WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les instruments de couverture du risque de change

( Télécharger le fichier original )
par Fouad BERRA
Ecole superieure de banque Alger - Diplome superieur des etudes bancaires 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 4 : La possibilité du change à terme en Algérie

Devant l'absence d'un instrument de couverture du risque de change bien défini par la réglementation, et devant l'importance de ce risque, la nécessité de trouver une solution aux entreprises algériennes s'impose.

Le change à terme est l'instrument le plus utilisé à travers le monde, par sa simplicité de fonctionnement et de mise en place. C'est un instrument sûr de couverture du risque de change.

Dans cette section, nous nous proposons de décrire la procédure qui peut être suivie par une banque pour structurer des opérations de change à terme pour le compte de sa clientèle.

1. Cadre réglementaire

· Les opérations de change à terme sont autorisées : Règlement 95-07, article 27 ; elles sont définies : Instruction 79/95, article 13 (1) ;

· Pour se faire, il a été institué un marché des changes : Règlement 95-08, article 1 ; il a été défini : Instruction 79/95, article 2 (2) ;

· Le marché des changes comprend deux compartiments, dont l'un au comptant et l'autre à terme : Règlement 95-08, article 2 ; Instruction 79/95, articles 3, 4 et 5 (3) ;

· Les banques disposent de certaines ressources en devises qu'elles peuvent ne pas céder à la Banque d'Algérie dont les montants achetés sur le marché des changes et 50% des recettes des exportations hors hydrocarbures : Règlement 95-08, article 4 (4) ;

· Les deux catégories précédentes de devises doivent impérativement être utilisées pour couvrir les opérations courantes de la banque ou de sa clientèle : Règlement 95-08, article 5 (5) ;

· Les soldes de trésorerie devises doivent être placés au jour le jour auprès de la banque d'Algérie : Instruction 79/95, article 42. Sur ces placements les banques reçoivent une rémunération de 0,5 % l'an : Instruction 01 du 20 février 1991, article 5 (6) ;

· Les soldes des comptes correspondants doivent être impérativement nuls (obligation de rapatriement): Règlement 95-07, article 29 (7) ;

· La prise de positions de change par les banques est autorisée (dans le cadre des opérations de change au comptant et à terme) : Instruction 78/95 (8) ;

· Les taux de change sont déterminés sur le marché par le libre jeu de l'offre et la demande : Règlement 95-08, article 8 ; Instruction 79/95, article 8 (9) ;

2. La procédure de l'achat à terme

La procédure que nous proposons pour pouvoir structurer des opérations d'achat à terme est la suivante :

· Achat des devises au comptant sur le marché des changes ou auprès de la clientèle exportatrice1 (4), (8);

· Vente à terme du montant acheté (1) ;

· Rapatriement auprès de la Banque d'Algérie du montant acheté (7), (6) ;

· A l'échéance du terme, livraison de ce montant en règlement de la vente à terme.

En suivant cette procédure, nous aboutissons aux résultats suivants :

· La position de change de la banque est immédiatement soldée ;

· Le solde du compte correspondant est annulé ;

· Plus le dépôt à la Banque d'Algérie est rémunéré, plus le prix du terme sera allégé par les intérêts produits ;

· Aucun risque pour la banque, pour le client et aussi pour le marché ;

· Aucun impact négatif sur les réserves de change ;

· Le montant rapatrié rentrera dans les réserves de change ;

· A l'échéance du terme, le montant rapatrié servira à couvrir la vente à terme ;

· Toutes les dispositions réglementaires sont respectées.

Exemple

Le jour «j'' la banque achète au comptant auprès d'un client EUR 1.000.000 reçu sur son compte correspondant, au taux EUR/DZD = 86,5700.

La banque devient en position de change longue EUR 1.000.000.

Par ailleurs, un des clients de la banque a exprimé le besoin d'acheter EUR 1.000.000 dans trois mois pour payer une importation.

La banque lui vend ce montant le même jour, valeur «j' '+90.

1 La contre valeur en Dinar sera prise en charge par la trésorerie dinar.

Les chiffres entre parenthèses correspondent à ceux utilisés dans le cadre réglementaire (page précédente).

La position de change de la banque est ainsi annulée.

Pour solder le compte correspondant, la banque rapatrie auprès de la Banque d'Algérie le EUR 1.000.000, qui sera rémunéré au taux de 0,5%.

Pour payer le EUR 1.000.000, la banque emprunte la contre-valeur en Dinars pour 3 mois à 3,5%. Le montant de l'emprunt en DZD va être pris en considération dans la gestion globale de la trésorerie Dinar.

