UNIVERSITÉ DU QUÉBEC
COMMENT INTÉGRER LES QUESTIONS D'ENVIRONNEMENT
ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS L'ENSEMBLE DES
MÉTHODOLOGIES DE LA GESTION DE PROJET : UNE DÉMARCHE
CONCEPTUELLE ORIENTÉE VERS UN MODÈLE DE PLANIFICATION DE
PROJET BASÉ SUR L'APPROCHE CADRE LOGIQUE
MÉMOIRE PRÉSENTÉ
À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À
RIMOUSKI (U.Q.A.R) Comme exigence partielle du programme de
maîtrise en gestion de projet
PAR: Jean Gynse BOLIVAR
Novembre 2008
AVIS IMPORTANT
Ce mémoire de maîtrise s'adresse à toute
personne, à tout organisme s'intéressant au domaine de la gestion
de projet. Il s'adresse particulièrement aux développeurs de
projets sensibles à l'environnement. Toute personne qui désire
utiliser la méthode d'analyse de projet décrite dans ce document
de recherche peut le faire à la condition d'indiquer la source suivante
:
BOLIVAR, Jean Gynse (Nov. 2008) «
Comment intégrer les questions d'environnement et de
développement durable dans l'ensemble des méthodologies de la
gestion de projet : une démarche conceptuelle orientée vers un
modèle de planification de projet basé sur l'Approche Cadre
Logique ». Mémoire de maîtrise en gestion de
projet, 231 pages, Université du Québec à Rimouski,
Québec, Canada.
Afin d'éviter de recourir à la règle
courante du masculin générique, le genre masculin est
employé, tout au long de ce document pour désigner les noms
communs. Cette règle s'applique seulement dans le but d'alléger
le texte.
La reproduction partielle ou complète de ce document de
recherche est interdite sans une autorisation formelle de l'auteur.
REMERCIEMENTS
L'élaboration de ce mémoire de maîtrise
n'aurait pas été possible sans le soutien de plusieurs
institutions ni le concours de plusieurs personnes. Je tiens à exprimer
ici à Monsieur Pierre Cadieux, principalement directeur de cette
recherche et directeur du programme de maîtrise en gestion de projet
à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR), mes
plus vifs remerciements pour son appui à la réalisation de ce
travail, celui qui a mobilisé du temps et des compétences
distinctives.
À la ville de Lévis, mes remerciements
particuliers s'adressent à Monsieur Michel Caseault qui a assuré
avec beaucoup de patience, mais aussi de dévouement, mon contact avec
certains professionnels de projet sur le terrain pour répondre au
questionnaire d'enquête. Je tiens à associer à ces
remerciements quelques cadres de la division régionale de
l'Hydro-Québec et du Ministère québécois de
Développement Durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) qui ont
accepté de me rencontrer dans leurs lieux de travail afin de
réaliser une étude de terrain. Dans le même sens, je tiens
à remercier Madame Hélène Sicotte de l'Université
du Québec à Montréal (UQAM) et Madame Véronique
Tousignant de l'entreprise montréalaise QualiProjet DL inc pour
le temps qu'elles ont consacré pour faire progresser cette étude.
J'envoie également mes plus grands remerciements aux citoyens de la zone
d'implantation du projet de la centrale hydroélectrique de
l'Eastmain-A-1 et dérivation Rupert situant au Nord du Québec, en
particulier le Grand chef des communautés Cries, qui ont répondu
à certaines questions par téléphone ainsi que par Internet
sur l'évolution du projet dans les collectivités locales (en
accompagnement des parties prenantes, considérations des
priorités locales, questions transversales, etc.)
À la section régionale de Project Management
Institute (PMI) de Lévis - Québec, mes remerciements s'adressent
également à Monsieur François Lajoie, président,
pour son support, surtout les efforts qu'il a fournis pour sensibiliser la
plupart de ses collègues à l'importance de cette étude.
J'exprime aussi ma reconnaissance à des professeurs de
l'Université du Québec à Rimouski, particulièrement
Pierre Cadieux, Bruno Urli, Jean-Yves Lajoie et Farid Ben Hassel, ...qui m'ont
enseigné des cours de base et ce qui m'a permis d'élaborer ce
travail de recherche. Au campus universitaire de Lévis, j'adresse un
grand merci à Madame Maryse Labé et à Madame Carole
Côté, et à tous mes collègues de cours dans le
programme de Maîtrise en Gestion de Projet, notamment ceux qui ont eu de
jugement positif à mon égard dans le programme universitaire.
Particulièrement à tous ceux qui ont critiqué de
façon constructive mes opinions dans la majorité des cours
suivis. Mes remerciements s'adressent aussi à toute l'équipe de
la bibliothèque de l'UQAR, notamment Madame Marie-Ève
Émond Beaulieu, pour son appui à la consultation de documents et
d'ouvrages scientifiques et pour tous les renseignements utiles qu'elle m'a
communiqués.
J'adresse de très particuliers remerciements à
mon amour Catherine Pelletier pour son aide appréciée quant aux
idées nouvelles émises durant la période de collectes des
données de terrain, surtout à la lecture attentive de plusieurs
paragraphes du mémoire, et bien sûr pour le soutien affectif et
moral qu'elle m'a donné inlassablement durant toute la période
académique jusqu'à la production de ce document de recherche.
Enfin, j'exprime toute ma gratitude à mes proches en
Haïti et au Québec, particulièrement à mes deux
belles familles québécoises du Bas Saint-Laurent (dont la famille
Pelletier et la famille Lévesque) et à tous mes amis au
Québec parce que, sans leur support, il me serait difficile, voire
même impossible de découvrir avec autant de joie la beauté
de cette grande province canadienne qui est le Québec.
AVANT-PROPOS
Rendre simple n'est pas toujours aisé. Pourtant, c'est
l'objectif que poursuivent plusieurs professionnels dans l'exercice de leurs
fonctions. D'ailleurs, c'est ce même objectif que j'ai poursuivi tout au
long de mon cheminement universitaire, notamment au programme d'études
aux sciences avancées en gestion de projet à l'Université
du Québec.
Les idées nouvelles ne germent pas spontanément,
elles naissent toujours à partir d'un fait vécu ou d'une
expérience. L'élaboration de ce mémoire de maîtrise
en gestion de projet est le témoignage d'un homme originaire d'un tout
petit pays, situé dans les Antilles, appelé « Haïti
». À la base, il y a eu en effet une « bisbille » entre
un dirigeant d'entreprise et un économiste, autour de l'usage des
ressources naturelles, oeuvrant tous deux dans la même industrie.
Pendant de nombreuses années, on continuait de croire
que seules les firmes d'ingénierie, de construction et d'informatique
pouvaient gérer avec efficience des projets, voire même
efficacement. Une opinion qui semble être bien accueillie par de
nombreuses firmes d'ingénieurs-conseils au Québec et ailleurs
dans le reste du Canada. L'économiste est un diplômé dans
une grande école d'économie et de gestion des ressources
naturelles. Celui-ci est titulaire d'un diplôme de deuxième cycle
universitaire en économie des ressources naturelles et travaille au
Québec depuis environ cinq (5) ans dans la consultation de plusieurs
dossiers de projet. Il intervient notamment dans l'accompagnement de la
population locale, dans les études de faisabilité, suivi &
contrôle opérationnels et l'évaluation des projets de
développement. Quant à ce dirigeant, il est un ingénieur
senior qui travaille dans la conception de projets pour une entreprise
minière en Abitibi et exerce la fonction de directeur de projets au sein
de cette entreprise après une quinzaine d'années
d'expérience.
Mon ambition n'a aucune intention d'alimenter davantage le
désaccord entre ces deux professionnels, mais c'est de dépasser
le coté intuitif de cette querelle, de la partager à d'autres,
afin de la faire évoluer et de la transformer en un projet
académique finalisé. Cette querelle, à la croisée
des chemins entre le savoir-faire et le savoir-être, aurait permis
d'échanger des expériences de recherche et de
développement et de mesurer la complémentarité des
approches sur le terrain. Ce qui est d'ailleurs important pour le
développement de la gestion de projet, selon plusieurs chercheurs.
À l'aube du virage vert des entreprises, il importe
néanmoins d'intégrer les questions d'environnement et du
développement durable dans nos activités et dans nos interactions
avec les communautés locales, les parties prenantes suivant une base
volontaire. Nonobstant, les mouvements sociaux ont modifié de
façon drastique le contexte dans lequel évoluent des entreprises
privées, publiques, parapubliques et d'organismes internationaux depuis
ces dernières années. L'environnement sociopolitique des projets
a beaucoup évolué. Aucune entreprise n'est aujourd'hui à
l'abri de représailles. Le contexte des projets a
considérablement changé et devient plus exigeant, comparativement
il y a deux décennies. Le développement de nouvelles techniques
et d'outils de gestion adaptés est donc primordial pour assurer la
réussite des projets dans les collectivités locales. Dans ce
contexte de développement durable, l'outil « cadre logique »
devrait se situer au coeur de la démarche d'identification des projets
de développement, compte tenu la base méthodologique de celui-
ci. En même temps, il constitue la cible centrale à viser par les
efforts d'intégration des questions d'environnement et de
développement durable dans la démarche de conception et
d'évaluation de projets, si l'on souhaite que l'intégration de
cette question transversale ne reste pas hypothétique.
Par ailleurs, le cadre logique est un outil efficace de
gestion de projet qui permet aux parties prenantes internes et externes d'un
projet d'identifier et d'analyser les problèmes, puis de définir
les objectifs à atteindre et les activités à entreprendre
à cet effet. Il permet également aux planificateurs de tester la
conception d'une ébauche de projet pour s'assurer de sa pertinence, sa
faisabilité et de sa viabilité. Celui-ci ne semble pourtant connu
que de manière superficielle par une minorité de professionnels
en gestion de projets.
C'est donc à la fois pour rappeler à des
professionnels de projet, tels que les économistes, les
ingénieurs, les agronomes, les environnementalistes, les
administrateurs, les banquiers, ... l'importance de l'approche cadre logique
(ACL) dans le développement de
leurs projets, et montrer surtout comment celle-ci peut leur
permettre d'opérationnaliser les questions d'environnement et de
développement durable tout au long du cycle de vie d'un projet.
L'objectif est de développer une nouvelle réflexion en gestion de
projet via une approche intégrée pour parvenir à la
solution globale des projets sensibles à l'environnement.
Principalement, cette réflexion portera sur la gestion de
l'environnement sociopolitique d'un projet, c'est-à-dire sur la gestion
des parties prenantes interactionnelles. Il s'agit donc de mettre en
évidence un modèle de planification de projet plus participatif
et responsabilisant que les modèles exploités par les entreprises
sur le terrain. La base méthodologique de celui-ci repose sur l'analyse
cadre logique (analyse des parties prenantes, analyse des problèmes,
analyse des objectifs et analyse des stratégies, ...) afin que les
dirigeants d'entreprise et chefs de projet puissent pratiquer efficacement la
profession de gestion de projet.
Une telle démarche facilitera sans doute la tâche
de gestion des dirigeants d'entreprise et des chefs de projet dans leurs
activités quotidiennes, dans leurs interactions avec leurs parties
prenantes.
RÉSUMÉ
Cette étude porte sur l'intégration des
objectifs du développement durable dans la gestion de projet. Les
questions à l'origine de celle-ci ont été suscitées
en grande partie par les propos souvent contradictoires et issus de
différents acteurs qui sont impliqués dans le
développement des projets, c'est le cas de plusieurs ONG, d'organismes
publics, des regroupements politiques, d'entreprises et certains textes de
protestation ou de critique qui sont produits par les groupes
d'écologistes et d'autres entités. Ce travail de recherche est
une approche de gestion qui conduirait à l'élaboration d'un
modèle de planification de projet plus participatif et responsabilisant.
Pour cette étude, nous avons donc formulé l'hypothèse de
recherche suivante: « l'intégration des questions
d'environnement et du développement durable tout au long du cycle d'un
projet pourrait être un vecteur de changement positif dans les chances de
succès du projet, sous réserve qu'elles s'insèrent dans un
processus global de gestion qui intègre à la fois les objectifs
économiques, écologiques, sociaux et sociétaux
».
Comparativement il y a environ deux décennies, le
contexte de la gestion des projets a considérablement changé et
devient plus exigeant. Aujourd'hui, le développement de nouvelles
techniques et d'outils modernes de gestion est donc primordial pour assurer la
réussite des projets. Dans la province de Québec, les discours en
faveur d'une politique plus responsable au sein des entreprises sont de plus en
plus fréquents, mais le concept reste encore mal compris. Nul n'est
contre la vertu, mais il n'est pas toujours évident d'intégrer
complètement les objectifs du développement durable dans les
processus décisionnels.
Ce que propose cette étude est un cadre d'analyse de
développement durable, c'est-à- dire une démarche
méthodologique pour l'intégration des parties prenantes
écologiques et sociales dans l'ensemble des méthodologies de
projet. Pour mettre en évidence cette démarche, nous avons donc
repris le formalisme de l'Approche Cadre Logique. Cette réflexion couvre
non seulement les pratiques traditionnelles de gestion de projet, mais
également tous les projets auxquels doivent s'appliquer les principes de
développement durable. Sur le plan opérationnel, c'est donc une
réflexion qui vise à apporter des améliorations au sein
des études d'impact et de conception. Il en est même pour le suivi
et l'évaluation ainsi que la planification par le biais d'une prise de
décision éclairée, quant aux étapes clés
dans la mise en oeuvre des projets.
Pour conduire l'étude, nous avons choisi la
méthode de recherche dite « qualitative ». Dans un premier
temps, nous avons analysé les sources d'information secondaires. Ces
dernières nous ont permis de dresser le cadre référence du
travail. Tout au long de cette étape théorique, notre analyse est
portée sur les quatres outils d'analyse de l'approche cadre logique :
l'analyse des parties prenantes, des problèmes, des objectifs et des
stratégies. Dans le second temps, nous avons opté pour des
méthodes de collectes dites de
«convenance». Les informations recueillies à
cette étape de terrain auprès des chefs de projets et des
communautés locales ont été traitées au moyen de
logiciels d'analyse. Un facteur correctif a été utilisé
afin de reduire le risque des biais personnels. Les données
collectées ont été analysées, comparées
à des résultats obtenus suivant la réflexion de l'outil
cadre logique.
À l'issue des résultats obtenus, nous avons fait
les constats suivants. Le promoteur du projet de la centrale
hydroélectrique de l'Eastmain-1-A et dérivation Rupert s'est donc
engagé à atteindre les trois objectifs du développement
durable, soit de respecter l'environnement, améliorer
l'équité sociale et de viser l'efficacité
économique. Plusieurs facteurs de qualité importants
caractérisent les bénéfices de ce projet sur une
période de long terme. Nous pouvons citer à titre d'exemples :
· L'utilisation des technologies appopriées, soit
celles ayant recours à des ressources locales renouvelables ;
· Le respect des valeurs socioculturelles des personnes et
des populations locales ;
· Les capacités de gestion des institutions,
publiques et privées, sollicitées pour les étapes de
réalisation du projet ;
· La prise en considération des questions
transversales liées à la protection de l'environnement, au
renforcement de l'économie locale et aux valeurs sociales ;
· L'intention d'évaluation préalable, de
mesures de compensation et de suivi des impacts environnementaux liés au
projet ;
· L'intention de respecter le milieu humain et son contexte
social par le souci d'intégration en amont les communautés
locales dans les activités planifiées ;
· Le fort potentiel d'innovation et diversité des
options envisagées pour rencontrer les objectifs du développement
durable (économiques, écologiques, sociaux, etc.).
Mais il importe de souligner l'absence d'autres
éléments fondamentaux. Parmi les documents du projet
consultés, ces éléments n'ont pas été
abordés ou tout simplement peu explicités par le promoteur. Telle
que la reconnaissance des minorités ethniques, des différences de
genre et la réduction des inégalités liées au genre
et aux races, qui font partie intégrante des objectifs politiques cadres
plus larges dans une perspective de développement durable. Il y a aussi
le souci d'intégration et de valorisation des cultures autochtones qui
continue de soulever de nombreuses controverses au sein des parties prenantes
du projet.
Toutefois, la division régionale d'Hydro-Québec
qui est promoteur du projet a adopté une approche participative. En
intégrant certaines préoccupations écologiques, sociales
et économiques, l'entreprise a assuré sans difficultés la
gestion des processus décisionnels. Par l'entremise des Tables
d'Informations et d'Échanges (T.I.E), le Comité
indépendant d'Examen sur le projet dont le COMEX a pu jouer un
rôle important dans la communication
entre les acteurs concernés par le projet. Celui-ci
constitue en effet un pont entre le promoteur et les différentes parties
prenantes sociales et écologiques. Plusieurs informations relatives
à l'évolution du projet se sont échangées entre les
parties concernées sur une base régulière via l'organisme
COMEX.
La Société d'Énergie de la Baie-James,
en l'occurrence la division régionale de l'Hydro-Québec, a
cependant utilisé d'outils d'analyse différents, à la
comparaison avec le cadre d'analyse de développement durable
proposé. Elle exploite peu d'outils d'aide à la décision
intégrés à un portail qui sert d'interface avec les
parties prenantes, comme le démontrent nos résultats de
recherche. Intruitivement, nous savons que chaque entreprise a sa propre
manière de présenter les processus, les procédures,
d'exploiter les outils de gestion développés, etc. Il existe
plusieurs similitudes entre le modèle d'intervention du promoteur et
celui illustré dans ce travail de recherche. Les différences ne
se trouvent en raison de désaccords majeurs, mais plutôt
d'écarts dans l'accent qui sont mis sur les différents points de
vue et des outils d'analyse. Une comparaison des approches entre elles nous
semble fournir de résultats presque semblables ou des conclusions
identiques.
De toute évidence, l'intégration des questions
d'environnement et du développement durable dans l'ensemble des
méthodologies de gestion de projet devient ou deviennent essentielle (s)
pour la survie d'une entreprise. Cette réflexion va donc pouvoir
dégager de résultats escomptés lorsque chaque dirigeant ou
chef de projet et chaque citoyen en percevront ensemble les conséquences
financières, économiques et sociales, et en tireront plus
d'avantages que d'inconvénients sur le long terme. Ce travail de
recherche est avant tout le résultat d'une démarche conceptuelle
dont nous avons comparé avec un nombre restreint de cas de terrain, en
l'occurrence la Société d'Énergie de la Baie-James (SEBJ)
dans le cas du projet de la centrale hydroélectrique de l'Eastmain-1-A
et dérivation Rupert. Les résultats obtenus pour ce travail de
recherche sont satisfaisants, mais ils ne sont pas absolus. Il est donc
souhaitable de confronter cette démarche à l'épreuve
d'autres cas de terrain ou à d'autres entreprises s'engageant dans une
logique de développement durable. La taille réduite de
l'échantillon utilisé ne nous permet pas de valider notre
hypothèse de recherche. Par conséquent, il est difficile de
parvenir à une conclusion plausible.
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS PAGE iii
AVANT-PROPOS PAGE v
RÉSUMÉ PAGE viii
TABLE DES MATIÈRES PAGE xi
LISTE DES TABLEAUX PAGE xvii
LISTE DES FIGURES PAGE xviii
LISTE DES SIGLES ET DES ACRONYMES .PAGE xix
INTRODUCTION PAGE 1
CHAPITRE PREMIER
LA PROBLÉMATIQUE ..PAGE 5
1.1.- Le problème spécifique .Page 8
1.2.- L'(es) objectif(s) et proposition de recherche Page
13
1.3.- Les limites des recherches antérieures Page 14
CHAPITRE 2 MÉTHODOLOGIE PAGE 17
2.1.- Typologie de la recherche Page 17
2.2.- Stratégies de réalisation Page 18
2.3.- Échantillonnage, population et étude(s) de
cas Page 19
2.4.- La méthode de collecte des données Page
20
2.5.- L'instrument de mesure Page 21
2.6.- Procédés de traitement et d'analyse des
données Page 22
2.7.- Les limites de la méthodologie Page 23
CHAPITRE 3
DÉFINITION DE CONCEPTS : ENVIRONNEMENT,
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ENTREPRISE PAGE 25
3.1.- Que signifie « développement durable »
et « environnement » en contexte de gestion
de projet? Page 25
3.2.- Les objectifs du développement durable Page 26
3.3.- Les critiques et limites du concept «
développement durable » Page 29
3.3.1.- Les critiques Page 29
3.3.2.- Les limites Page 31
3.4.- Les problèmes autour de l'intégration de
l'environnement et du développement durable au sein d'une entreprise
Page 33 3.5.-Les fondements théoriques de notre réflexion :
approche des parties
prenantes Page 35
3.6.- Les limites de la théorie des parties prenantes
Page 37
CHAPITRE 4
UN SURVOL DE LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE SUR LA GESTION
DE PROJET PAGE 40
4.1.- Définition (s) Page 40
4.2.- Évolution de la gestion de projet Page 42
4.2.1.- Évolution Page 42
4.2.2.-Évolution en matière environnementale.
.Page 44
4.3.- Cadre réglementaire et institutionnel Page 45
4.3.1.- Autorisations fédérales Page 45
4.3.2.- Autorisations provinciales Page 46
4.3.3.- Réglementation des municipalités Page
47
4.3.4.- Autres dispositions formelles Page 47
4.4.- Le développement de techniques et d'outils de
gestion de projet Page 48
4.1.- La période d'émergence Page 48
4.4.2.- La période d'accélération Page
48
4.4.3.- La période de propagation Page 49
4.4.4.- La période d'universalisation Page 50
4.5.- Les nouvelles formes d'organisation Page 50
4.6.- Les nouvelles approches à la conception des
processus ....Page 51
CHAPITRE 5
COMMENT INTÉGRER LES QUESTIONS D'ENVIRONNEMENT ET
DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LA GESTION DE PROJET. UNE
APPROCHE ORIENTÉE VERS L'ANALYSE DU MODÈLE « CADRE
LOGIQUE » PAGE 54
5.1 .- Projet et cycle de projet Page 54
5.1.1.- L'idée de projet Page 54
5.1.2.- Le cycle de projet Page 55
5.1.3.- Les rôles du gestionnaire dans le cycle de projet
Page 56
5.1.4.- Caractérisation de quelques projets selon leur
cycle de vie Page 58
5.1.5.- L'analyse de faisabilité Page 62
5.2.- L`Approche Cadre Logique Page 64
5.2.1.- Qu'est-ce que le cadre logique? page 64
5.2.2.- Évolution de l'outil « cadre logique »
: GAR, PPO ou PIPO Page 66
5.2.3.- Les outils d'analyse Page 68
5.2.3.1.- L'analyse des parties prenantes ...Page 68
5.2.3.2.- L'analyse des problèmes ...Page 70
5.2.3.3.- L'analyse des objectifs Page 71
5.2.3.4.- L'analyse des stratégies Page 72
5.2.4.- L'interprétation de la matrice « cadre
logique » Page 73
5.2.5. -Correspondances entre différentes
présentations du cadre logique Page 75
5.3.- Proposition d'un cadre d'analyse de développement
durable basé sur le modèle «cadre
logique ». Une approche participative et
intégrée Page 77
5.3.1.- Les étapes d'analyse ..Page 78
5.3.2.- Participation des parties prenantes Page 80
5.3.2.1.- Associer les partenaires ..Page 80
5.3.2.2.- Associer les détracteurs et les opposants Page
81
5.3.2.3.- Des écueils à éviter .Page 86
5.3.2.4.- Processus de consultation et d'accompagnement des
parties prenantes stratégiques Page 87
5.3.3.- L'approche intégrée de gestion dans le
cycle de projet Page 88
5.3.4.- La démarche globale : processus
d'intégration et de communication. .Page 89
5.3.4.1.- Phase de programmation ..Page 90
5.3.4.2.- Phase d'identification Page 90
5.3.4.3.- Phase de conception ...Page 91
5.3.4.4.- Phase d'exécution Page 93
5.3.4.5.- Phase d'évaluation et de terminaison Page 93
5.4.- Comment le « cadre logique » peut-il permettre
d'opérationnaliser les questions du
développement durable en gestion de projet? Page 95
5.4.1.- Définition des variables composantes du cadre
logique Page 95
5.4.1.1.- Apprécier et suivre les facteurs externes : les
hypothèses Page 95
5.4.1.2.- Poser les conditions préalables : le
contrôle de risques .Page 97 5.4.1.3.-Bien identifier les moyens
nécessaires : moyens physiques et non
physiques Page 97 5.4.1.4.-Bien estimer les coûts du
projet : coûts monétaires, coûts environnementaux et
coûts sociaux Page 99
5.4.2.- Vers une approche GAR : un cadre d'analyse et de gestion
axé sur les résultats du projet Page 100
5.5.- Ce qu'il faut pour améliorer la qualité du
projet : la pertinence, l'efficacité,
l'efficience, Page 107
5.6.- Les facteurs de durabilité et de viabilité
d'un projet .Page 109
CHAPITRE 6
INTERPRÉTATION D'AUTRES APPROCHES DE GESTION :
ÉVALUATION, CONFRONTATION ET COMPARAISON AVEC LE « MODÈLE
DE GESTION» PROPOSÉ PAGE 113
: Cas du projet de la centrale hydroélectrique de
l'Eastmain-1-A et dérivation Rupert dans la région de Baie -
James/Nord du Québec: description & analyse du modèle de
gestion exploité par l'entreprise « promoteur » de ce
projet.
6.1.- Description sommaire du projet retenu Page 113
6.1.1.- Historique et contexte du projet Page 113
6.1.2.- Les arguments de justification du projet Page 117
6.1.3.- Les principaux enjeux du projet Page 118
6.1.4.- L'estimation de coût du projet et sa
rentabilité Page 120
6.2.-Portrait de la population de la zone d'implantation du
projet Page 121
6.3.- Rappel de la démarche de consultations de terrain
Page 122
6.4.- Analyse de contenu Page 123
6.4.1.- Les constats de la consultation publique ..Page 124
6.4.2.-Processus d'analyse des impacts du projet sur la pratique
des activités traditionnelles Page 128
6.5.- Portrait du modèle de gestion utilisé par
l'entreprise « promoteur » Page 129
6.5.1.- Éléments de développement durable
Page 130
6.5.2.- Avenir des communautés locales par rapport au
projet Page 134
6.5.3.- Plan de communication adopté vis-à-vis des
communautés locales Page 135
6.6.- Méthodologie adoptée pour l'identification
des parties prenantes du projet : une application du modèle de David
Cleland Page 137
6.7.- Évaluation du modèle de gestion
exploité par le promoteur ........Page 139 6.7.1.- La filiale
d'Hydro-Québec et ses outils d'analyse : une refléxion vers le
modèle cadre
logique Page 139
6.7.1.1.- Approche par parties prenantes Page 140
6.7.1.2.- Approche par stratégies Page 143
6.7.1.3.- Construit du cadre logique approprié au projet
Page 144
6.7.2.- Le modèle de gestion de la filiale
d'Hydro-Québec : stratégies de politique de
développement durable ..Page 147
6.7.2.1.- La démarche globale Page 147
6.7.2.2.-Initialisation d'une politique de développement
durable ..Page 148
6.7.2.3.- Éléments fondamentaux manquants ou
faiblement explicités dans le document du projet Page 150
6.7.3.- Analyse du modèle de gestion exploité par
la filiale d'Hydro-Québec Page 152
6.7.4.- Les enseignements tirés Page 154
6.7.5.- Autres considérations sur le modèle de
planification de projet à l'égard d'une entreprise s'engageant
dans une perspective de développement durable Page 158
CHAPITRE 7
LIMITES DE L'ÉTUDE ET RECOMMANDATIONS .PAGE 162
7.1.- Les forces Page 162
7.2.- Les faiblesses Page 164
7.2.1.- Les faiblesses liées à la
méthodologie Page 164
7.2.2.- Les faiblesses liées à la matrice «
cadre logique » Page 165
7.3.- Quelques pistes d'amélioration pour de recherches
futures Page 167
CONCLUSION PAGE 169
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE PAGE 174
ANNEXE (S) PAGE 180
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.- Évolution des techniques et d'outils de
gestion de projet Page 48
Tableau 2.- Nouvelles techniques de gestion de projet Page 49
Tableau 3.- Nouvelles approches de gestion de projet Page 52
Tableau 4.- Analyse et description du cycle d'un projet ...Page
61
Tableau 5.- Utilisation du cadre logique (modèle
classique) .Page 73
Tableau 6.- Transformation du cadre logique de base Page 76
Tableau 7.- Exemple de cadre logique d'intervention Page 88
Tableau 8.- Phase d'identification orientée vers le cadre
logique ....Page 91
Tableau 9.- Phase de conception orientée vers le cadre
logique Page 92
Tableau 10.- Phase d'exécution orientée vers le
cadre logique Page 93
Tableau 1 1.- Phase d'évaluation et de fermeture
orientée vers le cadre logique Page 94
Tableau 12.- Superficies des lots de trappe Cris ennoyés
par les biefs Page 119
Tableau 13.- Format classique du cadre d'analyse approprié
au projet Page 144
Tableau 14.- Attitudes des parties prenantes par stades de
développement durable Page 147
LISTE DES FIGURES ET DES SCHÉMAS
LISTE DES FIGURES
Figure 1.- Interrelation des rôles d'un gestionnaire de
projet ..Page 57
Figure 2.- Schéma de l'environnement d'un projet Page
63
Figure 3.- Analyse des problèmes Page 70
Figure 4.- Analyse des objectifs Page 71
Figure 5.- Analyse des stratégies Page 72
Figure 6.- Matrice d'analyse des parties prenantes Page 85
Figure 7.- Approche de Gestion Axée sur les
Résultats (GAR) Page 102
Figure 8.- Quelques facteurs clés de réussite d'un
projet Page 108
Figure 9.- Cartographie des parties prenantes du projet
étudié Page 142
LISTE DES SCHÉMAS
Schéma 1.- Les trois piliers du développement
durable Page 26
Schéma 2.- Cadre logique de communication et
d'intégration Page 89
Schéma 3.- Plan de communication adopté
vis-à-vis des communautés locales...........Page
135 Schéma 4. - Cadre méthodologique d'identification des
parties prenantes Page 138
Schéma 5.- Cadre d'analyse et de gestion axé sur
les résultats Page 145
Schéma 6.- Cadre logique axé sur les
résultats Page 146
LISTE DES SIGLES ET DES ACRONYMES
ACDI : Agence Canadienne de Développement
International
ALENA : Accord Libre Échange Nord Américain
BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
CBJNQ : Convention de la Baie - James et du Nord
Québécois
CEE : Commission Economique Européenne
CMED : Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement
COMEX : Comité provincial d'Examen sur le projet GAR :
Gestion Axée sur les Résultats
GCP : Gestion du Cycle de Projet
GTZ : Agence Allemande de Développement KW/h : Kilowatt
par heure
MDDEP :Ministère québécois de
Développement durable, de l'Environnement et des Parcs MIP :
Mémoire d'Identification de Projet
MOP : Manuel d'Ogarnisation de Projet
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Économiques
ONU : Organisation des Nations Unies
USAID : Agence Américaine d'Aide Internationale
PIPO : Planification des Interventions Par Objectifs ou
Planification par Objectifs
PMBOK : Project Management Body of Knowledge PMI : Project
Management Institute
UE : Union Européenne
UQAR: Université du Québec à Rimouski SEBJ
: Société d'Energie de la Baie - James TIE : Table d'Informations
et d'Échanges TW/h : Tonne Watt par heure
INTRODUCTION
Dans la plupart des pays du monde, les
gouvernements1 s'efforcent d'assurer une meilleure qualité de
vie à leurs citoyens, pour maintenant et les générations
futures. Ils veillent surtout à la santé de l'environnement
naturel dont dépend les collectivités locales, soit l'air, l'eau,
le sol et les écosystèmes. Ils doivent également assurer
l'accès à la santé publique, à l'éducation
et aux services sociaux, de même que faire profiter à un plus
vaste segment de la population des avantages de la prospérité
économique.
Pas une semaine, voire une journée, sans qu'il ne soit
question de l'environnement, que ce soit dans les milieux politiques et
d'affaires ou dans les médias. Cette préoccupation fait surtout
écho aux besoins de régulation exprimés par la
société, notamment face aux impacts de l'activité
quotidienne des entreprises sur l'environnement physique. Les pressions des
riverains et des organismes de défense pour la protection et pour la
préservation de l'environnement sont de plus en plus fortes sur les
organisations afin qu'elles ajustent leurs décisions stratégiques
en fonction non seulement d'une rationalité économique mais
également, d'une réalité sociale (Cadieux, 1993). Ces
actions doivent impliquer l'intégration et le traitement
simultanés des dimensions économique, écologique et
sociale dans les grandes décisions stratégiques (AFNOR SD 21000,
2003). Dans une publication récente, il est rapporté qu'une
entreprise qui se dote d'une politique environnementale et de
développement durable, provoque alors un effet d'entraînement dans
toutes ses industries et chez tous ses fournisseurs, lesquels, pour rester
concurrentiels, se voient à leur tour obligés de modifier
également leurs méthodologies de gestion (Crévier, 2006).
Cette politique doit cependant s'appliquer dans toutes les sphères
d'activités de l'entreprise, que ce soit aux plans des politiques
d'approvisionnement, de gestion des opérations ou de gestion de projet
voire dans les appels d'offres.
1 Le gouvernement de Québec a adopté (2006)
à l'unanimité une loi sur le développement durable (Loi no
118). L'objectif poursuivi par cette loi, est
d'intégrer un plan de recherche axé sur le développement
durable dans les politiques, les programmes et les actions de
l'Administration.
Depuis ces dernières années, les entreprises,
telle que Hydro-Québec, Alcan ou Purolator, prennent des mesures
volontaires de modification de leurs méthodologies de gestion en
élaborant des politiques de gestion environnementale, et en
présentant dans leurs rapports annuels des engagements pris en
matière de développement durable.2 Dans peu de temps,
il y a fort à parier que les paramètres d'orientation
stratégique des entreprises vont profondément être
modifiés, notamment pour celles qui oeuvrent dans les secteurs des
ressources naturelles, de l'énergie, de la fabrication et des
transports. Le contexte des projets a cependant changé et devient plus
exigeant, comparativement il y a deux décennies (Cadieux, 2005).
Aujourd'hui, le développement de nouvelles techniques et d'outils
adaptés de gestion est donc primordial pour assurer la réussite
des projets. Ce sont ces raisons qui nous portent à élaborer ce
travail de recherche. L'élaboration de celui-ci s'inscrit formellement
comme exigence partielle du programme de maîtrise en gestion de projet
à l'Université du Québec. Il s'agit donc de former
davantage de professionnels de gestion de projet qui désirent s'orienter
vers une carrière de consultants ou de chercheurs. Ce profil de
recherche permettrait à l'étudiant de mettre en évidence
des habiletés managériales et des connaissances acquises ou
d'identifier aisément une situation problématique, etc. afin de
dégager des pistes d'amélioration pour la conduite des projets,
en termes de solutions durables.
À la lecture d'ouvrages généraux dans la
littérature scientifique, cette étude se situe dans les grands
courants de pensée entourant la problématique du
développement durable dans un contexte global de gestion à long
terme (Faucheux et O'Connor, 2000). Plus spécifiquement, elle nous
amène donc à s'interroger sur les approches de gestion à
adopter pour la conduite des projets d'aujourd'hui. Cette étude
s'interrogera également sur la manière d'intégrer les
intérêts de la nature dans un plan global de gestion. L'objectif
est de développer une approche intégrée de gestion des
questions d'environnement et du
2 La notion de développement durable a
été officiellement définie dans le rapport Brundtland
publié en 1987 par la Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement. Il s'agit «un développement qui répond
aux besoins du présent sans comprommettre la capacité des
générations futures de répondres aux leurs» (CMED,
1987, p.51).
développement durable dans l'ensemble des
méthodologies de gestion de projet. Ses bases méthodologiques
devraient donc se placer au coeur de la démarche d'identification des
projets de développement.
Dans une étude réalisée sur l'importance
de la coopérative dans le développement des projets agricoles, il
a été rapporté que les structures coopératives
constituent les premières formes d'entreprises durables (Bolivar, 2002,
pp 33-48). En d'autres termes, les structures coopératives
conviendraient mieux aux intérêts économiques, sociaux et
culturels des membres adhérents (participants ou sociétaires,
etc.) et des communautés locales. Une réflexion en gestion de
projet visant l'intégration des objectifs du développement
durable pourrait corroborer le mouvement coopératif. Dans une
coopérative, les règles de gestion se fondent sur le principe de
la coopération qui est une forme de démocratie participative
(ACI, 1995). Cette nouvelle réflexion importe de prendre en
considération les intérêts des citoyens, de participer
à l'accompagnement des communautés locales dans leurs
revendications et dans leurs démarches, tout au long du cycle de vie des
projets selon une base volontaire.
Ce travail de recherche est divisé en sept (7)
chapitres. Le premier chapitre se consacre à la présentation du
contexte de l'étude et à la problématique de recherche.
Dans ce chapitre, le sujet de recherche est alors posé et amené,
suivi de la présentation du problème et de la question
spécifique de recherche. Dans le deuxième chapitre, nous
présentons le cheminement méthodologique adopté pour
conduire cette étude. Dans ce chapitre, nous définissons le type
de recherche, les stratégies et méthodes de collecte des
données qui sont utilisées pour l'enquête de terrain. Nous
terminons ce chapitre par le développement des procédés de
traitement et d'analyse des données qui ont été
recueillies sur le terrain.
Dans les chapitres trois (3) et quatre (4), nous traitons des
principaux aspects de la problématique des questions d'environnement et
du développement durable au sein des entreprises. Nous présentons
un bref rappel sur la gestion de projet tant au Québec qu'ailleurs dans
le reste du Canada. Nous décrivons ensuite les nouvelles formes
d'organisation, ainsi les nouvelles approches à la conception des
processus en gestion de
projet. Nous présentons le cadre réglementaire
et institutionnel canadien de l'environnement d'un projet.
Dans les chapitres cinq (5) et six (6), nous proposons une
approche de gestion de projets basée sur l'analyse de l'outil «
cadre logique ». D'abord, nous définissons les principaux
rôles exercés par un gestionnaire de projet ainsi que plusieurs
concepts et outils à la base de cette approche. Pour illustrer de
manière pratique le fonctionnement de cette approche conceptuelle, nous
comparons celle-ci avec les résultats d'une étude de terrain
porté sur un exemple de projet hydroélectrique implanté
dans la région de Baie-James par une filiale d'Hydro-Québec. Ces
deux chapitres seront bouclés par une analyse sommaire qui porte sur les
éléments de gestion de l'entreprise en termes d'objectifs de
développement durable.
Finalement, dans le chapitre sept (7), nous présentons
les limites de cette étude et une conclusion qui porte sur
l'opérationnalisation de notre approche de gestion, ainsi que sur la
validation de notre proposition de recherche. Ce dernier chapitre sera
bouclé par le développement de quelques pistes pour de recherches
futures.
CHAPITRE PREMIER
LA PROBLÉMATIQUE
Dans un rapport publié sur l'environnement, Brundtland
a défini (1987) le concept «développement durable »
comme étant un développement pour tous et à tous. Ce qui
veut donc dire :
« C'est un mode de développement qui
répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs ». (Source
: CMED, 1987).
Depuis sa parution officielle, le concept de
développement durable a énormément évolué et
fait l'objet de multiples interprétations surtout de la part de ceux qui
le manipulent. Pour certains auteurs, il permet la croissance et, pour
d'autres, il prend conscience de la limite des ressources c'est-à-dire
qu'il tient compte de l'aspect équité dans l'exploitation des
ressources (Huong, 2005). Ce concept suppose un équilibre entre
l'économique, le social et l'écologique. Cet équilibre
repose sur trois (3) grands principes: le principe d'équité entre
les peuples et les générations; le principe de précaution
; et le principe de participation qui induit de nouveaux modes de gestion, a
précisé la professeure Dontenwill (2005). Se limitant à
ces définitions et principes, le concept nous renvoie dans un monde
idéal, un monde où l'on pourrait concilier le profit
économique, la protection du patrimoine et le développement de
façon harmonieuse.
Boutaud, (2001), dans une étude, a cependant
proposé deux grandes approches. L'approche éco-centrée
(durabilité forte) reflète l'esprit de l'écologiste qui a
inspiré la notion et part du principe que le développement de nos
sociétés passe par un environnement sain. Une seconde approche
économico-centrée (durabilité faible) pense au contraire
que le progrès social et la protection de l'environnement sont
conditionnés par la prospérité économique. Elle
génère alors plus de richesses et donc plus de bien-être
aux hommes et aux femmes, et va permettre de faire les investissements
nécessaires pour préserver l'environnement.
Dans plusieurs autres publications sur le
développement durable, le sens donné à l'adjectif durable
varie considérablement, non seulement selon les auteurs, mais
également selon le contexte dans lequel le terme est utilisé.
Dans certains cas, la logique économique prédomine (Dierickx et
Cool, 1989; Barney, 1991). L'idée étant, pour ces chercheurs,
d'énoncer les conditions d'un maintien, sur le long terme, d'un avantage
concurrentiel (sustainable competitive advantage) ou d'un niveau de
performance (sustainable performance). Si toute autre
problématique en est exclue, la notion de durabilité est alors
associée à l'existence d'objectifs purement économiques et
financiers. Dans d'autres cas, le terme durable, par analogie au concept
défini dans le rapport Brundtland (1987), recouvre un sens beaucoup plus
large. Son utilisation dépasse le cadre de la sphère
économique pour englober des préoccupations d'ordre
sociétal. Krause, Kennelly et Gladwin (1995) ont montré que la
performance économique à long terme est désormais
indissociable de la performance écologique et sociale. C'est que,
l'obtention de résultats financiers ne peut donc pas se faire au
détriment des milieux naturels et du bien-être social.
Selon une vision adoptée, la quête à la
durabilité constitue, tantôt un objectif, tantôt un moyen
permettant de réaliser cette ambition. Dans le premier cas,
l'idée n'est pas cependant de remettre en cause la finalité
économique de l'entreprise, mais plutôt d'y adjoindre un certain
nombre de missions complémentaires, s'analysant comme des contributions
normales de la société, par exemple la participation au
progrès social et la préservation des milieux naturels. Freeman a
précisé (1984) ce qui suit: «la firme existe, non seulement
pour ses actionnaires, mais également pour un ensemble de parties
prenantes dont il convient d'intégrer leurs préoccupations».
L'approche exclusivement financière du résultat devient
inadaptée, puisqu'elle ne rend compte que des intérêts
d'une catégorie d'acteurs, soit les actionnaires. Il est donc
nécessaire d'élargir le champ d'évaluation de la
performance afin d'englober, plus généralement, des
considérations écologiques et sociétales (Graves et
Waddock, 1994). En 1999, Freeman, Ogden et Watson sont arrivés aux
mêmes conclusions.
Dans le second cas, l'idée part du principe que la
performance économique (objectif) est subordonnée à une
attitude positive et volontariste dans le domaine écologique et social
(moyen). Sans être un véritable but, la définition d'une
politique de développement durable dans une entreprise est une condition
sine qua non de la réussite économique et
financière. Cette politique, qui autorise finalement des
différentes lectures, s'accommode bien de points de vue à priori
divergents. Une des critiques majeures adressée à l'encontre de
la notion de développement durable est son manque
d'opérationnalité qui s'explique par les caractéristiques
mêmes de cette notion qui se veut d'ailleurs « globale »,
« universelle » et « transdisciplinaire ».
Qualifiée, à raison sans doute, de concept « flou »,
« valise », et « mou », le terme développement
durable se prête du coup, de la part de ceux qui le manipulent, à
de multiples interprétations. Boiral et Croteau (2001) le qualifient de
concept « caméléon ». Dans certaines recherches
antérieures sur la question, l'incidence de la performance
environnementale sur la réussite économique a fait l'objet de
débats animés au sein de la communauté scientifique.
Waddock et Graves (1997) ont montré que par exemple l'existence d'un
lien positif entre la performance sociétale3 et la
performance financière. Selon eux, les projets qui satisfont les
attentes de leurs parties prenantes4 sont perçues comme plus
risquées par les promoteurs et ces projets subiront des coûts qui
viennent grever leur profitabilité. Or, Williams et Siegel ont conclu
(2000) dans une étude qu'il n'y a aucun lien entre performance
économique et réussite sociétale.
En guise de complément, Porter et Linde (1995) ont
montré qu'une stratégie éco respectueuse favorise la
compétitivité de l'entreprise. La pollution est une manifestation
de l'inefficience des systèmes de production. Les coûts
engagés en faveur de l'environnement lors de la mise en oeuvre des
programmes et projets sont largement compensés par les
bénéfices tirés d'une démarche
pro-environnementale. L'environnement est un moyen d'acquérir un
avantage décisif au sein d'un marché. À l'opposé,
Palmer et Oates (1995) ont rapporté dans la même période
que l'augmentation des pressions environnementales ne
3 Expression qui signifie la capacité à satisfaire
les parties prenantes d'une entreprise (Clarkson, 1995).
4 Terme désignant « tout groupe ou individu qui peut
affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs
d'une entreprise » (Freeman, 1984).
conduit pas systématiquement à une croissance
du niveau de profit des entreprises. S'agissant des compensations, les
dépenses consenties par les organisations pour la protection de
l'environnement dépassent, en règle générale,
largement les ressources générées pour la mise en oeuvre
d'une politique de développement durable. Dans les faits, les
entreprises ne sont pas toujours financièrement
récompensées d'une démarche pro environnementale, et ni
sanctionnées en rapport de leur attitude à l'égard des
milieux naturels.
Persais (2004) a par ailleurs rapporté dans son
article publié sur l'excellence durable que les mécanismes de
régulation s'avèrent souvent insuffisants pour compenser les
conséquences négatives que les décisions
managériales font peser sur la société. Bien qu'il soit
généralement admis que le développement économique
doive se faire davantage en harmonie avec les valeurs sociales et avec le
respect de l'environnement, il faut cependant souligner que peu d'organisations
ont atteint le stade de l'excellence écologique. Shrivastava & Hart
sont également arrivés en 1996 à des conclusions
identiques.
1.1.- Le problème spécifique
Depuis les années 90, la gestion de projet est devenue
un mode de management très répandu au sein des organisations. Les
questions d'environnement et du développement durable sont au coeur de
la plupart de nombreux grands débats et requièrent toute une
reconfiguration du processus de gestion au sein de nos entreprises. Les
théories traditionnelles de la gestion de projet, convergeant vers des
concepts comme ceux de la planification, de l'exécution et du
contrôle, proposent souvent un ensemble de méthodes et de
processus issus de l'environnement d'un projet. Mais une des dimensions de
l'environnement du projet a pris une importance considérable pendant ces
dernières années. Nonobstant, les mouvements sociaux sont donc
venus modifier de façon drastique le contexte dans lequel
évoluent ces entreprises.
Dans l'ouvrage de Sadler et Jacobs (1990), intitulé
« le développement durable et évaluation environnementale
», il est rapporté que les priorités environnementales dans
un projet s'inscrivent généralement et spécifiquement dans
le cadre des études de faisabilité environnementale, lesquelles
visent à intégrer les considérations écologiques et
sociales à l'exercice de développement et de réalisation
du projet. Ainsi, l'intégration du volet environnemental dans la gestion
de projet permet de prendre en compte les relations réciproques
qu'entretiennent les chefs de projet avec l'environnement externe pour
évaluer et choisir finalement les actions stratégiques qui
répondent le mieux aux objectifs sociaux et écologiques (Allouche
et Schmidt, 1995). D'autres études rapportent par contre que les
entreprises accordent une importance relativement faible aux études
d'impact environnemental. Dans son ouvrage intitulé « La
faisabilité de projet », O'Shaughnessy a souligné (1992) que
les études d'impact étant exceptionnellement effectuées
dans des situations où par exemple, une subvention gouvernementale est
donnée, dans le cas où le projet prend l'allure d'un débat
politique ou suscite une controverse de la part de la population, ou dans un
but d'améliorer l'image de l'entreprise.
Par ailleurs, de nombreux d'événements ont mis
en évidence ces problématiques diverses qui affecteraient la
planète aujourd'hui. C'est la satisfaction actuelle des besoins qui est
maintenant compromise par les problèmes environnementaux et sociaux que
connaît le XXIe siècle (par exemple : la crise
alimentaire en Afrique et en Haiti, les victimes de l'ouragan Katrina, les
ravages du Tsunami, la perte de biodiversité, la raréfaction de
la ressource halieutique et le renchérissement des matières
premières, les pollutions, ...). Il ne s'agit plus d'anticiper les
problèmes mais de les résoudre. Le développement durable
pourrait alors laisser place à la notion de «développement
désirable» qui regroupe l'ensemble des solutions
économiquement viables aux problèmes environnementaux et sociaux
que connaît la terre. Ce nouveau mode de développement, facteur de
croissance économique et d'emplois, serait une véritable
«économie verte», basée sur l'économie sociale
et solidaire, l'éco-conception, les matières
biodégradables, le bio, la dématérialisation, le
réemploi-
réparation-recyclage, les énergies
renouvelables, le commerce équitable, la relocalisation des
entreprises.
Fort de ces constatations, qui ne cessent de s'imposer aux
gouvernements, aux entreprises et aux citoyens du monde entier, il est donc
difficile, voire impossible, de concevoir qu'une entreprise puisse
s'échapper de la notion du développement durable qui, selon une
idée difficilement contestable, prône un développement qui
répond aux besoins du présent et des générations
futures.
