.Congo en général, et de celle du District de l'Ituri en particulier. La belligérance qui s'est incrustée au cours de ces dix dernières années dans ce District de la Province Orientale s'est avérée désastreuse, particulièrement en ce qui concerne les violences sexuelles orchestrées à l'endroit de la femme. Cette dernière a constitué la cible et a été (est) victime de viol de tous les groupes armés qui se sont affrontés ou qui s'affrontent encore en Ituri.
Le présent mémoire cherche à voir dans quelle mesure l'aide psychosociale apportée a la femme victime de viol aurait une influence effective sur elle en la réhabilitant dans son statut et en la reclassant dans son environnement social. Aussi, nous a-t-il semblé important de détecter les causes, les conséquences voire les acteurs des violences en vue de lutter efficacement contre l'impunité. 0.1. ETAT DE LA QUESTION La recherche scientifique passe pour une oeuvre collective, même s'il arrive souvent que des études isolées soient entreprises par des chercheurs individuels évoluant seuls2(*). C'est en partant de cette pensée que nous avons parcouru quelques travaux ayant des accointances avec notre étude.
Faisons remarquer, d'entrée de jeu, que lorsqu'on s'intéresse à la question de la violence faite à la femme, spécifiquement au viol dont elle est victime de la part des groupes armés au cours de ces dix dernières années, on est surpris par l'indigence de travaux s'y rapportant surtout dans le monde universitaire. Notre exploration dans ce domaine nous a mise en présence de quelques études qui ont été réalisées par des organismes publics ou privés : ministères, Nations Unies (Monuc), ONG, églises, etc. Sans prétention à l'exhaustivité, nous allons passer en revue quelques-unes de ces études à l'effet de situer notre propos. Le ministère des Affaires Sociales et Familles de la République Démocratique du Congo a commandité et publié une étude sur la situation des lois coutumières et les droits des femmes dans les territoires contrôlés par le gouvernement. Cette étude avait été menée par le professeur Pierre Gambembo Gawiya, bénéficiant de l'appui financier de l'UNICEF et présenter dans l'ouvrage intitulé « la femme dans la tourmente des guerres en RDCongo ». Les résultats de ces enquêtes fournissaient un tableau sur les violences prédominantes notamment : les propos injurieux, la prostitution, les coup et blessures, les avortements, le viol, le refus de paiement des avantages sociaux aux femmes travailleuses et tant d'autres choses. Ces violences sont à la base des urgences psychologiques, des dommages physiques et socio-économiques graves. Mais par ignorance ou conditionnées par le poids des coutumes, rares sont les victimes qui portent plainte au tribunal. Dans le plus part des cas, un arrangement à l'amiable est trouvé3(*).
Cette cruauté quasi-naturelle à l'endroit de la femme s'est renforcée avec l'irruption de la guerre en RDC depuis 1996, et particulièrement avec la guerre de 1998, comme nous le fait remarquer MINANI BIHUZO. Cet auteur fait savoir que les violences sexuelles exercées par les groupes armés sont devenues une pratique courante. Des jeunes filles sont enlevées par des hommes armés, maintenues en détention et réduites en esclavage sexuel, violées, obligées d'accomplir des travaux domestiques et de se soumettre aux mariages forcés avec les membres des diverses factions, et parfois jusqu'au paiement d'une rançon exigée par les milices. Les auteurs des viols sont souvent connus, mais ni la police, ni les autorités judiciaires ne donnent sérieusement suite au cas de viol. Plusieurs auteurs des massacres et des crimes politiques se sont retrouvés dans les institutions de la transition. Les femmes doivent crier haut et faire voir qu'aucune paix durable ne peut être construite sur l'impunité4(*). Dans son rapport adressé au Secrétaire Général de l'ONU sur les graves événements survenus dans le District de l'Ituri, la Monuc établit que plusieurs femmes, dont le nombre est impossible à déterminer, ont été enlevées, les unes pour être gardées comme « épouses de guerre » ou esclaves sexuelles, les autres pour être violées ou soumises à des sévices sexuels avant d'être relâchées.5(*) Ces violences exercées sur les femmes en période de conflits, fait remarquer le CICR, sont ainsi utilisées comme armes de guerre. Le viol en temps de conflit est un crime qui ne peut jamais être justifié en tant que moyen de guerre, de démonstration de puissance, récompense pour l'armée victorieuse ou leçon pour les vaincus, incapables de protéger leurs femmes. 6(*)
Pour mettre fin à l'imputé institutionnalisée qui entoure cette pratique abominable, les Nations Unies, au dire de BANZA M.L et HEMEDI, C, ont pris certaines mesures dont la qualification comme crime contre l'humanité des actes de viol et autres abus sexuels, y compris la prostitution, la grossesse forcée ainsi que l'esclavage sexuel lorsqu'ils s'inscrivent dans une campagne systématique et de grande envergure visant une population donnée.7(*) Ces études nous dressent un tableau macabre des violences faites à la femme en Ituri. Au-delà des mesures prises par les instances internationales et nationales pour endiguer ce fléau, il sied d'indiquer que plusieurs partenaires sociaux travaillent à la réinsertion de ces femmes violées et violentées dans leur environnement social. En effet, depuis quelques temps les Ong, les églises et autres humanitaires sont à pied d'oeuvre en Ituri dans la perspective de prise en charge psychosociale des femmes victimes de violence sexuelle à travers plusieurs actions qu'ils mènent en faveur de ces femmes. Cette prise en charge psychosociale est capitale dans la mesure où elle vise recréer l'équilibre psychique et social de la femme rompu par le viol. L'objectif ultime étant d'obtenir la catharsis psychosociale de la femme pour qu'elle s'accepte et que la société l'accepte comme membre à part entière. C'est pourquoi, nous nous proposons à travers cette étude, d'évaluer l'efficacité des actions de prise en charge psychosociale menées par les humanitaires opérant en Ituri. Notre effort sera d'analyser les perceptions dont s'en font les femmes violées qui en sont bénéficiaires.
0.2. PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
Au cours des cinq années de conflit armé en République Démocratique du Congo, des dizaines de milliers de femmes et de filles ont été victimes de crimes de violence sexuelle dans la partie Est du pays. En Ituri par exemple, le rapport de Human Rights Watch établit qu'en deux années et demi (juin 2003 - janvier 2005) plus de 3500 femmes dont l'âge varie entre 8 mois et 88 ans ont été victimes de la violences sexuelles.8(*) Ces milliers des femmes et jeunes filles ont soit subi des viols collectifs (de fois en public en présence des époux, enfants et frères) soit ont été enlevées par des combattants pour servir d'esclaves sexuelles pendant de longues périodes. D'autres ont été mutilées ou grièvement blessées par des objets introduits dans leur vagin. D'autres encore qui s'étaient défendues lors de l'agression ont été tuées. Toutes les forces et groupes armés qui ont opéré en Ituri se sont rendus coupables de ces violences sexuelles. Il s'agit notamment des milices hema, lendu et ngiti ; du Rassemblement Congolais pour la Démocratie - Kisangani - Mouvement de Libération (RCD-ML), du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), de l'Union des Patriotes Congolais (UPC) et du Front Nationaliste Intégrationniste (FNI) dans la région d'Ituri. Mêmes les éléments des forces gouvernementales aussi bien de l'ancienne armée, les Forces Armées Congolaises (FAC) que de la nouvelle armée nationale connue sous le nom de Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se sont également rendus coupables d'abus sexuels. L'accord de Sun City signé en 2002 en Afrique qui symbolisait la fin de la guerre en RDC n'a pas arrêté les violences sexuelles à l'endroit de la femme en Ituri. Dans certains coins de ce District, les femmes ont continué à payer le frais. Les combattants, et même certains civils ont persisté dans leur entreprise de séquestration sexuelle à l'endroit des femmes tendant à élever cette pratique rétrograde à une culture. Si les traumatismes psychiques endurés par les femmes violées sont durs et complexes, les conséquences sociales de viols sont encore à redouter. En effet, une fille ou une femme qui a subi un viol est l'objet de stigmatisation, de l'exclusion sociale et se trouve être mise au ban de la communauté. Elle représente le déshonneur pour sa famille, pour le clan et pour toute la communauté bien qu'elle ne soit en rien coupable. C'est pourquoi une femme célibataire violée aura des difficultés à trouver un époux si le crime est connu. Une femme mariée est susceptible d'être rejetée par son mari ou sa belle-famille et endure des humiliations quotidiennes si elle n'est pas tout simplement renvoyée du foyer.
