Le contrat de l'option de change met en relation deux
contreparties : un acheteur et un vendeur. L'acheteur acquiert le droit et non
l'obligation d'exercer l'option contre le paiement de la prime. Quant au
vendeur, il se trouve dans l'obligation de se soumettre à la
décision de l'acheteur contre l'encaissement de la prime. Il s'engage,
ainsi, à livrer les devises au cours convenu, à la signature du
contrat, si l'acheteur décide d'exercer l'option.
· Pour l'acheteur, le risque est donc limité au
coût de la prime et le gain potentiel est illimité ;
· Pour le vendeur, le gain maximum correspond à la
prime alors que la perte est en théorie illimitée.
En pratique, ce sont essentiellement les banques qui vendent.
1 P. Desbrières & E. Poincelot, Gestion de
trésorerie, op. cit., P 127.
Banques Vendeurs d'options de change
Exportateurs : acheteurs d'options de vente
(put)
Importateurs : acheteurs d'options d'achat
(call)
Le dénouement d'une option peut se faire selon trois
voies : il y a abandon de l'option si l'acheteur d'option trouve avantage
à acheter (ou à vendre) ses devises sur le marché des
changes. Il y a exercice de l'option dans le cas contraire. Enfin, il y a
revente de l'option lorsque celle-ci à encore une valeur positive et que
l'entreprise n'a pas réalisé son opération commerciale.
Un importateur, qui veut se protéger d'une hausse de
la devise dans laquelle il est facturé, achète une option d'achat
de devises. Si le cours de la devise a effectivement fortement augmenté
au-dessus de celui de l'option, l'entreprise a intérêt à
exercer celle-ci. Si, à l'inverse, le cours a fortement diminué
(donnant une variation supérieure au prix de l'option), l'entreprise a
intérêt à abandonner celle-ci.
Un exportateur achète, quant à lui, une option de
vente de devises pour se protéger contre une baisse de la devise dans
laquelle il a facturé son client étranger. Si le cours a
effectivement fortement baissé et est en deçà de celui de
l'option, l'entreprise a intérêt à exercer celle-ci. Si,
à l'inverse, le cours a fortement augmenté (donnant une variation
supérieure au prix de l'option), l'entreprise a intérêt
à abandonner l'option et à changer les devises sur le
marché au comptant.
Exemples
Deux exemples sont présentés pour illustrer la
manière dont l'importateur et l'exportateur peuvent se protéger
contre le risque de change avec des options.
Exemple 1 : Couverture de change d'une
importation par achat d'une option d'achat La SNVI
(Société Nationale des Véhicules Industriels), importe de
l'Allemagne des pièces de
rechange pour un montant de 1 million d'Euros le 1er octobre
2002. Ces pièces sont payables à six mois. La SNVI veut se
couvrir contre une hausse de l'Euro par rapport au Dinar.
Le cours comptant est de 1 EUR = 77,4289 DZD.
La banque propose à la SNVI l'option d'achat suivante :
Prix d'exercice : 1 EUR = 77,43 DZD ;
Échéance = mars 2003 ;
Prime = 3 %.
Lors de l'achat de l'option, l'importateur paie la prime d'un
montant de : 1.000.000 x 0,03 = 30.000 EUR, soit 30.000 x 77,4289 = 2.322.867
DZD.
Ainsi, l'importateur s'assure d'un coût maximal dans six
mois de :
1.000.000 x 77,43 + 2.322.867 = 79.752.867 DZD.
A l'échéance, trois cas peuvent se
présenter :
· L'Euro s'est apprécié : 1
EUR = 79,9874 DZD. L'importateur exerce son option et le prix de son
importation s'élèvera à DZD 79.752.867.
· L'Euro s'est
déprécié : 1 EUR = 75,1250 DZD. L'importateur
n'exerce pas son option et achète sur le marché comptant l'Euro.
Le prix de son importation en Dinar, en tenant compte de la prime versée
:
1.000.000 x 75,1250 + 2.322.867 = 77.447.867 DZD, montant
inférieur à celui calculé ci-dessus.
