REPUBLIQUE DU BENIN
**************
.Ministère de l~Enseignement Supérieur
et de la formation Professionnelle
**********
Université d~ilbomey-Calavi
********
Ecole Nationale d~ildministration et de
.Magistrature
******
Option Filière
Identification du jury
Président : Ambassadeur Isidore Monsi
Vice-président : Ambassadeur Paulin Djakpo
Membre : Docteur Amoussa Raphiou King
L'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature n'entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions
émises dans ce mémoire. Ces opinions
doivent
être considérées comme propres
à leurs
auteurs.
I
II
III
Toutes celles et tous ceux dont la vision et la
perspicacité m'ont servi de banque d'inspiration ou
qui ont oeuvré de tout leur coeur à la
réalisation
technique de ce travail, et dont le sens aigu de
discrétion me recommande de taire les noms, je
voudrais ne pas me contenter de leur témoigner toute
ma gratitude ici, afin de pouvoir m'offrir, avec leur
légendaire mansuétude, non seulement l'insigne
honneur, mais aussi et surtout le sublime délice, de
leur devoir cette étude,. éternellement.
TABLES DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AIF : Agence Internationale de la
Francophonie
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest CNUCED : Conférence des Nations
Unies sur le Commerce et le Développement
DA : Direction de l'Administration
DIA : Direction de l'Intégration
Africaine
DOI : Direction des Organisations
Internationales
FAO : Fonds Alimentaire Mondiale
FIDA : Fonds International pour le
Développement Agricole
FMI : Fonds Monétaire International
GMR : Gouvernement Militaire
Révolutionnaire
HCR : Haut Commissariat des Nations Unies pour
les Réfugiés
MAE : Ministère des Affaires
Etrangères
OI : Organisation Internationale
OMI : Organisation Maritime Internationale
OMM : Organisation Météorologique
Mondiale
OMPI : Organisation Mondiale de la
Propriété Intellectuelle
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
ONU : Organisation des Nations Unies
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le
Développement Industriel
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PAM : Programme Alimentaire Mondial
SDN : Société des Nations
SG : Secrétariat Général
UA : Union Africaine
UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest
Africaine UIT : Union Internationale des
Télécommunications UNICEF : Fonds des Nations
Unies pour l'Enfance
URSS : Union des Républiques Socialistes
et Soviétiques
1- Nombre de fonctionnaires africains occupant des postes de
responsabilité au Secrétariat général des Nations
Unies à la date du 30 septembre 2006.
2- Nombre de fonctionnaires béninois en poste dans les
organisations à caractère universel (à titre
indicatif).
3- Répartition du personnel des organes de la CEDEAO par
catégorie et selon les nationalités à la date du 30
novembre 2005.
4- Répartition du personnel des organes de l'UEMOA par
catégorie et selon les nationalités à la date du 30
novembre 2005.
5- Répartition des postes de responsabilité par
nationalité à la Commission de l'Union Africaine.
VI
RESUME
Terre d'excellence, modèle africain de
démocratie, `'enfant chéri» de la communauté
internationale, le Bénin dispose d'un potentiel inestimable pour
être fournisseur de ressources humaines de qualité aux
organisations internationales dont il est membre. Et pourtant, exception faite
de la relative épopée des premières années de
l'indépendance, le pays éprouve de réelles
difficultés à promouvoir ses cadres dans la fonction publique
internationale.
L'état des lieux de la présence béninoise
au sein des organisations internationales tant régionales que
d'envergure universelle témoigne de la sous
représentativité du Bénin, notamment aux postes de
responsabilité. A l'analyse, cette situation constitue la
résultante de plusieurs facteurs dont, entre autres,
l'absence d'une politique dynamique et efficiente de placement
des cadres ;
l'influence de pesanteurs culturelles endogènes.
Face à ce constat et eu égard à
l'importance pour un Etat d'avoir ses ressortissants à des postes
stratégiques au sein des organisations internationales, il est
suggéré que le Bénin se donne les moyens, dans une
démarche proactive, d'asseoir une politique globale en vue d'anticiper
sur les constantes mutations du monde moderne. La création d'une
Commission Nationale de Promotion des cadres, pôle d'analyse
stratégique, capable de penser les conditions de maximisation des atouts
du pays, s'avère d'une importance capitale. Par ailleurs, la
transmutation des atouts nationaux en avantages comparatifs dans l'arène
des organisations internationales est tributaire de la capacité de
chaque citoyen de faire primer l'intérêt national sur toutes
considérations politiques, ethniques, égoïstes.
Ces nécessaires réajustements politique, structurel
et culturel constituent le gage de l'édification, à l'horizon
2025, d'une nation prospère ... et rayonnante.
VII
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
CHAPITRE PRELIMINAIRE : CADRE CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE
DE L'ETUDE 4
Section I : Délimitation du sujet et objectifs de
l'étude .. 5
Section II : Hypothèses et méthodologie de
l'étude 7 CHAPITRE PREMIER : EVALUATION DE LA
REPRESENTATIVITE DU
BENIN AU SEIN DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES DES INDEPENDANCES
A NOS JOURS 10 Section I : Evolution de la situation des cadres
béninois dans les OI de
1960 à nos jours . 11 Section II : Diagnostic
des difficultés liées à un placement optimal des cadres
béninois dans les organisations internationales .
26 CHAPITRE DEUXIEME: ELEMENTS DE CONCEPTION ET DE MISE EN
OEUVRE D'UNE POLITIQUE DYNAMIQUE DE PROMOTION DES CADRES
BENINOIS DANS LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES 39 Section
I : Conditions d'efficacité d'une politique
nationale de
positionnement des cadres béninois dans les organisations
internationales . 40
Section II : Propositions d'actions 53
L
e Président américain Franklin Delano ROOSEVELT,
en suggéran création d'une « association universelle
»1 pour se substituer à la décev et moribonde
Société des Nations (SDN), était loin de s'imaginer que
l'un
des premiers défis que l'organisation aurait à
relever serait autre que d'ordre sécuritaire. En 1946, soit quelques
mois seulement après l'adoption de la Charte de San Francisco,
l'Organisation des Nations Unies (ONU) était déjà
l'incarnation de la politique internationale, dans l'acception la plus
élaborée du terme. Une fois la question de la répartition
des sièges des membres (avec ou sans droit de veto)
résolue2, elle devait faire face à celle de la
composition de son secrétariat, véritable machine administrative
avec des compétences éminemment politiques3. Sous la
pression des Etats-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni de Grande Bretagne et
d'Irlande du Nord, de l'Union des Républiques Socialistes
Soviétiques (URSS), de la Chine et de la France, Trygve LEE4,
premier Secrétaire Général (SG) de l'ONU, concède
à chacune de ces grandes puissances un poste d'adjoint dans son cabinet.
C'est ce précédent historique qui va consacrer les postes de
responsabilité au sein des organisations internationales (OI) comme des
postes politiques à négocier entre les Etats membres.
Mais cette consécration ne fut que l'aboutissement d'un
long processus dont les traces se confondent avec celles des OI dont elle est
l'émanation. Au VIè siècle avant Jésus
Christ, lorsque furent constituées les alliances et les unions (formes
primitives d'OI)5, elles n'étaient dotées que de
simples `'cellules transitoires» ayant pour rôle d'assurer la
rédaction des procès-verbaux de réunions, des comptes
rendus, la distribution des documents etc.
1 C'est cette idée qui déboucha sur
l'adoption le 26 juin 1945 de la Charte de San Francisco, constitutive de l'ONU
dont la `'mission des missions» est de garantir la paix et la
sécurité internationales.
2 Durant les trois plus importantes
conférences ayant précédé la création de
l'ONU (Téhéran en 1943, Yalta et Potsdam en 1945), les principaux
vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ont longtemps
tergiversé avant de s'entendre sur les pays pouvant
bénéficier du droit de veto au sein du Conseil de
Sécurité.
3 Les prises de position du Secrétaire
Général de l'ONU, Kofi ANNAN, à propos des guerres dites
de prévention menées par les Etats-Unis et leurs alliés en
Irak sont l'une des démonstrations les plus palpables et les plus
récentes du caractère éminemment politique du rôle
du SG/ONU.
4 SG/ONU dès 1946, Trygve Lee, de
nationalité norvégienne a dut démissionner en 1953 en
raison de ses mésententes répétées avec l'URSS et
fut remplacé par Dag Hammarskjöld.
5 A propos des premières formes d'OI, lire
Daniel Darmoy (1995), « Droit des OI », Paris, Dalloz.
Dès le XIXè siècle, la
superstructure des OI va progressivement se mettre en place avec la
création d'organisations de type nouveau. De par le nombre de leurs
Etats membres, la technicité nécessaire pour l'atteinte des
objectifs ayant présidé à leur naissance,
l'avènement de ces organisations marque une révolution dans la
conception classique des relations interétatiques. L'existence de ces
institutions ne pouvait se réduire à de simples rencontres
périodiques au sommet. Dès lors, la nécessité
d'assurer la pérennisation des acquis a amené ces organisations
à transformer les `'cellules transitoires» en des `' bureaux `' ou
`' offices `', organes à vocation permanente, chargés de la
gestion administrative.
Chaque Etat membre était invité à
détacher certains de ses fonctionnaires pour constituer le personnel du
bureau. Pour ainsi dire, ledit personnel n'était rien d'autre qu'un
« cocktail » de fonctionnaires nationaux liés à leur
propre pays sans obligation morale vis-à-vis de l'union internationale.
Pour des raisons de commodité, l'Etat hôte gardait la
prépondérance numérique du personnel de l'union. Mais avec
l'accroissement de l'autorité morale et fonctionnelle des institutions
qui, dans certains cas, disposaient d'un budget autonome, l'indépendance
des unions s'est renforcée et progressivement, le personnel a fini par
servir l'intérêt général, s'élevant ainsi au-
dessus des intérêts particuliers des Etats parties.
C'est au début du XXè siècle,
avec la naissance des grandes organisations universelles dont le champ de
compétence a été étendu aux domaines scientifique,
économique et politique (Société des Nations, Bureau
International du Travail, etc.) que les Etats ont pris conscience des
opportunités nouvelles que leur offraient lesdites institutions pour
affirmer leur identité et leur grandeur, non seulement par une
participation institutionnelle mais aussi et surtout par une présence
active aux postes de direction. Le `'contrôle» des OI est devenu un
facteur de puissance, le placement des cadres en leur sein un enjeu
diplomatique inscrit au nombre des grandes orientations de la politique
extérieure de chaque pays. Ceci révèle la
nécessité pour l'Etat béninois de s'approprier cette
nouvelle donne des relations internationales.
C'est pourquoi dans le milieu diplomatique béninois, le
sujet suscite également débat, nourrit la réflexion autour
de la question charnière suivante: `'quelle stratégie mettre
sur pied pour assurer un positionnement optimal des cadres béninois dans
les
3 OI?» Autour de cette interrogation, en
gravitent d'autres: comment expliquer la rareté des Béninois dans
les institutions internationales? Qu'est-ce qui justifie les insuccès du
Bénin dans ses tentatives de placement des cadres? Autour de ce
questionnement, se sont tenus des séminaires, notamment depuis
l'avènement du renouveau démocratique. Cependant, la mise en
oeuvre des recommandations et suggestions auxquelles ces travaux ont abouti
demeure hypothétique, laissant l'interrogation entière et
irrésolue. Une étude mérite donc d'être
consacrée à la question.
C'est à cet exercice intellectuel d'analyse et de
vision prospectives non dénué de pragmatisme que sera
consacré cette étude axée sur le thème :
PLACEMENT DES CADRES BENINOIS DANS LES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES: ANALYSE DIAGNOSTIQUE ET PROSPECTIVE.
Pour la conduire, la nécessité de
déterminer les obstacles réels qui entravent le placement des
cadres nous amènera à faire l'évaluation de la
représentativité du Bénin au sein des OI depuis les
indépendances (chapitre premier). Les conclusions du diagnostic qui en
résultera permettront, à l'analyse des causes profondes, de
suggérer des éléments de conception et de mise en oeuvre
d'un cadre stratégique, fondement d'une approche plus offensive et plus
pragmatique, de promotion des cadres béninois dans les OI (chapitre
deuxième). Auparavant, en raison de la diversité et de
l'étendue des approches et des procédures, il sera
procédé à la détermination du cadre conceptuel et
méthodologique de l'étude en vue d'en cerner les contours
(chapitre préliminaire).
CADRE CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
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Ce chapitre liminaire permettra de fixer les fondements de
l'étude. A cet effet, deux ordres de préoccupations en
constitueront la substance. Il s'agira :
d'une part, de délimiter le sujet et d'exposer les
objectifs poursuivis (Section I);
d'autre part, d'indiquer les hypothèses qui
sous-tendent la recherche et la démarche méthodologique
adoptée pour en vérifier le degré d'exactitude (Section
II).
Section I : Délimitation du sujet et objectifs de
l'étude
Cette section sera consacrée à cerner l'objet de
l'étude, dans sa dimension théorique (paragraphe I), puis
à en préciser les objectifs, à terme (paragraphe II).
Paragraphe I : Clarifications terminologiques
et délimitation du champ de l'étude
Il semble primordial de partir de quelques clarifications
conceptuelles (A) avant de circonscrire le domaine proprement dit de
l'étude (B).
A- Clarifications conceptuelles
Dans la nomenclature onusienne, et sur un plan purement
technique, les termes `'promotion» et `'placement`' peuvent être
nuancés. Mais pour des raisons de simplicité pédagogique,
et parce que ces subtilités n'ont aucune incidence significative sur la
détermination d'une politique nationale, les expressions
`'placement», `'promotion» et `'positionnement `' des cadres dans les
organisations internationales seront employées indifféremment
pour désigner la même réalité. En s'inspirant de la
définition donnée à ce sujet par le Département
Fédéral Suisse des Affaires Etrangères, le placement des
cadres béninois dans les OI peut être défini de
manière générale comme « l'ensemble des mesures
prises visant à assurer une présence personnelle de
ressortissants [béninois] dans les organes administratifs d'une OI par
la promotion du recrutement de personnel national »6.
Par ailleurs, une organisation internationale est « une
association d'Etats constituée par traité, dotée d'une
constitution et d'organes communs et possédant une personnalité
distincte de celle des Etats membres ».7Le sens des concepts de
base ainsi cerné permet de circonscrire le sujet.
6 Département Fédéral Suisse des Affaires
Etrangères : « La présence suisse dans les organisations
internationales » : [En ligne] Disponible sur :
<
http://space2.epfl.ch/Document/seminars/2005
_04 _22/7 _Dubler _presentation _text.pdf> (Page consultée le 10
octobre 2006).
La nuance, négligeable en pratique, entre les termes
`'promotion» et `'placement» tient au fait que la `'promotion»
peut s'entendre, dans un sens exclusif, du passage d'un fonctionnaire
(auparavant recruté dans une OI) d'une classe à une classe
supérieure.
7 Article 1er de la Convention des Nations Unies sur
la représentation des Etats dans leurs relations avec les organisations
intergouvernementales de 1975.
B- Délimitation du champ de l'étude
Il convient de faire remarquer que les OI emploient des
catégories variées d'agents8. S'il est admis que ce
sont les postes de responsabilité qui présentent les
intérêts majeurs, «il ne faut pas, pour autant, sous-estimer,
le poids des compatriotes aux différents niveaux de la hiérarchie
»9. Par conséquent, nous essayerons de nous livrer
à une étude englobante10.
Toutefois, dans un souci de cohérence
méthodologique, et en raison de la particularité des
règles régissant ce corps de métier, le personnel
employé aux opérations de maintien de la paix et agents
assimilés ne seront pas pris en considération par ce travail. Il
n'en demeure pas moins que les recommandations et suggestions auxquelles il
aboutira pourraient, dans une certaine mesure, être exploitées
dans le cadre de la promotion des policiers et autres hommes de rang sur la
scène internationale.
Par ailleurs, le Bénin étant membre d'une
centaine d'OI, d'importance inégale, une étude dans ce domaine ne
peut qu'être sélective d'autant plus que se posent des contraintes
de délai11. Pour cela, les analyses porteront essentiellement
sur les principales organisations interafricaines et celles du système
des Nations Unies.
Paragraphe II : Objectifs de l'étude
Ils s'énoncent en termes généraux (A) et
spécifiques (B).
A- Objectif général
L'objectif général que s'assigne la
présente étude est de contribuer à la définition et
à la mise en oeuvre d'une politique plus dynamique de placement des
cadres béninois dans les organisations internationales.
Il convient aussi de préciser qu'il ne sera pas fait de
distinction entre les OI au sens juridique du terme et les institutions
internationales de façon générale.
8 A propos de la diversité des statuts des agents
internationaux, cf. Daniel Darmoy : « Droit des organisations
internationales », Dalloz, Paris, 1995, pp : 101 et suivantes.
9 Circulaire n°3121/SG du 14 mars 1986 relative aux
fonctionnaires français dans les organisations intergouvernementales [En
ligne] Disponible sur :
http://www.dsi.cnrs.fr/RMLR/textesintegraux/volume5/531121-cir3121-sg.htm
(Page consultée le 13
septembre 2006).
10 Dans le même ordre d'idées, il conviendrait de
préciser qu'au cours de l'analyse des difficultés, il sera fait
abstraction de l'identité des personnes intéressées
d'autant plus qu'il ne s'agira pas de nous livrer à une étude de
cas.
11 Aussi faudra-t-il préciser qu'il s'agira moins d'un
recensement (exhaustif) des Béninois en poste au sein des organisations
internationales que d'une analyse des facteurs qui entravent la conduite d'une
politique plus incisive de promotion des cadres en vue d'y apporter des essais
de solution.
Aussi, convient-il de préciser, de manière
spécifique, les buts poursuivis par la présente étude.
B- Objectifs spécifiques
L'objectif général sus mentionné se
décline en trois (3) objectifs spécifiques, à savoir :
· reconstituer sommairement l'évolution de la
présence des Béninois dans les organisations internationales de
1960 à nos jours;
· analyser les difficultés liées au placement
des cadres béninois dans les organisations internationales; et
· suggérer des éléments de
conception et de mise en oeuvre d'une politique plus volontariste et plus
pragmatique de placement des cadres béninois dans les OI.
Section II : Hypothèses et méthodologie de
l'étude
Quelles sont les hypothèses de départ (paragraphe
I) et quelle a été la démarche adoptée pour mener
cette étude (paragraphe II)?
Paragraphe I: Hypothèses de l'étude
Deux hypothèses serviront de fil conducteur à
l'analyse. Bien que similaires en apparence, elles n'en sont pas moins
distinctes par leur portée. Les implications de chacune d'elles seront
développées dans la suite du travail.
A- Hypothèse no1
Le Bénin est sous-représenté dans les
organisations internationales parce qu'il n'existe pas une politique de
placement des cadres nationaux dans la fonction publique internationale.
B- Hypothèse no2
Les cadres béninois ne sont pas promus aux
postes de direction dans les organisations
internationales parce qu'il n'existe pas une politique
dynamique à cet effet.
Il reste à s'interroger sur la démarche
méthodologique adoptée pour recueillir les données, les
analyser et vérifier les hypothèses ainsi formulées.
Paragraphe II : Approche méthodologique
Pour conduire les travaux de cette étude, les
procédés de recherche documentaire (A) ont été
combinés avec les méthodes de l'approche empirique (B).
A- La recherche documentaire
L'approche documentaire a consisté en l'exploitation
des connaissances préalables acquises grâce aux cours de droit
public et de fonction publique internationale, ainsi qu'en l'étude des
ouvrages (généraux et spécialisés)
nécessaires pour asseoir le fondement théorique de
l'étude. Les détails pratiques se trouvent en bibliographie.
B- L'approche empirique L'autre approche, celle
empirique, nous a conduit notamment à :
ouvrir une large concertation autour du thème. Cette
concertation a couvert la période de juillet à novembre 2006,
correspondant approximativement à la durée de notre stage de fin
de formation effectué au Ministère des Affaires
Etrangères. Elle a été l'occasion de découvrir les
différentes structures du Ministère en charge de la promotion des
cadres : (Secrétariat général, Cellule d'Analyse
Stratégique (CAS), Direction des Organisations Internationales (DOI),
Direction de l'Intégration Africaine (DIA), Direction de
l'Administration (DA), etc.), de saisir l'opportunité des rencontres
entretiens avec les autorités à différents niveaux de
responsabilité : Secrétaire général adjoint,
Secrétaire permanent, Directeurs, Directeurs adjoints, Chefs service,
etc. La richesse des informations collectées lors des entretiens avec
ces différentes autorités a été d'un apport
inestimable à la compréhension des problèmes, au ciblage
de l'objet de l'étude, à l'identification et à la
formulation des propositions d'action ;
recueillir et exploiter les archives disponibles au niveau des
autres acteurs institutionnels (Ministère du Développement, de
l'Economie et des Finances; Ministère du Travail et de la Fonction
Publique, etc.) qui ont été déterminantes à toutes
les étapes de la recherche et
essayer, dans la mesure du possible, de recourir à
l'expérience de certains cadres qui ont fait carrière dans la
fonction publique internationale.
Enfin, les opportunités offertes par les nouvelles
technologies de l'information et de la communication ont été
exploitées en vue de recueillir, d'abord, les données sur les
politiques du personnel de certaines OI, ensuite, celles relatives à la
proportion des Béninois dans les institutions concernées, enfin
les informations sur les stratégies de promotion des cadres dans
certains Etats.
La présentation et l'analyse des données ainsi
recueillies feront l'objet du chapitre suivant.
EVALUATION DE LA REPRESENTATIVITE DU BENIN AU SEIN
DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES DES INDEPENDANCES A NOS
JOURS
C
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Durant les premières années de
l'indépendance, le Bénin (Dahomey d'alors) s'est forgé une
réputation régionale voire internationale sur la richesse de ses
ressources humaines, tant et si bien qu'il était devenu pourvoyeur de
cadres compétents aux organisations régionales et sous-
régionales.
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Cependant, comme le note Edgar-Yves Monnou lors du forum de
réflexion géostratégique tenu à Cotonou en
février 2003, le Bénin n'est parvenu, ces dernières
années, à positionner que peu de cadres au sein des instances
dirigeantes des OI. « L'échec du Bénin au poste de
Secrétaire exécutif de la Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en est une illustration patente, à
peine édulcorée par la (...) promotion de M. Abdoulaye Bio TCHANE
(...) au poste de Directeur Afrique du Fonds monétaire international
(FMI)»*.
Face à ce constat, il importe de mener la
réflexion sur les difficultés qui entravent la promotion des
cadres béninois dans les OI (Section II). Mais, pour appréhender
avec précision les causes sous jacentes de l'état actuel de la
situation, une recherche historique s'impose (section I).
* Edgard-Yves Monnou, «Atouts politiques et diplomatiques
du Bénin : conditions de la multiplication de leurs effets»
Communication présentée lors du forum de réflexion
géostratégique», Cotonou, Ministère de la
Défense Nationale, Imp. CACI, PP : 275-276.
Section I : Evolution de la situation des cadres
béninois
dans les OI de 1960 à nos jours
L'évolution de la situation des cadres béninois
dans les OI sera analysée au regard des grands découpages de
l'histoire politique du pays ; d'une part la période allant de 1960
à 1990 (paragraphe I), d'autre part, celle du renouveau
démocratique (paragraphe II).
Paragraphe I : La période de 1960 à
1990
Aux premières heures des indépendances,
grâce à la conjonction de facteurs tant endogènes
qu'exogènes, les cadres béninois jouissaient d'un prestige
certain au sein des OI (A); avant que l'intermède révolutionnaire
ne sonne la glas de cette ère de gloire (B).
A- De 1960 à 1972
La période pré-révolutionnaire a
été celle d'une présence considérable des cadres
dahoméens dans les OI (1), exception faite toutefois du
Secrétariat général de l'ONU (2).
1) Situation dans les institutions interafricaines et
le
système des Nations Unies
Les cadres dahoméens ont connu leurs heures de gloire
au sein des institutions internationales à l'époque où
l'Afrique de l'indépendance commençait à faire ses
premiers pas sur la scène internationale. Cet état de fait peut
s'expliquer par plusieurs facteurs.
En effet, contrairement aux autres Etats africains qui
possédaient à l'époque de ressources humaines
limitées12, le Dahomey disposait d'une élite dynamique
et enviée. Au rang des francophones d'Afrique, les Dahoméens
jouissaient de l'estime que leur conférait leur parfaite maîtrise
de la langue française. Déjà, durant la période
coloniale -et cela perdurera jusqu'aux premières années des
indépendances, ils étaient les
12Guy Ossito Midiohouan : «Le
phénomène des littératures nationales en Afrique »
[En ligne] Disponible sur : <
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa27/pnpa27
07.html> (Page consultée le 10 novembre 2006).
12 collaborateurs de premier cercle des administrateurs
coloniaux. Du Congo à la Côte d'Ivoire en passant par le Niger,
ils assumaient les plus hautes responsabilités dans la hiérarchie
administrative. Les spécialistes les plus appréciés dans
les secteurs d'activité les plus pointus (médecine, architecture,
enseignement supérieur etc.) provenaient du Dahomey. C'est ainsi qu'ils
participèrent, au titre de la coopération technique, à la
mise sur pied des administrations nationales dans plusieurs Etats africains.
C'est de cette époque que date la réputation de `'quartier latin
de l'Afrique» attribuée au Dahomey.
Ahmadou Kourouma écrira à cet effet, en 1968,
dans son ouvrage intitulé `'Les soleils des indépendances»
:
« Avec les colonisateurs français, avaient
débarqué des Dahoméens (...) qui savaient lire et
écrire (...), des nègres plus malins, plus civilisés, plus
travailleurs que les originaires du pays (...) Les colonisateurs toubabs leur
confièrent tous les postes (...) Quand il y avait un nouvel emploi, on
faisait venir un Dahoméen (...) c'était comme ça : les
Toubabs en haut, après les Dahoméens
(...)»13.
De plus, «les gouvernants d'alors (...) savaient prendre
les moyens nécessaires pour promouvoir l'ascension des cadres sur le
plan international»14. Logiquement, de 1960 à 1972, en
dehors du retrait, en 1963, du docteur Emile Derlin Zinsou de la course au
poste de premier Secrétaire Général de l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) au profit du Guinéen Diallo
Telli15, la diplomatie dahoméenne a réussi des
prouesses en matière de placement de cadres. Au nombre des figures
illustratives de cette ère de gloire, il y a entre autres :
- Feu Ignacio Pinto, juge à la Cour internationale de
Justice;
- Monsieur Albert Tévoèdjrè, premier
Secrétaire de l'Union Africaine et Malgache puis Directeur Adjoint du
Bureau International du Travail;
- Feu Docteur Alfred Quenum, Directeur Régional de
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique;
- Monsieur Servais Akogni à l'Organisation des Nations
Unies pour le Développement Industrielle (ONUDI).
13 Ahmadou Kourouma, (1968), « Les soleils des
indépendances », Paris, seuil, PP : 86-87.
14 Joseph Hounton, «Communication sur la
diplomatie béninoise: grandeur et décadence (Séminaire sur
l'évaluation de la politique extérieure et la diplomatie à
l'heure du Renouveau)», Cotonou: 20-23 avril 1990, P:4.
15 Diallo Telli devint ainsi le tout premier
Secrétaire général de l'OUA.
- Monsieur Gratien Pognon, Secrétaire
Général Adjoint de l'OUA
- etc.
Cependant, même si au sein de certains organes
principaux et subsidiaires de l'ONU, le Dahomey n'était pas en mal de
représentativité et qu'il rayonnait au plan régional
grâce à ses cadres, la situation était moins satisfaisante
au Secrétariat Général de l'ONU.
2) Cas particulier du Secrétariat
Général des Nations Unies
Le Bénin a mis longtemps à être
convenablement représenté au Secrétariat
général de l'ONU. Cette situation prévaut depuis la
période d'avant les indépendances. A l'époque, certains
Etats africains avaient déjà des ressortissants dans le
système des Nations Unies16. En 1948, sur 979 fonctionnaires
que comptait l'institution, il y avait 9 Sud africains et 8
Egyptiens17. A la veille des indépendances (en 1959), sur un
total de 35 fonctionnaires africains18, le Dahomey n'en comptait
aucun. Mais à y voir de plus près, le problème de sous
représentation ne se posait pas seulement au niveau du Bénin mais
de l'ensemble des Etats francophones d'Afrique.
En effet, en 1963 par exemple, sur les 117 fonctionnaires que
comptait l'Afrique pour un total de 1434 au SG/ONU, les pays anglophones se
taillaient la part la plus importante: Egypte (21), Afrique du Sud (14),
Ethiopie (11), Ghana, Kenya, Nigeria (9 chacun), Soudan (6), Tanzanie (4),
Libéria, Somalie (2 chacun). Pendant ce temps, dans le rang des pays
francophones, les mieux représentés, le Togo et la Tunisie ne
pouvaient se prévaloir respectivement que de 6 et 5 postes. Ils sont
suivis du Cameroun et de la Côte d'Ivoire qui comptaient chacun 3
fonctionnaires. Le Dahomey, logé à la même enseigne que le
Sénégal ou encore le Gabon, le Mali et le Maroc n'en comptaient
que deux (2) chacun tandis que la Guinée, la Libye, le Rwanda, la Sierra
Léone ou encore l'Ouganda se contentaient d'un seul poste19.
Ces statistiques démontrent que la suprématie des Etats
anglophones était manifeste : les dix (10) Etats anglophones fournissent
84 fonctionnaires sur 117, soit 71.79%. En outre, ils s'octroyaient le
privilège de la majorité des postes de responsabilité. Il
n'y eut, à l'époque,
16Certains cadres africains s'étaient fait
recruter sur le quota de la métropole.
17 André Lewin (2006) : « Les
fonctionnaires africains dans le système des Nations Unies, In Les
Africains à l'ONU », [En ligne] Disponible sur : <
http://www.droitsfondamentaux.prd.fr/codes/modules/articles/article.php?idElem=962617925>
(page consultée le 15 novembre 2006).
18 Le Secrétariat général de
l'ONU comptait à l'époque 1200 fonctionnaires dont 15 Egyptiens,
13 Sud Africains, 3 Ghanéens, 1 ressortissant de chacun des pays
suivants: Ethiopie, Libéria, Maroc, Soudan, Sénégal,
Togo.
19 André Lewin, ibidem.
14 que le Togolais Macaire PEDANOU comme membre du cabinet de
U THANT20, pour défendre l'étendard des anciennes
colonies françaises21.
Telle était globalement la situation des
Dahoméens dans les OI lorsqu'intervint la révolution du 26
octobre 1972.
B- De 1972 à 1990
L'effectif des cadres béninois en poste dans les OI
s'est réduit entre 1972 et 1990 (1). Cette tendance baissière
pourrait s'expliquer par les déviances constatées dans
l'application de la politique marxiste (2).
1) L'exposé des données
La «diplomatie de type nouveau »22
inspirée par le régime révolutionnaire fera son
époque avec un bilan peu glorieux en termes de placement des cadres.
Quelques mois seulement après l'avènement au pouvoir du
Gouvernement Militaire et Révolutionnaire (GMR), lors de la
réunion au sommet de l'Union Monétaire Ouest Africaine tenue
à Lomé en 1973, les autorités dahoméennes
«s'étaient vu refuser plusieurs postes de décision au sein
de l'institution financière»23 pour avoir
dénoncé les méfaits de « l'impérialisme
africain »24.
La situation n'était guère plus reluisante au
SG/ONU. L'année 1975 marque le point de départ de
l'amélioration, en termes quantitatif et qualitatif, de la
représentation des Africains. Cette année-là, sur les 275
fonctionnaires africains au SG/ONU, les pays les mieux
représentés étaient : l'Egypte (27), la Tunisie (16),
le
20 À la mort du secrétaire
général de l'ONU, Dag Hammarskjöld, en 1961, U Thant
(de nationalité birmane) fut élu pour finir le mandat de
celui-ci, et fut réélu en 1966 ; il démissionna en
décembre 1971.
21 André Lewin, op. cit
22 Décret n°76-81 du 16 mars 1976 portant
fondements, principes directeurs et implications de la diplomatie nouvelle
à l'usage des représentations externes du Bénin.
23 Isidore Bio, Robert Djimon Zantan (1987), «
Evaluation de la participation du Bénin aux OI de 1973 à 1987:
cas des organisations du système des Nations Unies et des institutions
interafricaines de coopération », Mémoire de fin de
formation en Diplomatie et relations internationales, Cycle II, ENA, UNB, P :
17.
Ce n'est que plus tard, en 1982, que la présidence de la
Banque Ouest Africaine de Développement, banque d'investissement de
l'Union, sera concédée à un Béninois (en la
personne de M. Aboubacar Baba Moussa).
24 Dans son Discours Programme du 30 novembre 1972,
le Président Mathieu KEREKOU avait mis en doute l'intérêt
pour le pays de continuer à faire partie des organisations
sous-régionales qu'il considérait comme des prolongements des
instruments de domination des puissances coloniales de sorte qu' « au
lendemain de cette déclaration, plus d'un s'attendaient au retrait
imminent du Dahomey des ensembles incriminés ». Cf. Isidore Bio,
Robert D. Zantan, ibidem. Lire aussi Discours Programme du 30 novembre 1972,
«[En ligne] Disponible sur : <
www.gouv.bj/prpb/discours1.php>
(page consultée le 20 octobre 2006).
15 Ghana (14, dont Kofi Annan25), l'Ethiopie,
l'Afrique du Sud, le Nigeria (13 chacun), l'Algérie, le Kenya,
l'Ouganda, la Tanzanie (11 chacun), le Maroc (9), le Mali et la Sierra
Léone (8 chacun)26. Les six postes de secrétaires
généraux adjoints concédés à l'Afrique
étaient occupés par des ressortissants de l'Algérie, de
l'Egypte, du Niger, du Rwanda, de la Somalie et de la Tunisie, pendant que le
service du personnel était dirigé par le Tunisien Mohamed Gherab,
celui de la coopération technique par le Nigérien Issoufou
Saïdou Djermakoye. Le protocole était dirigé par l'Egyptien
Ali TEYMOUR, le centre de planification économique et social par le
Tanzanien Paul MWALUKO pendant que le cabinet du SG était animé,
entre autres, par le Somalien Abdulrahim FARAH et le Sierra Léonais
James JONAH qui se sont forgés une expérience qu'ils
capitaliseront et monnayeront ensuite à des postes de
responsabilité plus élevés.
En somme, si le Bénin a connu des heures de gloire au
sein des OI, ce ne fut certainement pas au cours de cette période. Les
cadres béninois sont « boudés »27 sur la
scène internationale et les échecs se sont multipliés de
1982 à 1987 où «[les] meilleurs candidats sont passés
à côté des postes internationaux aussi importants que la
Direction Générale du Bureau International du Travail (BIT), la
Direction Générale de l'Union Internationale des
Télécommunications (UIT), la Présidence de la Banque
Africaine de Développement (BAD) et la Direction Générale
de la FAO»28.
Les causes de ces contre-performances sont à
rechercher, entre autres, dans l'idéologie politique qui guidait la
gestion de l'Etat ou, plus précisément, dans les revers
observés dans sa mise en oeuvre.
2) Les motifs des contre-performances
Historiquement, le «déclin»29 des
cadres béninois au sein des OI se situe au coeur des années
rigides de la période révolutionnaire à cause des travers
constatés
25 Secrétaire Général sortant
de l'ONU. Il assume cette responsabilité depuis le 1er
janvier 1997. Il est entré dans l'institution dès 1969 où
il s'est occupé longtemps des ressources humaines, du contrôle
financier et de la coordination de la sécurité avant de passer
aux opérations de maintien de la paix ; mais il a travaillé
depuis 1962 à l'OMS, à la CEA à Addis Abeba, à
Force d'Urgence dans le Sinaï et au HCR.
26 André Lewin, op. cit.
27 Joseph Hounton, op. cit, P: 17.
28 Ibidem
29 Ministère des Affaires Etrangères et
de la Coopération, « Séminaire sur l'évaluation de la
diplomatie béninoise sous le Renouveau démocratique : compte
rendu des travaux », Cotonou : 06-09 août 1998, P : 4.
16 dans la mise en oeuvre du
marxisme-léninisme30. Ces revers pourraient être
liés à un triple facteur.
Le premier facteur réside dans la perte de
sympathie31 du Bénin d'alors dans le milieu international et
constitue la résultante de ce que le séminaire sur la diplomatie
béninoise à l'heure du renouveau démocratique d'avril 1990
a diagnostiqué comme « les principales erreurs diplomatiques
»32 du pays sous l'ère de la révolution. Ce qui
était mis à l'index par la communauté internationale
(Moscou y compris !)33, c'était moins le choix
idéologique en lui-même, que «la façon de porter et de
présenter ce changement de cap idéologique sur la scène
internationale »34. Durant cette période en effet, le
gouvernement a fait l'option de confier la conduite de sa politique
extérieure aux idéologues convaincus, aux `'diplomates de type
nouveau» dont la virulence et la verve contrastaient avec la
pondération et la réserve qui caractérisent le diplomate.
Or, comme le fait observer à juste titre Rogatien BIAOU, les Etats
«se méfient des ambassades qui sont "envahies" ou
dirigées par des militants zélés d'un parti politique ou
des idéologues dogmatiques...
.»35. La méfiance ainsi nourrie
à leur égard se révèle préjudiciable
à l'image du pays tout entier et, par ricochet, à la
réputation de ses cadres. D'ailleurs, les autorités politiques
d'alors prenaient des positions publiques comme si «le Bénin
pouvait se mettre en porte-à-faux avec un autre Etat, quelque puissant
que fût celui-ci, sans qu'une telle situation conflictuelle eût des
répercussions jusqu'au sein des OI»36.
Le deuxième facteur se réfère au
système managérial instauré par le GMR,
caractérisé par une forte concentration du pouvoir. Toutes les
décisions concernant la
30 Le concept révolutionnaire en
lui-même n'était pas dénué de préceptes
nobles. Les historiens s'accordent en effet, sur la valeur intellectuelle des
idéaux ayant présidé à son avènement. Ce
n'est que sur ce fondamental que l'unanimité semble acquise ; car dans
sa mise en oeuvre, le marxisme-léninisme a étalé ses
contre performances, ses dérives.
31 S. Th. Houessinon : «Quelle politique
extérieure et quelle diplomatie pour le renouveau démocratique au
Bénin? » Communication présentée au cours du
séminaire sur la politique extérieure et la diplomatie à
l'heure du renouveau , Cotonou : 20-23 avril 1990, p:5.
32 S. Th. Houessinon, ibidem, p: 5.
33 « Même le bloc de l'Est [dont l'URSS
était le chef de fil] n'était pas convaincu de l'adhésion
réelle de la République Populaire du Bénin à
l'idéologie [marxiste-léniniste] ». S.Th. Houessinon, idem.
Lire aussi, Honorat Hountogbédé (1993) : «La diplomatie
béninoise sous le renouveau », Mémoire de fin de formation
en Diplomatie et Relations Internationales, cycle I, ENA, UNB, p: 24 et
suivantes.
34 S. Th. Houessinon, idem, p:6
35 Rogatien Biaou : « L'information dans les
relations diplomatiques », Communication présentée pendant
le séminaire sur la politique extérieure et la diplomatie du
Bénin à l'heure du renouveau, Cotonou : 20-23 avril 1990, P :
6.
36 Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, Op. Cit, P:
61.
17 carrière des cadres - fût-ce pour les nommer
à des postes de responsabilité dans l'administration nationale ou
pour les positionner au sein des OI - relevaient du pouvoir
discrétionnaire du Bureau politique. Ainsi, les parrainages politiques,
les recommandations des éminences grises du régime en place
prévalaient sur les critères de qualification professionnelle et
de compétence. Le prototype du cadre idéal, seul susceptible de
bénéficier de l'appui des autorités politiques pour des
mandats internationaux, est celui convaincu de la négation de
l'impérialisme et proclamant le triomphe de l'internationalisme
prolétarien37. Il en résulte que «la
sélection au niveau national des candidats ne repose pas toujours
exclusivement sur des critères objectifs»38.
Le troisième facteur, qui n'est que le corollaire du
précédent, tient à la volonté affichée par
le GMR d'unifier la pensée politique et de liquider le système
préexistant à travers ses hommes39. Consciemment ou
non, la mise en oeuvre de cette vision s'est muée en une «politique
d'humiliation de l'intelligence»40 ; les cadres étant
considérés et traités comme des `'intellectuels
tarés». En toute logique, il eût été paradoxal
de déployer des efforts pour positionner un `'intellectuel
taré» quand on sait que la fonction publique internationale
n'emploie que des cadres « (...) qui jouissent dans leur pays d'une
considération éprouvée et d'une large
influence»41. En d'autres termes, en procédant à
ce qui fut connu sous la dénomination de `'chasse aux
sorcières», la révolution a aussi sacrifié les cadres
béninois dont plusieurs, non seulement se sont exilés mais aussi
et surtout ont contribué à construire et/ou renforcer le prestige
des Etats hôtes. Certains y ont acquis la nationalité et ont servi
leur `'Etat adoptif» dans l'Administration internationale42. Le
cas des diplomates partis «se chercher un poste aux Nations Unies sur le
quota français»43 en est une illustration.
Cependant, s'il n'y avait eu que les revers du
marxisme-léninisme pour expliquer la sous représentativité
du Bénin dans les OI, la situation aurait
37 L'une des pièces les plus importantes du
dossier de candidature à soumettre au Bureau politique du PRPB de la
Révolution était le certificat du service civique, patriotique,
idéologique et militaire.
38 Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, P:
16.
39 Le GMR avait pris l'option de «liquider
définitivement l'ancienne politique à travers les hommes, les
structures et l'idéologie qui la portent ».
40Joseph Hounton, op. cit, P: 12.
41 Cf. rapport Noblémaire, (1921).
42 Il serait pratiquement impossible de dresser le
répertoire de ces valeurs perdues. Lire à ce propos, Joseph
Hounton, ibidem
4 3 Ibidem P : 7.
18 considérablement évolué depuis
l'avènement du renouveau démocratique. Ce qui semble ne pas
être le cas. Pour s'en convaincre, il suffira de dresser l'état
actuel des lieux.
Paragraphe II : L'état des lieux actuel
de la présence des cadres béninois dans les OI
L'état des lieux actuel des Béninois dans les OI
se fera d'une part au niveau des organisations à caractère
universel, le système des Nations Unies principalement (A), d'autre part
au niveau des institutions interafricaines (B).
A- Au sein du Système des Nations Unies
Il semble primordial, pour apprécier à sa juste
valeur la situation actuelle des cadres béninois dans le système
des Nations Unies (2) de procéder à un rappel des règles
générales régissant le recrutement des fonctionnaires
internationaux44 (1).
1) Bref rappel des critères de recrutement
Le principe appliqué en matière de recrutement
par les institutions ayant adopté le «régime commun des
Nations Unies» c'est celui qui se décline à travers
l'article 101 paragraphe 3 de la charte de San Francisco aux termes duquel :
«La considération dominante dans le
recrutement et la fixation des conditions d'emploi du personnel doit être
la nécessité d'assurer à l'organisation des services des
personnes possédant les plus hautes qualités de travail, de
compétence et d'intégrité. Sera dûment prise en
considération l'importance d'un recrutement effectué sur une base
géographique aussi large que possi ble»45.
Cette disposition distingue clairement deux ensembles de
critères :
4 4 Ces règles sont valables pour toutes les institutions
qui appliquent le régime commun des Nations Unies et ne diffèrent
pas substantiellement de celles que reconnaissent les autres organisations
internationales.
4 5 Charte de l'ONU (1945).
Les critères techniques :
Le premier ensemble de critères qui a un
caractère obligatoire se réfère aux qualités de
travail, à la compétence et à l'intégrité du
postulant. Ces exigences conduisent à prendre en compte le comportement
général de l'intéressé, ses qualités
individuelles d'honnêteté, de bonne foi, de probité et
d'incorruptibilité. Généralement, il est exigé des
candidats :
- d'abord, une formation universitaire (au minimum) ;
- ensuite, une parfaite connaissance de plusieurs langues
étrangères dont obligatoirement l'anglais et si possible
l'espagnol et/ou le portugais. La maîtrise de l'arabe, du russe et/ou du
chinois constituent actuellement un atout dans certaines organisations ;
- enfin, une expérience professionnelle de durée
variable en fonction du poste à pourvoir46.
|
Les critères de répartition géographique
|
C'est cette deuxième catégorie de
critères qui permet d'assurer la représentation de toutes les
sensibilités idéologiques, politiques, de tous les
systèmes juridiques, bref, de toutes les
nationalités47. Le système de calcul de la
répartition géographique des postes se fonde sur trois
composantes pondérées comme suit : appartenance à
l'organisation: 40% ; contribution: 55%, population: 5%48.
Ce rappel étant fait, il s'agira de présenter le
point numérique des Béninois au sein du système des
Nations Unies.
46 Pour de plus amples détails, lire Alain Plantey,
François Loriot (2005) : « Fonction publique internationale »,
Paris, CNRS, 496 p.
47 En raison de son caractère abstrait et
imprécis, ce critère a connu un destin singulier, faisant l'objet
d'une diversité d'interprétation. Il a fallu attendre la
résolution 1852 (XVI) de l'Assemblée Générale en
1962 pour en fixer les contours et en unifier la compréhension.
48Cependant, il convient de faire remarquer qu'il
existe un certain nombre de postes qui, en raison des connaissances techniques
spéciales requises pour les assumer, ne sont pas soumis à la
répartition géographique (interprêtes-traducteurs par
exemple). Le recrutement à ces postes se fonde uniquement sur le premier
ensemble de critères. Il revient chaque année à la
Commission de la Fonction Publique Internationale de déterminer dans
chaque institution du Système des Nations Unies le nombre de postes
soumis à la répartition géographique.
2) Point numérique
Riche de ses 30.548 fonctionnaires originaires de 182
pays49 à la date du 30 juin 200650, le
Secrétariat général51 de l'ONU incarne de nos
jours l'Administration internationale, dans sa forme la plus anoblie. On ne
saurait donc ne pas y consacrer une analyse particulière avant d'aborder
les autres institutions d'envergure universelle.
|
Les cadres béninois au Secrétariat
Général des Nations Unies
|
Le Bénin, avec environ 7.200.000 habitants, participe
à hauteur de 0,002% au budget de fonctionnement de l'ONU. Suivant les
estimations du Secrétaire Général des Nations Unies
contenues dans son rapport 2006 sur la composition du Secrétariat, le
Point Médian (la moyenne) des postes lui revenant est
évalué à 6 (six) sur un total de 2.631 soumis à la
répartition géographique52 à la date du 30
septembre 2006. A cette même date, on compte 5 cadres béninois au
Secrétariat (répartis dans les différents grades comme
suit: P5: 2 ; P4: 1 ; P3: 1 ; P2: 1).
Conclusion séquentielle n°1 : Au
titre des postes soumis à la répartition géographique, le
Bénin n'est pas sous représenté au Secrétariat
général de l'ONU.
Lorsque l'on considère l'effectif total du
Secrétariat (30.548)53, le Bénin y compte 44
ressortissants (soit 0,14%), bien loin des Etats-Unis d'Amérique
(7,44%), de la Serbie Monténégro (7,37%), de la République
Démocratique du Congo (6,48%), de la France (4,4 1%), du Soudan (4.28%)
et du Kenya (3,53%) qui y ont chacun plus
49 A la date du 30 septembre 2006, l'ONU compte 192 Etats
membres. Mais on en considèrera 191; les données
spécifiques concernant le Monténégro qui a fait son
adhésion à l'ONU le 28 juin 2006 après sa sécession
d'avec la Serbie n'étant pas encore disponibles. On retient que 9 pays
ne sont pas représentés au Secrétariat
général. Il s'agit du Kiribati, du Liechtenstein, de Monaco, de
Nauru, du Palaos, de la République populaire démocratique de
Corée, de Vanuatu, des Emirats arabes unis et des Iles Marshall.
50 Ce chiffre ne prend pas en compte les 144
fonctionnaires en congé spécial sans traitement et les 74
détachés auprès d'autres organismes.
51 En vertu de l'article 101 al. 1 de la Charte de
l'ONU, le personnel affecté à plusieurs institutions du
système des NU (dont la liste se trouve en annexe) fait partie
intégrante du personnel, de telle sorte que seuls quelques organismes
disposent d'un personnel à régime particulier.
52 Les autres fonctionnaires sont recrutés
uniquement sur la base du premier ensemble de critères.
53 En application de l'article 101 alinéa 2 de la
charte de l'ONU, le personnel en service dans la plupart des organismes du
système des Nations Unies (tels que la CNUCED, le Programme des Nations
Unies pour les Etablissements Humains, la Commission Economique pour l'Afrique,
le Haut Commissariat aux Droits de l'homme, le Programme des Nations unies pour
l'Environnement, la cinquantaine de Bureaux, Commissions et
Départements) fait partie intégrante des agents du
Secrétariat général.
Tableau n°1 : Nombre de fonctionnaires africains
occupant des postes de responsabilité au SG/ ONU à la date du
30 septembre 2006
N°
|
Pays
|
CLASSES
|
SGA
|
SSG
|
D2
|
D1
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
1
|
Algérie
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
2
|
Bénin
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
Botswana
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
4
|
Burkina Faso
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
5
|
Cameroun
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
6
|
Côte d'Ivoire
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
7
|
Egypte
|
1
|
|
|
|
1
|
|
|
1
|
8
|
Ethiopie
|
|
|
1
|
|
|
|
1
|
1
|
9
|
Gambie
|
1
|
|
|
|
1
|
|
1
|
|
10
|
Ghana
|
|
|
|
|
1
|
|
2
|
|
11
|
Kenya
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
12
|
Mali
|
|
|
|
|
1
|
|
2
|
|
13
|
Mozambique
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
14
|
Namibie
|
|
|
1
|
|
|
|
|
|
15
|
Niger
|
|
|
|
|
|
1
|
|
|
16
|
Nigeria
|
1
|
|
|
|
|
|
3
|
|
17
|
Ouganda
|
|
|
|
1
|
1
|
|
2
|
|
18
|
Tanzanie
|
|
1
|
|
|
|
|
|
|
19
|
Sénégal
|
|
|
|
|
2
|
|
2
|
|
20
|
Sierra Léone
|
|
|
|
|
|
1
|
|
1
|
21
|
Soudan
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
22
|
Tunisie
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
23
|
Zambie
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
TOTAL
|
5
|
1
|
2
|
1
|
7
|
2
|
22
|
7
|
Source : Données extraites du rapport
(2006) du Secrétaire général de l'ONU sur la composition
du Secrétariat (Tableau réalisé par nous).
Tableau n° 2 : Nombre de fonctionnaires
béninois en poste dans les organisations à
caractère universel (à titre indicatif)
INSTUTUTIONS
|
EFFECTIF PAR CLASSE
|
D1
|
P1 à P5
|
Autres
|
Total
|
M
|
F
|
M
|
F
|
M
|
F
|
UNICEF
|
|
|
15
|
3
|
|
|
18
|
HCR
|
1
|
|
7
|
3
|
1
|
|
12
|
OMS
|
|
|
4
|
1
|
7
|
5
|
17
|
UIT
|
|
|
2
|
1
|
|
|
3
|
OMPI
|
|
|
|
|
1
|
|
1
|
OMM
|
|
|
1
|
|
|
|
1
|
OMI
|
|
|
|
|
2
|
|
2
|
FIDA
|
|
|
2
|
|
|
|
2
|
PAM
|
|
|
2
|
|
2
|
1
|
5
|
AIF
|
|
|
5
|
2
|
2
|
2
|
11
|
FAO
|
|
|
3
|
1
|
|
|
4
|
OIT
|
|
|
3
|
|
|
|
3
|
Source : D'après les données
extraites des rapports (2006) sur le personnel des organisations, les
réponses aux requêtes adressées au Secrétariat des
institutions concernées et les fichiers disponibles à la CAS/MAE
( tableau réalisé par nous).
Légende : SGA :
classe des Secrétaires généraux Adjoints
SSG : classe des Sous Secrétaires
Généraux ; D1 et D2 : classes de Directeurs ; P
: classe des professionnels ; autres : experts consultants
de mille (1.000) de leurs nationaux54. La situation au
niveau des postes de responsabilité est encore moins reluisante.
Le tableau n°1 présente la situation des pays
africains représentés à des postes de
responsabilité. Il démontre qu'il n'y a aucun ressortissant
béninois au sommet de la pyramide administrative du Secrétariat
à la date du 30 septembre 2006, que l'on considère la classe des
Secrétaires généraux adjoints (SGA), celle des
sous-secrétaires généraux (SSG) ou des directeurs (D1 et
D2). Les postes de Secrétaire général adjoint revenant
à l'Afrique sont occupés par le Botswana, l'Egypte, la Gambie, le
Nigeria et la Tanzanie.
Conclusion séquentielle n°2 : Le
Bénin est sous représenté, qualitativement, au
Secrétariat général des Nations Unies.
|
Les cadres béninois au sein des institutions et
organismes dotés d'un statut spécial
|
Le tableau n°2 présente la situation des cadres
Béninois au sein des institutions à caractère universel
dotées d'un statut spécial (les fonctionnaires de la plupart des
autres organismes étant considérés comme faisant partie du
Secrétariat général de l'ONU). Il témoigne du
faible niveau de présence des cadres Béninois aux postes de
direction des organisations considérées.
Au total, selon les données disponibles, seuls deux
ressortissants béninois ont actuellement le grade D au sein des
institutions d'envergure universelle;
- l'un, Directeur au Département Afrique du Fonds
Monétaire International;
- l'autre, sous-directeur général au
Département Afrique de l'UNESCO.
Conclusion séquentielle n°3 : Le
Bénin est sous représenté, numériquement et
qualitativement, au sein des organismes à caractère
universelle.
B- Dans les institutions interafricaines
Les cas de l'Union africaine (1), de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest et de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (2) permettront de se faire une idée
générale de la situation des cadres béninois dans les
institutions interafricaines.
1) Les cadres béninois à l'Union Africaine
(UA)55
Le nombre de cadres de nationalité béninoise
dans les organes administratifs de l'UA est passé de neuf (9) au
début des années 1990 à quatre (4) en 2000, bien loin du
quota de dix (10) fonctionnaires par pays membre fixé par le statut du
personnel de l'organisation panafricaine. Grâce aux efforts
déployés par le MAE pour assurer un appui-conseil aux postulants
à des postes de l'Union, ce nombre s'est substantiellement accru. On y
dénombre, à la date du 30 novembre 2006, 15 hauts fonctionnaires
béninois. Numériquement, le problème semble résolu
quoique qualitativement, il demeure entier. Car, une analyse de la composition
de la Commission de l'Union Africaine (qui fait office d'instance dirigeante),
révèle qu'aucun ressortissant béninois n'y
siège56. Les seuls postes de responsabilité qu'y
occupent des Béninois sont ceux de :
- Représentant Spécial (du Président de la
Commission) sur le Mercenariat ; - Directeur des Infrastructures et de
l'Energie ;
- Fonctionnaire du personnel.
Conclusion séquentielle n°4 : Le
Bénin est sous représenté, qualitativement, au sein de
l'UA. Toutefois, la diplomatie déploie des efforts pour y favoriser le
recrutement de cadres de haut niveau.
2) La situation dans les institutions sous-régionales
Le point se fera d'abord à la CEDEAO puis à l'UEMOA
Tableau n°3 : Répartition du personnel des
organes de la CEDEAO par
N°
|
catégorie et selon
Catégories Pays
|
les nationalités
Statutaires
|
au 30 novembre Professionnels
|
2005.
Total
|
1
|
Bénin
|
0
|
7
|
7
|
2
|
Burkina Faso
|
1
|
14
|
15
|
3
|
Cap Vert
|
0
|
1
|
1
|
4
|
Côte d'Ivoire
|
0
|
6
|
6
|
5
|
Gambie
|
2
|
3
|
5
|
6
|
Ghana
|
2
|
10
|
12
|
7
|
Guinée équatoriale
|
1
|
4
|
5
|
8
|
Guinée Bissau
|
0
|
1
|
1
|
9
|
Libéria
|
0
|
1
|
1
|
10
|
Mali
|
3
|
10
|
13
|
11
|
Niger
|
1
|
7
|
8
|
12
|
Nigeria
|
2
|
34
|
36
|
13
|
Sénégal
|
1
|
10
|
11
|
14
|
Sierra Léone
|
0
|
3
|
3
|
15
|
Togo
|
1
|
10
|
11
|
Tableau n°4 : Répartition du personnel des
organes de L'UEMOA par catégorie et selon les nationalités au
30 novembre 2005
Pays
Catégories
|
Bénin
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Guinée Bissau
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
Total
|
Agents d'encadrement supérieur
|
11
|
19
|
8
|
2
|
10
|
12
|
13
|
11
|
86
|
Agents d'encadrement moyen
|
2
|
33
|
0
|
0
|
3
|
3
|
3
|
4
|
48
|
TOTAL
|
13
|
52
|
8
|
2
|
13
|
15
|
16
|
15
|
134
|
Sources :
Direction de l'Intégration Régionale du
Ministère du Développement, de l'Economie et des Finances §
Direction de l'Intégration Africaine du Ministère des Affaires
Etrangères
A la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO)
Actuellement, sur les quatorze (14) postes statutaires de la
CEDEAO, le Bénin n'en occupe aucun tandis que l'on y dénombre
trois (3) Maliens et que la Gambie, le Ghana et le Nigeria ont chacun deux (2)
représentants (Confer tableau n°3). On compte sept (7)
ressortissants béninois dans la catégorie des professionnels,
pour un total de cent vingt et un (121), pendant que le Nigeria et le Burkina
Faso y ont, respectivement, trente quatre (34) et quatorze (14) de leurs
nationaux. Les postes stratégiques qu'y occupent des Béninois
sont ceux de :
|
- directeur des affaires juridiques et;
- directeur des politiques commerciales et douanières. A
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
|
Le Bénin compte onze (11) cadres supérieurs sur
un total de quatre vingt six (86) au 31 décembre 2005. Ce nombre de
postes, qui représente juste la moyenne, est inférieur à
celui de certains Etats comme le Burkina Faso ou encore le
Sénégal (comme l'illustre le tableau n°4). Toutefois, ce
déficit numérique est compensé par un gain qualitatif. En
effet, au sein de cette institution à vocation économique et
financière, le Bénin compte des ressortissants à des
postes assez stratégiques comme ceux de : Président de la Cour de
Justice ; Commissaire chargé du Développement Rural et de
l'Environnement ; Directeur du Commerce et de la Concurrence ; Directeur des
Infrastructures de Transport et de l'Aménagement du Territoire.
La représentation du Bénin au sein de l'UEMOA
était encore plus satisfaisante avant la démission de la
Présidence de la Banque Ouest Africaine de Développement
(BOAD)57, du Docteur Thomas Boni YAYI, en janvier
200658.
Conclusion séquentielle n°5 : Au
sein de l'UEMOA, le Bénin n'est pas sous représenté. Bien
au contraire, il y compte des cadres à des postes
stratégiques.
57 La BOAD est une institution de l'UEMOA.
58 Au surplus, nous pourrions évoquer les cas
du Conseil de l'Entente et de l'Autorité du Bassin du Niger où le
Bénin compte respectivement un (1) et quatre (4) ressortissants
En somme, l'analyse des données révèle
que, au sein des institutions internationales faisant l'objet de cette
étude, le Bénin est globalement sous représenté,
notamment aux postes de direction. Cette constatation suscite une
interrogation: quels sont les facteurs explicatifs de cette situation ?
Section II- Diagnostic des difficultés
liées au placement
optimal des cadres béninois dans les
organisations internationales
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la sous
représentation du Bénin au sein des organisations
internationales. L'accent sera mis, d'une part, sur les facteurs politiques et
organisationnels (paragraphe 1), et d'autre part, sur les entraves d'ordre
socioculturel (paragraphe 2).
Paragraphe I : Les facteurs politiques et
organisationnels
Du défaut d'engagement politique (A) aux
incohérences techniques et organisationnelles (B) avec leurs
implications respectives, nombreux sont les dysfonctionnement dont la
conjonction limite les velléités de positionnement des cadres
béninois dans les OI.
A- Les obstacles politiques
Les obstacles constatés au plan politique se
manifestent par un manque de volonté politique affichée que
corrobore l'inexistence d'une structure chargée du placement des
cadres.
1) Le manque de volonté politique
affichée
L'observation du contexte politique révèle que
les autorités politiques béninoises, à qui il revient la
responsabilité de déterminer les priorités de la nation,
ont souvent accordé peu d'importance à la présence de
hauts cadres béninois dans les institutions internationales. De fait, la
promotion des cadres est considérée comme une activité
budgétivore, sans valeur ajoutée nationale, destinée
à la gloire et au prestige
27 d'une individualité. Des nombreux paramètres
à l'aune desquels le faible engagement des politiques peut se mesurer,
trois seront mis en exergue, à titre illustratif.
D'abord, avant le milieu des années 1980, comme le
notaient Isidore Bio et Robert D. Zantan: «On ne saurait (...) soutenir
(...) qu'il existait au Bénin une politique de placement des nationaux
à des postes de responsabilité au sein des OI»59.
Il a fallu attendre la veille de l'ère du renouveau démocratique
pour que les jalons d'une «politique aux contours encore
imprécis»60 soient jetés.
Le deuxième paramètre est relatif à la
suite réservée aux recommandations issues du séminaire sur
la diplomatie béninoise à l'heure du renouveau
démocratique. Ces suggestions ont été
réaffirmées en 1998 lors du séminaire sur
l'évaluation de la diplomatie béninoise sous le renouveau
démocratique. En fait, lors des travaux de ces réunions, les
diplomates ont mis en lumière la nécessité de veiller
à «une meilleure représentation du Bénin au sein des
OI à travers une politique bien définie de placement des cadres
nationaux »61 et suggéré des actions à
concrétiser à cette fin. Ces recommandations sont
demeurées à l'étape de propositions.
Enfin, il se dénote clairement, à la lecture des
programmes qui ont sous-tendu l'action des gouvernements successifs, un manque
d'intérêt au problème du placement des cadres, d'où
l'inexistence d'une structure nationale en charge de la question.
2) La limite structurelle
Contrairement à la pratique en vigueur dans plusieurs
autres Etats, le Bénin ne dispose pas d'une structure ayant pour
vocation d'oeuvrer à la promotion des cadres dans les organisations
internationales.
Or, la France, ayant pris conscience dès le
début des années 1980, des enjeux liés à la
promotion des cadres, et «soucieuse de (...) développer une
présence
59 Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, p:
36.
60 Ibidem
61 Ministère des Affaires Etrangères
et de la Coopération, « Séminaire sur l'évaluation de
la diplomatie béninoise sous le renouveau démocratique, compte
rendu des travaux », op. cit, P : 13. Voir aussi MAEC, «
Eléments de réflexion en vue de l'élaboration d'une charte
de la diplomatie béninoise », P : 6.
28 française de qualité et d'assurer le
recrutement de Français de haut niveau dans ces
institutions»62, a adopté une série de mesures
dont, entre autres, la nomination d'un «délégué
interministériel aux fonctionnaires internationaux»63.
Grâce à la mise en oeuvre des grandes orientations de cette
politique, la fonction publique internationale est aujourd'hui
considérée comme le prolongement de la fonction publique
française. En Afrique, cet exemple sera suivi par le
Sénégal, le Mali etc. qui ont mis en place des structures
nationales chargées exclusivement d'oeuvrer au placement des cadres
nationaux dans les organisations internationales.
Il faut attendre l'année 2001 pour assister aux
premières manifestations de volonté dans ce sens au Bénin,
lesquelles se sont traduites par la création, au sein du
Ministère des Affaires Etrangères et de l'Intégration
Africaine, de la Cellule d'Analyse Stratégique qui a pour tâche,
entre autres, aux termes de l'article 34 du décret no 2004-
094 du 24 février 2004, de faire «des propositions et
recommandations pour le placement des cadres béninois et le renforcement
de leur présence dans les organisations internationales ou
interafricaines, y compris l'élaboration de la stratégie de
campagne pour les candidats à des postes électifs ».
Cependant, la multiplicité des responsabilités dévolues
à la Cellule, combinée à la modicité des moyens mis
à sa disposition hypothèque la concrétisation de ses
initiatives.
Ainsi, le placement des cadres béninois dans les
organisations internationales est perçu et géré de
manière peu professionnelle, avec un suivi empreint de bureaucratie et
de lourdeur qui entravent le dynamisme et le pragmatisme nécessaires
à l'obtention de résultats probants en la matière. De
cette carence structurelle, découlent les nombreuses incohérences
techniques et organisationnelles observées.
B- Les incohérences techniques et
organisationnelles
Les insuffisances techniques et organisationnelles qui
entravent le placement des cadres béninois dans les OI sont la
résultante de la lourdeur qui caractérise le fonctionnement de
l'administration en général (1). A ce facteur, se greffent des
erreurs de procédure (2).
62 Circulaire n°3 121/SG, op. cit.
63 Ibidem.
1) Les problèmes liés à la lenteur
administrative
L'administration publique béninoise est
caractérisée par « des lenteurs et lourdeurs fantaisistes et
inutiles »64 dans le traitement et l'acheminement des dossiers.
Ces lenteurs se répercutent sur les résultats obtenus en termes
de promotion internationale des cadres65. Le circuit administratif
à suivre pour répondre aux avis de vacance de poste est
exagérément long surtout quand l'on tient compte du délai
très court (parfois quelques jours)66 qu'offrent les
organismes internationaux aux potentiels candidats. En effet, il existe une
multiplicité de structures intervenant dans le traitement des dossiers.
Il s'agit notamment du:
- Ministère des Affaires Etrangères qui
reçoit les avis et les achemine en direction des structures
concernées ;
- Ministère du Travail et de la Fonction Publique qui
se charge de les diffuser, de recueillir les candidatures, de les traiter et de
les transmettre à l'organisme concerné;
- Ministère du Développement, de l'Economie et
des Finances dont l'avis est parfois requis. A l'époque où
existait un Ministère du Plan séparé de celui de
l'Economie, son avis était aussi sollicité ;
- Ministère de tutelle de tout Agent Permanent de l'Etat
désireux de postuler.
En raison de la complexité de cette procédure,
très peu de fonctionnaires bénéficient de la position de
détachement prévue par la loi no 86-0 13 du 26 février
1986 portant statut des agents permanents de l'Etat en ses articles 103 et
suivants. En 1987, ils étaient évalués à une
trentaine67. Ce nombre est passé à une centaine en
199868. Depuis lors, les données n'ont pas sensiblement
évolué.
En sus des difficultés administratives, se posent des
problèmes de déficit informationnel. Aussi bien les
étudiants (pouvant bénéficier de stage) que les cadres
64 Conseil des ministres (Bénin), compte rendu
n°20/SGG/Com/Extra/2006 du 25 novembre 2006. [En ligne] Disponible sur
:
http://www.gouv.bj/conseil
des ministres top.php. (Page consultée le 26 novembre 2006).
65 Cf. Gervais Houndékindo, (1998) «
Réflexions sur le placement des cadres dans les organisations
interafricaines », Mimographie.
66 Nous avons pu constater lors de notre stage de fin
de formation au MAE que certains avis de vacance de poste n'y parviennent que
la veille de la date limite de dépôt des dossiers de
candidature.
67Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, p: 37
68 Cf. Gervais Houndékindo, op. cit.
30 disposent d'assez peu d'informations concernant les
énormes potentialités offertes par les nouvelles technologies de
l'information et de la communication pour obtenir des postes. En effet la
plupart des OI diffusent les avis de vacance de poste en ligne et y
reçoivent directement les dossiers de candidature dès lors qu'il
s'agit de postes sélectifs. Au demeurant, les contacts personnels sont
autant de ressources dont il faut savoir judicieusement faire usage.
A tous ces facteurs, il faut ajouter les erreurs dans la gestion
des dossiers de candidature.
2) Les insuffisances dans la présentation et le suivi
des
dossiers
Les erreurs du point de vue de la présentation et de la
conduite des dossiers se révèlent, essentiellement, à
trois niveaux.
Le premier est celui du ciblage des postes à briguer et
des candidats à y positionner. La réalité qui
prévaut jusqu'aujourd'hui consiste à laisser les cadres
rechercher eux-mêmes des postes, à s'autoproclamer candidats,
à entamer des démarches avec plus ou moins de maladresse et
à «obliger le gouvernement à endosser leurs candidatures et
déployer à cette fin des moyens au dernier
moment»69. Cette démarche a montré ses limites;
car les candidatures autoproclamées peuvent contenir des `'vices
cachés' '70 . Ces vices peuvent être liés soit
à la personnalité même du candidat (dont le curriculum
vitae peut être incompatible avec le profil recherché), soit aux
négligences et légèretés dont il a pu faire montre
dans sa carrière professionnelle.
Le deuxième niveau, c'est celui de la
présentation proprement dite des candidatures. Si les difficultés
ne sont pas perceptibles pour ce qui concerne les postes statutaires, elles se
révèlent au niveau des postes politiques (électifs) et se
rapportent à la méconnaissance des procédures propres
à chaque institution. Ainsi par exemple, à l'Union Africaine,
c'est l'individu (intuitu personae) qui est candidat avec bien sûr
l'appui de son pays. En revanche, selon les dispositions de l'article 18 du
traité de
69 Ministère des Affaires Etrangères,
(2006) « Placement des cadres béninois dans les OI, document cadre
», Cellule d'Analyse Stratégique, Mimographie.
70 Entretien M. Francis LOKO, ancien ambassadeur du
Bénin au Canada.
31 Lagos régissant la CEDEAO, c'est l'Etat membre qui
est candidat. Ainsi, c'est l'Etat qui se fait d'abord élire pour occuper
tel ou tel autre poste. Une fois cette étape franchie et l'accord de
principe obtenu, il désigne trois (3) de ses ressortissants pour subir
une interview devant un comité restreint de sept (7) ministres. Ce
comité statue, proclame les résultats par ordre de mérite
et les soumet à la conférence des Chefs d'Etat à qui
appartient la décision finale. Cette procédure propre à la
CEDEAO amène les Etats candidats à entourer les noms de leurs
postulants au poste de Secrétaire Exécutif d'une totale
discrétion. La non observance de cette précaution,
combinée à la méfiance de certains Etats, qui reprochaient
au Bénin d'avoir introduit le «mal
démocratique»71 dans la sous région, et à
son candidat d'oeuvrer à son expansion en prenant part à des
conférences régionales sur l'Etat de droit, furent, entre autres,
les raisons de l'échec du Bénin à ce poste en
199372.
Le troisième niveau, le dernier qu'il est important de
mettre en exergue, a trait à la sous estimation de l'importance des
parrainages des grandes puissances et de la `'diplomatie de couloir».
L'obtention de postes politiques est la consécration d'un travail de
lobbying savamment organisé. Malgré leurs atouts
considérables, certains postulants béninois perdent, au
détriment de la nation tout entière, des portefeuilles
d'envergure internationale. Ce fut notamment le cas en 1987 où le
postulant béninois échoua au poste de Directeur
général de la FAO. En effet, son concurrent, riche de ses
expériences -il était Directeur général sortant- et
fort du soutien de certaines puissances occidentales, offrit, la veille du
scrutin, un somptueux dîner aux délégués
africains73, dîner durant et après lequel, aucune
commodité mondaine ne fut de trop. Le lendemain, à la sortie du
vote, ce dernier était reconduit à la tête de
l'Organisation74. De tels exemples foisonnent et démontrent
l'efficacité de ce que l'on appelle par euphémisme, la
`'diplomatie du chéquier» et de bien d'autres pratiques, se situant
souvent à la limite
71 Le Bénin a été le premier Etat au sud du
Sahara à réussir une transition démocratique sans effusion
de sang. Cet évènement fut perçu comme un
précédent dangereux par certains dirigeants d'alors car il avait
inspiré chez des opposants à leur régime (de parti
unique), des espoirs de construction d'un Etat de droit dans la sous
région ouest africaine ; ceci d'autant plus qu'ils
bénéficiaient du soutien moral de l'intelligentsia
béninoise. Lire à ce sujet Jean-Luc Aplogan, « Bénin,
une démocratie apaisée », In Le Monde diplomatique [En
ligne] Disponible sur <
http://www.monde-diplomatique.fr/1997/1
1/APLOGAN/9489> (page consultée le 10 novembre 2006).
72 Cf. Gervais Houndékindo, op. cit ;
entretiens avec des autorités du MAE.
73 A l'époque, le candidat béninois
bénéficiait pourtant, officiellement du moins, du soutien des
pays africains. En effet, lors du XXIIè sommet de l'OUA tenu
à Addis Abeba en juillet 1986, les Chefs d'Etat et de Gouvernement ont
adopté la résolution CM/1053 (XL, IV) faisant de M. Moïse
Mensah le candidat unique de l'Afrique.
74 Entretien avec M. Isidore Monsi, Secrétaire
général adjoint du MAE.
Pour plus de détails sur la portée de la diplomatie
lors des élections des responsables d'institutions internationales, lire
: Pierre-Edouard Deldique, (2003) «Faut-il supprimer l'ONU ? » Paris
: Hachette Littératures, P : 265.
32 de l'illégalité. Tout diplomate doit pourtant
s'illustrer dans cet `'art» au risque de voir ses projets souvent
échouer75.
Mais pour ce faire, il faudrait disposer de ressources
financières conséquentes.
Paragraphe II : Les entraves financières et
socioculturelles
La promotion des cadres se trouve aussi entravée par les
difficultés financières (A) qu'aggravent des pesanteurs
socioculturelles (B).
A- Les difficultés financières
Elles sont relatives à la faiblesse de la contribution
du Bénin au budget des institutions d'envergure universelle (1) et
à la modicité des moyens déployés pour les
campagnes (2).
1) L'état de la participation financière aux
organisations
internationales
Il semble important pour la compréhension de la
portée du problème de procéder à un bref
aperçu.
Classiquement, les OI se dotent de deux types de budget
à savoir, un budget ordinaire dont les ressources proviennent
principalement des contributions obligatoires des Etats membres76 et
un " budget opérationnel", qui sert à exécuter les
programmes spéciaux et dont les financements proviennent des
contributions volontaires. Les fonctionnaires internationaux étant
rémunérés par l'organisme qui les emploie sur son budget
propre, à quelques exceptions près77, il s'ensuit que
le taux de participation financière d'un Etat a des répercussions
sur la situation de ses ressortissants au sein de l'institution. De même
l'accumulation des arriérés de contribution par un pays entrave
le succès de sa candidature. Ces remarques préliminaires
permettront de cerner aisément les trois points sur lesquels l'accent
sera mis.
75 Voir infra P : 51 et suivantes.
76 Les contributions obligatoires au budget ordinaire sont
calculées suivant un barème de quote-part en fonction du produit
nationale brut (PNB) de chaque Etat membre.
77 Il arrive en effet que des Etats acceptent de payer
des agents qu'ils mettent à la disposition d'une OI pendant une
période généralement assez courte.
33
En effet, à partir de 1982, en raison de la crise
économique qu'a traversé le pays, le Bénin a
éprouvé de réelles difficultés à s'acquitter
de ses obligations financières vis-à-vis des OI dont il
était membre78. Le montant des arriérés
s'était progressivement accru et s'élevait, en mai 1987, à
deux milliards trois cent soixante quinze millions cent quatorze mille deux
cent quinze (2.375.114.215) francs CFA. La situation était telle que
l'éventualité de l'exclusion pure et simple du pays -ou à
tout le moins la perte de ses droits- de certaines organisations comme l'ONU et
l'OMS était
envisageable79. Le Bénin était ainsi
en perte de crédibilité dans les OI. Au minimum, cette situation
n'était pas propice à l'émergence de ses ressortissants et
constituait un handicap à leur recrutement dès lors que
s'appliquaient les critères relatifs à la participation
financière du pays membre.
Depuis 1990, le Bénin est considéré comme
«un bon contributeur»80. Il n'en demeure pas moins que sa
participation financière aux OI demeure problématique pour au
moins deux raisons.
D'une part, en raison de la faiblesse de son
PNB, la contribution obligatoire du pays au budget ordinaire
des institutions dont il est membre, notamment celles à caractère
universel, est généralement modeste. En conséquence, la
quote-part des postes lui revenant au titre du facteur contribution s'en trouve
amenuisée. C'est le cas par exemple à l'ONU où le
Bénin ne pourrait avoir plus d'une dizaine de postes au titre de
la répartition géographique.
D'autre part, la question de la participation du Bénin
au financement des projets exécutés grâce aux ressources
extrabudgétaires est de l'ordre du symbolique. Pendant ce temps,
d'autres Etats, des plus développés (Etats-Unis
d'Amérique, France etc.) aux moins nantis
(Sénégal81 par exemple), prenant «conscience de
l'importance d'une
78 Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, P:
70.