Le différentiel de taux : 3,5-0,5 = 3 % est en défaveur de la banque. Il sera exprimé en points de change qui seront répercutés dans le prix à terme.

nb jours ×

360

Le cours à terme sera égal à :

Cours à terme = cours spot + cours spot ×

tx DZD - tx EUR

1

+(nb jours×tx EUR 360)

0,03 5 - 0,005

+(90×0,5 360)

86,5700

+ 86,5700 ×

90

×

360

1

= 87,2185

Le cours à terme obtenu représente le coût des devises auquel la banque doit ajouter une marge, que nous supposons de 0,5%. Le cours à terme proposé au client sera de :

Cours à terme de vente = cours à terme x (1+ marge)

= 87,2185 x 1,005

= 87,6546

A l'échéance la banque livre le EUR 1.000.000 contre DZD 87.654.600.

Après avoir exposé la procédure de l'achat à terme, nous pouvons aboutir aux conclusions suivantes :

· L'introduction des opérations de change à terme est possible ;

· Aucun changement de la réglementation n'est nécessaire ;

· Aucun risque de change n'existe ni pour le client, ni pour la banque.

Remarques

· Il est à souligner que les états des déclarations destinées à la Banque d'Algérie ne prévoient qu'en partie les canevas de déclaration des opérations de change à terme.

· Les ressources dont disposent les banques pour réaliser des opérations à terme (les montants achetés sur le marché des changes et 50% des recettes des exportations hors hydrocarbures) peuvent sembler insuffisantes pour satisfaire la demande éventuelle du fait de la disproportion entre les importations et les exportations. Toutefois, ces ressources permettront d'assurer le lancement de cet instrument.

· La banque peut solder la position de change résultant d'une vente à terme de devises par la conclusion d'une opération inverse (achat à terme) ayant les mêmes caractéristiques (montant, échéance, devise) avec un autre client (exportateur). Toutefois cela est rarement possible.

· L'achat à terme de devises auprès des exportateurs (vente à terme pour l'exportateur) peut paraître impossible pour la banque. Cette dernière n'ayant pas la possibilité d'emprunter des devises à tout moment et pour n'importe quel montant (absence de marché monétaire devises).

Sa réalisabilité est conditionnée par le développement des opérations d'achat à terme (ventes à terme aux importateurs). Etant donné que ces dernières peuvent être couvertes (en totalité ou en partie) par des opérations de vente à terme ayant les caractéristiques suivantes :

Même devise ;

Un montant supérieur ou égal à celui de l'opération d'achat à terme (l'excèdent sera vendu sur le marché) ;

Une échéance inférieure ou égale à celle de l'opération d'achat à terme (la banque reçoit les devises de l'exportateur qu'elle délivrera à l'importateur si les échéances sont égales. Dans le cas contraire, elle placera ces devises en attendant l'arrivée de l'échéance).

A travers ce qui précède, nous pouvons maintenant affirmer que le change à terme est possible en Algérie. Cependant, sa généralisation reste entravée par plusieurs contraintes et limites qui feront l'objet du point suivant.

3. Les contraintes et les limites à la mise en place du change à terme

La mise en place du change à terme est soumise, directement ou indirectement, à plusieurs contraintes et limites qui sont :

· La lecture de certains textes réglementaires prête à confusion ou donne lieu à plusieurs interprétations :

· Aucun article ne définit explicitement la relation banque/client au sein du marché des changes. Cela reste sous-entendu ;

· La réglementation ne spécifie ni les opérations, ni à partir de quelle date l'opération de change à terme peut être effectuée ;

· Les limites sur les positions de change perdantes ne sont pas spécifiées ;

· L'instruction 78/95 portant règles relatives aux positions de changes n'a pas été actualisée : elle impose des limites sur les positions de change dans des devises qui n'existent plus (FRF, DEM,...) ;

· Aucun article ne spécifie que les banques peuvent ou pas procéder à la vente de devises au comptant ou à terme au titre des opérations dont elles ne sont pas domiciliataires ;

· Le marché des changes algérien est un marché monopolistique du fait qu'il soit largement dominé par un seul offreur (la Banque d'Algérie). La totalité des recettes des exportations d'hydrocarbures continuent à être cédées obligatoirement à la Banque d'Algérie. Les intermédiaires agréés ne sont autorisés à disposer que de 50 % des recettes d'exportation hors hydrocarbures. Ce qui représente un sérieux handicap pour le développement du marché spot et limite le marché forward ;

