Conclusion partielle
La graine de la conscience unitaire née chez les
esclaves noirs depuis les cales des navires négriers, a germé au
soir du XXè siècle au sein de la diaspora noire dans
le nouveau monde et a gagné les milieux africains dans le vieux monde.
Le panafricanisme, dans sa phase de gestation est façonné par
d'éminents précurseurs, et s'opère essentiellement en
Amérique et en Europe.
Le concept du panafricanisme, tout comme le commerce des
esclaves, a connu un trajet triangulaire. Il a débuté en
Amérique, pour atteindre sa vitesse de croisière en Europe, avant
de terminer en Afrique.
Dès lors on assistera sur le continent africain
à des débats qui feront naître certaines contradictions,
certaines divergences d'opinion sur le concept de l'unité. Avec la
naissance de l'O.U.A en 1963 et de la première et seconde
génération d'expériences d'intégration sous
régionale, on croyait à une réelle avancée vers une
unité totale des Etats Africains, mais malheureusement, l'O.U.A n'a pas
répondu aux attentes des africains.
La création de l'Union Africaine en 2002,''armée
d'un programme économique `', le NEPAD, est
considérée par certains comme étant le renouveau du
panafricanisme. En tout cas cet avis semble être partagé par le
premier responsable de cette organisation panafricaine, Alpha Oumar
Konaré, qui durant la réunion constitutive de l'U.A le 9 juillet
2002 à Durban (Afrique du Sud) a eu à affirmer que la
création de l'U.A est « la preuve que les dirigeants africains
se sont résolument engagés à tourner une nouvelle page
pour le continent et à lui donner la place qu'elle mérite sur la
scène mondiale ».
Mais nous pensons qu'il faut traduire cette volonté
par des actes. Nous avons foi en cette nouvelle organisation panafricaine, car
nous estimons qu'elle réussira à solidariser les Etats africains,
en vue de les conduire vers l'idéal commun qui est la construction des
Etats-Unis d'Afrique.
Toutefois, cette organisation pour réussir doit avoir
les moyens de sa politique. C'est pourquoi, il faudrait amener les Etats
débiteurs à s'acquitter de leurs créances. Il faudrait
faire comprendre à ces Etats que ces moyens financiers permettront
à l'U.A de non seulement fonctionner normalement, mais ensuite elle
pourra mener des opérations de maintien de la paix en Afrique, sans pour
autant attendre des moyens logistiques et financiers de la part des pays du
nord. En 2005, seulement sept Etats étaient à jour dans leurs
cotisations. Il s'agit : de l'Afrique du Sud, l'Algérie,
l'Angola, le Botswana, les Comores, l'Ethiopie et le Sénégal.
Aussi, au sein de l'U.A, 34 pays africains parmi les 53
membres figurent sur la liste des P. M. A (les pays les moins avancés).
En plus de la pauvreté, nous avons la terrible pandémie du Sida
qui frappe des millions d'africains. Ce sont tous ces éléments
qui font dire à certains intellectuels africains, qu'une union
créée par ces Etats apparaît comme une véritable
gageure. Nous voulons nous montrer optimiste, car une Afrique unie et
solidaire, et avec une organisation panafricaine forte, peut résoudre
tous ces problèmes et conduire le continent vers cet idéal commun
qui est la construction des Etats- Unis d'Afrique. Ne soyons donc pas
pessimistes, car qui aurait pu imaginer qu'à la fin de la seconde guerre
mondiale, l'Europe allait non seulement se réconcilier et ensuite
s'unir. Nous pensons que l'U.A pourra un jour réaliser une union
continentale, il ne faudrait pas se presser. Il faut tout d'abord asseoir des
organismes régionaux solides qui permettront aux Etats africains de
développer une politique économique commune.
Il ne faut pas aussi oublier que les Etats- Unis
d'Amérique ont pris 170 ans pour se construire et que l'Union
Européenne (U.E) ne s'est pas faite en un seul jour. La libre
circulation des personnes et des biens, la monnaie commune et d'autres acquis
se sont fait, qu'après de moult tractations et même des
débats houleux. Malgré les positions de chacun, cela ne les a pas
empêché d'asseoir les bases de la construction d'une U.E pour le
bien- être de leurs populations respectives.
Il faudrait donc laisser le temps à l'U.A de se
construire. Pour certains cette organisation panafricaine doit obligatoirement
calquer le modèle de l'U.E. Un intellectuel africain a
répliqué en disant qu'il « n'existe pas de
modèle d'union prêt-à-porter ».Il faudrait donc
aller par paliers, en considérant toutes les réalités
propres à l'Afrique et faire en sorte que les populations du continent
se sentent concernées par le projet de création de l'union
continentale. Car lorsqu'on parle de solidarité, on se
réfère aux échanges entre les peuples. C'est dans cette
optique qu'un intellectuel africain s'interroge sur le fait
que : « les africains ont besoin d'une U.A au quotidien,
qui se vit dans les échanges, dans les rencontres, la
convivialité fraternelle et l'insertion professionnelle au-delà
des frontières, des ethnies et des Etats- nations. L'U.A saura t- elle
développer de telles solidarités dans les villes, les
villages ? ».
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