Le panafricanisme: Quelle contribution à la construction des Etats-Unis d'Afrique ?( Télécharger le fichier original )par Jean-baptiste Andrédou KATTIE Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest d'Abidjan (UCAO/ UUA) - Maà®trise en Science Politique 2008 |
Chapitre premierLa genèse de l'O.U.A Nkrumah, comme nous l'avons déjà souligné, visait à travers le panafricanisme, la construction d'un espace politique continental, qu'il a baptisé les Etats-Unis d'Afrique. Cet ambitieux projet de création sera contesté par ses pairs africains réunis au sein du groupe des modérés ou groupe de Monrovia, avec pour chef de file le président ivoirien Félix Houphouët Boigny, lors du sommet des pays africains indépendants en 1963 à Addis - Abeba. Ce projet avait été rejeté par ces pairs, parce-que ceux-ci préféraient plutôt une coopération politique et économique entre les Etats. I- le compromis d'Addis-Abeba A- De la nécessité de la création d'une organisation africaine Du 22 au 26 Mai 1963, s'est tenue la conférence d'Addis-Abeba. Cette conférence a réuni une trentaine de chefs d'Etat de gouvernements africains. L'empereur Haïlé Sélassié, lors de son discours d'ouverture affirme que la libération de tout continent est impérative, selon lui l'avenir du continent réside en dernier lieu dans une union politique et il ne nie pas non plus les obstacles à l'intégration. Pour cela il fera de cette conférence, le passage obligé pour la création d'une organisation africaine. Il venait de condamner les participants à une obligation de résultat. Les points d'accord unanimes étaient la libération des pays africains encore sous tutelle coloniale et la condamnation du régime « raciste » d'Afrique du Sud. Pour Nkrumah qui est arrivé à la conférence avec plusieurs exemplaires de son livre, Africa Must Unite, l'objectif de la conférence est l'union africaine dès maintenant. Il n'y a pas de temps à perdre. Il rejettera les propositions de certains chefs d'Etats qui préconisent la création de façon graduelle d'une union continentale. Pour Kwame Nkrumah, cette manière de penser ne faisait que retarder l'Afrique. Pour lui, il faudrait construire dès maintenant les Etats-Unis d'Afrique. Nkrumah, malgré cette plaidoirie, ne sera pas suivi par ses pairs africains et même ses pairs du groupe de Casablanca, qui sans doute ne voulaient pas porter la croix de l'échec de la conférence. Nkrumah sera donc contraint au consensus. Le panafricanisme radical qui est résumé par l'obtention de l'unité immédiate, cédera le pas au panafricanisme par étapes nécessaires. B- Les objectifs et principes de l'organisation de l'unité africaine Cette organisation pour réussir son pari, liée à son statut d'organisation panafricaine, s'est fixée comme principaux objectifs, au titre de l'article II de ladite charte : . Renforcer l'unité et la solidarité des Etats africains . Coordonner et intensifier la coopération et les efforts inter- étatiques afin d'offrir de meilleures conditions d'existence aux peuples d'Afrique. . Défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance. . La charte demande que les Etats puissent coordonner et harmoniser leurs politiques générales, en particulier dans les domaines de la politique, de la diplomatie, de l'économie, des transports, de la communication, de l'éducation, de la culture, de la santé, de l'hygiène et de la nutrition, de la science et de la technique, de la défense et de la sécurité. Au titre des principes (Article III), nous pouvons noter : . L'égalité souveraine de tous les Etats membres . La non -ingérence dans les affaires intérieures des Etats . Respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque Etat et de son droit inaliénable à une existence indépendante . Règlement pacifique des différends par voie de négociations, de médiation, de conciliation ou d'arbitrage . Condamnation sans réserve de l'assassinat politique . Dévouement sans réserve à la cause de l'émancipation totale des territoires africains encore indépendants. En énumérant tous les objectifs et les principes de l'O.UA, nous ne faisons pas du verbiage, mais nous nous demandons si l'OUA a-t-elle vraiment échoué ? II-L'O.U.A : Un bilan mitigéLa naissance de l'O.U.A avait suscité chez nombre d'africains d'immenses espoirs, mais ceux-ci paraissent aujourd'hui déçus. Pour certains l'O.U.A n'a pas véritablement réussi sa mission. Mais nous estimons qu'il serait bon de savoir qu'elles étaient les missions assignées à cette organisation, à partir de ce moment nous pourrons vraiment dire si oui ou non l'OUA a-t-elle vraiment échouée. A- Les missions de l'O.U.A A sa naissance, cette organisation avait pour mission d'aider les mouvements de libération dans les pays non encore libérés de la tutelle coloniale. C'est un pari qu'elle a réussi dans la mesure où tous les Etats africains ont pu acquérir aujourd'hui leur indépendance. Le dernier Etat africain à avoir obtenu son indépendance est la Namibie en 1990. L'O.U.A s'était assignée aussi comme mission, d'aider à la résolution du conflit, durant la période de l'Apartheid, opposant les noirs aux blancs. Mais comme toute oeuvre humaine n'est pas parfaite, il y a eu quelques imperfections au sein de cette organisation, notamment au sein du mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits B- Les défaillances du mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits L'O.U.A n'a pas pu faire preuve de clairvoyance dans certains conflits, notamment celui opposant l'Ethiopie à l'Erythrée qui est un conflit de longue date et qui est toujours d'actualité. Cette organisation n'a pas pu régler certains conflits tels que ceux du Libéria, de la République Démocratique du Congo qui est toujours instable, de l'Angola et du génocide Rwandais. L'O.U.A n'a pas mis en place un plan de défense du continent. Cette force africaine de défense, si elle était créée pouvait assurer une paix durable sur le continent. Elle pouvait aussi participer à la prévention des conflits sur le continent et aussi aux opérations de maintien de la paix dans le cadre des Nations-Unies. C- Sur le plan politique Cette organisation, n'a jamais fait la promotion de l'Etat de droit, des droits de l'homme et de la démocratie, si bien que la majorité des Etats la composant sont des Etats dictatoriaux. Ce n'est qu'en 1999, lors du 35ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement que ceux-ci ont décidé de suspendre la participation aux conférences des chefs d'Etat qui ont accédé au pouvoir par les coups d'Etat. Durant le 36ème sommet à Lomé, la Côte d'Ivoire de Robert Guéi 14(*) et les Iles Comores verront leur participation refusée. * 14 Le chef de la junte militaire qui a fait un coup d'Etat afin d'évincer le président Konan Aimé Bédié du pouvoir en 1999 |
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