· Le dossier de bourse1 est un handicap pour le fonctionnement et le développement du marché étant donné que la banque ne peut exécuter les ordres de ses clients qu'après deux jours. Donc le client achète à un prix qu'il ne connaît pas et par conséquent ne peut pas négocier. Chose qui est contraire au principe même de marché ;

1 Etat récapitulatif des montants des transferts au titre des paiements extérieurs en devises. Il doit être adressé à la Direction de la Gestion des Avoirs et des Opérations avec l'Etranger de la BA trois jours ouvrés avant la date de valeur. (Instruction 02-96 du 06/02/1996 relative à la déclaration des opérations de change)

· La Banque d'Algérie n'incite pas les banques à traiter entre elles compte tenu des spread très serrés qu'elle affiche. Toutefois, cela peut s'expliquer par sa position monopolistique. Tout élargissement des spread ne ferait en fait que renchérir le coût des devises ;

· Le placement obligatoire des excédents en devises auprès de la Banque d'Algérie au taux de 0,5% prive les banques de tout autre possibilité mieux rémunératrice, ce qui renchérit le prix du change à terme offert par les banques ;

· Absence d'un marché monétaire de devises ce qui représente un sérieux handicap pour les banques quant à :

· La rentabilisation des excédents en devises (ce qui aurait permis de diminuer le prix de l'achat à terme de devises) ;

· L'emprunt de devises pour pouvoir structurer et offrir aux exportateurs les ventes à terme de devises ;

· En dépit de l'obligation qui leur est faite par la réglementation1, les banques n'offrent pas de cotations ;

· Les banques se rémunèrent par des commissions et non pas sur les taux de change ;

· Les jours fériés pour les banques en Algérie ne correspondent pas à ceux des banques à l'étranger ce qui fait perdre aux banques deux jours de travail (vendredi, dimanche)2 ;

· Décalage entre le marché des changes et le marché monétaire : le marché des changes fonctionne le vendredi, ce qui n'est pas le cas pour le marché monétaire.

Les ordres de transfert des banques reçus le jeudi par la Banque d'Algérie sont exécutés le lendemain c'est-à-dire vendredi. Le marché monétaire dinars ne fonctionnant pas le vendredi, le gestionnaire de trésorerie doit prendre en considération les montants des transferts du vendredi le jeudi. Ainsi, si le compte de la banque devient débiteur, le trésorier ne pourra pas intervenir. Par conséquent la banque subira des pertes.

4. L'expérience tunisienne

Compte tenu des limites et des contraintes que rencontre le marché des changes en Algérie (et par conséquent la procédure de change à terme proposée), nous allons nous intéresser à l'expérience de la Tunisie, où le change à terme a été introduit progressivement. Ceci nous permettra d'en tirer quelques enseignements.

1 Article 8 de l'instruction 79/95 du 26 décembre 1995 portant organisation et fonctionnement du marché des changes, Banque d'Algérie, op. cit.

2 Les clients perdent aussi deux jours étant donné qu'ils ne travaillent pas généralement le jeudi et le vendredi.

4.1. Cadre réglementaire

En Tunisie, avant de mettre en place un marché des changes, il a été créé un marché monétaire en devises en 1992 par la circulaire 92-13.1

Le marché des changes au comptant a été institué en 1994 par la circulaire 94-0 1. Les règles relatives à la surveillance des positions de change ont été spécifiées par la circulaire 94-02.

En 1997, la circulaire 97-O7 a permis d'ouvrir le marché des changes aux opérations à terme, et d'apporter des modifications aux conditions de fonctionnement du marché des changes au comptant.

Dans le cadre de la poursuite de la libéralisation des opérations du marché des changes, de nouveaux instruments financiers ont été introduits en 2001. Ainsi, par la circulaire 2001-11, il a été décidé d'étendre la possibilité d'utilisation de la couverture de change à terme aux opérations financières, d'instituer la possibilité de réaliser les opérations de swaps de change devises/Dinars tunisiens (TND) et de permettre aux banques ainsi qu'aux entreprises de couvrir le risque de taux d'intérêt sur les devises par des accords de garantie de taux d'intérêt (Forward Rate Agreement, FRA).

A la lecture de la réglementation tunisienne on s'aperçoit qu'elle est très explicite et précise. On remarque aussi qu'elle a fait l'objet de régulières actualisations et perfections.

4.2. La pratique

Le marché des changes en Tunisie est relativement liquide, les banques traitent entre elles avec un recours en dernier ressort à la Banque Centrale à cause des cours dissuasifs qu'elle affiche (larges spread).