Dans le Guide PMBOK (2004), l'approche traditionnelle de
gestion des parties prenantes, qui consistait à ne considérer que
les employés, les actionnaires, les clients et les fournisseurs, s'est
donc considérablement élargie pour tenir compte de
l'émergence de groupes environnementalistes, d'écologistes,
d'associations locales, de médias, de gouvernements et autres qui sont
concernés par les projets et programmes élaborés. Ces
acteurs stratégiques exigent un droit de participation et exercent de
plus en plus de pressions sur les entreprises afin qu'elles ajustent leurs
décisions stratégiques en fonction non seulement d'une
rationalité économique, mais également d'une
réalité sociale, droit qui leur est donc reconnu dans la
littérature scientifique mais les modalités d'application de
celui-ci ne font jusqu'à présent aucun objet de synthèse
et de recherche pertinentes. Hénault et Spence (2004, p-30), dans un
article publié sur les entreprises face aux pressions sociopolitiques,
ont montré le rôle joué par les groupes de pression (ONG,
par exemple) dans les processus qui conduisent très souvent au boycott
de certains produits ou de certaines marques pour des raisons d'ordre
éthique.
Pour qu'un projet puisse être réalisé
avec le maximum d'efficacité5, il faut donc que celui-ci soit
suffisamment supporté par les parties prenantes internes et perçu
favorablement par les parties prenantes externes. Le succès d'un projet
dépend donc de la prise en compte de son impact potentiel sur les
individus ou groupes qui partagent un enjeu ou un intérêt dans sa
réalisation et qui exigent ainsi leur intégration dans le
processus de formulation et
5 Selon l'auteur O'Shaugnhessy (1992), qui signifie le
résultat obtenu en fonction des buts et objectifs visés par le
projet, tiré dans son livre intitulé « La faisabilité
de projet ».
de développement du projet (Malenfant, 1996).
D'après les études d'Igalens et Joras (2002), le
développement durable est l'option qui suscite un regain
d'intérêt de la part des entreprises qui sont tenues de s'exprimer
sur cette question dans leur rapport annuel, tout comme d'un plus large
ensemble de parties prenantes. L'intégration des intérêts
de la nature dans le développement des projets requiert des
communications constantes entre les chefs de projet et les parties prenantes
pour évaluer et choisir les actions stratégiques qui
répondent le mieux aux objectifs sociaux et écologiques.
Autrement dit, un chef de projet d'aujourd'hui doit définir son projet
en fonction des intérêts convergents et divergents, qui
proviennent des parties prenantes influentes, pour atteindre les objectifs de
réalisation du projet.
Comparativement il y a deux décennies, le contexte de
déroulement des projets a cependant changé et devient plus
exigeant. Comme souligner précédemment, la gestion de projet
nécessite de nouvelles techniques et d'outils modernes de gestion pour
assurer la réussite des projets actuels. Il parait de plus en plus
évident que les meilleurs résultats des entreprises sur le long
terme seront assurés par celles qui apporteront quelque chose de plus :
des valeurs, du sens et une responsabilité vis-à-vis des
populations présentes et des populations futures. Mais il est clair que
cette responsabilité n'a de raison d'être et de
pérennité que si elle ne s'inscrit pas dans une approche «
gagnant - gagnant ».
Il est essentiel pour un chef de projet de modifier ses
méthodes traditionnelles de gestion et d'adopter une nouvelle approche
de gestion qui s'apprête à intégrer les
intérêts de tous les acteurs concernés par son projet. Ce
qui lui permettrait toutefois de mieux répondre aux attentes
sociopolitiques et de faire accepter collectivement et socialement son projet
dans les collectivités locales. Dans les entreprises, les discours en
faveur le développement durable sont de plus en plus fréquents.
Nul n'est contre la vertu, mais il n'est pas toujours évident
d'intégrer le développement durable dans les processus
décisionnels. Ce n'est pas des intentions et de volontés qui font
défaut. Mais comment intégrer les questions d'environnement et du
développement durable dans l'ensemble des méthodologies de la
gestion de projet? Quel avantage a-t-il pour une entreprise qui aurait choisi
une
méthodologie de gestion de projet qui soit
respectueuse des principes de développement durable? Comment satisfaire
alors les intérêts des promoteurs, du personnel et les clients
tout en répondant aux attentes des parties prenantes, qui exigent
désormais de savoir comment le projet agit avec l'environnement et de
participer aux décisions que celui-ci prend et qui affecte
l'environnement physique? Entre d'autres termes, de quelles manières
qu'un projet peut-il être «socialement et écologiquement
acceptable» tout en créant davantage de valeur? Alors que les
intérêts des acteurs concernés par le projet sont souvent
divergents, voire contradictoires. Autant de questions qui méritent des
réponses en vue d'une reconfiguration des approches de gestion au niveau
des entreprises.
Ces interrogations mentionnées
précédemment sont les principales questions auxquelles cette
étude va tenter d'apporter comme réponse en terme de solutions
pratiques ou d'actions à entreprendre dans le quotidien des entreprises.
Si la réponse à ces questions peut sembler innovante ou au
contraire déjà expérimentée par d'autres
chercheurs, sa mise en perspective doit aider le chef de projet à
construire et développer très concrètement la
légitimité de l'entreprise en matière environnementale, et
à intégrer opérationnellement les intérêts de
tous les acteurs concernés par le projet dans l'ensemble des
méthodologies de gestion. Cette nouvelle vision, axée sur les
courants de pensée de « développement durable », aidera
par conséquent le chef de projet à améliorer les chances
de succès de son activité. Mais les réponses à ces
interrogations premières ne seront possibles que dans le cas où
certaines questions pertinentes auront été répondues
préalablement. Sinon, le chef de projet sera incapable d'appliquer
correctement une politique respectueuse de l'environnement. Les plus
pertinentes sont les suivantes : Sur quelle méthodologie un chef de
projet va-t-il opérer l'identification et la classification de tous les
acteurs et partenaires économiques et sociaux, internes tant
qu'externes, concernés par le projet? Pourquoi doit-il considérer
certaines entités comme parties prenantes stratégiques? Comment
doit-il alors se comporter à l'égard de ces parties prenantes?
1.2. - L'(es) objectif(s) et proposition de recherche
Cette présente étude est une démarche
d'intégration des questions d'environnement et de développement
durable dans l'ensemble des méthodologies de la gestion de projet.
L'objectif général est d'élaborer un cadre d'analyse de
développement durable fondé sur la méthode cadre logique.
Cette approche de gestion servira de bases méthodologiques pour la mise
en place d'un modèle de planification de projet plus participatif et
responsabilisant. L'exploitation de ce modèle apportera une
amélioration dans les comportements traditionnels et d'attitudes des
chefs de projet sur le terrain. L'objectif spécifique est de comparer
deux approches d'intervention en gestion de projet, dont l'approche
illustrée dans cette présente étude et celle
exploitée par les entreprises sur le terrain.
Cette étude tentera d'apporter les premiers
éléments de réponse aux différentes questions dont
elle a soulevé. Le cadre logique est un outil efficace de gestion qui
permet aux parties prenantes internes et externes d'un projet d'identifier et
d'analyser les problèmes, puis de définir les objectifs à
atteindre et les activités à entreprendre à cet effet. Il
permet également aux planificateurs de tester la conception d'une
ébauche de projet pour s'assurer de sa pertinence, sa faisabilité
et de sa viabilité. Dans ce travail de recherche, nous allons
étudier l'importance de la méthode cadre logique dans la
formulation d'une stratégie de développement durable au sein des
entreprises. Cette réflexion portera principalement sur
l'intégration des parties prenantes stratégiques, depuis la phase
d'identification jusqu'à la phase d'évaluation et de fermeture du
projet. L'étude tentera également de mettre en oeuvre une
approche intégrée de gestion dans la livraison de solutions
globales des projets sensibles à l'environnement.
Le cas d'initialisation d'une politique de
développement durable dans une entreprise exploitant une centrale
hydroélectrique dans la région de Baie - James sera
étudiée. Les résultats de cette étude de terrain
seront ensuite comparés avec l'approche de gestion que nous
illustrerons. C'est donc une démarche de résolution de
problèmes globaux des projets sensibles à l'environnement. Cette
entreprise a été choisie puisque son activité implique de
fait une prise en compte large des intérêts de différentes
parties prenantes. Dans le cadre
d'une politique d'initialisation de développement
durable, la description de la démarche suivie par les entreprises
montrera le mode de cohabitation entre celles-ci dans leurs activités,
leurs intéractions avec leurs parties prenantes sociales et
environnementales. Pour illustrer notre démarche, nous formulons la
proposition de recherche suivante : « l'intégration des
questions d'environnement et du développement durable tout au long du
cycle d'un projet pourrait être un vecteur de changement positif dans les
chances de succès du projet, sous réserve qu'elles
s'insèrent dans un processus global de gestion qui intègre
à la fois les objectifs économiques, écologiques, et
sociaux et sociétaux ».
Ce nouveau modèle de gestion doit tenir compte de
certaines priorités de l'heure, telles que les priorités sociales
et environnementales. Il doit être également appuyé par des
éléments opérationnels, par exemple certaines
règles de gestion. Si les chefs de projet parviennent à
intégrer simultanément les trois objectifs du
développement durable dont l'économique, social et
écologique dans la gestion des processus décisionnels, nous
allons donc pouvoir observer un changement significatif dans le succès
de leurs projets et au niveau des pratiques de gestion, allant dans le sens
souhaité d'un meilleur fonctionnement sur le terrain.
1.3.- Les limites des recherches antérieures
Depuis de nombreuses années, nous avons assisté
à un accroissement spectaculaire des recherches consacrées aux
problèmes environnementaux dans le monde, ce qui s'est traduit par une
accumulation remarquable de publications sur les sujets liés à la
notion de développement durable. Par exemple, différents auteurs
ont étudié les problèmes posés par l'exploitation
des combustibles fossiles, les barrages hydroélectriques et la
sécurité alimentaire. Nous notons également un
intérêt croissant pour la production des biens industriels et des
biens d'équipement. En revanche, et pour de multiples raisons, les
études d'impact de ces projets et programmes et les débats sur
les méthodologies de gestion, - autrement dit les efforts concrets de
l'intégration des considérations écologiques et
sociales dans les processus décisionnels - ont
généralement fait l'objet d'une moindre attention. La collecte et
l'analyse de statistiques sur les problèmes environnementaux sont
devenues monnaie courante, particulièrement dans la plupart des pays
riches. Les données sur le développement durable - à
l'exception, peut-être, de ministères et d'organismes
environnementaux - sont rarement disponibles. Dans certains cas, il existe des
données, mais elles sont difficiles à obtenir pour des raisons
politiques, ou d'exclusivité. De plus, la publication et la diffusion
des études ou de rapports sur cette question sont fréquemment
soumises à une certaine confidentialité. La pénurie de ces
documents sur ce type de question dans les entreprises est partiellement
imputable à la rareté des supports méthodologiques qui
concerne cette tâche spécifique. Bien que, les résultats
d'analyse de ces travaux de recherche n'indiquent pas comment intégrer
les considérations environnementales et sociales dans les processus
décisionnels des entreprises. Les résultats d'études
antérieures ont montré que les entreprises ne se dotent pas
encore de politiques sociales visant à faire accepter socialement les
projets (O'Shaughnessy, 1992; Freeman, 1999 et Persais, 2004). Ils rapportent
de préférence des dommages causés à l'environnement
par les entreprises que des solutions.
La littérature scientifique, qui existe sur le
thème général de l'étude, appartient en quelque
sorte à trois (3) grandes catégories de données. Nous
pouvons classer, dans la première catégorie, les compilations de
notions et méthodes qui concernent la gestion de l'environnement par les
entreprises, présentées le plus souvent dans des contextes plus
larges traitant de problèmes de développement durable. Compte
tenu du caractère même de ces publications, les idées
présentées sont de nature théorique ou
hypothétique, mais sont particulièrement utiles pour une
première démarche d'analyse du volet environnemental dans
l'identification des projets. Malheureusement, si ce type de documents fait
bien référence à des cas spécifiques pour illustrer
certaines des notions exposées, il ne fournit que peu d'indications
opérationnelles sur la manière de mettre effectivement en
pratique l'environnement et le développement durable, lorsqu'il s'agit
de mener des recherches sur
les approches de l'intégration de ceux-ci dans
l'ensemble des méthodologies de la gestion de projet.
La deuxième catégorie des données
englobe les études, synthèses ou les bibliographies faites sur la
littérature consacrée aux effets néfastes des
activités industrielles dans certaines régions du monde
(l'Afrique, l'Asie, ..., plus particulièrement). Ces publications
constituent souvent des guides extrêmement utiles pour rechercher les
études disponibles en termes de questions et de résultats de
recherches; elles permettent également d'appréhender de
manière intéressante l'évolution passée et future
des études dans le domaine. Mais, compte tenu de leur caractère
généralement synthétique, de la manière dont y est
abordé le concept « développement durable », et/ou de
leur portée tant en termes de résultats que de méthodes,
elles ne fournissent que peu d'informations sur les procédures
concernées et envisagées.
Dans la troisième catégorie, prennent place les
études de cas de projets, de programmes ou d'entreprises portant sur un
problème particulier. Il s'agit ici de précieuses sources
d'informations pour les lecteurs intéressés par des études
spécifiques, dans un pays donné, pour un type de projet et une
période définie. Les résultats de ces études y sont
généralement abondants. Mais nous pouvons
généralement y regretter l'absence d'explication pas à pas
des procédures qui doivent être mises en oeuvre pour transposer
les trois (3) critères du développement durable dans le
développement, le suivi et contrôle, et l'évaluation finale
des activités. Dans le cadre particulier du développement
durable, les écrits sont principalement théoriques (Sharma, 2001
; Martinet, Reynaud, 2004 ; Dontenwill, 2005).
CHAPITRE 2.- LA MÉTHODOLOGIE
Ce chapitre décrit les étapes à suivre qui
composent le cheminement
méthodologique adopté pour conduire cette
étude. Il s'agit principalement de préciser la nature de la
recherche (c'est-à-dire le type de recherche), d'identifier la
population statistique, l'instrument de mesure utilisé, et les
méthodes de traitement et d'analyse de données qui sont
collectées sur le terrain. Dans un premier temps, nous avons
analysé des sources d'informations secondaires. Celles-ci nous ont
permis de dresser le cadre référence de l'étude. Puis,
dans le second temps, nous avons alors
effectué des enquêtes de terrain auprès
de certains chefs de projets et de parties prenantes externes au projet
étudié.
2.1.-Typologie de la recherche
Dans une recherche scientifique, un chercheur peut
s'intéresser soit à décrire le phénomène de
son étude, soit à l'explorer ou bien à l'expliquer (Urli,
2005). Le choix du chercheur dépend de sa question
générale de recherche. Il s'agit donc de trois chemins totalement
différents pour choisir une méthodologie de recherche (Bordeleau,
1993). D'après la typologie proposée par Cousineau et Bastien
(1975), la présente étude se veut être de type
appliqué en ce sens qu'elle découle d'une situation à
améliorer. Il s'agit d'une application de notions théoriques (les
critères du développement durable) à un aspect
précis de la réalité (la gestion de projet). L'objectif
est de développer une méthodologie de gestion
intégrée et participative pour la conduite des projets sensibles
à l'environnement, c'est-à-dire de proposer une façon de
mieux faire et à meilleur compte un projet (notion
d'efficacité).
La méthode de recherche utilisée est donc
descriptive. Elle est dite descriptive parce que les objectifs de la recherche
sont de type descriptifs (Brisoux ,1979, Bordeleau, 1993). La méthode
est également à caractère exploratoire, laquelle est
particulièrement recommandée par les chercheurs en cas
d'insuffisances théoriques en regard de la pertinence du sujet
traité, de sa nouveauté ou de sa particularité (Bordeleau,
Brunet,
Haccoun, Rigny et Lajoie, 1982). Elle est dite exploratoire
du fait qu'elle aborde un domaine où les cadres de
référence sont quasi inexistants, à l'exception de la
théorie des parties prenantes. La perspective qualificative retenue pour
cette étude nous conduira à identifier des thèmes nouveaux
et des préoccupations particulières qui auraient dû
s'intégrer dans la gestion de projet. Étant donné la
nature de cette étude, qui consiste à étudier des
comportements et des événements qui se sont déjà
produits, la recherche peut être de type ex post (Mace, 1988). Ce choix
d'une telle méthodologie nous permet d'expliquer la dynamique des
différents obstacles qui sont reliés à l'application d'une
politique de développement durable en tant que stratégie de
gestion, et à faire ressortir les différentes
caractéristiques qui entourent le problème de la recherche.
2.2.- Stratégie(s) de réalisation
La méthodologie de recherche retenue est dite
hypothético - inductive, laquelle consiste à observer de cas
particuliers pour ensuite essayer de dégager une théorie
émergente de ces observations (Aktouf ,1987). Pour recueillir des
données, nous avons opté pour une stratégie de recherche
d'enquête par questionnaire. L'enquête est réalisée
dans une entreprise qui représente une étude de cas, menée
auprès d'acteurs concernés pour un projet donné (parties
prenantes interne et externe). Il s'agit donc des entretiens individuels en
profondeur c'est à dire des entretiens libres ou semi libres (Antoine,
1990). Le problème est abordé sur un plan très
général, tout en suivant les développements de
l'interviewé et en s'abstenant dans toute la mesure possible à
poser des questions. S'il y a lieu, les résultats obtenus à
partir de cette étude de cas sont ensuite extrapolés.
L'enquêteur a interviewé deux (2)
catégories d'acteurs concernés par l'étude : les
responsables de projet (partie prenante interne) et les acteurs
stratégiques externes (partie prenante externe). Les répondants
qui ont fait l'objet d'analyse ou de l'enquête de terrain sont ceux qui,
dans une certaine mesure, ont le pouvoir d'influencer soit positivement soit
négativement les objectifs du projet.
2.3.- Échantillonnage, population et
étude(s) de cas
Cette présente étude porte seulement sur les
projets de développement. La population statistique est composée
de projets à impacts environnementaux qui sont en phase d'études,
en cours d'exécution ou déjà réalisés dans
la province québécoise. Nous avons considéré un
échantillon de cas à étudier selon qu'il nous convient,
afin de réduire le nombre de cas à observer sur le terrain compte
tenu des contraintes temporelles et budgétaires, et pour quelques
situations représentatives de la population statistique. Le choix d'un
cas à étudier est guidé par les critères
suivants.
En plus d'être bien documentés et des
données facilement accessibles, le cas à étudier a
généralement fait l'objet d'actualités. Nous
définissons aussi un certain nombre de critères sur la base
desquels qu'il est possible de différencier facilement un projet
à impact environnemental aux autres types de projet, étant
donné que les gens ont souvent tendance à confondre un projet de
développement durable avec des projets de développement (soit
à forte incidence environnementale et sociale). Cette distinction peut
guider un chef de projet dans le choix de la méthodologie de gestion
appropriée incluant ou bien non les intérêts de la nature
ou de tous les acteurs concernés par le projet.On définit un chef
de projet le plus souvent comme étant celui qui est titulaire d'une
formation collégiale, en plus de quatre à cinq ans dans une
école d'ingénierie ou dans une école supérieure de
gestion et doté d'une expérience en gestion de projet (Guardiola,
2002).
Dans cette étude, nous retenons la formation
académique et le nombre d'années d'expérience en gestion
de projet, comme deux critères pertinents pour sélectionner le
responsable du projet qui est sous l'étude. Pour nous, il est
considéré chef de projet toute personne qui s'occupe la fonction
de gestion de projet, autrement dit toute personne titulaire d'une formation
académique et d'une expérience d'au moins une année en
gestion de projet. Ces deux critères sont donc primordiaux pour
définir les répondants de l'enquête dans le cadre de
travail.
L'échantillonnage tient compte principalement de la
question à l'origine de cette recherche, de la formation
académique avec au moins une année d'expérience en
gestion
de projet. Il est aussi fonction du budget alloué, de
ressources humaines disponibles et du temps consacré par
l'enquêteur pour faire ce travail. Pour ces raisons mentionnées
plus haut, le choix du responsable de projet, le choix de la partie prenante
externe au projet s'est faite sur la base d'une méthode dite de
convenance, laquelle est souvent utilisée par le Centre Canadien de
Consultation Statistique (par exemple l'enquête 2003) lors d'une
étude pour ses raisons pratiques de coût ou d'accessibilité
difficile.
2.4.- La méthode de collecte des données
Dans un premier temps, nous avons effectué un
inventaire sur la documentation existante afin d'apporter un support
théorique à ce travail de recherche. Cette étape
préliminaire réunit toutes les données provenant des
opinions ou des conclusions scientifiques qui ont rapport avec la recherche.
Nous avons recensé également des données dans les livres
de référence à caractère académique, les
travaux publiés par diverses instances gouvernementales et des textes se
trouvant dans les revues spécialisées. L'objectif de cette
étape est d'arriver aux premières démarches pour la mise
en place d'une approche théorique de gestion.
Dans un second temps, nous avons collecté des
données par l'entremise d'un questionnaire auprès des
répondants choisis selon les critères précédemment
définis. Les entretiens ont été individuels et par groupes
homogènes. Cette façon de procéder est envisagée
pour ne pas influencer les réponses des répondants.
L'enquêteur s'attendait également à des réponses
semi structurées dans la mesure où le répondant ne serait
pas obligé de répondre à une liste de questions
précises, et offrant des choix de réponse à l'exclusion de
celles qui concernent une identification personnelle. Les entretiens auraient
pu être réalisés soit au domicile du répondant soit
par téléphone ou son lieu de travail. Ceux-ci ont
été réalisés par téléphone et
à l'entreprise selon les préférences exprimées, ce
qui nous a permis de sauver du temps et des déplacements dans la zone
d'implantation du projet. Nous avons planifié 45 minutes pour
répondre à un questionnaire d'enquête, mais dans certain
cas l'entretien a duré plus longtemps à cause de la
disponibilité du répondant et de la
quantité d'informations pertinentes fournies par ce
dernier. Les questions et les réponses sont définies en fonction
de la catégorie d'acteurs qui ont fait l'objet de la rencontre,
étant donné les intérêts des acteurs
concernés par le projet sont divergents voire contradictoires. La
procédure des entretiens s'est déroulée selon les
étapes suivantes :
· Présentation, description des objectifs de
l'enquêteur
L'enquêteur se présente et s'identifie en
ajoutant qu'il s'intéresse à une étude portant sur
l'intégration de l'environnement et du développement durable dans
la gestion de projet. Il aimerait analyser, sur le plan pratique, la
possibilité, pour un chef et les membres de son équipe de projet,
de faire de l'environnement une priorité dans leurs processus
décisionnels.
· Confidentialité et consentement entre les
parties
Nous avons garanti le répondant de la
confidentialité des informations. Nous avons expliqué aux
répondants que les informations fournies seront connues seulement par
les professeurs qui évaluent cette étude. Le consentement a
été recueilli par un récit verbal et pour être
ensuite accepté sur la base d'une confiance réciproque. Nous
avons assuré aussi le répondant que le formulaire ainsi que
toutes les données normatives seront gardés sous clé et
seront conservés jusqu'à la fin de l'étude. Les documents
seront détruits par la suite, conformément aux règles
habituelles.
· Exploitation du formulaire
Le début du questionnaire, qui porte sur la
description du projet, a été rempli par le répondant.
Après cette étape, nous sommes arrivés à la phase
la plus importante des rencontres. La quête de réponse quant
à la problématique de recherche. Des questions servant à
structurer l'entrevue et préparées à l'avance ont
été débattues et posées à chacun des
répondants dans un ordre déterminé et bien
défini.
2.5.- L'instrument de mesure
Dans cette démarche, nous avons utilisé un
questionnaire d'enquête pour collecter les informations. À
quelques variations dans les questions, nous nous assurons à ce que
les
méthodes de collecte, la taille du questionnaire
soient adaptées et conformes aux deux catégories de
répondants. Les types de questionnaire ont chacun environ une centaine
de questions, divisés en plusieurs rubriques. Sauf dans certains cas,
nous avons dû modifier la taille de notre questionnaire en vue de
l'adapter selon des chefs de projet interviewés. Les questions ont
porté sur les enjeux et les intérêts de chacun des acteurs,
puis sur l'impact du projet et sur les stratégies de gestion qui sont
utilisées. Nous nous sommes interrogés également sur les
principaux facteurs qui motivent ces acteurs quant à une modification ou
non de telles méthodes de gestion, qu'elles soient d'initiative
personnelle, organisationnelle ou bien politique. Il est important d'identifier
les objectifs, les forces et faiblesses des acteurs concernés entre
autres au sein du projet. De plus en plus, beaucoup de pressions se font sur
les organisations, principalement sur les chefs de projet, pour donner plus de
place à l'environnement dans leurs stratégies de gestion, que ce
soit par volonté ou sous contrainte règlementaire. Dans ce
contexte, nous avons l'objectif de recueillir, par un questionnaire, de
précieuses informations sur la place de l'environnement dans les choix
stratégiques des chefs du projet ou des dirigeants de l'entreprise.
Il est évident à ce qu'il y ait une
différence entre ce que sont les intentions et les
réalités sur le terrain. Les projets de qualité,
c'est-à-dire les projets de développement durable, supposent un
équilibre entre trois objectifs indissociables dont l'économique,
l'écologique et social. Nous avons vérifié avec les
répondants les objectifs de cette étude en tant que responsable
et nous nous sommes interrogés ensuite sur la perception qu'ils ont
quant à l'intégration des principes du développement
durable au sein de leurs entreprises.
2.6.- Procédés de traitement et d'analyse
des données
Compte tenu du caractère qualitatif de l'étude,
nous avons opté pour une analyse de contenu. Cette démarche est
la technique la plus utilisée pour le dépouillement et le
traitement des informations écrites et verbales. Elle vise à
découvrir la signification du message étudié par la
description objective et systématique de son contenu manifeste et
latent.
Comme l'a précisé Deslauriers (1987) :
« C'est une méthode de classification dans
diverses catégories des éléments du document
analysé pour en faire ressortir les différentes
caractéristiques en vue d'en mieux comprendre la sens exact et
précis ».
Les informations collectées sont traitées et
analysées de la manière suivante. Il s'agit donc de lire
littéralement, très attentivement et à plusieurs reprises
chaque questionnaire afin de se familiariser avec son contenu respectif et de
classifier l'information selon les différentes interrogations
(catégories de données) amorcées lors de
l'élaboration du questionnaire, lequel pourrait être
modifié en fonction, de l'intérêt particulier, la
nouveauté ou le poids sémantique des informations recueillies.
Nous avons regroupé par thème les informations à analyser,
de façon qualitative, chacun des éléments d'informations
pertinents consultés et, par simple description et comparaison de cas,
à dégager des similitudes ou des différences.
Étant donné qu'il ne s'agit pas de tester une
approche théorique quantitative, mais de décrire une situation
à explorer, alors la nature et la portée de cette recherche ne
justifie pas la quantification des données accumulées du projet
étudié. Les données recueillies ont fait l'objet d'une
analyse de contenu par thèmes (Huberman & Miles, 1994; Urli, 2005).
Parmi les entretiens, certains sont d'abord retranscrits à l'aide d'une
base de données informatisées et l'analyse qualitative a
été réalisée avec deux logiciels conçus pour
cette tâche dont Sphinx Lexica, puis Nudist*3.5. Ce
procédé de traitement informatique a pour but
d'interpréter les résultats obtenus en rapport avec des
construits et non pas à démontrer la relation de cause à
effet entre différentes variables.
2.7.- Les limites de la méthodologie
Comme nous avons indiqué dans les paragraphes
précédents, cette étude consiste à proposer un
document de gestion pour la conduite des projets sensibles à
l'environnement. Ce document va servir à élaborer un
modèle participatif de gestion environnementale en gestion de projet en
vue de modifier les comportements traditionnels des chefs de projet ou
dirigeants d'entreprise, et à proposer des méthodes responsables
de gestion de projet dans
un contexte de développement durable. Concernant cette
présente étude, certains facteurs tels que le problème de
budget qui est alloué; le problème d'accessibilité et le
temps qui est consacré ont permis d'adopter les méthodes de
collectes dites de convenance. Malgré sa simplicité et sa
rapidité, le choix d'un échantillon de convenance pourra nuire la
possibilité de généraliser les résultats obtenus
surtout, lorsqu'il s'agit des études de cas. Aussi, le
désistement de plusieurs entreprises par rapport à cette
étude nous oblige à limiter les enquêtes à un seul
cas de terrain, dont la filiale d'Hydro-Québec qui réalise le
projet hydroélectrique de la Baie -James. Mais l'atteinte d'un objectif
de travail est toujours tributaire du choix de la méthodologie de
recherche.
À cause du caractère généralement
ouvert et flexible des méthodes de travail choisies (les études
de cas, les entretiens non structurés, l'analyse de contenu, etc.), le
risque de biais personnels est important étant donné les
éléments de subjectivité qui peuvent intervenir au moment
de la collecte ou de l'interprétation des données. Les
informations sont collectées surtout sur la perception des personnes
rencontrées lors de l'enquête. Ces répondants ont le droit
d'exprimer ce qu'ils souhaitent et de répondre aux questions qu'ils ont
estimé compatibles à leurs objectifs. Nous n'avons disposé
d'aucun moyen pour vérifier la fiabilité des informations qui ont
été fournies. Afin de bonifier la qualité de l'analyse des
données, conformément à la volonté des
répondants, nous avons enregistré certains entretiens. Un facteur
correctif (k= 0.87) a été également utilisé afin de
réduire le niveau des biais personnels.
Cette présente étude ne se caractérise
pas par des données puisqu'elle ne peut être quantifiée,
étant donné qu'elle s'intéresse surtout à des
études de cas et à des échantillons. Cette approche de
gestion, bien qu'elle se limite à décrire des faits plutôt
qu'à les expliquer, va nous permettre néanmoins de dégager
des hypothèses de recherche pour de futures études, sans modifier
la problématique originale de l'étude.
CHAPITRE 3.- DÉFINITION DE CONCEPTS :
ENVIRONNEMENT, DÉVELOPPEMENT DURABLE
Depuis ces dernières années, les notions de
l'environnement et du développement durable ont suscité de
nombreux débats parmi des chercheurs, dirigeants et écologistes.
Il est donc difficile de concevoir que les projets puissent échapper de
la notion de développement durable qui, selon une idée
difficilement contestable. Cette situation soulève actuellement
plusieurs questions à l'endroit des entreprises, mêmes celles
souhaitant de s'engager dans cette voie, que ce soit par volonté ou sous
contrainte réglementaire.
3.1.- Que signifie les concepts « developpement
durable » et « environnement » en contexte de gestion de
projet?
Mme Gro Harlem Brundtland (1987), dans son rapport
publié sur l'environnement, a défini le «
développement durable » comme étant un développement
qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs (CMED, 1987). Selon l'auteur, il s'appuie sur une vision à
long terme qui prend en compte le caractère indissociable de trois (3)
dimensions des activités de développement: environnementale,
sociale et économique.
Le concept de développement durable suppose un
équilibre entre ces trois (3) dimensions qui donnent lieu à la
représentation bien connue d'aujourd'hui et repose également sur
trois (3) principes fondamentaux : le principe d'équité entre les
peuples et les générations, le principe de précaution et
le principe de participation induisant de nouveaux modes de gouvernance
(Dontenwill, 2005). Il suppose une réconciliation permanente entre
l'économique, l'écologique et le social. Une intégration
des objectifs du développement durable dans l'ensemble des
méthodologies de la gestion de projet signifierait pour un chef de
projet de veiller à la rentabilité économique de son
projet tout en minimisant l'impact de celui-ci sur l'environnement.
1/3
DD
1 /3
Social Économique
1/3
3.2.- Les objectifs du développement durable
L'objectif du développement durable est de
définir des schémas viables et conciliant les trois aspects
économique, social et environnemental des activités humaines;
« trois piliers » à prendre en considération par les
entreprises et les individus. L'excellence durable suppose un équilibre
entre les piliers :
· Économique : performance « classique
», mais aussi capacité à contribuer au développement
économique de la zone d'implantation de l'entreprise et à celui
de tous échelons;
· Social : conséquences sociales de
l'activité de l'entreprise au niveau de tous ses échelons :
employés (conditions de travail, niveau de rémunération,
...), fournisseurs, clients, communautés locales et
société en général;
· Environnemental : compatibilité entre
l'activité sociale de l'entreprise et le maintien de la
biodiversité et des écosystèmes. Il comprend une analyse
des impacts du développement social des entreprises et de leurs produits
en termes de flux, de consommation de ressources, difficilement ou lentement
renouvelables, ainsi qu'en terme de production de déchets et
d'émissions polluantes, ect. Ce dernier pilier est donc
nécessaire aux deux autres.
Schéma 1.- Les piliers du développement
durable
Environnemental
Au terme de ces trois objectifs s'ajoute un enjeu
transversal, indispensable à la définition et la mise en place de
politiques et d'actions relatives au développement durable : la
gouvernance. La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs
concernés
(citoyens, entreprises, ...c'est une forme de
démocratie participative). Le développement durable correspond au
point central DD défini par la recontre des trois (3)
médianes du triangle formé. Il est donc la juxtaposition des
trois piliers économiques, environnementaux et sociaux. Plus
l'entreprise s'éloigne du point central DD, moins que
celle-ci aura atteint le stade de l'excellence durable.
Comme vu précédemment, la définition
classique du développement durable découle du rapport Brundtland
de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement. Il
rappelle le propre propos prêté à Antoine de
Saint-Exupéry : « Nous n'héritons pas de la Terre de nos
ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants ». Ce rapport
Brundtland insiste sur la nécessité de protéger la
diversité des gènes, des espèces et de l'ensemble des
écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, et ce, notamment,
par des mesures de protection de la qualité de l'environnement, par la
restauration, l'aménagement et le maintien des habitats essentiels aux
espèces ainsi que par une gestion durable de l'utilisation des
populations animales et végétales exploitées.
Il est toutefois difficile de séparer le patrimoine
naturel et le patrimoine culturel. L'idée de transmission de
génération alliée à celle de diversité
culturelle (on pense aussi aux populations les démunies) et à
celle d'interaction entre les communautés humaines et la nature est bien
résumée dans la définition que donne l'UNESCO du
patrimoine culturel :
« Ce patrimoine culturel (immatériel),
transmis de génération en génération, est
recréé en permanence par les communautés et les groupes en
fonctions de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur
histoire, et leur procure un sentiment d'identité et de
continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la
diversité culturelle et la créativité humaine
».
Nous pouvons considérer que les objectifs se partagent
entre trois grandes catégories : · Ceux qui sont à
traiter à l'échelle de la planète : rapports entre
nations, individus, générations;
· Ceux qui relèvent des autorités
publiques dans chaque grande zone économique (Union européenne,
Amérique latine, Asie, ...), à travers les réseaux
territoriaux par exemple;
· Ceux qui relèvent de la responsabilité
des entreprises.
Le développement durable, associé à la
notion de bonne gouvernance, n'est pas un état statique d'harmonie mais
un processus de transformation dans lequel l'exploitation des ressources, le
choix des investissements, l'orientation des changements technologiques et
institutionnels sont rendus cohérents avec l'avenir comme avec les
besoins du présent.
Pour le respect d'objectifs de développement durable
par les entreprises, spécifiquement on parle de responsabilité
sociale des entreprises (corporate social responsability) ou parfois
plus précisément responsabilité sociétale des
entreprises puisque le volet de responsabilité ne correspond pas
uniquement au volet social. La responsabilité sociale des entreprises
est un concept par lequel les entreprises intègrent les
préoccupations sociales, environnementales, dans leurs activités
et dans leur interaction avec leurs parties prenantes sur une base volontaire.
Il y a en effet, jusqu'à présent, peu d'obligations
législatives, de contraintes ou de pénalités : à
citer cependant en France, une loi relative aux nouvelles régulations
économiques qui oblige les entreprises cotées en bourse à
inclure dans leur rapport annuel une série d'information relatives aux
conséquences sociales et environnementales de leurs activités. En
2005, la province de Québec a également adopté une
nouvelle loi relative sur le développement durable (Loi no 118) qui
demande les entreprises à mieux intégrer la recherche d'un
développement durable dans les politiques, les programmes, et les
actions de l'Administration, ainsi qu'à assurer, notamment par la prise
en compte d'un ensemble de principes et par l'adoption d'une stratégie
de développement durable, la cohérence des actions
gouvernementales en ce domaine.
Pour les uns, le concept de développement durable est
assez clair pour être opérationnel. D'autres le voient comme une
panacée et un catalogue de bonnes intentions
qui devraient permettre tout à la fois, sans trop
préciser comment, de combiner un ensemble d'exigences :
· La satisfaction des besoins essentiels des
communautés humaines présentes et futures, en rapport avec les
contraintes démographiques : accès et d'égale chance pour
tous à l'emploi, accès à l'eau potable et à
l'éducation, ...
· L'amélioration de la qualité de vie :
accès aux services sociaux, accès aux soins de santé,
accès à un logement de qualité, ...Le renforcement de
nouvelles formes d'énergies renouvelables : énergie
éolienne, énergie solaire et de biomasse, ...
· Le respect des droits et des libertés de la
personne : participation pour l'ensemble des groupes de la
société aux différents processus de prise de
décision, statut des femmes et des minorités.
3.3.- Les critiques et limites du concept de
développement durable
3.3.1.- Critiques
Plusieurs critiques sont adressées au concept de
développement durable pendant ces dernières années. Ces
critiques sont rencontrées à plusieurs niveaux.
· Critique conventionnelle
Il existe une confusion autour de l'expression de
développement durable, la notion de « développement »
étant elle-même floue car pouvant se rapporter soit au
développement humain, soit à la croissance économique. De
prime abord, le concept de développement durable peut rallier à
peu près tous les suffrages, à condition souvent de ne pas
recevoir de contenu trop explicite; certains retenant surtout de cette
expression. Le premier mot « développement », entendant par
là que le développement tel que mené jusqu'alors doit se
poursuivre et s'amplifier; et, de plus, durablement, d'autres percevant dans
l'adjectif « durable » la remise en cause des excès du
développement actuel, à savoir, l'épuisement
des ressources naturelles, la pollution, les émissions
incontrôlées de gaz à effet de serre, ect.
L'équivoque de l'expression «
développement durable » garantit son succès, y compris,
voire surtout, dans les négociations internationales d'autant que,
puisque le développement est proclamé durable, donc implicitement
sans effets négatifs, il est consacré comme le modèle
absolu à généraliser sur l'ensemble de la
planète6 .
· Reproche anti-occidental
Historiquement, le concept de développement durable
corrobore la pensée occidentale. Un de ses effets est de tenter de
prolonger le concept actuel durablement (Serge Latouche, 1989)7.
· C'est un paradoxisme
Les opposants à l'idéologie du concept et de la
croissance considèrent que le terme de développement durable est
un paradoxe.
Sur une planète, expliquent la plupart d'entre eux,
où 20% de la population planétaire consomme 80% des ressources
naturelles, il n'est pas, pour ces 20% les plus riches, de développement
qui puisse être durable. Comme l'a souligné (2007) l'auteur
Jean-Marc Jancovici8 :
« En revenant à la définition du
concept durable, c'est-à-dire, ce qui permet de répondre aux
besoins des générations actuelles, sans pour autant compromettre
la capacité des générations futures à
répondre à leurs propres besoins. Alors, le terme
approprié pour les pays riches est bien la décroissance
soutenable ».
6 Déclaré en 2005 par le sénateur
français Marcel Déneux, membre du groupe Union centriste, de la
politique française.
7 Professeur et auteur de « L'Occidentalisation du
monde : Essai sur la signification, la portée et les limites de
l'uniformisation planétaire ». Édition La
Découverte, Paris, 1989. Version révisée en 2004.
8 De Wikipédia. C'est une encyclopédie libre
qui peut être, sous certaine reserve, considérée comme une
source d'informations fiable. Les auteurs sont des bénévoles,
mais ils sont soumis aux règlements et principes qui sont définis
par l'organisme.
3.3.2.- Limites et dérives du concept
Comme pour tout concept, le développement durable a
aussi des limites. En effet, la société capitaliste, dans
laquelle nous sommes, a su redistribuer les dividendes de la production
à l'économie (sous la forme de réinvestissements) et au
social (la hausse du niveau de revenu des salariés) pendant toute son
existence. La balance entre ces deux pôles s'est réalisée
au gré des diverses luttes sociales et des convictions politiques des
dirigeants. Une question s'impose: comment prendre en compte l'environnement
dans cette balance alors que l'équilibre entre le social et
l'économique est déjà actuellement dans une impasse?
Le concept de développement durable peut
dériver vers d'autres concepts et modèles (Serge Latouche, 1989;
André Comte-Sponville, 2006). À ce propos, ils ont
rapporté plusieurs remarques importantes. Ici pour ce travail, nous les
groupons en huit (8) rubriques, ce qu'ils ont présentées et
argumentées:
· Le concept de développement durable peut aussi
dériver vers une vision malthusienne de notre société. Ces
auteurs, à travers leurs études, se demandent, pourquoi les pays
riches, maintenant développés, imposeraient-t-ils aux pays en
voie de développement une vision limitative de leur développement
? Le concept est bon, ses objectifs louables, mais il sert peut-être
à justifier une politique protectionniste de certains pays qui craignent
une trop grande concurrence. En pratique, les pays développés ne
se privent de commercer avec la Chine, l'Indonésie et le Brésil,
malgré les risques de dérive de leur empreinte
écologique.
· Un deuxième risque est celui d'une
communication mal équilibrée. Soit la communication ne serait pas
suivie d'actions, dans le domaine de l'innovation par exemple, et l'entreprise
se fragiliserait par rapport à ses concurrents plus importants. Soit au
contraire la communication dévoilerait trop d'informations,
confidentielles. Dans les deux cas, la cohérence de l'organisation et la
compétitivité de l'entreprise en pâtiraient dans le
contexte de la révolution Internet.
· Un troisième risque est celui d'une
dérive vers les modèles de durabilité faible, c'est-
à-dire admettant la substitution du capital naturel par un capital de
connaissances. Ce modèle est celui des organismes nord-américains
particulièrement les États-Unis d'Amériques, surtout au
niveau fédéral ou de leurs ramifications mondiales. Ce risque se
traduit par la constitution de réseaux d'innovation pilotés en
dehors du continent européen qui risqueraient de déstabiliser les
institutions européennes et les États de l'Union
européenne, telles que la recherche, les universités, ...).
· Un quatrième risque, plus pernicieux encore,
est souligné par le philosophe français André
Comte-Sponville (2006). Celui-ci craint que l'éthique d'entreprise
criée haut et fort dans les colloques, au nom de l'intérêt
de l'entreprise ne masque en réalité le manque d'une morale plus
large. En pratique, la fluidité des flux d'informations et financiers de
la mondialisation aboutit à une multiplication des investissements
étrangers qui sont non contrôlés. Cela risque de
court-circuiter les actions coordonnées européennes, dans le
domaine politique et juridique en particulier, du fait de biais culturels et de
rigidités administratives des États. En 2006, le philosophe
français Comte-Sponville en a conclu à la nécessité
d'une morale dépassant le cadre de l'entreprise. Une
réorganisation du droit paraît en outre nécessaire.
· Un cinquième risque vient de l'accaparement,
par les puissances qui maîtrisent les technologies de l'information, des
procédures de normalisation et de régulation internationaux. De
ce fait, les plus riches risquent d'imposer un modèle qui aboutit de
fait à une répartition encore plus injuste des savoirs, et par
conséquent des ressources naturelles. Les sociétés
développées ont favorisé la mise en oeuvre d'un groupe de
logitiels dits « Open source » pou réduire ce risque.
· Un sixième risque est que les critères
d'évaluation soient mal équilibrés et croisés entre
l'environnement, le social, et l'économique, ou bien la mise en oeuvre
de modèles globaux biaisés. Ce qui nous dirige vers une sorte
d'utopies et de certaines formes d'idéologies. Par exemple, le biais
environnemental peut masquer d'autres carences.
· Un septième risque est que le label «
développement durable » soit récupéré pour
appuyer de plus en plus de politiques ou d'actes n'ayant
aucun rapport avec la notion même, ou s'y rattachant d'une façon
très superficielle. Par exemple, le « tourisme durable »,
application au tourisme du concept de développement durable, a tendance
à être un tourisme d'élite qui, au nom du respect de
l'environnement, dresse une barrière sociale en augmentant le tarif des
séjours afin de « préserver l'environnement », oubliant
le volet social.
· Enfin, un huitième risque est que les
analystes financiers chargés d'évaluer les rapports de
développement durable des entreprises ne disposent de la formation
nécessaire sur les concepts de développement durable, et qu'ils
ne disposent pas des outils d'analyse, d'où un manque de
structuration.
3.4.-Les problèmes autour de
l'intégration de l'environnement et du développement durable au
sein d'une entreprise
Formé historiquement comme un projet politique, le
développement durable a également émergé comme
projet managérial dans de nombreuses entreprises au fil des
années. La demande en matière d'évaluation de performance
environnementale dans les milieux d'affaires n'a cessé cependant de
s'accroître ces dernières années (Guay, 2004). Cette
situation traduit l'intérêt et les préoccupations du public
en général, des gouvernements et des entreprises pour un meilleur
développement des projets et programmes. La plupart des bilans
environnementaux ont été produits dans la foulée du
rapport Brundtland qui recommandait de faire de la protection de
l'environnement une priorité internationale (ONU, 1988). Ces bilans
environnementaux s'inspirent généralement du modèle
pression-étatréponse utilisé pour les examens des
performances environnementales9. Ce modèle comporte des
lacunes importantes, notamement pour la représentativité à
divers niveaux de perception. Il repose sur la notion de causalité : les
activités humaines exercent des
9 Tiré du livre de Guay et al. (2004),
publié sur le Développement durable. Il s'agit d'un modèle
ou cadre conceptuel utilisé pour les examens des performances
environnementales des pays de l'OCDE.
pressions sur l'environnement et modifient la qualité
des ressources naturelles. La société répond à ces
changements en adoptant des mesures de politiques d'environnement,
économiques et sociales (OCDE, 1994).
Quoiqu'il y ait plusieurs similarités dans la
réalisation des bilans environnementaux, il n'existe aucune
normalisation des méthodes utilisées, ni du choix des indicateurs
pris en compte ou de modèles de structurations des rapports sur le
développement durable (Guay et al., 2004, p-201). Les efforts
pour le respect de l'environnement varient d'une entreprise à l'autre et
les bilans environnementaux quant aux activités se prêtent peu aux
comparaisons. L'idée d'une convergence entre économie et
environnement est, aujourd'hui, largement acceptée au sein du monde des
affaires. La variable environnementale se range au niveau des
éléments contraignants pour une majorité de dirigeants
d'entreprises ou de chefs de projets (Walley, 1994). La quête de
l'excellence durable est devenue un veritable credo pour de nombreuses firmes
qui cherchent à exercer un leadership dans leurs domaines de production.
Rapporté par le chercheur Éric Persais (2004), la
déclaration de B. Collomb est significative de cette évolution
des mentalités, lorsqu'il a souligné : « La performance
environnementale et sociale vient appuyer et renforcer la performance
économique ». Une situation qui fait naître un
débat permanent entre consultants, auditeurs et certificateurs qui
évaluent la performance sociétale des entreprises, labellisent
des produits éthiques et proposent leurs offres de conseils. Le chef de
projet responsable doit évaluer toute décision à l'aune de
ces trois performances sans en privilégier aucune : la performance
économique, la performance environnementale et la performance
sociétale. Dans plusieurs études scientifiques, il a
été rapporté que leur juxtaposition ne va pas de soi et se
trouve au centre des grands débats quant aux problèmes de
l'intégration des questions d'environnement et de développement
durable dans les grandes décisions stratégiques (Lauriol et
al., 2003).
À cette aune, le projet managérial du
développement durable présente deux caractéristiques
principalement : il concerne potentiellement tous les domaines
d'activités de l'entreprise - la stratégie
générale, la communication, la gouvernance d'entreprise, la
conception de produits, les activités productives,
etc. - ; il repose sur la promesse d'un capitalisme oeuvrant à sa
réconciliation avec l'ensemble de la société en faisant
siennes les préoccupations de cette dernières comme la
responsabilité environnementale et l'équité sociale au
sein du processus de développement économique.
3.5.- Les fondements théoriques de notre
refléxion : l'approche des parties prenantes
L'étude des phénomènes organisationnels,
en relation avec le terme de l'environnement, offre la possibilité aux
chercheurs d'intégrer un courant majeur de pensée
stratégique : l'approche des parties prenantes. Dans cette approche, il
s'agit de montrer qu'un projet, en tant que système ouvert, est en
relation avec de multiples parties prenantes et que la prise en compte de leurs
intérêts est un des éléments majeurs de sa
réussite (Freeman, 1984 ; Caroll, 1993 ; Clarkson, 1995 ; Donaldson
& Preston, 1995 ; Freeman, 1999 ; Persais, 2004). Bien que cette vision est
sujette de controverses entre plusieurs auteurs, il faut penser qu'elle est
susceptible de s'enrichir mutuellement et de permettre une meilleure
compréhension de la manière dont les chefs de projets doivent
intégrer l'environnement et le développement durable dans leurs
stratégies de gestion.
Dans le but de disposer d'un cadre de réflexion
opératoire, Freeman a développé la théorie des
parties prenantes. Selon la définition la plus large, le terme partie
prenante , se traduisant en anglais par « stakeholders »,
désigne : « tout groupe ou tout individu qui peut affecter ou
être affecté par la réalisation des objectifs d'une
organisation »(Freeman, 1984). Donaldson (1995) a identifié
deux apports dans celle-ci. Sur le plan descriptif, il a
considéré l'entreprise comme une constellation
d'intérêts convergents ou divergents, voire contradictoires
(Donaldson et Preston, 1995). Sur le plan instrumental, il a montré le
lien qui existe entre les pratiques sur lesquelles se sont fondées
l'approche des parties prenantes et les performances de l'entreprise. Sur le
plan normatif, l'entreprise est étudiée suivant l'angle
éthique et la théorie des parties prenantes s'impose par devoir
moral, puisqu'il n'est pas éthiquement tenable de servir en
priorité les intérêts des actionnaires.