· Le cours de l'Euro est égal au prix
d'exercice : 1 EUR = 77,43 DZD. Il est indifférent d'exercer ou
non l'option. Le prix de son importation est de DZD 79.752.867.
L'importateur, en se couvrant par l'achat d'une option d'achat,
s'assure un coût maximal de la devise, mais peut bénéficier
d'une baisse éventuelle de la devise.
Exemple 2 : Couverture de change d'une
exportation par achat d'une option de vente La SNVI exporte le
1er février 2003 vers la Libye des camions et des bus pour un
montant de
EUR 1.500.000 . La marchandise est payable à six mois.
L'entreprise veut se couvrir contre une baisse de l'Euro par rapport au Dinar.
Le cours comptant est de 1 EUR = 82,8040 DZD.
La banque propose à la SNVI l'option de vente suivante
:
Prix d'exercice : 1 EUR = 82,8000 DZD ;
Échéance = juillet 2003 ;
Prime = 2,8 %.
Lors de l'achat de l'option, l'exportateur paie la prime d'un
montant : 1.500.000 x 0,028 = 42.000 EUR, soit 42.000 x 82,8040 = 3.477.768
DZD.
Ainsi, l'exportateur s'assure pour EUR 1.500.000 un montant
minimal de :
1.500.000 x 82,80 - 3.477.768 = 120.722.232 DZD.
A l'échéance, trois cas peuvent se
présenter :
· L'Euro s'est
déprécié : 1 EUR = 78,245 1 DZD. L'exportateur a
intérêt à exercer son
option et recevra donc DZD 120.722.232 pour ses exportations
;
· L'Euro s'est apprécié : 1
EUR = 89,3275 DZD. L'exportateur n'exerce pas son option. Il vend les Euros sur
le marché au comptant et reçoit :
1.500.000 x 89,3275 = 133.991.250 DZD.
Compte tenu de la prime versée, son revenu net
s'élève à :
133.991.250 - 3.477.768 = 130.513.482 DZD pour ses exportations
;
· Le cours de l'Euro est égal au prix
d'exercice : Il est indifférent d'exercer l'option ou pas.
L'exportateur, en se couvrant par l'achat d'une option de vente,
s'assure un coût minimal de la devise, mais peut bénéficier
d'une hausse éventuelle de la devise.
3. Les caractéristiques de
l'option
3.1. L'actif sous-jacent
L'actif sous-jacent est le produit servant de support à
l'option, pouvant être acheté ou vendu par le détenteur de
l'option qui exerce son droit.
Dans notre cas, l'actif sous-jacent est la devise.
3.2. Le sens de l'option
Pour un couple de devises donné devise X / devise Y, il
existe deux types d'options de change :
3.2.1. Les options d'achat
Le droit d'acheter une devise X s'appelle un call X.
L'acheteur d'un call acquiert le droit d'acheter à un
prix convenu. Le vendeur, par contre, s'engage à vendre à un prix
convenu.
3.2.2. Les options de vente
Le droit de vendre une devise X s'appelle un put X.
L'acheteur de put acquiert le droit de vendre à un prix
convenu alors que le vendeur s'engage à acheter à ce même
prix.
Comme l'achat ou la vente d'une devise X suppose une
contrepartie dans une devise Y, une option d'achat (de vente) d'une devise X
est en même temps une option de vente (d'achat) d'une devise Y.
3.3. Le prix d'exercice
Le prix d'exercice (également appelé strike) est
le cours auquel l'acheteur peut exercer son option. Il est
déterminé par les deux parties à la conclusion du
contrat.
Pour un prix d'exercice donné, l'option est dite :
· « dans la monnaie » ou « in the money
» lorsque le prix d'exercice de l'option est plus intéressant que
le prix du marché. L'acheteur à intérêt à
exercer l'option ;
· « à la monnaie » ou « at the money
» lorsque le prix d'exercice de l'option est égal au prix du
marché. L'acheteur est indifférent quant à l'exercice ou
non l'option ;
· « en dehors de la monnaie » ou « out of
the money » lorsque le prix d'exercice de l'option est moins
intéressant que le prix du marché. L'acheteur n'exerce pas
l'option.
3.4. La date d'exercice
La date d'exercice (appelée également la date
d'échéance, la date d'expiration ou encore la maturité)
est le dernier jour où l'acheteur peut exercer son option. De ce fait,
nous distinguons :
3.4.1. Les options européennes
Une option est dite européenne lorsque l'acheteur ne peut
l'exercer qu'à la date de l'échéance prévue dans le
contrat.
3.4.2. Les options américaines
Une option est dite américaine lorsque l'acheteur peut
l'exercer à tout moment pendant la durée de vie du contrat
jusqu'à la date d'échéance.
La prime d'une option américaine sera plus
élevée que celle d'une option européenne.
3.5. La prime
La prime (appelée également premium) est le
prix de l'option. Il s'agit de la somme que l'acheteur paye au vendeur à
la naissance du contrat (elle est payée d'avance). Elle reste acquise au
vendeur, qu'il y ait ou pas exercice de l'option par l'acheteur.
Elle peut être exprimée en pourcentage, de l'ordre
de 1 à 3 %, du montant nominal exprimé dans la devise primaire ou
en unités de devise secondaire.
La prime est déterminée par quatre variables
majeures :
· La volatilité du couple de devises ;
· La durée jusqu'à l'échéance
;
· Le prix d'exercice ;
· Le type de l'option (américaine ou
européenne).
4. Les déterminants du prix d'une option de
change
Le prix d'une option de change varie en fonction de ses
caractéristiques. Il dépend :
· De la comparaison des caractéristiques de l'option
(prix d'exercice, échéance et montant dans une certaine mesure)
avec les conditions de marché ;
· Des évolutions probables des conditions de
marché.
En effet, le prix d'une option ne dépend pas uniquement
du gain obtenu en décidant de l'exercer immédiatement, mais
aussi, de la probabilité que cette option devienne
bénéfique. De ce fait, la valeur d'une option se décompose
en deux éléments : la valeur intrinsèque et la valeur
temps.
Montant de la prime = Valeur intrinsèque + Valeur
temps
4.1. La valeur intrinsèque
La valeur intrinsèque correspond à la valeur
minimale de la prime ; elle correspond au gain immédiat, sans risque,
que ferait l'acheteur de l'option en faisant simultanément une
opération sur le marché des changes (le marché au comptant
ou le marché à terme).
La valeur intrinsèque n'est en fait que le reflet d'une
remarque de bon sens consistant à dire que, si un produit financier
offre plus d'avantage qu'un autre, son prix doit lui être
supérieur.
La valeur intrinsèque représente la
différence entre le prix d'exercice et le cours à terme, pour une
option européenne, et la différence entre le prix d'exercice et
le cours le plus avantageux des cours comptant ou à terme, pour une
option américaine. Lorsque cette différence est négative
la valeur intrinsèque est nulle.1
Le tableau suivant présente les différentes
valeurs intrinsèques selon les types d'options :
1 M.Debauvais & Y.Sinnah, La gestion globale du
risque de change, nouveaux enjeux et nouveaux risques, op. cit., P 264.
(Source : Elaboré par nous même)
4.2. La valeur temps
La valeur temps est la probabilité que l'option devienne
dans la monnaie. Elle est égale à la différence entre le
prix de l'option et sa valeur intrinsèque.
La valeur temps est essentiellement déterminée par
:
4.2.1. La durée du contrat optionnel
Si la durée de vie de l'option est plus
élevée, la probabilité que les cours futurs
évoluent favorablement augmente. Par conséquent, le montant de la
prime sera d'autant plus élevé.
Le lien entre la maturité et la prime de l'option est
positif. En fait, ceci est uniquement vérifié avec des options
américaines. Avec les options européennes, il n'y a pas de lien
automatique entre la maturité et le prix d'une option.1
4.2.2. Le positionnement du prix d'exercice
La valeur temps atteint son maximum quand l'option est «
à la monnaie » car l'incertitude, quant à son exercice, est
la plus grande. Le vendeur prend un risque élevé qu'il
n'acceptera qu'en contrepartie d'une prime élevée.
