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L'Etat de droit: entre la domination et la rationalité communicationelle

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par Raphaël BAZEBIZONZA
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza - Maîtrise 2007
  

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CHAPITRE I : LA DOMINATION DANS LA PENSEE POLITIQUE DE HABERMAS

I. 0. Prétexte

Plus que tout autre vocable intervenant dans la réflexion politique de Habermas, celui de domination a derrière lui une histoire déjà longue. Le concept de domination dérive donc directement chez lui de la réappropriation d'une tradition multiple. L'enjeu est d'importance et détermine déjà à lui seul une large part de la perspective particulière de sa réflexion : il s'agit d'assumer autant que faire se peut la critique de la modernité politique et sociale inaugurée par Karl Marx et Max Weber. Cependant, il ne s'agit pas pour Habermas de se contenter d'évaluer l'apport de chacun à une hypothétique histoire de la philosophie post-moderne, mais bien de se réapproprier dans le même mouvement critique la pensée de ses prédécesseurs. On peut en ce sens lire ici Habermas comme le continuateur d'un projet ou d'un point de vue élaboré par ses maîtres de Francfort. De cette lecture à deux niveaux, on découvrira chez Habermas une précision de la position qu'il entend tenir : réaffirmer la dénonciation critique de la domination comme fait historico-politique tout en prenant ses distances vis-à-vis de la condamnation radicale de la modernité que celle-ci a pu induire. En effet, aux yeux de Habermas, l'appréhension de la figure de la domination recèle un enjeu tout à fait primordial quant au sens de son projet philosophique d'ensemble. Qu'il s'agisse de Marx ou de Weber, ou encore des théoriciens francfortois, tous ont, de façons très différentes, à un moment ou à un autre, étendu leur dénonciation de la domination à une critique fondamentale du système politique et social et, avec elle, à une critique de la raison dont Habermas veut dénoncer les risques et l'inanité.

Ainsi lancée, la réflexion va s'articuler autour de deux références primordiales : Karl Marx et Max Weber. Cependant, chez l'un comme chez l'autre, la pensée de la domination - loin d'être abstraite - prend place dans une appréhension dynamique de l'évolution sociale : la rationalisation. C'est cette même optique qui guidera Habermas, et donc notre réflexion. Pour une large part, la pensée de Habermas s'inscrit au coeur de ce projet : la critique de la domination et le défi pratique de l'émancipation comme fondement d'une réflexion novatrice sont au centre de ses préoccupations. Mais avec Marcuse, la critique se heurte en se développant à des apories qu'il entend dénoncer. La critique de la domination les a, en effet, poussés à une critique de la raison à laquelle, lui, se refuse. Celle-ci, doit donc être réamorcée à partir du lieu où cette voie pourtant féconde est devenue une impasse. C'est dans la confrontation avec Marcuse que Habermas met un terme provisoire à cette réflexion critique de la domination. Habermas préconise alors une discussion politiquement efficace qui établisse des liens rationnels valables entre les citoyens, pour déterminer dans quelle direction orienter la marche de la société.

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