Tout ceci aggrave la situation des femmes victimes de la violence sexuelle. En effet, la stigmatisation et l'exclusion dont elles sont objet à la suite du viol qu'elles ont subi les placent en situation de paria et peuvent les incapaciter à exercer toute activité au sein de la société. C'est pourquoi en Ituri, quelques organismes se sont activés pour apporter une assistance psychosociale à toutes celles-là dont l'intimité a été agressée par le viol à l'effet d'assurer leur réintégration sociale. Au nombre de ces organismes citons le Médecin Sans Frontière (MSF), le Comité International de la Croix Rouge (CICR), le Centre d'Intervention Psychosociale... Ces organismes et ONG, par diverses actions, travaillent à la réinsertion sociale des femmes victimes de viols aussi bien par les soins médicaux qu'ils apportent, la réconciliation avec la famille que par la poursuite judiciaire des violeurs qu'ils organisent en faveur de victimes.
Ces actions louables en soi sont limitées dans certaines zones urbaines du district de l'Ituri. Les milieux ruraux sont souvent abandonnés ou redoutées par les humanitaires à cause de l'insécurité qui y prévaut. Et même dans les centres urbains, comme la ville de Bunia, où sont menées ces actions, elles ne semblent pas répondre totalement aux aspirations des bénéficiaires. Les entretiens que nous avons eus au cours de notre séjour à Bunia en novembre 2006 avec quelques femmes victimes de violence sexuelle nous ont révélé que ces dernières n'avaient pas une appréciation positive de l'assistance psychosociale leur apportée par ces différents organismes qui interviennent dans ce domaine. Nous avons réalisé que ces femmes bénéficiaires de l'assistance psychosociale avaient une autre conception de leur situation et de la manière d'y remédier. C'est pourquoi, nous avons résolu d'entreprendre la présente étude afin d'évaluer l'efficacité des actions menées par les organismes d'assistance psychosociale aux les femmes victimes de la violence sexuelle à Bunia. En termes interrogatifs, nous nous sommes posée les questions de savoir si l'assistance psychosociale aux femmes victimes de la violence sexuelle de Bunia était efficace? ? Si cette assistance psychosociale est efficace, à quoi est dû le sentiment d'insatisfaction qu'éprouvent les bénéficiaires, c'est -à- dire les femmes victimes de la violence sexuelle ? C'est autour de ces questions que nous allons formuler nos hypothèses de recherche.
0.3. HYPOTHESE Au regard de la problématique formulé ci-haut, nous formulons l'hypothèse selon laquelle l'assistance psychosociale apportée aux victimes de la violence sexuelle de Bunia serait efficace, c'est-à-dire aurait atteint ses objectifs tels qu'arrêtés par les humanitaires qui interviennent dans ce domaine. En outre, le sentiment d'insatisfaction relevé dans le chef des bénéficiaires serait dû à la non prise en compte des dimensions socioculturelles par les organismes d'assistance psychosociale. En effet, la plupart de ces organismes se limitent aux aspects économiques ignorant les considérations d'ordre culturel d'intégration sociale. C'est cette hypothèse que nous allons vérifiée dans ce travail. 04. METHODOLOGIE UTILISEE O4.1 Méthode utilisée Pour le traitement des données utiles à la rédaction de notre travail, nous devons nous appuyer sur une méthode. Avant de préciser la méthode qui va guider nos réflexions dans ce travail, disons un mot sur ce qu'est une méthode. Etymologiquement, méthode signifie « poursuite », « voie », « chemin ». Albert Muluma définit la méthode comme un ensemble des règles et des principes qui organisent le mouvement d'ensemble de la connaissance, c'est-à-dire les relations entre l'objet de recherche et des techniques et le niveau de la théorie et des concepts. Ces relations sont du type dialectique et non mécanique entre les informations, matière première ou produit semis finis du procès de connaissance, et les théorie et concepts qui en sont les produits finis.9(*) Partant de ces précisions, nous avons opté pour la méthode structuro fonctionnaliste. Cette dernière prend son point de départ dans la société globale. Elle répond à la question fondamentale suivante : « comment une société peut-elle se maintenir et subsister malgré la circulation complète de ses membres à chaque nouvelle génération ? » La réponse qu'il apporte est la suivante : la société persiste car elle se dote des moyens ; ce sont les structures sociales qui lui permettent de répondre aux besoins de ses membres ainsi qu'à ses propres besoins : les structuro fonctionnalistes considèrent qu'il s'agit des « pre-requisites» de toute vie sociale organisée.10(*) Avec cette méthode, nous n'avons pas l'intention de raconter des récits ou des faits observés mais plutôt d'en connaître la contribution à la survie de la société dans laquelle ils se déroulent. Concrètement, nous cherchons à voir comment les organismes d'assistance sociale entant que structures contribuent à la réinsertion des femmes victimes de la violence sexuelle à Bunia. Nous considérons que Bunia est une société globale en déséquilibre suite aux différents conflits armés qui y sévissent. Pour rétablir cet équilibre, la société globale Bunia s'est dotée des structures dont le rôle est de contribuer à sa survie en tant que société. Au nombre de ces structures qui permettent à la société Bunia de s'autoréguler en dépit du déséquilibre qu'elle a connu figurent ces organismes d'assistance psychosociale dont le rôle est d'assurer la réinsertion des femmes victimes de la violence sexuelle.
