CHAPITRE I : L'INTRODUCTION EN BOURSE: D'UN SIMPLE
OBJECTIF A UNE ADMISSION A LA COTE PERMANENTE
L'introduction en Bourse constitue un évènement
d'importance majeure dans la vie d'une entreprise. En effet, la plupart du
temps, il s'agit du premier contact de l'entreprise avec le marché
financier. Ce contact va lui permettre d'élargir son potentiel de
financement dans des proportions considérables et va offrir aux
investisseurs la possibilité de diversifier leur fortune.
En contre partie de ces avantages, l'introduction en Bourse
suppose un certain nombre d'efforts à fournir et des conditions
d'éligibilité à satisfaire qui peuvent paraître
contraignantes pour la société.
SECTION 1 : LES OBJECTIFS DES
INTERVENANTS :
Les motivations d'une introduction en Bourse
différent selon qu'on est initiateur, épargnant,
intermédiaire ou autorité de tutelle.
1. Objectifs pour l'initiateur :
Pour l'initiateur (ancien actionnaire), l'introduction en
bourse est motivée, essentiellement, par le fait de :
· Diversifier et multiplier ses sources de
financement : Afin d'éviter les limites dûes à
l'insuffisance de l'autofinancement, de crédit , de garanties et les
limites de tolérance à l'endettement, et pour gagner en
indépendance , en flexibilité et en puissance , il est important
qu'une société diversifie ses sources de financement en
élargissant le cercle de ses actionnaires ; l'épargne
publique prend alors le relais des actionnaires d'origine. La large panoplie de
produits offerts (actions, obligations, A.D.P...) permet de satisfaire
l'épargnant et de garantir l'indépendance de l'actionnariat
d'origine majoritaire. La Bourse permet alors à ces derniers de
céder, dans de bonnes conditions, une partie du capital sans remettre en
question le contrôle de l'entreprise.
· Conforter sa stratégie de croissance : En
s'introduisant en Bourse, la société dispose, pour tout projet de
croissance externe, de l'arme essentielle qu'est la négociabilité
de ses actions sur le marché (OPA, OPE...). De plus, la capacité
de développement est facilitée par le renforcement de la
structure financière (augmentation des fonds propres) et les nouvelles
sources de financement.
L'introduction en Bourse permet également de
définir des objectifs plus ambitieux dans le cadre d'un véritable
plan stratégique transparent.
· Dynamiser son image de marque : Label
stratégique, l'introduction en Bourse marque la consécration
d'une société et sa volonté de se développer. Dans
un environnement de plus en plus concurrentiel et de plus en plus ouvert sur
l'international, une société ne peut plus se permettre de
négliger son image, sa notoriété, son
capital « marque ».Les effets positifs de la cotation
se font sentir non seulement au moment de l'introduction (publicité,
avis financiers, articles dans la presse, ...), mais aussi tout au long de la
vie de l'entreprise .C'est ainsi que ces nouveaux actionnaires deviendront
des clients potentiels.
· Profiter des avantages fiscaux : La loi 99-92 du
17 août 1999 relative à la relance du marché financier a
prévu des avantages pour les sociétés qui entrent en
Bourse. Ces derniers verront le taux d'impôt sur les
sociétés baisser de 35 à 20 % pendant cinq années
successives à partir de la date de leur introduction, à la
condition d'ouvrir leur capital à hauteur de 30%.Un avantage important
qui renforce la capacité bénéficiaire des entreprises et
augmente la part des bénéfices à distribuer.
2. Objectifs pour l`épargnant :
Pour l'épargnant, qui sera un futur actionnaire de la
société, c'est une nouvelle opportunité de placement qui
contribuera à diversifier son avoir, car un portefeuille
diversifié est une source prouvée d'une meilleure
régularité dans la performance (l'espérance de gains
étant la principale motivation des épargnants).
Les épargnants se répartissent en trois
catégories bien distinctes :
· Les prudents : Ils recherchent la
régularité et la stabilité de la performance
(cours+dividende) et investissent pour le long terme ;
· Les dynamiques : Ils sont attirés par le
potentiel de croissance à moyen terme de l'entreprise ;
· Les spéculateurs : Ils recherchent des
plus-values à court terme, tout en acceptant un fort niveau de
risque.
Bien évidemment, les intermédiaires et les
autorités de tutelle souhaitent avoir beaucoup d'épargnants des
deux premières catégories mais ne peuvent empêcher les
spéculateurs d'être présents.
Les épargnants doivent également faire attention
concernant les méthodes d'introduction sur le marché. En effet,
une introduction par OPV (offre publique de vente à prix fixe) est une
méthode qui rationne la demande souvent à un prix attractif, leur
donnant l'illusion d'avoir fait une bonne opération mais souvent pour
des quantités modestes. En revanche, l'OPM (offre à prix minimum)
est une méthode qui permet un meilleur taux de service des
quantités demandées mais avec un prix le plus souvent plus
élevé que celui qui a été retenu comme prix
minimum.
3. Objectifs pour l'intermédiaire :
Pour les intermédiaires (maîtres d'oeuvre de
l'opération), il s'agit pour eux d'obtenir un effet de
notoriété par la réussite de l'opération et aussi
des revenus supplémentaires. Sur le plan de la notoriété,
l'intermédiaire en Bourse engage sa confiance et celle de sa
clientèle particulière.
Ils sont, naturellement, portés à favoriser les
épargnants en proposant une « décoté »
sur la valeur de la société plutôt que les
décisionnaires car les premiers auront, plus souvent, recours à
leur service que les seconds.
4. Objectifs pour les autorités de
tutelle :
Les autorités de tutelle (Bourse, CMF, STICODEVAM), ont
pour objectif de permettre une régularité dans l'information et
une transparence dans la répartition des titres mis en vente. De
manière générale, pour les autorités publiques, une
introduction en Bourse est un moyen de renforcer l'efficience du marché,
d'accroître la transparence des entreprises et accessoirement
leur « rentabilité fiscale ». Tout ceci est
dans le but d'assurer un optimum dans l'allocation des ressources et donc plus
de croissance et d'emploi.
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