79 A titre d'exemples, nous pouvons citer les cas de
:
- l'OMS où l'accumulation des arriérés a
conduit la 41é Assemblée de cette organisation en 1988 à
voter la résolution WHA 4.120 qui stipule : « Si à
l'ouverture de la 42è Assemblée (...), le Bénin
et consorts sont encore redevables d'arriérés de contributions
(...), leur droit sera suspendu ». Voir
www. who.org/archives
- l'Agence de la coopération culturelle et technique
d'où le Bénin « a été exclu pour non payement
de ses cotisations au titre des exercices 1984 et 1985 ». Voir Isidore
Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, P:70.
- l'ONU où le Bénin, cumulant 273.280 dollars US
d'arriérés de contributions, était sous la menace d'une
suspension. Cf. Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, p: 70 et
suivantes.
80 Voir Infra P : 49
81 Le Sénégal fait partie des Pays les
Moins Avancés (PMA) comme le Bénin.
34 représentation (...) de qualité au sein des
OI»82 octroient des subventions extraordinaires à
celles-ci, de façon à pouvoir présenter leurs
ressortissants pour mener à bien les programmes financés par ces
contributions.
La conjugaison de ces paramètres limite sensiblement les
ambitions des cadres béninois bien désireux de faire
carrière dans la fonction publique internationale.
Au demeurant, les difficultés financières
inhérentes au placement des cadres resteraient entières s'il
était fait abstraction du problème de l'inconsistance des budgets
de campagne débloqués à cette fin.
2) L'inconsistance des budgets de campagne
La question de la mobilisation des budgets de campagne,
découle de l'inconsistance des crédits alloués par le
budget national au Ministère des Affaires Etrangères pour la mise
en oeuvre de la politique extérieure du gouvernement83. Il
n'y est jamais prévu de fonds destinés à la promotion des
cadres. Or, la conduite des dossiers de candidature pour l'obtention des postes
de responsabilité dans les OI commande de mener en temps opportun une
campagne de proximité auprès des autorités au plus haut
niveau des Etats concernés afin de faire valoir les compétences
du postulant. Autrement dit, pour mener une opération efficiente, il
faut mobiliser des moyens substantiels. Il n'est pas possible, a priori, de
chiffrer les frais nécessaires pour une bonne propagande. Il
s'élève globalement à des dizaines de millions de francs
CFA84.
Cependant, et quel que soit le cas de figure, le
résultat de la campagne (sa réussite ou son échec) est en
partie tributaire des ressources financières déployées
à cette fin, et des délais dans lesquels elles ont
été décaissées. Or généralement,
aux
82 Circulaire no3121/SG du 14 mars 1986 relative aux
fonctionnaires français dans les organisations intergouvernementales,
op. cit.
83 Cf. Honorat Hountogbédé, op. cit.
84 Les données varient considérablement
et sont fonction de :
- l'importance du poste (tel poste de responsable de l'UEMOA n'a
pas la même portée qu'un autre poste d'adjoint) ;
- l'envergure de l`institution (sous-régionale,
régionale ou universelle) ;
- la personnalité même du candidat (il est
relativement moins onéreux de promouvoir une personnalité de
forte aura et ayant des appuis personnels dans l'arène internationale)
;
- les circonstances.
35 dires des autorités du
Ministère85, il arrive souvent que le budget
prévisionnel de campagne élaboré par les services
techniques ne soit jamais débloqué et, quand il l'est, c'est avec
du retard et vidé de ses plus importants postes. Toutes ces
réalités paralysent l'action et vouent à l'échec
des activités initialement prévues.
A ce stade de l'analyse, il reste à aborder un aspect de
la question qui ne manque pas de délicatesse, parce que lié
à des considérations sociales et culturelles.
B- La dimension socioculturelle du problème
Elle se révèle comme la plus difficile à
circonscrire parce que relevant de l'ordre du social (1) et entretenue par la
puissance des media (2).
1) Les pesanteurs des traits caractériels
S'il est un aspect de la question qui a été
soulevé par la quasi-totalité des personnes ressources
rencontrées dans le cadre de cette étude, c'est celui relatif au
manque de patriotisme et d'esprit de sacrifice des uns et des autres. Ces
inquiétudes se révèlent comme la manifestation des
facteurs diagnostiqués par les études nationales de perspectives
à long terme comme étant les maux qui minent la
société dans tous les domaines d'activité et
empêchent l'éclosion et l'épanouissement des valeurs
individuelles pour le bien-être collectif.
En effet, 64% des citoyens estiment que leurs compatriotes
sont «animés d'un esprit de régionalisme, de
népotisme et d'ethnocentrisme»86. Nourris à la
source de ces considérations (réelles ou supposées), la
plupart n'appréhendent pas à sa juste valeur l'importance de la
promotion de leurs concitoyens.
Ces considérations largement partagées et
longtemps véhiculées à travers des adages
populaires87 s'incorporent au vécu quotidien des populations
en général, du
85 Entretien avec M. Séraphin Lissassi,
Directeur de l'Intégration Africaine au MAE.
86 Ministère d'Etat chargé de la
coordination de l'action gouvernementale, du plan, du développement et
de la promotion de l'emploi, (2003) « Etudes nationales de perspectives
à long terme, Bénin 2025 Alafia», Imprimerie CACI, P :
28.
87 Au nombre de ces adages, peut être
cité « celui-là qui signifie littéralement `'seul mon
maïs doit cuire». En dehors de moi, personne d'autre ne doit
réussir. Ainsi, tous les moyens sont bons (...) pour empêcher son
prochain d'aller de l'avant et le maintenir dans une situation de subordination
par rapport à soi. Cf. Nouroudeen Laleyè, «
Béninoiserie, quand tu nous tiens», In La Marina, n°004,
novembre décembre 2004, P : 37.
36 cadre en particulier, et atténue son ardeur à
servir la cause patriotique dès lors que ses intérêts
immédiats ne se dégagent clairement. Elles se traduisent par des
négligences coupables, des querelles de personne autour de la
désignation des candidats, etc.
En somme, c'est la survivance de ce que les études
précitées notent comme étant «les traits
caractéristiques qui définissent le nouveau champ identitaire du
citoyen béninois». Ils conduisent à privilégier
«la préséance de la parenté (...) dans l'action
politique, la réhabilitation de la conscience tribale dans la vie
institutionnelle»88.
Par ailleurs, ces traits caractériels transparaissent dans
les media dont les écrits desservent plus d'une candidature.
2) L'influence nocive des media
Depuis l'avènement du renouveau démocratique, le
Bénin fait l'expérience de la libéralisation de l'espace
médiatique. Le champ de liberté des médias s'est agrandi,
hissant le pays au rang de leader africain en matière de liberté
de la presse. Pourtant les journaux béninois n'ont pas mis ces acquis au
service du rayonnement de l'intelligentsia. Bien au contraire, leurs colonnes
furent des espaces de dénigrement des potentialités de cadres
aspirant à des postes internationaux89. Au lieu d'oeuvrer
à la propagande de leurs compatriotes, des journalistes
s'attèlent plutôt à révéler leurs faiblesses
(réelles ou imaginaires), les vouant ainsi aux
gémonies90. «On assiste à une floraison de titres
ultra fragiles qui cachent mal leur malaise»91 et portent
atteinte à l'honorabilité des postulants. Or, depuis que les
progrès techniques et scientifiques ont transformé le monde en un
village planétaire, les informations véhiculées par les
médias nationaux produisent des impacts significatifs sur la
scène internationale, influencent l'attitude des dirigeants
étrangers et affectent leurs choix. En analysant le rôle de
l'information dans les relations internationales, Marcel MERLE faisait observer
que, à bien des égards, l'image que véhicule d'un pays et
de ses cadres la
88 Yaovi AKAKPO, (2003) « Solidarités
émergentes et mentalité inventive », In Mosaïque1, P :
95.
90 Ce comportement est dénoncé au sein
même du monde médiatique béninois. Le quotidien `'La
Nation» du 7 décembre 1992 consacrait un article à ces
journalistes qu'il qualifie de « prostitués de la presse
béninoise ».
91 Quotidien malien L'Aurore du 1er octobre
1992.
37 presse locale est déterminante dans « le
comportement politique des dirigeants à l'égard du pays
concerné »92. Dès lors, on ne s'étonnera
point de constater que les révélations de la presse
béninoise font perdre aux candidats le capital sympathie
nécessaire pour susciter le soutien des Etats "amis"93. C'est
ce que révèle cette expérience vécue dans un pays
anglophone d'Afrique, en 2001, par un diplomate, (alors membre d'une
délégation de campagne) :
« ...Après nous avoir attentivement
écouté vanter les mérites de notre candidat, le Chef de l
'Etat hôte sortit de son tiroir des coupures de journaux béninois
révélant des informations très peu élogieux
concernant notre compatriote. Et au Président de conclure `'J'aurais
bien voulu vous apporter tout mon soutien...» »94.
Lorsque de tels agissements sont sporadiques, ils
témoignent d'un manque de professionnalisme de certains acteurs du monde
des media. Mais quand ils sont réguliers et persistants, ils
dénotent de la désintégration du `'rôle
patriotique» dévolu à la presse95.
En somme, tant au niveau endogène qu'exogène, de
réelles difficultés entravent la promotion des cadres
béninois. Il reste à s'interroger sur le degré de
pertinence des hypothèses de départ.
Vérification des hypothèses
De l'analyse des données, il résulte que :
- au sein des organisations faisant l'objet de cette
étude (exception faite de l'UEMOA), le Bénin est
globalement sous représenté,
numériquement et qualitativement;
92 Cf. Marcel Merle, (1981) « Forces et enjeux
dans les relations internationales », Paris, Economica.
93 Les Etats n'ayant que des intérêts,
l'amitié ici se mesure, souvent, en termes de promesse de soutien
ultérieure.
94 Entretien avec M. Séraphin Lissassi,
Directeur de l'Intégration Africaine au MAE.
95 Vue sous cet angle précis, la presse
sénégalaise mérite bien la palme que lui décerne
A.-J. TUDESQ dans son ouvrage « Les media en Afrique » (Ellipses,
Paris, 1999, p. 104), car, sans être inféodée au
gouvernement, elle «sait reconnaître des mérites» et
promouvoir les individualités nationales. Sa réputation en la
matière est loin d'être surfaite. Le « rôle citoyen
» de la presse sénégalaise est une valeur culturelle dont
les premières manifestations remontent au début du siècle
précédent puisque, dès 1914 déjà, le premier
député noir du Sénégal, Blaise DIAGNE fut
élu grâce à «La Démocratie du
Sénégal».
- la diplomatie béninoise déploie des efforts
pour placer des cadres; en témoignent les résultats
enregistrés au sein de certaines institutions interafricaines. Depuis
2001, le placement des cadres est expressément inscrit au nombre des
priorités de la nation, du moins dans les textes; ceci s'est traduit,
entre autres, par la création de la Cellule d'Analyse Stratégique
.
Par conséquent, nous ne saurions affirmer qu'il
n'existe point de politique. Tout au moins, il existe un cadre théorique
pouvant déboucher sur une véritable politique. Ainsi il
apparaît que l'hypothèse n°1 (selon laquelle si le
Bénin est sous-représenté dans les organisations
internationales, c'est parce qu'il n'existe pas une politique de placement des
cadres nationaux dans la fonction publique internationale) n'est pas
vérifiée. Certes, le problème de sous
représentativité est avéré mais la cause
présumée ne semble pas la plus plausible.
Toutefois, une politique, c'est, au-delà du simple
cadre théorique, une stratégie bien pensée au service de
laquelle sont mobilisées des ressources conséquentes. Or
l'analyse du `'mécanisme» actuel de placement des cadres
révèle de réels imperfections dont les implications se
traduisent par la rareté des cadres béninois aux postes de
direction des OI. Ces constatations accréditent l'hypothèse
n°2 (ainsi formulée: les cadres béninois ne sont pas promus
aux postes de direction dans les organisations
internationales parce qu'il n'existe pas une politique
dynamique à cet effet).
Face à cette situation, il est souhaitable que le
Bénin se dote d'une politique efficace et d'une stratégie
offensive de positionnement de ses cadres au sein des organisations
internationales.
ELEMENTS DE CONCEPTION ET DE MISE EN OEUVRE D'UNE
POLITIQUE DYNAMIQUE DE PROMOTION DES CADRES BENINOIS DANS
LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
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La promotion des cadres dans les organisations internationales
est devenue mieux qu'un enjeu diplomatique, une gageure politique et un facteur
de puissance (section I). Eu égard à la complexité des
actions à entreprendre dans ce sens, seuls les Etats qui se dotent d'un
instrument de veille stratégique, capables d'anticiper les grandes
mutations intervenant dans l'environnement international en
général et au sein des OI en particulier parviennent à
influencer le cours de l'histoire. Il en résulte pour le Bénin la
nécessité de combler le déficit structurel en la
matière afin de se donner les moyens de surpasser le stade de la gestion
quotidienne pour s'approprier une dynamique proactive, orientée vers
l'avenir (section II).
Section I : Conditions d'efficacité d'une
politique
nationale de positionnement des cadres béninois
dans les
organisations internationales
L'efficacité d'une politique béninoise de
promotion des cadres est fonction de la capacité des différents
acteurs ayant une parfaite maîtrise des fondamentaux (paragraphe I)
à créer une synergie d'action autour d'un objectif commun
à travers un mécanisme alliant stratégie et tactique
(paragraphe II).
Paragraphe I : Les fondamentaux
Les recommandations et propositions que nous aurons à
faire en vue de l'élaboration d'une nouvelle approche en matière
de placement des cadres resteraient sans effet si, d'une part, les
intérêts qui s'y attachent ne sont pas maîtrisés (A)
et que, d'autre part, les balises au niveau endogène ne sont pas
posées (B).
A- Les intérêts liés à la
présence de cadres béninois
dans les organisations internationales
Les enjeux liés à la présence de
ressortissants d'un pays au sein d'une organisation internationale sont
considérables. Il serait fastidieux d'en faire une étude
exhaustive. L'accent sera mis ici sur les retombées politiques d'une
part et celles socioéconomiques d'autre part.
1) Les enjeux politiques : rayonnement international du
pays
De toute évidence, l'intérêt majeur pour
un pays d'avoir ses ressortissants à des postes notamment de
responsabilité dans les OI réside dans l'opportunité qui
lui est offerte de promouvoir son rayonnement international par l'entremise de
ceux-ci. C'est
41 aussi la satisfaction de s'affirmer dans le concert des
nations comme un Etat qui compte, une nation politiquement dynamique, disposant
de ressources humaines de qualité. Par le biais de ses cadres, un pays
affirme sa présence sur la scène internationale.
C'est avant tout une question de prestige national, un motif
de fierté nationale qui contribue à l'amélioration de la
cote, de l'image de marque du pays à l'extérieur. Tout comme
celle des artistes et sportifs de renom, la notoriété du
fonctionnaire international, comme celle des artistes de renom contribue
à améliorer l'image du pays dont il est originaire.
Le cas du Ghana peut être cité, à titre
illustratif. Depuis l'avènement de Kofi Annan au Secrétariat
général de l'ONU, le nom de ce pays s'exporte avec les impacts
distributifs considérables qui en découlent. La raison en est
que, lorsque les media relatent les sorties, déclarations et prises de
positions publiques du « diplomate ghanéen», en dehors des
habitués du milieu diplomatique, très peu de personnes
parviennent à faire la distinction entre ses actions en tant que
fonctionnaire international et celles de la diplomatie de son Etat national.
En outre, dans la conception même des Etats, le bilan
d'un haut responsable d'OI détermine l'attitude de la communauté
internationale à l'égard de son pays d'origine, bien qu'il n'en
soit pas le représentant. C'est ce que voulaient souligner Bio et Zantan
(1987) lorsqu'ils écrivaient : «(...) Une réussite ou un
échec du fonctionnaire [international] est à mettre au compte de
l'Etat [dont il est ressortissant] »96.
Par ailleurs, la présence à tous les niveaux de
Béninois dans les OI permettrait au Bénin d'obtenir des
informations fiables sur la politique et la gestion de l'organe administratif
de celles-ci, et ainsi de pouvoir y ajuster, en cas de nécessité,
la politique nationale, en fonction de ces données, sans pour autant
remettre en cause l'obligation
96Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, P:
36.
Lire aussi: Michel Mukebayi Nkoso, (2005), « Sur
l'international, l'ex-Zaïre est aux abonnés absents », [En
ligne] Disponible sur : <
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=677>
(Page consultée le 15 septembre 2006).
42 de neutralité du fonctionnaire
international97. En France par exemple, la Mission des
Fonctionnaires Internationaux (MFI) du Quai d'Orsay a institué un forum
de discussion qui lui permet d'être en contact permanent avec les
fonctionnaires internationaux français et ainsi de «faciliter
l'information concernant le cadre de travail et les opportunités
d'emploi dans ces organisations»98.
Au-delà des implications politiques, d'autres
retombées découlent, au plan socio-économique, de la
présence des cadres d'un pays au sein d'une OI.
2) Les retombées socio-économiques
Pour avoir un effet concret en tant qu'Etat membre sur le
fonctionnement d'une OI, le Bénin devrait, au-delà de la
représentation statutaire, s'assurer de la prise en compte de ses
intérêts particuliers dans la formulation et la mise en oeuvre de
la volonté communautaire en oeuvrant au recrutement des «personnes
partageant des valeurs et des objectifs identiques ou semblables [à ceux
du Bénin] »99. Ceci permet
d' « influencer la politique et la gestion de
l'organisation (...) dans une direction conforme [aux] propres objectifs de
politique étrangère [du pays]»100. En effet, de
la conception à la mise en oeuvre, les orientations majeures d'une OI
sont empreintes de la sensibilité, des convictions et des aspirations
profondes des techniciens impliqués dans le processus.
En d'autres termes, comme le souligne le Département
Fédéral Suisse des Affaires Etrangères, l'exécution
de la volonté communautaire n'est pas le produit d'une équation
arithmétique des volontés étatiques mais le
résultat d'un processus de pondération des différents
intérêts en présence dans l'organe d'exécution. Des
données objectives permettent d'accréditer cette thèse.
97 A propos des limites de l'obligation de
neutralité du fonctionnaire international, lire Daniel Darmoy, op. cit,
P : 106 et suivantes.
98 Ministère français des Affaires
Etrangères. [En ligne] Disponible sur <
http://www.diplomatie.gouv.fr/.mfi=fonctionnaires_inernationaux>
(page consultée le 20 novembre 2006).
99 Département Fédéral Suisse des
Affaires Etrangères : « La présence suisse dans les
organisations internationales » , op. cit.
100 Ibidem.
D'après une étude réalisée par le
Département précité sur l'intérêt de sa
présence dans les organisations internationales, la Suisse « a eu
sa part des contrats industriels »101 de l'Agence Spatiale
Européenne grâce à sa considérable
représentation au sein de cette institution. En 2002 par exemple, sur
les cent vingt millions (120.OOO.OOO) de francs suisses qu'elle y a
`'investis», elle (la Suisse) s'est assurée un retour de 97% sous
la forme de commandes passées avec l'industrie locale pour des
composantes de fusées et de satellites. Ces fonds ont servi à la
redynamisation de l'industrie aérospatiale nationale. C'est la preuve
que la présence de ressortissants d'un Etat au sein d'une OI peut
constituer une source potentielle de rentrée de devises.