Cette approche présente donc des vertus
d'opérationnalisation et plus particulièrement pour
l'environnement et définit un cadre de réflexion qui s'inscrit
dans le prolongement de l'approche en trois piliers ; en identifiant les
individus et les organisations qui ont, dans l'entreprise, un
intérêt environnemental, économique ou social (Dontenwill,
2005, p-88). L'aspect traditionnel s'en tient aux parties prenantes
contractuelles que sont les actionnaires, les clients, les fournisseurs et les
salariés. L'originalité de l'approche consiste donc à
élargir ce périmètre à des parties prenantes
secondaires qui n'ont pas de relations formelles officielles ou contractuelles
(Caroll, 1989, p-58). L'approche des parties prenantes est naturellement la
plus associée à la notion du développement durable et est
de plus en plus utilisée dans les rapports de développement
durable publiés par les chercheurs et par les organismes. Eu
égard de la problématique environnementale, elle trouve donc un
champ d'application de l'organisation en tant que lieu de relations,
d'influences et de conciliations d'intérêts multiples. Mercier
(2001) a montré que celle-ci constitue un outil d'analyse tout à
fait intéressant pour :
· proposer une vision alternative de la gouvernance des
entreprises ;
· aborder les problèmes de respect de la personne,
en matière d'équité et de justice organisationnelle en
gestion des ressources humaines ;
· concrétiser la notion de développement
durable et de respect de l'environnement ;
· puis d'analyser les mécanismes de gestion des
parties prenantes qui sont introduits dans les organisations : adoption de code
de conduite, création de comités éthiques, publication de
bilans environnementaux et sociaux.
Dans le temps, les parties prenantes « porteurs d'enjeux
» se réduisaient aux actionnaires, aux clients, puis au personnel
et enfin à la communauté. Certains considéraient que ce
dernier acteur appartenait à l'extérieur de l'entreprise. Cette
vision dépasse la mode et appartient au passé. Le
périmètre « extérieur » à l'entreprise
sous-entend en effet un périmètre délimité et connu
par avance pour et par l'entreprise. Or celui-ci évolue et varie, bien
sûr selon les produits, les marchés, les pays, les contextes
géopolitiques ou culturels,
les événements locaux ou mondiaux, et surtout
en fonction des intérêts patrimoniaux des parties prenantes, comme
nous allons l'aborder plus loin dans ce travail de recherche. Il est plus juste
de parler d'un périmètre à géométrie
variable. Une partie prenante est jugée interne lorsqu'elle partage une
partie des enjeux induits par l'activité de l'entreprise sur le «
contrat d'équilibre »10 , même si
traditionnellement cette partie prenante était considérée
comme externe. L'importance de la relation entre l'entreprise et cette partie
prenante se définira par l'occurrence et l'importance des impacts
mutuels. Dans ce contexte, une partie prenante est en quelque sorte l'«
actionnaire » de la responsabilité de l'entreprise, en
matière du développement durable. Le hic est qu'il existe une
interdépendance étroite entre l'entreprise et l'ensemble de ses
parties prenantes. C'est un fait objectif pour ces acteurs stratégiques
qui demandent souvent d'être entendus et revendiquent leur droit de
savoir et de participation aux activités de l'entreprise. Cette mission
leur rend une cible vitale pour la performance, l'attractivité et la
pérennité de l'entreprise. Cette reconnaissance va pousser
celle-ci à tenter de répondre à leurs besoins et à
leurs aspirations. L'entreprise est amenée en conséquence
à prendre compte des impacts économiques, sociaux et
sociétaux, environnementaux de son activité quotidienne. Mais les
difficultés pour une entreprise résident dans l'identification
des parties prenantes les plus influentes, de l'ensemble du pays qui expriment
leur droit de savoir et de participer activement dans la gestion des processus
décisionnels.
3.6.- Les limites de la théorie des parties
prenantes
Dans son article publié, intitulé « Le
management responsable », l'auteure Dontenwill (2005) a
identifié trois (3) faiblesses importantes au niveau de la
théorie des parties prenantes. Une première limite, qui est
anthropocentrée, risquant de sous-estimer le volet environnemental. La
plupart des définitions de la notion partie prenante, où
désigne « tout groupe ou tout individu qui affecté ou
est affecté par le projet », visent l'identification
10 Tiré de l'ouvrage « Mettre en pratique le
développement durable » et utilisé au sens d'un compromis
entre la génération présente et les
générations futures ». Dubigeon, Paris, Éditions
Village Montréal, 2002, p-7.
uniquement les parties prenantes humaines. Le volet
environnemental du concept de développement durable n'est
représenté que par un nombre restreint d'organismes de
défense de l'environnement (Starik, 1995). L'auteur propose donc
d'étendre la définition des parties prenantes : « toute
entité naturelle qui affecte ou est affectée par le projet »
puisque l'on exclut souvent les parties prenantes non humaines.
Une deuxième limite, qui est firmocentrée,
risquant de biaiser le périmètre de la prise en compte des
questions de développement durable au niveau des entreprises. Cette
approche pose un problème d'incompatibilité avec la vision
surplombante qu'appelle le développement durable (Dontenwill, 2005).
Une troisième limite qui fait mention de l'état
de faiblesse éthique et par
conséquent d'instrumentalisation du
développement durable. L'auteur oppose dans ce cas une approche
pragmatique, fondée sur la théorie des parties prenantes et une
approche éthique ou morale fondée sur le principe de
responsabilité. Pour Dontenwill, l'approche parties prenantes, en tant
qu'approche contractualiste est
dépourvue de fondements éthiques car la
dimension morale est faible dans les contrats11. Or cette
dimension est présente dans la notion de développement
durable. L'idée qui est très contestée
puisque Freeman et Gilbert, dans leur ouvrage Corporate Strategy and the Search
for Ethics (1988), tentent de montrer que non seulement business et
éthique ne sont pas contradictoires mais ils sont indissociables.
Les études de Raynaud en 2004 ont
démontré également que la théorie des parties
prenantes souffre un manque d'opérationnalité pour arbitrer dans
l'esprit du développement durable. La théorie des parties
prenantes, en tant que théorie permettant d'opérationnaliser le
concept de développement durable, peut culbuter
11 Synonyme « entente » « convention »
« protocole » « lettre d'entente » « mémoire
d'entente » « protocole d'entente ». Il atteste un consentement
entre des parties à assujetir volontairement à certaines
obligations et à bénéficier d'une contrepartie qu'elles
estiment favorables (Beaumier, 1996).
sur son anthropocentrisme, son « firmo-centrisme »
et sur un risque d'instrumentalisation.
Développer un ensemble d'actions possibles de
développement durable consiste à assurer la responsabilité
économique de son activité, tout en ayant un rôle
significatif voire positif dans la société et en
protégeant la biosphère, indispensable à la survie de
l'espèce humaine. Ce concept englobant, universel n'offre pas en son
état un cadre conceptuel suffisant pour intégrer le
développement durable dans les entreprises, a rapporté la
professeure Dontenwill(2005).
Néanmoins, la théorie des parties prenantes
permet en effet d'introduire par le biais du concept même « partie
prenante » les intérêts économiques, sociaux et
environnementaux et par conséquent de retrouver à
l'échelle de l'entreprise les trois (3) objectifs du
développement durable indissociables : respecter l'environnement
physique, améliorer l'équité sociale et
améliorer l'efficacité économique. Enfin, sur
l'articulation entre approche instrumentale et approche éthique qui
suscite de controverses parmi les scientifiques, il semble qu'il s'agit bien
d'un concept d'intention apportant malheureusement une contribution modeste
voire médiocre.
CHAPITRE 4 : UN SURVOL DANS LA LITTÉRATURE
SCIENTIFIQUE SUR LA GESTION DE PROJET
La gestion de projet devient un domaine de connaissances
nouveau. Elle est devenue très complexe voire exigeante, comparativement
il y a plus de deux décennies. Dans une large mesure, la réussite
des projets d'aujourd'hui nécessite non seulement un
développement accéléré de techniques et outils,
mais également d'habiletés de gestion et de communication, afin
de maîtriser cette nouvelle discipline. D'où le défi actuel
de la profession de gestion de projet.
4.1.- Définition (s)
Dans le petit Robert, un « projet » se
définit comme étant : « tout ce que nous avons
l'intention de faire ou de réaliser ». Cette définition
ne correspond que partiellement à la définition donnée
généralement au terme projet dans les ouvrages
spécialisés en gestion. Selon Pierre Ménard (1995) une
définition de projet est donc « un ensemble d'activités
interdépendantes qui mènent à la livraison d'un produit ou
d'un service clairement identifié et généralement dans un
contexte de temps et de ressources limitées ». O'Shaughnessy
(1992) l'a défini lui-même comme suivant « un projet est un
processus unique de transformation de ressources ayant pour but de
réaliser d'une façon ponctuelle un extrant spécifique qui
répond à un ou plusieurs objectifs précis, à
l'intérieur de contraintes budgétaires, matérielles,
humaines et temporelles ». Ayant un objectif précis, il est
divisible en sous-tâches qui doivent être réalisées
pour atteindre cet objectif. Sa complexité implique que ces sous-
tâches doivent être coordonnées et contrôlées
au niveau échéancier, de préséance, de coûts
et performance. Le projet lui-même doit souvent faire l'objet d'une
coordination avec d'autres projets de l'entreprise. La gestion de projet est
l'application de connaissances, de compétences, d'outils et de technique
aux activités du projet afin d'en respecter les exigences (Guide PMBOK,
2004). Elle est accomplie par l'application et l'intégration des
processus de management de projet groupés en : processus de
démarrage ; de planification ; d'exécution ; de surveillance et
de maîtrise ; et de clôture. La
gestion de projet est aujourd'hui devenue un domaine
professionnel et scientifique à part entière et distinct de la
gestion traditionnelle. Ce nouveau paradigme est fondé sur deux (2)
hypothèses selon PMBOK (2004):
· La gestion de projet est différente de la
gestion d'activités continues en raison des caractéristiques
particulières des projets. Il s'agit d'activités non
répétitives et planifiées sur une période de temps
limitée.
· La même approche générale peut
être utilisée pour tout projet, quelque soit le domaine
d'application.
Quant à Ménard, la gestion de projet est
« une façon la plus efficace d'organiser le travail pour en
arriver aux résultats désirés ou exigés par un
client. Elle est donc un outil utile pour tous et applicable par tous
». Le développement de ce nouveau paradigme est
étroitement associé à la naissance en 1969 du «
Project Management Institute », association internationale regroupant les
professionnels et académiciens qui oeuvrent dans la gestion de projet
(Cadieux, 2005). Dans le référentiel Project Management Institute
(2004), la gestion de projet se définit comme étant : «
L'art de diriger et de coordonner les ressources humaines et matérielles
tout au long du cycle de vie d'un projet en utilisant des techniques de gestion
modernes et appropriée pour atteindre des objectifs
prédéterminés «... ».
· D'envergure du produit ou service;
· De coûts;
· De délais;
· De qualité;
· De satisfaction du client et des participants.
Dans ce contexte, le chef de projet est responsable de
l'atteinte de ces objectifs. La qualité d'un projet va dépendre
du bon équilibre entre trois (3) facteurs, dont le contenu, le
délai et le coût. Un projet de haute qualité donne un
livrable ou un résultat exigé et respecte « cette triple
contrainte ». La relation entre ces facteurs précédemment
cités est telle que si l'un d'eux varie, il affectera vraisemblablement
au moins l'un des deux autres. Même si un
estimé de coûts du projet est établi,
alors le coût réel de celui-ci ne sera connu qu'après la
fin des travaux. Le développement d'un projet a toujours des
incertitudes, compte tenu de son caractère original et unique de
celui-ci. Pour un projet ayant été conçu dans le but de
reduire les pertes agricoles par hectare dans une région, la
rentabilité d'un tel investissement ne serait alors connue
qu'après un certain nombre d'années. Il est donc évident
que le degré de succès d'un projet est fonction de celui onbtenu
lorsque les objectifs de celui-ci ont été atteints
entièrement.
4.2.- Évolution de la gestion de projet 4.2.1.-
Évolution
Même si le domaine de la gestion de projet n'a vraiment
pris son essor comme discipline distincte que depuis ces 25 dernières
années, il n'en demeure pas moins que des projets de même de
taille ont été réalisés depuis des temps
immémoriaux et que ceux-ci ont dû être gérés.
Citons par exemple le projet de construction de la pyramide de CHEOPS en
Égypte, qui date deux mille ans avant notre ère. Cette
construction a toutes les caractéristiques d'un mégaprojet
actuel, a souligné12 :
· hauteur de 138 mètres; base de 227 mètres
de côté;
· deux (2) millions de bloc de pierre de plusieurs
tonnes;
· durée de 20 ans;
· impliquant 40,000 personnes pour la construction et plus
de 100,000 pour la carrière et le transport.
L'analyse de ce projet porte à croire comment
était complexe sa gestion, compte tenu de l'énormité des
problèmes de logistique sur le chantier d'une telle envergure, ainsi que
des réalisations. Puisque, le chef du projet ne possédait pas
à l'époque les techniques et outils dont on dispose
d'aujourd'hui. Mais, en revanche, il n'était pas soumis aux mêmes
contraintes :
12 Cité par Pierre Cadieux. Synthèse et
compilation de notes de cours « La gestion de projet et son contexte
». UQAR, automne 2005.
· Son environnement était stable et peu
générateur d'incertitude;
· Comme la construction d'une pyramide débutait
à la naissance de Pharaon dont elle devait éventuellement abriter
la dépouille, les délais ne représentaient pas une
contrainte critique;
· Les ressources étaient quasi-illimitées.
Les taches étaient en majeure partie réalisée par la main
d'oeuvre servile constituée d'esclaves, ce qui assurait sa
quantité et sa docilité et le client contrôlait toutes
matières premières requises.
Aujourd'hui, il est devenu certes beaucoup plus exigeant
d'exercer la profession de gestion de projet, comparativement il y a deux
décennies. En effet, il est possible d'identifier plusieurs raisons
selon les auteurs (O'Shaughnessy, 1992 p-15 et 16 ; Ménard, 1995
p-27).
· En raison des conditions économiques, les
objectifs de délais et de coûts sont devenus très critiques
dans la plupart des cas;
· La spécialisation et la complexité des
technologies ont entraîné l'apparition d'une multitude de nouveaux
intervenants et de nouvelles disciplines que le gestionnaire de projet doit
réussir à coordonner de façon efficace sans souvent
lui-même posséder les connaissances techniques requises;
· Les réglementations de toute nature
(environnement, travail...) se font de plus en plus envahissantes;
· Le chef de projet n'a très souvent aucune
autorité légale sur les ressources qui interviennent dans le
projet;
· L'environnement est de plus en plus instable et source
d'incertitude ;
· Les valeurs de la société moderne
entraînent la formation de groupes de mieux en mieux organisés qui
opposent de plus en plus leurs droits et privilèges aux
intérêts des projets.
· Les clients sont de plus en plus avertis et exigeants.
Les parties prenantes sont de plus fortes.
4.2.2.- Évolution en matière
environnementale
Depuis ces 20 dernières années, on a
assisté à un développement accéléré
des normes réglementaires et des exigences de riverains dans les usines.
Ceux-ci ont contraint le monde industriel d'intégrer l'environnement
dans les grandes stratégies de gestion. Si les conséquences des
projets industriels ont été longtemps tenus pour une contre
partie inévitable du progrès et n'obligeaient aucun
investissement en matière environnementale, mais la multiplication des
normes et des réglementations conduisent aujourd'hui des chefs de
projets à agir avec prudence quant aux effets de leurs projets sur
l'environnement, jalousement surveillés par les victimes des
conséquences désagréables ou mortelles de
l'activité des usines et des décharges (Mikol, 2004). Cette
obligation s'inscrirait peu à peu dans un processus de création
de valeur évaluée en terme de responsabilité civique, qui
est pour autant d'ordre moral. D'où une condition qui obligerait ces
derniers à produire dans leurs rapports annuels des informations
relatives, concernant l'environnement dans leurs plans stratégiques.
L'étude de Pellé-Culpin (1998) a montré
que le renforcement des textes réglementaires et normatifs en
matière environnementale ainsi que l'évolution des parties
prenantes sont parmi les raisons qui sont imposées aux entreprises
à produire des informations sur l'environnement. Au Québec, les
dirigeants d'entreprise ont choisi de réagir et de cristalliser le
principe « pollueur-payeur ». Le virage vert promis n'est donc pas
encore appliqué intégralement dans cette province. Les
législateurs ont donc proposé des amendements aux lois sur
l'environnement prévoyant la responsabilité personnelle de ces
dirigeants d'entreprise. Pour ce qui est du Canada, le législateur
fédéral donne, selon nous, une ouverture encore plus large que la
loi québécoise sur la protection de l'environnement. La loi
canadienne utilise en effet des mots ayant un sens beaucoup plus large et qui
englobent donc davantage de circonstances et le fait même, elle accroit
la responsabilité des dirigeants d'entreprise en matière
environnementale. Ces législations fédérale et provinciale
prévoient des amendes élevées à l'endroit des
dirigeants d'entreprise coupable d'infractions lorsque ceux-ci y ont
consenti.
4.3.- Cadre réglementaire et institutionnel
Depuis plusieurs années, subissant les pressions
considérables de la part du public, les gouvernements ont dû
légiférer afin d'assurer la protection de notre environnement.
L'implantation d'un projet sensible à l'environnement est assujettie
à l'obligation d'obtenir l'autorisation de certaines instances
gouvernementales tant au niveau de la législation fédérale
que provinciale.
L'évaluation des impacts environnementaux du projet
constitue dans la plupart des cas une condition préalable à
l'exercice du pouvoir d'approbation de ces instances gouvernementales. Eu
égard aux caractéristiques du projet, l'évaluation
environnementale de ses impacts doit tenir compte des exigences de la Loi
sur la qualité de l'environnement du Québec (L.R.Q., c.
Q-2), de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale
(L.C. (1992), c. 37) ainsi que de la Loi sur l'Office national de
l'énergie (L.R.C. (1985), c. N-7). Il est prévu que les
processus découlant de l'application de ces lois seront
harmonisés dans le cadre de l'Entente de collaboration
Canada-Québec en matière d'évaluation
environnementale, conclu au printemps 2004. Les articles 109.3 et 113
de la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec
(L.R.Q., c. Q-2) énoncent le principe permettant de rechercher la
responsabilité personnelle des administrateurs et des dirigeants d'une
entreprise.
4.3.1.- Autorisations fédérales
En fonction du type de projet, les autorisations requises au
niveau de la législation fédérale sont les suivantes:
· L'approbation en vertu de la partie III de la Loi sur
l'Office national de l'énergie;
· La délivrance d'une licence ou d'un permis en
vertu de la partie VI de la Loi sur l'Office national de l'énergie,
autorisant l'importation de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) au
Canada;
· L'autorisation du ministre des Pêches et des
Océans en vertu du paragraphe 35(2) de la Loi sur les Pêches
(L.R.C. (1985), c. F-14) à l'égard des composantes du projet
ayant un impact sur l'habitat des animaux aquatiques;
· L'approbation du ministre des Transports en vertu du
paragraphe 5(1) de la Loi sur la protection des eaux navigables
(L.R.C. (1985), c. N-22) autorisant la construction d'ouvrages dans les
eaux navigables.
4.3.2 Autorisations provinciales
Assujetties aux mêmes exigences, les principales
autorisations découlant de la législation provinciale sont les
suivantes :
· L'approbation du gouvernement en vertu de l'article
31(5) de la Loi sur la qualité de l'environnement; le
certificat d'autorisation du ministre du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs en vertu de l'article 22 de la Loi sur la
qualité de l'environnement;
· L'autorisation du ministre du Développement
durable, de l'Environnement et des Parcs en vertu de l'article 32 de la Loi
sur la qualité de l'environnement à l'égard de
l'alimentation en eau et de la gestion des eaux usées sur le site
d'emplacement du projet;
· L'autorisation de la Commission de protection du
territoire agricole du Québec (CPTA) en vertu de la Loi sur la
protection du territoire et des activités agricoles (L.R.Q.,
c.P-41)
· L'autorisation du ministre des Ressources naturelles
et de la Faune en vertu de l'article 128 (7) de la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la Faune (L.R.Q., c. C-61(1)) à
l'égard des composantes du projet ayant pour effet de modifier un
habitat faunique.
4.3.3.- Réglementation des municipalités
Si l'on exclut les permis de construction requis pour
commencer à exécuter les travaux de construction et de ses
diverses composantes, la réalisation du projet n'a pas à faire
l'objet d'une autorisation en vertu de la réglementation municipale. Le
projet doit toutefois être conforme à cette réglementation
incluant plus particulièrement les règles de zonage applicable au
site retenu pour la réalisation du projet. La délivrance selon le
cas d'un certificat de conformité ou de non-contravention à cette
réglementation, constitue une condition préalable au
dépôt d'une demande devant la CPTA du Québec et à
l'approbation du ministre du Développement durable, de l'Environnement
et des Parcs en vertu l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
4.3.4.- Autres dispositions formelles
D'autres autorisations accessoires ou complémentaires
sont également requises pour la mise en place d'un projet à forte
incidence environnementale. Si un projet nécessite par exemple la
construction pour une jetée de boues, alors celui-ci devra s'assurer de
l'octroi par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et
des Parcs et le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, d'un bail
autorisant l'occupation du lit, soit du fleuve Saint-Laurent,
conformément à l'article 2 de la Loi sur le régime des
eaux (L.R.Q., c.R-13). L'approbation de l'Office national de
l'énergie pour le croisement d'installations de services publics
conformément à l'article 108 de la Loi sur l'Office national
de l'énergie sera également nécessaire selon le type
de projet dont il est question.
Finalement, d'autres autorisations s'avèrent
nécessaires durant la phase de construction, mais cela va
dépendre du projet en question. Le projet devra par exemple suivre la
procédure décrite dans la Loi sur les biens culturels
(L.R.Q., c. B-4), dans le cas de découvertes archéologiques
ou si celui-ci devait impliquer la restauration, la rénovation, la
modification ou le déplacement d'un bien culturel classé.
4.4.- Le developpement de techniques et d'outils de
gestion de projet
Il y a quatre (4) grandes périodes dans
l'évolution de techniques et d'outils de gestion
de projet. Chaque période est caractéristique
d'une technique bien spécifique. Le tableau 1
ci-dessous présente un résumé de la
situation.
Tableau 1.- Évolution de techniques et d'outils
de gestion de projet
Période
|
Appellation
|
Variable critique dominante
|
1900-1960
|
Émergence
|
Délais
|
1960-1980
|
Accélération
|
Coûts
|
1980-1990
|
Propagation
|
Qualité
|
1990 à ce jour
|
Universalisation
|
Toutes
|
|
Source : Pierre Cadieux, notes de cours en gestion de
projet , UQAR, automne 2005
4.4.1.- Période d'émergence
La période d'émergence se distingue surtout par
l'arrivée de trois techniques fort connues destinées surtout
à mieux gérer les dépassements relatifs aux délais
dans un projet. Il sont plus couramment cités :
· Le graphique à barres, graphique de Gantt. Cet
outil est développé par Gantt à l'époque de la
première guerre mondiale pour mieux gérer la production.
· Le CPM (Critical Path Method) ou Méthode de
Chemin Critique. Cette technique a été développée
par Dupont- Nemours dans les années 30 pour gérer les projets de
construction.
· Le PERT (Program Evaluation Review Technique). Cette
technique est développée dans les années 50. Elle est
similaire au CPM mais s'en distingue surtout par l'utilisation des estimations
probabilistes des délais afin de mieux tenir compte de l'incertitude
lors de la planification du projet.
4.4.2.- La période d'accélération
La période d'accélération fut dans une
large mesure alimentée par le projet APPOLO lancé au début
des années 60. Ce projet, d'une complexité monstrueuse (une
technologie à inventer, des centaines de milliers de participants
appartenant à des milliers d'entreprises différentes) avait comme
pour but de déposer les humains sur la lune et de les ramener
sains et saufs sur la terre. Cette période correspond
à la véritable naissance de la gestion de projet comme champ
professionnel spécifique et la création de l'organisme
P.M.I (Project Management Institute). Cependant, de
nombreuses nouvelles techniques ont
été développées et adoptées comme des
standards en plusieurs milieux. On y identifie quelques-unes parmi les plus
importantes, comme l'indique le tableau 2 de la page
suivante. Tableau 2.- Nouvelles techniques de gestion de
projet
Forces armées américaines et
canadiennes
- WBS (Work Breackdown Sructure) ou SDP en
français qui signifie Structure par
Découpage de Projet ou Structure de Fractionnement du
Travail (SFT), organigramme Technique, arborescence- produit, ....
- PERT-COST (Adaptation de la technique PERT
à la gestion des coûts)
- C/SCSC (Cost/Shedule Control Systems
Criteria). Imposé pour la gestion de tous les
contrats militaires
- EARNED VALUE (Technique de la valeur
acquise)
|
NASA (Projet APPOLO)
- La gestion des changements et la
configuration
- L'organisation matricielle
- Les techniques de gestion de conflits
|
Construction
- Le mode accéléré
(Fast-Track)
- Les nouveaux modes d'organisation
(gérance de la construction, gérance de projet)
|
Développement international (BIRD, ACDI, UE,
...)
- Les études de faisabilité,
l'évaluation économique et la post-évaluation des
projets
- Le cadre logique
- L'apparition de logiciels de gestion de
projet (MS Project, ..)
|
|
Source : Ménard, 1995
4.4.3.- La période de propagation
La période de propagation est celle où la gestion
de projet s'est rapidement propagée
des domaines de la construction, de l'aéronautique et
des armements à de nombreux autres secteurs d'activités. On
mentionne entre autre l'informatique, l'ingénierie industrielle, la
santé, le loisir, les programmes sociaux, les changements
organisationnels, etc.... Elle est la période au cours de laquelle la
gestion de projet a, en quelque sorte, acquis définitivement
ses lettres de noblesse comme étant la façon la
plus efficace de gérer des entreprises de durée limitée.
L'évolution de l'environnement économique, technologique et
social ont permis d'enrichir son paradigme de nouvelles approches et
techniques.
4.4.4.- La période d'universalisation
La période d'universalisation est
caractérisée par de bouleversements majeurs à
l'échelle planétaire. Celle-ci correspond également
à l'éclatement des grandes structures politico-économiques
(l'URSS) et la formation de nouveaux blocs économiques (ALENA, CEE,
...). L'économie mondiale se globalise et la concurrence
s'internationalise davantage. Les entreprises ne peuvent plus produire comme
auparavant et sont forcées par conséquent à repenser leurs
stratégies pour survivre. Le changement constant devient le nouvel ordre
établi et la routine s'estompe progressivement. L'ingénierie
simultanée ; la ré-ingénierie des processus ; l'Internet
et les nouvelles formes d'organisation sont devenues des expressions courantes
dans les milieux d'affaires. Ces expressions sont déjà devenues
des réalités pour un nombre croissant d'entreprises de toute
nature.
4.5.- Les nouvelles formes d'organisation en gestion de
projet
Ce paragraphe se réfère aux idées
d'Hervé Serieyx et Toms Peters qui sont les deux éminents gourous
les plus écoutés aujourd'hui par les dirigeants d'entreprises et
d'institutions publiques. Leur message indique qu'il est temps de
réaliser un changement radical de la structure et du mode de
fonctionnement de nos entreprises. Les entreprises qui ne marchent pas dans
cette voie risquent de s'auto destituer dans ce nouveau monde qui se
crée. Les nouvelles valeurs, comme la responsabilité sociale, la
dissémination du pouvoir et l'initiative deviennent des facteurs
essentiels de réussite dans le monde des affaires au renoncement de la
responsabilité narcissique; de la centralisation du pouvoir et la
docilité, a souligné Serieyx (1993) dans son ouvrage «
Le Big Bang des organisations ». Aussi, les réseaux, la
souplesse, la subsidiarité devront remplacer respectivement
l'information verticale, les encadrements et le prêt du pouvoir qui sont
de techniques traditionnellement
utilisées dans nos entreprises. Dans plusieurs
rapports publiés sur l'environnement, il a été
démontré que l'intégration des objectifs du
développement durable, particulièrement l'environnement, dans les
stratégies de gestion des entreprises, est une méthode importante
afin d'acquérir un avantage décisif au sein de l'univers
concurrentiel (Porter & Van der Linde, 1995 ; Hart, 1995 ; et Persais,
2004).
4.6.- Les nouvelles approches à la conception des
processus en gestion de projet
Parmi les nouvelles approches à la conception des
processus organisationnels, nous identifions aujourd'hui l'ingénierie
simultanée et la ré-ingénierie comme étant deux
nouvelles approches qui sont très utilisées par les entreprises
dites « progressistes ».
La première approche concerne surtout les projets de
développement de nouveaux produits. C'est une approche
systématique au design et intégré d'un produit et de ses
procédés qui incluent la fabrication et le support technique.
D'après Serieyx, le but est d'inciter le concepteur à
considérer depuis au début tous les éléments du
cycle de vie de projet, de la conception à la phase de fermeture,
incluant les objectifs de qualité, de coûts et de délais
ainsi que les besoins du client. Au terme d'idées maîtresses,
l'accent est mis sur les besoins et les priorités du client. La
qualité passe par l'amélioration des procédés et
repose sur l'utilisation des nouvelles technologies de l'information. Au terme
d'impact organisationnel, il faut mentionner l'intégration hâtive
de tous les joueurs importants, les communications ouvertes et
instantanées, et l'apparition d'un partenariat avec l'externe
(fournisseurs, sous traitants, ...). À cela s'ajoutent le changement de
culture de gestion, des attitudes et des habitudes qui font partie de ce type
d'impact.
La seconde approche s'adresse à l'ensemble des
processus de l'entreprise, qu'ils soient reliés aux systèmes de
production ou aux systèmes administratifs. Elle est une remise en cause
fondamentale et une redéfinition radicale des processus
opérationnels d'une organisation. Le but est d'obtenir une meilleure
performance en termes de délais, de coûts, de qualité et de
service à la clientèle. Comme dans le premier cas, la
ré-ingénierie repose sur l'utilisation des nouvelles technologies
de l'information mais, elle rejette tout ce qui
n'engendre pas une valeur ajoutée au produit ou
service pour le client. Elle entraîne une réduction de la
paperasse et aussi encourage l'élimination des activités non
nécessaires. Les équipes de travail sont alors devenues
multifonctionnelles dans les choix de processus organisationnel.
En fonction de l'environnement, les incidences concernant ces
nouvelles approches sur la gestion de projet sont importantes comme l'indique
le tableau 3 suivant .
Tableau 3.- Nouvelles approches de gestion de
projet
Environnement
|
Traits caractéristiques
|
Incidence sur la gestion de projet
|
Économique
|
- Incertitude et imprévisibilité
- Rythme accéléré de changements
- Danger de perte de contrôle sur les coûts.
|
- Gestion de risques
- Analyse de la valeur - Gestion de conflit
|
Technologique
|
Prolifération de la microinformatique
|
Accessibilité à une multitude
de logiciels de gestion de projet (MS Project, etc.)
|
Social
et écologique
|
Nouveaux concepts et nouvelles approches tels que la
qualité totale, le développement durable, le commerce
équitable, les certifications environnementales, ect ...
|
Accent plus marqué sur la
gestion de la qualité des projets
|
|
Source : Ménard, 1995 ; repris par le professeur
Pierre Cadieux, UQAR, automne 2005
Tout au long des paragraphes précédents, il
s'est avéré de véritables arguments quant aux
problématiques liées à l'intégration
l'environnement et du développement durable dans les processus
décisionnels des entreprises. Nous avons examiné en quoi
l'approche des parties prenantes peut constituer un cadre de réflexion
utile pour les chefs de projet, c'est-à- dire un cadre qui est capable
d'opérationnaliser le développement durable. La théorie
des parties prenantes est une approche théorique qui est susceptible de
contribuer à développer et à renforcer les fondements de
notre réflexion. Celle-ci peut servir de base solide pour
concrétiser les efforts de l'intégration du développement
durable et du respect de l'environnement.
Dans plusieurs études, telles que les études de
O'Shaugnhessy (1992), de Shrivastava & Hart (1996), et celles de Persais
(2004), il est rapporté que peu d'entreprises accordent une importance
relative à l'écologie. Ces études ont montré encore
que les efforts pour faire accepter socialement un projet dans les
collectivités ne sont encore pas une option envisagée par les
entreprises. Plusieurs parmi ces entreprises se voient une obligation de se
lancer, mais d'autres sont encore à leur stade de réflexion. Les
cadres théoriques qui permettent de structurer une réflexion de
fond sur les pratiques sociales et environnementales au sein des entreprises
font défaut, à l'exception de l'approche des parties
prenantes.
Tout au long de ces paragraphes, plusieurs concepts ont
été abordés et analysés, dont le but est de
démontrer la relation positive qui pourrait exister entre l'approche
partie prenante et les questions d'environnement, puis de l'entreprise et de
son milieu social. Cette relation n'est pas encore évidente selon
certains chercheurs, comme le démontrent plusieurs études
(O'Shaughnessy, 1992 ; Shrivastava & Hart, 1996 et Persais, 2004). Dans
l'optique de trouver quelques pistes de solutions par le développement
d'une nouvelle réflexion, nous expliquons, dans les chapitres qui
suivent, comment les objectifs du développement durable, notamment
l'environnement, pourraient bien être insérés au sein des
entreprises, que ce soit dans leurs activités et dans leurs interactions
avec leurs parties prenantes. Nous allons élaborer une approche
intégrée et participative basée sur les outils du
modèle de gestion du cycle de projet (GCP), ayant à la base le
cadre logique. Celle-ci sera orientée vers l'analyse des parties
prenantes, l'analyse des problèmes, l'analyse des objectifs et l'analyse
des stratégies. Elle pourra donc servir de bases méthodologiques
pour la conception d'un modèle de planification « socialement et
écologiquement » responsable pour la conduite des projets sensibles
à l'environnement.
Pour ce qui est de ce travail de recherche, nous allons
privilégier une approche de participation et de concertation
comparativement à une approche « monolithique ».
CHAPITRE 5.- COMMENT INTÉGRER LES QUESTIONS
D'ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LA GESTION DE PROJET.
UNE APPROCHE PARTICIPATIVE ORIENTÉE VERS L'ANALYSE DE L'OUTIL «
CADRE LOGIQUE »
Ce cinquième chapitre illustre une approche de gestion
visant à intégrer les objectifs du développement durable
dans l'ensemble des méthodologies de la gestion de projet. Cette
nouvelle réflexion repose sur l'analyse de l'outil « cadre logique
» en gestion de projet. Une telle réflexion devrait en effet se
placer au centre de la méthodologie d'identification d'un projet. Comme
le soulignent Ledant et Leroi, dans une étude européenne
publiée en 2005, les bases méthodologiques du cadre logique
devraient donc se situer au coeur de la démarche d'identification de
projet. En même temps, elles constituent la cible centrale à viser
par les efforts consacrés à l'intégration des questions
d'environnement et du développement durable dans la démarche de
conception de projet, si l'on souhaite que l'intégration de cette grande
question transversale ne reste pas purement hypothétique. Mais le cadre
logique ne semble connu que de manière superficielle par une
minorité de chefs de projet.
Ce travail de recherche est donc à la fois pour
rappeler à des professionnels de projet, tels que les
économistes, les ingénieurs, les agronomes, les
environnementalistes, les administrateurs, les banquiers, ... l'importance de
l'approche cadre logique (ACL) dans le développement de leurs projets,
et montrer surtout comment celle-ci peut leur permettre
d'opérationnaliser l'environnement et le développement durable
tout au long du cycle d'un projet.
5.1.- Projet et cycle de projet
5.1.1.- L'idée de projet
Dans notre démarche, il est considéré
qu'un projet de développement est un effort collectif et
organisé, limité dans le temps, qui vise à obtenir une
situation améliorée pour un groupe cible, cela en tant que
contribution durable à, et donc jamais au détriment, d'une
situation améliorée générale. Sans cette
dernière condition, il y aurait encore projet mais non
pas projet de développement (Ledant & Leroi,
2005). Un projet particulier se distingue d'un autre par la situation
améliorée particulière qu'il cherche à obtenir,
comme contribution à un mieux général. Cette situation
particulière visée par le projet constitue son objectif direct et
opérationnel, qualifié de spécifique au sens où il
lui est propre : à moins que n'arrivent des facteurs favorables
inattendus, l'amélioration en cause sera imputable au projet
lui-même, qui ne se contentera pas d'y apporter une simple contribution,
diluée parmi d'autres.
L'objectif spécifique est en principe unique. En
effet, lorsqu'un projet prétend poursuivre deux ou trois objectifs qui
ne convergent pas en un seul objectif, il sera qualifié de double ou de
triple... car c'est l'objectif spécifique qui caractérise un
projet (Commission européenne, 2001). Un projet idéalement
conçu se définit donc par son objectif et non par les
institutions impliquées. Ces dernières peuvent être
nombreuses ou variables, se joindre au projet ou le quitter, sans mettre
nécessairement en cause l'identité du projet.
5.1.2.- Le cycle de projet
Le cycle de projet est la séquence de phases dans la
vie d'un projet, depuis le cadre de programmation d'où émergent
les premières idées de projet jusqu'aux activités
d'évaluation qui suivent de son exécution. L'idée de cycle
de projet fait référence à la répétition des
phases d'un projet à l'autre et au fait que les leçons
tirées de la dernière phase d'un cycle de projet
(l'évaluation) sont censées inspirer et influencer les projets
futurs (Dufumier, 1995). Mais il est bien évident qu'aucun projet
individuel n'est censé tourner en rond, puisque ses étapes
s'enchaînent linéairement dans le temps. Le cycle de projet est
l'ensemble des phases qui relient le début du projet à sa fin.
Celui-ci représente les différentes phases distinctes franchies
par le projet ainsi que les diverses activités qui les composent. La
définition du cycle de vie d'un projet aide à traiter les
études de faisabilité en tant que première phase ou en
tant que projet séparé et indépendant (O'Shaughnessy,
1992, p-13).
Dans le cycle de vie d'un projet, la transition d'une phase
à l'autre implique généralement une forme de transition de
transfert technique ou de transmission de
responsabilité. Ainsi, les activités dans une
phase doivent être terminées et approuvées avant que les
activités de la phase suivante débute. Il n'existe pas de seule
et meilleure définition de cycle de vie idéal d'un projet (PMBOK,
2004, p-20).
5.1.3.- Les rôles du gestionnaire dans le cycle de
projet
La prise en compte des objectifs du développement
durable au sein des entreprises signifie donc pour un gestionnaire de projet de
veiller surtout à la rentabilité économique des projets
tout en minimisant leur impact sur l'environnement et en respectant les hommes
et les femmes (Dontenwill, 2005, p-87). Le poste « gestionnaire de projet
» se réfère à toute personne qui excerce la fonction
de gestion de projet, c'est-à-dire à toute personne qui a la
responsabilité de réaliser un ou plusieurs projets assujettis
à des contraintes techniques, budgétaires et
d'échéancier. En même temps, nous savons que les
rôles et les attributions des personnes qui exercent la fonction de
gestionnaire de projet peuvent varier d'un pays à l'autre, ou d'un mileu
organisationnel à l'autre. La responsabilité du gestionnaire de
projet varie également selon le type et la taille du projet dont il est
question.
En se référant au modèle de Fayol, le
rôle d'un gestionnaire est défini suivant les fonctions
traditionnelles de management suivantes : « planifier », «
organiser », « décider » et « contrôler
». Aujourd'hui, il faudrait aussi ajouter la fonction « communiquer
», compte tenu l'importance de celle-ci dans la gestion des parties
prenantes. Le gestionnaire de projet excerce fondamentalement les mêmes
fonctions que le responsable d'une unité administrative, mais que son
travail l'oblige à accorder plus d'importance à l'exercice de
certains rôles et à les jouer de façon forte, efficace et
différente (Hobbs, 1989 ; Ménard,1995, p-23). La figure 1
suivante en est l'illustration d'un modèle général des
principaux rôles du gestionnaire de projet.
Figure 1.- Interrelation de rôles des chefs de
projet Roles interpersonnels Roles décisionnels
C o
M
M u
N I
C A T I
o
N
s
Source : Hobbs, 1989 ; Ménard, 1995
Négociation : Gestion des ressources
Dépannage : Gestion des problèmes
Stratège : Gestion de l'environnement
Pilotage :
Gestion des travaux
Leadership : Gestion de l'équipe
Liaison avec l'environnement externe
Clients; utilisateurs Bailleurs de fonds
Régulateurs
Fournisseurs
Groupes de pression Groupes d'écologistes ...
Liaison avec les contractuels
Supérieurs hiérarchiques Unités
administratives Collègues ; sous-traitants ...
Liaison avec les ressources du projet
Ressources propres Mandataires
...
À l'instar de ce que démontrent d'autres
études, le chef de projet passe la majorité de son temps en
interaction avec les intervenants du projet. Ce temps est estimé
à environ 90%, selon plusieurs travaux consultés à ce
propos (Ménard, 1995 ; Commission européenne, 2001 ; Ledant,
2005). Comme l'indique la figure 1 présentée plus haut, un chef
de projet exerce deux rôles principaux dans le cycle des projets. Dans la
foulée des débats quotidiens autour des questions d'environnement
et de développement durable, il a un tout premier rôle de liaison
avec tous les intervenants au projet. Ce rôle est donc devenu primordial
aujourd'hui pour la survie surtout pour un projet de développement.
C'est donc pour le chef de projet d'agir comme point d'intersection de toutes
ces liaisons et les parties impliquées au projet.
Ces rôles de liaison sont constitués des
activités de communication ayant pour objet de faciliter et de rendre
plus efficace l'exercice des autres rôles, qui sont les rôles
décisionnels.
Ce dernier groupe de rôles du gestionnaire est au
nombre de cinq (5). Un tout premier rôle de stratège qui se
réfère à la gestion de l'environnement sociopolitique du
projet . Ce rôle de stratège a donc pour objet de permettre une
meilleure de l'environnement, c'est-à-dire un meilleur contrôle de
l'incertitude. Comme le souligne le professeur Ménard, le chef de projet
dispose de plusieurs techniques pour le faire. Parmi ces techniques, nous
pouvons citer:
? l'analyse des parties prenantes interactionnelles ;
? la gestion des risques ;
? les techniques de prospective.
Nous soulignons également un rôle de pilotage
qui se rapporte à la gestion des travaux, puis un rôle de
négociateur qui se consacre à la gestion des ressources, un
rôle de leader qui facilite la gestion de l'équipe et enfin un
rôle de dépanneur qui se réfère à la gestion
des problèmes souvent techniques (Hobbs & Ménard, 1989). Dans
ce dernier rôle décisionnel, le chef de projet intervient
habituellement dans un contexte d'urgence. De telles interventions
nécessitent néanmoins des habiletés techniques
(expériences, connaissances techniques, ...), lesquelles lui permettent
de proposer des solutions adéquates à ce problème afin de
limiter son impact sur le cycle de vie du projet, soit sur son
échéancier.
Il doit exister une relation étroite entre les
rôles décisionnels et ceux qualifiés de liaison. Un partage
continu d'informations entre le gestionnaire du projet et ses intervenants
s'avère important pour garantir un bon déroulement du projet.
D'où le rôle communicateur. Mentionnons que si ce rôle n'est
pas convenablement exercé, les problèmes peuvent survenir
à un rythme élevé et risquent d'être très
importants. Ce qui amenera sans doute ce dernier à exercer moins
efficacement son rôle de dépannage ou pire encore à devenir
incapable de prendre des décisions importantes.
5.1.3.- Caractérisation de quelques projets selon
leur cycle de vie
Un projet est caractérisé par son cycle de vie
dont les activités sont regroupées en phases ou étapes.
Adams et al. (1979) a identifié quatre phases dans la vie d'un
projet. Il s'agit de: « la phase de conception », «la phase de
planification », « la phase d'exécution »
et « la phase de terminaison ». Webster (1978)
avait bien avant utilisé ces quatre phases pour définir cinq (5)
types de projet. Il en avait défini: le projet de recherche
fondamentale; de recherche appliquée; développement; de
construction et de systèmes globaux. Le contenu des phases de ces
projets varie selon le type de projet dont il est question. Seules les
activités relatives à l'identification des besoins, puis les
études de faisabilité qui sont caractéristiques communes
entre ces catégories de projets définis.
En rapprochant le projet de recherche avec celui d'un projet
de construction, la phase de conception dans le premier cas peut ne comprendre
que l'activité reliée à l'identification des besoins et
que les études de faisabilité sont faites dans la phase de
planification, comparativement au second cas, où celles-ci s'effectuent
dès la phase de conception. Depuis 1976, Archibald a identifié
six phases spécifiques dans le cycle de vie d'un projet : « phase
de conception »; « phase de définition »; « phase de
design »; « phase de développement »; «
phase de mise en application » et « phase de post completion
».
Dans la majorité des modèles de gestion
exploités par les entreprises, les activités d'un projet varient
selon les phases et aussi selon le type de projet à réaliser. Ces
phases peuvent avoir de différentes variantes ou d'appellations
différentes. Mais en réalité, il n'existe pas de
vocabulaire commun entre les professionnels en gestion de projet. Pour eux,
l'identification; la définition; l'exécution et la terminaison
représentent quatre étapes importantes dans la vie d'un projet,
quelque soit le type.
L'analyse des modèles précédents nous
indique que l'environnement a occupé une place peu considérable
dans les choix stratégiques des entreprises, puisque ces modèles
datent des années 70. À l'époque, on ne parlait pas encore
de concept « développement durable » et de «
Responsabilité Sociale d'Entreprise ». De plus, la classe des
parties prenantes a été grandement restreinte. Les gens ont
été très peu sensibilisés aux questions
d'environnement. Aujourd'hui, malgré l'élargissement de cette
classe, il reste encore beaucoup de choses à faire en terme d'efforts
pour préserver l'environnement physique.
Des études récentes rapportent que les parties
prenantes sociales et écologiques sont par ailleurs plus influentes
dès le début du cycle d'un projet et s'affaiblissent
progressivement sur le long des différentes phases du projet (Cadieux,
2005).
Dans certains cas, la trajectoire suivie par un projet
dépend de la nature même du type de projet dont il est question.
Les activités requises pour un type de projet ne sont pas
forcément mêmes pour un autre type. Par exemple, un projet
relié à la mise en place d'un système informatique ne
suivra pas nécessairement les mêmes étapes qu'un projet
relatif qu'à la construction d'un barrage ou à celui qui a trait
à un projet de recherche et de développement. Ce qui veut bien
donc dire que l'approche de gestion intégrée du cycle de projet
est plus complexe qu'on le pense, parce que les étapes dans la vie d'un
projet varient selon le type de projet. La gestion du cycle d'un projet
sensible à l'environnement est désormais plus exigeante voire
complexe, contrairement à celle d'un projet de renforcement
organisationnel. Les auteurs Assad et Pelser (1983) ont donc raison de
considérer les activités d'un projet comme étant les
phases du projet, comparativement à des auteurs classiques qui
considèrent eux-mêmes les phases d'un projet comme quelque chose
beaucoup plus général. Mais pour d'autres scientifiques l'accent
doit être mis sur les termes tels que « choix stratégique,
choix d'une variante tactique, et réalisation » afin de
définir les différentes phases d'un projet (De clerck, Eymery
& Crener, 1980).
Bien que les phases d'un projet puissent être
justifiées par les activités qui composent chacune d'elles, il
n'en demeure pas moins que le jargon utilisé tend à
s'éloigner sensiblement de celui rencontré dans la pratique de
gestion de projets de même que dans celui employé par les
classiques dont D. Cleland et W. King.
En 1992, les pays d'Europe formant l'Union européenne
ont adopté le modèle « Gestion du Cycle de Projet »,
désigné ci-après GCP. Selon les concepteurs, le cycle de
projet suit la vie d'un projet, de l'idée initiale jusqu'à son
achèvement. Il sert de cadre d'analyse pour assurer la consultation des
parties prenantes. L'objectif du modèle est d'améliorer la
gestion des actions - projets et programmes de tout type en tenant mieux compte
des questions essentielles et des conditions cadres dans la conception et la
mise en
oeuvre des projets. Celui-ci vise à prendre en compte
ces aspects dès le début du cycle de projet, en essayant de faire
en sorte que les projets soient conformes et contribuent au
développement de la communauté.
Dans le guide PMBOK, le cycle de vie d'un projet est une
séquence d'activités regroupées en quatre (4) phases
interdépendantes: la phase de conception; la phase de
développement; la phase de réalisation et la phase de
terminaison. La définition des phases est fonction du type de projet et
du milieu organisationnel. La composition de chaque phase en terme
d'activités varie avec l'envergure du projet, comme l'indique le tableau
4 ci-dessous.
Tableau 4.- Analyse et description du cycle de vie d'un
projet industriel
Conception
|
Développement
|
Éxecution
|
Terminaison
|
Données de rassemblement
|
Nommer l'équipe principale
|
Installation -. Organisation. Communications
|
Mener le(s) produit(s) à sa bonne fin
|
Identifier des besoins
|
Études de conduite
|
Motiver l'équipe
|
Passer en revue et accepter ou non
|
Établir Buts, objectifs Faisabité de base
de sciences économiques Partie prenante Niveau de
risque Stratégie Équipe potentielle
|
Développer la ligne de base de portée -. Finir
le(s) produit(s).
