Section 2 : Analyse critique
Depuis son lancement, le 28 septembre 2007, d'après les
sondages. Si les effets positifs des mesures du « Grenelle de
l'environnement »sont attendus par près des deux-tiers des
Français en matière d'environnement sur la lutte contre le
gaspillage des ressources naturelles, la qualité de l'air ou la lutte
contre le changement climatique et de santé, ceux-ci se montrent en
revanche plus circonspects quant à l'impact économique, seuls un
tiers attendent des effets
positifs concernant la compétitivité des
entreprises et la croissance économique et le lien avec
l'évolution future de leur pouvoir d'achat n'est pas forcément
encore bien clair.
Les Français se sont véritablement
impliqués et mobilisés autour de cette question mais cette
implication revêt différentes formes.
Notamment en ce qui concerne l'analyse critique sur les
méthodes de travail, le flou dans l'organisation et le calendrier qui
n'ont pas permis de travailler de manière efficace pour certains et la
réjouissance pour d'autres qui pensent que le grenelle marque le
début d'un mouvement pour réorienter les politiques publiques,
pour garantir la priorité de la protection de la planète sur le
gaspillage illimité, pour préférer la
responsabilité à l'aveuglement.
I. EN DEFAVEUR DU GRENELLE
La croissance des modes de transport qui ont des impacts forts
sur l'environnement est particulièrement problématique. C'est
d'abord le cas des transports routiers, mais également celui des
transports aériens dont les trafics sont encore faibles, mais dont les
impacts unitaires sont très élevés et la croissance
très rapide ensuite dans le secteur agricole.
Dans certaines réflexions, on note des remarques sur le
transport, la synthèse ne laissant apparaître aucune mesure
concrète qui pourrait favoriser un report rapide vers les modes de
transports les plus pertinents au plan socio-économique et
environnemental (le rail, le fluvial).
Le secteur du transport est responsable d'une part
significative de la croissance des gaz à effet de serre en France depuis
1990.
L'objectif des mesures est de baisser de 20% les
émissions dans les 12 ans avec les taxes et la suppression à
terme des trajets routiers longue distance (>500km) surtout les camions en
transit, en particulier le trafic international. Cela va entrainer une
dégradation du transport routier avec l'hausse du gazole : l'Union
nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles
demande "la réduction de la fiscalité" sur le gazole mais aussi
les autoroutes, la taxe professionnelle, la TIPP (taxe intérieure sur
les produits pétroliers) et la future écotaxe (taxe sur les poids
lourds décidée lors du Grenelle de l'environnement) avec de
menace d'action dure et nationale de grève.
![](Limpact-des-mesures-fiscales-pour-lutter-contre-le-rechauffement-climatique39.png)
Avec cette tarification efficace des nuisances liées au
transport, nous seront en présence d'un tissu industriel autour des
grandes villes avec comme impact un grand trou du couche d'ozone favorisant le
réchauffement climatique.
Victime du TGV, l'aéroport de Strasbourg-Entzheim,
à court de pistes, peine à trouver des solutions à la
crise.
En effet, l'aéroport de Strasbourg va mal. Son trafic
passager est en chute libre : 1,7 million de passagers en 2007 contre 2,1
millions l'année précédente, soit une baisse de 14,8 % en
un an. La Chambre de commerce et d'industrie du Bas-Rhin (CCI), gestionnaire de
l'aéroport, prévoit 1,6 million de passagers pour 2008, mais ce
chiffre pourrait tomber sous le seuil de rentabilité de
l'aéroport estimé à 1,5 million. L'arrivée du TGV
est directement responsable de cette chute. Air France, plus gros client de
l'aéroport, a enregistré en 2007 une baisse du nombre de ses
passagers vers Paris de 45%, chiffre supérieur aux prévisions de
la CCI qui tablait sur une chute de 40%. Avec la deuxième phase du TGV
Est et l'ouverture de la ligne TGV Rhin-Rhône en 2011, Air France
pourrait supprimer à terme ses lignes sur Lyon et Orly.
D'où une baisse de productivité en terme
économique, contribuant au revenu du pays.
L'annonce de la SNCF de la fermeture de 262 gares de fret en
France est totalement contradictoire avec les objectifs de développement
durable affichés par l'Etat, principal actionnaire de la SNCF.
La moyenne des émissions du parc automobile
français est de 176g de CO2/ km, l'objectif fixé par le grenelle
est de passer de 176 à 130g à l'horizon 2020.
Nous savons que si l'industrie automobile conçoit des
voitures rejetant plus de 200 g/km de CO2 (les 4x4), c'est dû
quelque part à une demande. Le consommateur n'est pas au bout de la
chaîne comme l'affirme certains : dans notre société de
consommation soumis à la concurrence, c'est lui qui décide. C'est
lui le véritable patron.
Si les consommateurs n'achetaient plus des voitures polluant
au delà de 140 g/km de CO2, nous voyons mal les constructeurs
continuant à fabriquer des voitures ne trouvant plus preneur. Même
si certains constructeurs veulent obliger les acheteurs à prendre des
voitures qu'ils ne veulent pas, d'autres n'hésiterons pas à
proposer des voitures plus proche de la demande pour gagner des parts de
marché.
![](Limpact-des-mesures-fiscales-pour-lutter-contre-le-rechauffement-climatique40.png)
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On note bien sûre des recherches, mais il est peu
probable que ces véhicules soient un jour à la porté de
n'importe qui. Les solutions les plus prometteuses sont les biocarburants. Mais
la production de biocarburant n'assurera jamais la consommation du parc
automobile d'aujourd'hui.
Dans le domaine de l'agriculture, la faiblesse des
propositions concernant une réduction significative des intrants
(engrais, pesticides.) ne permet pas de changer les pratiques négatives
du système productiviste.
Le prélèvement d'une taxe sur les engrais
conduit à une hausse des prix de la nourriture pour les
consommateurs.
Le grenelle n'a pas tenu compte des problèmes
alimentaires avec la diminution de la production
céréalière destinée à l'exportation vers les
pays en développement.
Le bilan énergétique des « agro -carburants
», lourdement subventionnés, est en général
médiocre. Les prix des céréales explosent, mettant en
péril la ration alimentaire des plus pauvres.
Une taxe sur les engrais est une taxe imposée aux
agriculteurs ; au bout du compte, une telle taxe aurait pour seul effet de
chasser encore plus d'agriculteurs des terres et d'envoyer une plus grande
partie de la production alimentaire à l'étranger.
L'utilisation des OGM montre des limites car les plantes OGM
contaminent les cultures traditionnelles et biologiques. Alors que les
consommateurs restent massivement opposés aux cultures OGM en plein
champ, 20 000 hectares de maïs transgénique ont été
semés cette année dans notre pays, qui reste en infraction avec
la réglementation européenne.
La France est le 3e utilisateur mondial de pesticides, dont la
toxicité est chaque jour plus certaine. Présents dans la
chaîne alimentaire, dans les eaux de surface, dans les nappes
souterraines, les pesticides menacent gravement notre santé cancers,
maladies neurologiques.../.
Economiquement parlant, les Français sont encore plus
sceptiques quant aux retombées des mesures du Grenelle sur leur pouvoir
d'achat : 21% d'entre eux n'ont pas d'opinion sur la question et 25% ne
pronostiquent aucun effet ; seuls 16% attendent des retombées positives,
alors que 38% pronostiquent des effets négatifs, ce qui n'est pas pour
surprendre dans un contexte fortement marqué par cette
thématique.
![](Limpact-des-mesures-fiscales-pour-lutter-contre-le-rechauffement-climatique41.png)
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