LE DEVELOPPEMENT FINANCIER ET LES DEFICITS BUDGETAIRES DANS
LA CEMAC :
TENDANCES ET CORRELATIONS
Par ABDALA ZEDOU D.E.A.-P.T.C.I. en
Macroéconomie appliquée
Cet article est écrit à la suite du
mémoire de D.E.A., sous le thème : « Développement
financier et déficits publics dans la CEMAC. », soutenu
publiquement le 16 Avril 2006 à l' Université de Yaoundé
II. Il a été dirigé par le Professeur FOUDA
Séraphin Magloire, à qui nous renouvelons toute notre gratitude
pour avoir guidé nos premiers pas dans la recherche.
Résumé :
Cet article présente une analyse du
développement financier de la CEMAC dans une perspective des finances
publiques. Cette analyse s'appui sur la théorie de la
libéralisation financière et associe les variables de
développement financier aux déficits budgétaires. Les
corrélations et causalités entre les indicateurs financiers et
les soldes budgétaires base engagement sont discutés.
Abstract:
This paper undertakes to analyze the financial development of
CEMAC zone from a public finance issue. The analysis is backed by the financial
liberalization theory and links financial development variables and the budget
deficits. The correlations of financial indicators with state deficits and the
causalities are discussed.
Introduction
L'observation stricte de la discipline budgétaire dans
la conduite de la politique économique est devenue une priorité
dans les pays en développement. Il est désormais question, pour
les Institutions Financières Internationales, au regard de la faiblesse
financière des pays africains surtout, d'encourager ceux-ci à
améliorer les soldes budgétaires tout en renforçant les
capacités d'épargne et d'investissement à travers la
libéralisation financière (Semedo, 1998).
L'intuition des tenants de la théorie de la
libéralisation financière est que les interventions de l'Etat
dans le système financier lui procurent des privilèges et revenus
certains, mais limitent la liberté d'action dans la sphère
financière. Cette absence de liberté maintient le système
financier à l'état embryonnaire : c'est le syndrome
interventionniste de McKinnon (1973). Par suite, la libéralisation
financière (ou la suppression de toute intervention publique dans la
sphère financière) s'accompagne de la constitution de
marchés profonds (`financial deepening') et l'allongement du spectre des
actifs financiers (`financial widening') (Fry, 1995).
La vision de Dornbush et Reynoso (1989) partagée par
Easterly (1989) et Roubini et Sala-i-Martin (1992) est que ce
développement financier pourrait créer des difficultés aux
finances publiques. Aussi Venet (1996) souligne-t-il : « Le
gouvernement peut voir dans la répression financière un moyen
privilégié d'accès à des ressources bon
marché (via la perception d'un seigneuriage). Il peut donc avoir
intérêt à empêcher le développement du secteur
financier dans la mesure, où celui-ci rend la perception de
l'impôt d'inflation plus difficile. » Dans quelles mesures les
soldes budgétaires des pays de la CEMAC ont-ils alors été
affectés par la libéralisation financière ?
Dans la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale, c'est en réponse à la crise de la fin des
années 1980 que les premières mesures de libéralisation
financière ont été prises, dès le 1er
Octobre 1990. Le travail se propose d'évaluer les réformes
financières dans une perspective des finances publiques. Notre objectif
est précisément d'analyser les effets du développement des
activités financières sur les budgets de l'Etat. Ce qui nous
conduit à considérer le lien qui peut exister entre le
système financier et les finances publiques.
Pour mener à bien cette étude, nous
déterminons dans un premier temps si les réformes entreprises ont
amélioré les niveaux de développement financier (section
1). Ensuite,
nous présentons les explications théoriques du
lien entre le système financier et les finances publiques (section 2).
Enfin, nous évaluons empiriquement et discutons de ces rapports (section
3).
|