Standards de qualité. Ressources. Activités
|
Impératifs techniques de détail
|
Comptes finals de banque à dossier
|
Évaluer les resources
|
Établir -. Programme- cadre. Budget, marge brute
d'autofinancement de financement. WBS. Politiques et procédures
|
Établir -. Travailler les
paquets. Systèmes de commande de l'information
|
Responsabilité- Plan de transfert
|
Identifier les solutions de rechange
|
Risques
|
Obtenir les marchandises et les services
|
Évaluer le projet
|
Propositions actuelles
|
Confirmer la justification
|
Exécuter les paquets de travail
|
Résultats de document
|
Obtenir l'approbation pour la phase prochaine
|
Fiche du projet actuel
|
prévision/commande -. Portée. Qualité.
Temps. Coût
|
Libérer/réorienter les ressources
|
...
|
Obtenir l'approbation pour procéder
|
Résolution des problèmes
|
Attribuer à nouveau l'équipe à d'autre(s)
projet(s)
|
|
Source : Guide PMBOK, version anglaise traduite en
français, 2004
Mais dans certains pays, la planification du projet est donc
considérée en tant qu'une phase distincte. Au Canada,
particulièrement au Québec, le cycle de vie d'un projet est
composé généralement de quatre (4) phases
d'activités, dont une phase de planification, une phase de conception,
une phase d'exécution, et une phase d'évaluation et de fermeture.
Pour la plupart de firmes d'ingénieurs-conseils, c'est le cas de GENIVAR
Société en commandite, on peut utiliser d'autres appellations
comme: une phase de mise en travaux qu'en place de phase d'exécution.
Mais dans tous les cas, les études d'impact du projet, s'il y a lieu,
s'effectuent de préférence dans la phase de planification
(GENIVAR, 2006)13.
5.1.4.- L'analyse de faisabilité
L'impact environnemental d'un projet est l'influence ou
l'effet d'un projet sur le milieu écologique, sur la qualité de
l'air, de l'eau, sur les écosystèmes ou sur tout autre
élément naturel susceptible de perturber la vie humaine, animale
ou végétale. Par contre, l'impact social concerne principalement
les répercussions qu'un projet peut produire sur les rapports entre les
personnes, sur les besoins fondamentaux entre les individus, sur les normes,
sur les croyances, les traditions, les lois, les classes sociales, les
mécanismes de socialisation et les sous-systèmes politiques qui
constituent la structure sociale.
L'analyse de faisabilité est l'une des
premières étapes du processus de gestion d'un projet (Cadieux,
1993). Cette analyse consiste en une série d'études qui
permettent de tester la faisabilité du projet aux plans
économiques, environnementaux et sociaux. Selon la taille du projet, sa
complexité et les risques qui lui sont associés, l'analyse de
faisabilité porte principalement sur les variables commerciales,
techniques, financières, organisationnelles, politiques,
environnementales, sociales, etc. Ces études de faisabilité
doivent se réaliser néanmoins dans une perspective globale
puisque les acteurs économiques, sociaux, politiques, etc. qui gravitent
exercent constamment des pressions sur l'organisation et le déroulement
du projet, comme l'indique la figure 2 ci-dessous.
13 Rapport annuel (2006) de GENIVAR Société en
commandite. Firme de Génie-Conseils cotée en bourse qui
opère dans la province de Québec.
Figure 2.- Schéma de l'environnement d'un
projet
Environnement externe économique, politique,
social, ... Culture organisationnelle
Environnement interne
PROJET
Les études d'impact des projets sur l'environnement
sont nécessaires, mais rarement que celles-ci sont entreprises par les
chefs de projet. Ce type d'étude est important pour s'assurer à
ce que le projet respecte les normes environnementales existantes. L'absence de
ces informations risque de compromettre la réalisation du projet, ou
encore de perturber le cycle de vie du projet.
Par ailleurs, les résultats d'analyse de plusieurs
études démontrent les efforts quant à l'intégration
des critères de développement durable dans les phases de
réalisation du projet ne sont pas évidents. L'analyse des
documents de projet consultés dans le cadre de ce travail nous a permis
de constater que les entreprises accordent une importance relativement faible
aux études d'impact. L'analyse des informations du tableau 4
précédent démontre que les études d'impacts ne sont
réalisées qu'en début du cycle de vie du projet. S'il y a
lieu, elles sont effectuées dans la phase de conception. Plusieurs
auteurs ont cependant rapporté que les études d'impact sont
exceptionnellement effectuées dans des situations où par exemple,
une subvention gouvernementale est donnée, dans le cas où le
projet prend l'allure d'un débat politique ou suscite une controverse de
la part de la population, ou dans un but d'améliorer l'image de
l'entreprise (O'Shaughnessy, 1992 ; Malenfant, 1996).
À l'aube du plein « virage vert » des
entreprises, le gestionnaire de projet responsable devrait en effet se
préoccuper davantage de l'aspect environnemental et social de son
activité quotidienne, en vue de réduire le
niveau de risque de celle-ci. Cette réflexion corrobore les conclusions
de plusieurs chercheurs. C'est le cas où il a été
démontré dans une étude récente, l'importance de
l'approche cadre logique dans l'identification des projets de
développement (Commission européenne, 2001; Ledant & Leroi,
2005).
5.2.- L'approche cadre logique dans le cycle de projet
Adoptée depuis 1992 par l'Union européenne,
l'approche de gestion du cycle de projet (GCP) est un ensemble d'outils de
conception et de gestion de projet basés sur l'approche cadre logique
(ACL). Cette dernière est donc une technique de planification, de
gestion et d'évaluation des programmes et projets. Elle repose sur
quatre types d'analyse : l'analyse des parties prenantes, l'analyse des
problèmes, l'analyse des objectifs et l'analyse des stratégies
(Commission européenne, 2001). L'importance de cette approche serait
expliquée par le caractère global, flexible et universel. C'est
à la suite d'un mandat confié par l'Agence américaine
d'aide internationale, l'entreprise « Pratical Concepts Inc
» a élaboré le cadre logique, afin d'améliorer
la définition des projets et programmes gouvernementaux
réalisés. Et, ce depuis, l'outil a largement évolué
et utilisé dans de nombreux pays (Allemagne, Canada, Belgique, France,
Australie, ...) et d'organismes de développement international.
5.2.1- Qu'est-ce que le cadre logique?
Le cadre logique est un outil de gestion
développé dans les années 1970 et utilisé depuis
lors par de nombreux organismes (USAID, GTZ, ACDI, UE, BIRD, ...). Les plus
courants sont des organismes gouvernementaux. Cet outil de gestion implique la
mise en forme des résultats d'une analyse de manière à
présenter de façon systématique et logique les objectifs
d'un projet. La mise en place de celui-ci doit refléter les liens de
causalité entre les différents niveaux d'objectifs. Il peut aider
un chef de projet à vérifier comment les objectifs du projet
auront été atteints pleinement ou non. Il lui permet de
définir les hypothèses, échappant au contrôle du
projet, qui sont susceptibles d'influencer sa réussite. Les
résultats principaux d'un tel processus sont résumés dans
une matrice qui décrit
brièvement les aspects les plus importants du projet.
Il existe des liens étroits entre cadre logique et format de base des
documents, en particulier au niveau des intitulés relatifs aux objectifs
généraux et à l'objectif spécifique, aux
résultats, activités, moyens et coûts, hypothèses et
indicateurs objectivement vérifiables (annexe 2). Il y
a cependant deux logiques d'intervention. Une logique verticale identifie ce
que le projet vise à réaliser, clarifie les liens de
causalité et spécifie les hypothèses et incertitudes
importantes qui échappent au contrôle du gestionnaire de projet.
Une logique horizontale concerne la mesure des effets du projet et des
ressources, en identifiant des indicateurs clés, et les sources qui
permettent de les vérifier.
Outre son importance pour l'analyse et la conception, cet
outil s'avère très utile pour la mise en oeuvre et
l'évaluation d'un projet / programme. Cela veut donc dire qu'il peut
jouer un rôle essentiel dans chacune des phases de la vie du projet.
Dès la phase de préparation (identification), il doit être
envisagé sans que l'on puisse le finaliser à cette phase. C'est
au cours des phases suivantes que le cadre logique sera complété
progressivement. Il peut donc constituer l'outil de gestion de chaque phase du
cycle de projet. D'abord, il est l'« outil de référence
» pour élaborer d'autres outils, dont le calendrier de mise en
oeuvre et le plan de suivi. Le cadre logique s'est avéré utile
aussi pour la personne qui est chargée de la préparation et de la
mise en oeuvre des projets. Il lui permet de mieux structurer et formuler sa
réflexion et de l'exprimer d'une façon claire et
standardisée. À l'origine, le cadre logique a été
conçu pour améliorer la planification et la mise en oeuvre des
projets (ACDI, 1981 ; Commission européenne, 2001). Mais un outil, aussi
bon qu'il soit, il ne peut pas, à lui seul, garantir des
résultats escomptés. La réussite d'un projet dépend
d'autres facteurs, tels que la capacité organisationnelle et les
habiletés de management de l'équipe du projet. Comme le rapporte
plusieurs travaux de recherche, le cadre logique ne remplace pas les autres
instruments de gestion comme l'analyse des coûts et de
l'efficacité, la technique PERT, l'analyse des coûts - avantages,
l'organisation interne du projet, etc. Cependant l'élaboration d'un
cadre logique est le résultat d'une analyse approfondie et d'un
processus de planification en commun.
L'élaboration d'un cadre logique efficace dépend
d'un certain nombre d'éléments importants. Parmi lesquels, nous
envisageons ici :
· Des informations disponibles ;
· La capacité de l'équipe de planification
;
· Une bonne consultation des parties prenantes, avec une
représentation équilibrée des intérêts de
chacune d'entre elles, soit de jeunes et adultes, parité femmes et
hommes ; puis entre les races humaines, etc.
· La prise en compte consciencieuse des lecons acquises
des expériences passées.
5.2.2.- Évolution de l'outil « cadre logique
»
Depuis sa création en 1969, le cadre logique a connu
plusieurs transformations qu'il nous semble important de mentionner dans ce
travail. La plupart des pays qui ont adopté l'Approche Cadre Logique ont
investi dans une méthodologie plus élaborée et plus
élargie aboutissant logiquement à la mise en place du cadre
logique en fonction de leurs exigences respectives (B.Yoda & M. Ena,
2004)14, tel que nous l'expliquons dans les trois (3) modèles
de gestion suivants :
· Le modèle PIPO : produit pa l'Agence
Allemande de Développement
C'est ainsi qu'à la fin des années 70,
l'Allemagne par le biais de l'organisme GTZ, consciente des faiblesses
fondamentales de l'outil cadre logique, lui ajoute la phase d'analyse et y
introduit la technique visuelle (panneaux muraux et cartons de couleurs, colle
etc.) appelée metaplan (PCM Group 2002). Cette méthode
appelée ZOPP en allemand (ZielOrientierte Projekt-Planung), GOPP en
anglais (Goal Oriented Project Planning) et PPO ou PIPO en français
(respectivement Planification des Projets par Objectifs ou Planification des
Interventions par Objectifs), est une combinaison de cadre logique, de
techniques de communication et de planification participative ainsi qu'une
étude plus systématisée des données.
14 Tiré du chapitre 2 du mémoire de
sortie intitulé « Gestion participative des projets de
développement rural : outils et méthodes d'intervention ».
Niveau de 3e cycle agronomique, 2004.
· Le modèle GCP : produit par l'Union
européenne
L'Union européenne, à son tour, initiait au
début des années 90 par l'intermédiaire de sa division
d'évaluation de la DG VIII, une série de travaux qui
aboutissaient plus tard en 1993 au modèle GCP ou PCM. Cette
méthode a pour objectif d'instaurer en matière de planification
et d'évaluation des projets, un cadre qui approfondirait l'Approche du
cadre logique et de sa dérivée : le PIPO. À ce propos,
l'auteur Eggers (1997) a affirmé que « La gestion du cycle de
projet vise à aller plus loin que l'Approche Cadre Logique dont elle est
née, et qui reste l'une de ses principales composantes »
(B.Yoda & M. Ena, 2004).
· Le modèle GAR : adopté par
l'Agence Canadienne de Développement International
Le Canada, par le biais de l'ACDI, a adopté au milieu
des années 90 la méthode de la Gestion Axée sur les
Résultats communément appelé le GAR canadien ou MdR en
anglais (managing development result), comme outil principal de gestion pour
accroître l'impact de ses résultats grâce à une
efficacité accrue. Cette méthode se fonde sur une approche
participative qui s'applique à orienter les efforts d'une organisation
ou d'un projet vers les résultats attendus. Elle contribue par ailleurs
à une meilleure évaluation des retombées de l'aide au
développement et permet à l'ACDI de procurer des informations
justes et pertinentes à la population canadienne quant à
l'utilisation des fonds publiques. À la fin de ce document de recherche
se trouve un cadre GAR présenté à titre d'exemple
(annexe 3).
Le concept de gestion axée sur les résultats
est attribué à Peter Drucker (1909- 2005)15. Quelque
peu éclipsé jusqu'à la fin des années 80, ce
principe de gestion revient à l'avant plan dans les années 90. A
la pointe de cette méthode, le gouvernement canadien l'a adopté,
au début des années 90, dans le cadre d'une importante
réforme du secteur public visant à développer un
modèle de gestion de projet plus participatif et responsabilisant.
À leur tour, des organisations internationales comme la Banque mondiale,
l'ONU, l'OCDE, etc. optent pour cette procédure dans le but de mieux
rendre compte des résultats acquis. A
15Maître à pensée en management,
qui publia en 1964 l'ouvrage «Managing for results». Cité dans
Etude GCP 2003-2007 - COTA asbl- NW -HHC - Fiche Gestion axée sur
les Résultats-
www.cota.be
l'instar d'autres méthodes de gestion de projets, la
démarche GAR se fonde aussi sur le modèle cadre logique avec une
orientation des efforts des projets vers les résultats attendus (soit
extrants, effets et impacts) comme définis dans le cadre logique
classique16. La notion de « résultat » est le noyau
dur de la gestion axée sur les résultats. Une définition
de l'ACDI rapporte le suivant:
«Le résultat est un changement descriptible ou
mesurable qui découle d'une relation
de cause à effet qui se mesure à l'aide
d'indicateurs de rendement »17.
On a vu clairement que tous ces modèles de gestion
découlent de la méthode cadre logique. Elles ont donc pour
fondement le cadre logique comme point de départ ou de
référence. C'est ainsi qu'au fil des ans, l'approche cadre
logique se répandait et se faisait utiliser à des fins diverses,
ce qui constitue un témoignage de sa valeur en tant qu'outil de gestion
malgré les quelques faiblesses qui ont fait l'objet de critiques.
5.2.2.- Les outils d'analyse
Comme nous l'avons précisé
précédemment, le cadre logique est un outil dynamique et
que le chef de projet peut réévaluer et réviser à
chaque phase de son projet, en fonction de l'évolution de la situation.
Il doit demeurer modifiable durant toutes les phases dans la vie du projet.
L'approche cadre logique est donc une technique efficace de gestion du cycle de
vie d'un projet. Celle-ci repose sur quatre types d'analyse : analyse des
parties prenantes, des problèmes, des objectifs et des
stratégies.
5.2.2.1.- L'analyse des parties prenantes
En général, l'analyse des parties prenantes est
effectuée durant la phase préparatoire du projet. Pour reprendre
la définition de Freeman (1984), les parties prenantes du projet sont
donc « des individus, groupes ou personnes ou des organisations qui ont un
intérêt par rapport au projet et qui peuvent avoir ainsi une
influence positive ou négative, ou alors une contribution ». Afin
d'accroître les chances de réussite d'un projet, il est important
de faire
16 Etude GCP 2003-2007 - COTA asbl- NW -HHC - Fiche Gestion
axée sur les Résultats-
www.cota.be
17 « Atelier de formation. Initiation à la gestion
axée sur les résultats », janvier 2000 ;
http://www.acdicida.gc.ca;
/INET:IMAGES.NSF/vLUImages/performancereview6/$file/FOR
une analyse approfondie des parties prenantes portant
notamment sur l'intérêt qu'ils manifestent vis-à-vis du
projet. Pour rendre optimal les bénéfices sociaux et
institutionnels du projet et de limiter ces impacts négatifs, une telle
analyse permet d'identifier toute partie susceptible d'être
affectée, de façon positive ou négative, par le projet et
la manière dont elle est affectée. Il est important que cette
analyse soit effectuée tôt, dès les phases d'identification
et d'instruction du projet (Commission européenne, 2001).
Plusieurs analystes reconnaissent les différences
importantes qui existent entre les parties prenantes quant aux rôles et
responsabilités, à la culture, surtout dans leur accès et
emprise sur les ressources, et de leur participation à la prise de
décision. En s'écartant systématiquement de
l'environnement sociopolitique d'un projet, l'efficacité, l'efficience
et la viabilité des projets et programmes peuvent être
compromises. Les inégalités peuvent même être
involontairement excitées. Il est donc vital de minimiser ces
différences et inégalités et de les prendre en compte dans
l'intervention, dans les objectifs et stratégies et l'allocation des
ressources. Ainsi donc, l'analyse des parties prenantes doit
systématiquement identifier toutes ces différences, tant que les
intérêts, problèmes et potentiels spécifiques qui
existent dans la communauté. Cette réflexion peut
également s'appliquer pour les questions environnementales à
l'intérieur du processus de développement des projets.
La participation des parties prenantes dans chacune des
phases du cycle de vie du projet favoriserait les chances de succès des
projets/programmes. Idéalement, le projet devrait être
conçu lors d'un atelier participatif de planification réunissant
les représentants des parties prenantes principales, avec une
représentation équilibrée des intérêts
économiques, sociaux et écologiques. Si l'on effectue une
révision du cadre logique au cours des phases du projet, alors l'analyse
initiale des parties prenantes devrait être revue en conséquence.
Sinon, les points de vue des différentes parties prenantes sur un
problème ; ni la nature du problème ; ni les besoins de ces
parties prenantes ; ni les solutions possibles
n'émergeront18.
18 Rapporté dans le manuel de Gestion de Cycle de projet.
Document de gestion produit par la Commission européenne, mars 2001.
5.2.2.2.- L'analyse des problèmes
Une des raisons pour lesquelles les projets sont mis en place
est pour contribuer à un processus de changement d'une situation
considérée comme insatisfaisante ou problématique par un
important groupe de parties prenantes en une situation satisfaisante. Un projet
réussira plus aisément à assurer ce changement s'il
commence par des analyses de la situation problématique. L'analyse des
problèmes identifie les aspects négatifs de la situation
existante et établit les relations de causes à effets entre les
problèmes existants. Comme le rapporte la Commission européenne
en 2001, cette démarche d'analyse est composée de trois
étapes :
· Définir avec précision le cadre et le sujet
de l'analyse ;
· Puis, définir les problèmes majeurs
rencontrés par les groupes cibles et les bénéficiaires;
· Et finalement, visualiser les problèmes suivant
un diagramme, appelé « arbre des problèmes » ou «
hiérarchie des problèmes », afin d'établir les
relations de causes à effets.
L'analyse se présente sous forme d'un schéma
où, pour un problème donné, les effets
sont placés au-dessus et les causes en dessous. Ceci
vise à identifier les goulots d'étranglements réels que
les parties prenantes considèrent comme prioritaires et qu'elles tentent
de résoudre. La figure 3 ci - dessous est une illustration d'un exemple
simple d'arbre de problèmes monté dans le cas d'un projet de
routes secondaires.
Figure 3 .- Exemple d'analyse des
problèmes
Accidents de la route fréquents
Coûts sociaux de la circulation
Transporteurs ne respectent pas
les réglementations
Effets
Ponts-
|
Surfaces et
|
|
Faible
|
|
Service
|
Causes
|
bascules
|
|
lit des routes
|
|
effectif de
|
|
trafic
|
|
pour poids
|
|
très
|
|
la police
|
|
(police)
|
|
lourds hors - service
|
|
endommagés
|
|
routiere
|
|
inefficace
|
|
|
5.2.2.3.- L'analyse des objectifs
L'analyse des objectifs identifie et vérifie des
situations futures souhaitées, prioritaires pour les
bénéfiaires du projet. La hiérachie des objectifs
résulte de cette analyse. Dans une démarche
méthodologique, l'analyse des objectifs permet donc ici:
· De décrire la situation future qui
prévaudra lorsque les problèmes auront été
résolus, avec la participation des parties prenantes
représentatives ;
· De vérifier la hiérarchie des objectifs
;
· De visualiser les relations moyens- fins dans un
diagramme. Les « états négatifs » de
l'arbre des problèmes sont convertis en solutions,
exprimées sous forme d'« états positifs ». Tous ces
états positifs sont, en fait, des objectifs, et sont
présentés dans un diagramme des objectifs, où la
hiérarchie « moyens- fins » est visualisée.
Le diagramme qui suit donne un aperçu clair d'une
situation future recherchée. De tel diagramme montre certains objectifs
qui ne peuvent pas être réalisés par le projet. Ces
objectifs doivent donc être traités dans le cadre d'autres
projets. Certains pourraient se révéler peu réalistes.
À la différence avec l'analyse des problèmes, nous
substituons les relations de causes à effets par les relations moyens et
fins dans la construction de l'arbre des problèmes et de celui des
objectifs. La figure 4 ci-dessous est l'illustration du cas simple d'arbre
d'objectifs établi pour le projet considéré, soit celui de
routes secondaires :
Nombre d'accidents sur la route diminués
Coûts sociaux des transports reduits
Investissement et croissance favorisés
au niveau regional
Fins
Réseau de routes secondaires entretenu
Stratégies selectionnées
Transporteurs respectent les réglementations
Stratégies
non selectionnées
Conducteurs
|
|
Service trafic
|
|
Faible effectif de la
|
|
Ponts-bascules
|
Moyens
|
sensibilisés
|
|
(police) efficace
|
|
police routière
|
|
pour poids lourds en service
|
|
Figure 4.- Exemple d'analyse des objectifs
5.2.2.4.- L'analyse des stratégies
Ce type d'analyse consiste à sélectionner la (ou
les) stratégie(s) qui doivent être appliquée(s) en vue
d'atteindre les objectifs souhaités. Dans cette analyse, il convient de
décider des objectifs à inclure « dans » le projet et
des objectifs à garder « en dehors » du projet, ainsi que de
déterminer l'objectif spécifique et les objectifs globaux du
projet (Commission européenne, 2001). Cette analyse requiert donc des
critères clairs qui permettent de choisir des stratégies,
l'identification des différentes stratégies possibles pour
atteindre les objectifs, et finalement le choix de la stratégie à
adopter pour le projet.
Dans la hiérarchie des objectifs, les
différentes « familles » d'objectifs de même nature sont
des stratégies. Il faut choisir la (ou les) stratégie(s) de
l'intervention future. La stratégie la plus pertinente et faisable est
sélectionnée sur la base d'un certain nombre de critères.
Parmi ces critères, il faut citer les priorités des parties
prenantes (disparités sociales, environnement, ...), la
probabilité du succès, le budget disponible, la pertinence de la
stratégie, le délai exigé, la contribution à la
réduction des inégalités, y compris celles liées au
genre et à l'environnement, etc. La figure 5 de la page suivante indique
l'analyse des stratégies adoptées pour le projet de routes
secondaires.
Investissement
et croissance
favorisés au
niveau regional
Prix des biens et produits sur les marchés
diminués
Coûts sociaux
des transports
reduits
Transporteurs respectent les réglementations
DEHORS
Ponts-bascules pour poids lourds en service
Moins d'accidents sur la route
Plus grand
nombre de
polices sur la route
Appropriatio n de l'entretien
renforcée
DEDANS
Niveau Résultats
Objectifs
Stratégie de contrôle et
de sensibilisation
Limitations relatives aux chargements respectées par
les camions et les bus
Réseau
de routes secondaires entretenu
Stratégie d'entretien des routes
secondaires
Figure 5.- Exemple d'analyse des
stratégies
5.2.3.- L'interprétation du modèle «
cadre logique »
Ce tableau 5 présenté dans la page suivante
indique la relation entre l'outil cadre
logique et certains critères de qualité d'un
projet. Pour cette analyse, nous mettons en évidence le modèle
cadre logique classique de base, qui est donc celui de l'exemple adopté
par l'auteur O'Shaughnessy (1992).
Ce type d'analyse est donc important pour les chefs de projet
qui veulent donc se renseigner sur l'efficacité, sur l'efficience, etc.
de leurs projets. Il est également nécessaire pour un
contrôle efficace des risques aussociés à leurs projets
:
Tableau 5 .- Utilisation du cadre logique
(modèle classique)
Niveaux descriptifs du projet (A)
|
Indicateurs Objectivement Vérifiables
(I.O.V) (B)
|
Les sources de vérification
(C)
|
Les hypothèses
(D)
|
Objectifs généraux (IV)
|
|
|
|
Objectif spécifique (III)
|
|
|
|
Résultats attendus (II)
|
|
|
|
Intrants (I)
|
Moyens
|
Coûts
|
|
|
Conditions préalables
|
Source : O'Shaughnessy , 1992
1) Les niveau III & niveau IV déterminent le pourquoi
du projet (sa pertinence);
2) Les niveau I & niveau II traduisent le comment du
projet;
3) Les niveau I & niveau II définissent la
responsabilité du gestionnaire;
4) Les niveau II avec niveau III & niveau IV indiquent
l'adéquation entre le projet et la planification stratégique;
5) La colonne D et les niveau I, niveau II, niveau III et niveau
IV définissent les risques du projet qui sont hors du contrôle du
gestionnaire de projets;
6) La colonne B et le niveau II indiquent ce à quoi
devrait ressembler le projet achevé;
7) Les niveau I & niveau II correspondent à
l'efficience du projet tandis que les niveau III & niveau IV correspondent
à l'efficacité du projet;
8) Puis, la colonne B et les niveau I, Niveau II, niveau III avec
le niveau IV fournissent ce sur quoi devrait porter l'évaluation du
projet.
Dans le même sens, l'auteur Ledant (2005) a
illustré la qualité d'un projet qui peut être
visualisée à partir du « cadre logique ». Il a donc
analysé cinq (5) caractéristiques essentielles qui
définissent un projet de haute qualité :
· La pertinence
La pertinence est le bien-fondé du projet. Cette
définition nous renvoie à des questions suivantes :
1.- Le projet répond-t-il à des problèmes
réels de la communauté? Où previent-il des
problèmes prévisibles?
2.- Ne risque-t-il pas, de par son objectif spécifique,
de provoquer d'autres problèmes, tels que les impacts environnementaux
indésirables?
3.- Les bénéficiaires19 sont-ils bien
choisis, parmi les personnes qui en ont le plus de besoins, et en tireront donc
le plus grand de bénéfice?
4.- Le projet répond-t-il à leurs besoins
prioritaires? Un autre projet n'aurait-il pas été plus
approprié? Est-ce une bonne idée de réaliser ce projet-
là?
· L'efficacité
L'efficacité est le degré d'atteinte de
l'objectif spécifique (OS), tel qu'il a été défini
plus haut : objectif unique et opérationnel, propre au projet. Cette
définition démontre que l'efficacité dépend
étroitement du niveau d'atteinte des objectifs intermédiaires,
nécessaires à l'atteinte de celui-là, appelés
résultats attendus (RA) qui peuvent être selon le modèle
GAR adopté par l'Agence canadienne de développement international
soit des impacts, soit des
19 Terme utilisé couramment dans les pays
européens pour désigner tous ceux qui bénéficient
d'une manière ou d'une autre de la mise en oeuvre d'un projet. Il
convient de distinguer les partenaires du projet, les
bénéficiaires intermédiaires, les groupes cibles et les
bénéficiares finaux (Commission européenne, 2001).
effets ou des extrants. L'efficacité prend en compte la
mesure dans laquelle les hypothèses ont affecté les
accomplissements du projet.
· L'efficience
L'efficience est le rapport entre le degré d'atteinte
de l'objectif et les coûts associés au projet. La question de
l'efficience conduit à s'interroger sur l'usage économe des
moyens, c'est-à-dire sans gaspillage ni déviation à
d'autres fins... Elle mesure les moyens et les activités ont
été convertis en résultats, et la qualité des
résultats atteints.
· La durabilité
La durabilité mesure la pérennité des
améliorations apportées par le projet. Ce qui le
différencie de la durée de l'intervention externe. Elle se
réfère classiquement à la permanence de la situation
améliorée que constitue l'objectif spécifique du projet,
mais il est plus logique de prendre également en compte la
pérennité des effets externes à l'objectif, donc l'impact.
La durabilité n'est bien entendu souhaitable que pour les impacts
positifs. Si l'impact du projet est négatif, alors il serait difficile
voire impossible de parler de durabilité dans ce sens.
· L'impact
L'impact est donc la contribution du projet à la
finalité de développement durable et équitable. De ce
point de vue du développement durable (et équitable),
l'efficience, l'équité dans la répartition et la
préservation du capital pour le futur sont trois critères
principaux peuvent être analysés dès l'identification du
projet.
5.2.4.- Les correspondances entre les transformations du
cadre logique
À l'origine, l'outil cadre logique a été
développé pour assurer la planification des projets et programmes
internationaux (USAID, 1971). Celui-ci a connu de nombreuses transformations au
fil des années. Un cadre logique ne peut être universel, car il
est fonction
de l'environnement sociopolitique et des
caractéristiques techniques du projet. Son contenu varie avec la taille
du projet et dépend également de plusieurs
caractéristiques transversales, dont économiques, sociales,
politiques et culturelles de la population locale et en particulier des groupes
ciblés par le projet.
La plupart des documents consultés, dans le cadre de
ce travail de recherche, indiquent que le cadre logique classique est le point
de référence de plusieurs outils et modèles de gestion
exploités par les entreprises sur le terrain. C'est le cas de l'Agence
Canadienne de Développement International (ACDI) qui
expérimentent actuellement le modèle de gestion axée sur
les résultats (GAR), puis l'Agence Allemande de développement
International (GTZ) qui a développé le modèle de
Planification de Projets par Objectifs (PPO ou PIPO) et la Commission
européenne qui a mis évidence le modèle de gestion du
cycle de projet (GCP), etc. L'analyse de ces modèles de gestion
démontrent cependant qu'ils ont eu en commun une réflexion
comparable à celle de l'approche cadre logique : l'analyse des parties
prenantes.
Le tableau 6 ci-dessous indique quelques informations
importantes qui permet de passer du cadre logique classique à un exemple
de modèle cadre logique d'intervention.
Tableau 6.- Transformation du cadre logique classique de
base
Cadre logique classique de base
|
Cadre logique d'intervention : modèle de gestion
axée sur les résultats (GAR)
|
Objectifs généraux
|
Résultats finaux
|
Impacts
|
Objectif spécifique
|
Résultats intermédiaires
|
Effets
|
Résultats attendus
|
Résultats immédiats
|
Extrants
|
Intrants (activités, ...)
|
Intrants (activités, ...)
|
|
Moyens
|
Ressources
|
|
|
Source : PUCD, 2006
5.3.-Proposition d'un cadre d'analyse de
développement durable basé sur le modèle « cadre
logique ». Une approche intégrée et
participative
L'approche cadre logique est une méthode qui sert
essentiellement, au cours des phases de programmation, planification et
formulation, à planifier des interventions de type projet ou programme
sur un temps donné selon des objectifs ou des résultats attendus.
Cette approche peut servir également de référence au cours
de l'exécution et de l'évaluation du projet et de clôture.
C'est le cas d'une approche cadre logique axé sur les résultats
attendus. Utilisé avec plus de flexibilité, le cadre logique peut
se révéler être un outil intéressant de
communication, de clarification et concertation entre parties prenantes qui
interviennent sur une même action.
À l'instar d'autres approches, la planification et
l'exécution des projets suivent une séquence bien établie,
qui débute par une stratégie convenue, qui mène à
l'idée d'une action donnée, qui est ensuite formulée, mise
en oeuvre, et évaluée en vue d'améliorer la
stratégie et les interventions futures. Mais ce que nous envisageons ici
vise à apporter une solution durable particulièrement aux
méthodologies de gestion adoptées par les entreprises à
l'égard des projets sensibles à l'environnement.
Une approche de gestion « responsable »
définit une meilleure méthode de coopération parmi les
acteurs impliqués à un projet de développement, en tenant
mieux compte des questions transversales, depuis la conception jusqu'à
la phase de clôture. Elle implique également la prise en compte
des conditions préalables dès le début du cycle de projet,
en essayant de faire en sorte que le projet soit conforme et contribue aux
objectifs fixés et qui sont compatibles avec ceux des
collectivités locales. En suivant cette logique, il convient de bonifier
non seulement les pratiques traditionnelles de gestion de projet, mais
également aux projets desquels doivent s'appliquer les principes de
développement durable. Au niveau plus opérationnel, celle-ci tend
à apporter des améliorations à travers des études
d'impact/conception; d'autres études de faisabilité, le suivi et
l'évaluation du projet et par le biais d'une prise de décision
éclairée.
La participation active des parties prenantes tout au long du
cycle de projet est donc primordiale pour la survie des projets de
développement. Chaque phase va être gérée sur des
informations recueillies durant sa phase précédente et sur les
décisions qui ont été prises à ce moment. La phase
complète et actualise les informations de la ou des phase(s)
précédente(s) et permet une prise de décisions
appropriées. Cette manière de faire garantit une bonne action
pour la conduite des projets actuels. Les corrections à chaque phase
seront basées sur les informations collectées ainsi que sur
l'expérience acquise. La gestion du cycle de projet devient ainsi un
processus systématique et itératif (Commission européenne,
2001).
5.3.1.- Les étapes d'analyse
Cette approche se déroule d'abord en quatre
étapes d'analyse. Une première étape, appelée
l'analyse des parties prenantes, consiste à définir la
problématique sur laquelle la réflexion va être
menée. On y trouve l'analyse du contexte et l'identification des acteurs
concernés par le projet Cette première étape sera suivie
par l'étape d'analyse des problèmes, puis nous passons à
l'étape d'analyse des objectifs et l'étape de sélection
des stratégies à entreprendre. L'accomplissement de ces
étapes est donc nécessaire pour parvenir à l'examen des
résultats escomptés par le projet.
? Première étape
À cette première étape d'analyse, il
convient d'identifier puis de caractériser tous individus, groupes et
institutions qui peuvent avoir un rapport avec la problématique afin de
déterminer leurs intérêts et points de vue sur la question.
Les relations et le positionnement de ces acteurs avec un éventuel
projet sont également soumis à l'analyse. Les parties prenantes
concernées par la problématique sont alors réunies si
possible pour une réflexion commune au cours d'un atelier de
planification. Une pré-analyse peut être menée afin de
mieux cibler les problèmes posés et faciliter la
réflexion. Une analyse commune en atelier des parties prenantes peut
également être utile pour préciser l'éventail des
acteurs.
? Deuxième étape
Une analyse des principaux problèmes est
réalisée en commun à l'aide de la technique
brainstorming20. Les participants annotent un
problème par fiche selon des règles préétablies.
Ceux-ci sont visualisés sur un tableau et débattus entre tous.
Une hiérarchisation des problèmes au travers de relations de
causalité (causes/effets) permet de constituer un arbre à
problèmes dont les « racines » sont
constituées des causes du problème central et les «
branches » comme les conséquences négatives.
Certaines méthodes proposent de retenir dès cette étape un
problème principal. Cette démarche doit être
rétroactive : chaque étape de la démarche doit pouvoir
alimenter les étapes antérieures (de nouveaux acteurs, de
nouveaux problèmes, etc.). Les liens de causalité sont ensuite
vérifiés.
? Troisième étape
La situation future résultant de la résolution
de chaque problème identifié est décrite sur une fiche :
les états négatifs sont transformés en états
positifs souhaitables. Le plus souvent, les fiches sont visualisées sur
un tableau. Seules les solutions de résolutions de problèmes
envisageables par le projet doivent être retenues. Cet exercice nous
permet de transformer les problèmes en objectifs et les liens de
causalité en liens fin/moyens. Un arbre à objectifs est donc
constitué, débattu et validé. Certains objectifs non
souhaitables peuvent être éliminés. La validité des
liens fins/moyens est vérifiée.
? Quatrième étape
Cet arbre à objectifs permet de faire apparaître
différents groupes d'objectifs qui constituent des alternatives ou
stratégies pour résoudre le problème
sélectionné. Nous retenons ici une ou plusieurs alternatives
potentielles en vue de constituer les stratégies du projet, en fonction
de certains critères tels que les compétences, les
priorités des bénéficiaires, les ressources disponibles
(ressources humaines, technologie, budget,...), la faisabilité
politique, environnementale, sociale, etc.
20 Expression qui se traduit par « remue-méninges
» particulièrement au Québec. À des fins d'analyse,
elle est donc une technique qui permet de recueillir plusieurs idées sur
un problème donné.
5.3.2.- Participation des parties prenantes
La participation des parties prenantes dans le cycle d'un
projet est une condition essentielle de succès. Cette participation qui
doit se faire à chaque phase dans la vie du projet réhausse
l'approbation de celui-ci auprès des différentes parties
impliquées et de là, leur soutien à la durabilité
des avantages qui sont produits par le projet. Elle va également faire
profiter au projet les expériences et les connaissances des parties
concernées. Ainsi l'efficience et l'efficacité du projet seront
d'autant plus assurées. L'organisation locale partenaire est sans doute
considérable dans la réussite du projet. Un projet doit
être dirigé vers les besoins et les priorités
identifiés par les partenaires21. Le projet final sera
l'aboutissement des négociations entre différentes parties
prenantes.
Une approche participative nécessite la transparence
et le développement d'un plan efficace de communication. Une large gamme
d'approches et d `instruments ont été développés
dans le but d'améliorer la participation des différentes parties
concernées par le projet. Ici, le modèle dont nous proposons pour
gérer le cycle de vie d'un projet est également une approche
intégrée22 susceptible de tirer profit de ces
instruments.
5.3.2.1.- Associer les partenaires
La nécessité de négocier avec les
parties prenantes est l'une des grandes leçons tirées de
l'expérience de la coopération au développement. Sans
cela, la pertinence, l'efficacité et l'efficience souffrent et la
durabilité devient généralement difficile voire
impossible. Idéalement, il s'agirait même, du point de vue de
l'intervenant extérieur, de retourner le slogan : ne pas chercher
à associer les acteurs locaux à son projet, mais venir appuyer
les initiatives locales, venir participer, soi-même (Freeman, 1999 ;
Leroi, 2005). La participation implique que les diverses parties
concernées soient associées à la prise de décision
dès la conception du projet de manière à s'assurer que les
besoins des groupes
21 Acteurs stratégiques et externes au projet qui
regroupent généralement des ministères, d'associations
professionnelles, d'organismes de défense, de protection, de
régroupement de citoyens, d'élus locaux, ect.
22 Expression employée dans le manuel de Gestion du
Cycle de Projet produit par la Commission européenne, 2001, p.39 et 40.
C'est l'appréciation continue d'un projet à travers de toutes les
phases du cycle de projet, pour assurer sa pertinence, sa faisabilité et
sa viabilité.
cibles23 soient réellement pris en compte et
que les partenaires contribuent, dans la mesure de leur possibilité,
à la réussite du projet comme à la pérennité
de ses acquis.
Le gestionnaire qui veut s'assurer de la réussite d'un
projet de développement, il lui faut donc envisager ce qui suit :
· Au préalable les avoir identifiés et
avoir analysés leur situation propre, au travers de l'analyse des
parties prenantes, sans omettre les catégories sociales
marginalisées ou les femmes, puis les minorités, et les groupes
susceptibles d'être affectés par l'impact environnemental du
projet.
· Les consulter, tout en veillant à ce qu'aucune
parole ne soit coupée ou biaisée par des jeux de pouvoir ou
d'influence : les enquêtes peuvent être anonymes, les prises de
parole peuvent être suscitées d'abord en de groupes
homogènes ou de même vision.
· Les réunir en atelier de planification
participative, en vue de susciter une vision commune des problèmes et
d'inciter, sans toutefois les forcer, à un consensus.
· Négocier la participation des groupes de
pression aux projets, idéalement sous forme d'un contrat librement
consenti entre les parties, tout en tenant compte des hiérarchies
locales et autres contraintes.
5.3.2.2.- Associer les détracteurs et les
opposants
Même qu'en étant « détracteurs »
potentiels d'un projet (constitués en associations ou non), ils doivent
toujours être pris en compte par :
· L'intégration dans les groupes de travail pour
« dégonfler » leurs oppositions systématiques. La
contestation permet toujours de concevoir des projets de meilleure
qualité : c'est le constat qui peut être dressé
après plusieurs années d'actions des associations d'opposition;
même si cette contestation peut freiner le développement du
projet.
23 Ce terme est tiré d'un glossaire produit par le
bras exécutif de l'union européenne. Il s'agit de la
catégorie de bénéficiaires qui sera affecté par le
projet au niveau de l'objectif spécifique ou qui travaillera en
étroite collaboration avec le projet. Elle pourra être
affectée soit de manière positive ou négative.
· L'invitation à des visites de sites
existants. Une bonne partie d'entre eux sont susceptibles de changer d'avis en
acceptant l'invitation.
· La formation d'associations locales de soutien. Le
projet devrait bénéficier le support de ce genre d'associations;
elle doit associer largement les élus et les habitants ; sa
création peut être le fait de particuliers ou d'élus, mais
jamais de l'opérateur lui- même.
Dans ce cas-ci, nous établissons une matrice
d'identification et d'analyse des parties prenantes pour un exemple de projet
de développement quelconque (projet routier, projet d'énergies
éoliennes, ...). Elle est une approche méthodologique qui permet
de gérer les parties prenantes externes à une entreprise ou
à un projet.
Dans notre démarche, il y a lieu de constituer cinq
blocs d'information. L'analyse porte sur un nombre de concepts clés,
selon chaque groupe de parties prenantes. Parmi ces concepts, nous identifions
alors :
· Caractéristiques des parties prenantes ;
· Intérêts/attentes des parties prenantes ;
· Sensibilité/respect vis-à-vis des aspects
transversaux ;
· Potentialités/faiblesses des parties prenantes
;
· Implications/contributions.
Pour notre analyse, nous faisons référence au
modèle développé par D. Cleland24 pour
identifier les différentes parties prenantes d'un projet quelconque.
Selon cette méthodologie, nous identifions les parties prenantes
primaires et les parties prenantes secondaires. La catégorie de parties
prenantes primaires a la responsabilité et l'autorité de
contrôler les ressources financières et humaines durant le cycle
de vie du projet. Elles regroupent principalement les personnes qui ont un
engagement direct avec le projet. On les appelle
24 Cleland David I. (1988) « Project Stakeholder
Management », and William R.King (eds.), « Project
Management hanbook », New York, Van Nostrand Reinhod, 1988.
souvent les parties prenantes directes ou transactionnelles.
Ces parties prenantes sont les premières responsables de la
continuité et le succès du projet.
Pour ce qui nous concerne ici, nous nous intéressons
aux parties prenantes secondaires, qui sont celles n'ayant aucun rapport formel
avec le projet. Cette catégorie de parties prenantes regroupe à
l'heure actuelle un éventail d'organismes qui agissent en tant que
colporteurs des questions d'environnement et de développement durable.
Les parties prenantes secondaires n'ont pas présentement un droit pour
participer dans la conception et dans la planification, comparativement aux
parties prenantes primaires. Elles ont des intérêts indirectement
liés au développement du projet. On les appelle « parties
prenantes indirectes ou interactionnelles », dépendamment des
auteurs qu'ils s'agissent.
Le gestionnaire de projet doit dorénavant
définir son projet en fonction des intérêts convergents ou
divergents provenant de ces meneurs d'enjeux. L'identification du potentiel de
collaboration ou de menace de ceux-ci s'avère nécessaire pour
choisir la stratégie à adopter à leur égard.
Après avoir identifié les parties prenantes
secondaires, au moyen d'une matrice d'analyse, nous devons être en mesure
de mesurer l'influence de chacune de ces parties prenantes identifiées
par rapport au projet. L'objectif de cet exercice est d'évaluer surtout
la capacité d'influence que peuvent avoir ces parties prenantes sur le
déroulement des différentes phases du projet. Cet examen
nécessite une attention considérable de les étudier
soigneusement afin de prévoir les actions et les stratégies qui
doivent être adoptées à l'égard de cette
catégorie de parties prenantes.
Selon les acteurs et les situations en cause, les parties
prenantes secondaires peuvent disposer de trois pouvoirs25. (i) un
pouvoir formel où l'exercice de certaines prérogatives permet par
exemple aux parties prenantes d'exercer un droit de vote. (ii) un pouvoir
économique où certaines parties prenantes comme les fournisseurs
peuvent exercer des pressions économiques sur le projet, soit en
retardant la livraison des matières premières et
25 On définit pouvoir ici par la capacité que
possèdent les parties prenantes pour influencer éventuellement
les objectifs de réalisation du projet. Un article intitulé
« La gestion des parties prenantes d'un projet ». Notes de
cours, Pierre Cadieux, automne 2005, Université du Québec
à Rimouski.
(iii) un pouvoir politique où la législation en
vigueur peut contraindre certaines entreprises à modifier leurs
orientations.
Suivant notre analyse, nous pouvons donc classer les parties
prenantes secondaires en deux types : défavorables et favorables
à l'objectif spécifique du projet. Certaines d'entre elles
peuvent paraître neutres tout au long de la période de
fonctionnement du projet. Pour ce type, c'est le cas de l'image projetée
par les médias dans certains projets de développement.
Comme il est indiqué dans la figure 6 de la page
suivante, notre démarche peut s'avérer très importante
pour parvenir à l'identification des groupes spécifiques
pertinents par rapport au projet, c'est le cas du gouvernement
fédéral, des gouvernements provinciaux ou encore municipaux, les
groupes d'écologistes, puis les groupes de pression, etc.
Figure 6.- Matrice d'identification et d'analyse de
parties prenantes
Partie (s) prenante(s) externes au projet : les
groupes d'intérêt
|
Caractéristique (s)
|
Intérêts et attentes
|
Sensibilité et respect
|
Potentialités et
|
Implications et
|
|
· Intérêts /objectifs
· Attentes, ...
|
vis-à-vis des aspects
|
faiblesses
|
contributions pour le
|
|
· Dotation de ressources
· Connaissances, expériences
· Contribution potentielle
|
projet :
· Action éventuellement nécessaire
· Comment traiter avec le groupe
· Plan de communication
|
Gouvenement, Ministères concernés au
niveau fédéral
|
|
|
|
|
|
Gouvenement, Ministères concernés au
niveau provincial
|
|
|
|
|
|
Autorités municipales et locales
|
|
|
|
|
|
Institutions financières : Banque(s), Caisses,
...
|
|
|
|
|
|
Citoyens, communautés locales,
associations, partis politiques, détracteurs, ...
|
|
|
|
|
|
Secteur privé : Ecoles, universités, ...
|
|
|
|
|
|
Médias, journaux
|
|
|
|
|
|
Autre(s)
|
|
|
|
|
|
|
5.3.2.3.- Des écueils à éviter
Pour de nombreuses personnes, qui seraient sensibles aux
questions d'environnement et de développement durable, la concertation
préalable n'est jamais trop lourde voire sans importance. À
l'égard des actions de sensibilisation auprès des
communautés locales avant l'implantation de tout projet de
développement, il convient d'éviter :
· la présence trop forte ou trop en amont du
promoteur. Celui-ci est décrit souvent, en particulier par des
représentants des services de l'État ou des associations locales,
comme un « cow-boy ». La présence du promoteur est requise
lorsque le projet commence à être défini, qu'il peut
présenter les conclusions des premières expertises ou bien des
maquettes ou simulations photographiques ;
· une concertation ciblée uniquement sur la
municipalité ou située sur le site d'emplacement du projet. Les
municipalités voisines doivent être informées et
invitées à participer à la concertation préalable
;
· une concertation mal rythmée. Que le projet
avance rapidement ou lentement, la concertation doit l'accompagner constamment.
L'absence d'informations pendant un laps de temps significatif est constamment
à l'origine de rumeurs. Les parties prenantes les plus négatives
sur le projet peuvent profiter de la situation pour contrecarrer le projet. Il
est nécessaire de communiquer régulièrement sur
l'avancement du projet.
Même dans le cas des éoliennes, il n'est pas
souhaitable d'ignorer les parties prenantes dans la gestion des processus
décisionnels, malgré les opinions positives dont
bénéficient ces projets du point de vue écologique. Par
exemple en 2003, selon une enquête dirigée par l'Agence de
Développement Et de la maîtrise de l'Énergie (ADEME) en
France, le référendum décisionnel tenu dans la commune de
Champeaux, a été fatal à un projet de parc éolien
qui bénéficiait par ailleurs d'atouts importants (soutien de la
région, projet d'initiative locale, objectif de compenser avec
l'éolien la baisse des revenus locaux liés à la fin d'un
exploitation pétrolière).
5.3.2.4.- Processus de consultation et d'accompagnement
des parties prenantes
L'acceptabilité sociale est une condition essentielle
de survie pour un projet d'aujourd'hui, comme l'affirment plusieurs
spécialistes de gestion de projet. À l'exemple d'un projet de
développement, les démarches d'accompagnement de la population
locale sont importantes et qui doivent être définies tôt,
soit à partir de la date de dépôt de la demande de permis
de construire ou de la phase d'exécution.