Pour rendre vivante cette méthode, nous sommes descendue sur terrain pour nous enquérir de la vraie situation des victimes des violences sexuelles. Notre enquête s'est appuyée sur d'une démarche relative à l'anthropologie sociale dans le sens que nos avons été obligée d'étudier la mentalité des habitants et avons été informée des coutumes.
O4.2 Techniques d'enquête Rappelons que les techniques sont des instruments, des procédés opératoires pour récolter les données sur terrain. Elles ont un ensemble des moyens et des procédés qui permettent à un chercheur de rassembler des informations originales ou de seconde main sur un sujet donné.11(*) Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé principalement l'observation directe. Lofland, définit l'observation directe comme suit : « être là, pour fins d'analyse ». Spradley en présente le but comme étant « la description d'une culture du point de vue de ses participants »12(*) Cette technique s'est concrétisée sous différentes étapes dont les suivantes : Vérification : ayant pour but d'attester l'existence réelle des cas des viols et des actions d'assistance psychosociale par les organismes humanitaires. Mesure : il est ici question de vérifier si ces actions d'assistance psychosociale sont permanentes ou sporadiques et voir si les bénéficiaires de ces actions ont été réellement réintégrées socialement. Explication : trouver les facteurs à la base de la persistance du sentiment d'insatisfaction chez la plupart des bénéficiaires de l'assistance psychosociale. L'observation était complétée par l'entretien libre. Grâce à l'entretien libre, nous avons eu des échanges avec les femmes bénéficiaires de l'assistance psychosociale sur le jugement qu'elles portent sur les différentes actions y afférentes. 0.5. CHOIX ET INTERET DU SUJET L'ampleur du phénomène de la violence sexuelle en RDC et particulièrement dans la partie Nord-Est plus précisément en ITURI est inquiétante. C'est un grave problème de société qui affecte des milliers des personnes chaque année. La femme en est victime et en souffre sur différents aspects et impunité générale en résulte en est un autre. Bien sûr la guerre est un facteur aggravant, mais ce n'est pas le seul. D'où la prise de conscience de cette situation à tous les niveaux pourrait permettre le changement des attitudes, l'amélioration du bien être et l'harmonisation des rapports entre l'homme et la femme afin de construire un monde de paix et de respect de droits. Pour ce qui concerne notre travail, il revêt un double intérêt : pratique et théorique. · Sur le plan pratique : notre travail constitue un cri d'alarme lancé aux organismes de prise en charge psychosociale des femmes victimes de violence sexuelle afin qu'ils améliorent leurs actions pour une réinsertion effective et totale des bénéficiaires dans leur société. · Sur le plan scientifique : toute personne intéressé à la situation psychosociale de la femme et de la jeune fille victimes des violences sexuelles trouvera des analyses utiles au travers de cette étude. Car, non seulement elle propose des pistes de solutions durables mais également, ouvre des perspectives pour des recherches intéressantes dans ce domaine. 0.5 DELIMITATION DU SUJET Notre étude couvre la période allant de 1998 à 2007. Cette période est caractérisée par l'exacerbation de la violence sexuelle à l'endroit de la femme en Ituri. Dans l'espace, notre étude concerne les violences sexuelles commises dans la ville de Bunia et ses environs, c'est-à-dire quelques villages adjacents à la ville de Bunia notamment Komanda, Nyakunde, Marabo, Balazana et Rwampara. C'est dans de cette région que les violences ont été le plus commises. 0.6. DIFFICULTES RENCONTREES Pour ce qui est des difficultés, nous avons rencontrées plusieurs difficultés que nous ne saurons pas étaler en détail. A titre indicatif, nous pouvons signaler que : · les trajets à parcourir étaient très longs dans un climat d'insécurité ; · plusieurs séances ont été reportées sinon annulées à cause de la méfiance des enquêtées qui pourtant avaient accepté de nous accorder l'interview ; · le sujet étant très sensible, la plupart des enquêtées s'en méfiaient et nous fournissaient carrément des fausses informations ; · les difficultés financières et matérielles ne nous ont pas permis d'accéder à toutes les sources d'informations. 0.6. SUBDIVISION DU TRAVAIL Outre l'introduction et la conclusion, ce travail compte trois chapitres, il s'agit de : Le premier étale les généralités où il est question de définir des concepts clés et présenter le milieu d'étude : ITURI. Le deuxième chapitre esquisse un aperçu général sur les conflits en Ituri, dresse un tableau sur les violences sexuelles et leurs conséquences. Enfin, le troisième chapitre expose les résultats de nos enquêtes. CHAPITRE I : DES GENERALITES I.1. DEFINITION DES CONCEPTS1.1. Guerre Le dictionnaire « le nouveau petit robert » définit la guerre comme une lutte armée entre groupes sociaux considérés comme un phénomène social, c'est un mal qui déshonore le genre humain13(*).
