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Gestion communautaire des ressources en eau et conflits d'usage dans la basse vallée de l'Ouémé

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par Setondji Yacin Wilfrid BOKO
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'Etude Supérieure Spécialisée 2009
  

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3-1-2 Manifestation des conflits d'usage de l'eau

Le Bénin est un pays ayant pour proches voisin des pays à vocation pastorale tels que le Niger, le Burkina-Faso et le Nigéria. Parmi les types d?élevage pratiqués, la transhumance est prépondérante. Ce type d?élevag e du genre extensif présente toute une dynamique de déplacement saisonnier. Le déplacement de l?éleveur transhumant requiert un cadre physique adéquat et précis. La conduite des troupeaux se fait tout en permettant aux animaux de satisfaire leurs besoins physiologiques les plus élémentaires. Les troupeaux peuvent parcourir une vingtaine de kilomètres par jour mais en s?alimentant sur leur trajet. En période de cultures, des aires de pkturages, des points d?eau doivent donc i1tre assez fréquents le long des pistes de transhumance.

L?environnement rural du Bénin, en particulier celle de la basse vallée de l?Ouémé a connu des mutations ces dernières années.

Il est un fait que la croissance démographique enregistrée au cours de la dernière décennie a engendré l?augmentation des besoins alimentaires et l?extension des terres cultivées (INSAE 2002).

Cette extension s?est fait au détriment des espaces pastoraux connus. Mais elle a
aussi provoqué une diminution des possibilités de jachère et une diminution des

superficies des exploitations agricoles. Ces mutations constituent aujourd?hui des entraves à l?activité du transhumant qui se heurte désormais à des tracés de couloirs peu précis, de petites aires de pâturage très contiguës aux champs, des couloirs très étroits où il est très difficile de diriger aisément des troupeaux de grande taille.

Les conflits naissent souvent dans des conditions de mésentente créées en rapport avec l?ex ploitation des ressources agropastorales. Les agriculteurs avec l?extension de leurs terres essayent de protéger leur culture. Les éleveurs aussi, à la recherche de pâturage, se déplacent selon un itinéraire traditionnellement connu.

L?affrontement naît souvent suite aux changements des limites des espaces pastoraux. Les principales plaintes rapportées concernent souvent les dégâts champêtres. Mais aussi des plaintes pour viol et vol.

Ces situations sont les différentes manifestations des conflits d?usage de l?eau opposant agriculteurs et éleveurs dans la basse vallée de l?Ouémé.

3-1-3 Les causes du conflit entre agriculteurs et éleveurs

Le conflit entre les agriculteurs et éleveurs dans la basse vallée de l?Ouémé est un sujet délicat et il est très difficile de cerner l?ensemble des causes de ce phénomène. Un grand flou apparaît dès que l?on tente d?appréhender l?ensemble des causes pour en faire une synthèse globale. La poussée démographique, les perturbations climatiques et ses conséquences, telles que la sécheresse, la désertification, la pauvreté des sols, la rareté de l?eau, la dégradation des pkturag es sont souvent citées comme les causes principales de conflits. Bien que ces facteurs soient déterminants dans les changements en milieu rural, ils ne justifient pas la recrudescence des conflits dans notre zone d?étude.

> Les péjorations climatiques

Il est maintenant reconnu selon les travaux de l?IPCC4 (2001, 2003), que le climat
de la terre change suite au réchauffement global et qu?au cours des prochaines

décennies, les contrecoups des changements climatiques affecteront directement les secteurs clés de la vie économique des pays en développement et la vie des populations.

Dans l?ouest-africain, les différents champs pluviométriques, sahéliens et subsahéliens et la relation entre leurs modes de variabilité et les forçages océanoatmosphériques, avaient été étudiés par de nombreux auteurs à savoir : Lamb, 1966 ; Nicholson, 1979, 1981 ; Hastenrath, 1985 ; Shinoda, 1985 ; Reed, 1986 ; Folland et al., 1986 ; Janowiak, 1988 ; Camberlin, 1987 ; Druyan, 1989 ; Fontaine, 1990 ; Janicot, 1990, 1992 ; Mahé, 1992 ; Nicholson et Palao, 1993 ; Moron, 1994, 1995 ; tous cités par Houndenou, 1999. La plupart de ces auteurs ont démontré que l?Afrique sahélienne est confrontée à une diminution des totaux pluviométriques, accentuée par une forte persistance des anomalies pluviométriques négatives. Aussi, Sirculon (1976) cité par Houndenou (1999) a montré à partir de 10 postes pluviométriques sub-sahéliens, l?extension de la sécheresse au-delà des limites du sahel.

Le Bénin n?est pas à la marge d?une telle situation. Depuis les années 1970, la région du Golfe de Guinée, dont fait partie le Bénin et dont la climatologie en 1986 a été étudiée par Bokonon-Ganta (cité par Houndenou, 1999), subit comme le Sahel les effets de la sécheresse, mais pas avec la même intensité. Les conséquences de celle-ci sur les écosystèmes et sur l?économie rurale ont été généralement moins sévères (Houndenou, 1999).