Dans un contexte de développement durable, les
communautés locales doivent appuyer activement les activités
planifiées afin d'assurer le bon déroulement de ces
activités pendant au cours des différentes phases
réalisation. Les démarches d'accompagnement des parties prenantes
sont importantes à trois périodes - clés dans la vie du
projet :
· Lors de l'instruction du permis de construire et des
audiences publiques ;
· Pendant la construction ou la mise en travaux ;
· Tout au long du fonctionnement du projet.
Suivant l'élaboration d'un schéma éolien
local, dans le cas des éoliennes, les démarches d'accompagnement
sont également nécessaires à l'échelle de
territoire pertinente, c'est-à-dire englobant le territoire
concerné élargi aux territoires environnants. L'objectif de ces
démarches d'accompagnement et de consultation est ce qu'elles permettent
aux parties prenantes stratégiques de dégonfler leurs
frustrations, leurs oppositions systématiques. Nous avons
énuméré soit quatre (4) objectifs présentés
pour ce travail de recherche :
· Accompagner et soutenir le projet auprès des
citoyens locaux ;
· Informer, impliquer et rassurer les habitants de
l'importance et de l'impact du projet sur l'environnement et sur les
communautés avoisinantes ;
· Limiter les recours juridiques ;
· Permettre de bonifier les méthodologies de
gestion.
5.3.3.- L'approche intégrée de gestion
dans le cycle de projet (modèle GCP)
L'utilisation de concepts, de techniques, d'outils et
documents type tout au long de la vie d'un projet est appelée «
approche intégrée » de la gestion du cycle de projet
(Commission européenne, 2001). L'outil « cadre logique »
constitue l'instrument fondamental pour la gestion du cycle de vie d'un projet.
Il renferme toutes les informations nécessaires pour comprendre et
gérer un projet durant toutes ses phases. Présentées de
façon explicite et transparente, ces informations sont orientées
vers des objectifs et des résultats.
À cause de sa grande adaptabilité, les
utilisateurs doivent cependant avoir la latitude de corriger les composantes du
cadre logique. C'est un outil qui peut être utilisé aux
différentes phases de la vie du projet. Il est composé
d'éléments nécessaires pour mettre en oeuvre une
intervention et d'assurer la qualité de son utilisation. Entre autre, il
permet aux différentes parties prenantes impliquées dans le
projet de préciser ultérieurement leurs objectifs et de les
formuler de manière transparente. Ce qui facilite les
négociations entre le promoteur du projet et les acteurs
concernés. En tenant compte des outils d'analyse dont il est
constitué, le cadre logique reste un outil de gestion pour
opérationnaliser les questions d'environnement et de
développement durable dans l'ensemble des phases d'activités
planifées.
Le tableau 7 suivant illustre un exemple classique de projet de
développement présenté sous la forme de matrice
logique.
Tableau 7.- Exemple de cadre logique d'intervention
(version adaptée)
Niveaux descriptifs du projet
|
Indicateurs Objectivement Vérifiables (I .O.V)
|
Sources de vérification (S. D.V)
|
Hypothèses (suppositions, ...)
|
Objectifs généraux
|
|
|
|
Objectif spécifique
|
|
|
|
Résultats (extrants, effets et impacts)
|
|
|
|
Intrants (activités, ...)
|
Moyens (physiques et non physiques)
|
Coûts (monétaires, sociaux
et environnementaux)
|
|
Responsabilité sociale,
responsabilité environnementale, parties
prenantes représentatives, ...
|
Conditions préalables
|
|
5.3.4.- La démarche globale : processus
d'intégration et de communication
L'analyse des questions du développement durable tout
au long du cycle de vie d'un projet de développement doit être
considéré comme le processus à l'image du cadre logique
présenté ci-dessous. Les parties prenantes sociales et
écologiques doivent participer et être informées de
l'évolution du projet durant toutes les étapes de
réalisation de celui-ci, tel que dans l'analyse de faisabilité,
la gestion des processus décisionnels, la phase d'exécution ou
dans une analyse à posteriori, etc. Le cadre logique est un excellent
outil de gestion dans la démarche globale vers une réflexion de
développement durable. D'où est le rôle communicationnel du
cadre logique. Grâce à ce rôle de communication, l'approche
cadre logique permettra d'opérationnaliser facilement les piliers du
développement durable. Afin de livrer son plein potentiel, l'analyse
d'un projet de développement par le biais du cadre logique doit
être fait à toutes les phases d'activité dans la vie du
projet.
Schéma 2.- Cadre logique de communication et
d'intégration
Phase d'identification
Phase de conception
Phase d'évaluation et de
terminaison
Phase de programmation
Partie(s) prenante(s) écologiques &
sociales
Phase d'exécution
Interdépendance Communication
À l'exemple de la grille d'analyse de
développement durable du professeur Villeneuve (2007), une telle
démarche implique une réévaluation du projet sur une base
régulière afin de valider si que celui-ci se range correctement
dans le sens souhaité, soit celui du développement durable. En
avant-projet, l'utilisation du cadre logique peut permettre de
vérifier si l'acquisition des connaissances et l'analyse des besoins des
groupes cibles sont suffisants et, conséquemment, quels sont parmi les
piliers du développement durable qui sont sous-représentés
ou manquants.
5.3.4.1.- Phase de programmation
Pour cette phase, il convient de définir les
orientations et principes généraux de la coopération entre
le promoteur et acteurs locaux. Sur la base de l'analyse des problèmes
et des potentialités de la région, et en tenant compte des
priorités locales et de l'entreprise, des actions mises en oeuvre par
les autres partenaires ainsi que des capacités locales et de
l'entreprise, des idées de projets sont exposés dans les grandes
lignes. C'est donc à cette étape que se produit habituellement le
document préliminaire du projet (M.I.P, M.O.P, etc.).
Pour l'illustration du cadre logique suivant chacune des
phases de réalisation du projet, nous signalons que plus la couleur est
foncée, plus l'information y relative doit être
précisée (South Research ASBL, 2001).
5.3.4.2.- Phase d'identification
Une fois le document préliminaire de projet
établi, les problèmes, les besoins et les intérêts
des parties prenantes doivent être analysés. Les idées de
projet et d'autres opérations sont identifiées et
examinées en vue d'être éventuellement approfondies. Des
études sectorielles, thématiques ou de
pré-faisabilité26 du projet peuvent être
réalisées afin d'identifier, de sélectionner ou d'examiner
les idées spécifiques, et de définir quelles sont les
études supplémentaires éventuellement nécessaires
pour la formulation d'un projet ou d'une action. Il en résulte une
décision pour étudier plus en détail ou non l'/les
option(s) élaborée(s).
Durant la phase d'identification, l'idée du projet est
pour la première fois présentée de façon encore
sommaire. Une décision déterminante pour la suite doit alors
être prise. Il faut en effet répondre à la question de
savoir si oui ou non il va falloir continuer la préparation du
projet.
Pour y arriver, les décideurs ont besoin
d'informations fiables qui leur permettront de répondre à ces
deux questions suivantes : le projet répond-t-il à des
problèmes réels d'un
26 Etude effectuée au cours de la phase
d'identification qui permet de s'assurer que tous les problèmes sont
identifiés, que les solutions alternatives ont été
analyses et que la meilleure alternative a été retenue sur la
base de facteurs de qualité. Elle fournit des informations suffisantes
pour justifier l'approbation, la modification ou le refus du projet.
proposé en vue d'une instruction ultérieure ( Commission
européenne, mars 2001, p. 41).
groupe social clairement ciblé ? le projet est-il
faisable compte tenu du contexte ? Cette décision doit se focaliser sur
la pertinence et la faisabilité de l'idée du projet. À ce
stade, les décideurs ont également besoin d'informations sur les
objectifs globaux, l'objectif spécifique et les résultats
intermédiaires qui sont définis dans la première
proposition du projet.
Par ailleurs, les promoteurs du projet doivent être
capables d'appréhender les influences des facteurs contextuels sur le
projet. Pour avoir une bonne compréhension de la faisabilité du
projet, quelques activités essentielles doivent être
formulées, fût - ce de façon sommaire. De même, des
indications sur les moyens et les coûts qu'exige le projet seront
nécessaires et les initiateurs doivent donner dans le projet les
contraintes qui pourraient peser lourdement sur le projet. Dans le tableau 8
ci-dessous, nous indiquons la présentation du cadre logique pour la
phase d'identification.
Tableau 8.- Phase d'identification du projet
orientée vers le cadre logique
Niveaux descriptifs du projet
|
Indicateurs objectivement vérifiable
|
Sources de vérification
|
Hypothèses
|
Objectifs généraux
|
|
|
|
Objectif spécifique
|
|
|
|
Résultats intermédiaires
|
|
|
|
Activité(s)
|
Moyens
|
Coûts
|
|
Responsabilité sociale,
responsabilité environnementale, parties prenantes
représentatives, ...
|
Conditions préalables
|
|
5.3.4.3.- Phase de conception
La phase de conception est synonyme « instruction,
préparation, formulation ou
évaluation ex ante ». Dans cette phase, tous les
aspects importants de l'idée de projet sont examinés, en tenant
compte des orientations du document préliminaire de projet, des facteurs
de qualité clés et les points de vue des principales parties
prenantes. Les bénéficiaires et autres parties prenantes
participent activement à la description détaillée de
l'idée de projet.
La pertinence de l'idée de projet par rapport aux
problèmes et sa faisabilité doivent être des questions
clés à étudier. Une fois le rapport d'identification
approuvé, le projet sera élaboré plus tard durant la phase
de conception sur base des informations recueillies durant la phase
précédente, soit celle de l'identification. A la fin de la phase
de formulation, les décideurs doivent prendre toutes les informations
nécessaires pour décider sur la pertinence, la faisabilité
et la durabilité du projet. Les études d'impact doivent
être revisées conjointement avec le cadre logique. Ils doivent
également se faire une idée de l'efficience du projet. A la fin
de la phase, le cadre logique se présente comme illustré dans le
tableau 9 ci-dessous.
Tableau 9.- Phase de conception du projet
orientée vers le cadre logique
Niveaux descriptifs du projet
|
Indicateurs objectivement
vérifiables
|
Sources de vérification
|
Hypothèses
|
Objectifs généraux
|
|
|
|
Objectif spécifique
|
|
|
|
Résultats intermédiaires
|
|
|
|
Activité(s)
|
Moyens
|
Coûts
|
|
Responsabilité sociale,
responsabilité environnementale, parties prenantes
représentatives, ...
|
Conditions préalables
|
|
Si la proposition du projet est acceptée, sa phase
d'exécution peut débuter sans contraintes. Sur la base des
activités reformulées dans le cadre logique, un plan
opérationnel est alors élaboré. Des plans de travail
détaillés, comportant le cadre logique doté d'indicateurs
des résultats escomptés et d'indicateurs d'impact, ainsi que des
calendriers des activités et des ressources devraient être
produits au cours de cette phase. Il en résulte une décision de
proposer ou non un financement pour le projet. La proposition de financement
est complétée et examinée par un comité interne ou
externe approprié. Il faut ensuite décider de financer ou non le
projet. Une convention formelle, qui énonce les dispositions
financières essentielles de mise en oeuvre, doit être alors
signée par les responsables et les acteurs partenaires ou une autre
entité.
5.3.4.4.- Phase d'exécution
Durant la phase d'exécution,
l'évolution du projet doit être continuellement
contrôlée. Ce contrôle ou suivi se focalise sur
l'exécution effective des activités. Les résultats du
suivi peuvent entrainer des changements au niveau du cadre logique. Les
ressources convenues sont utilisées pour atteindre l'objectif
spécifique, le(s) groupe(s) cible(s) perçoit (vent) les
bénéfices prévus) et les objectifs plus larges,
généraux. Cette phase implique généralement la
passation de contrats d'études, d'assistance technique, de services ou
de fournitures. L'état d'avancement du projet fait l'objet d'un suivi
régulier permettant de l'ajuster à l'évolution de la
situation. A la fin de la mise en oeuvre, la décision de clôturer
ou de prolonger le projet devrait être prise. À tout changement,
le cadre logique initial devra par contre être révisé et
adapté. Le tableau 10 ci-dessous décrit la présentation de
la phase d'exécution du projet suivant le cadre logique.
Tableau 10.- Phase d'exécution du projet
orientée vers le cadre logique
Niveaux descriptifs du projet
|
Indicateurs objectivementvérifiables
|
Sources de vérification
|
Hypothèses
|
Objectifs généraux
|
|
|
|
Objectif spécifique
|
|
|
|
Résultats intermédiaires
|
|
|
|
Activité(s)
|
Moyens
|
Coûts
|
|
Responsabilité sociale,
responsabilité environnementale, parties prenantes
représentatives, ...
|
Conditions préalables
|
|
5.3.4.5.- Phase d'évaluation et de
terminaison
L'évaluation est une fonction qui consiste à
porter une appréciation, aussi systématique et objective que
possible, sur un projet en cours ou achevé, un programme ou un ensemble
de lignes d'action, sa conception, sa mise en oeuvre et ses résultats.
Il s'agit de déterminer au cours de cette phase la pertinence des
objectifs et leur degré de réalisation, l'efficience,
l'efficacité, l'impact et la viabilité par rapport au
développement. L'évaluation fournit des
informations crédibles et utiles, permettant
d'intégrer les enseignements tirés aux mécanismes
d'élaboration des décisions tant des acteurs partenaires que des
bailleurs de fonds. Cette évaluation peut avoir eu lieu au cours de la
mise en oeuvre du projet (« évaluation à mi-parcours
»), à la fin du projet (« évaluation finale ») ou
après son achèvement (« évaluation ex post»),
soit pour réorienter le projet ou pour tirer des leçons pour les
projets et la programmation futurs. L'exercice d'évaluation peut aussi
conduire à une décision de continuer, de rectifier ou de terminer
le projet.
Durant la phase d'évaluation, l'accent doit être
mis sur l'analyse de l'efficience et de l'efficacité de l'intervention
et spécialement sur le niveau des résultats atteints, sur
l'objectif spécifique et les objectifs globaux. Ceci s'explique
principalement dans le cas de l'évaluation à mi-parcours.
Si l'évaluation ex-post est réalisée,
celle-ci se focalisera également sur l'impact et devra être suivie
par un plan de transfert des responsabilités. Dans ce cas, les
conclusions et recommandations doivent être prises en compte pour la
planification et la mise en oeuvre de projets comparables à l'avenir.
Nous présentons donc les aspects qui seront probablement
modifiés, comme l'indique le tableau 11 ci-dessous :
Tableau 11.- Phase d'évaluation et de
terminaison du projet orientée vers le cadre logique
Niveaux descriptifs du projet
|
Indicateurs objectivement
vérifiables
|
Sources de vérification
|
Hypothèses
|
Objectifs généraux
|
|
|
|
Objectif spécifique
|
|
|
|
Résultats intermédiaires
|
|
|
|
Activité(s)
|
Moyens
|
Coûts
|
|
Responsabilité sociale,
responsabilité environnementale, parties prenantes
représentatives, ...
|
Conditions préalables
|
|
5.4.- Comment le « cadre logique » peut-il
permettre d'opérationnaliser les questions d'environnement et du
développement durable ?
Après avoir présenté le projet à
partir de la matrice cadre logique, il convient maintenant de procéder
à une analyse du projet suivant son aspect environnemental et
sociétal. Cette démarche est donc importante pour évaluer
les risques d'impact du projet sur le milieu physique et sur le milieu social.
Une série de commentaires doivent être alors passés en
revue. Suivant le cas, il va falloir revoir l'identification ou passer à
la formulation de questions et d'envisager de nouvelles actions possibles.
Cette analyse porte donc sur quelques composantes de l'outil « cadre
logique ».
5.4.1.- Définition des variables composantes du
cadre logique
Tenant compte de l'approche retenue dans le cadre de ce
travail de recherche, notre refléxion porte principalement sur quatre
variables composantes de la matrice cadre logique. Il s'agit notamment les
hypothèses ou suppositions, les conditions préalables, les moyens
et les coûts associés au projet. Pour opérationnaliser les
questions de développement durable, il faudrait par exemple :
5.4.1.1.- Apprécier et suivre les facteurs externes
: les hypothèses
Pour apprécier la faisabilité d'un projet et
s'assurer de son réalisme, il importe d'identifier et de formuler
correctement l'état espéré des facteurs externes et
incertains dont dépend le projet (O'Shaughnessy, 1992 ; Ledant, 2005).
C'est pourquoi nous devons formuler des « hypothèses » ou
« suppositions » pour parvenir à une meilleure planification
du projet. Elles sont définies comme des situations favorables et
incertaines, dont on escompte qu'elles seront réalisées car la
réussite du projet en dépend, sans que celui-ci ne les influence.
Ces hypothèses sont importantes pour déterminer la survie du
projet. Elles portent donc sur des facteurs externes, dont la situation future
est incertaine et probable, et qui sont déterminants pour le cycle de
projet :
· Par définition, elles sont externes à la
logique d'intervention ;
· Nécessairement elles sont incertaines, sans quoi
il ne servirait à rien de les relever ;
· Elles doivent cependant être probables, dans
la mesure où le projet compte sur leur réalisation, sans cela, le
projet serait trop risqué et demanderait à être revu ou
abandonné ;
· Ce sont des faits déterminants au sens où,
par définition, ils conditionnent l'atteinte
des objectifs, au niveau indiqué par les indicateurs
objectivement vérifiables (I.O.V).
Ces hypothèses sont déduites de l'arbre des
objectifs, mais elles le sont en partie seulement. Leur identification suit
normalement l'analyse des stratégies et de l'identification de la
logique d'intervention verticale du cadre logique :
· Dans l'arbre des objectifs, se trouvent des objectifs
non retenus pour le projet, non influencés par celui-ci, mais qui
l'influencent ; si la situation relative à l'un de ces « objectifs
» risque de changer, son état futur probable va faire l'objet d'une
supposition, sur la base de laquelle les ambitions du projet (traduites par les
IOV) seront ajustées et dimensionnées.
· En dehors de l'arbre des objectifs, il peut exister
des facteurs externes qui risquent aussi d'évoluer et de conditionner
les performances du projet. En effet, l'activité des objectifs est issu
de la transformation d'un problème où ne figurent que les
problèmes de la situation initiale, alors qu'en réalité de
nouveaux problèmes risquent d'apparaître. Des suppositions
analogues doivent être faites sur l'état futur de ces facteurs.
D'une manière générale, les
hypothèses portent sur les éléments qui suivent:
· Le contexte politique et institutionnel, ou la
stabilité du pays.
· Les conditions du climat, les aléas naturels, les
variations de l'environnement,
· Les conditions du marché, par exemple
l'inflation,
· La réponse des groupes cibles ou de divers
partenaires aux actions et sollicitations du projet. À ce niveau, il
convient d'être prudent dans la formulation de manière à
bien discerner les situations hors de contrôle (à placer sous
hypothèses) et les conséquences des actions du projet.
L'hypothèse se formule ici de manière analogue
aux objectifs, comme un état positif. Bien entendu, si les
hypothèses se réfèrent à des incertitudes quant
à la situation initiale, mieux vaut lever ces incertitudes avant de
commencer le projet. Et si elles peuvent être aisément
contrôlables, mieux vaut chercher à les infléchir par le
projet et donc à les intégrer dans la logique d'intervention.
5.4.1.2.- Poser les conditions préalables : le
contrôle des risques
Dans le cas où le risque de non -réalisation
d'une condition retenue comme hypothèse et donc aussi le risque de non-
atteinte d'un objectif sont trop élevés, il convient de:
· chercher à transformer l'hypothèse en
objectif ou en résultat attendu pour le projet, donc de mettre en oeuvre
des activités qui garantissent la réalisation de cette condition
;
· réviser à la baisse les ambitions
(Objectifs, Résultats attendus, Indicateurs objectivement
vérifiables ) tout en vérifiant que si le projet mérite de
continuer ou non ;
· renoncer éventuellement au projet
envisagé. Par rapport à ces hypothèses retenues, la
gestion du cycle de projet devra, grâce à une flexibilité
suffisante, s'adapter à la situation réelle des variables
correspondantes, qu'il importe donc de surveiller.
5.4.1.3.- Bien identifier les moyens nécessaires
: moyens physiques et non physiques
Un projet requiert des moyens physiques, financiers et
humains, qu'il faut identifier, caractériser et quantifier, cela
dès le départ. L'estimation des moyens est en effet indispensable
pour établir le budget, puis de s'assurer qu'ils seront disponibles et
que le projet sera donc réalisable. Elle est également
nécessaire pour apprécier l'efficience du projet :
vérifier que ses coûts sont raisonnables. Les moyens requis sont
tant ceux qui servent les activités opérationnelles qui tendent
vers les résultats attendus que ceux nécessaires au
fonctionnement propre du projet, y compris le suivi-évaluation. Les
moyens financiers sont les fonds nécessaires au fonctionnement du projet
et qu'il ne faut pas
confondre avec les coûts. Une réflexion
explicite est souhaitable sur la nature et l'origine de ces moyens
envisagés. Les technologies doivent être appropriées,
c'est-à-dire adaptées au contexte et au but poursuivi, favorables
à l'environnement, maîtrisables, aptes
à être mises en oeuvre durablement sans soutien extérieur,
à coûts récurrents limités et supportables. Les
ressources locales, y compris le personnel spécialisé, sont
à valoriser mais cela dans les limites strictes où elles ne sont
pas détournées de meilleurs usages. Des normes sociales et
écologiques devront être respectées dans le choix et
l'acquisition des moyens, de même que dans leur utilisation. Le choix des
moyens met en jeu l'efficacité, l'efficience, la durabilité,
l'impact... Le personnel est habituellement considéré comme
moyen, même si chaque être humain est également une fin en
soi... le choix des moyens humains pose de délicats problèmes
spécifiques :
· Comme les moyens matériels, ce sont les
compétences et qualités nécessaires pour mener les
activités définies en fonction des résultats attendus et
des objectifs à atteindre, qui doivent guider le recrutement ;
· L'équipe doit dans son ensemble être
capable de mener toutes les activités prévues dans le cadre
logique et les activités de gestion du projet, sans vide ni sans
personnel excédentaire ni de recouvrements de responsabilité, qui
risqueraient de créer des conflits ou des relations de
compétition ;
· Les tâches à confier aux personnes
recrutées doivent être clairement définies en fonction du
cadre logique du projet, communiquées aux acteurs concernés et
acceptées par eux dès la signature du contrat ;
· Les barèmes sont à ajuster aux pratiques
du lieu : décents et conformes aux lois sociales mais pas trop
élevés non plus, pour éviter la surenchère et le
débauchage de personnel ;
· Finalement, il ne faut pas négliger l'avenir du
personnel après la fin du projet : il sera notamment influencé
par les formations et capacités reçues en cours de projet,
d'éventuels pécules de sortie, un appui à la
réinsertion, ou la pérennisation de l'emploi par la
création d'activités financièrement viables.
La gestion de tous ces moyens peut impliquer des normes de
sécurité et de conditions de travail apparentées aux
normes environnementales et qui peuvent leur être associées. La
survie d'un projet va dépendre largement de la prise en compte de tous
ces aspects pré- définis. En terme de développement
durable, ils sont essentiels pour les chefs de projet de viser l'efficience,
l'efficacité et la durabilité de leurs activités.
5.4.1.4.-Bien estimer les coûts du projet : en
termes monétaires, environnementaux et sociaux
L'estimation prévisionnelle des coûts, sur la
base des moyens jugés requis, est évidemment nécessaire
pour préparer les budgets. Elle l'est aussi pour évaluer
l'efficience ou le rapport coût-efficacité du projet et l'ajuster
en conséquence, au niveau des moyens, des activités ou des
résultats visés. L'estimation des coûts doit
également permettre d'apprécier la probabilité que les
fonds et les moyens seront disponibles; à défaut de
probabilité satisfaisante, une révision des paramètres
techniques du projet serait bien envisageable.
Pour élaborer le budget, l'estimation des coûts
aura été purement financière. Dans une perspective de
développement durable, pour évaluer l'efficience, des
appréciations non monétaires et la prise en compte de coûts
externes ou de coûts non payés sont à intégrer dans
la réflexion. Ainsi, les ressources rares et celles d'emploi polluant
(hydrocarbures) devront être considérés comme
coûteuses indépendamment de leur prix monétaire. De
même l'effort humain n'est pas toujours bien corrélé
à son coût monétaire (en particulier lorsque l'on compare
le coût du travail dans les pays riches par rapport aux pays pauvres).
Dans les pays pauvres, l'emploi d'un personnel local dont les qualifications
sont rares peut représenter un coût d'opportunité non nul,
puisque ces personnes sont devenues indisponibles pour d'autres tâches
utiles.
Les projets utilisent de l'argent qui, disponible en
quantité limitée, doit être géré de telle
sorte qu'il produise le plus de bénéfice de développement.
Les coûts à considérer sont donc notamment les
dépenses financières. Toutefois, dans un souci de
développement durable,
les ressources physiques et humaines sont également
à prendre en compte, au besoin: indépendamment des coûts
financiers, il s'agit de s'interroger sur ce à quoi on renonce en
affectant la ressource à ce projet plutôt qu'à une autre
utilisation. Une attention particulière devra donc être
portée à l'emploi économe de moyens rares et utiles, comme
certaines ressources naturelles (l'eau en région aride), ou certaines
compétences spécialisées que les grands projets ont
souvent tendance à débaucher. De même il s'agira de
minimiser les coûts externes, tels que les impacts négatifs sur
l'environnement ou les coûts supportés par des tiers. Un manque
d'efficience peut résulter des mêmes facteurs que ceux qui
handicapent également l'efficacité, comme les contraintes
externes (notamment environnementales) ou des moyens inadaptés, non
disponibles à temps, ou mal utilisés, éventuellement
détournés à des usages étrangers aux objectifs
poursuivis... Elle peut ouvrir des conflits car ceux-ci dispersent les
énergies. Elle peut pâtir d'un excès de moyens, qui
n'encouragent pas à les économiser, ou au contraire de la
pénurie de certains moyens, qui limite la pleine utilisation de ceux
rendus disponibles en suffisance. Le manque d'efficience peut encore
découler d'une logique où le dévouement, l'effort, la mise
en oeuvre des moyens sont davantage valorisés que le résultat.
Au niveau de la conception du projet, il s'agit de veiller
à choisir correctement les moyens, d'organiser la répartition des
tâches de manière à limiter les conflits de
compétence et de définir un ensemble d'activités
synergiques, explicitement conçues pour atteindre l'objectif :
éviter notamment la multiplication d'activités qui se corrigent,
se compensent ou se contrarient les unes les autres. D'une manière
générale, tous les efforts pour plus d'efficience limitent les
pressions exercées sur l'environnement.
5.4.2.- Vers une approche GAR : un cadre d'analyse et
de gestion axé sur les résultats du projet
Dans la plupart d'ouvrages et de documents consultés,
on définit le concept «Responsabilité Sociale
d'Entreprise » par rapport à la situation où une
entreprise intègre à la fois les préoccupations sociales,
environnementales et économiques dans ses activités
sur une base volontaire (Dubigeon, 2005). Selon cette
définition, il est donc important d'évaluer un projet de
développement en termes d'extrants, d'effets et d'impact que
plutôt sur la base de processus de travail ou sur les comportements.
Adoptée depuis au début des années 90
par l'ACDI, l'approche GAR (Gestion Axée sur les Résultats) a
été mise en évidence en 1964 par le canadien Peter Drucker
(1909-2005). La définition des résultats représente
l'aspect le plus crucial des phases de planification et de conception du
projet. Un résultat est un changement qui peut prendre la forme d'une
amélioration, d'une augmentation, d'un renforcement, d'une
réduction ou encore d'une transformation dans les attitudes et le
comportement d'un groupe donné (PUCD, 2006).
L'approche GAR devrait être examiné afin de
s'assurer que les résultats du projet se conforment à la
hiérarchie suivante:
· Les extrants mènent aux effets;
· Les effets réalisent les objectifs et
mènent à l'impact;
· L'impact mènera au but du projet.
Le diagramme qui suit est une illustration de la version
simplifiée d'un exemple de cadre GAR développé par
l'organisme Partenariats Universitaires en Coopération et
Développement (PUCD) en 2006. Cette illustration reprend le formalisme
du modèle de Peter Drucker. Ses composantes demeurent identiques dans
tous les projets financés par l'ACDI pendant ces dernières
années.
Figure 7.- Approche de Gestion Axée sur les
Résultats (GAR)
Intrants
Les intrants correspondent aux ressources humaines,
organisationnelles ou matérielles, directes ou indirectes requises pour
mettre en
oeuvre et exécuter les activités prévues du
programme ou du projet.
Activités
sont
Les
mesures requises pour produire les résultats.
Résultats
Activités
activités
les
Les extrants sont les conséquences à court
terme des activités terminées. Les extrants sont les «
sousrésultats » ou les
réalisations clés requis pour produire ls effets
du projet.
Extrants
Effets
Les effets sont les résultats logiques des
extrants du projet. Ils
devraient continuer d'existe une fois le financement du
projet
terminé. Les effets représentent les changements
nécessaires à la réalisaton des objectifs
du projet.
Objectifs
Effets
Les impacts se produisent
généralement
après la fn du projet à une échelle
nationale ou internationale et consistent en des changements
aux conditions de vie des populations. Ils sont
attribuables, en partie,
à la réalsation des effets. Les
résultats au
niveau e l'impact
sont
les changements nécessaires à l'atteinte
du but du projet.
Impact
But
Source : établi à partir des données
du guide PUCD produit en 2006, p-12
À ce point de vue, nous passons en revue une
série de questions qui doivent être abordées ou
débattues. Nous adoptons la grille d'analyse développée en
2005 par le chercheur Ledant dans son modèle d'identification de projet.
Selon la réponse obtenue, il faudra revoir l'identification ou passer
à la formulation, ou encore de poser de nouvelles questions.
Pour ce cadre d'analyse du projet, dans une perspective du
développement durable, nous formulons les questions suivantes :
1).- L'objectif du projet est-il pertinent
compte tenu des principaux problèmes environnementaux et sociaux qui se
posent dans le contexte actuel ?
Pour répondre à la question, il convient
d'examiner :
· Les problèmes environnementaux dont souffre
la population cible (dépendance envers des ressources peu productives ou
peu accessible, maladies, inconfort ou insécurité liés
à l'environnement, ...) ;
· Les tendances régressives du patrimoine
environnemental ou des ressources naturelles, risquant d'affecter la
capacité à satisfaire les besoins futurs ou de créer des
difficultés futures ;
· La possibilité matérielle de
résoudre ces problèmes, compte tenu des contraintes naturelles ou
de l'échelle des phénomènes impliqués ;
· La mesure dans laquelle l'objectif spécifique
du projet s'attaque à ceux de ces problèmes qui sont le plus
résolubles ou, dans le cas contraire, à des problèmes
(sociaux, économiques...) prioritaires.
Selon la réponse, il convient de réagir comme
suit:
Si la réponse est oui, passer à la question
suivante.
Si la réponse est non ou très incertaine,
reconsidérer l'objectif spécifique et identifier un projet plus
pertinent.
Si la réponse nécessite des compléments
d'information, demander ceux-ci à l'étude de
faisabilité.
2).- Le projet est-il suffisamment
adapté aux questions environnementales qui vont conditionner l'atteinte
durable de l'objectif spécifique ?
Pour répondre à la question, il convient
d'examiner :
· Les conditions environnementales dont dépendent
l'efficacité, l'efficience ou la durabilité (viabilité) du
projet ;
· L'évolution probable de ces conditions, sous
l'effet du projet ou de facteurs extérieurs ;
· Les conséquences probables de cette
évolution pour l'atteinte efficace, efficiente et durable des objectifs
du projet ;
· Les contraintes et obligations légales qu'il
convient de respecter par rapport à l'environnement et aux populations
locales.
Selon la réponse, il convient de réagir comme
suit:
Si la réponse est oui, passer à la question
suivante, tout en ajustant au besoin les hypothèses du cadre logique (y
inscrire la situation probable espérée des facteurs
environnementaux externes au projet).
Si la réponse est non, réviser au besoin le
cadre logique, en particulier la logique d'intervention (stratégie). Si
la réponse est incertaine et nécessite des compléments
d'information, demander ceux-ci à l'étude de
faisabilité.
3).- Les effets externes, autres que les
résultats attendus et objectifs propres au projet, sont- ils acceptables
et optimaux ? Sinon, y a-t-il les moyens d'atténuer cela ?
Pour répondre à la question, il convient
d'examiner :
· Les activités et leurs effets autres que les
résultats attendus ;
· Les résultats attendus et leurs effets autres que
les objectifs ;
· Les implications de ces effets pour les populations
locales et pour le patrimoine environnemental ;
· Les possibilités de les améliorer par un
ajustement du projet.
Selon la réponse, il convient de réagir comme
suit:
Si la réponse est oui, passer aux questions suivantes.
Si la réponse est non, réviser le cadre logique. Si la
réponse est incertaine, demander les compléments d'information
nécessaires à l'étude de faisabilité.
4).- Les moyens prévus sont-ils
adéquatement choisis, compte tenu de leurs implications
environnementales? N'y a-t-il pas d'autres alternatives ?
Pour répondre à la question, il convient
d'examiner :
· La pression exercée sur l'environnement par les
moyens prévus, compte tenu de l'origine des matières
premières incorporées (ressources non renouvelables, rares,
surexploitées, ou issues d'écosystèmes fragiles) et du
caractère plus ou moins polluant de leur production, de leur emploi, ou
des déchets en résultant ;
· Les autres usages qui pourraient être faits
avec ces mêmes moyens et ressources si le projet ne les consommait pas
;
· L'existence de moyens alternatifs, plus favorables
à l'environnement ;
· Les opportunités d'améliorer l'efficience
d'utilisation des moyens à forte pression environnementale. Selon la
réponse, il convient de réagir comme suit :
Si la réponse est oui, passer aux questions suivantes.
Si la réponse est non, réviser les activités ou les moyens
(tout en adaptant le reste du cadre logique en conséquence); si ce n'est
pas possible passer à la question 5.
Si la réponse est incertaine, passer à la question
5 ou demander les compléments d'information aux études de la
phase de formulation27.
5). -Le bilan des impacts du projet est-il
positif, négatif ou optimal ?
Pour répondre à la question, il convient
d'examiner :
· Les résultats et objectifs visés par le
projet et la probabilité qu'ils soient atteints ;
· Les conséquences des activités externes
à la logique d'intervention ;
· Les implications environnementales de la mise en oeuvre
des moyens ;
· Le bilan total de ces effets, intentionnels ou non, en
tenant compte des attentes et jugements de valeur posés par les parties
impliquées au projet;
· Les opportunités d'améliorer ce bilan, dans
l'absolu et par rapport au coût financier du projet. Selon la
réponse, il convient de réagir comme suit:
Si la réponse est oui, passer à la question
suivante. Si la réponse est non, renoncer au projet ou réviser le
cadre logique (stratégies ou situations alternatives, autres moyens ou
technologies, reformulation des activités ou du calendrier, mesures
d'atténuation ou de compensation spécifiques...).
Si la réponse est incertaine faute d'informations
quant aux effets du projet, se référer aux questions 3 et 4, si
elle est incertaine en raison des difficultés d'appréciation du
bilan,
27 Communément appelées études de
fasabilité, effectuées au cours de la formulation, qui permet de
s'assurer que le projet proposé est bien-fondé, et susceptible de
répondre aux besoins des groupes cibles/bénéficiaires
prévus. Elle devrait décrire la conception du projet dans tous
ses détails opérationnels, en tenat compte de tous les aspects
politiques, techniques, économiques, financiers, institutionnels, de
gestion, environnementaux, socioculturels, de genre. Les études de
faisabilité nous fournissent les informations suffisantes pour justifier
l'approbation, la modification ou le refus du projet proposé en vue d'un
financement (CEE, 2001, p.41).
renvoyer la question à l'analyse économique
(coûts- avantages) et à l'analyse multicritère à
mener en formulation.
6). Les risques du projet
représentent-ils un risque sérieux d'impact négatif ?
Représentent- ils une menace pour la population locale?
Pour répondre à la question, les
éléments à prendre en compte sont :
· La probabilité d'échec du projet (ou de non
réalisation de ses hypothèses ;)
· Les effets généraux de ce qui aura pu
être réalisé en cas d'échec.
Selon la réponse, il convient de réagir comme
suit:
Si la réponse est non, alors qu'elle est positive aux
questions précédentes, le projet peut être
réalisé (si la réponse est négative à
certaines questions précédentes se référer à
celles-ci).
Si la réponse est oui, renoncer au projet ou
réviser le cadre logique (choix des stratégies, localisation,
moyens ou technologies, activités, calendrier, mesures
d'atténuation ou de compensation spécifiques...).
Si la réponse est incertaine et nécessite des
compléments d'information, demander ceux-ci à l'étude de
faisabilité.
7).- Quels établissements et quelles
collectivités seront-ils changés par votre projet? Quels
changements désirez-vous obtenir relativement à la
capacité institutionnelle et communautaire d'ici la fin du projet? Votre
réponse à cette question détermine vos «
résultats » et vos « objectifs » prévus.
8).- Quelle est l'importance de l'égalité entre
les genres et « races humaines » pour le problème que vous
voulez résoudre? Comment les considérations de ces
égalités seront- elles intégrées dans la
conception, la mise en oeuvre et le ciblage des bénéficiaires de
votre projet?
9).- Comment évaluerez-vous si les changements
prévus ont été réalisés ? Indiquez les
indicateurs de rendement, notamment les «indicateurs objectivement
vérifiables » que vous utiliserez à ce propos ?
10).- Quelle est votre stratégie pour assurer la
continuité des changements apportés par le projet lorsque le
financement prendra fin? Si la continuité des changements que vous
proposez ne peut être assurée une fois le financement
terminé, vous devriez reconsidérer les changements que vous
prévoyez produire.
5.5.- Ce qu'il faut pour améliorer la
qualité du projet: la pertinence, l'efficacité,
l'efficience
En pratique, la durée et l'importance de chaque phase
d'activités varient d'un type de projet à l'autre. Pourtant la
plupart des chefs de projet songent adopter une même méthodologie
de gestion à tous les projets de développement. Les facteurs de
qualité sont des critères connus pour leur impact significatif
sur la viabilité des bénéfices
générés par ces projets dans le passé. Les
critères d'efficacité, d'efficience... devraient normalement
être envisagés dès la phase de conception ou la phase
d'exécution du projet afin d'assurer la qualité des projets. Pour
viser celle-ci, il faut donc procéder comme suivant :
· utiliser la méthode cadre logique pour analyser
les problèmes, en vue d'obtenir une solution valable - par exemple,
depuis la phase d'identification jusqu'à la phase finale du projet.
Cette approche peut permettre d'opérationnaliser aisément les
questions d'environnement et de développement durable ;
· produire scrupuleusement le(s) document(s)
clé(s) de bonne qualité afférent(s) à chaque phase
d'activités du projet, afin d'assurer une prise de décision
structurée et éclairée ;
· assurer, constamment, la consultation et l'implication
des parties prenantes et maintenir une communication permanente entre ces
acteurs concernés tout au long du cycle de projet, et cela à
toutes les phases du projet;
· formuler et centrer l'objectif spécifique de
manière claire sur les bénéfices durables pour le(s)
groupe(s) cible(s) prévu(s). D'où la pertinence du projet ;
· tenir compte des aspects de qualité du projet
depuis dans la phase de conception. Il ne faut pas attendre à la phase
finale ou de fermeture pour envisager ceux-ci.
Bien évident, la qualité d'un projet
dépend de nombreux facteurs, tels que la capacité
organisationnelle de l'équipe ou des organismes responsables de la mise
en oeuvre. On s'entend donc de dire, le seul fait de prendre en compte les
considérations écologiques ne
permet pas nécessairement d'aboutir à un projet
de développement durable. La réussite d'un projet de
développement nécessite l'accomplissement d'autres facteurs
clés, comme le rapportent plusieurs études scientifiques
(Commission européenne, 2001).
Dans la figure 8 de la page suivante, Il faut noter que plus
épaisse est la flèche, plus importante est la contribution de ce
facteur.
Planification ; Plan de communication efficace
Figure 8.- Quelques facteurs clés de
réussite d'un projet
Représentation équitable des
différents intérêts par le biais de la
participation des acteurs concernés
Le projet aborde les problèmes réels des
groupes cibles
Les parties impliquées au projet respectent
leurs engagements
Gestion intégrée du projet; Utilisation de
technologie appropriée; Politique de soutien adéquate
Les bénéficiaires sont clairement
identifiés par origine, groupe socio- économique et sexe
Succès
d'un projet
Équipe du projet compétente et motivée
; Formation continue des membres de l'équipe
Capacité organisationnelle suffisante après
la période de financement
Allocation équitable des coûts et
bénéfices entre femmes et hommes, puis entre les races
humaines
Source : Commission européenne, mars 2001, Manuel
GCP, p-9
5.6.- Les facteurs de durabilité et de
viabilité du projet
La durabilité désigne
généralement la pérennité des améliorations
apportées par le projet. Celle-ci se diffère de la durée
de l'intervention externe qui a rapport avec la longévité des
activités du projet. Elle se réfère classiquement à
la permanence de la situation améliorée que constitue l'objectif
spécifique du projet, mais il est plus logique de prendre
également en compte la pérennité des effets externes
à l'objectif, qui est donc l'impact. La durabilité n'est bien
entendu souhaitable que lorsque les impacts du projet sont positifs. Cependant,
la préférence fondamentale des humains pour les
bénéfices à court terme est un obstacle essentiel à
la durabilité et suggère que son absence soit rarement un
accident. Mais la préférence pour l'immédiat sur le futur
est, en effet, une réalité aussi universelle et répandue
que son corollaire économique : les taux d'actualisation.
Les notions de durabilité et de viabilité sont
souvent utilisées comme deux synonymes dans la plupart des textes de
gestion écrits par les auteurs. Dans certains cas, le terme
viabilité se réfère à la pérennité
d'une activité ou du fonctionnement d'un instrument quelconque de
développement, telle qu'une unité de production ou une
institution. La durabilité se réfère plutôt à
la permanence d'une situation favorable. Par exemple, une unité de
production ou institution est dite viable si elle obtient ou produit en
permanence les moyens pour son fonctionnement. De notre point de vue, cette
viabilité sera souhaitable, si elle contribue à la
durabilité du projet, donc si l'activité, l'institution,
l'unité de production en cause doivent se perpétuer pour assurer
une pérennité de l'impact positif.
D'une manière générale, il existe
plusieurs facteurs clés pour faciliter la viabilité d'un projet
de développement. Ces facteurs correspondrent à la
probabilité que l'innovation introduite par le projet soit
assimilée, plutôt que rejetée, par le milieu
récepteur, ainsi qu'à la motivation et aux capacités
(techniques, économiques et autres...) de voir se perpétuer les
activités nécessaires à l'entretien et au
développement des acquis. La viabilité est notamment liée
à l'insertion du projet dans son environnement et à la
pérennité des ressources naturelles ou des conditions
écologiques dont il dépend (Commission européenne, 2001).
La viabilité d'un projet doit se renforcer continuellement tout au long
du
projet mais, comme pour les critères
précédemment vus (la pertinence, l'efficacité,
l'efficience, etc.), elle doit être envisagée également
dès la phase de conception. Il s'agit donc dans ce cas de se soucier du
choix d'objectifs durables, cumulatifs, capables si possible de briser des
cercles vicieux et de les retourner en cercles vertueux.
À cause du caractère central de notre
étude, nous assimilons les facteurs de viabilité aux facteurs de
qualité d'un projet. Nous pensons donc que ceux-ci convergent
plutôt qu'ils divergent entre eux. Leur rôle est essentiel car ils
permettent d'assurer des bénéfices nets aux groupes cibles plus
ou moins à long terme. Comme l'indique précédemment, la
qualité d'un projet ne doit donc pas être un objectif à
n'envisager que juste dans la phase de fermeture du projet, elle doit
être définie depuis la phase de conception, voire même
l'identication. Faute de n'avoir pas tenu compte de celle-ci dès le
départ, la majorité des projets de développement ne sont
pas parvenus à produire des résultats escomptés sur le
long terme. Dans la foulée de grands débats quotidiens autour de
la responsabilité sociale des projets, il devient difficile voire
impossible de parvenir à terme d'un projet de développement sans
l'intégration de ces facteurs dans les processus de gestion,
c'est-à-dire dans les démarches qui conduisent à
l'élaboration de celui-ci dans les communautés locales.
À l'instar des modèles de gestion de projet,
comme celui développé récemment par la Commission
européenne, 2001, désigné ci-devant modèle GCP,
nous avons donc décrypté l'importance capitale de certains
facteurs clés, dont il est nécessaire de pendre en compte durant
la phase de planification des projets. Notamment, nous citons entre autres :
· Partenariat et dialogue avec les parties
prenantes - la mesure dans laquelle les groupes cibles et
bénéficiaires du projet / programme participent à sa
conception et sont impliqués. Le projet doit obtenir alors leur appui
pour qu'il soit viable, une fois le financement terminé.
· Politique de soutien - la
qualité de la politique en vigueur, et la mesure dans laquelle le
gouvernement prouve son soutien pour la continuation des activités du
projet. Il est important de recevoir pleinement le soutien de la haute
direction.
· Innovation et technologie - il
s'agit de s'assurer que les technologies utilisées par le projet peuvent
continuer de fonctionner à long terme (p.
ex. la disponibilité des pièces
de rechange, réglementations suffisantes en matière de
sécurité, les capacités locales des femmes et des hommes
en termes de fonctionnement et d'entretien). Proprement dit, une technologie
qui utilise les ressources locales.
· Protection de l'environnement - la
mesure dans laquelle le projet préserve ou nuit à
l'environnement, et dès lors, favorise ou entrave la réalisation
des bénéfices à long terme.
· Aspects socioculturels - il s'agit de
savoir : comment le projet prendra en compte les normes et attitudes
socioculturelles locales ; et quelles sont les mesures mises en place pour que
les groupes bénéficiaires puissent accéder de
manière appropriée aux services et bénéfices
découlant du projet pendant et après la mise en oeuvre.
· Analyse de genre et des
minorités - il s'agit de savoir : comment le projet tiendra
compte des besoins et des intérêts spécifiques des femmes
et des hommes ; si le projet permettra aux femmes et aux hommes
d'accéder de manière durable et équitable aux services et
infrastructures mises en place par le projet ; et s'il contribuera à
atténuer les inégalités liées au genre et aux races
« humaines » à long terme.
· Capacités institutionnelles et de
gestion - la capacité et l'engagement de l'équipe
chargée de la planification, de la gestion du projet / programme, et
à continuer à fournir les services au-delà de la
période du financement.
· Viabilité économique et
financière- la mesure dans laquelle les avantages additionnels
du projet dépassent les coûts, et le projet représente un
investissement viable à long terme.
Comme nous l'indiquons plus haut, il est important
d'intégrer ces facteurs pour assurer la survie du projet ou de
l'entreprise. Ce qui signifie donc qu'il faut les tenir compte dans la
planification de ce projet si nous décidons que l'intégration des
questions d'environnement et
de développement durable au sein des entreprises ne
reste pas une question purement hypothétique. L'acceptation d'un projet
dans la communauté peut être difficile voire impossible si ces
considérations font défaut dans les processus
décisionnels. Toutefois, le contenu et l'importance relative de ces
facteurs dépendront du contexte sociopolitique et des
spécificités du projet. La conception d'un projet est susceptible
de changer vers le sens souhaité avec l'intégration de ceux-ci.
Aujourd'hui, les projets de qualité doivent cependant rencontrer trois
(3) objectifs indissociables, dont celui du respect de l'environnement
physique, de l'amélioration de l'équité sociale et de
l'amélioration de l'efficacité économique. Par ailleurs,
un projet de développement durable est un projet qui doit
néanmoins viser une amélioration continue des conditions
d'existence de l'ensemble des acteurs concernés par le projet.
CHAPITRE 6.- INTERPRÉTATION D'AUTRES APPROCHES
DE GESTION: ÉVALUATION, CONFRONTATION ET COMPARAISON AVEC LE «
MODÈLE » PROPOSÉ.
Ce sixième chapitre explique le cas d'un projet de
développement dans une ou plusieurs phases de son cycle de vie. Les
résultats présentés ici découlent d'une
enquête de terrain réalisée dans la province de
Québec. Nous avons pour la plupart rencontré des chefs de projet,
des environnementalistes, des citoyens et d'acteurs locaux, etc. Dans ce
chapitre, nous allons présenter la stratégie de l'entreprise
« promoteur » du projet considéré dans une perspective
de développement durable, surtout dans la gestion des processus
décisionnels.
À l'instar des modèles de gestion
exploités par les entreprises, nous examinerons celui adopté par
un promoteur de projet pour la gestion des parties prenantes écologiques
et sociales. Ce modèle de gestion adopté sera comparé avec
celui dont nous illustrons à cet effet. Ce cadre d'analyse de
développement durable envisagé porte sur le projet
hydroélectrique de l'Eastmain-1-A et dérivation Rupert dans le
Nord du Québec, dont une filiale d'Hydro-Québec est le
promoteur.
6.1.- Description sommaire du projet retenu
6.1.1.- Historique et contexte du projet
La Convention de la Baie- James et du Nord de Québec
(CBJNQ), signée en 1975, prévoyait la mise en place d'un certains
nombre d'aménagements hydroélectriques, notamment le projet
Nottaway-Broadback-Rupert (NBR). Ce projet, de très grande envergure et
pouvant comprendre jusqu'à six centrales hydroélectriques sur la
rivière Rupert, sept centrales sur la rivière Broadback et la
création de plusieurs réservoirs de grande dimension auraient eu
des impacts biophysiques et sociaux indéniables pour les
communautés actuelles de Mistissini, Waswanipi et Waskaganish. Avec la
signature de l'Entente concernant l'établissement d'une nouvelle
relation entre le gouvernement du Québec et les Cris en février
2002 (la Paix des Braves), ce projet est définitivement abandonné
avec la réalisation du projet de centrale de l'Eastmain-1-A et
dérivation Rupert. Le projet vise la
dérivation d'une partie du débit de la
rivière Rupert vers le bassin versant de La Grande Rivière, en
plus d'ajouter deux nouvelles centrales au parc d'équipement du
promoteur par la construction de la centrale de l'Eastmain-1-A et de la
Sarcelle. Le projet comprend également la construction d'ouvrages de
contrôle qui permettront de maintenir des débits
réservés écologiques dans la portion de la rivière
Rupert à débit réduit. La dérivation des eaux vers
le réservoir Eastmain-1 requiert la création de deux biefs, ce
qui entraînera un ennoiement de superficies terrestres.
· Le promoteur du projet
En novembre 2002, Hydro-Québec Production a
déposé aux autorités provinciale et fédérale
les renseignements préliminaires visant la dérivation partielle
des eaux de la rivière Rupert, située à la Baie- James, en
conservant toutefois un régime de débits réservés
écologiques. Le projet comprend également la construction de la
centrale de l'Eastmain-1-A, d'une puissance de 768 MW à la sortie du
réservoir Eastmain 1, et l'implantation de la centrale de la Sarcelle,
d'une puissance de 125 MW à l'exutoire du réservoir Opinaca. La
structure administrative de la société d'État Hydro
-Québec comprend plusieurs divisions, soit Hydro- Québec
Production, Hydro- Québec TransÉnergie, Hydro- Québec
Distribution et Hydro- Québec Équipement. La division Hydro-
Québec Production est le promoteur du projet proposé. Cette
division a le mandat de mettre en valeur et de développer le potentiel
hydroélectrique accessible au Québec et d'exploiter les
installations de production à des fins commerciales. Elle produit
l'électricité, la vend sur les différents marchés,
et fournit un volume d'électricité patrimoniale
représentant un maximum de 165 TW/h par année. En décembre
2004, son parc de production a compté 51 centrales
hydroélectriques, cinq (5) centrales thermiques et un parc éolien
d'une puissance installée totale de 33 473 MW. Hydro-Québec
TransÉnergie est responsable de la conception, de l'exploitation et de
l'entretien du réseau de transport d'électricité du
Québec. Son réseau comprend 32 539 km de lignes, plus de 500
postes et 18 interconnexions avec les réseaux voisins hors
Québec. La division Hydro-Québec Distribution est le principal
distributeur d'électricité au Québec.
Elle dessert près de 2,7 millions de clients
résidentiels, 152,000 clients commerciaux et 255 clients grandes
entreprises au Québec. Sur le territoire régi par Convention de
la Baie- James et du Nord québécois (CBJNQ), Hydro-Québec
Production confie la réalisation des projets d'aménagements
hydroélectriques à la Société d'énergie de
la Baie - James (SEBJ), qui est une filiale d'Hydro-Québec. C'est donc
la SEBJ qui réalise le projet Eastmain-1-A et dérivation
Rupert.
· Les variantes
considérées
Le promoteur a élaboré son projet en soumettant
pour analyse un certain nombre de variantes de dérivation qui ont
été discutées avec les communautés Cris et qui ont
été présentées dans l'étude d'impact. Le
ministère de Développement durable, de l'Environnement et des
Parcs (MDDEP) a retenu dans son analyse des variantes proposées des
critères tel que la superficie terrestre ennoyée, la protection
des terres de catégorie II définies dans la CBJNQ ou la
réduction des longueurs de rivières dont le débit serait
réduit. La variante de dérivation retenue est la variante
Cramoisy du nom d'un lac situé à proximité du passage des
eaux dérivées. Cette dernière protège les terres de
Catégorie II de Mistissini et limite à la fois la superficie
terrestre ennoyée par la dérivation et réduit la longueur
de la rivière où le débit sera réduit.
· Le projet retenu
Le projet autorisé par le Ministère
québécois de Développement Durable, de l'Environnement et
des Parcs (MDDEP) dans le cadre de la procédure d'évaluation
nordique d'examen des impacts sur l'environnement et le milieu social comprend
les composantes suivantes :
1) la construction et l'exploitation de la centrale de
l'Eastmain-1-A d'une puissance nominale totale de 768 MW, à la sortie du
réservoir Eastmain 1;
2) la construction et l'exploitation de la centrale de la
Sarcelle d'une puissance nominale totale de 125 MW, à la sortie du
réservoir Opinaca;
3) la construction d'un barrage en enrochement de 474 m de
longueur et de 29 m de hauteur, avec une crête d'une largeur de neuf (9)
mètres, au point kilométrique PK 314 de la rivière
Rupert;
4) la dérivation d'une partie des eaux de la
rivière Rupert vers le réservoir Eastmain 1, effectuée au
moyen du bief Rupert amont (au sud) et du bief Rupert aval (au nord)
reliés entre eux par un tunnel d'une longueur de 2,9 km qui passe sous
le lac de la Sillimanite. Les eaux dérivées provenant de la
rivière Rupert emprunteront par la suite le parcours des eaux du
réservoir Eastmain 1 jusqu'à l'embouchure de La Grande
Rivière en passant par la rivière Eastmain, le réservoir
Opinaca, le lac Boyd, le lac Sakami, la rivière Sakami, le
réservoir Robert-Bourassa;
5) les eaux dérivées seront turbinées
aux deux nouvelles centrales (Eastmain-1 -A et de la Sarcelle) ainsi qu'aux
centrales existantes (Robert-Bourassa et La Grande 1), permettant ainsi de
maximiser la production d'énergie hydroélectrique à partir
de nouvelles installations et d'installations existantes;
6) la construction d'un ouvrage de contrôle des
débits (évacuateur de crues) au PK 314 de la rivière
Rupert, permettant la restitution de débits réservés
écologiques dans la rivière Rupert. Ces débits,
modulés en fonction des saisons, assureront la protection du cycle vital
des espèces piscicoles présentes;
7) la construction d'ouvrages de contrôle sur la
rivière Lemare, la rivière Nemiscau, le ruisseau Arques et le
ruisseau Kayechischekaw, permettant la restitution des débits naturels
de ces cours d'eau affectés par un bief et assurant
l'intégrité sur le plan biologique;
8) la construction de huit (8) ouvrages hydrauliques sur la
rivière Rupert afin de maintenir les usages sur la rivière en
aval de l'ouvrage de contrôle et de préserver 91 % du domaine
aquatique, ainsi que la fonctionnalité des frayères, des habitats
d'alimentation des poissons et des herbiers aquatiques;
9) la construction de deux lignes de transport d'énergie
à 315 kV, permettant de raccorder les centrales de l'Eastmain-1-A et de
la Sarcelle au réseau québécois;
10) l'aménagement de huit campements pour loger les
travailleurs, dont trois campements existants et cinq campements
temporaires;
11) la construction d'environ 255 km de routes et de chemins et
l'amélioration d'environ 105 km de chemins existants;
12) la construction d'une nouvelle usine de traitement d'eau
potable pour desservir la communauté de Waskaganish, prévue dans
le cadre du projet, permettra de répondre aux besoins de la
communauté jusqu'à l'horizon 2025.
13) ....
6.1.2.- Les arguments de justification du
projet
Pour ce qui est de justification du projet, le Ministère
québécois de Développement
Durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) a
récemment tiré les conclusions suivantes :
1) Le promoteur pourra profiter des infrastructures existantes
pour produire de l'énergie additionnelle à un coût
avantageux;
2) Le projet est viable sur le plan économique en
raison du coût de production, des coûts de réalisation et
des prévisions raisonnables de profits sur les marchés internes
et extérieurs;
3) Le projet peut contribuer dans une large part à se
pourvoir de la marge de manoeuvre souhaitée de 15 TW/h qui aidera le
promoteur à parer aux aléas de la demande interne et à
être à même de profiter des marchés d'exportation;
4) En raison de la révision à la baisse des
prévisions des approvisionnements additionnels requis à l'horizon
2014, l'amélioration de la marge de manoeuvre du promoteur et
l'exportation sont les motifs primordiaux du projet, motifs dont le
Ministère reconnaît la légitimité en tant que
stratégie d'entreprise et qui sont conformes à la
stratégie énergétique du Québec;
5) Le projet contribuera à augmenter les dividendes que
le promoteur versera au Gouvernement du Québec, au profit de l'ensemble
de la société québécoise;
6) Il n'existe à ce jour aucune solution ou aucune
combinaison de solutions de rechange pouvant garantir les mêmes avantages
opérationnels et économiques que le projet;
7) La production éolienne représente un
complément intéressant au projet et sera avantagée par sa
réalisation, mais elle ne saurait le remplacer.
8) ...
6.1.3.- Les principaux enjeux du projet
À partir des enseignements tirés des
aménagements hydroélectriques réalisés au
Québec, en particulier dans le territoire de la Baie- James, et des
consultations dans les communautés Cris et jamesiennes, le projet
possède plusieurs enjeux majeurs. Les plus directement liés au
projet sont les suivants:
1) la conservation de la communauté de poissons et de ses
habitats dans la rivière Rupert;
2) la poursuite des activités de chasse, de pêche
et de piégeage par les Cris;
3) l'intérêt récréatif et paysager de
la rivière Rupert;
4) les retombées économiques pour les
communautés cries et jamesiennes.
Le maintien de la communauté de poissons constitue un
enjeu majeur : soit la capacité de production et des fonctions d'habitat
du tronçon à débit réduit de la rivière
Rupert (en aval du PK 314). Une attention spéciale doit être
accordée aux activités de pêche traditionnelle du cisco de
lac anadrome au site de Smokey Hill (près de Waskaganish), ainsi qu'aux
espèces suivantes : l'esturgeon jaune, le doré jaune, le grand
brochet et le grand corégone. Le projet affectera une trentaine de lots
de trappe rattachés à six communautés cries. Les
utilisateurs du territoire provenant de la communauté de Mistissini
seront surtout affectés par la création des deux biefs, alors que
ceux de Nemaska et de Waskaganish le seront par la
réduction des débits de la rivière
Rupert. Les utilisateurs provenant des communautés d'Eastmain et de
Wemindji seront affectés par une augmentation des débits du
réservoir Opinaca, du lac Boyd et du lac Sakami, alors que ceux de
Chisasibi auront à s'adapter à une augmentation des débits
de La Grande Rivière. Dans le tableau 12 ci-dessous, nous
présentons en détails les superficies des lots de trappe Cris qui
seraient ennoyés par les biefs pour le projet retenu.
Tableau 12.- Superficies des lots de trappe Cris
ennoyés par les biefs
Lot
|
Communauté(s)
|
Perte (Km2)
|
Pourcentage (%)
|
M25
|
Mistissini
|
214.9
|
15.5
|
M18
|
Mistissini
|
54.6
|
4.9
|
M33
|
Mistissini
|
34.8
|
1.5
|
M26
|
Mistissini
|
15.8
|
2.3
|
R21
|
Nemaska
|
11.5
|
1.7
|
R19
|
Nemaska
|
4.9
|
0.4
|
N25
|
Nemaska
|
1.5
|
0.1
|
Source : MDDEP, 2006
La rivière Rupert est très utilisée par
les Cris de Waskaganish, de Nemaska et de Mistissini lors de leurs
déplacements en embarcation ou en motoneige et sert également
à des activités de transmission des traditions chez les Cris,
telles les randonnées de brigades de canots. Plusieurs campements
permanents et temporaires cris ont été construits le long de
cette rivière. Certains, tels les campements en rive gauche, à
l'est du lac Nemiscau ainsi que ceux de Vieux-Nemaska et de Gravel Pit,
comprennent plusieurs habitations. De plus, la rivière Rupert fait
l'objet d'expéditions en canot et en kayak à des fins
récréatives. Le maintien de la navigabilité, de
l'intérêt récréatif et paysager de la rivière
et la mise en valeur de son potentiel touristique ont suscité de fortes
préoccupations chez les utilisateurs. Les populations cris et
jamesiennes ont exprimé le souhait de voir le promoteur
privilégier les retombées économiques dans leur milieu, en
terme de l'attribution des contrats, du fractionnement des travaux et des
achats de biens et de services afin d'accorder aux entreprises
régionales une participation aux appels d'offre, à la
création d'emplois et à la formation de la main d'oeuvre.
Le projet retenu par le promoteur se situe dans la partie sud
d'un vaste territoire où des aménagements hydroélectriques
majeurs ont été réalisés au cours des trente
dernières années. Le complexe La Grande y a d'abord
été implanté entre les années 1970 et 1990 et,
récemment, le projet Eastmain-1-A y a été
réalisé et devrait être déjà
complété depuis 2007.
6.1.4.- L'estimation de coût du projet en termes
monétaires et sa rentabilité
Le coût global prévu de l'aménagement
hydroélectrique Eastmain-1-A et dérivation Rupert est de 3 946,0
millions de dollars28, soit :
· 2 043,5 millions de dollars pour la dérivation
partielle de la rivière Rupert;
· 1 179,2 millions de dollars pour la centrale de
l'Eastmain-1-A;
· 723,2 millions de dollars pour la centrale de la
Sarcelle.
Ce coût ne comprend ni les montants de l'entente avec
la municipalité de Baie- James (300 millions de dollars), ni les
montants alloués pour les fonds prévus dans la Convention
Boumhounan (43,65 millions de dollars), ni les coûts d'intégration
au réseau (185 millions de dollars). À cela, il faut ajouter les
coûts de transport pour le projet qui seraient évalué
à 179,7 millions de dollars.
Lors des audiences publiques, plusieurs intervenants ont
souligné le fait que le prix de revient du projet devrait inclure
l'ensemble des coûts de transport et des diverses ententes signées
avec le milieu. D'autres ont insisté sur la contribution du promoteur au
Fonds des générations et sur les redevances qu'il doit maintenant
verser au gouvernement pour l'utilisation des forces hydrauliques à
compter de janvier 2007. Mentionnons à cet effet que le promoteur, dans
son plan stratégique rendu public en juin 2006, a précisé
que le fonds serait alors alimenté par les redevances hydrauliques
calculées sur une base de 3,28 $ par 1000 kWh produits et par les
bénéfices provenant des exportations.
Concernant le coût du projet, le Comité
provincial d'Examen sur le projet (COMEX)29 considère qu'il
n'est pas de son mandat d'argumenter sur l'évaluation de ces coûts
et leur
28 Ne tient pas compte des coûts sociaux et
environnementaux. Celui-ci ne représente que les coûts
monétaires associés au projet. Ici, le coût total du projet
n'est qu'un estimé, la valeur exacte n'est pas disponible.
incidence sur la rentabilité. Toutefois, l'ensemble de
l'information indique que le coût du KW/h produit se fixe entre 4,4 et
4,8 cents, ce qui est nettement avantageux par rapport aux autres projets
hydroélectriques envisagés ou à la filière
éolienne.
6.2.- Portrait de la population de la zone d'implantation
du projet
L'occupation du territoire de la Baie -James est
partagée entre deux communautés distinctes, soit les Cris et les
Jamesiens. D'un côté, la société Cris a connu une
évolution démographique très rapide au cours des 30
dernières années. La population active a augmenté de 37 %
de 1976 à 2001, comparativement à 34 % pour l'ensemble du
Québec (MDDEP, 2006). La majorité des communautés Cris a
connu un développement économique important depuis 1975. Durant
cette période, les Cris sont passés d'une économie
largement dépendante des activités traditionnelles et des
prestations sociales, au début des années 1970, à une
économie basée sur l'emploi tributaire du développement
communautaire et institutionnel. Les revenus du secteur sont devenus nettement
supérieurs à ceux d'activités telles que la chasse, la
pêche et la trappe. De plus, le secteur des services (tertiaire) dans les
communautés cries, qui a fourni une grande partie des emplois au cours
des 30 dernières années, est maintenant saturé. À
l'heure actuelle, les communautés cries connaissent des taux de
chômage importants, en particulier pour les jeunes.
À l'inverse, la population jamesienne, surtout
concentrée au sud du territoire de la Baie - James dans les villes de
Chapais, Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon et Matagami, a diminué
de 20 % entre 1971 et 2001. Au début des années 1970,
l'économie jamesienne était basée principalement sur
l'exploitation des ressources forestières et minières. Depuis
1997, la faiblesse du prix des métaux sur le marché mondial a
entraîné une baisse significative de l'économie
minière dans la région. Le secteur forestier a également
vu son niveau d'activité économique diminuer à cause de
différents facteurs externes. La proportion d'emplois associés au
secteur primaire a connu une baisse considérable entre 1991 et 2001,
passant de 15 % à 8 % (MDDEP, 2006).
29 Le COMEX est un organisme indépendant
créé en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord
québécois (CBJNQ), composé de trois
représentants nommés par le Gouvernement du Québec et de
deux représentants nommés par l'Administration régionale
Crie.
6.3.- Rappel de la démarche des consultations de
terrain
La démarche retenue pour étudier ce cas est la
méthode qualitative. Ce choix a été dicté par notre
volonté d'immersion et d'acceptation au sein de l'entreprise assurant
qualité et exhaustivité des données sur des questions
confidentielles. Afin d'améliorer la qualité de l'analyse des
données, conformément à la volonté des
répondants, nous avons enregistré certains entretiens. En
échange des comptes rendus, nous avons compilé des informations
d'entretiens et de réunions disponibles sur la formulation de la
stratégie de développement durable.
Dans un premier temps, nous avons analysé toutes les
données qui sont disponibles sur le projet. Pour des fins d'analyse,
nous avons consulté des rapports et des commentaires disponibles. Nous
avons également consulté les archives de plusieurs organismes
dont le Ministère québécois de Développement
durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP), le Comité provincial
d'examen sur le projet (COMEX) et les rapports d'experts indépendants
produits sur le projet.
Dans un second temps, nous avons procédé
à l'étape d'entretiens avec les répondants. Certains
entretiens ont été réalisés sur rendez-vous et
d'autres par téléphone qui implique plusieurs personnes ayant des
fonctions différentes. Une douzaine d'entretiens formels ont
été effectués au cours de cette période impliquant
cinq (5) professionnels de gestion de projet. Cette étape de
consultation et d'enquêtes de terrain s'est échelonnée sur
une période de trois (3) mois, allant de janvier à mars 2008. A
titre indicatif, les documents utilisés représentent les comptes
rendus de plusieurs organismes et d'entretiens réalisés.
Plus précisément les données regroupent
:
· Les comptes rendus d'entretiens avec un (1) Cadre de
gestion de projet à l'entreprise d'Hydro-Québec et un (1)
Conseiller en environnement à la Société d'Energie de la
Baie-James (SEBJ) ;
· Les comptes rendus d'entretiens
téléphoniques avec les parties prenantes locales (Ted Moses, un
représentant des communautés Cries) dans la zone d'implantation
du projet considéré ;
· Les comptes rendus de quelques groupes
écologistes (Coalition Révérence Rupert, AQLPA de
Lévis, Green peace, Univert Laval, etc.) ;
· Les comptes rendus de plusieurs réunions du
Comité provincial d'examen (COMEX);
· Les commentaires d'autres chefs de projet au
Québec sur la thématique du développement durable. C'est
le cas de Véronique Tousignant, Sylvain Arsenault, Sheila Pitre,
François Lajoie, ect.
6.4.- Analyse de contenu
Dans une interprétation du ministère
québécois du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs (MDDEP), le concept de développement
durable a fait l'unanimité. Quelque soit la définition
utilisée pour ce concept et la façon de le mettre en application,
l'intégration en un tout opérationnel des dimensions sociales,
économiques et environnementales du développement reste toujours
le fondement pour l'atteinte d'un développement qui est durable. Hors de
tout doute, le Québec se dirige vers la mise en application des trois
grands objectifs du développement durable : le maintien de
l'intégrité de l'environnement, l'amélioration de
l'équité sociale et l'amélioration de l'efficacité
économique. Selon le MDDEP, l'étude d'impact du projet est
réalisée avec la participation des citoyens dans le processus de
planification et de décision. Le projet s'appuie sur une approche de
planification rationnelle et intégrée qui tient compte des liens
entre ses composantes et les choix de réalisation. Pour que
l'étude d'impact représente un instrument efficace à
l'appui du développement durable, elle doit intégrer les
dimensions sociales, environnementales et économiques de façon
à satisfaire les besoins de la population locale (à
proximité des travaux) et de celle qui est desservie par le projet.
La conception, l'analyse, la réalisation des travaux
proposés et l'exploitation des installations prévues par le
présent projet sont menées en accord avec les objectifs du
développement durable. Ces politiques sont énoncés dans le
document Notre environnement d'Hydro-Québec ainsi que dans le
respect de la réglementation environnementale et de
l'amélioration continue en matière d'environnement,
affirmés par l'accréditation de l'entreprise à la norme
ISO 14001 et celle ISO 9001. De plus, dans le cadre de la présente
évaluation environnementale, la division Hydro-Québec Production
a souhaité
une intégration optimale du projet dans le milieu en
recherchant une connaissance la plus exacte de ce dernier, cherchant les
impacts prévisibles et les préoccupations des différents
groupes concernés. Le milieu d'accueil a été
consulté à plusieurs reprises et ses préoccupations et ses
attentes ont été prises en considération.
Cette division d'Hydro-Québec a cherché en
quelque sorte à préserver l'intégrité des
éléments sensibles de l'environnement, tout en tenant compte des
préoccupations des citoyens et des aspects économiques de la
réalisation du projet. En outre, l'entreprise privilégie
l'optimisation de ses installations existantes à l'intérieur de
son parc de production et elle favorise les activités d'innovation
centrées sur le développement d'équipements hautement
performants et ayant une longue vie utile. Hydro - Québec Production
rejoint ainsi les objectifs de l'amélioration de l'efficacité
économique et de l'utilisation efficace des ressources. La
réfection et la prolongation de la vie utile de la centrale se rangent
parmi les efforts destinés à promouvoir la
pérennité des installations dans les milieux où elles sont
déjà intégrées et où un partenariat et une
collaboration avec les collectivités locales sont déjà
établis. C'est le cas, par exemple, du projet du complexe
nucléaire de Gentilly (Rapport annuel d'Hydro-Québec, 2006). Le
maintien de relations fructueuses avec les collectivités locales
contribue pour sa part à l'amélioration de l'équité
sociale.
Par ailleurs, l'Hydro-Québec Production gère et
entretient ses installations de manière à éliminer les
risques d'atteinte à l'intégrité physique de ses
employés et de la population. Elle a mis en place un plan d'action
visant une meilleure gestion de ses déchets solides et non, et elle
assure la récupération des matières dangereuses.
6.4.1.- Les constats de la consultation publique
Les audiences publiques, tenues sur le projet et ses impacts,
ont révélé que la communauté Cries, dont la
démographie augmente rapidement, est divisée sur le projet. En
effet, il se dégage des audiences publiques que tous les Cris sont
attachés à leur culture et considèrent que la pratique de
la chasse, de la pêche et de la trappe constitue une valeur fondamentale
de la société Cri. D'autre part, une partie d'entre eux veut
s'inscrire dans la
modernité avec les modifications des valeurs
traditionnelles que cela entraîne. Le COMEX tient à souligner
qu'il est parfois difficile de séparer les causes des modifications
sociales profondes qu'ont connues ces communautés puisque ce projet de
développement hydroélectrique réalisé par le
promoteur a coïncidé avec l'arrivée de la
modernité.
À Chibougamau et Montréal, l'accent est de
préférence mis sur les retombées économiques d'un
tel projet par le biais des contrats octroyés et des emplois
créés ainsi que les opportunités de développement
régional et de développement de l'expertise qui en
résulteraient. Le COMEX comprend que ce projet, qui nécessite des
investissements de plus de quatre (4) milliards de dollars, représente
un moteur économique important et, dans certains cas, une bouffée
d'oxygène pour les régions éprouvées par le
ralentissement des activités dans d'autres secteurs de l'exploitation
des ressources naturelles. Rappelons que la perspective d'emplois liée
à ce projet a également suscité des espoirs auprès
de certains membres des communautés locales qui y voient une
possibilité de développement et une solution au manque chronique
d'emplois pour les jeunes dans la région. Cette réflexion n'a pas
fait l'unanimité au sein des communautés locales, puisque selon
Coalition Révérence Rupert le projet va probablement produire
plus d'effets négatifs que positifs à long terme sur la
société.
· Les impacts environnementaux et
sociaux
Ce projet entraîne une réduction du débit
de la rivière Rupert du PK 314 jusqu'à son embouchure. Cette
réduction de débit oscille entre 71 % au point de
dérivation et 51 % à l'embouchure dans la baie de Rupert par
rapport au débit moyen annuel. Malgré le maintien d'un
régime de débits réservés, la restitution d'un
débit correspondant à l'hydrogramme moyen naturel dans les
rivières Lemare et Nemiscau et la construction de neuf (9) ouvrages de
contrôle le long du tronçon à débit réduit,
il est indéniable que l'aspect de la rivière changera et que ces
modifications anticipées suscitent des questions et des
inquiétudes de la part des utilisateurs. Du point de vue des impacts
biophysiques, le promoteur a pris un
certain nombre d'engagements qui vont du suivi
environnemental à des mesures correctrices (aménagement de
frayères, ensemencement des berges, ouvrages de franchissement pour les
poissons, etc.) pour mieux définir ou corriger les impacts
anticipés. Le Comité d'Examen (COMEX) conclut que ces efforts
sont adéquats et vont dans la direction souhaitée,
c'est-àdire le maintien d'une rivière « vivante » et
attrayante du point de vue de la pérennité des espèces qui
s'y retrouvent actuellement ainsi que le maintien des multiples usages.
Le promoteur s'est engagé à respecter les
principes de la gestion adaptative pour le régime des débits
réservés écologiques prévu en aval du point de
dérivation de la rivière Rupert. Cette mesure
d'atténuation, qui est en fait partie prenante de la conception du
projet, a suscité beaucoup d'intérêt lors de l'analyse du
projet. Le COMEX reconnaît que l'exercice effectué par le
promoteur pour l'établissement d'un tel régime a
été très poussé et se situe au-delà des
efforts habituellement déployés dans les projets
d'aménagements hydroélectriques qui comportent une
réduction du débit dans un tronçon de cours d'eau. Par
contre, la nature même du projet et l'envergure des travaux commandent un
effort aussi considérable sur ce plan puisque la diminution du
débit dans 314 km de la rivière Rupert a des impacts
indéniables sur un ensemble de facteurs dont la faune piscicole, le
paysage, la navigation et la pratique des activités traditionnelles. Le
COMEX conclut que l'application du principe de gestion adaptative des
débits réservés permet, si besoin est, de réviser
ce régime pour corriger un impact détecté à
posteriori par les multiples suivis environnementaux que le promoteur doit
effectuer ou par les observations des usagers du territoire.
Les recommandations du COMEX concernant les impacts
biophysiques sont en grande partie axées sur le dépôt
auprès de l'Administrateur30 pour approbation des
différents programmes de suivi environnemental et des résultats
obtenus. Ces conditions d'autorisation feront en sorte que l'évaluation
des impacts réels et le succès des mesures
d'atténuation
30 La sous-ministre du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs agit à titre d'Administrateur provincial de
la Convention de Baie-James. Elle est chargée de prendre la
décision sur la délivrance du certificat d'autorisation.
seront constamment suivis par les instances responsables de
l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement et du rapport
de la CBJNQ. Des ajouts ont cependant été faits par rapport aux
indicateurs de suivi que le promoteur avait retenus dans son étude
d'impact dans le but de compléter l'évaluation du milieu et des
impacts après la mise en exploitation des ouvrages. Afin de corriger en
partie les lacunes dans la diffusion de l'information récoltée
par le promoteur sur le territoire sur l'évolution des
écosystèmes, il est également demandé que le
promoteur incorpore les communautés locales dont les Cris dans la
planification, la réalisation et la diffusion des résultats des
différentes campagnes de suivi. Cette condition requiert deux objectifs,
soit la diffusion de l'information et l'apprentissage des nouveaux milieux
créés par le projet. Elle vise à corriger une situation
que les audiences publiques ont mise en lumière, soit la perception
très négative qu'ont les communautés locales sur la
pratique des activités traditionnelles dans les milieux modifiés
par les projets hydroélectriques antérieurs.
Le COMEX considère également que le promoteur
peut bénéficier des idées et des connaissances des Cris
dans la planification des programmes de suivi environnemental et dans la
réalisation des mesures d'atténuation. Cela pourra être
l'occasion pour le promoteur d'innover dans ce domaine, notamment pour les
mesures prévues d'atténuation et de compensation pour favoriser
la pratique de la chasse et de la pêche, en tenant compte du savoir
traditionnel. Cette entente incluant les parties concernées par le
projet s'efforce, dans la mesure du possible, d'harmoniser les processus
d'évaluation pour éviter le dédoublement et travaillent
ensemble afin d'assurer des évaluations efficaces et appropriées.
Cette stratégie de gestion va permettre aux décideurs d'obtenir
sans doute de résultats escomptés par rapport aux objectifs
économiques, sociaux et écologiques préalablement
définis. Dans les paragraphes qui suivent, nous présentons les
effets probables du projet sur la pratique des activités
traditionnelles. Nous analysons seulement les impacts du projet sur les
activités traditionnelles des communautés locales.
6.4.2.- Le processus d'analyse des impacts du projet
sur la pratique des activités traditionnelles
Au prime abord, nous avons réalisé le bilan des
principales composantes de l'utilisation des terrains, des pratiques
d'exploitation des ressources ainsi que des éléments susceptibles
d'être affectés par le projet à partir de documents qui
rassemblent de nombreuses entrevues de maîtres de trappe et
d'utilisateurs des lieux d'usages communautaires. Ces témoignages, qui
ont été recueillis lors des audiences publiques, ont servi
également à compléter ce bilan. À partir des
informations qu'a fournies le promoteur concernant les impacts attendus du
projet et les données spécifiques d'utilisation du territoire
tirées du bilan, nous avons réalisé une analyse des
modifications potentielles du territoire et des adaptations nécessaires
pour poursuivre nos commentaires.
Au résultat de cette analyse s'ajoutent les mesures
d'atténuation et de compensation que le promoteur ou les utilisateurs
ont proposées pour faciliter la poursuite des activités en
fonction des nouvelles conditions ou pour compenser la perte ou la modification
majeure de secteurs d'exploitation.
Enfin, la portée des nombreux suivis environnementaux
proposés par le promoteur permet d'évaluer l'importance de
l'impact résiduel. Ces suivis permettront non seulement de valider
l'importance des impacts et l'efficacité des mesures
d'atténuation, mais également de faire participer la population
locale aux relevés de terrains, d'informer ces derniers des
résultats concrets et d'encourager la réappropriation du
territoire modifié par les utilisateurs. Une part notable de l'analyse
finale repose sur la satisfaction des maîtres de trappe et des
utilisateurs du territoire. Ceux-ci se sont prononcés lors des entrevues
menées par le promoteur et au cours d'audiences publiques qui se sont
déroulées dans les communautés. Leurs commentaires
constituent une part importante de l'analyse finale puisqu'ils sont les
personnes indiquées qui peuvent le mieux évaluer les effets des
impacts du projet sur leurs activités traditionnelles
· Les impacts du projet sur la pratique des
activités traditionnelles des communautés locales
Concernant ces impacts, sept (7) terrains de chasse seront
directement affectés par la création des biefs Rupert. Les
informations relatives à la superficie totale de ces terrains n'ont pas
pu être précisées car les chiffres ne sont pas disponibles.
Les portions de territoires ennoyés, variant entre 0,13 % et 15,42 % des
terrains, ne seront plus disponibles pour la chasse et la trappe et
l'augmentation des concentrations en mercure dans les poissons risquent de
détourner les utilisateurs de ces secteurs pour une assez longue
période. Ces espaces ennoyés sont principalement
concentrés sur quatre terrains de chasse de la communauté de
Mistissini, lesquels sont assez grands pour que les utilisateurs puissent en
exploiter d'autres secteurs. Cinq (5) camps permanents et 36 camps temporaires
devront être déplacés et plusieurs lieux valorisés
seront affectés soit par l'ennoiement, soit par la construction
d'infrastructures. Quant à la rivière Rupert en aval de l'ouvrage
de contrôle, bien que les conditions de débit seront
différentes, les activités traditionnelles pourront se poursuivre
grâce aux ouvrages hydrauliques mis en place pour maintenir les niveaux
d'eau. Les modifications du territoire telles que l'exondation de certaines
rives et la baisse, plus ou moins importantes, du niveau d'eau dans certains
tronçons, exigeront que les utilisateurs adaptent leurs pratiques de
chasse et de piégeage en rive, leurs techniques de pêche et leurs
habitudes de déplacement. Des incertitudes subsistent quant aux effets
de la réduction du débit sur le site de pêche d'usage
communautaire de Smokey Hill, situé sur le territoire de la
communauté de Waskaganish. Dans le secteur à débit
augmenté, les conditions seront similaires à celles qui
prévalent à l'heure actuelle.
6.5.- Portrait du modèle de gestion
utilisé par l'entreprise « promoteur » du projet
Nous avons présenté précédemment
plusieurs commentaires à propos des modèles de gestion
utilisés, dont PIPO, GCP et GAR. Nous avons expliqué qu'ils ont
découlé de
l'analyse du cadre logique. Ces modèles ont la
même base méthodologique, soit celle de l'analyse des parties
prenantes.
Depuis nombreuses années, on continuait de croire que
la durée et l'importance des phases d'activités sont les seules
variantes qui différencient les projets entre eux. L'environnement
externe d'un projet a beaucoup évolué. Plusieurs variables
considérées domestiques dans le passé deviennent
actuellement externes par rapport au projet. Celles-ci risquent de compromettre
les objectifs de réalisation des projets et, conséquemment, les
facteurs environnemental et social deviennent la cible centrale à viser
par une entreprise pour acquérir un avantage décisif voire
concurrentiel (Persais, 2004).
Regroupées souvent les communautés locales,
l'implication des parties prenantes dans la gestion des processus de
décision est de plus en plus une nécessité. La
réussite d'un projet court un risque énorme aujourd'hui si la
planification se fait sans l'appui de ces acteurs stratégiques. Dans
cette optique, nous allons donc analyser le modèle de gestion
utilisé par une filiale d'Hydro-Québec et plus
particulièrement le cas du projet de l'Eastmain1-A et dérivation
Rupert. L'analyse porte particulièrement sur la stratégie de
gestion adoptée par ce promoteur vis-à-vis de ses parties
prenantes.
6.5.1.- Éléments de développement
durable
Le projet de la centrale hydroélectrique et
dérivation Rupert suit une séquence d'activités bien
établies. Celui-ci est découpé en quatre (4) phases
d'activités en terme d'objectifs de réalisation. L'ensemble des
phases du projet sont cependant résumés dans une matrice de
l'annexe 3 du document.
Pour une analyse de développement durable, les
données concernent la filiale d'Hydro-Québec en termes d'efforts
réalisés par rapport à trois objectifs
généraux, soit le maintien de l'intégrité de
l'environnement, l'amélioration de l'équité sociale et
l'amélioration de l'efficacité économique. L'analyse de
l'importance de chaque pilier quant à la stratégie de gestion
adoptée est la suivante.
Le pilier écologique
Étant le fruit de multiples consultations avec les
publics intéressés, le projet de l'Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert
se caractérise par l'ampleur des mesures intégrées
à sa conception, destinées à préserver
l'environnement et à tenir compte des préoccupations
exprimées par le milieu d'accueil. Grâce à une combinaison
de digues et de canaux qui facilitent l'écoulement de l'eau, la
création des biefs Rupert entraîne un ennoiement minimal du
territoire. Par ailleurs, un important débit réservé
écologique et des seuils prévus sur la Rupert permettront de
protéger les habitats du poisson, de préserver le paysage et de
maintenir la navigation ainsi que les activités pratiquées sur le
territoire.
Autre fait à signaler, les Cris participent à
toutes les étapes de réalisation du projet, de la conception
jusqu'au suivi environnemental. Les connaissances acquises au moyen des
nombreuses études environnementales ainsi que les connaissances
traditionnelles ont également influencé la conception du projet
et l'élaboration des mesures d'atténuation. Les
éléments qui sont pris en compte à l'étape de
conception :
· Ennoiement minimal du territoire ;
· Instauration d'un régime de débits
réservés écologiques au point de coupure de la
rivière Rupert ;
· Maintien d'un débit équivalent au
débit naturel des rivières Lemare et Nemiscau ;
· Aménagement d'ouvrages hydrauliques sur la
rivière Rupert pour protéger les communautés de poissons
et leurs habitats, préserver le caractère naturel de la
rivière ;
· Maintenir la navigation et l'utilisation du territoire
sur certains de ses tronçons ;
· Garantie de l'approvisionnement en eau potable de
Waskaganish.
Le pilier social et sociétal
L'acceptabilité sociale est une condition essentielle de
la survie des projets. Un projet de développement a des
conséquences sociales au niveau de tous les échelons dont les
fournisseurs, les employés, les clients, les
entreprises locales, les citoyens et la société en
général. Dans le cas étudié, l'acceptation sociale
repose principalement sur l'établissement d'une bonne entente avec les
Cris de la Baie-James et les Jamesiens ainsi que sur un processus
d'autorisations gouvernementales provinciales et fédérales.
La signature de la Paix des Braves entre le gouvernement du
Québec et les Cris du Québec, le 7 février 2002, a
marqué une étape historique dans l'établissement d'une
nouvelle relation avec les Cris de la Baie-James. Dans cette entente, les Cris
donnent leur accord de principe à la réalisation du projet sous
réserve des conditions prévues à la Convention
Boumhounan signée le même jour. Cette étape a fait
l'objet d'un référendum préalable tenu dans les
communautés cries et à l'issue duquel le résultat s'est
avéré favorable à près de 70 %. L'entreprise
Hydro-Québec a intégré les préoccupations des
parties concernées à toutes les étapes de conception du
projet. Le savoir traditionnel de la communauté des Cris a
été pris en compte dans les études environnementales,
grâce notamment à la participation des communautés aux
inventaires sur le terrain.
Durant la réalisation du projet, les Cris participent
aux études environnementales et aux travaux. L'entreprise
Hydro-Québec a établi une bonne relation avec la
communauté jamesienne par la mise en place des Tables d'Informations et
d'Échanges (TIE) qui ont permis de prendre en compte leurs
préoccupations dès le début des études de
faisabilité. Une entente est intervenue avec la région Nord du
Québec sur un portefeuille de mesures incitatives aux retombées
économiques régionales. De plus, les gouvernements provincial et
fédéral ont appliqué un processus d'autorisation du projet
qui a permis de s'assurer du respect de la législation en vigueur et de
la participation du public à l'encadrement et à la
réalisation de l'étude d'impact. L'entreprise Hydro-Québec
et le milieu d'accueil projet se concrétisent dans le sens
souhaité.
Le pilier économique
Ce pilier se réfère à la performance
financière du projet. Un projet de développement durable doit
avoir la capacité de contribuer au développement
économique de la zone d'implantation.
Dans le cas étudié, le projet de
l'Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert engendrera des retombées
économiques majeures pour le Québec, plus particulièrement
pour les communautés concernées par le projet. Ce projet se
démarque sur le plan de l'efficacité économique
grâce à la maximisation de la capacité de production de
plusieurs centrales existantes. Cette utilisation optimale de l'eau s'inscrit
dans les principes mêmes du développement durable. Le coût
de production de l'électricité, estimé à 5,1
cents/KW/h en 2011, bénéficiera aux générations
futures.
Plusieurs mesures ont été envisagées
pour favoriser les retombées. La Convention Boumhounan
prévoit diverses mesures pour faciliter la participation des entreprises
et travailleurs cris :
· négociation de gré à gré de
contrats d'une valeur de 240 millions $ ;
· représentations auprès de la CCQ pour
faciliter l'emploi des Cris ;
· l'embauche d'un conseiller Cri à l'emploi ;
· fond de 1,5 million $ pour la formation théorique
et en milieu de travail des travailleurs Cris ;
· attribution de contrats d'une valeur de 45 millions $ en
exploitation ;
· priorité aux entreprises régionales pour
les contrats et les achats de moins de 1 million $ ;
· clause de sous-traitance régionale pour inciter
les grands entrepreneurs s'approvisionner localement ;
· embauche d'un agent de chantier pour faire la promotion
des entreprises jamesiennes ;
· partenariat financier d'une durée de 50 ans avec
la municipalité de Baie- James.
L'aménagement de l'Eastmain-1 (2002-2006) a
montré que l'application de diverses mesures d'optimisation de concert
avec les intervenants du milieu permettait d'accroître significativement
la participation des travailleurs et entreprises. Le programme de suivi
permettra d'établir les retombées économiques
réelles, de les comparer aux prévisions et de valider
l'efficacité des mesures prises pour favoriser la participation des
entreprises et des travailleurs Cris et jamesiens au projet ainsi que celle des
régions de l'Abitibi-Témiscamingue et du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
De toute évidence, le respect de l'environnement est
nécessaire aux deux autres piliers (social, économique). Il
exprime la compatibilité entre l'activité sociale du promoteur et
le maintien de la biodiversité et des écosystèmes.
L'entreprise a réalisé une analyse des impacts de son
développement social et de ses résultats, en termes de flux, de
consommation de ressources non renouvelables, ou en termes de production de
déchets et d'émission polluantes. Une analyse des trois piliers
du développement durable démontre que le promoteur a
adopté une forme de gouvernance, laquelle consiste en la participation
de tous les acteurs, tels que les communautés locales, les groupes
d'écologistes,..., au processus de décision.
6.5.2.- Avenir des communautés locales par rapport
au projet
Ce projet vient structurer et mettre en pratique la paix des
braves signée en 2002 entre la communauté Cries et le
Québec, a-t-il ajouté le Comité d'Examen (COMEX). Celui-ci
vient fournir aux communautés locales une occasion d'orienter leur
développement futur par la création d'emplois et d'entreprises
qui contribueront à long terme à leur essor économique.
C'est dans cet esprit que le COMEX insiste sur les relations futures entre le
promoteur et la population locale et en tablant sur les opportunités que
ce projet représente sans pour autant perdre de vue les
particularités de la société des Cris ainsi que le fait
que cette dernière occupe un territoire qu'elle partage avec des
Jamesiens qui ont, tout autant qu'eux, à coeur que cette occupation soit
permanente et harmonieuse.
Le développement hydroélectrique a fortement
marqué la communauté Cris des 30 dernières années.
Il est à l'origine de la signature de la Convention de la Baie-James et
du Nord Québécois (CBJNQ) et de l'entrée de la
société Cris dans la modernité. La paix des braves,
signée en 2002, a aussi comme fondement le développement du
territoire par le biais de l'hydroélectricité. Le COMEX, comme
organisme de la convention, a été un témoin
privilégié des débats et des secousses qui ont
agité la société crie et des difficultés
d'adaptation qu'elle vit actuellement. Avec le projet Eastmain-1A et
dérivation Rupert, il souhaite que cette société entre
dans une nouvelle ère caractérisée par la volonté
des Cris de prendre leur avenir en main.
Pour ce faire, ils doivent conserver cet attachement aux
valeurs fondamentales de leur société qui leur ont permis de
survivre et de grandir comme nation tout en profitant des opportunités
qui se présenteront pour améliorer leur bien-être
individuel et collectif. Cet équilibre ne pourra être atteint
qu'en maintenant une ouverture sur le monde extérieur et des relations
positives avec l'ensemble de la société québécoise.
La Banque Mondiale a elle- même souligné à plusieurs
reprises le caractère exemplaire des projets hydroélectriques
de
la Baie - James, notamment sur le plan des efforts
consacrés par l'entreprise Hydro-Québec à
l'intégration des communautés locales à toutes les
étapes de leur réalisation, a précisé (2006) dans
une étude indépendante ayant été
réalisée par la firme CIMA+.
6.5.3.- Plan de communication adopté
vis-à-vis des communautés locales
Le Comité d'Examen sur le projet,
désigné ci-après COMEX, est l'organisme qui fait le relais
les catégories d'acteurs impliqués au projet. Le COMEX est un
organisme indépendant créé en vertu de la Convention
de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ),
composé de trois représentants nommés par le Gouvernement
du Québec et de deux représentants nommés par
l'Administration régionale Crie. Cet organisme joue à la fois un
rôle de communication et de médiation de premier rang au sein du
projet. Le mandat du COMEX consiste à faire sur une base
régulière des recommandations utiles aux acteurs impliqués
au projet (promoteur, MDDEP, etc.). L'organisme COMEX établit la mise en
place d'un processus de consultation continu avec la population locale, comme
le démontre le schéma 3 ci-dessous.
Gouvernement du Québec : MDDEP, ...
COMEX
Groupe d'écologistes
Communautés Locales Cries
Entreprises locales
Régroupements politiques
...
Flux informationnel : En interaction :
TABLES
D'INFORMATION
ET
D'ÉCHANGES
( HYDROQUÉBEC) :
Société d'Énergie de la Baie- James
P A
R
T
I E
S
E
X T E
R N E
S
P A
R
T
I E
S
I N
T E
R N E
S
Schéma 3.- Plan de communication adopté
vis-à-vis des communautés locales
Ce comité est d'avis que cette consultation
auprès des communautés locales devrait se faire à toutes
les phases du projet dans le but de connaître leurs points de vue sur la
réalisation du projet dans son ensemble, ses impacts ainsi que sur
l'efficacité des mesures d'atténuation qui auront
été réalisées. Il privilégie les audiences
publiques comme mécanisme de consultation car elles permettent de
rejoindre un large public et d'aborder tous les aspects du projet. La plupart
des audiences seraient tenues par le COMEX et le promoteur a collaboré
à la mise en application de celles-ci. Le rapport produit par le COMEX
sur les enseignements à tirer de ces consultations a servi, entre
autres, à apporter des correctifs pour minimiser tout impact
résiduel. La participation des communautés locales est de plus en
plus évoquée comme partie intégrante du
développement durable. L'entreprise d'Hydro-Québec énonce
des intentions claires de lui faire une importante place et dans ce sens, il
s'inscrit à l'avant-garde en terme de développement durable. Nous
pensons qu'il serait pertinent d'intégrer directement les
communautés locales dans les équipes de réalisation, soit
à titre de salariés ou soit à titre de
bénévoles. C'est d'autant plus important que ce projet ait
d'éléments de développement durable.
Ce plan de communication favorise beaucoup
d'éléments permettant de répondre à la satisfaction
des besoins sociaux et aspirations individuelles. Entre autres, il respecte
très bien le principe de subsidiarité avec des intentions claires
d'implanter une Table d'Informations et d'Échanges sur
l'évolution du projet et en faisant appel aux ressources locales.
L'utilisation de ce modèle de communication permet d'identifier les
forces et les faiblesses du projet en termes d'objectifs de
développement durable afin de mettre en place un processus de
bonification.
En mettant de l'avant le développement durable comme
cadre de référence, les activités qui s'articuleront
autour des objectifs du projet pourront gagner en cohérence et les
chargés de projet qui devront les réaliser pourront être
encouragés à garder le cap sur l'image de l'entreprise «
promoteur ».
6.6.- Méthodologie adoptée pour
l'identification des parties prenantes au projet : une application du
modèle de David Cleland
Nous sommes partis avec cinq blocs d'information pour
illustrer notre démarche d'identification de parties prenantes, comme
nous indiquons dans la figure précédente (fig. 6, p-85). Cette
démarche nous permet de mesurer le potentiel de menace ou de
collaboration des parties prenantes impliquées au projet. Tel que
présenté précédemment, l'analyse porte donc sur les
éléments suivants
· Caractéristiques ;
· Intérêts/attentes ;
· Sensibilité/respect vis-à-vis des aspects
transversaux ;
· Potentialités/faiblesses ;
· Implications/contributions
Selon cette méthodologie, nous avons identifié
les parties prenantes primaires et les parties prenantes secondaires. La
catégorie de parties prenantes primaires a la responsabilité et
l'autorité de contrôler les ressources financières et
humaines durant le cycle de vie du projet. Elles regroupent principalement les
personnes qui ont un engagement direct avec le projet. Elles sont dites «
transactionnelles » et sont les premières responsables de la
continuité et le succès du projet.
Nous avons ensuite identifié une deuxième
catégorie de parties prenantes dites secondaires, qui sont celles
n'ayant aucun rapport formel avec le projet. Cette catégorie de parties
prenantes regroupe l'éventail d'organismes et de citoyens qui agissent
en tant que colporteurs des questions d'environnement et de
développement durable. Les parties prenantes secondaires n'ont pas
présentement un droit formel pour participer dans la conception et dans
la planification, comparativement aux parties prenantes primaires. Pour
plusieurs auteurs, elles sont les plus pernicieuses à l'égard des
objectifs de réalisation du projet (Raynaud et Dontenwill, 2004). Le
schéma 4 présenté à la page suivante est une
illustration de notre réflexion quant à l'identification des
parties prenantes au projet étudié.
Schéma 4.- Cadre méthodologique
d'identification des parties prenantes
Environnement externe
Environnement interne
Projet étudié
Catégorie des parties
prenantes transactionnelles
Catégorie des parties
Prenantes interactionnelles
Cette grille d'identification et d'analyse de parties
prenantes reprend le formalisme de Freeman et du modèle de Cleland.
Comme l'indique le sens des flèches, plus l'on s'éloigne du
projet, moins sera grand le niveau d'influence par rapport au contrôle
des ressources disponibles (financières, humaines, matérielles,
etc).
Cependant, en dépit du changement continu dans les
valeurs sociales, de la rapidité de circulation des informations entre
les groupes d'acteurs stratégiques, la catégorie des parties
prenantes interactionnelles (sont des groupes d'intérêt) devient
de plus en plus difficile à être endossée par le
gestionnaire du projet. Comme l'indique la couleur de l'intérieur des
rectangles, plus foncé est l'intérieur du rectangle, plus fort
pourrait être le niveau d'influence des parties prenantes quant à
l'atteinte des objectifs de réalisation de ce projet, tels que sociaux,
écologiques et économiques.
6.7.- Évaluation du modèle de gestion
exploité par l'entreprise « promoteur »
Nous avons démontré dans les paragraphes
précédents que le cycle d'un projet est fonction de plusieurs
variantes. Dans une stratégie de développement durable, la
gestion du cycle d'un projet nécessite plusieurs types d'analyse. Nous
pouvons considérer l'analyse des parties prenantes, l'analyse des
problèmes, l'analyse des objectifs et l'analyse des stratégies.
Il y a également lieu d'ajouter l'analyse
coût-bénéfice, l'analyse de l'efficacité et
l'analyse des risques, ect.
Suivant cette réflexion, l'entreprise a adopté
une approche intégrée de gestion des parties prenantes. Les
intérêts des communautés locales ont été pris
en compte dans les processus décisionnels. Dans ce cas
étudié, nous avons constaté que l'approche de gestion
adoptée par la filiale d'Hydro-Québec est apparemment identique
à celle que nous avons proposé tout au long de cette
étude. Les trois objectifs du développement durable ont
été intégrés dans la gestion des processus et sont
programmés dès la phase de planification du projet.
6.7.1.- La filiale d'Hydro-Québec
(Société d'Énergie de la Baie-James) et ses outils
d'analyse : une réflexion vers l'analyse cadre logique
Parmi les outils d'analyse qui seraient employés par
le promoteur, l'approche par parties prenantes, l'approche par problèmes
et l'approche par stratégies constituent la base méthodologique
pour une entreprise s'engageant dans une politique développement
durable. Cette réflexion reprend et complète le modèle
théorique illustré dans le cadre de cette étude. La prise
en compte des valeurs sociales, des priorités locales, des normes
environnementales dans la planification des différentes phases du projet
a permis au promoteur du projet de se rapprocher davantage de ses parties
prenantes.
Les résultats des étapes analytiques
décrites dans les paragraphes précédents auraient pu
être utiles à l'élaboration d'un cadre logique pour la
filiale d'Hydro-Québec.
L'absence de plusieurs éléments
caractéristiques du projet nous empêche d'établir un cadre
logique correct pour l'entreprise.
Toutefois, l'interprétation des données
obtenues indique clairement que le promoteur du projet a adopté une
approche de concertation permettant de prendre en compte les parties prenantes
écologiques et sociales dans ses stratégies de décision.
L'entreprise a donc adopté une réflexion qui l'a permis de
bonifier sa méthodologie de gestion et de reduire le niveau de risques
du projet étudié.
6.7.1.1.- L'approche par parties prenantes
Il y a lieu de distinguer deux outils d'analyse
exploités par la filiale d'Hydro-Québec : l'approche par parties
prenantes et l'approche par stratégies. Selon la réflexion
adoptée par la filiale d'Hydro-Québec, les stratégies de
gestion des parties prenantes sont étroitement liées à
l'approche par problèmes.
Compte tenu l'aspect central de cette étude, notre
analyse porte uniquement sur les parties prenantes externes du projet. Elles
sont réduites aux seules communautés locales afin de simplifier
notre analyse. Des groupes d'écologistes locaux soutiennent encore ces
parties prenantes interactionnelles dans leurs revendications. C'est le cas du
groupe Coalition Révérence Rupert qui continue de s'opposer par
rapport aux objectifs de réalisation du projet. Rappelons que la
Société d'Énergie de la Baie-James (la division
régionale d'Hydro-Québec) est le promoteur du projet de la
centrale hydroélectrique de l'Eastmain-1-A et dérivation Rupert.
En tant que délégataire de service public, cette entreprise n'a
pas de choix raisonnable que d'adopter une approche « parties prenantes
». Celle-ci a donc pris en compte les intérêts de multiples
acteurs internes et externes afin de sécuriser son activité sur
le plan commercial. En même temps, l'entreprise d'Hydro-Québec se
lance dans une nouvelle stratégie de politique
énergétique. Ce qui va permettre à celle-ci de bonifier
son image de métropole en terme d'énergies vertes et
renouvelables. Suivant cette réflexion, l'entreprise s'engage à
impliquer davantage les communautés locales dans la gestion des
processus, c'est-à-dire aux étapes de mise en
travaux et aux études d'impacts. L'entreprise Hydro-Québec a
établi une bonne relation avec ses parties prenantes par la mise en
place des Tables d'Information et d'Échanges (TIE) qui ont permis de
prendre en compte leurs préoccupations dès le début dans
les études de faisabilité du projet. L'approche par parties
prenantes conduite par ce promoteur s'attache à satisfaire non seulement
des parties prenantes transactionnelles (parties internes) dont dépend
directement sa survie, mais aussi des parties prenantes indirectes (parties
prenantes externes) qui sont les plus redoutables en matière de
gestion.
La satisfaction des parties prenantes transactionnelles
nécessite par ailleurs la prise en compte des parties prenantes
interactionnelles. Les communautés locales sont impliquées
à la gestion des processus décisionnels. Depuis la phase de
conception jusqu'au suivi environnemental, l'étape qui
précède la phase de mise en travaux, les acteurs locaux ont
porté leur appui à ce projet, à l'exception la Coalition
Révérence Rupert qui continuent de s'opposer au
déroulement du projet. Ted Moses, chef des Cris, apporte son soutien au
projet, mais il est toutefois conscient que le projet de dérivation
Rupert créée des tensions au sein de sa communauté. Il a
déclaré qu'il faut se rallier à la majorité,
lorsque nous sommes dans une société démocratique.
Bien que nous ne disposons pas d'informations sur les
prochaines phases du projet, mais nous avons constaté l'existence de
plusieurs ententes de principes qui sont signées entre les parties
concernées, en ce qui concerne les étapes futures du projet. Le
déroulement des phases futures du projet sera appuyé par les
communautés locales en vertu les disposions formelles inscrites dans le
protocole d'entente et les documents du projet consultés.
Advenant que le gouvernement, la Société
d'Énergie de la Baie-James, les Grands chefs ne respectent pas ces
ententes de principe, il y a l'organisme indépendant dont le COMEX qui
est mandaté pour corriger les inconduites. Une entente est intervenue
avec la région Nord du Québec sur un portefeuille de mesures
incitatives aux retombées
économiques régionales. Les connaissances
acquises au moyen des nombreuses études environnementales ont
également influencé la conception du projet et
l'élaboration des mesures d'atténuation.
La cartographie des parties prenantes du projet
étudié peut être représentée comme l'indique
la figure 9. Parmi les parties prenantes interactionnelles, certaines sont
favorables ou neutres (Chefs des Cris, ...) par rapport au projet, alors que
d'autres le sont de plus en plus défavorables (Coalition
Révérence Rupert, ...).
Figure 9.- Cartographie des parties prenantes du
projet étudié
Coalition Révérence Rupert Associations
sportives et culturelles Chef des Cris
Secteur privé Partis politiques Professionnels
indépendants Gouvernement du Québec
Médias Citoyens
Groupe de soutien
Usagers
Communautés locales COMEX Groupes
d'écologistes Entreprises locales
Employés Société d'Énergie de la
Baie-James Hydro-Québec
Fournisseurs
|
Projet de la centrale hydroélectrique de
l'Eastmain- A-1 et dérivation Rupert
|
|
Cadres supérieurs Organisations syndicales
Sous-traitants
Cette cartographie, qui reprend le formalisme proposé
par Freeman (1984) et du modèle développé par D. Cleland
(1988) avec le projet au centre, comprend dans un premier rectangle les parties
prenantes transactionnelles dont nous avons exclu de notre analyse dès
le départ. Dans un second rectangle plus foncé, nous trouvons les
parties prenantes interactionnelles telles qu'elles apparaissent lors des
analyses précédentes. Nous avons vu cependant les
interdépendances entre la filiale d'Hydro- Québec et son
environnement sociopolitique, comme l'indique la représentation
ci-dessus.
Dans le cas du projet étudié, nous avons
constaté que certaines parties prenantes interactionnelles (parties
externes) sont plus influentes que celles qui sont dites transactionnelles
(parties internes).
6.7.1.2.- L'approche par stratégies
Cette analyse permet de sélectionner les
stratégies qui doivent être appliquées par la filiale
d'Hydro-Québec en vue d'atteindre les objectifs fixés. Elle est
très importante pour la gestion des parties prenantes. L'analyse des
stratégies identifie les actions possibles à entreprendre pour
atteindre ces objectifs de réalisation. Cette analyse établit les
relations d'objectifs-résultats tout au long de la gestion des processus
décisionnels.
Dans ce cas étudié, le promoteur du projet a
adopté une approche de gestion participative. Cette stratégie est
sélectionnée sur la base d'un certain nombre de critères.
Parmi lesquels, il faut citer d'abord les priorités des parties
prenantes qui n'ont pas été négligées, telles que
les disparités sociales, la contribution à la réduction
des inégalités liées au genre et aux races humaines. Comme
nous le savons, les parties prenantes sont plus influentes en début du
cycle de projet. L'option d'intégrer les communautés locales dans
la gestion des processus décisionnels a permis à l'entreprise
d'améliorer son image dans la zone. C'est le cas du projet de la
centrale hydroélectrique de l'Eastmain - A-1 où la
stratégie adoptée a permis le bon déroulement des
activités au cours de la mise en travaux.
En vue de permettre le développement de
l'économie locale, la filiale d'Hydro-Québec a envisagé
des actions pour accroître les retombées du projet dans
l'économie de la région. Parmi ces actions, on cite à
titre d'exemple :
· La priorité aux entreprises régionales pour
les contrats et les achats de moins d'un (1) million $ ;
· Une clause de sous-traitance régionale pour
inciter les grands entrepreneurs à s'approvisionner localement ;
· L'embauche d'un agent de chantier pour faire la promotion
des entreprises jamesiennes ;
· Un partenariat financier d'une durée de 50 ans
avec la municipalité de Baie- James ;
· ...
6.7.1.3.- Construit du cadre logique approprié au
projet
Une cohérence logique entre les activités de ce
projet hydroélectrique développé par l'entreprise
d'Hydro-Québec est donc essentielle pour assurer son efficacité,
son efficience et, en définitive, toutes les performances attendues.
Comme l'indique dans le tableau 13 ci- dessous, les objectifs doivent
être posés clairement et servir de boussole. Les relations de
cause à effet doivent être clairement identifiées et se
refléter dans les séquences logiques
Intrants/Activités planifiées - Résultats
dégagés - Objectifs/Objectif spécifique. Les
hypothèses formulées doivent être vérifiées,
les résultats suivis, les activités ajustées en
conséquence, les moyens adaptés et affectés à la
poursuite de l'objectif, cela en dépit de toutes les sollicitations
possibles.
Tableau 13.- Format classique de cadre d'analyse pour
le projet étudié
Niveaux descriptifs du projet
|
Logique d'intervention
|
Indicateurs de mesure
|
Sources de vérification
|
Hypothèses formulées
|
Objectifs globaux
|
1.-
2.- ...
|
... ... ...
|
... ... ...
|
...
|
Objectif spécifique
|
...
|
...
|
...
|
Résultats dégagés
|
1.-
2.- ...
|
... ... ...
|
... ... ...
|
Intrants
|
|
Moyens adaptés
et affectés
|
Coûts globaux du projet
|
|
Activités prévues, réalisées et
celles qui sont en cours d'exécution
|
1.1.- 1.2.- 1.3.- ...
|
... ... ... ...
|
... ... ... ...
|
Conditions préalables
|
Ce tableau synoptique présente de
manière cohérente et standardisée diverses informations
clés à communiquer aux parties prenantes, essentiellement :
1) La hiérarchie d'objectifs à atteindre et la
manière de les vérifier,
2) Les ressources et activités nécessaires
à l'atteinte de ces objectifs,
3) Les facteurs importants qui échappent au
contrôle du projet.
Dans sa forme classique, le cadre logique monté ici
n'accorde pas une place explicite aux considérations de
durabilité et d'impacts externes du projet par rapport aux objectifs
à atteindre. Le processus d'élaboration du cadre logique est
toutefois un exercice qui exige une participation accrue de nombreux acteurs
concernés par le projet (promoteur, écologistes, population
locale, etc.). Comme dans l'exemple présenté plus haut, il
revient souvent aux personnes qui construisent celui-ci d'incorporer les
précisions voulues dans la formulation des objectifs du projet, des
résultats attendus, ainsi que des activités et moyens
correspondants pour assurer la qualité du projet en termes d'objectifs
de développement durable. C'est ce que nous essayons d'expliquer
brièvement dans le schéma 5 ci-dessous :
Objectifs de haut niveau auxquels le projet contribue ;
Le projet est efficace
si les objectifs de réalisation sont atteints dans les
délais, les coûts prévus, ...
Le projet est efficient si les ressources et
les moyens engagés sont locaux et qu'il n'y a ni gaspillage, ni
déviation,
Objectif central du projet en termes de bénéfices
durables pour les groupes cibles ;
Objectif spécifique
Objectifs globaux
Si les hypothèses et les conditions
préalables sont respectées
Tâches prévues ou ayant été
entreprises pour produire les résultats du projet ;
Activités planifées
Moyens humains, matériels, financiers, ...
nécessaires pour entreprendre les activités ; Moyens
physiques et non physiques
Produits des activités planifiées et entreprises
exprimés en termes d'extrants, d'effets désirables et d'impacts
positifs ;
Résultats dégagés
Schéma 5.- Cadre d'analyse et de gestion
axé sur les résultats
L'analyse de développement durable est un exercice
important dans les phases de planification et de conception du projet. Le
résultat d'un projet est un changement qui pourrait prendre la forme
d'une amélioration, d'une augmentation, d'un renforcement, d'une
réduction ou encore d'une transformation dans les attitudes et le
comportement d'un groupe donné, ce qu'a rapporté l'organisme PUCD
en 2006. Sur une période de long terme, l'analyse du projet de la
centrale hydroélectrique de l'Eastmain-A-1 suivant le cadre GAR est
également importante afin de s'assurer que les résultats
principaux du projet soient conformes à la hiérarchie suivante
:
· Les résultats immédiats
(extrants) mènent aux résultats
intermédiaires (effets désirables) ;
· Les effets réalisent les objectifs et
mènent aux résultats finaux (impacts
positifs);
· L'impact mènera au but visé par le projet
en terme de développement durable. Le cadre d'analyse GAR de l'exemple
du projet étudié ici pourrait être définie comme le
démontre le schéma 6 ci-dessous.
Effets
Intrants
Activités
Extrants
Objectifs
Effets
Résultats
Activités
Impacts
But
Schéma 6.- Cadre logique axé sur les
résultats
6.7.2.- Le modèle de gestion de la filiale
d'Hydro-Québec : stratégies de politique de développement
durable
6.7.2.1.- La démarche globale
La question du développement durable s'impose ici
comme un projet d'entreprise nécessaire et pertinent. Il est
nécessaire car toute entreprise doit de s'interroger sur son rôle
sociétal et son impact environnemental, et est pertinent car plus que
pour toute autre activité entreprise. La démarche globale de
l'initialisation d'une politique de développement durable a
été scindée en quatre phases :
· Emergence de la problématique de
développement durable,
· Etat des lieux de l'existant,
· Elaboration d'une stratégie de
développement durable,
· Stabilisation des axes stratégiques et choix d'une
méthodologie.
Certaines parties prenantes interactionnelles peuvent
paraître plus difficiles à gérer que des parties prenantes
transactionnelles. Plusieurs parties prenantes ont pris part afin de valider
chaque stade du développement durable. Leurs influences apparaissent
tour à tour positive et négative, tel que présenté
dans le tableau 14 ci-dessous :
Tableau 14.- Attitudes des parties prenantes par stades
de développement durable
Stades
|
Type de parties prenantes pris en
considération
|
Attitudes des parties prenantes au
projet
|
Emergence de la problématique
de développement durable
|
Coalition Révérence Rupert, médias,
secteur privé, usagers groupes
d'écologistes, communautés locales, ...
|
négatives, peu négatives, neutres
|
États de lieux du problème existant
pour les volets sociétal et environnemental confiés au
Comité provincial d'Examen sur le projet (COMEX)
|
Experts sur questions sociétales, sous-traitants,
Gouvernement (réglementation), salariés, communautés
locales, ...
|
positives, neutres
|
Elaboration d'une stratégie
de développement durable
|
Promoteur, sous-traitants, Autorités locales,
COMEX, consultants, salariés, cadres,
communautés locales, ...
|
positives
|
Stabilisation des axes stratégiques et
choix d'une méthodologie
|
Actionnaires d'Hydro- Québec, Société
d'Énergie de la Baie- James (promoteur), COMEX,
... communautés locales, ...
|
positives, peu positives
|
6.7.2.2.- Initialisation d'une politique de
développement durable
La base méthodologique du cadre d'analyse
proposé a été utilisée pour initialiser le
développement durable. Les considérations économiques et
écologiques, comme les considérations éthiques et sociales
sont prises en compte dans l'analyse. La grille d'analyse
développée par le professeur Claude Villeneuve de
l'université du Québec à Chicoutimi (UQAC) est aussi
utilisée pour faire des analyses complémentaires. Celle-ci peut
donc servir à faire un compromis entre l'atteinte des objectifs pour
chacune des dimensions du développement durable. C'est aussi un outil
d'évaluation et de planification de projet qui illustre les
préoccupations à prendre en compte pour s'assurer d'un
développement qu'on pourra éventuellement qualifier de durable
dont la base méthodologique est comparable à celle de l'approche
cadre logique. Ici, l'analyse de développement durable porte
principalement sur trois (3) aspects principaux du projet. Soit celui de
respecter de l'environnement physique, celui d'améliorer
l'équité sociale et celui d'améliorer l'efficacité
économique.
? Respecter l'environnement physique
L'intention de respecter l'environnement par le souci
d'utilisation des ressources locales est donc nécessaire pour la
réussite des autres piliers du développement durable. Tant que
les ressources renouvelables sont utilisées sans gaspillage, et que les
processus physiques entretenant la vie sont maintenus, on peut s'attendre
à ce qu'elles puissent contribuer à satisfaire à
très long terme les besoins des humains. Lorsque cela est possible, on a
utilisé de préférence les ressources renouvelables
plutôt que les ressources non renouvelables dont l'épuisement
ultime est inévitable. Le projet de la centrale hydroélectrique
et dérivation Rupert énonce clairement des intentions dans ce
sens. Le projet vise à réduire certaines substances, comme les
émissions polluantes, affectant globalement la biosphère. La
mention est faite en collaboration avec les parties prenantes dont les
communautés locales, les groupes d'écologistes qui sont
d'ailleurs importants pour sa mise en application, mais qui risquent se buter
à une confrontation sur le terrain.
? Améliorer l'efficacité
sociale
Dans son ensemble, le projet énonce beaucoup
d'éléments permettant de répondre à la satisfaction
des besoins sociaux et aspirations individuelles. Entre autres, il respecte
très bien le principe de subsidiarité avec des intentions claires
d'implanter localement le centre décisionnel du projet et en faisant
appel aux ressources locales. Le projet contribue à un sentiment de
bien-être personnel en favorisant la liberté d'action des
individus tout en limitant les facteurs susceptibles de représenter des
dangers pour la personne. Pour les emplois liés au projet, ce dernier
énonce des intentions d'occupation valorisante d'épanouissement
personnel et d'investissement personnel à long terme. Le projet
permettra l'amélioration des connaissances dans plusieurs domaines.
La prise en compte des intérêts de la population
locale dans le développement du projet est très importante pour
initialiser le développement durable. Ce projet hydroélectrique,
favorise l'atteinte d'un compromis en terme d'objectifs durables pour que des
citoyens se réalisent pleinement et puissent fonctionner harmonieusement
en société. En se référant aux valeurs de respect,
il vise également à promouvoir l'émergence d'un sentiment
de liberté individuelle et de responsabilité collective tout en
favorisant la reconnaissance des personnes et des investissements et tout en
valorisant les compétences locales.
L'importance de la dimension culturelle est de plus en plus
importante dans la démarche d'une politique de développement
durable au sein des entreprises (Commission européenne, 2001 ;
Villeneuve, 2007). Plusieurs auteurs ont creusé cette question,
même si la plupart des auteurs n'envoyaient pas l'intérêt
dans les années 1990.
? Améliorer l'efficacité économique
de la région
L'intention de réaliser un projet profitable
répondant aux besoins matériels du plus grand nombre possible de
parties prenantes et porteur pour l'économie locale. Cette intention
devant cependant être soutenue par de réels besoins justifiant
l'utilisation et la transformation des ressources. L'intention de favoriser les
entreprises locales dans les appels d'offre améliore le niveau d'emploi
et les retombées locales. L'activité humaine
permet d'améliorer la valeur des ressources et des
biens qu'elle contribue à transformer. Cette augmentation de valeur se
concrétise par la valeur ajoutée que permettent les
échanges économiques. La transformation des ressources et des
écosystèmes devrait toujours s'accompagner d'une augmentation de
leur valeur. Le projet rencontre bien cette ligne directrice.
? Considérations d'équité et
éthiques
L'intention d'une accessibilité
intra-générationnelle possible est présente par le souci
d'une diversité d'offres pour toutes les classes de la
société. Le souci d'une équité
intergénérationnelle est aussi présent, quoique dans une
moindre mesure, par un objectif clairement identifié de restaurer des
lieux détériorés ou de dédommager les
communautés déplacées. Le document du projet évoque
des objectifs et actions ciblés vers la recherche de valeurs de
solidarité, de responsabilité et d'imputabilité. Ce sont
des éléments qui permettent de surmonter des crises, des
difficultés et de progresser dans un climat de confiance mutuelle entre
les individus et les peuples autochtones. Ce qui représente une
excellente approche d'innovation. La recherche de solutions originales permet
d'élargir le potentiel d'adaptabilité et de donner plus de choix
aux individus actuels et à venir pour satisfaire à leurs besoins.
L'intention de respecter le milieu humain et son contexte social par le souci
d'intégration en amont de la majorité des parties prenantes.
6.7.2.3.- Éléments fondamentaux manquants
ou faiblement explicités dans le document du projet
L'analyse des données d'enquêtes sur le terrain
nous permet de constater par rapport au projet étudié plusieurs
éléments fondamentaux manquants ou tout simplement peu
explicités dans les documents consultés en rapport avec ce projet
hydroélectrique. Ces éléments manquants se trouvent donc
au niveau de chaque pilier du développement durable, par exemple au
niveau du pilier écologique, du pilier économique, du pilier
d'équité et social.
(i) Favoriser davantage des cultures du peuple autochtone
dans le cadre de ce projet et leur identification au territoire
québécois
Les cultures autochtones restent encore très inconnues
aux yeux de plusieurs personnes, tels que québécois et
d'immigrants reçus vivant dans la province. On devrait favoriser
l'intégration des communautés autochtones des régions
environnantes pour les concepts, par exemple en favorisant l'intégration
d'une offre de services par des entrepreneurs autochtones capables de mettre en
valeur leur culture sur le site. On devrait intégrer plus largement des
éléments d'interprétation du patrimoine et de la
présence autochtone historique dans la région. Dans une certaine
mesure, on devrait permettre l'accès des ouvriers locaux à une
éducation et à une formation continue, notamment de ceux qui
présentent en partie ou activement dans le projet, même si que
cela s'organise sur de courtes durées par de personnels
qualifiés. Il faudrait envisager une formation de base sur les concepts
de développement durable pour tous les employés afin de
véhiculer une image positive et un message plus cohérent en
rapport avec le développement de ce projet hydroélectrique.
(ii) Absence d'objectifs ou d'actions entreprises par le
promoteur qui visent les plus
démunis à l'intérieur et à
l'extérieur des communautés Cries
On devrait développer un programme d'accompagnement
permettant aux jeunes en difficulté et aux familles autochtones de
profiter d'un certain nombre de jours d'utilisation des installations à
des coûts minimes. On devrait Intégrer les jeunes des
écoles dans des programmes spéciaux leur permettant de participer
à des activités de sensibilisation ou à des corvées
de construction d'infrastructures dont ils pourront profiter
financièrement par la suite ;
? Par rapport au pilier écologique
On devrait identifier la présence d'espèces
menacées et les moyens mis en oeuvre pour leur protection. On devrait
également offrir de plus grandes facilités à des
étudiants gradués principalement en environnement et en gestion
des universités québécoises de faire
leurs recherches sur le site, soit par des emplois temporaires ou
par des stages de perfectionnement ;
? Par rapport au pilier économique
Il faudrait s'assurer de l'adéquation entre le produit
et le besoin, soit une description factuelle des besoins réels de la
population locale justifiant le projet et conséquemment l'utilisation de
ressources et la transformation des écosystèmes. Le document de
projet ne fait pas ressortir clairement l'adéquation du projet avec les
besoins actuels mais plutôt avec ceux anticipés. Il faut s'assurer
du mécanisme de redistribution pour éviter qu'un certain nombre
d'individus se trouvent dans le dénuement. Ce qu'on devrait possiblement
assurer par l'intégration des organismes d'économie sociale ou
d'organismes de charité impliqués au projet.
6.7.3.- Analyse comparative du modèle de gestion
utilisé par l'entreprise d'HydroQuébec
Bien que les grandes différences technologiques,
économiques et culturelles qui existent parmi les entreprises, la
problématique du développement durable associée à
leur quotidien peut être parfois similaire, comme c'est le cas de
l'Hydro-Québec et d'autres entreprises québécoises. Cette
étude de terrain démontre que les entreprises sont contraintes
d'intégrer des questions d'environnement et du développement
durable dans leurs processus décisionnels. Afin de minimiser les impacts
d'un projet sur l'environnement et sur la société, celles-ci sont
assujetties à des instruments politiques et légaux
environnementaux qui doivent s'appliquer dans leurs méthodologies de
gestion. Pour certains projets c'est la municipalité qui impose les
instruments les plus pertinents, mais pour d'autres ce sont les
autorités provinciale et fédérale.
Il n'y a pas encore au Québec de politique efficace
pour l'application des instruments légaux existants. De plus, la
recherche et le développement de technologies environnementales par les
entreprises sont presque inexistants et leurs démarches
environnementales sont, généralement,
très ponctuelles. Le projet est par ailleurs loin d'être
accepté par la société, si celui-ci n'aurait pas
reçu tel que souhaité l'appui des citoyens et élus locaux.
Bien que, dans la majorité des cas, les projets reçoivent
l'approbation officielle des gouvernements, mais il reste toujours un bout
chemin à faire pour que ceux-ci soient acceptés socialement par
les communautés locales.
Les enquêtes de terrain montrent que la filiale
d'Hydro-Québec dispose peu d'outils d'analyse et d'aide à la
décision intégrés à un portail qui servent
d'interface avec ses parties prenantes. D'autres chefs de projet
rencontrés lors des enquêtes sont arrivés à des
conclusions identiques. Au besoin, des spécialistes internes de
l'entreprise devraient recourir aux services d'experts sur des questions
sociétales qui maîtrisent à fond les outils
nécessaires et comprennent les enjeux relatifs à
l'acceptabilité sociale du projet. Cette formule permettrait aux parties
concernées par le projet de réagir rapidement à
l'évolution du contexte sociopolitique ou réglementaire. Les
préoccupations environnementales sont intégrées aux
processus de décision et s'harmonisent mieux aux besoins de
l'entreprise.
L'acceptation sociale du projet est essentielle car elle a
permis l'arrimage des systèmes de gestion par rapport à
l'environnement physique et à la société aux exigences
réglementaires, et d'assurer les mises à jour nécessaires
en cas de modification de la réglementation. Ils accomplissent ces
tâches en concertation avec les communautés locales afin de
préserver sans cesse la concordance entre le projet et les besoins de la
communauté. Ces spécialistes offrent aussi des services conseils
et assurent la continuité entre les applications qui peuvent être
intégrées pour répondre au besoin spécifique.
D'une façon générale, nous pouvons
constater que la méthodologie de gestion, telle que préconise
notre approche, dispose d'outils d'analyse plus adéquats,
comparativement à celle des entreprises étudiées au
Québec. Pour ce qui est la filiale d'Hydro-Québec, la
différence majeure est rencontrée au niveau des instruments
utilisés pour la mise en pratique et le suivi des activités, des
principes et des normes de gestion. À un niveau plus
opérationnel, nous voulons donc apporter des
améliorations, à travers des études de faisabilité
/ d'instruction, le suivi et l'évaluation ainsi que par le biais d'une
prise de décision éclairée, aux étapes clés
dans la préparation et la mise en oeuvre de projets et de programmes.
Notre approche propose une façon de prendre en compte des parties
prenantes (groupes cibles, bénéficiaires, institutions locales et
élus locaux) dans les différentes phases d'un projet ou d'un
programme. Elle est en quelque sorte un assemblage de concepts et de
tâches ou techniques relativement simples, notamment :
· Le concept du cycle de projet ;
· L'analyse des parties prenantes ;
· Le « cadre logique » comme outil de
planification et d'évaluation ;
· Les facteurs clés de qualité.
L'applicabilité de celle-ci dépend de la
gestion des informations disponibles (et plus précisément, celles
émanant des bénéficiaires et groupes cibles) et de la
façon d'obtenir ces informations et de négocier avec tous les
acteurs qui sont concernés par le projet.
6.7.4.- Les enseignements tirés
L'étude approfondie sur la formulation d'une
stratégie de développement durable chez l'entreprise
d'Hydro-Québec offre les premiers éléments de
réponse quant aux apports et aux limites de l'approche cadre logique
pour une entreprise s'engageant dans une politique de développement
durable. Par rapport au cas étudié, l'approche cadre logique peut
offrir quatre types d'apports pour aborder une stratégie de
développement durable au sein des entreprises.
· L'approche cadre logique peut permettre
d'opérationaliser par le truchement des parties prenantes les objectifs
du développement durable dont économiques, écologiques, et
sociétaux et sociaux ;
· Le cadre logique est un outil de diagnostic efficace
pour révéler les divergences d'intérêt et les
blocages qu'une politique de développement durable peut
générer. Il peut être un outil de gestion très
important dans l'établissement d'un plan de communication efficace entre
les principaux acteurs du projet ;
· Il revèle la complexité des imbrications
des acteurs d'un territoire qui doivent être mobilisés autour
d'une problématique de développement durable;
· L'approche cadre logique peut contribuer à une
entreprise plus humaine.
L'identification des parties prenantes est, dans le cas
étudié, une analyse préalable à la formulation
d'une stratégie de développement durable. En effet, les parties
prenantes incarnent les trois piliers du développement durable. Les
intérêts des différents volets - économique, social
et environnemental - sont pris en compte par le truchement des parties
prenantes qui en sont les défenseurs (porte-paroles). En comparant cette
approche de terrain à celle que nous illustrons, il y a de nombreuses
similitudes entre elles. L'interprétation des résultats obtenus
indiquent que les deux approches de gestion conduiraient à de
résultats d'analyse presque identiques.
Dans notre démarche, nous avons valorisé le
cadre logique qui est en quelque sorte un outil de gestion modifiable tout au
long des étapes du projet. Par ailleurs, le concept « cadre logique
» et ses dérivés restent néanmoins peu
utilisés au Québec, notamment par la filiale d'Hydro -
Québec. À l'instar de nombreux pays européens, il est un
outil qui est largement utilisé et encouragé par le Comité
d'Aide au Développement (CAD) des pays de l'OCDE. Le modèle
d'analyse cadre logique (ACL) a été élargi pour remplacer
l'approche traditionnelle de gestion. Bien qu'en apparence, les outils
d'analyse pour ces deux modèles à comparer semblent
différents, mais parviennent à des résultats presque
semblables. Toutefois, notre approche est orientée largement vers
l'analyse de l'outil « cadre logique » et aborde des
questions plus vastes, comparativement à celle
exploitée par la filiale d'Hydro- Québec qui tient surtout compte
des spécificités régionales / locales.
L'étape de formulation de la stratégie et des
actions à entreprendre a clairement permis d'identifier les
problèmes des parties prenantes. De fait, il fut possible de choisir une
méthode adaptée à l'entreprise et c'est sûrement
là l'importance capitale de l'approche par parties prenantes. Le
diagnostic précoce a permis de réfléchir à un
remède efficace. Nous sommes ici proches des conclusions de Nahapiet et
Ghoshal (1998)31 pour lesquels l'échange entre parties
prenantes permet d'identifier les actions possibles.
Conformément aux résultats de Christmann
(2004), la nature des demandes des parties prenantes a contribué
à la prise en compte d'une dimension du développement durable :
la dimension sociale, dans le cadre de la politique de protection de
l'environnement. Pour Christmann, les demandes des parties prenantes
aboutissent à la standardisation de différentes dimensions de la
politique environnementale.
« Les pressions environnementales perçues
contribuent à l'adoption de standards environnementaux internes globaux,
la perception de la pression des consommateurs de standards de communication
environnementale tandis que la pression industrielle perçue contribue
à la standardisation des processus
environnementaux»32
Nous savons que chaque entreprise a sa propre manière
de présenter les processus, les procédures, les meilleures
pratiques et les modèles de gestion pour mener à bon escient des
projets. En comparant la méthodologie de gestion de
l'Hydro-Québec à celle que nous avons illustrée, il faut
souligner qu'il n'y a pas de nombreuses différences. Ces
différences, lorsqu'elles existent, ne se trouvent en raison de
désaccords majeurs, mais plutôt d'écarts dans l'accent qui
est mis sur les différents points de vue et d'outils d'analyse.
31 Nahapiet J, Ghoshal S (1998),
«Social Capital, Intellectual Capital and the Organizational
Advantage», Academy of Management Review, Number 23, p
242-266.
32 Christmann P., (2004) «Multinational Companies
and the natural environment: Determinants of global environmental policy
standardization», Academy of Management Journal, vol 47, Number
5, October, p 755.
À l'instar des résultats de Christmann, cette
présente recherche laisse donc croire que le cas de la filiale
d'Hydro-Québec ne peut être généralisé au cas
du développement durable, surtout il est porté sur un projet
spécifique. Il va falloir pousser davantage nos recherches soit dans
l'entreprise étudiée soit d'explorer d'autres cas de terrain pour
arriver à des conclusions plus plausibles sur la thématique du
développement durable au niveau des entreprises du Québec.
A l'issue de ce travail d'analyse, il ressort que l'approche
cadre logique offre un intéressant outil de diagnostic pour initialiser
une politique de développement durable au sein des entreprises. En
revanche, elle n'est pas suffisamment opératoire pour résoudre
les difficultés que rencontrent les projets à savoir le
dépassement des conflits d'intérêts qu'incarnent voire
exacerbent la prise en compte des revendications des parties prenantes sociales
et environnementales. Celle-ci ne peut pas remplacer les autres outils de
gestion, telles que l'analyse Coût - bénéfice, l'analyse de
la qualité, ... Elle ne peut être qu'un outil d'accompagnement
dans la gestion intégrée des processus décisionnels.
En outre, le caractère « socio-centré
» de l'approche parties prenantes place l'environnement naturel au second
plan derrière l'homme et risque de négliger le pilier
environnemental du développement durable (Starik, 1995 ; Dontenwill,
2005). Pour reprendre l'expression d'Eggers, en 1997, l'approche cadre logique
ne peut pas produire de résultats escomptés lorsqu'on l'applique
à des projets de longue durée. Par contre, le cadre logique
universel n'existe pas, il va donc falloir l'adapter en fonction de la
situation qui existe.
En dépit du changement continu dans les valeurs
sociales, le modèle de planification responsabilisant doit tenir compte
de plusieurs facteurs clés, dont l'intégration de ceux-ci dans le
cycle de vie d'un projet permettrait à des chefs d'entreprise de
bonifier sa réflexion en gestion de projet. Dans les sections suivantes,
nous indiquons en quelques paragraphes certaines actions qui doivent être
envisagées dans une perspective de développement durable.
6.7.5.- Autres considérations sur le
modèle de planification de projet à l'égard d'une
entreprise s'engageant dans une perspective de développement
durable
Dans cette optique, l'entreprise devrait réaliser une
analyse approfondie des processus d'affaires et des systèmes de gestion
utilisés jusqu'ici, afin de déterminer les
bénéfices qui peuvent réellement découler de
l'adoption d'un modèle participatif de gestion. Par exemple, il faut
comparer les coûts actuels du programme de conformité aux
coûts d'adopter une approche de gestion participative et
intégrée. De plus, l'entreprise devra définir la situation
idéale recherchée, en ce qui a trait à la gestion de la
conformité, afin de détecter les écarts entre les
pratiques actuelles et la cible. L'analyse des écarts permettra de
repérer les lacunes et de cerner les conséquences possibles de
ces lacunes. Lorsque ces renseignements auront été réunis,
l'entreprise pourra élaborer un plan détaillé, sur mesure,
pour évoluer vers le modèle participatif de gestion.
Dans le cas du projet de la centrale hydroélectrique
de l'Eastmain-1-A, la filiale d'Hydro-Québec aurait utilisé des
outils d'analyse presque différents. Toutefois, elle a adopté une
méthodologie de gestion qui a intégré les parties
prenantes dans sa réflexion, afin d'atteindre les objectifs de
réalisation économiques, sociaux et écologiques.
Dans l'argumentation quant à la comparaison des deux
approches de gestion dans les analyses précédentes,
l'environnement a bénéficié un statut prioritaire quant
aux prises de décision. Le volet environnemental a été au
centre de tous les processus de décision. Mais la stratégie de
l'entreprise ne ganrantit pas que la coopération qui existe entre toutes
les parties impliquées au projet soit durable.
Le projet devrait bénéficier un financement
local pour que ses parties prenantes se sentent utiles et impliquées
dans celui-ci. L'échange d'information entre les parties
impliquées et l'entreprise ne doit présenter aucun risque,
étant donné l'existence d'un plan efficace de communication. La
programmation du projet dans la collectivité devra tenir compte de
l'ensemble des coûts qui y sont associés. Il s'agit notamment les
coûts financiers,
les coûts environnementaux et sociaux. Le projet ne
devrait pas être une source de satisfaction pour le promoteur seulement.
La performance financière ne doit pas être le seul critère
qu'il faut envisager, soit au détriment de l'environnement et de l'effet
néfaste du projet sur la collectivité locale.
· Il faut dégager un consensus entre les
parties impliquées au projet
L'entreprise qui survivra est celle qui est en mesure de
s'adapter au contexte de l'heure et de prendre ses responsabilités
sociales. La décision de réduire les externalités d'un
projet va sans doute avoir des répercussions sur les méthodes de
travail du personnel dans une entreprise. Il importe donc de tabler sur une
planification détaillée et sur le leadership des responsables
pour formuler une nouvelle vision et tracer le parcours à suivre. Une
stratégie de gestion axée sur un modèle participatif ne
peut avoir de succès que si le personnel l'accepte. Il est donc
indispensable de trouver un consensus à tous les échelons de
l'entreprise. Pour que les équipes adhèrent au projet, il faut
démontrer les avantages du changement et dissiper les craintes.
L'analyse détaillée, présentée ci-dessus,
répondra aux préoccupations de la haute direction car elle
révélera la portée des gains à réaliser.
Quant aux gestionnaires de première ligne, qui craignent une perte
d'autorité, il faut leur démontrer comment, en
réalité, le modèle de gestion participative peut
accroître leur pouvoir et réduire les risques. En d'autres termes,
il faut leur faire comprendre qu'au lieu de consacrer des heures et des
ressources rares à la gestion de processus et d'applications lourdes et
redondantes, ils pourront mettre l'accent sur le contrôle des
résultats et la définition des orientations
stratégiques.
· Il faut choisir les fournisseurs (ou les clients)
qui vont dans le même sens
Une entreprise cliente devrait viser à établir
un partenariat à long terme, mutuellement avantageux, avec son
fournisseur. Elle devrait donc choisir ce fournisseur avec le plus grand soin.
Est-ce que vous disposez de commentaires pertinents sur l'éloge faite
à cette entreprise? Puis, vérifiez vous que si l'entreprise
possède une vaste expérience et un savoir-
faire éprouvé dans le domaine de la gestion de la
conformité, notamment sur l'environnement, ... ?
De ce même point de vue, est-ce que l'entreprise
possède-t-elle l'infrastructure et les compétences
nécessaires pour répondre à vos attentes? Est-elle
également réputée pour la qualité de ses services?
Ce dernier critère est, sans contredit, le plus important. Assurez- vous
donc que le fournisseur que vous choisirez pourra combler vos attentes en
matière de développement durable. Les entreprises qui
s'apprêtent à adopter le modèle de gestion axé sur
la concertation devraient aussi négocier l'entente avec soin. Le contrat
doit alors inclure toutes les dispositions utiles afin d'instaurer un
partenariat fructueux sur le long terme.
· Il faut opter pour une approche
intégrée et de concertation pour la livraison des solutions
globales des projets
L'acceptabilité sociale devient une condition
essentielle de survie des projets d'aujourd'hui . Comme l'a souligné
Serieyx (2004), dans son ouvrage « Le Big Bang des organisations
», il est difficile voire impossible de dissocier aujourd'hui l'entreprise
de son mileiu social. Son message indique qu'il est temps de réaliser un
changement radical de la structure et du mode de fonctionnement des
entreprises. Celles qui ne marchent pas sous cette voie risquent de s'auto
destituer dans ce nouveau monde qui se crée. De nouvelles valeurs, comme
la responsabilité sociale, la dissémination du pouvoir et
l'initiative deviennent des passages obligés de réussite dans le
monde des affaires au renoncement de la responsabilité narcissique, de
l'égocentrisme, de la centralisation du pouvoir et la
docilité.
Mikol a eu donc raison lorsqu'il a souligné qu'en
2004, si les conséquences des projets industriels ont été
longtemps tenus pour une contre partie inévitable du progrès et
n'obligeaient aucun investissement en matière environnementale, mais la
multiplication des normes et des réglementations conduisent les chefs de
projets à agir avec prudence aujourd'hui, quant aux effets de leurs
projets sur l'environnement, jalousement surveillés par les victimes des
conséquences désagréables ou mortelles de
l'activité des usines et des
décharges. Cette obligation s'inscrirait peu à
peu dans un processus de création de valeur évaluée en
terme de responsabilité civique, qui est pour autant d'ordre moral.
Le développement d'un projet ou d'une entreprise
nécessite le support des communautés locales pour qu'il puisse
accepter socialement. Leur intégration dans la gestion des processus
décisionnels est donc indispensable pour la réussite de ce
projet. Sans l'appui des parties prenantes, la pertinence, l'efficacité
et l'efficience souffrent et la durabilité devient
généralement difficile voire impossible.
CHAPITRE 7.- LIMITES DE L'ÉTUDE ET
RECOMMANDATIONS
Une étude a toujours des limites, comme le souligne
dans plusieurs travaux de recherches. C'est d'ailleurs un point essentiel qui
caractérise une recherche scientifique, qu'il soit une étude
qualitative ou quantitative (Deslauriers, 1987). Dans ce chapitre, nous
décrivons les points forts et les points faibles qui
caractérisent ce travail de recherche. Nous formulons ensuite quelques
pistes de bonification pour de recherches futures.
7.1.- Forces
Cette étude réalisée devrait
répondre aux trois (3) critères mentionnés dans la
question générale de recherche. Il s'agit donc soit la
capacité qu' a une approche de gestion à intégrer les
préoccupations économiques, écologiques et sociales par le
biais d'un modèle participatif et responsabilisant tout au long du cycle
de vie d'un projet. Soit aux entreprises de démontrer une plus grande
transparence et d'ouverture envers de leurs parties prenantes, par rapport
à l'information detenue dans les phases du projet. Cette approche de
gestion, présentée dans ce mémoire, peut donc servir de
cadre de référence par les efforts consacrés à
l'intégration des trois (3) objectifs du développement durable
dans la gestion des processus décisionnels d'une entreprise.
La première partie de ce document a permis de
justifier la continuité qui existe dans l'applicabilité de
l'outil « cadre logique » et de son caractère dynamique voire
même intégrateur, par rapport aux différentes composantes
qui le constituent. Cette étude a montré que l'entreprise «
promoteur » du projet, dans sa stratégie, a adopté une
approche responsable dans la gestion des processus décisionnels. Bien
que, le concept « cadre logique » a été peu
utilisé en tant qu'outils d'analyse pour le développement des
projets. Dans sa réflexion, quant à la gestion des processus
décisionnels ( telles que l'analyse des problèmes, des parties
prenantes, ...), la filiale de l'Hydro-Québec a réussi de
bonifier sa méthodologie de gestion.
En comparant cette démarche de terrain à celle
qui est illustrée dans le cadre de cette étude, il y a de
nombreuses similitudes entre elles. L'interprétation des
résultats obtenus
indique que les deux approches de gestion produiraient de
résultats d'analyse presque semblables ou de conclusions identiques.
Le développement d'un projet nécessite
actuellement un appui permanent de ses parties parties prenantes pour qu'il
soit acceptable. L'environnement externe d'un projet a beaucoup
évolué. Les citoyens sont plus sensibles aux questions
d'environnement et de développement durable. Aussi, les consommateurs
sont de plus en plus sensibilisés et avertis. Les entreprises sont donc
contraintes de modifier leurs méthodologies de gestion de projet. Vu le
développement acceléré des normes de qualité, des
normes environnementales, une entreprise ne peut plus produire dans les
conditions , comparativement il y a deux à trois décennies. C'est
donc une des principales raisons qui justifie ce travail de recherche, soit en
quête de palliatif à la situation existante. Ce qu'il faut
envisager serait l'existence d'une cohabitation harmonieuse et durable entre
les diverses parties concernées par le projet. Pour cela, nous devons
entre autre :
· vérifier si le projet aborde les besoins
réels de la communauté locale ;
· établir une représentation équitable
des différents intérêts par le biais de la participation
des acteurs concernés ;
· assurer, constamment, la consultation et l'implication
des parties prenantes et maintenir une communication permanente entre ces
acteurs concernés tout au long du cycle de projet, c'est-à-dire
à toutes les phases de réalisation.
La seconde partie de ce document, dont l'objectif était
de déterminer l'applicabilité de notre approche de gestion dans
la province de Québec par de différents intervenants dans le
domaine de gestion de projet, a permis entre autre d'analyser une approche de
gestion des parties prenantes sociales et environnementales de la filiale
d'Hydro-Québec.
Intruitivement, nous savons que chaque méthodologie de
gestion a sa propre manière de présenter les processus, les
procédures, les meilleures pratiques et les modèles exigés
pour mener à bien des projets. En comparant les méthodologies de
gestion entre elles, nous constatons qu'il y a beaucoup de similitudes. Les
différences ne se trouvent point en raison de désaccords majeurs,
mais plutôt d'écarts dans l'accent qui est mis sur les
différents points de vue et les types d'outils d'analyse qui ont
été utilisés.
7.2.- Faiblesses
7.2.1.- Les faiblesses liées à la
méthodologie
Comme nous avons souligné précédemment,
l'atteinte de l'objectif d'un travail de recherche est tributaire du choix de
la méthodologie de recherche. Compte tenu certains facteurs tels que la
limitation de notre budget; le problème d'accessibilité et le
temps qui a été consacré pour conduire cette enquête
ont permis d'adopter les méthodes de collectes dites de convenance. Bien
que sa simplicité et sa rapidité, le choix d'un
échantillon de convenance a nui à la possibilité de
généraliser les résultats obtenus, surtout qu'il s'agit
d'études de cas. Cette étude se consacre à un seul cas de
terrain.
Les résultats obtenus sont spécifiques aux
données de terrain collectées pour le projet de la centrale
hydroélectrique de l'Eastmain-1-A. Le comportement de l'entreprise pour
ce cas étudié ne peut être ramené sur l'ensemble de
ses activités réalisées dans la province. Pour un
même pays, les projets sont spécifiques et le contexte
sociopolitique de ceux-ci varie d'une région à l'autre.
À cause du caractère généralement
ouvert et flexible des méthodes de travail choisies (études de
cas, les entretiens non structurés, l'analyse de contenu, etc.), le
risque de biais personnels a été important étant
donné les éléments de subjectivité qui peuvent
intervenir au moment de la collecte ou de l'interprétation des
données. Les informations sont collectées surtout sur la
perception des personnes interviewées. Afin d'améliorer la
qualité de l'analyse de nos données, conformément à
la volonté des répondants, nous avons enregistré certains
entretiens.
De plus, les commentaires recueillis auprès des
répondants de l'enquête de terrain ont permis de noter certaines
remarques sur l'applicabilité de notre approche dans la province de
Québec. Soit à cause du caractère complexe et peu connu
des processus de gestion orientés vers le cadre logique selon les
gestionnaires de projet, et les difficultés que cela présente par
rapport à son adaptation surtout à chaque phase dans la vie d'un
projet. Soit des effets probables (réticences des autres intervenants,
ralentissement des processus, ...)
qui risquent de se produire lorsque l'exécution ou
l'évaluation de différentes phases du projet serait
confiée à un sous-traitant.
La majorité des répondants à
l'enquête de terrain ont souligné que la base
méthodologique de notre approche de gestion ne peut pas s'appliquer
à tous les types de projet. Alors qu'en suivant cette optique, celle-ci
serait applicable à une faible proportion de projets au Québec,
comme le cas des projets à forte incidence environnementale et sociale.