4.2.3. Les taux d'intérêt
Le vendeur de l'option constitue une encaisse de
précaution, il va donc placer dans une devise et emprunter dans l'autre.
Plus l'écart de taux lui est favorable, plus la protection est
économique et par conséquent la prime sera moins chère.
1 P. Fontaine, Gestion du risque de change, op. cit,
P 57.
Par un autre raisonnement, le lien est positif
(négatif) entre le prix d'une option d'achat (de vente) de devises et le
taux d'intérêt national, car l'acheteur d'une option d'achat prend
une position d'achat sans débourser réellement de l'argent. Ceci
lui évite d'emprunter de l'argent dans son pays et donc de payer des
intérêts. Or, plus le taux d'intérêt national est
élevé, plus cet avantage est conséquent et plus le prix de
l'option sera élevé.
En revanche, le lien est négatif (positif) entre le
prix d'une option d'achat (de vente) de devises et le taux
d'intérêt étranger, car l'acheteur d'une option d'achat
prend une position sur une devise étrangère qu'il ne
possède pas et donc ne peut pas placer. Il ne touchera pas les
intérêts liés à ce placement. Cette perte
d'opportunité sera d'autant plus grande que le taux
d'intérêt de la devise sera élevé et le prix de
l'option d'achat (de vente) sera plus faible (élevé). 1
4.2.4. La volatilité du couple de devises
La volatilité représente l'amplitude et la
fréquence des variations du cours de change autour de la moyenne, au
cours d'une période d'observation donnée. C'est une donnée
de base pour décider de l'opportunité de la couverture.
Plus la volatilité est élevée, plus les
chances de voir monter ou baisser le cours de la devise sous-jacente sont
importantes ce qui implique que les pertes et les gains potentiels sont plus
élevés. Cependant, la détention d'une option permet de
limiter les pertes au montant de la prime alors que les gains potentiels sont
illimités. Ainsi, plus la devise est volatile, plus les
détenteurs d'options à titre spéculatif ou de couverture
seront prêts à payer cher cette option.
Le lien est donc positif entre la volatilité et la prime
de l'option, et il est identique que ce soit une option d'achat ou de vente.
5. Les stratégies de couverture
optionnelle
5.1. Les stratégies de base
1 Op. cit., P 56-57.
L'entreprise cherchant à couvrir un risque de change
(à la hausse ou à la baisse) doit recourir à l'achat
d'option (respectivement call ou put). Seul certains cas bien précis,
rentabilisation d'une position de change librement acceptée ou
spéculation sur la valeur temps de l'option, peuvent inciter un agent
économique recherchant une couverture à choisir l'ouverture d'une
position vendeur.
Il existe quatre stratégies de base :
5.1.1. L'achat d'un call
L'achat d'un call permet de se couvrir contre le risque de la
hausse d'une devise par rapport à une autre, tout en
bénéficiant de la baisse.
En effet, l'option call permet à l'acheteur de payer
la devise à un prix maximum, égal au prix d'exercice
augmenté du montant de la prime et ce quelle que soit la hausse, ce qui
lui permet de réaliser un profit illimité proportionnel à
la hausse de la devise. Dans le cas contraire (baisse de la devise), Elle lui
permet de limiter la perte au montant de la prime (schéma1
2)1.
Schéma 12 : Achat d'un call
(Source :
www.salledem.fr)
5.1.2. L'achat d'un put
L'achat d'un put permet de se couvrir contre le risque de la
baisse d'une devise par rapport à une autre, tout en
bénéficiant de la hausse.
En effet, l'option put permet à l'acheteur de vendre
la devise à un prix minimum, égal au prix d'exercice
diminué du montant de la prime et ce quelle que soit la baisse, ce qui
lui permet de réaliser un profit illimité proportionnel à
la baisse de la devise. Dans le cas contraire (hausse de la devise), elle lui
permet de limiter la perte au montant de la prime (schéma 13).
1 Le point mort (sur le schéma) correspond au
cours pour lequel l'acheteur de l'option ne fait ni gain ni perte compte tenu
de la prime payée.
Schéma 13 : Achat d'un put
(Source :
www.salledem.fr)
5.1.3. La vente d'un call
La vente d'un call permet de vendre une devise à un prix
maximum égal au prix d'exercice
augmenté de la prime.
Le vendeur d'un call a un profit inverse à celui de
l'acheteur du call. Il est dans l'obligation de se soumettre à la
décision de l'acheteur, ce qui fait que les gains sont limités
à la prime reçue alors que les pertes sont illimitées.
5.1.4. La vente d'un put
La vente d'un put permet au vendeur d'acheter une devise
à un prix minimum égal au prix d'exercice diminué de la
prime qu'il a reçue.
Le vendeur d'un put a un profit inverse à celui de
l'acheteur du put. Il est dans l'obligation de se soumettre à la
décision de l'acheteur, ce qui fait que les gains sont limités
à la prime reçue alors que les pertes sont illimitées.
5.2. Les stratégies sur la volatilité
Les stratégies sur volatilités reposent sur les
anticipations de volatilité future des cours de change. Les utilisateurs
de ces stratégies visent à tirer profit sur la stabilité
ou l'instabilité du marché sans chercher à connaître
la tendance.
5.2.1. Les straddles
Un straddle consiste en l'achat (ou la vente) simultané
d'un call et d'un put au même prix d'exercice.
L'acheteur de straddle anticipe une forte variation de cours
indépendamment du sens de celle- ci. Cette variation doit être
suffisamment importante pour lui permettre le paiement des deux primes et si
possible l'exercice d'une des options. Ainsi, la perte est limitée
à la somme des deux primes et le gain est illimité
(schéma14).
Schéma 14 : Achat d'un
straddle
(Source :
www.salledem.fr)
A contrario, le vendeur de straddle table sur une
stabilité du cours de change autour du prix d'exercice afin de lui
permettre de conserver au moins une partie des primes touchées
initialement. Ainsi, son gain est limité aux deux primes et la perte est
illimitée.
5.2.2. Les strangles
Un strangle consiste en l'achat (ou la vente)
simultanée d'un call et d'un put mais à des prix d'exercice
différents. De plus, ces prix seront en dehors de la monnaie afin de
minimiser le montant des primes à payer.
L'acheteur de strangle anticipe une très forte
volatilité de cours. Cette variation doit être suffisamment
importante pour lui permettre le paiement des deux primes et si possible
l'exercice d'une des options. Ainsi, la perte est limitée à la
somme des deux primes et le gain est illimité (schéma15).
Schéma 15 : Achat d'un
strangle
(Source :
www.salledem.fr)
A contrario, le vendeur de strangle table sur une
stabilité des cours de change au tour des deux prix d'exercice afin de
lui permettre de conserver au moins une partie des primes touchées
initialement. Ainsi son gain est limité aux deux primes et la perte est
illimitée mais à risque réduit.
5.3. Les stratégies sur le prix
Les stratégies sur le prix supposent, par
définition, une anticipation de l'évolution du prix du
sous-jacent.
On distingue les « termes synthétiques »
appelés également « collar » qui consistent en l'achat
d'une option call ou put et la vente d'une option de sens contraire, de
même échéance et prix d'exercice (schéma 16).
Schéma 16 : Collar
(Source :
www.salledem.fr)
5.4. Les stratégies de minimisation du
coût de l'option
Les stratégies de minimisation des coûts
permettent de surmonter l'obstacle que constitue la prime pour l'utilisation
des options. En effet, elles permettent de profiter des variations favorables
du marché sans aucun coût initial. Mais en contrepartie de cette
opportunité de gain, un niveau de perte potentielle doit être
accepté.
5.4.1. L'option à prime zéro
Le principe de l'option à prime zéro est de
proposer une couverture entre deux limites sans paiement de prime. Cette
stratégie combine l'achat et la vente de deux options
européennes, de sens contraires, en dehors de la monnaie de primes
égales. L'achat de l'une est financé par la prime perçue
pour la vente de l'autre.1
5.4.2. L'option à prime faible
Le principe de l'option à prime faible dérive
du concept de `prime zéro'. L'acheteur de la stratégie choisit de
modifier une des deux bornes, dans un sens qui lui soit favorable, contre le
paiement d'un certain montant de prime.
Dans l'exemple de la couverture d'une position longue,
l'exportateur peut décider de relever, soit la borne basse pour se
protéger à un niveau plus élevé, soit la borne
haute pour profiter davantage d'un mouvement à la hausse de la devise
sous-jacente.
5.5. Les options de seconde génération
Les options de seconde génération (exotiques)
sont de nouveaux produits apparus sur les marchés afin de palier aux
inconvénients des options standards et de satisfaire les exigences des
clients quant à la prime, la spécificité et la
complexité des besoins de couverture.
Les options exotiques sont négociées sur les
marchés de gré à gré. Ce sont des produits sur
mesure, adaptés par les ingénieurs financiers et qui ne se
limitent qu'à leurs imaginations.
5.5.1. L'option à barrière simple
L'option à barrière simple fonctionne comme une
option classique mais son contrat précise un niveau de cours
prédéterminé qui, s'il est atteint, active ou
désactive l'option. Si l'option est américaine, son
dépassement (à la hausse ou à la baisse) est
observé depuis la création de l'option jusqu'à sa
maturité.
Il existe deux types d'options à barrières :
1 P. Gillot & D. Pion, Le nouveau cambisme, op.
cit., P 107.
· Les options à barrières
activantes (knock-in ou lightable option) : L'acheteur de cette option
ne possède rien tant que le cours de la devise sous-jacente n'a pas
touché la barrière ; dès que cette dernière est
atteinte, il se trouve détenteur d'une option classique.
· Les options à barrières
désactivantes (knock-out ou extinguishable option) :
Inversement, l'acheteur possède une option classique tant que le cours
de la devise sous-jacente n'a pas touché la barrière.
5.5.2. L'option à double barrière
Une option à double barrière s'active
(apparaît) ou se désactive (disparaît) si le cours de la
devise sous-jacente franchit les bornes d'un tunnel fixe
déterminé dès l'origine de l'opération. Comme pour
les options à barrière simple, on distingue les options à
doubles barrières activantes et les options à doubles
barrières désactivantes.
5.5.3. L'option sur moyenne
L'option sur moyenne (option asiatique) est une option dont
le prix d'exercice est le cours moyen de la devise pendant la durée de
vie de l'option «option average strike» ; ou dont le prix d'exercice
est, à l'échéance, comparé à la moyenne des
cours de la devise.
Le détenteur d'une option sur moyenne ne subit pas de
mouvement brutal du cours de la devise à l'approche de
l'échéance et s'assure ainsi une protection contre un accident de
marché.
5.5.4. L'option lookback
L'option lookback a la particularité d'être
dépendante du chemin parcouru par la devise sous- jacente. Ainsi, elle
procure à son détenteur le niveau le plus favorable atteint par
le cours de la devise sur une période de temps définie au
départ. Il existe deux types d'options lookback : les lookback simples,
qui procurent à l'acheteur la différence entre un prix d'exercice
fixé à l'origine et le cours extrême du marché
observé sur la durée de vie de l'option (le plus haut pour un
call, le plus bas pour un put) ; par ailleurs, les lookback strike donnent le
droit à l'acheteur d'acheter (call) ou de vendre (put) la devise
sous-jacente à son prix extrême observé sur la durée
de vie de l'option.
5.5.5. L'option à prime contingente
L'option à prime contingente (contingent premium) est
une option pour laquelle l'acheteur ne paie pas de prime lors de son achat. A
l'échéance de l'option, si celle-ci se termine hors de la
monnaie, elle n'est pas exercée et l'acheteur n'aura donc pas à
payer la prime. Si elle se termine dans la monnaie, elle est automatiquement
exercée et l'acheteur doit acquitter une prime supérieure
à celle d'une option classique équivalente. Ce type d'option
correspond à une «assurance catastrophe» pour un
opérateur souhaitant se couvrir sans coût en cas de non
exercice.
5.5.6. L'option corridor
L'option corridor (range option) procure à son
détenteur un revenu qui dépend du nombre de jours durant lesquels
le cours de la devise sous-jacente demeure compris dans un intervalle
déterminé. Ce revenu est calculé en multipliant un montant
fixe par le nombre de jours pendant lesquels la devise est située dans
un intervalle de cours appelé corridor.
5.5.7. L'option cri
L'option cri (shout option) permet à son détenteur
de changer le sens (call ou put) à n'importe quel moment de la vie de
l'option.
5.5.8. L'option sur panier
L'option sur panier (basket option) est
caractérisée par son sous-jacent qui est un panier de plusieurs
devises équipondérées ou non.
5.5.9. L'option sur option
L'option sur option (compound option) est une option dont le
sous-jacent est une autre option, elle confère à son
détenteur le droit d'acheter ou de vendre des options dont les
caractéristiques ont été fixées au
préalable. Cette option ne sera exercée que si la valeur de
l'option sous-jacente est supérieure au premier prix d'exercice, aussi,
l'échéance de l'option mère doit être plus courte
que celle de l'option fille.
On distingue le call sur call, le call sur put, le put sur call
et le put sur put.
6. Le cadre d'utilisation des options
L'option de change représente un instrument de
couverture du risque de change certain (créances ou dettes commerciales,
emprunts ou prêts ou bien actifs financiers). Elle constitue une solution
particulièrement bien adaptée aux situations où le risque
est incertain1 :
· Les appels d'offres internationaux ;
· Les ventes sur catalogues (dans lesquels les prix sont
libellés en devise) ;
· La cession d'actifs sur devises, en particulier la vente
de participations dont la réalisation effective est incertaine.
7. Les avantages et les inconvénients des
options de change
La couverture optionnelle présente des avantages et des
inconvénients :
Les avantages de la couverture optionnelle :
· Garantit à l'acheteur de l'option un cours maximum
d'achat (ou un cours minimum de vente) ;
· Souplesse d'utilisation (prix d'exercice,
échéance) ;
· Permet de couvrir des positions de change conditionnelles
(risques aléatoires) ;
· Permet à l'acheteur de profiter d'une
évolution favorable des cours ;
· Outil de gestion dynamique du risque de change : la
revente de l'option est possible ;
· Instrument de hors bilan (seule la prime est
échangée lors de la conclusion du contrat).
Les inconvénients de la couverture optionnelle
:
· Coût instantané de la prime en terme de
trésorerie ;
· Le montant de la prime versée peut se
révéler très élevé. Il constitue une
véritable charge financière ;
· Echéance de l'option généralement
inférieure à 1 an ;
· Ce type de contrat nécessite une gestion continue
par un professionnel ;
· L'utilisation des options n'a d'intérêt que
pour des opérations en devises portant sur des montants importants.
1 M. Debauvais & Y. Sinnah, La gestion globale du
risque de change, nouveaux enjeux et nouveaux risques, op. cit., P 284.
Dans ce chapitre, nous avons fait le tour des nouveaux
instruments de couverture du risque de change dont le succès a
favorisé l'éclosion de nouvelles stratégies de gestion. En
effet, les produits dérivés, par leurs caractéristiques
souples de fonctionnement, ont atteint les objectifs escomptés et ont en
conséquence été à la hauteur des attentes.
Après avoir présenté le marché de
change, le risque de change et les instruments de couverture contre le risque
de change dans les précédents chapitres, nous allons traiter dans
ce chapitre le risque de change et sa couverture en Algérie.
Pour cela nous avons structuré ce chapitre en quatre
sections :
La première section sera consacrée à
l'évolution du régime de change pour aboutir au marché des
changes. Dans la deuxième section, nous présenterons une
entreprise qui a subi des pertes de change, chose que nous tenterons de
généraliser aux autres entreprises au travers d'un questionnaire
dans la troisième section. Dans la dernière section, nous
essayerons de démontrer la possibilité du change à terme
en Algérie compte tenu du cadre réglementaire actuel.