Par ailleurs, il a été démontré
que, de 1982 à 1987, période correspondant au premier mandat de
M. Aboubacar Baba Moussa à la présidence de la Banque Ouest
Africaine de Développement, le Bénin a nettement
amélioré ses relations avec ladite institution. Cela s'est
traduit par un accroissement substantiel des interventions de la banque dans le
pays. En effet, au cours de la période considérée, elle y
a investi environ cinquante millions (50.000.OOO) de dollars US contre dix
millions (1O.OOO.OOO) les cinq années précédentes, soit un
taux d'accroissement de 500% 102.
Aussi, la présence constante et significative de
ressortissants d'un pays à des postes-clés dans les
administrations internationales contribue-t-elle à y imprimer, à
plus ou moins long terme, une culture d'entreprise intégrant les valeurs
cardinales dudit pays. Les sensibilités du responsable du personnel par
exemple déterminent en partie la politique de recrutement de
l'institution. Sinon, comment expliquer que, au coeur de ses orientations
stratégiques pour accroître la présence de ses
ressortissants dans les OI, la France ait mis un accent particulier sur le
soutien à apporter aux candidatures à des postes de chef du
personnel ?103
101 Département Fédéral Suisse des Affaires
Etrangères, op. cit.
102 Isidore Bio, Robert Djimon Zantan, op. cit, P: 55
103 Circulaire n°3 121/SG, op. cit.
Enfin, les agents internationaux, en raison de leur consistant
pouvoir d'achat, peuvent aider à la résolution de
problèmes d'ordre socio-économique affectant leur
localité, voire le pays entier.
En somme, les fonctionnaires internationaux peuvent participer
à l'oeuvre de construction d'une nation prospère. Mais pour ce
faire, il est nécessaire qu'au plan national, un certain nombre de
pesanteurs soient levées.
B- Les exigences inhérentes à la promotion
de cadres
béninois dans les OI
Il paraît indispensable, pour hisser les cadres
béninois dans les organisations internationales, que les pouvoirs
politiques en fassent une priorité (1). Toutefois, la
concrétisation de toute ambition dans ce sens est tributaire de la
capacité de chaque citoyen à `'cultiver la flamme
patriotique» (2).
1) La nécessaire impulsion politique
La promotion des cadres est une vaste entreprise dont la
réussite dépend, pour une large part, de l'impulsion des
décideurs politiques. Puisque `'le corps va où va la
tête», si ceux-ci ne posent les fondamentaux, s'ils ne
bâtissent la charpente, les techniques travaillent en vain. C'est
pourquoi il est important qu'au sommet de l'Etat, le positionnement des cadres
dans les OI soit perçu comme un des axes prioritaires de la politique
étrangère.
Une fois la volonté politique affichée, il faudra
encore qu'elle soit traduite en actes. Elle pourrait se manifester sur
plusieurs plans.
D'une part, le Chef de l'Etat pourrait saisir
l'opportunité de ses visites à l'extérieur pour
négocier personnellement le soutien de ses pairs en faveur des cadres
béninois, candidats à des postes de responsabilité
internationale. A court terme, les actions entreprises par le Président
Thomas Boni YAYI, lors de ses visites au Sénégal et au Burkina
Faso pour maintenir un ressortissant béninois à la
Présidence de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)
pourraient être renforcées.
D'autre part, l'engagement politique devrait se traduire par
la mobilisation des ressources financières nécessaires à
la conduite des dossiers de candidature. A cet effet, il serait souhaitable que
le Ministère chargé des Finances accepte de faire avec le celui
des Affaires Etrangères le pari d'un meilleur futur pour le gagner.
Cependant, la détermination des pouvoirs politiques
à elle seule ne suffira pas à assurer la mise en place d'une
politique efficiente de placement des cadres dans les OI s'il persistent les
pesanteurs socioculturelles précédemment évoquées,
d'où la nécessité d'opérer une reconversion des
mentalités.
2) L'indispensable reconversion des mentalités
Placer un cadre dans une Organisation Internationale est un
travail d'équipe qui appelle de chaque partenaire ou maillon de la
chaîne, l'accomplissement diligent et méthodique de sa partition
en vue de la réussite collective. La dimension nationale de l'enjeu
devra primer sur toute autre considération. Comme le recommande Alain
Plantey, «il faut savoir subordonner l'intérêt technique
sectoriel, local (...) à l'objectif d'une politique
étrangère [dynamique]»104.
Or, le contexte social actuel est caractérisé
par «la persistance et le développement de certaines
habitudes»105 qui handicapent l'action de la diplomatie. Il
s'avère important de les extirper de la «psychologie
collective»106 pour que triomphe l'harmonie entre les
différents acteurs de la vie nationale. Le mal est endémique et
appelle une solution en profondeur.
C'est pourquoi il est primordial que, mû par un sursaut
patriotique, chacun se décide «à vaincre les obstacles
ancestraux que le temps et l'espace ont dressés»107
entre lui et ses compatriotes afin de façonner un nouveau destin au pays
et un avenir plus radieux à la nation tout entière. « [Ce
qui] signifie, disait le Président Kérékou, qu'il faut
à tout prix réhabiliter le patriotisme, cultiver les valeurs
citoyennes [depuis le bas-âge] et
104 Alain Plantey, (1984) « Les techniques de
négociation », IIAP, Programme Relations Publiques Internationales,
P : 7.
105 Ministère d'Etat chargé de la coordination
de l'action gouvernementale, du plan, du développement et de la
promotion de l'emploi, (2003) « Etudes nationales de perspectives à
long terme, Bénin 2025 Alafia», Imprimerie CACI, P :34.
106 Marcel Merle, (1984) « Forces et enjeux dans les
relations internationales » Paris, Economica P : 341.
107 Ibidem, P : 340.
46 restituer au concept de nation toute sa force et toute sa
noblesse dans la conscience des Béninoises et des
Béninois»108. La solution pourrait passer par la
recherche difficile mais indispensable d'un équilibre entre l'esprit de
nivellement par le bas et la volonté exprimée «à plus
de 71% (...) de voir s'opérer un changement de mentalité qui
valorise la vertu et élimine les mauvais
comportements»109.
Mais si le diagnostic est exact, le pronostic n'est pas
forcément rassurant. Les mauvaises habitudes ont la vie dure. La
reconversion des mentalités constitue donc une oeuvre de longue haleine,
la plus difficile à entreprendre et à réussir.
Au-delà des considérations sociologiques, il
demeure une préoccupation tout aussi fondamentale liée à
l'organisation stratégique et tactique de la promotion des cadres.
Paragraphe II : Mécanisme de promotion d'un
cadre à un poste
de responsabilité internationale
Il n'existe pas de procédure figée, de
méthode infaillible, encore moins de formule mathématique pour
réussir à hisser un national à la tête d'une
Organisation Internationale. Chaque Etat met son génie en exergue pour
`'inventer» une démarche en fonction des circonstances, l'essentiel
étant d'atteindre le résultat visé. Comme dans une course
de fond, le résultat ne se mesure qu'à la fin,
l'efficacité des procédés ne se juge qu'au terme de
l'action. Cependant, en reconstituant le processus suivi à plusieurs
reprises par certains Etats, avec plus ou moins de réussite, l'on peut
déduire les grandes lignes d'une stratégie à appliquer.
Elle recoupe pour l'essentiel les étapes fondamentales,
sommairement révélées par Gérard Kamanda Wa
Kamanda, ancien Secrétaire Général adjoint de l'OUA, lors
d'une interview accordée au journal «Le soft international »
n°827 en date du 30 août 2005110. Globalement, elle se
décompose en deux grandes phases: un travail préliminaire (A) que
vient parachever une offensive politique et diplomatique (B).
108 Mathieu Kérékou, (2003) « Discours
d'ouverture du forum de réflexion géostratégique » In
Forum de réflexion géostratégique, Cotonou :février
2003, Imp. CACI, P :23.
109 Ministère d'Etat chargé de la coordination de
l'action gouvernementale, du plan, du développement et de la promotion
de l'emploi, op. cit. P : 28.
110 Michel Mukebayi Nkoso, (2005), In «Sur l'international,
l'ex-Zaïre est aux abonnés absents», [ En ligne] Disponible
sur : <
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=677>
(Page consultée le 15 septembre 2006).
A) Le travail préliminaire
Il conditionne le résultat final et peut se subdiviser en
deux sous phases :
- celle du ciblage du poste et de la désignation du
candidat (1) et
- celle de l'acquittement des obligations du pays envers
l'institution (2).
1) Cibler un poste et trouver un candidat
compétitif
Le candidat idéal, c'est celui qui possède les
plus hautes qualités de travail, de compétence, dont la
probité et l'intégrité lui permettent d'assumer des
responsabilités sur le plan international.
Le choix du candidat idéal suppose un préalable
: celui du ciblage du poste à briguer plusieurs années avant la
fin du mandat en cours. Cette étape apparaît comme l'une des plus
fondamentales puisque tout choix hasardeux voue l'entreprise à
l'échec. Le choix du poste électif devra être le
résultat d'un exercice intellectuel concerté effectué au
sein d'une commission d'experts. Ledit exercice appelle l'analyse de plusieurs
facteurs incluant notamment :
l'intérêt stratégique du poste pour le
Bénin. Autrement dit, que gagne le pays à postuler à tel
poste plutôt qu'à un autre ?
les grandes tendances de l'opinion publique internationale. Ici,
il sera question :
o d'abord, de sonder les points de vue des puissances
mondiales et/ou régionales (suivant le cas), des leaders d'opinion, des
personnalités charismatiques du monde politique et diplomatique ;
o enfin, d'évaluer la probabilité de
succès de l'entreprise en tenant compte des rotations
géographiques et en évitant les « chasses gardées
»111. Ceci permet de «savoir ce que l'on peut, (...) se
rendre compte des possibilités et définir une doctrine de leur
emploi»112.
Au bout de cet exercice de confrontation entre le souhaitable
et le possible, s'il est rigoureusement suivi, se déduit assez
aisément les postes susceptibles d'être convoités et le
profil du candidat s'en déduit aisément.
Etant donné que, pour occuper un poste de direction
d'une OI, « le choix se fait d'abord en fonction d'un `'job
description113» »114, il faudra rechercher,
parmi les compétences nationales disponibles, tant de l'intérieur
que de la diaspora, le cadre ayant le meilleur profil de départ. Ensuite
suivra un véritable travail de diplomatie secrète en vue de
parfaire son curriculum vitae.
Mais encore, faudra-t-il auparavant, crédibiliser la
démarche.
2) S'acquitter de ses obligations envers l'organisation
Chronologiquement, il serait difficile de situer cette action.
Elle se révèle comme un `'préalable» et
s'étend sur la durée. Elle vise à rendre la candidature
crédible en démontrant l'engagement du pays à
défendre les idéaux de l'organisation visée et à
oeuvrer à la réussite de sa mission. Cela s'avère d'autant
plus important que,
111 Il est institué, tacitement, dans chaque
institution internationale, un système de `'roulement bien
ordonné» qui amène, tour à tour, au poste de
responsabilité des personnalités venant des diverses zones
géographiques constituant l'organisation. Ainsi par exemple, il
était convenu que le secrétaire Général de l'ONU
à compter du 1er janvier 2007 serait un asiatique, de sorte que les
velléités de candidature de ressortissants européens ont
été vite calmées.
Quant aux chasses gardées, elles renvoient aux grandes
institutions financières internationales qui (cela est de
notoriété publique), ne sont dirigées que par les grands
contributeurs. Le Fonds Monétaire International est
contrôlé par les Européens tandis que les Etats-Unis
d'Amérique s'arrogent la Banque Mondiale. Les données, à
ce niveau, ne changeront pas du jour au lendemain.
112 Athanase Toudonou, «Cours de géostratégie
des relations internationales», DRI3, 2005-2006.
Cf. aussi : Pierre Osho, «Fondement et opportunité de
la réflexion géostratégique », Forum de
réflexion géostratégique, février 2003, Imp.
CACI-Bénin, 335p.
113 Anglicisme fréquemment usité en gestion des
ressources humaines et signifiant `'description de poste».
114 Kamanda Wa Kamanda, [En ligne] Disponible sur : <
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=677>
(Page consultée le 15 septembre 2006).
49 comme le souligne Kamanda Wa Kamanda, « (...) face
à deux profils qui s'équivalent, le candidat du Chef d'Etat d'un
pays en règle des cotisations, l'emporte [en principe]
»1 15.
De manière générale, les obligations d'un
pays envers d'une OI sont de deux ordres :
- financier, et
- moral (ou administratif).
Les obligations financières se résument au payement
régulier des cotisations dues à l'institution en vue d'assurer
son bon fonctionnement116.
Les engagements moraux -qui ont toutefois des
déclinaisons juridiques- se rapportent aux efforts à
déployer par le pays pour remplir les responsabilités à
lui confiées par l'organisation,117 ou pour ratifier et
mettre en application les principaux textes juridiques régissant
l'institution (protocoles additionnels par exemple) ou encore pour participer
aux réunions des organes et aux conférences organisées par
l'organisation.
A ce sujet, le Bénin a presque toujours rempli ses
engagements depuis 1990. Comme l'attestait Monsieur Xavier Darcos, ancien
Ministre français délégué à la
Coopération, au Développement et à la Francophonie
à l'occasion de la réunion de la commission mixte
franco-béninoise tenue à Paris le 10 mai 2004, «Le
Bénin jouit d'une image très favorable (...) auprès des
OI. (...) Tous ses engagements internationaux sont scrupuleusement
respectés»118. Mieux, il est considéré
comme l'un des rares pays africains «bon payeur de ses
contributions»119 : ce qui lui vaut la palme
d' «enfant chéri»120 de la
communauté internationale.
Cependant, ces atouts à eux seuls se
révèlent comme des facteurs improductifs dès lors qu'ils
ne sont pas utilement capitalisés, dès lors que, une fois le
poste repéré et
115 Kamanda Wa Kamanda, op. cit.
116 Voir Supra, P : pp : 32 et 33.
117 Le pays pourrait être chargé de conduire des
missions de bons offices, par exemple.
118 Cellule de communication de la Présidence de la
République du Bénin, « La diplomatie béninoise en
marche », In La Marina n°002, juillet août 2004, p. 30 et
suivantes.
119 Il convient toutefois se souligner qu'il arrive encore que le
Bénin cumule quelques arriérés de contribution souvent
vite épongés dès qu'intervient la décision
politique.
120 Cellule de communication de la Présidence de la
République du Bénin, ibidem.
50 le candidat choisi, ces potentialités ne sont pas
exploitées à bon escient, à travers une offensive
politique et diplomatique savamment orchestrée.
B- L'offensive politique et diplomatique
Elle permet de mettre le candidat sur orbite (1) et d'assurer sa
réussite à l'aide d'un lobbying bien bâti (2).
1) Mettre le candidat sur orbite
Si le choix du poste et du candidat représente la
fondation sur laquelle repose la démarche, la mise en orbite en est la
pierre angulaire.
De fait, mettre sur orbite un candidat revient à lui
forger le profil idéal en adéquation avec le `'job
description». C'est une véritable entreprise nationale dont la
réussite commande de consentir des sacrifices et de faire preuve de
vision et de cohérence dans l'action sur une période de temps
plus ou moins longue.
C'est à ce stade qu'il faut renforcer le curriculum vitae
du futur candidat en :
le promouvant à des postes clés de
responsabilité (conseiller, directeur, ministre etc.) en rapport
étroit avec les objectifs de l'institution afin d'asseoir sa
réputation et son envergure121 ;
l'aidant à améliorer sa bibliographie122
;
lui confectionnant un programme futuriste prenant en compte les
grands défis que l'organisation aura à relever les années
à venir.
Aussi, s'agira-t-il d'assurer la promotion internationale du
postulant. Ici
121 Untel pourrait être nommé ministre de la
Santé pour être compétitif au poste de responsable d'une
institution oeuvrant dans cette branche d'activité.
122 Ceci permet de lui assurer l'ascendance théorique
sur ses concurrents. En 1989, avant de se porter candidat à la direction
générale de la FAO, pour ne citer que ce seul exemple, Jacques
Diouf avait publié «The Challenge of Agricultural Development in
Africa », ouvrage dans lequel il exposait sa vision futuriste de
l'Organisation. Cette publication, grâce au succès
médiatique qu'elle a connu, lui a assuré une certaine prestance
sur la scène internationale. Dans le même ordre d'idées,
l'apprentissage de plusieurs langues de travail de l'institution s'avère
parfois déterminant pour susciter la sympathie de certains Etats. Ban Ki
Moon, par exemple, a suivi des cours intensifs de français en vue de
séduire la délégation française lors de
l'élection du successeur de Kofi Annan au Secrétariat
général de l'ONU. Consulter :
http://www. rfi.fr
interviennent le charisme, l'entregent et l'influence du Chef
d'Etat combinés à la mobilisation de toutes les forces vives pour
introduire le candidat dans le milieu international et mettre en lumière
ses potentialités. Il s'agit de «le vendre auprès des
partenaires, surtout ceux qui ont la décision en les persuadant que
celui-ci ferait le meilleur travail»123. Ce qui suppose des
négociations politiques sous-tendues par un travail de «diplomatie
secrète»124.
Or, comme le souligne Alain Plantey, la négociation
politique exploite le principe de la réciprocité. L'art de la
diplomatie porte à la tractation et emprunte les moyens et
méthodes du négoce commercial. Il passe par le marchandage qui
commence par l'exagération des prétentions pour aboutir à
des arrangements. L'ajustement des intérêts commande de faire des
concessions sans toutefois céder aux compromissions. Car,
précise-t-il, il est de l'essence même des relations
interétatiques que «C'est compte tenu de ce qu'il a à
retirer d'un accord que l'Etat joue sur la réciprocité. Aucun
pouvoir ne consent à rien pour rien. Il ne prend un engagement effectif
que quand il est sûr que ce qu'il reçoit en retour vaut ce qu'il
concède»125. Cet élément
caractéristique de la psychologie des Etats devra être
minutieusement analysé afin d' «offrir des
garanties»126, des mesures compensatrices aux Etats membres de
l'institution afin de s'assurer leur soutien.
Si la mise en orbite est menée avec rigueur et
professionnalisme, la personnalité du candidat se confond
aisément avec le décor de l'organisation. Il devient `'un
habitué du cercle», une figure charismatique sur laquelle se porte
`'instinctivement» le choix au moment de la décision.
Il reste cependant une dernière étape qui
conditionne le résultat de l'opération : le lobbying.
123Kamanda Wa Kamanda, op. Cit.
124 Ibidem.
125 Alain Plantey, (1987) « De la politique entre les Etats,
principes de diplomatie », Paris, Pédone, P : 191.
126 Kamanda Wa Kamanda, idem.
2- Bâtir le lobbying
C'est l'étape ultime. Elle correspond à ce que
les spécialistes du marketing désignent sous le vocable de
`'stade conatif». C'est la phase de la décision, où le
client se décide à acheter un produit, où les Etats sont
sur le point d'opérer leur choix. C'est à ce stade qu'il faut
déployer les dernières offensives de charme, faire usage des
«principes de la diplomatie»127 : le chèque, le
vin,... les commodités mondaines. Les Latins enseignent à cet
effet que «in vino veritas» ; autrement dit, la tactique la plus
banale mais la plus efficace pour amener un interlocuteur à agir dans
son sens à soi, c'est de lui offrir du bon vin. Dans le même ordre
d'idées, Lord Palmerson fait observer que «les dîners sont
l'arme de la diplomatie»128.
Or, en matière de lobbying décisionnel, la
réputation béninoise est «(...) plutôt
décevante puisqu'à ce jeu, les Néerlandais et les
Britanniques seraient des virtuoses, les Irlandais [et les
Sénégalais] seraient excellents, les Français [et les
Béninois] légers et en retard (...). Deux défauts
expliquent cette mauvaise cote : (...) le fait [d'être] dogmatique et de
démarche trop abstraite par opposition [aux] concurrents, (...) le fait
[d'attendre] la dernière minute pour agir (...)»129.
Face à ce constat, il est important que les
autorités à tous les niveaux prennent conscience de la
nécessite d'engager, en temps utile, des actions cohérentes et
soutenues pouvant garantir le succès.
Au total, le positionnement d'un cadre dans la fonction
publique internationale est une véritable entreprise scientifique
résistant aux pesanteurs socioculturelles, survivant aux mutations
politiques et laissant peu de marge à l'improvisation et à la
navigation instinctive.
127 Alain Plantey, op. cit. p. 191.
128 Cf. Lord Palmerson, « Diplomatie », In Encyclopedia
universalis, colonne `'Le rôle de la diplomatie».
129 Informations Entreprises, décembre 1992 cité
par A. Fourçans «L'entreprise et l'Europe, clé pour le
décideur», Interédition, 1993, p. 21.
Ceci justifie que soient prises des dispositions pratiques
-dont nous en suggérerons quelques unes- en vue de faire de la promotion
des cadres dans les OI un ferment du `'soft power»130 du
Bénin.
Section II : Propositions d'actions
Aujourd'hui plus qu'hier, il ne suffit plus d'agir pour
s'assurer la maîtrise du réel. Il faut entreprendre une
réflexion prospective, nourrir l'action par la pensée afin de
prévoir la portée et les implications de chaque option nationale.
La pertinence et l'efficacité de la tactique ne tiennent pas seulement
à leur adaptation aux besoins du moment : elles résident
également dans la capacité d'anticipation, tant il est vrai que
`'gouverner, c'est prévoir». Par conséquent, pour parvenir
à optimiser ses atouts et assurer la promotion internationale de ses
cadres, l'Etat béninois devra s'inscrire dans une optique globalisante
(ceci fera l'objet du paragraphe II), en commençant par combler le
déficit structurel (ceci fera l'objet du paragraphe I).
Paragraphe I : Combler le déficit structurel
Afin de faire du positionnement des cadres une
véritable filière, il est suggéré la
création d'une Commission Nationale de Promotion des Cadres dans les OI
(A) dont les grandes orientations seront mises en oeuvre par une Cellule
instituée à cette fin (B).
A- Création d'une Commission Nationale
de
Promotion des Cadres dans les OI
La Commission Nationale de Promotion des Cadres dans les OI,
instrument de veille stratégique, aura pour mission de concevoir et de
mettre en oeuvre une politique de promotion des cadres béninois dans les
OI, les organisations de partenariat , les institutions interafricaines,
régionales ou sous régionales.
Sa composition (1) et ses attributions (2) devront
révéler la mesure de ses ambitions.
1) Composition de la Commission
La Commission de Promotion des cadres à instituer pourrait
être composée comme suit :
> Président : Président de la
République, Chef de l'Etat, Chef du Gouvernement ou son
représentant (Conseiller Diplomatique du Président de la
République) ;
> Membres131 :
Ministre du Développement, de l'Economie et des Finances
ou son représentant ;
Ministre de la Défense Nationale ou son
représentant132 ;
Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité
publique et des Collectivités locales ou son représentant ;
Ministre des Affaires Etrangères ou son
représentant ;
Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Formation
Professionnelle ou son représentant ;
Ministre du Travail et de la Fonction Publique ou son
représentant ;
131 Il a été suivi ici l'ordre de
préséance des ministères tel qu'institué par le
degré portant composition du Gouvernement de la République du
Bénin.
132 La présence des Ministres chargés de la
Défense et de la Sécurité permettra à la Commission
de statuer également en ce qui concerne la participation des Forces
armées béninoises ou des officiers de paix aux opérations
de maintien de la paix. Ceci évitera d'avoir à créer une
autre structure à cet effet.
|
Ministre délégué chargé de
l'Intégration Africaine et des Béninois de l'Extérieur
auprès du Ministre des Affaires Etrangères ou son
représentant.
|
La Commission pourra, en cas de nécessité,
solliciter l'expertise de personnes ressources possédant une
expérience avérée en relations internationales en vue de
définir la vision de l'Etat en termes de positionnement des cadres.
Ainsi, elle se dotera de toutes les compétences nécessaires afin
de remplir efficacement les charges qui seront les siennes.
2) Attributions de la Commission
De manière pratique, la Commission sera chargée de
:
prospecter et déterminer les postes internationaux
stratégiques pour le Bénin ;
étudier les dossiers de candidatures transmis par la
Cellule et choisir les postulants;
concevoir et mettre en oeuvre une politique de préparation
du profil des candidats retenus ;
élaborer et mettre en oeuvre une politique de lobbying en
vue de leur élection ou de leur nomination ;
diligenter, de manière périodique, des missions
d'identification, de recensement et de prospection des vacances de postes dans
les OI ;
La Commission pourrait se réunir en session ordinaire
tous les trimestres et en session extraordinaire, en cas de besoin, sur
convocation de son Président. Elle rendra compte au gouvernement de ses
activités par :
- un rapport annuel ;
- des rapports circonstanciés, si nécessaire.
La Commission étant le sommet stratégique, elle
devra disposer d'un organe d'exécution, la cellule de promotion des
cadres.
B- Mise en place d'une Cellule Nationale de
Promotion des Cadres dans les OI
La Cellule ainsi dénommée ne sera autre que le
Secrétariat de la Commission Nationale de Promotion des Cadres. Elle
sera placée sous l'autorité d'un Secrétaire permanent (le
représentant du MAE). Son rôle sera de mettre en oeuvre la
politique de positionnement définie par la Commission.
En vue d'asseoir les fondements de ses actions, elle devrait,
dès sa mise sur pied, réaliser un certain nombre de tâches
à titre transitoire.
1) Dispositions transitoires
Au cours de la première année de son existence, la
Cellule s'attellera à :
> faire le point exhaustif des institutions internationales
auxquelles le Bénin est membre ;
> évaluer la participation du Bénin aux
organisations internationales afin d'en analyser les retombées sur le
développement du pays ;
> présenter un bilan détaillé de la
politique béninoise de promotion des cadres dans les OI des
indépendances à nos jours ;
> dresser un état des lieux des Béninois dans
les OI : déterminer la situation des cadres béninois dans les OI,
leur nombre, la qualité des postes qu'ils occupent, les programmes ou
projets qui sont sous leur responsabilité.
> déterminer les OI dans lesquelles le Bénin
est sous représenté et entreprendre des actons diligentes en vue
d'y faciliter le recrutement de cadres béninois.
Qu'en sera-t-il de ses attributions permanentes?
2) Attributions (pérennes) de la Cellule La Cellule
aura pour tâches de :
> recevoir, centraliser et diffuser les avis de vacance de
poste ;
> conseiller les personnes intéressées par le
fonctionnariat international sur les opportunités existantes et leur
assurer un appui-conseil à tous les stades de leurs démarches
pour l'obtention de poste (elle devrait disposer à cet effet d'une
bibliothèque et créer un site internet offrant un service de
`'email alert'')133;
> constituer une banque de données, un fichier
informatisé, constamment mis à jour et aisément
consultable, des compétences nationales, tant du secteur
58 public que du privé, susceptibles d'être
promues dans les OI : les anciens ministres, responsables
d'institutions à divers niveaux, députés
et fonctionnaires retraités n'ayant pas encore atteint la limite
d'âge de 65 ans pourraient être orientés vers les OI ;
> suivre les cadres béninois dans les OI (ce suivi
concernera prioritairement leur carrière ; mais il pourrait
également consister à assurer une communication permanente entre
la cellule et les fonctionnaires internationaux)134;
> créer, au sein des OI, des réseaux focaux
de `'chasseurs de postes» afin de connaître à tous moments
les mouvements du personnel dans les OI, mouvements actuels pour anticiper sur
des vacances de poste ;
> effectuer, sur recommandation de la Commission, des
missions d'identification, de recensement et de prospection des vacances de
postes dans les OI ;
> analyser, de façon périodique, les
politiques de personnel des OI afin d'en exploiter les grandes
recommandations135 ;
> définir des `'projets de
référence» au financement desquels le Bénin pourrait
participer afin d'y placer des ressortissants et asseoir sa
présence136 ;
134 A cet effet, comme l'expérimente la France depuis le
milieu des années 1980, le principe d'un entretien
téléphonique annuel pourrait être retenu afin de leur
témoigner toute l'attention que le gouvernement leur porte et les
intéresser aux préoccupations majeures du pays.
135 Les rapports sur le personnel des OI débouchent sur
des recommandations. Suivant la pyramide des âges des agents, le ratio
hommes/femmes, les préoccupations budgétaires internes, telle
institution optera pour un recrutement massif de femmes ou de jeunes ou encore
préfèrera l'emploi d'experts consultants.
136 Le cas échéant, ces programmes feront l'objet
d'un suivi particulier et les retours sur investissement évalués
sur la base de marqueurs, de critères de réussite
préalablement définis.
> organiser des plaidoyers auprès des OI pour faire
connaître le savoir-faire et l'expertise des cadres béninois dans
des secteurs de pointe ;
> étudier, de concert avec les organisations
internationales, les modalités d'octroi des stages de
formations aux étudiants et jeunes diplômés béninois
;
> organiser à l'endroit des étudiants et des
jeunes diplômés, en collaboration avec les organismes
concernés, des conférences d'information sur les
opportunités de stage offertes par les organisations internationales
;
> veiller à l'exécution de toutes autres
tâches prescrites par la Commission.
En sus de la réforme structurelle, il semble important
pour l'Etat de déterminer et conduire une politique intégrale.
Paragraphe II : Définir et conduire une
politique
globale
La politique à mettre sur pied sera d'autant plus globale
qu'elle sera empreinte de souplesse, de volontarisme (A) et ce, dans une
optique futuriste (B).
A) Une politique plus souple et plus
volontariste
La souplesse (1) et le volontarisme (2) souhaités
visent essentiellement, le premier, l'allègement des procédures
de soumission des candidatures au plan interne, le second, l'implication accrue
des fonctionnaires internationaux à l'oeuvre de développement
national.
1) Une politique plus souple
Chaque acteur institutionnel devra prendre conscience de
l'importance de sa partition dans la conduite des dossiers de promotion des
cadres. A cet effet, il est primordial que les ministères sectoriels
assument une diffusion diligente des avis de vacance des postes (avis officiels
ou prévisionnels). Leur acheminement devra faire l'objet d'une attention
particulière pour que les dossiers de candidatures éventuelles
parviennent en temps utile à la Cellule. Dans le même ordre
d'idées, il serait judicieux d'alléger la procédure
à suivre par les agents permanents de l'Etat pour postuler aux postes
internationaux.
Deux types de formalités pourraient être
réaménagées.
Le premier se rapporte à l'obtention de l'accord du
ministre de tutelle. Dans le contexte actuel, l'administration nationale exige
l'accord express du ministre de tutelle de tout agent permanent de l'Etat (APE)
avant la transmission de son dossier de candidature aux organismes
internationaux. Pour des raisons d'efficacité, il serait
préférable de libéraliser la procédure d'autant
plus que le fonctionnaire dont la candidature est retenue a le devoir de suivre
les formalités administratives que lui impose la loi n° 86-0 13 du
26 février 1986 portant Statut Général des APE avant de
s'affranchir de ses obligations professionnelles.
Le second réaménagement consistera à
faire droit aux requêtes de détachement formulées par les
APE toutes les fois que les impératifs du service public national ne
recommandent une attitude contraire.
De plus, le Ministère chargé des Finances devra
veiller à la mise à disposition des ressources
conséquentes pour assurer le bon fonctionnement de la Commission (et
partant, de la Cellule). Lors de l'élaboration du budget, une dotation
financière sera prévue à cet effet, à la suite
d'une concertation entre les responsables de la Cellule et les autorités
compétentes du MDEF.
A cette approche empreinte de souplesse, pourrait se combiner une
autre, plus volontariste.
2) Une politique plus volontariste
La politique plus volontariste préconisée pourrait
se décliner en cinq (5) axes :
L'institution d'un plan de carrière
Dans la plupart des pays disposant d'une administration
publique dont les règles sont en adéquation avec les constantes
mutations du monde moderne, la carrière des fonctionnaires se
déroule suivant un plan prédéfini qui tient compte
à la fois des nécessités du service, des
réalités du fonctionnariat international et des motivations
personnelles des intéressés. L'institution et (surtout) le suivi
rigoureux d'un tel mécanisme paraissent importants pour permettre :
- d'une part, à l'agent permanent de l'Etat d'avoir une
vision claire du déroulement de sa carrière -si aucune
circonstance exceptionnelle ne survient- et se forger en conséquence un
CV compétitif sur le plan international et
- d'autre part, aux pouvoirs publics de disposer d'outils
fiables pour avoir la maîtrise des compétences susceptibles
d'être promues à l'échelle internationale.
|
Echanges de fonctionnaires
|
Il existe un système d'échange de fonctionnaires
entre les Organisations internationales et les administrations nationales. Il
permet à un agent permanent de l'Etat d'aller en poste dans une
institution internationale pendant une durée maximale de trois ans pour
acquérir une expérience professionnelle plus vaste instituant
ainsi un roulement entre les deux types d'administration. Il faudra
étudier, avec des organismes cibles, les modalités pratiques
d'institution d'un tel mécanisme et, le cas échéant,
établir une liste dans chaque administration nationale des postes qui
pourraient être proposés aux OI.
Collaboration étroite avec les fonctionnaires
internationaux
A moyen terme, et en fonction des disponibilités
budgétaires, il serait souhaitable de doter les fonctionnaires
internationaux de ressources nécessaires pouvant les aider à
l'oeuvre de prospection de postes. A priori, une telle initiative semble
incompatible avec l'obligation de neutralité qui incombe auxdits agents.
Mais, à la réalité, comme le note Daniel Darmoy, de telles
pratiques sont courantes dans le milieu international137. Aussi
pourrait-il être organisées des conférences à leur
intention.
Organisation de conférences des fonctionnaires
internationaux
Il est suggéré l'organisation périodique
d'une conférence des fonctionnaires internationaux béninois. Elle
offrira l'occasion de débattre non seulement de l'évolution de
leur carrière, des difficultés qu'ils rencontrent et pour
lesquelles l'appui du gouvernement pourrait être sollicité, mais
aussi et surtout d'évoquer les grands chantiers de la nation en vue
d'analyser les modalités de leur implication plus active dans leur
réalisation. Il serait envisageable que, pour des raisons
d'économie, ces rencontres se tiennent en marge des travaux de la
Conférence des Béninois de l'extérieur.
|
Réinsertion des anciens fonctionnaires internationaux
|
Les OI offrent de plus en plus des contrats à
durée déterminée. Les APE en fin de détachement
dans les OI devraient être réintégrés dans la
Fonction Publique à des postes où les expériences acquises
pourraient servir les intérêts de l'administration nationale.
Au-delà de ces mesures, il serait souhaitable de
développer des programmes de relève, en collaboration avec les
partenaires et les OI, afin de faire entrer des personnes suffisamment jeunes
pour qu'elles puissent y acquérir, autorité et expérience,
leur permettant d'accéder plus tard à des postes plus
importants.
B) Une vision orientée vers l'avenir
Grâce à la formule des experts associés,
diverses institutions du système des Nations Unies proposent des
programmes de relève, des formations professionnelles débouchant
sur des postes dans la fonction publique internationale (1). Mais pour en
faciliter l'entrée aux jeunes béninois, un accent particulier
devra être mis sur la formation (2).
1) La stratégie des experts associés
Le programme des experts associés, sur lequel la
plupart des Etats ont axé leur «stratégie d'influence au
sein des organisations internationales» consiste à positionner de
jeunes diplômés dans certains organismes après
négociations, d'une part avec les organismes concernés, d'autre
part avec des bailleurs de fonds. Ces derniers, au titre du partenariat
existant entre le Nord et le Sud, prennent en charge la
rémunération des experts associés pendant une
période allant de deux (2) à trois (3) ans. Durant cette
période, les personnes concernées sont préparées
pour assumer plus tard des responsabilités dans la fonction publique
internationale.
Ces programmes, pilotés par des institutions comme le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Programme
des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), le Haut Commissariat des Nations
Unies (HCR) sont, entre autres:
le `'Junior Professional Officer» (ou jeunes experts
associés) réservé aux diplômés disposant
d'environ trois (3) à cinq (5) années d'expérience;
le `'Youth professional officer» qui est un programme
réservé aux personnes ayant une qualification universitaire avec
au moins cinq années d'expérience;
64 de contribuer à la réalisation d'une action
sociale ou humanitaire.138;
etc.
L'exploitation de ces opportunités permettra de satisfaire
trois (3) objectifs :
d'abord, promouvoir l'expertise nationale dans les institutions
internationales ;
ensuite, offrir l'opportunité aux jeunes
diplômés béninois d'acquérir l'expérience de
la fonction publique internationale dont ils pourront se prévaloir pour
accéder à des postes permanents;
enfin, assurer aux jeunes cadres une formation de
qualité et une expérience professionnelle pouvant être
utiles pour la modernisation de l'administration publique.
S'il est vrai que de tels programmes sont accessibles aux pays
africains et leur permettent de préparer un vivier de compétences
en vue d'asseoir leur renommée dans l'arène internationale, seuls
les diplômés des universités jouissant d'une
crédibilité certaine auprès des `'chasseurs de
têtes» internationaux partent avec les meilleurs chances.
2) Assurer une formation de pointe
L'Etat béninois devra développer une politique
éducative qui prenne en compte les grandes mutations du monde
moderne.
Dans cette optique, il est indispensable que l'école
béninoise en général, les universités nationales en
particulier soient réhabilitées et retrouvent leurs lettres de
noblesse. Cela s'avère important afin d'améliorer à
l'extérieur du pays, principalement auprès des recruteurs des
institutions internationales à caractère universel, la cote des
diplômes délivrés au Bénin. La Commission de la
Fonction Publique Internationale qui a en charge le recrutement du personnel de
l'ONU est particulièrement exigeante sur la
138 Ces jeunes diplômés peuvent recevoir, quelques
fois, des subsides, à titre d'encouragement ; mais
l'intérêt majeur du programme pour les jeunes réside dans
d'expérience qu'il leur permet d'acquérir.
65 qualité des ressources humaines qu'emploie
l'organisation. Elle exige de plus en plus des formations de pointe
adaptée aux besoins du marché internationale: cela se traduit par
les épreuves auxquelles elle soumet les candidats qui font appel plus
à des compétences spécialisées qu'à la
culture générale comme par le passé.
Aussi, le plurilinguisme est-il devenu un facteur
déterminant dans la sélection des candidats. Pour cette raison,
l'enseignement des langues étrangères, notamment l'anglais, devra
faire l'objet d'une attention soutenue de la part des autorités en
charge de l'éducation.
