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La malnutrition proteino-energetique et ses facteurs de risque chez les enfants de moins de 5 ans dans le district sanitaire de Tougan

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par Ouépaké AOUEHOUGON
Ecole Nationale de Santé Publique (Burkina-Faso) - Diplôme d'attaché de santé en épidémiologie 2007
  

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VI. SYNTHÈSE

Notre étude a permis de décrire l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans du DS de Tougan et d'identifier certains des facteurs de risque associés.

Nous avons constaté que la prévalence de la M PE chez ces enfants esttrès élevée : 37.9% [32.7 ; 43.4] d'entre eux souffrentd'une forme ou d'une autre de M PE .Dans la tranche d'âge de 6 à 59 mois, la prévalence de la M PE est de 45.0% [39.0 ; 51,0]. Par rapport aux différentes formes de M PE, nous avons trouvé les prévalences suivantes :

- émaciation :10.3% [7.3 ;14.2] chez les enfants de moins de cinq ans et 12.2% [8.6 ;16.7] chez ceux de 6 à 59 mois;

- retard de croissance : 23.9% [19.5 ; 29.0] chez les enfants de moins de cinq ans et 28.4% [23.2 ; 34.1] chez ceux de 6 à 59 mois;

- insuffisance pondéra : 24.8% [20.4 ; 29.9] chez les enfants de moins de cinq ans et 29.5% [24.2 ; 35.2] chez ceux de 6 à 59 mois.

Notons que la prévalence de l'émaciation chez les enfants de moins de 5 ans du D S de Tougan est 4 fois plus élevée que celle de la population de référence de l'O M S. Quant aux prévalences du retard de croissance et de l'insuffisance pondérale, elles sont toutes supérieures à 10 fois celles de la population de l'OM S. Les enfants de 6 à 23 mois semblent les plus touchés par ces différentes formes de M PE.

Les seuils de gravités de l'O M S sont franchis par certaines formes de MPE. Il s'agit de la malnutrition aiguë chez les enfants de 6 à 23 mois et de la malnutrition chronique chez ceux de 6 à 59 mois.

De multiples facteurs associés à la malnutrition ont été mis en évidence.
Certains de ces facteurs sont liés aux enfants mais la plupart relèvent de urs
parents. Par rapport aux enfants, les facteurs suivants se sont révélés

associés à la M P E : le faible poids de naissance (R P= 2.25 1:1.09 ; 4 .7]), le rang de naissance inférieur à 3 et supérieur ou égal à 6 (R P= 1.47 1:1.08 ; 2.00]), l'âge compris entre 6 et 59 mois (p< 10-6). En ce qui concerne les parents, ces facteurs sont : le faible niveau socio-économique (RP= 1.49 1:1.13 ; 1.96]), un intervalle de naissance inférieur à 36 mois (p= 0.03) ,une taille du ménage supérieure ou égale à 9 (RP= 1.42 1:1.06 ; 1.89]), le niveau analphabète de la mère (RP= 1.47 1:1.03 ; 2.11]), l'irrégularité du suivi nutritionnel (RP= 1.83 1:1.01 ; 3.31])et le nombre d'enfants de moins de cinq ans supérieur ou égale à 3 dans le ménage (RP= 1.66 1:1.24 ;2.21]).

Il faut noter que certains facteurs que nous suspections se sont révélés non associés à la M PE soit parce que notre étude n'a pas pu dégager les liens, soit parce qu'effectivement ces associations ne sontpas statistiques. Ce sont notamment : le statut vaccinal, le sexe, la qualité de l'alimentation de complémentlors du sevrage, les interdits alimentaires. Nous pensons qu'il est souhaitable q'une étude longitudinale soit organisée dans le districtpour tester ces associations que nous n'avons pas pu prouver.

Par rapport aux associations entre les infections et la M PE d'une part et entre la diarrhée et la M PE d'autre part, notre étude, conformément aux données de la littérature, a permis de montrer que ces liens sontsignificatifs. Le climat chaud et humide qui favorise certaines maladies comme le paludisme de même que les conditions d'hygiène précaires constituent sans doute l'un des ferments de ces infections et diarrhées dans le D S de Tougan.

Par ailleurs, notre étude a permis de se rendre compte que malgré certains acquis, la planification de la lutte contre la M PE au niveau des CSPS ainsi que l'activité de CNS comportentdes insuffisances.

Au titre des acquis favorisant la lutte contre la MPE, nous avons pu faire les remarques ci après.

- La M PE estperçue comme l'un des problèmes prioritaires de santé par is agents de santé.

- Tous s CSPS disposent de plan d'action annuel qui prend en compte la lutte contre la M PE.

- Les communautés sont impliquées dans la lutte contre la M PE à

travers leur participation à l'élaboration des plans d'action des CSPS. - Les carnets de SM I et les fiches infantiles existent et sont gratuits.

- Le fleuve Sourou permet la pratique de cultures de contre saison de

même que la pêche qui constitue une source non négligeab de

protéines anima s.

Cependant, il reste à déployer plus d'efforts afin de renforcer la lutte contre la malnutrition des enfants. En témoignent les observations subséquentes.

- Une grande proportion (70.1%)des mères des enfants de moins de

5 ans du D S de Tougan est analphabète.

- L'espacement des naissances n'est pas toujours respecté : 27.1% seulement des enfants enquêtés et dont nous avons obtenu l'intervalle inter génésique ont 36 mois de plus que leur petit frère direct.

- Le niveau socio-économique d'une grande partie des ménages est faible.

- la planification de la lutte contre la M PE comporte des insuffisances : des stratégies importantes comme les démonstrations culinaires et les visites à domicile ne sont pas appliquées dans près de 55% desCSPS ;

s consultations de nourrissons sains en stratégie avancée ne sont pas prévues dans certains villages éloignés des CSPS ; seulement 9 (37.5%) plans sur 24 sont satisfaisants dans le

domaine de la lutte contre la malnutrition infantile.

- Les C N S réalisées par les agents de santé sont souvent non satisfaisantes :

la recherche de l'anémie et des oedèmes estpresque ignorée lors des CNS,

l'explication de l'état nutritionnel des enfants etde la conduite à tenir à leurs parents n'estréalisée que dans la moitié des cas,

la détermination des indices nutritionnels et le tracé de la courbe de surveillance nutritionnelle ne sontpas systématiques.

lors de l'enquête, seulement 6 (12 .2%) agents sur 49 ont pu conduire la C N S de façon satisfaisante.

La CNS n'est pas régulière dans le DS de Tougan : 12.4% seulement des enfants de moins de cinq ans sont régulièrement suivis.

Nous estimons que cette situation nécessite des solutions fortes et durables et nous pensons que les recommandations que nous proposons peuvent être utiles à cet effet.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery