Chapitre 2: La prise en charge du malade
1. Les savoirs médicaux
traditionnels
La prise en charge du malade et le traitement de sa
maladie dépendent des indications étiologiques du
Bokonon. Dans le cas d'une maladie causée par un ancêtre
ou un dieu, on procède à des sacrifices ou à des offrandes
en l'endroit de l'entité offensée en vue du rachat de l'âme
du malade ayant transgressé un interdit, maltraité ou mal nourri
l'ancêtre ou le dieu. Lorsque les causes naturelles sont
admises, le recours thérapeutique est la médecine traditionnelle
basée sur la phytothérapie ; les plantes étant selon
leurs représentations sociales des entités chargées de
puissances mystiques et médicinales. Le couvert végétal en
est considéré comme l'habitat de certaines entités
bienveillantes telles que les génies appelés
« Aziza », maîtres des forêts
sacrées. Toutes les parties d'une plante (feuilles, racines,
écorces) peuvent entrer dans la composition d'une tisane, d'une
décoction ou d'une infusion prescrite et administrée par le
guérisseur lui-même ou confiée à sa famille avec une
indication posologique. La quête de la guérison passe par un vrai
diagnostic, déclare Afa, un guérisseur avec qui nous
nous sommes entretenu ; lorsque j'éprouve des difficultés
à préciser mon diagnostic, je réfère mes patients
au laboratoire d'analyses biomédicales, a-t-il ajouté.
Voilà une illustration de l'approche dualiste relative aux
médecines traditionnelle et moderne.
2. La médecine moderne
Elle est
matérialisée par l'unique centre de santé confessionnel
qui symbolise la solidarité de la communauté catholique à
la population démunie. La consultation y est faite avec une somme de
trois cents (300) F.CFA, donnant droit à un carnet de soin à la
première consultation. Les patients référés
à ce centre des soeurs capucines sont traités par le personnel
médical qui a à sa tête la soeur Marie. Bien que le
plateau technique du centre soit bas, les populations préfèrent
s'y soigner à cause des prières pour les malades, des
séances d'animation, de sensibilisation et de la disponibilité
des soins et des médicaments adaptées à leurs conditions.
Le patient qui entre dans la salle de consultation y sort avec une ordonnance,
celui-ci peut trouver les médicaments les plus usuels à
coûts modérés dans la petite pharmacie du centre. Ici,
l'approche de prise en charge dominante est semblable à celle de Claude
Bernard dans Introduction à l'étude de la
médecine expérimentale, « Il n'y a pas de
maladie ; il n'y a que des malades ». Autrement dit, chaque
patient est accueilli, rassuré, traité spécifiquement et
dans les cas qui le nécessite référé. Il peut
être assisté dans la prise en charge par la paroisse. De
même, l'observation de l'unique clinique privée du quartier montre
que la consultation y coûte plus de dix fois plus chère, soit cinq
mille (5000) F.CFA, que dans le centre de santé confessionnel.
· De notre observation assortie d'analyses
sociologiques de notre cadre d'étude, il apparaît que de nos trois
hypothèses sus- mentionnées, les deux suivantes sont
vérifiées :
- le faible taux de revenu des populations justifie le choix
de la médecine traditionnelle ;
- les croyances religieuses déterminent le recours
thérapeutique.
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