Les banques peuvent procéder à l'achat ou à la vente de devises (au comptant ou à terme) au titre des opérations dont elles ne sont pas domiciliataires, chose qui donne un sens à l'existence du marché des changes.

Pour le change à terme les banques proposent des cotations jusqu'à un an pour les achats de devises et des cotations jusqu'à 9 mois pour les ventes. Elles sont autorisées à se porter contrepartie pour ces opérations dès la conclusion du contrat pour les produits libres et dès domiciliation pour les produits exclus du régime libre du commerce extérieur2.

1 Le financement des opérations commerciales en devises, les crédits d'exploitation et les placements des devises étaient possibles dés 1991 mais sous certaines conditions.

2 Les prestataires de services peuvent vendre à terme le produit en devise des services rendus pour une durée correspondant au contrat dans la limite d'une année et sans excéder 30 jours à partir de la naissance de la créance.

Les opérations avec la clientèle se font après négociation instantanément par téléphone (sans délais).

Les banques sont autorisées à prendre des positions de change en devises1, tout en respectant les règles prudentielles suivantes :

· Un rapport maximum de 10 % entre le montant de la position de change dans chaque devise et le montant des fonds propres nets ;

· Un rapport maximum de 20 % entre le montant de la position de change globale et le montant des fonds propres nets ;

· L'intermédiaire agréé qui accuse une perte supérieure ou égale à 3 % de sa position de change dans une devise, suite à une évolution défavorable des cours, doit solder sa position lorsqu'elle est supérieure ou égale à l'équivalent de TND 200.000.

La couverture des opérations de change à terme est possible grâce à l'existence d'un marché monétaire de devises, la possibilité d'effectuer des swaps de change devises/TND ou devises/devises ainsi que la liquidité du marché c'est-à-dire que le change à terme est demandé dans les deux sens achat/vente.

Le change à terme a été banalisé, c'est devenu un instrument qui est proposé par l'ensemble des banques de la place et utilisé par l'ensemble des opérateurs économiques. A ce titre, les opérations de change à terme sont estimées en 2001 à TND 828,8 millions (dont 70 % de ventes à terme), ce qui représente plus de 8 % du volume traité sur le marché au comptant.

Après avoir exposé l'expérience tunisienne que nous estimons assez concluante, nous allons essayer, en nous y inspirant, de proposer quelques perspectives et recommandations.

5. Perspectives et recommandations

Afin de permettre une synergie et un dynamisme du marché des changes avec ses deux compartiments, nous proposons les recommandations suivantes :

· L'actualisation continue de la réglementation tout en prévoyant explicitement tous les cas possibles qui peuvent se présenter ;

· La mise en place d'un marché monétaire de devises ;

· La déréglementation progressive qui permettrait d'acquérir l'expérience nécessaire graduellement tout en limitant les dégâts ;

· La suppression du dossier de bourse biaisant le fonctionnement du marché ;

· Laisser aux banques la latitude de disposer librement de leurs excédents de devises ;

1 La position de change en une devise est égale au solde des avoirs en cette devise résultant des opérations d'achat et/ou vente au comptant et à terme en cette devise contre TND sur le marché des changes.

La position de change globale (toutes devises confondues) est égale à la somme des contre-valeurs en TND des positions de change par devise.

· L'élargissement relatif des spread dans les cotations des devises par la Banque Centrale afin d'inciter les banques à traiter entre elles ;

· Réorganisation de la fonction trésorerie au niveau des banques et établissements financiers pour la rendre unifiée (trésorerie dinar et trésorerie devises) jusqu'à aboutir à la mise en place de salle de marchés ;

· La formation spécialisée du personnel des banques intervenant sur le marché ;

· Généralisation de l'utilisation du Swift en back office et du Reuter dealing en front office ;

· La mise en place de systèmes d'informations performants susceptibles de véhiculer une masse croissante d'informations en temps réel ;

· La diversification de l'économie algérienne par la promotion des exportations hors hydrocarbures, chose qui permettrait d'avoir des recettes supplémentaires en devises susceptibles d'alimenter le marché des changes.

D'autres suggestions, techniquement difficiles à réaliser du fait de la spécificité algérienne, méritent d'être énumérées :

· L'alignement des jours fériés avec l'étranger donc pour un week-end samedi/dimanche ;

· L'allégement voire la suppression du contrôle des changes ;

· Laisser aux banques la possibilité de disposer d'une part, voire de la totalité des recettes en devises des hydrocarbures.