Au Bénin, la répartition des précipitations d'une année à l'autre et d'une zone à l'autre est sujette à d'importantes variations (Leroux, 1970 cité par Pliya, 1980). La baisse sensible, l?irrégularité et la mauvaise répartition des précipitations que connaît le Bénin ces dernières années, notamment dans sa partie méridionale où a été réalisée cette étude, ont provoqué une diminution de l?étendue des crues et de sa durée en mr me temps qu?une diminution de la production halieutique et de cultures vivrières dans les plaines d?inon dation (Gbessi, 1999 ; Lalèyè et al. 2005).

> La pression démographique et animale

* La population humaine :

La migration et le taux élevé d?accroissement ont favorisé une croissance démographique dans le secteur d?étude. La densité moyenne de la population ne nous renseigne pas sur la répartition réelle de la population dans les différentes localités. Toutefois, elle nous permet a priori de dire que dans la région, globalement, les pressions démographiques, certes croissantes, ne sont pas excessives sur les ressources naturelles.

* La population animale :

La pression pastorale s?est particulièrement accentuée dans les zones de Djidja, Zangnanado, Za-Kpota et Zogbodomey sous l?effet conjugué du développement des troupeaux villageois, mais surtout de la forte descente des troupeaux transhumants fuyant les nombreuses sécheresses qui ont entraîné la pénurie permanente des ressources pastorales dans la partie septentrionale du pays. Ces facteurs sont également à l?origine de l?allongement de la durée du séjour des troupeaux transhumants dans cette zone.

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Photo 7 : Troupeau de bovin à Zangnanado

Source : Cliché BOKO Yacin, juin 2008

Photo 8 : Troupeau de bovin à Djidja Source : Cliché BOKO Yacin, juin 2008

/ 1r% r%)a)ir%)iquer% duU) 1IEir%)èîeM C?PCeMIHIP RIE)î/IE)M'EMEIEr%fices zones (Djidja, Zangnanado, Za-Kpota et Zogbodomey), C?FIIIF)ifIERviIETqP)PEP uC)iSCIPISaî dix (10) eIE C?er%SMMEldix-huit (16) ans passant de 67 200 têtes en 1990 à 670 000 têtes en 1996 (Figure 3).

Figure 4: Croissance de la population bovine dans le secteur d'étude entre 1990 et 2006

Source : 6t1Offl,4esa:I,4a eM~ffea:Ieal',$.1ffiF,4lt,4ffe,a:IeallPleli1.1e et de la Pêche

Le mouvement massif des éleveurs transhumants dans la partie méridionale du Bénin en particulier dans la basse vallée de l?Ouémé est une stratégie de base pour s?adapter à la forte inégalité spatio-temporelle des ressources naturelles.

> Les modes de règlement des conflits

Sur le plan national, il n?existe pas de mécanisme spécifique pour la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Il n?existe pas à proprement dit une loi qui devrait réglementer la transhumance. Il n?existe que des accords entre des Etats et ces accords sont largement dépassés par les contraintes écologiques et par l?évolution du mouvement des populations et des animaux. En cas de conflit, les protagonistes ont recours à plusieurs types de règlement du litige et d?instances, on peut citer :

- le règlement par consensus entre les deux parties ;

- le règlement par les chefs traditionnels ;

- le règlement à l?échelle de la sous-préfecture ou de la brigade de

gendarmerie ;

- le règlement par la justice ;

- le règlement par les comités d?entente et de dialogue mis en place soit par les

protagonistes eux-mêmes, soit par les autorités administratives.

Par rapport à notre échantillon, Ouinhi Djidja et Za-Kpota sont les régions où l?on constate la plus grande pluralité d?instances de gestion de conflits avec, surtout, un nombre élevé de conflits réglés à travers la brigade de gendarmerie et les autorités administratives (Figure 5).

On constate également que dans ces régions, un nombre non négligeable de conflits n?ont pas trouvé de solution.

Nbre de conflits

Figure 5 : Les voies de résolution des conflits

Par contre, dans ces trois régions, les conflits semblent se régler, pour la plupart, par l?intermédiaire des chefs traditionnels. Dans ces régions à tradition d?agriculteur, les populations disposent d?instances traditionnelles de règlement des conflits. Une personne (souvent le plus vieux conseiller du chef de village) est désignée parmi les notables comme intermédiaire entre les éleveurs, les agriculteurs et le chef. Il est chargé de recenser tous les campements d?éleveurs se trouvant dans sa juridiction, de récupérer les redevances à payer pour l?OEcès aux ressources. En contrepartie, le chef protège et règle les éventuels conflits qui opposent les deux parties.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry