CONCLUSION PARTIELLE
La construction sociopolitique de la différenciation
identitaire entre Aboudé et Migrants, réinvestie dans le foncier
se décline en processus de disqualification puis en rapports
conflictuels.
L'usage de l'affect comme ressources pour accéder au
foncier, dans un contexte prédominant d'économie morale se mue en
relation marchande entre migrants et tuteurs. C'est la marchandisation du
tutorat (Koné M)
Ce nouveau contexte d'économie marchande ayant subi de
plein fouet les contrecoups successifs des crises économiques et
sociopolitiques a favorisé une déstructuration des liens
interethniques et une transformation des sentiments d'inégalité
en sentiments d'hostilité interethnique même si des
mécanismes d'autorégulation de ces antagonismes sont relativement
mobilisés.
CONCLUSION GENERALE
La production de la différenciation interethnique
s'inscrit dans le processus global de construction sociale des identités
en milieu rural par les entités (individuelles et/ou collectives).
Dans le sud forestier ivoirien, la pratique de
l'économie de plantation qui est la marque de la ruralité
constitue l'axe central autour duquel se forment les cadres de
sociabilité et le pôle d'agglomération où
s'édifient et se consolident les pratiques, les comportements et les
représentations des migrations.
Dans cette perspective, la reproduction à
Aboudé-Mandéké, village du département d'Agboville,
de groupes de référence d'origine ou entités
communautaires est le résultat d'un double processus d'affirmation et de
distinction construit autour des pratiques et des systèmes de
significations, qui étant partagés par les individus, les
conduisent à se constituer en groupes distincts.
Dans ce contexte de production identitaire, l'affirmation du
droit d'autochtonie à travers la mobilisation des pratiques
traditionnelles par les Aboudé, provoque chez les migrants un sentiment
de marginalisation et d'injustice surtout quand il est question des rapports
fonciers où les sentiments affectifs dans le cadre du tutorat ont
progressivement érodés et ont décliné en relations
marchandes. Ce registre nouveau de déstructuration des liens renforce le
clivage interethnique qui se mue en sentiments d'hostilité et en
conflits plus ou moins virulents dans un contexte global
d'insécurité foncière.
Somme toute la mise en oeuvre de la différenciation
identitaire entre autochtones et migrants en milieu rural suscite la production
de normes et valeurs qui lorsqu'elles forgent l'identité de soi
discriminent, marginalisent puis excluent celle de l'autre. C'est pourquoi les
tentatives de résolution de la conflictualité en milieu rural
devraient nécessiter un réexamen des modes de régulation
foncière qui prédéterminera les conditions d'un consensus
entre les entités ethniques.
Cette étude devrait donc être poursuivie pour
élucider les aspects laissés en suspend à savoir l'analyse
des conditions de production des modes de régulation foncière et
les processus qui permettront leur légitimation auprès des
communautés autochtones et migrantes.
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