Le dictionnaire de l'Académie française voit
dans la guerre une « querelle » ou un «un
différent entre deux Princes, entre deux États Souverains, qui se
poursuit par la voie des armes».
Pour notre part, surtout dans le cadre de cette étude, c'est une mise en oeuvre de l'hostilité, entre au moins deux belligérants adverses, se traduisant obligatoirement par des combats armés, plus ou moins dévastateurs, impliquant indirectement ou directement la mort des tiers. 1.2. La violence 1. Définition Etymologiquement, le mot violence vient du latin vis qui signifie la force. Un comportement coléreux, agressif, brutal, peut être perçu comme violent, et peut devenir violent. La violence caractérise l'agressivité. Le dictionnaire Wikipédia définit la violence comme est un terme général employé pour décrire un comportement agressif, non amical, non pacifiste, belligérant, ennemi, autrement dit une contrainte imposée, qui provoque la douleur, la peine.15(*) Pour sa part, le dictionnaire « Le Nouveau petit Robert » définit la violence comme une action exercée sur quelqu'un ou le fait de le faire agir contre sa volonté en employant la force ou l'intimidation16(*). Elle se définit aussi comme étant un moyen de contrôle et d'oppression qui peut inclure la force, la coercition et les pressions affectives, sociales ou économique, aussi bien que les préjudices physiques. Elle peut être ouverte, sous la forme d'une agression physique ou d'une menace avec arme, elle peut aussi être cachée, sous une force d'intimidation, de menace, de persécution, de tromperie, ou autres formes de pression psychologique ou sociale17(*). Pour notre travail, nous définissons la violence comme un acte qu'on commet sur une personne contre son gré et qui produit une peine ou une douleur physique, morale ou psychique. * 1 Banza,L, et Hemedi,C la femme dans la tourmente des guerres en R.D.Congo, le mémorial, Kinshasa, mars 2003, P.5. * 2 SHOMBA KINYAMBA, S, Méthodologie de la recherche scientifique, PUK, 2002, P.31. * 3 BANZA,L, et HEMEDI, C, Op.cit, P.13. * 4 MINANI BIHUZO,R, la violence faite à la femme in périodique de la Monuc, volume IV, n° 28, P.6 * 5 MONUC, Rapport spécial sur les événements d'Ituri (Janvier 2002-décembre 2003), New York, 2004, p.5 * 6 CICR, l'impact des conflits sur les femmes, 2 mars 2001, lire sur le site WWW.cicr.org consulté 12 avril 2007 * 7 BANZA M.L et HEMEDI, C, La femme dans la tourmente des guerre en RDC, Kinshasa, 2003, P.11 * 8 http://hrw.org/french/reports/2005/drc0305/2.htm * 9 Javeau, C, cité par Muluma M.A, Le guide du chercheur en sciences sociales et humaines, SOGEDES, Kinshasa, 2003, p, p 87-88 * 10 Idem, p. 95 * 11 Javeau, c, p 105 * 12 Gauthier, B, Recherche sociale, De la problématique à la collecte des données, PUQ, 2003, p.273 * 13 Dictionnaire, Le Nouveau petit Robert, Paris, 1995, P.1057. * 14 http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre * 15 http://fr.wikipedia.org/wiki/Violence * 16 Idem * 17 AMBOKO Jeanne, Séminaire de formation des formateurs des agents sociaux, Bunia, 2006. |
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