Dans cette section, nous avons mis en évidence la possibilité du change à terme en Algérie compte tenu du cadre réglementaire actuel. De ce fait, il reste aux banques de prendre en main l'initiative pour la concrétisation de ce produit. Sa réussite est toutefois conditionnée par l'harmonisation des procédures.

Ce mémoire s'achève par une approche pratique de la réalité du risque de change en Algérie. Un risque qui n'a cessé de se répandre au sein de nos entreprises leur causant ainsi un préjudice non négligeable. Devant cette situation et en l'absence d'instruments de couverture, le change à terme s'avère l'instrument le plus réaliste étant donné la simplicité et la possibilité de sa mise en place.

Une entreprise est en risque de change dès qu'elle engage une opération commerciale ou financière en devises. Ce risque menace sérieusement la survie de l'entreprise par l'importance des pertes qu'il peut engendrer.

Les fluctuations que connaissent les cours de change sur le marché, ainsi que l'impératif de rentabilité conjuguée à la compétitivité obligent les entreprises à prêter une attention particulière à la gestion de cet enjeu majeur.

C'est dans cet esprit que les entreprises s'entendent pour mettre en place une stratégie de couverture du risque de change. Pour mener à bien l'action de couverture, l'entreprise dispose d'un éventail diversifié d'instruments où l'on distingue les instruments traditionnels des nouveaux.

Les instruments traditionnels peuvent être répartis en deux catégories, les instruments internes et les instruments externes. Les instruments internes, tels le choix de la monnaie de facturation et l'action sur les délais sont des instruments que l'entreprise met en place sans faire appel à aucun organisme externe. Les instruments externes nécessitent par contre le recours à des organismes externes. On en énumère les avances en devises, les contrats d'assurance et le change à terme.

Ces instruments présentent, en dépit de leur rigidité et faible adaptabilité, un intérêt irréfutable aux entreprises, surtout celles n'ayant pas accès aux autres techniques.

Les nouveaux instruments de couverture, qu'ils soient des contrats de futures, des swaps ou des options, sont venus huiler le marché dont le mécanisme se trouve coincé par l'insuffisance des instruments disponibles. Dérivés des nouvelles variables et données financières, ces instruments jouissent d'une parfaite flexibilité et une forte adaptabilité, ce qui leur permet d'étayer et d'immuniser effectivement les entreprises contre les péripéties du risque de change.

Il ne faut toutefois pas négliger leur inconvénient majeur qui réside en le coût élevé qu'ils engendrent. En effet, les primes des produits dérivés peuvent s'avérer très élevées, ce qui pèse lourdement sur la situation financière de l'entreprise.

Néanmoins, il reste strictement irrationnel de coller tel type de couverture à telle situation. Pour chaque situation, le choix de l'instrument idéal est en fait tributaire de la stratégie d'optimisation du couple : souplesse de fonctionnement / coût de mise en place.

Pour le cas de l'Algérie, nous avons pu faire un zoom sur l'évolution du régime de change et toutes les mesures qui l'ont accompagnée depuis l'indépendance. Après une longue période d'économie dirigée incarnant un régime de change fixe, l'Algérie a adopté un régime de change flottant où la valeur du Dinar est déterminée au gré du marché. Ainsi, les autorités monétaires ont mis en place un marché interbancaire de change contenant deux compartiments : le marché spot et le marché à terme.

Le glissement continu de Dinar entamé en 1986, les deux dévaluations de 1991 et 1994 ainsi que les fluctuations actuelles ont pesé lourdement sur les entreprises algériennes qui activent au niveau international. Ces entreprises ont enregistré d'importantes pertes de change, le cas étudié de la SNTF en témoigne pleinement.

Cependant, la SNTF ne se trouve pas seule dans cette tourmente ; le sondage que nous avons effectué nous a permis de faire le point sur la situation des autres entreprises. Ainsi, la couverture de risque de change se trouve-t-elle au coeur des préoccupations de nos entreprises qui affichent d'ailleurs une réelle volonté de recourir aux différents instruments de couverture et au change à terme en particulier.

Ayant été prévu par la réglementation, le change à terme paraît d'ores et déjà l'instrument susceptible d'assurer aux entreprises algériennes une couverture adéquate contre le risque de change. En effet, nous avons démontré son applicabilité et ce en tenant compte du cadre réglementaire actuel.

La gestion du risque de change en Algérie est à ses balbutiements, c'est l'opinion que nous nous sommes forgés au terme de ce travail de recherche. De gros efforts dans ce sens restent à fournir pour se mettre au diapason des pays ayant une culture de gestion et de couverture des risques.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe