2- Le développement financier, stimulant de la
discipline budgétaire.
Avec le développement financier, la perte des
privilèges illégitimes astreint l'Etat à la rigueur
budgétaire. Le laxisme budgétaire serait encouragé par les
facilités et rentes durant la répression financière. C'est
ce qui pousse Espinoza et Hunter (1994) à dire que les déficits
et la répression financière vont de pair. En outre, une analyse
spécifique au système bancaire arrive à la conclusion que
le développement financier réduit les déficits publics.
2.1- Le développement financier et la réforme
budgétaire.
Pour Bencivenga et Smith (1990), la répression
financière est la moins onéreuse des formes de taxation. La taxe
de répression financière et la taxe d'inflation sont souvent
préférées aux formes conventionnelles d'imposition. Elles
n'exigent aucun coût pour leur prélèvement, contrairement
aux autres. Du fait de ces ressources bon marché, le gouvernement se
laisserait aller dans un laxisme budgétaire. Avec le
développement financier
et la perte des revenus faciles, une réforme fiscale
s'impose. La réforme s'impose pour compenser la perte des revenus issus
de la répression financière. Elle suppose la mise en oeuvre
effective des impôts conventionnels, l'élargissement de l'assiette
fiscale. Bien plus, la mise en oeuvre et l'administration des nouvelles
taxations sont coûteuses. Considérant les dépenses
engagées pour cette collecte, le gouvernement est conduit à
utiliser ses ressources avec parcimonie. Le développement financier
astreint l'Etat à la discipline budgétaire ; les soldes vont
s'améliorer ou les déficits se réduire.
Le blocage des taux d'intérêt à des
niveaux bas maintient le système bancaire dans le sous
développement et procure une rente de financement au secteur public. Ce
dernier emprunte à des coûts très bas pour financer ses
activités. Le gouvernement entreprend alors des dépenses
fantaisistes sans corrélation avec les objectifs de
développement. Le laxisme dans la gestion budgétaire
accroît les déficits. Avec le développement du
système financier, l'Etat perd sa rente de financement. Il fait face
à des coûts et frais financiers de plus en plus
élevés. Le renchérissement du coût de financement
public oblige le gouvernement à discipliner ses finances. Il va
s'engager à réduire ses dépenses et par conséquent
à réduire ses déficits. De nos jours, les propositions se
dirigent vers l'amélioration de la qualité des dépenses
plutôt que leur simple réduction. Ce serait en disciplinant ses
dépenses que l'Etat arriverait à réduire ses
déficits
2.2- Le système bancaire et les finances
publiques.
Ici, l'on pense que l'indépendance de la banque
centrale impose la discipline budgétaire et que le développement
du système bancaire contribue à la formation de l'impôt sur
les sociétés.
Le statut de la banque centrale n'est pas sans influence sur
les déficits budgétaires. Le seigneuriage représente le
revenu que l'Etat trouve en émettant des dettes détenues par le
public sous forme de monnaie, ou par les banques sous forme de réserves
assorties d'un intérêt faible ou nul. Plus largement, le droit de
seigneuriage ou taxe d'inflation inclut les gains obtenus par l'Etat
grâce à la dévalorisation de la dette nominale, par une
inflation surprise. Tout ceci est lié à une banque centrale sous
l'emprise formelle des pouvoirs politiques. La garantie d'un financement et le
bénéfice des conditions privilégiées à la
banque centrale sont sans doute des incitations au laxisme budgétaire.
Par contre, confier à l'institut d'émission un objectif de
stabilité de prix interdit le recours à la « planche
à billets » ou à un
quelconque accès privilégié au
crédit pour financer les déficits (Benassy et Pisni-Ferry, 1994).
Le développement financier accompagné d'une banque centrale
indépendante incite donc le pouvoir public à la prudence ou la
discipline dans la gestion budgétaire.
L'état du système bancaire n'est pas sans
influence sur les finances publiques. Dans les économies en
développement, c'est un secteur capital. Ceci, du fait que c'est la
« seule5 » source de financement et aussi de ce que la
monnaie est son objet. Lorsque le secteur bancaire est en difficulté,
l'intervention de l'Etat est indispensable pour lui maintenir la confiance du
public. Les dépenses pour restructurer ou réformer le secteur
augmentent avec la dégradation de la situation bancaire. De même,
un système bancaire en crise se traduit par la faillite des
établissements de crédit. Les liquidations qui en
résultent diminuent la taille du système bancaire et le volume
d'impôt provenant de ce secteur. A l'opposé donc, lorsque le
système bancaire est performant et en bonne santé,
c'est-à-dire lorsqu'il y a approfondissement financier, l'Etat ne
s'engage plus financièrement pour soutenir les banques. Par la
même occasion, lorsque le nombre d'établissements financiers est
important, il y a formation des recettes budgétaires à travers le
paiement de l'impôt sur les sociétés.
L'intervention des pouvoirs publics dans le système
financier fournit des ressources faciles à l'Etat et encourage le
laxisme budgétaire. Le développement financier bloque les sources
de revenus bon marché. Pour certains auteurs, l'amélioration de
la situation du système financier est synonyme de difficultés
pour le Trésor. Pour d'autres, la perte des privilèges et
ressources faciles obligerait à plus de rigueur dans la gestion des
finances publiques, donc une réduction des déficits
budgétaires.
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