L'adoption de ces mesures pourrait contribuer à
développer, dans la durée, une présence béninoise
de qualité, au sein des organisations internationales.
Depuis quelques années, le Bénin éprouve
des difficultés à promouvoir ses cadres au sein des organisations
internationales, notamment aux postes de direction. Il découle de la
présente étude que cette situation s'explique en majeure partie
par l'inexistence d'une politique dynamique en la matière. Ce
défi est l'un des primordiaux que devra relever la diplomatie de
l'ère du changement qui se veut une diplomatie incisive et proactive. Y
parvenir suppose la mise sur pied d'un pôle d'analyse stratégique,
un laboratoire de vision capable d'anticiper sur les constantes mutations du
monde moderne afin d'offrir au pays les moyens de façonner sa
destinée au sein des organismes internationaux et non plus de subir le
cours des évènements. Cette démarche appelle un engagement
et une détermination sans faille des pouvoirs politiques. Elle
s'avère d'autant plus capitale que la présence de cadres
béninois au sein des organisations internationales pourrait constituer
un levier de développement national et un vecteur de rayonnement
international
Pour ce faire, le pays dispose de potentialités
considérables qu'il convient de valoriser. Celles-ci résultent,
d'abord, de la qualité des ressources humaines : aujourd'hui comme hier,
le Bénin regorge de cadres compétents dignes d'être
positionnés à des postes de responsabilité au sein des
organisations internationales. Ensuite, elles découlent de la cote du
pays qui, depuis le renouveau démocratique, est en progression
exponentielle sur la scène internationale. Enfin, elles tiennent au
dévouement du Gouvernement à oeuvrer à la consolidation et
au renforcement des organisations internationales dont le Bénin est
membre. La transmutation de ces atouts en avantages comparatifs devrait
être une priorité nationale, inscrite, entre autres, au rôle
des services extérieurs (ambassades, représentations permanentes,
consulats et autres).
Cependant, si la mise sur pied d'une politique dynamique et
pragmatique de promotion internationale des cadres béninois est fonction
de la détermination des politiques, les résultats auxquels elle
parviendra seront tributaires de la capacité de
chaque citoyen à subordonner ses intérêts
personnels au besoin d'édification d'une nation rayonnante et
prospère.
Aussi, bien qu'il existe des dossiers dont la
sensibilité commande de la part des diplomates en charge de les conduire
l'observance stricte de l'obligation de discrétion professionnelle,
d'autres encore (comme bien souvent ceux de promotion internationale de cadres)
doivent en partie leurs succès à l'exploitation judicieuse des
puissants canaux de communication que constituent les mass media.
Au demeurant, n'y a-t-il pas lieu, toujours dans le souci
d'affirmer la notoriété du Bénin, et par ricochet celle de
ses cadres, dans l'arène internationale, d'adopter des points de vue
clairs et audibles sur les préoccupations majeures autour desquelles se
structurent les relations internationales ? Telle sera, probablement, la
prochaine interrogation à laquelle la diplomatie béninoise
pourrait tenter de répondre.
(Présentée suivant la norme Z44-005 de
l'Association française de normalisation : AFNOR)
I- OUVRAGES GENERAUX
DARMOY Daniel. Droit des organisations internationales. Paris :
Dalloz, 1995, 116 p.
DELDIQUE Pierre-Edouard. Faut-il supprimer l'ONU ? Paris :
Hachette Littératures, 2003, 283p.
KOUROUMA Ahmadou. Les soleils des indépendances. Paris :
Seuil, 1968, 196 p.
LUTTWAK N. Edward. Le paradoxe de la stratégie. Paris :
Nouveaux horizons, 1989, 315 p.
MERLE Marcel. Forces et enjeux dans les relations
internationales. Paris : Economica, 1981, 416p.
PLANTEY Alain. Les techniques de négociation : document
n°6, programme relations politiques internationales. Paris : IIAP,
1984.
PLANTEY Alain. De la politique entre les Etats, principes de
diplomatie. 5è éd. Paris : A. Pedone, 1987, 407 p.
PLANTEY Alain. La négociation internationale : principes
et méthodes. 2è éd. Paris : CNRS, 1994, 717
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TUDESQ André-Jean. Les medias en Afrique. Paris: Ellipses,
1999, 160 p.
II- OUVRAGES SPECIALISES
NATIONS UNIES. La conception nouvelle des politiques du
personnel au service du développement. New York : Département des
Affaires Economiques et Sociales, 1984, 205 p.
PLANTEY Alain, LORIOT François. Fonction publique
internationale. 2è éd. Paris : CNRS, 2005, 496 p.
RUZIE David. Fonctionnaires internationaux. Que sais-je ? Paris :
PUF, 1993, 125 p.
III- ARTICLES, REVUES
AKAKPO Yaovi. « Solidarités émergentes et
mentalité inventive », In Mosaïque1, 2003, 95p.
Cellule de communication de la Présidence de la
République du Bénin. La diplomatie béninoise en marche. In
La Marina, n°002, Juillet-août 2004, pp: 30-35.
LALEYE Nouroudeen. Béninoiserie, quand tu nous tiens. In
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NATIONS UNIES. Qui finance les Nations Unies ? In Guide des
Nations Unies pour le collège. New York : ONU, 1995, 77p.
IV- MEMOIRES
BIO Isidore, Robert Djimon ZANTAN. Evaluation de la
participation du Bénin aux organisations internationales de 1973
à 1987: cas des organisations du système des Nations Unies et des
institutions interafricaines de coopération. Mémoire de fin de
formation en Diplomatie et relations Internationales, cycle II, Abomey-Calavi :
ENA, UNB, 1987, 89p.
DANGBO Edwige. Application des techniques de communication
marketing dans les relations internationales : cas du Bénin.
Mémoire de fin de formation en Diplomatie et Relations Internationales,
cycle I ; Abomey-Calavi : ENA, UNB, 1999, 65p.
HOUNTOGBEDE Honorat. La diplomatie béninoise sous le
renouveau démocratique. Mémoire de fin de formation en Diplomatie
et Relations Internationales, cycle I, Abomey-Calavi : ENA, UNB, 1993, 58p.
V- DOCUMENTS JURIDIQUES Charte des
Nations Unies (San Francisco, 1945).
Loi n°90-032 du 11 décembre 1990 portant Constitution
de la République du Bénin.
Loi n°86-013 du 26 février 1986 portant Statut des
Agents Permanents de l'Etat.
Décret n°2004-094 du 24 février 2004
portant attributions, organisations et fonctionnement du Ministère des
Affaires Etrangères et de l'Intégration Africaine.
Décret n°2001-493 du 22 novembre 2001 portant
attributions, organisation et fonctionnement du Ministère des Affaires
Etrangères et de l'Intégration Africaine.
VI- RAPPORTS
ANNAN Kofi. Composition du Secrétariat. Rapport du
Secrétaire général de l'ONU. New York : Nations Unies,
2006, 108 p.
SOMAVIA Juan. Composition et structure du personnel. Rapport
de la Commission du Programme, du Budget et de l'Administration du BIT,
Genève : BIT, 2006, 15p.
Ministère d'Etat chargé de la coordination de
l'action gouvernementale, du plan, du développement et de la promotion
de l'emploi. «Etudes nationales de perspectives à long terme,
Bénin 2025 Alafia», 2003, Imprimerie CACI, 160p.
VII- COURS £ MIMOGRAPHIE (DOCUMENTS NON PUBLIES)
Cellule d'Analyse Stratégique. Placement des cadres
béninois dans les institutions internationales, document cadre.
Mimographie, Ministère des Affaires Etrangères.
HOUNDEKINDO Gervais. Réflexions sur le placement des
cadres dans les organisations interafricaines. Mimographie, 1998.
TOUDONOU Athanase. Cours de géostratégie des
relations internationales. ENAM, 2005-2006.
VIII- AUTRES DOCUMENTS (SEMINAIRES, CONGRES, etc.)
BIAOU Rogatien. L'information dans les relations
internationales. Communication présentée lors du séminaire
sur la politique extérieure et la diplomatie du Bénin à
l'heure du renouveau. Cotonou : 20-23 avril 1990.
HOUESSINON S. Th. Quelle politique extérieure et quelle
diplomatie pour le renouveau démocratique au Bénin ?
Communication présentée lors du séminaire sur la politique
extérieure et la diplomatie du Bénin à l'heure du
renouveau démocratique. Cotonou : 20-23 avril 1990.
HOUNTON Joseph. Diplomatie béninoise, grandeur et
décadence. Communication présentée durant le
séminaire sur la politique extérieure et la diplomatie du
Bénin à l'heure du renouveau démocratique. Cotonou : 20-23
avril 1990.
HOUNTON Joseph. Eléments de réflexion en vue de
l'élaboration d'une charte de la diplomatie béninoise.
Communication présentée pendant le séminaire sur la
diplomatie béninoise face au défi de la mondialisation. Cotonou :
17-20 septembre 1998.
KPAKPO Ayité J. C. Le Ministère des Affaires
Etrangères et de la Coopération, organe de mise en oeuvre de la
politique extérieure. Communication présentée au cours du
séminaire sur l'évaluation de la diplomatie béninoise.
Cotonou : 05-09 août 1998.
effets. Communication présentée lors du forum de
réflexion géostratégique. Cotonou : 17-20 février
2003.
OSHO Pierre. Fondement et opportunité de la
réflexion géostratégique. Communication
présentée au cours du forum de réflexion
géostratégique. Cotonou : 17-20 février 2003.
IX- RESSOURCES ELECTRONIQUES
Circulaire no 3121/SG du 14 mars 1986 relative
aux fonctionnaires français dans les organisations
intergouvernementales [En ligne] Disponible sur :
http://www.dsi.cnrs.fr/RMLR/textesintegraux/volume5/531121-
cir3121-sg.htm (Page consultée le 13 septembre 2006).
Conseil des ministres. Compte rendu du conseil des ministres
n°20/SGG/Com/Extra/2006 du 25 novembre 2006. [En ligne]
Disponible sur :
http://www.gouv.bj/conseilWdesWministresWtop.php.
(Page
consultée le 26 novembre 2006).
Département fédéral suisse des Affaires
Etrangères : « La présence suisse dans les organisations
internationales » : [En ligne] Disponible sur :
http://space2.epfl.ch/Document/seminars/2005W04W22/7WDublerWprese
ntationWtext.pdf (Page consultée le 10 octobre 2006).
KAMANDA Wa Kamanda, [En ligne] Disponible sur : <
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=677>
(Page consultée le 15 septembre 2006).
KEREKOU Mathieu. Discours Programme du 30 novembre 1972, [En
ligne] Disponible sur :
http://
www.gouv.bj/prpb/discours1.php (page consultée le 20
octobre 2006).
LEWIN André: « Les fonctionnaires africains dans
le système des nations Unies, In Les Africains à l'ONU »,
[En ligne] Disponible sur :
http://www.droits-
fondamentaux.prd.fr/codes/modules/articles/article.php?idElem=9
6261792> (page consultée le 15 novembre 2006).
MIDIOHOUAN Guy Ossito : «Le phénomène des
littératures nationales en Afrique » [En ligne] Disponible sur :
<
http://www . art s .uwa. edu.
au/mongobeti/is sues/pnpa27/pnpa27W0 7.html> (Page
consultée le 10 novembre 2006).
http://www.diplomatie.gouv.fr
http://www.ladocumentationfrancaise.fr
http://www.rfi.fr
http://www.gouv.bi
http://www.un.org
1-
ANNEXES
Méthode de calcul des fourchettes optimales
2- Répartition des postes de responsabilité par
nationalité à la Commission de l'Union Africaine
3- Nombre de fonctionnaires titulaires d'un engagement avec le
Secrétariat Général des Nations Unies par
nationalité, catégorie et sexe, au 30 juin 2006.
ANNEXE n°1 Méthode de calcul des
fourchettes optimales
Trois éléments entre en jeu dans le calcul du
nombre moyen de postes souhaitable : le facteur « qualité de membre
», le facteur « contribution » et le facteur « population
».
Le facteur « qualité de membre » est fonction
du nombre d'Etats Membres, qui se voient tous attribuer la même valeur,
il représente 40% du chiffre de base et est égal pour chaque Etat
Membre à 6,1 postes, ce nombre étant obtenu en divisant le total
des postes pris en compte pour le calcul de ce facteur (40% × 2900 postes
= 1160 postes) par le nombre d'Etats Membres (191).
Le facteur « contribution » est
déterminé à partir du barème des quotes-parts le
plus récent adopté par l'Assemblée Générale,
le nombre de postes alloués à chaque Etat Membre variant de
façon proportionnelle. Ce facteur, différent pour chaque Etat
Membre, correspond au nombre total de postes retenu pour le calculer (55%
× 2900 postes = 1595 postes) divisé par 100, puis multiplié
par le taux de contribution de l'Etat Membre dans le plus récent
barème des quotes-parts.
Le facteur « population » fait intervenir la part de
la population de chaque Etat Membre dans la population de l'ensemble des Etats
Membres. Les chiffres sont tirés des statistiques dont l'ONU dispose
(« la Population and Vital Statistics Report »). Ce facteur est
égal au quotient du nombre total de postes arrêté aux fins
de son calcul (5% × 2900 postes = 145 postes) par la somme des populations
des Etats Membres, multiplié par la population de l'Etat Membre
considéré.
Une fois que ces trois facteurs ont été
calculés, le nombre moyen de postes souhaitable est obtenu en faisant la
somme des facteurs «qualité de Membre»,
«contribution» et «population» affectés à
l'Etat Membre. Les limites supérieure et inférieure de la
fourchette sont déterminées par l'application d'une marge de
15·% de part et d'autre du point médian. Dans sa
résolution 42/220 A, l'Assemblée générale a
précisé que cette marge ne serait pas inférieure à
4,8 postes en plus ou en moins, et que la limite supérieure de la
fourchette ne serait pas inférieure à 14 postes.
ANNEXE n°2
Tableau n°5- Répartition des postes
de responsabilité par nationalité à la Commission de
l'Union Africaine
Postes
|
Nationalité du responsable
|
Président de la Commission
|
Mali
|
Vice président
|
Rwanda
|
Commissaire à la paix et à
la sécurité
|
Algérie
|
Commissaire aux ressources humaines, scientifiques
et techniques
|
Libye
|
Commissaire chargé du développement rural et
de l'agriculture
|
Tanzanie
|
Commissaire chargé des affaires politiques
|
Gambie
|
Commissaire chargé du commerce et de l'industrie
|
Cameroun
|
Commissaire chargé des infrastructures et de
l'énergie
|
Congo
|
Commissaire aux affaires sociales
|
Namibie
|
Commissaires aux affaires sociales
|
Malawi
|
TABLES DES MATIERES
Avertissement I
Dédicaces II
Remerciements III
Table des sigles et abréviations IV
Liste des tableaux V
Résumé VI
Sommaire . VII
INTRODUCTION . 1
CHAPITRE PRELIMINAIRE : CADRE CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE . 4
Section I : Délimitation du sujet et objectifs de
l'étude . 5
Paragraphe I : Clarifications terminologiques et
délimitation du champ
de l'étude 5
A- Clarifications conceptuelles 5
B- Délimitation du champ de l'étude 6
Paragraphe II : Objectifs de l'étude 6
B- Objectif général . 6
C- Objectifs spécifiques 7
Section II : Hypothèses et méthodologie de
l'étude 7
Paragraphe I : Hypothèses de l'étude . 7
A- Hypothèse no1 7
B- Hypothèse no2 8
Paragraphe II : Approche méthodologique . 8
A- La recherche documentaire 8
B- L'approche empirique 8
CHAPITRE PREMIER : EVALUATION DE LA
REPRESENTATIVITE DU BENIN AU SEIN DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
DES INDEPENDANCES A NOS JOURS .. 10
Section I : Evolution de la situation des cadres
béninois dans les OI de 1960
à nos jours 11
Paragraphe I : La période de 1960 à 1990 .
11
C- De 1960 à 1972 .. 11
1) Situation dans les institutions interafricaines et le
système
des Nations Unies 11
2) Cas particulier du Secrétariat
Général des Nations Unies . 13
D- De 1972 à 1990 14
1) L'exposé des données . ... 14
2) Les motifs des contre-performances 15
Paragraphe II : L'état des lieux actuel de la
présence des cadres béninois dans les organisations
internationales . 18
A- Au sein du Système des Nations Unies 18
1) Bref rappel des critères de recrutement . ... 18
2) Point numérique 20
C- Dans les institutions interafricaines 23
1) Les cadres béninois à l'Union Africaine (UA) ..
23
2) La situation dans les institutions sous-régionales .
23
Section II : Diagnostic des difficultés
liées au placement optimal des cadres
béninois dans les organisations internationales 26
Paragraphe I : Les facteurs politiques et organisationnels
.. 26
C- Les obstacles politiques 26
1) Le manque de volonté politique affichée . 26
2) La limite structurelle 26
D- Les incohérences techniques et organisationnelles
28
1. Les problèmes liés à la lenteur
administrative 29
2. Les insuffisances dans la présentation et le suivi des
dossiers 30
Paragraphe II : Les entraves financières et
socioculturelles
|
32 32
|
B-
|
Les difficultés financières
|
1)
|
L'état de la participation financière aux
organisations internationales
|
32
|
2)
|
L'inconsistance des budgets de campagne .
|
34
|
C-
|
La dimension socioculturelle du problème
|
35
|
1)
|
Les pesanteurs des traits culturels ..
|
35
|
2)
|
L'influence nocive des media
|
36
|
|
CHAPITRE DEUXIEME: ELEMENTS DE CONCEPTION ET DE
MISE EN OEUVRE D'UNE POLITIQUE DYNAMIQUE DE
PROMOTION DES CADRES BENINOIS DANS LES OI 39
Section I : Conditions d'efficacité d'une
politique nationale de positionnement
des cadres béninois dans les organisations
internationales 40
Paragraphe I : Les fondamentaux 40
C- Les intérêts liés à la
présence des cadres béninois dans les
Organisations internationales 40
2) Les enjeux politiques : rayonnement international du pays
40
2) Les retombées socio-économiques . 40
D- Les exigences inhérentes à la promotion de
cadres béninois dans les
organisations internationales 44
3) La nécessaire impulsion politique 44
4) L'indispensable reconversion des mentalités 45
Paragraphe : Mécanisme de promotion d'un cadre
à un poste de
responsabilité internationale 46
A) Le travail préliminaire 47
1- Cibler un poste et trouver un candidat compétitif
47
2- S'acquitter de ses obligations envers l'organisation . 48
B- L'offensive politique et diplomatique . 50
2) Mettre le candidat sur orbite . 50
3) Bâtir le lobbying 52
Section II : Propositions d'actions . 53
Paragraphe I : Combler le déficit structurel
53
C- Création d'une Commission Nationale de Promotion des
Cadres
dans les organisations internationales 53
3) Composition de la Commission 54
4) Attributions de la Commission 55
D- Mise en place d'une cellule nationale de promotion des
cadres
dans les organisations internationales 56
a. Dispositions transitoires 56
b. Attribution (pérennes) de la Cellule . 57
Paragraphe II : Définir et conduire une politique
globale 59
C) Une politique plus souple et plus volontariste 59
1) Une politique plus souple .. 60
2) Une politique plus volontariste . 61
D) Une vision orientée vers l'avenir . 63
a. La stratégie des experts associés . 63
2) Assurer une formation de pointe 64
CONCLUSION 66
|