II. DONNES TOXICOLOGIQUES
II.1. Pollution de la côte Atlantique
Marocaine
La côte atlantique marocaine contribue en grande partie
à l'économie nationale, du fait de la concentration industrielle
(80 % des effectifs permanents des industries), touristique (50 % de la
capacité d'accueil) et commercial (92 % du commerce extérieur)
(REEM, 1999).
En effet cette industrialisation croissante a
été accompagnée d'une pollution inquiétante et
représente une menace pour la préservation de la richesse en
faune et en flore marine (Chafik et al., 2001). Quant à
l'appauvrissement biologique, les pertes de la biodiversité, les
problèmes de la pêche, la dégradation des sites
d'intérêt biologique, historique et culturel, ne peuvent
être, que des signes alarmants de l'état critique du littoral
atlantique marocain.
Certaines substances polluantes telles que les pesticides, les
hydrocarbures et les déchets issues de traitement des minerais de
phosphate (métaux, phosphate, sulfate, nitrates, chlorures...)
(Kaimoussi et al., 2001) sont souvent, déversées dans la
mer et accumulées par les organismes marins, leurs concentration
s'amplifient à travers les maillons de la chaîne trophiques. La
qualité des eaux côtières atlantiques marocaines a
été suivie de 1993 à 1996, dans le carde d'un programme de
surveillance, visant à évaluer l'état des lieux du
littoral atlantique marocain, par Chafik et al., (2001), Ce qui a pu
montrer des concentrations importantes en nitrates, en oxygène dissous,
matière en suspension, révélant ainsi la trace des
émissaires d'eaux usées urbaines et industrielles, notamment
à Mohammedia, Casablanca, Kenitra, Jorf Lasfar et Safi. Dans l'axe El
Jadida-Safi des teneurs élevées en métaux ont
été mesuré chez M. galloprovincialis, d'origine
industriels (traitement de minerais de phosphate) (Chafik et al., 2001
; Kaimoussi et al., 2001). Cette contamination par les métaux
toxiques (Al, Cd, Cr, Cu...) est accentuée ces dernières
années, et les concentrations mesurées dépassent
largement les normes internationales (Moustaid et al., 2005).
Dans certaines conditions de pollution marine, des
micro-algues peuvent produire des toxines qui se concentrent dans les moules,
dont la consommation engendre des intoxications chez l'homme (Yasumoto et
al., 1984 ; Wright et al., 1989). Les toxines marines (l'acide
okadaïque et ses dérivés) sont impliquées dans la
peroxydation lipidique et l'inhibition de la synthèse d'ADN et des
protéines (Matias et al., 1999 ; Traoré et al.,
2001). Des études de cytotoxicité sur des cellules intestinales
humaines (Caco-2) (Traoré et al., 1999 et 2000) ont
montré que des métaux lourds, en particulier le Cd, et des
toxines marines ont un effet synergique dans la peroxydation lipidique et dans
la modification des bases puriques et pyrimidiques (m5dC, 8-OH-dG).
Au Maroc, en 1999, date à la quelle une eau
colorée à Lingulodinium polyedrum est survenue le long
des côtes marocaines atlantiques. Observée au début dans la
région de Kenitra, elle s'est étendue avec la dérive
littorale jusqu'au sud de Safi et a touché, au passage, une zone soumise
à une surveillance sanitaire. Cette zone comprend d'importants gisements
naturels de moules et de palourdes, ainsi que les sites exploités
d'Oualidia et de Sidi Moussa. Cette efflorescence est apparue pour des
températures des eaux superficielles (17-18 °C) propices au
désenkystement et au développement du dinoflagellé. Le
schéma observé de deux à trois bandes parallèles
à la côte a suggéré une agrégation du
phytoplancton générée par des vagues internes
engendrées par les vents modérés de direction et de
vitesse constantes. Les toxines de type diarrhéique trouvées dans
certains coquillages (moules, huîtres) ne peuvent être le produit
de L. polyedrum mais plutôt d'espèces accompagnatrices
telles Dinophysis acuminata et D. acuta qui ont
été dénombrées par Joutei, (2002).
II.2. Les métaux toxiques
Si les métaux sont souvent indispensables au
déroulement des processus biologiques (oligoéléments),
nombre d'entre eux peuvent s'avérer toxiques, lorsque leur concentration
dépasse un seuil, c'est le cas du Fe, Cu, Zn, Ni, Se, Mo et Mn (Miquel,
2001). D'autres ne sont pas nécessaires à la vie et peuvent
être même néfastes comme As, Cd, Cr, Hg, Pb et Sb,
(Chiffoleau et al., 2001)
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