Les données de terrain ont été complétées
avec des commentaires provenant d'autres chefs de projet, afin
d'améliorer la qualité de notre échatillon. Ces chefs de
projet oeuvrent dans des entreprises situées dans les régions de
Montréal et de la Capitale-Nationale. Leurs commentaires ont
été seulement fournis à titre personnel et ne peuvent
être traités pour des cas pertinents dans le cadre de ce travail.
Sélectionnés de la même manière que le cas
d'Hydro-Québec, ils ont émis chacun d'eux des opinions sous
couvert de l'anonymat et les entreprises qu'ils représentent ne peuvent
être considérées dans notre échantillon.
L'étude de terrain a été faite sur un projet
spécifique. Les données collectées ne peuvent
représenter que le projet étudié. Les paramètres
externes d'un projet changent pour deux projets différents dans une
même région, voire d'une région à l'autre.
L'utilisation des logiciels dont Sphinx lexica et Nudist*3.5
a fourni néanmoins de résultats d'analyses lexicales et de
discours peu explicatifs, en ce qui concerne le traitement informatique des
données collectées.
7.2.2.- Les faiblesses liées à la matrice
« cadre logique »
Le cadre logique est un outil de gestion qui s'est
avéré utile pour les personnes chargées de la
préparation et de la mise en oeuvre des projets. Il peut leur permettre
de mieux structurer et formuler leur réflexion et de l'exprimer d'une
façon claire et standardisée. Si les politiques sont mal
conçues, ou si la logique « ne tient pas », le cadre logique
devrait en révéler les contradictions, bien qu'il ne soit pas en
mesure, à lui seul, de concevoir de meilleures politiques. Le cadre
logique était donc, depuis à l'origine, un outil
développé pour améliorer la planification et la mise en
oeuvre. Comme l'indique dans les paragraphes précédents, un outil
ne peut pas, à lui seul, garantir des résultats positifs. La
réussite d'un
projet / programme dépend d'autres facteurs, outils ou
techniques, tels que la compétence de l'équipe de mise en oeuvre
à utiliser de nouvelles connaissances et la motivation que
possède celle-ci pour apprendre.
On reproche parfois à l'outil de cadre logique
d'aboutir à une conception rigide et bureaucratique du projet,
déconnectée de la réalité du terrain et de ses
situations changeantes (Eggers, 1997). Cependant, il est possible d'appliquer
l'approche cadre logique de manière plus souple, en particulier si l'on
considère qu'il faudra au moins en partie affiner et probablement
réviser la conception d'origine, et si l'opérateur accorde une
juste importance aux bilans annuels et à l'actualisation du cadre
logique. C'est un outil facilement modifiable. Mais le cadre logique varie
beaucoup sur le plan de la qualité, de la justesse et de la
terminologie. Les équipes de projet chargées de la conception qui
utilisent le cadre logique pour certains projets de développement
peuvent rencontrer des difficultés. Cela se vérifie pour des
projets de long terme, qui ont des objectifs ambitieux de réduction de
la pauvreté et qui engagent de nombreuses actions de
développement différentes. Ces caractéristiques obligent
à trouver un équilibre entre la surabondance de détails et
la simplification à outrance d'information.
Dans la pratique, un cadre logique synthétique est
utile pour donner une vue d'ensemble du projet, notamment pour ceux qui
prennent les décisions de financement des projets (banques, caisses
populaires, fonds de placement, ect). Cependant, ceux qui utilisent le cadre
logique comme outil de gestion auront besoin davantage de
détails.Lorsque le « cadre logique » est mise en oeuvre avec
une bonne animation, il est généralement considéré
comme très utile pour les acteurs du projet et permet à tous les
participants d'avoir des vues concordantes et plus précises des besoins,
des objectifs et des stratégies, des coûts associés au
projet. Il est conseillé de suivre les idées forces sans obliger
tout le monde à rentrer dans tous les détails de la matrice du
cadre logique. On peut faciliter la compréhension des étapes du
processus en les représentant sur une matrice plutôt qu'en
utilisant des procédés trop détaillés voire
complexes. Il peut être également judicieux d'éviter
certaines expressions de la terminologie classique et d'employer à la
place des termes
locaux. Sans doute, nous admettons que certaines personnes
peuvent être effrayées par des termes tels que « cadre
logique » et « indicateurs objectivement vérifiables ».
Ces propositions renvoient toutes à une certaine souplesse dans
l'utilisation de cet outil de gestion.
7.3.-Quelques pistes d'amélioration pour de
recherches futures
Cette nouvelle approche de gestion illustrée a fourni
de résultats acceptables, lorsque nous le comparons avec un
modèle de gestion exploité sur le terrain, soit celui de la
filiale d'Hydro-Québec dans l'exemple du projet de la centrale
hydroélectrique de l'Eastmain-A-1. Le fait de n'avoir
étudié qu'un cas de terrain dans sa globalité
éveille cependant des doutes sur les conclusions possibles. En vue de
confirmer ou d'infirmer notre hypothèse de recherche, un
échantillon plus représentatif dans la province
québécoise ou ailleurs ( soit une taille d'échantillon
plus élevée) devrait être envisagé. Dans ce cas, les
conclusions de l'analyse des résultats auraient probablement
entrainé une modification du contenu du modèle de gestion
présenté. Ce qui devrait permettre aux chefs de projet la
possibilité d'offrir une marge de manoeuvre plus grande dans la gestion
des processus décisionnels, une approche plus responsable dans
l'accompagnement des parties prenantes, tel que souhaité dans ce travail
de recherche.
Il est donc important de mentionner par rapport au guide
PMBOK, l'ouvrage référentiel de Project Management Institute
utilisé largement par la communauté québécoise de
pratique en gestion de projets publics et par d'autres chefs de projet,
l'importance remarquable de l'approche cadre logique dans le
développement des projets, dans l'identification et l'analyse des
parties prenantes. La majorité de chefs de projet interviewés ne
cachent pas leur réticence quant à l'utilisation de nouveaux
cadres d'analyse et de nouvelles techniques dans leurs méthodologies de
gestion de projet. C'est le cas de l'approche « cadre logique » qui
reste encore peu connue dans le mileu d'affaires québécois, voire
outil de gestion exploité par des entreprises québécoises
sur le terrain. Ceux qui connaisent l'utilisation du cadre logique le
qualifient de méthode académique, mécaniste plutôt
que pratique.
Contrairement dans les pays européens, le chef de
projet au Québec est généralement celui qui détient
un diplôme d'ingénierie, d'informatique, de construction ou d'un
autre domaine technique. Mais, celui-ci n'a presque pas de formation
académique préalable en administration ou en gestion. On peut
donc comprendre « pourquoi » l'outil cadre logique ne semble connu de
manière formelle ou officielle que par une minorité de
professionnels québécois et dans le reste du Canada. Dans la
foulée des débats quotidiens autour de la Responsabilité
Sociale d'Entreprise (RSE), l'approche cadre logique offre une base
méthodologique remarquable pour permettre d'opérationnaliser les
questions d'environnement et de développement durable, allant de
l'identification à la phase d'évaluation finale des projets ou de
programmes. Le cadre logique est un excellent outil de réflexion pour
agir efficacement en gestion de projet. De même que, si le cadre
d'analyse proposé dans ce travail de recherche est bien adapté au
contexte sociopolitique, alors il peut offrir à des professionnels de
gestion de projet d'excellents résultats dans la livraison de solutions
globales des projets sensibles à l'environnement.
Compte tenu la mission du Project Management Institute (PMI),
celui-ci devrait par conséquent laisser une plus grande place quant
à l'apprentissage et à la promotion de nouveaux outils et de
nouvelles approches en gestion de projet. Au Canada, tout comme au
Québec, la législation prévoit de poursuivre les
responsables d'entreprise ayant causé des dommages à
l'environnement physique. Eu égard, le Project Management Institute
(PMI), notamment la section régionale de Lévis-Québec
devrait fournir davantage de munitions (service de monitoring,
conférences, formation, renforcement du code déontologique, ...)
à des professionnels de gestion de projet au Canada, en particulier ceux
au Québec, afin qu'ils puissent être en mesure de mieux
répondre aux objectifs de réalisation des projets d'aujourd'hui,
tels que d'objectifs sociaux, écologiques et économiques.
Comme certains ont par ailleurs affirmé : « on ne
s'improvise pas gestionnaire de projet ». En abordant les défis de
demain avec les méthodes d'hier, alors on a les problèmes
d'aujourd'hui. Au-delà des techniques, des méthodes et des outils
de travail, la gestion de projet est avant tout une manière de
s'organiser, de raisonner pour agir efficacement.
CONCLUSION
L'objectif principal de cette étude est de
développer un cadre d'analyse basé sur le cadre logique pour la
conduite des projets. De ce point de vue, nous sommes partis des courants de
pensée majeurs dans la litterature scientifique sur les
problématiques liées à la question environnementale
jusqu'aux les objectifs du développement durable dans l'ensemble des
méthodologies de gestion de projet. Nous avons donc mis en
évidence les éléments de convergence entre les concepts de
pertinence, d'efficacité, d'efficience, de durabilité des projets
et l'approche des parties prenantes. Cela est donc vu comme un système
traversé par des revendications reconnues qui ont une valeur
intrinsèque.
Dans la province de Québec, les discours en faveur du
développement durable sont de plus en plus fréquents, mais les
objectifs du développement durable restent encore mal compris. Nul n'est
contre la vertu, mais il n'est pas toujours évident d'intégrer
pleinement ces objectifs dans les processus décisionnels au sein des
entreprises. Ce que propose notre réflexion, les projets de
développement doivent être planifiés en respectant certains
principes, normes et des considérations locales afin de rencontrer les
trois (3) objectifs du développement durable : celui de respecter
l'environnement, d'améliorer l'équité sociale et de viser
l'efficacité économique.
Il serait très convenable d'impliquer les parties
prenantes écologiques et sociales dans les stratégies de gestion,
dès l'identification jusqu'à l'évaluation finale des
projets. Sinon, les risques d'échec inhérents au projet sont
devenus probants. Pour y illustrer, nous avons fait le découpage d'un
projet « type » en cinq (5) phases d'activités
interdépendantes: la programmation, l'identification, la conception,
l'exécution, l'évaluation et de fermeture. Cette démarche
a repris le formalisme de la méthode cadre logique, laquelle qui
pourrait constituer la cible centrale à viser pour les efforts
d'intégration des critères de développement durable dans
la phase de conception, du suivi et de l'évaluation des projets. Tout au
long des chapitres développés, nous avons voulu montrer que les
bases méthodologiques de l'outil « cadre logique » pourraient
permettre d'opérationnaliser le développement durable, compte
tenu son contenu global (l'analyse des parties prenantes, des problèmes,
des objectifs, et
des stratégies, ...) et de sa grande adaptabilité
à pondre d'autres outils de gestion de projet (GAR, PIPO, GCP, ...).
À l'issue des résultats obtenus en
étudiant l'exemple de projet de la centrale hydroélectrique de
l'Easmain-1-A et de dérivation Rupert dans la région de Baie -
James, nous avons fait les constats suivants. L'entreprise
d'Hydro-Québec « promoteur de ce projet » s'est cependant
engagée à atteindre les trois (3) objectifs du
développement durable. Plusieurs facteurs de qualité liés
au projet caractérisent les bénéfices de celui-ci sur une
période de long terme. On cite parmi lesquels les éléments
suivants :
1).- L'utilisation des technologies appopriées, soit
celles ayant recours à des ressources locales renouvelables;
2).- Le respect des valeurs socioculturelles des personnes et
des populations locales;
3).- Les capacités de gestion des institutions, publiques
et privées, sollicitées pour les étapes de
réalisation du projet;
4).- La prise en considération des questions
transversales liées à la protection de l'environnement, le
renforcement de l'économie locale et les valeurs sociales;
5).- L'intention d'évaluation préalable, de
mesures de compensation et de suivi des impacts environnementaux liés au
projet;
6).- L'intention de respecter le milieu humain et son contexte
social par le souci d'intégration en amont les communautés
locales dans les activités planifiées;
7).- Le fort potentiel d'innovation et diversité des
options envisagées pour atteindre les objectifs économiques,
écologiques et sociaux de réalisation du projet, etc.
Il a été convenu que les communautés
locales participent aux étapes de réalisation du projet, soit de
la conception jusqu'au suivi environnemental voire même les travaux
d'exécution. La stratégie de gestion adoptée par
l'entreprise Hydro-Québec dispose d'outils d'analyse différents
et peu d'outils d'aide à la décision intégrés
à un portail qui servent d'interface avec les parties prenantes,
comparativement à l'approche cadre logique illustrée dans le
cadre de ce travail de recherche.
Il importe cependant de souligner l'absence de nombreux
éléments fondamentaux qui devraient également être
faits l'objet d'analyse. Parmi les documents du projet consultés, ces
éléments d'analyse n'ont pas été abordés ou
tout simplement peu explicités. Telle que la reconnaissance des
minorités ethniques, des différences de genre et la
réduction des inégalités liées au genre et aux
races, qui font partie intégrante des objectifs politiques cadres plus
larges dans une perspective de développement durable ne sont pas
explicités.
Intuitivement, nous savons que chaque entreprise a sa propre
manière d'exploiter les processus, les procédures, les pratiques
et les modèles de gestion développés afin de mener
à bon escient des projets. En examinant plus en profondeur ces approches
de gestion, nous constatons qu'il y a de nombreuses similitudes. Les
différences entre elles ne se trouvent en raison de désaccords
majeurs, mais plutôt d'écarts dans l'accent qui sont mis sur les
différents points de vue et les outils d'analyse. Néanmoins, les
résultats obtenus au cours de cette étude de terrain sont
jusqu'à maintenant satisfaisants. La filiale d'HydroQuébec, dans
sa réflexion, a réussi malgré tout de faire le chainon
entre la gestion des processus décisionnels et ses parties prenantes. Ce
qui a permis à l'Hydro-Québec de bonifier sa méthodologie
de gestion de projet. Ceteris paribus, la centrale
hydroélectrique de l'Eastmain-1-A peut favoriser le développement
de l'économie locale, vu l'implication des communautés locales
dans les phases de réalisation de celui-ci. Notre approche de gestion a
été comparée à celle exploitée par la
Société d'Énergie de la Baie-James (SEBJ). Cette
dernière, dans sa réflexion, a adopté une approche
participative. En intégrant les acteurs locaux dans les processus
décisionnels, elle aurait établi une relation harmonieuse et
digne de confiance avec toutes ses parties prenantes.
Le projet étudié est actuellement dans sa pleine
phase de mise en travaux. En ce qui concerne les autres phases, les accords de
coopération établis entre les parties concernées
pourraient cependant ne pas être respectés par l'un ou l'autre des
signataires (les acteurs locaux d'un côté et la
Société d'Énergie de Baie - James de l'autre
côté). La planification actuelle pourrait donc changer au fils du
temps avec l'évolution du projet.
Les résultats obtenus sont spécifiques à
un projet, tel que le projet de la centrale hydroélectrique de
l'Eastmain-1-A. Ils ont été complétés avec des
commentaires émis par d'autres chefs de projet dans la province de
Québec. Les méthodes de collectes sont dites de convenance. Le
choix de la méthode de convenance aurait donc empêché de
généraliser les résultats obtenus, surtout qu'il s'agit
d'études de cas. Le risque de biais personnels est important
étant donné les éléments de subjectivité qui
peuvent intervenir au moment de la collecte ou de l'interprétation des
données. Bien que, les données de terrain ont été
ajustées à l'aide d'un facteur correctif afin de réduire
le niveau des biais personnels.
Cette approche de gestion, basée sur l'approche cadre
logique, est avant tout le résultat d'une démarche conceptuelle
que nous avons comparé avec une étude de cas au Québec.
Les résultats obtenus ne peuvent être très concluants,
étant donné les raisons mentionnées plus haut. Ce travail
a donc des faiblesses et ne nous permet pas en effet de valider notre
proposition de recherche, compte tenu du nombre restreint de cas de terrain
considérés. Il convient alors de confronter cette approche de
gestion à l'épreuve d'autres entreprises, voire à d'autres
cas de terrain, pour parvenir à une conclusion plausible.
Au-delà des mots généreux et de bonnes
intentions, l'intégration de l'environnement et du développement
durable dans le développement des projets devient en effet une condition
essentielle actuellement pour la survie d'un projet ou d'une entreprise. Mais
cette intégration dégagera de résultats escomptés
lorsque chaque entreprise ou chaque chef de projet et chaque citoyen en
percevront ensemble les conséquences financières et
économiques et en tireront plus d'avantages qu'inconvénients
à long terme. Cependant, le seul fait d'opter pour une approche de
gestion, orientée vers le cadre logique pour la conduite des projets
sensibles à l'environnement, ne garantit pas automatiquement le
succès du projet. Bien évident, celui-ci est fonction de nombreux
facteurs clés et qui dépend du contexte sociopolitique.
Voici donc quelques considérations dont les dirigeants
d'une entreprise, notamment les chefs de projet et tous ceux qui
s'intéressent à la gestion de projet sont tenus de prendre en
compte lors de l'élaboration ou de la planification:
· Le projet aborde les problèmes réels des
groupesc cibles ;
· Les bénéficiaires sont clairement
identifiés par sexe et par groupe socio- économique ;
· Il faut une allocation équitable des coûts
et des bénéfices entre femmes et hommes, puis entre les races
humaines et cultures différentes;
· Il faut une représentation équitable des
différents intérêts par le biais de la participation des
acteurs concernés par le projet ;
· Les parties impliquées au projet respectent leurs
engagements ;
· Il faut encourager totalement ou en partie le financement
local du projet ;
· La capacité organisationnelle suffisante ;
· Il faut donc une équipe de projet
compétente et motivée, constituée de professionnels venant
de tous horizons (ingénieurs, économistes, environnementalistes,
médecins communautaires, ...), surtout pour des projets de grande
envergure;
· Privilégier l'approche participative et de
concertation au détriment de l'approche « monolithique » de
gestion pour la livraison des solutions globales des projets;
· Il faut écouter, coopérer et surtout
accompagner les communautés locales dans leurs démarches, dans
leurs révendications pendant toutes les étapes du projet;
· Une bonne et prudente planification est promordiale pour
le projet
· Songer à faire une gestion efficace des ressources
engagées;
· Il faut établir un bon plan de communication entre
les acteurs concernés par le projet.
Dans le cadre d'une politique de développement durable,
toutes les conditions énumérées ci-dessus sont
essentielles pour parvenir à une gestion responsable des projets de
développement. Ces éléments sont importants pour parvenir
aux critères de qualité suivants : la pertinence,
l'efficacité, l'efficience, ect. Toutefois, l'intégration de ces
conditions s'avère nécessaire pour opérationnaliser les
questions d'environnement et de développement durable, mais ce n'est pas
suffisant pour arriver à une approche « gagnant-gagnant ».
Seul dans le cas d'un changement dans les mentalités, puis dans les
habitudes et une prise de conscience collective qui pourraient faire avancer
cette question transversale et d'ordre planétaire.
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ANNEXE (S)
Annexe #1 Échéancier de
réalisation du mémoire
Activités
|
Échéance (2007 - 2008)
|
Étape 1
|
Janvier 2007 - Mars 2007
|
Inventaire de la documentation; Revue de la
littérature Grille d'analyse. Élaboration du dossier de
recherche; Présentation du dossier pour approbation
|
Absence autorisée
|
Avril 2007 - Août 2007
|
|
Étape 2
|
Septembre 2007- Décembre 2007
|
Étude (s) de cas : Questionnaire(s); Analyse de
contenu des rapports; des procès verbaux Collectes; entretiens avec
les chefs de projet ou d'entreprise
|
Étape 3
|
Janvier 2008- Février 2008
|
Traitement, analyse, interprétation des
résultats de terrain
|
Étape 4
|
Mars 2008 - Mai 2008
|
Rédaction finalisée, synthèse et
conclusions
|
Étape 5
|
Juin 2008 - Septembre 2008
|
Correction(s)
|
Étape 6
|
Octobre 2008 - Novembre 2008
|
Dépôt final et soutenance Corrections finales
(s'il y a lieu)
|
Objectifs généraux
Objectif spécifique
Résultats attendus
Activités
Moyens
Coûts
Conditions préalables
Source: Commission européenne, mars 2001, Manuel GCP,
p-8
Logique d'intervention
I.O.V (Indicateurs Objectivement
vérifiables)
Sources de vérification
Hypothèses
L O G I
Q
U E
V E
R T I
C A L E
Annexe # 2
Exemple classique de modèle cadre
logique
Titre du projet
Date de début Date de fin -
LOGIQUE HORIZONTALE
Annexe # 3 Exemple de modèle
GAR
Titre du projet :
Date de début : Date de fin :
Promoteur :
Localisation :
Provenance des fonds :
Description du projet
|
Résultats escomptés
|
Mesure de rendement
|
Hypothèses et risques
|
But
|
Impacts
1.-
2.-
3.-
4.- ...
|
Indicateurs d'impacts
1.-
2.-
3.-
4.- ...
|
...
|
Objectifs
1.-
2.-
3.- ...
|
Effets
1.-
2.-
3.-
4.- ...
|
Indicateurs d'effets
1.-
2.-
3.-
4.- ...
|
Extrants
1.-
2.-
3.-
4.- ...
|
Indicateurs d'extrants
1.-
2.-
3.-
4.- ...
|
Intrants
1.1.- 1.2.- 1.3.- 1.4.- 1.5.- 1.6.- ...
|
Moyens
1.1.- 1.2.- 1.3.- 1.4.- 1.5.- 1.6.-
...
|
Coûts
1.1.- 1.2.- 1.3.- 1.4.- 1.5.- 1.6.-
...
|
Annexe # 4
Projet de la centrale de l'Eastmain-1-A et dérivation
Rupert dans la région de la Baie - James
Découpage du projet par phase
d'activités
Phase(s) de réalisation du projet
|
|
Description des activités
|
|
·
|
plans directeurs
|
|
·
|
études de faisabilité
|
|
·
|
planification stratégique
|
Planification
|
·
|
développement du projet
|
|
·
|
analyse financière
|
|
·
|
programme fonctionnel et technique
|
|
·
|
...
|
|
·
|
relevés et cartographies
|
|
·
|
plan et devis préliminaires
|
|
·
|
ingénierie et détails sur de
procédés
|
Conception
|
·
|
sélection et choix d'équipements
|
|
·
|
programmation
|
|
·
|
...
|
|
·
|
inspection du site
|
|
·
|
construction
|
|
·
|
surveillance des travaux
|
|
·
|
contrôle de coûts
|
Mise en travaux
|
·
|
échéancier
|
|
·
|
approvisionnements
|
|
·
|
contrôle de qualité
|
|
·
|
...
|
|
·
|
plan d'évaluation
|
|
·
|
mise en service
|
Évaluation et fermeture*
|
·
|
formation
|
|
·
|
démarrage
|
|
·
|
programme d'entretien
|
|
·
|
...
|
* Le projet est actuellement dans sa phase de mise en travaux.
Les détails de la phase d'évaluation et de fermeture du projet
sont seulement documentés dans un rapport administratif. Les
activités prevues pour cette phase peuvent être revisées en
fonction de l'état de l'évolution de la situation.
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À
RIMOUSKI
PROGRAMME DE MAITRISE EN GESTION DE PROJET ENQUETES
DE TERRAIN
Questionnaire(s) à l'intention des dirigeants
d'entreprise, des chefs de projet, des développeurs de projet et des
parties prenantes stratégiques
SUJET DE MÉMOIRE
Comment intégrer les questions d'environnement et de
développement durable dans l'ensemble des méthodologies de la
gestion de projet. Une démarche conceptuelle vers un modèle de
planification de projet basé sur l'Approche Cadre Logique.
Nom de l'enquêteur ou de l'étudiant :
Nom du répondant ou de l'entreprise :
Décembre 2007
OBJET DE L'ENQUETE.-
Le but principal de l'enquête est d'effectuer une
analyse sommaire du développement durable au sein d'un projet ou d'une
entreprise, afin de prévoir les effets environnementaux d'initiatives
proposées avant de les mettre en oeuvre. Cette démarche nous
permettra par ailleurs :
i) De cerner les effets environnementaux possibles;
ii) De proposer des mesures d'atténuation des effets
nocifs; et
iii) De prévoir s'il y aura des effets environnementaux
négatifs importants même après la mise en place des mesures
d'atténuation.
Ces enquêtes de terrain consistent à faire une
évaluation de l'environnement sociopolitique d'un projet, laquelle est
donc importante pour opérationnaliser les objectifs du
développement durable dans les phases de développement et de
planification des projets. L'objectif poursuivi par l'enquête est de
tester une approche nouvelle de gestion pour les entreprises, pour les chefs de
projet s'apprêtant à intégrer les questions d'environnement
et du développement durable dans l'ensemble de leurs
méthodologies de gestion de projet. Ces enquêtes offrent
également l'occasion de faire une analyse systématique des
principaux outils de gestion de projets exploités par les entreprises,
dont la méthode cadre logique, l'analyse de l'efficacité, etc.
Ce travail de recherche est une exigence partielle en vue de
l'obtention du grade « Maître en Sciences de Gestion de Projet
». La participation de votre entreprise est indispensable pour la
réussite de celui-ci. Le temps approximatif pour répondre aux
questions est estimé à une quarantaine de minutes et toutes les
informations collectées resteront confidentielles et anonymes. Nos
questions vont porter principalement sur l'impact des projets de l'entreprise
sur l'environnement, ainsi que sur l'ensemble des méthodologies de
gestion qui ont été adoptées.
QUESTIONNAIRE DESTINÉ AU(X) DIRIGEANTS
D'ENTREPRISE, CHEF(S) DE PROJET OU DÉVELOPPEURS DE PROJET
SENSIBLE À L'ENVIRONNEMENT
Rubrique I
Informations générales sur le
projet.-
1.- Titre du projet
2.- Localisation du projet
3.- Objectif (s) du projet
4.- Promoteur(s) du projet
5.- Secteur d'activité
À quel secteur de la vie économique a
été ou est réalisé votre projet:
a) primaire b) secondaire c)
tertiaire
6.- Source de financement Le projet a un
financement : a) essentiellement public b) essentiellement privé c)
Partenariat Public Privé
d) autre
7.- Durée du projet
Le projet a une durée moyenne de:
a) < 12 mois b) 12 à 36 mois c) 37 à 60 mois d)
61 mois et
plus
8.- Taille du projet (nombre d'employés qui
travaillent directement ou indirectement) Votre projet emploie :
a) < 15 b) 15 à 50 c) 51 à 100 d) 101 à
250 e) 251 et
plus
Quelle est la proportion de vos employés qui habitent dans
la zone d'implantation du projet?
a) 75 à 100% b) 50 à 74% c) 25 à 49% d) 10
à 24% e) 1 à 9% f) 0%
Expliquez les raisons qui justifient votre choix
Parmi les propositions suivantes, laquelle décrit mieux
votre projet?
a) L'équipe du projet est composée des personnes de
nationalités ou de cultures différentes
b) L'équipe du projet est composée seulement de
québécois
c) Autre, spécifiez s'il vous plaît :
Veuillez expliquer brièvement les raisons de votre choix
pour le projet retenu?
9.- Genre
Combien y a-t-il de femmes qui seraient employées dans
votre projet?
a) < 5% b) 5 à 10% c) 11 à 25 %
d) 26 à 40% e) 41 à 75% f) 76% et plus
Pour un poste similaire, laquelle des propositions suivantes
qui décrit mieux votre projet? a) il y a une équité
salariale b) il n'y a pas d'équité salariale c) ne peut
s'appliquer ici Pouvez-vous expliquer les raisons de votre
choix?
10.- Coût approximatif du projet (en dollars
canadiens)
a) < 50,000 b) 50,001 à 100,000 c) 100,001 à 1
million
d) 1 à 10 millions e) 10 à 50 millions f) 50
millions et plus
11.-Type de clients
Votre projet répond-t-il aux besoins de quel type de
client?
a) interne b) externe c) interne et externe à la fois d)
je m'abstiens
12.- Produit final du projet
Parmi les propositions suivantes, laquelle décrit mieux le
produit final de votre projet? a) matériel,
équipement ou appareil b) service ou essai c) étude ou rapport
d) nourriture, médicament ou logiciel e) éducation
f) mise en place de nouvelles
installations g) si autre, veuillez spécifier s'il vous
plaît :
13.- Domaine dans lequel votre projet est
réalisé :
a) transport b) pharmaceutique c) agriculture/mine d)
manufacturier/construction
e) consultation f) énergie g) technologie de l'information
h) ingénierie i) autre Veuillez spécifier SVP:
14.- Responsabilités
Parmi les propositions suivantes, laquelle décrit mieux
votre rôle dans le projet retenu? a) gestionnaire du
projet b) directeur de support technique
c) membre de la haute direction d) conseiller en environnement
e) membre d'une entité concernée par le projet f)
administrateur de contrat
g) si autre, (veuillez spécifier SVP):
15.- Nombre d'années
d'expérience
Parmi les propositions suivantes, laquelle décrit mieux
votre poste dans le projet? Vous exercez cette fonction ou
vous avez occupé un poste similaire depuis :
a) moins de 1 an b) 1 à 2 ans c) 2 à 5 ans d) 5
à 10 ans e) 10 ans et plus
16.- Formation
Laquelle ou lesquelles des propositions décrit (vent)
mieux votre projet?
a) Les membres de l'équipe du projet ont reçu une
formation sur la gestion environnementale ou le développement
durable.
b) Les membres de l'équipe du projet ont reçu une
formation d'introduction à la gestion de projet;
c) Les membres de l'équipe du projet ont reçu une
aide à l'apprentissage de logiciels;
d) Les membres de l'équipe du projet ont reçu
un appui au niveau financier ou managérial afin de suivre des cours ou
une formation en vue de répondre aux besoins en compétences
stratégiques;
e) Les membres de l'équipe du projet ont reçu de
l'aide pour identifier et documenter les habiletés et connaissances;
f) Si autre, (veuillez spécifier SVP) :
Rubrique II
Performance du projet.-
Dans cette rubrique, on s'interroge sur la performance
environnementale et la performance sociale et sociétale du projet. Si
une questionne concerne pas votre entreprise. Alors passez s'il vous
plaît à la question suivante
1.- Renseignement provenant de sources extérieures
de votre projet
Est-ce que vous avez reçu un financement du gouvernement
fédéral ou provincial? a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, alors pouvez-vous dire de quel
ministère ou organisme?
Devez-vous obtenir une licence ou un permis d'un ministère
ou d'un organisme fédéral ou provincial pour réaliser
votre projet, autre qu'un quota de production?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, alors précisez le type de
licence ou de permis?
Un rapport d'étude environnementale de phase 1 ou de phase
2 a-t-il été produit pour votre projet par une autorité
fédérale, provinciale ou municipale ou un expert
indépendant?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, quand a-t-il été
produit? Et pouvez-vous fournir une copie?
Une évaluation environnementale a-t-elle été
effectuée par une autorité fédérale, provinciale ou
municipale (plan de gestion de déchets, plan de traitements des eaux
usées)?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, quand a-t-elle été
effectuée? Pouvez-vous fournir une copie?
Quel genre d'évaluation s'agit-il?
Votre projet a-t-il fait l'objet d'une enquête
environnementale, d'une action en justice, d'une ordonnance, d'une amende ou
d'une autre sanction?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, pouvez-vous indiquer quand?
Pouvez-vous fournir aussi une copie?
Pouvez-vous décrire succinctement le problème?
Les résultats de l'étude d'impact environnemental
sont-ils accessibles au public?
a) oui b) non c) pas encore disponible d) je m'abstiens Si
vous avez répondu oui, pouvez-vous nous fournir une copie?
2.-Transport
Les liquides, les solides et les gaz peuvent présenter
une ou plusieurs des caractéristiques suivantes : corrosivité,
inflammabilité, réactivité et toxicité. Le
transport de ces marchandises ou matières dangereuses est régi
par des règlements particuliers.
Est-ce que vous prévoyez transporter des marchandises ou
de matières dangereuses à l'extérieur des
frontières provinciales ou à l'intérieur de la
province?
a) oui b) non c) je
m'abstiens
Si vous avez répondu oui, indiquez quel genre de
matières ou
marchandises?
3.- Utilisation des terres et des milieux
naturels
Cochez toutes les possibilités
· Usage antérieur
a) agricole b) commercial c) industriel d) boisé e)
résidentiel f) parc
g) espace couvert h) je ne sais pas g) autre
· Usage actuel
a) agricole b) commercial c) industriel d) boisé e)
résidentiel f) parc
g) espace couvert h) non bâti i) autre
· Usage futur
a) agricole b) commercial c) industriel d) boisé e)
résidentiel f) parc
g) espace couvert h) je ne sais pas
· Différents projets peuvent interagir et
produire des effets environnementaux différents de ceux que produit
votre projet à lui seul. Quels types de projet ont été ou
seront menés sur les terres avoisinantes?
a) agricole b) commercial c) industriel d) boisé e)
résidentiel
f) parc g) espace couvert h) autre
· Y a-t-il eu des déversements de matières
dangereuses sur des terres ou des plans d'eaux avoisinants? a) oui b) non c)
je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails?
4.- Bâtiments
Les bâtiments existants contiennent-ils des
matériaux nocifs, des matériaux inflammables, des explosifs, des
acides, des produits chimiques industriels, de l'amiante, de l'isolation
à l'urée -formol ou du plomb?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails?
5.- Sol
Votre projet a-t-il ou aura-t-il trait à l'une ou l'autre
des activités suivantes?
a) travaux modifiant la stabilité du sol ou contribuant
à l'érosion du sol
b) travaux modifiant la productivité/fertilité du
sol
c) défrichage, modification des caractéristiques
naturelles ou de l'aménagement paysager
d) excavation, excavation des tranchées e) exploitation
de gravier f) exploitation de foret g) nettoyage ou restauration de site h)
autre (veuillez spécifier SVP) :
Y a -t-il des signes de sol contaminé, zone de sol
décoloré, zone de végétation clairsemée,
malade ou morte ou eau de ruissellement décolorée?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner SVP certains
détails?
6.- Eau
Les plans d'eau de surface comprennent les lacs, les canaux,
les réservoirs, les océans ou les rivières et leurs
affluents ainsi que les marécages jusqu'à leur crue annuelle. Ils
comprennent aussi les étangs d'eaux usées ou de traitement des
eaux usées, les étangs artificiels d'irrigation ou les
étangs - réservoirs s'ils contiennent des poissons ou constituent
un habitat de poisson.
· Y a-t-il de plans d'eau de surface sur ou
près de votre site?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails?
Votre projet est-t-il ou sera-t-il réalisé à
30 mètres ou moins d'un plan d'eau sur votre terrain ou un terrain
adjacent?
Prévoyez-vous contrôler ou modifier la
quantité, la direction ou l'écoulement de l'eau de surface?
Peut-on voir de matières décolorées ou
huileuses ou de bulles sur l'eau de surface?
· Eau potable
Votre site est-il approvisionné en eau potable?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez décrire la
source?
Est - ce qu'un puits ou l'eau souterraine sur votre site
approvisionne une municipalité rurale ou urbaine en eau?
a) oui b) non c) je
m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez nommer la
municipalité?
La source d'approvisionnement en eau a-t-elle
été analysée pour s'assurer qu'elle n'est pas
contaminée? a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez fournir les
résultats?
Quels sont les détails sur les mesures prises si les
résultats indiquent qu'elle est contaminée?
Y a -t-il des puits abandonnés ou à
découvert sur votre site?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, indiquer à quel
endroit?
· Services d'égout et fosses
septiques
Avez-vous des services d'égout ou une fosse septique sur
votre site?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez indiquer quel type.
a) égout municipal b) fosse septique/ étang de
rétention c) décharge en
surface
· Usage de l'eau à des fins agricoles ou
industrielles
Utiliserez-vous l'eau à l'une des fins suivantes?
a)irrigation b) liquide de refroidissement c) énergie
thermique d) transformation
d'aliment/boulangerie e) pulvérisation des cultures f)
eau de lavage pour les produits
agricoles g) abreuvement
h) source de pression i) lavage de machines/véhicules
commerciaux
j) production de vin/boisson k) solvant l) matière brute
pour la transformation
m) approvisionnement en eau de serres n) eau de lavage pour la
laiterie
Si l'une des cases s'applique à votre projet, alors
pouvez-vous dire d'où vient l'eau?
a) service municipal b) puits/eau souterraine c) eau
de surface
· Eaux de drainage et eaux usées
Votre exploitation produit-elle des eaux usées
agricoles ou industrielles, des effluents thermiques ou du limon? a) oui b) non
c) je m'abstiens Si avez répondu oui, où vont les eaux
usées?
Disposez-vous un système de drainage des terres ou
comptez-vous en installer un comme le drainage souterrain?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, où vont les eaux de
drainages ?
Détenez-vous un système de captage d'eau de pluie,
soit pour recueillir ou diriger cette eau pluviale?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, où va l'eau de
ruissellement?
Peut-on voir des matières décolorées ou
huileuses ou des bulles dans les trachées de drainage, l'eau de surface
ou les terres?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails?
7.- Habitat des espèces animales et
végétales
Votre projet est-il ou sera-t-il réalisé dans une
zone de nature sauvage (habitat d'animaux sauvages ou de plantes
indigènes)?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails?
Avez-vous repéré des espèces en voie de
disparition ou d'oiseaux migrateurs qui pourraient être touchés
par le projet?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails et votre plan de gestion?
8.- Qualité de l'air
Votre projet est-il susceptible de produire l'un ou l'autre des
polluants suivants :
a) odeurs b) poudrerie c) fumées/suies d) cendre volante
e) émissions/émanations f) aérosols g) émissions de
particules produites par la combustion de combustibles fossiles h) ne
s'applique pas
Si vous avez coché une ou plusieurs possibilités,
veuillez alors donner certains détails?
Les émissions dans l'atmosphère ont-elles
été analysées sur le site de votre projet?
a) oui b) non c) je m'abstiens Si avez répondu oui,
veuillez donner certains détails?
9.- Bruit
Votre projet émettra-t-il des bruits qui auront une
incidence sur le niveau de bruit de la communauté?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez donner certains
détails?
10.- Lumière
Votre projet sera-t-il une source lumineuse qui est susceptible
de produire un effet visuel ? a) oui b) non c) je m'abstiens Si vous avez
répondu oui, veuillez donner certains détails et votre plan de
gestion?
11.- Gestion et élimination des
déchets
Le site est-il ou a-t-il déjà été
utilisé comme site de dépôt de déchets, par exemple
site de dépotoir agricole, site de décharge, parc à
ferrailles ou lieu d'incinération de cadavres?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez décrire SVP le
type de matières et indiquez quand elles ont été
éliminées?
Votre projet produira-t-il l'un ou l'autre des déchets
solides ou liquides suivants?
a) verre; b) plastique; c) chiffons/absorbants; d) carton,
ferrailles et limailles;
e) matières et papier de rebut; f) équipement/
pièces électroniques; g) caoutchouc
h) particules de bourrage; i) palettes et caisse de bois; j)
Huiles usées;
k) marchandises endommagées; l) voitures, pièces,
batteries ou pneus abandonnés;
j) si autre (Veuillez spécifier SVP) :
Si vous avez coché l'une ou plusieurs, veuillez donner
certains détails et votre plan de gestion des déchets?
Votre projet produira-t-il l'un ou l'autre des déchets
organiques suivants?
a) fumier b) déchets issus d'abattoir c) déchets de
la transformation de fruits et
légumes
d) carcasses d'animaux e) déchets infectieux
(médicaux, de recherche, anatomiques)
f) déchets à risque spécifié g)
déchets de farine de grain h) matières grasses liquides
i) déchets de conditionnement de poissons j)
déchets de trituration/ transformation
k) si autre, veuillez spécifier SVP :
Si vous avez coché une ou plusieurs possibilités,
veuillez alors donner certains détails et votre plan de gestion des
déchets?
12.- Production de matières chimiques et
dangereuses
Les intrants et les déchets sont des matières
toxiques s'ils peuvent empoisonner les humains, les plantes ou les animaux. Ils
sont volatiles s'ils sont corrosifs et peuvent ronger ou
détériorer d'autres matériaux. Ils sont aussi inflammables
s'ils peuvent s'enflammer facilement, et sont réactifs s'ils peuvent
provoquer une explosion ou émettre des gaz mortels.
Stockez-vous de produits chimiques sur le site (par exemple plus
de 50 litres)?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, à quel endroit les
stockez-vous et depuis quand?
Utilisez-vous de substances chimiques ou produisez-vous de
déchets chimiques considérés dangereux, selon la de La loi
ou du règlement sur le transport de marchandises dangereuses au
Canada?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez préciser les
types?
13.- Produits pétroliers
Stockez-vous de produits pétroliers ou de ses
dérivés sur le site (par exemple plus de 230 litres)?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez préciser les
types?
Dans de quels types de réservoirs stockez-vous ces
matières?
a) réservoirs hors sol b) réservoirs souterrains
c) les
deux
À qui appartiennent ces réservoirs ou qui les
entretiennent?
a) réservoirs personnels b) clients c)
société
pétrolière
14.- Puits de pétrole, de gaz et stations de
pompage
Y a-t-il sur le site des puits de pétrole ou de gaz
naturel, des puits de forage horizontal ou une station de pompage?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, veuillez préciser le
type?
Y a-t-il eu sur le site des puits ou des stations qui sont hors
service?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, combien?
Y a-t-il eu sur le site des puits ou des stations qui sont hors
service?
a) oui b) non c) je m'abstiens
Si vous avez répondu oui, quand et comment le
déversement a-t-il été nettoyé?
15.- Aspects sociaux, sociétaux et
culturels
La livraison ou le projet est-il responsable de l'une ou
plusieurs des conséquences sociales
suivantes:
a) déplacement de populations
b) expropriation de terrains
c) transformation de terrains agricoles, forestiers, de
pêche ou d'industries existantes
d) pertes culturelles ou historiques
e) impact sur des zones d'habitation
f) impact sur des minorités ou de la population
indigène
g) Aucune des conséquences mentionnées
ci-dessus
· Déplacement de populations:
Les personnes sont-elles déplacées hors du lieu
d'implantation du projet contre leur gré? Nombre de personnes
concernées? Depuis combien de temps habitent-elles ou travaillent- elles
à cet endroit? Leur a-t-il été proposé un terrain
ou de l'argent en compensation?
· Expropriation de
terrains/d'habitations:
Sur quelle base légale repose l'expropriation? Qui
estime la valeur des biens expropriés et selon quelle méthode?
Les habitants reçoivent-ils une compensation financière ou un
terrain en compensation, ou les deux?
· Détérioration de terrains agricoles
ou d'industries existantes:
Les personnes concernées se verront-elles offrir une
activité de substitution? Ont-elles été
consultées?
· Pertes culturelles ou historiques: Le
projet touche-t-il un site d'importance culturelle, historique, religieuse ou
scientifique?
· Impact sur les minorités ou sur la
population indigène:
On parle de populations indigènes lorsque leur
sédentarisation en tant que population dans le territoire
concerné est antérieure à celle des autres groupes de
population du pays ou de la région, et que leur origine ethnique se
distingue de celle des autres. Elles pratiquent souvent une autre religion et
disposent de leur propre langue, mode de vie et de formes d'organisation
sociale et économique autonomes.
Quel groupe de la population est concerné et dans quelle
mesure?
Rubrique III Organisation du projet.-
1.- Planification
2.- Gestion et constitution des équipes de
projet
3.- Types et gestion des ressources
4.- Gestion des parties prenantes
Quelle influence y a-t-il sur la conception de votre projet en ce
qui concerne les aspects environnementaux et sociaux?
Selon vous, quel type d'organisations sont-elles? Combien
sont-elles en nombre?
Quant au projet, une consultation auprès du public
a-t-elle eu lieu ou encore est-elle prévue? a) oui b) non c) pas
encore
Si oui, veuillez décrire le niveau et la forme de
consultation (réunions municipales, groupes d'intérêt,
annonces publicitaires et niveau de réponse, réunions face
à face ou en petits groupes de citoyens concernés ou de personnes
habitant à proximité du site du projet, etc.) de même que
les résultats obtenus, le cas échéant.
Décrivez le niveau d'appui ou d'opposition du public
à l'égard de la réalisation, du démarrage ou de
l'exploitation du projet. Précisez la nature (vise-rois, lettres,
média, etc.) de même que toute mesure prise, le cas
échéant, pour évaluer et/ou atténuer les
préoccupations identifiées).
Facteurs de risques du projet.-
1.- Techniques
2.- Organisationnels
3.- Environnementaux
Quels sont les risques et impacts environnementaux possibles
liés aux activités, aux produits et aux services du projet ?
Comment ces risques et impacts possibles sont-ils prévus
et évalués ?
Quels systèmes et stratégies mettez-vous en place
pour réduire les probabilités qu'ils se concrétisent ?
En quoi consiste votre plan d'urgence, s'il y a lieu ?
Certaines des activités du projet risquent-elles d'avoir
des effets néfastes sur les propriétés avoisinantes ou
vice versa ?
Quels moyens utilisez-vous pour renseigner vos employés
sur les politiques environnementales ? Ce programme a-t-il été
documenté ?
Quelles questions environnementales que les employés et
les autres personnes externes au projet ont-ils soulevés ? Comment la
haute direction et vous ont-ils répondu à leurs
préoccupations ?
Implications sociales : la relation de l'entreprise avec
la société.-
Autres remarques importantes sur
l'entreprise.-
QUESTIONNAIRE DESTINÉ AUX PARTIES PRENANTES
STRATÉGIQUES : CITOYENS,
COMMUNAUTÉS LOCALES, ORGANISMES DE
DÉFENSE, ETC.
· 1.- Quel est le mandat ou le nom de votre organisme ?
· 2.- Combien y a-t-il de membres qui sont affiliés
à votre organisme ?
· 3.- Votre organisme a-t-il un engagement au niveau
municipal, provincial ou national ? Combien d'années ou de mois a-t-il
votre organisme dans la région?
· 4.- Bénéficiez-vous d'un support
gouvernemental ou politique pour le financement des activités ?
Si oui, dire de quel type de support s'agit-il ?
Sinon, quelle est l'origine du fonds de financement?
· 5.- Avez-vous un poids important pour contraindre le(s)
promoteur(s) du projet à modifier les objectifs de réalisation du
projet ?
ï 6.- Même si votre opinion n'est pas
définitive, diriez-vous que vous êtes entièrement d'accord,
plutôt d'accord, plutôt désaccord ou entièrement en
désaccord avec le projet ?
ï 7.- Pouvez - dire pour quelles raisons principales que
vous êtes opposé par rapport au projet ? Veuillez justifier vos
choix possibles de réponse.
À cause de l'environnement, de la pollution ou de
l'écologie_____
Pas sécuritaire, risque d'incendie ou d'explosion
Emplacement trop près de la population
Risque d'altération de la beauté du paysage
Atteinte de l'intégrité d'un ou plusieurs groupe(s)
dans la communauté
Manque d'information sur le projet
Projet devrait se situer ailleurs
Ne voit pas l'utilité du projet
De projets semblables existent ou il existe déjà
assez de projets dans la région Parce que la population est contre le
projet
Autres raisons, veuillez spécifier SVP
Ne sait pas/refus
· 8.- En tant qu'organisme ou citoyen, souhaitez-vous,
OUI ou NON, avoir la possibilité de vous prononcer sur le projet avant
son implantation ?
· 9.- Advenant la tenue d'un référendum
sur le projet avant qu'il soit implanté dans la zone, à votre
avis, est-ce que les citoyens devraient pouvoir se prononcer sur le sujet ?
· 10.- Advenant toujours d'une tenue de
référendum sur le projet, seriez-vous d'accord ou non à ce
qu'un référendum se tienne sur le projet, bien qu'il est en phase
d'exécution ?
· 11.- Souhaiteriez-vous être plus informé des
décisions prises au long du cycle du projet ? Si oui, veuillez expliquer
pour quelles raisons ?
· 12.- Impacts sociaux, sociétaux et
culturels
Le(s) objectifs de réalisation du projet sont-ils
responsables de l'une ou plusieurs des conséquences sociales
suivantes:
a) un déplacement de populations b) une expropriation de
terrains
c) des pertes culturelles ou historiques d) un impact sur des
zones d'habitation
e) un impact sur des minorités ou sur la population
indigène
f) une transformation de terrains agricoles, forestiers, de
pêche ou d'industries existantes
g) si autre, veuillez spécifier SVP:
Déplacement de populations:
Les personnes sont-elles déplacées hors du lieu
d'implantation du projet contre leur gré? Nombre de personnes
concernées? Depuis combien de temps habitent-elles ou travaillent- elles
à cet endroit? Leur a-t-il été proposé un terrain
ou de l'argent en compensation?
Expropriation de terrains/d'habitations:
Sur quelle base légale repose l'expropriation? Qui
estime la valeur des biens expropriés et selon quelle méthode?
Les habitants reçoivent-ils une compensation financière ou un
terrain en compensation, ou les deux?
Détérioration de terrains agricoles ou
d'industries existantes:
Les prsonnes concernées se verront-elles offrir une
activité de substitution? Ont-elles été
consultées?
Pertes culturelles ou historiques:
Le projet touche-t-il un site d'importance culturelle,
historique, religieuse ou scientifique?
Impact sur les minorités ou sur la population
indigène:
On parle de populations indigènes lorsque leur
sédentarisation en tant que population dans le territoire
concerné est antérieure à celle des autres groupes de
population du pays ou de la région, et que leur origine ethnique se
distingue de celle des autres. Elles pratiquent souvent une autre religion et
disposent de leur propre langue, mode de vie et de formes d'organisation
sociale et économique autonomes.
Quel groupe de la population est-il concerné et dans
quelle mesure?
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