REPUBLIQUE FRANCAISE
Liberté - Egalité - Fraternité
Année académique 2007-2008
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Ministère de l'Enseignement Supérieur et de
la Recherche
******
Université Nancy II
ECONOMIE APPLIQUEE
THEME
L'IMPACT DES MESURES FISCALES
POUR LUTTER CONTRE LE
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
PRESENTE PAR :
Mr Massal DIOP
Mr Papa Yerim DIEYE Mlle Awa SAMB
|
SOUS LA DIRECTION DE :
Mme Sandrine
SPAETER- LOEHRER
Professeur agrégée des
universités, Faculté de droit, d'économie et
de gestion, Université Nancy 2.
|
INTRODUCTION GENERALE
1
Depuis le XXème siècle, on observe un
réchauffement du climat : le réchauffement climatique, aussi
appelé réchauffement planétaire désigne le
phénomène d'augmentation, à l'échelle de notre
planète sur plusieurs années, de la température moyenne
des océans et de l'atmosphère.
Le changement climatique est un défi majeur pour
l'humanité.
Pour contrôler le réchauffement climatique,
plusieurs mesures ont été adopté ou mise en place comme
les mesures fiscales et le marché des permis négociables entre
autre.
Nous avons aussi la signature du protocole de Kyoto, en 1998
par la communauté européenne, qui est un engagement à la
réduction de 8 % des gaz à effet de serre (GES) par rapport au
niveau de 1990 pour la période 2008-2012.
La prise de conscience mondiale de la gravité du
réchauffement climatique a conduit des pays comme la France à
organiser des débats et démarches dans le souci de trouver les
meilleurs instruments nécessaires à la lutte contre ce
fléau.
Ainsi le « grenelle de l'environnement
» a été mis en place pour regrouper tous les
acteurs économiques à des secteurs différents afin de
trouver des solutions efficientes et la mobilisation de la
société française pour inscrire son développement
dans une perspective durable.
Dans le souci d'élargir ces démarches sur le
plan international, d'autres acteurs très influents sur le plan
politique comme Al gore (ex-vice président des USA et
devenu une figure de proue de la lutte contre le réchauffement
climatique) ont été associé à cette initiative.
A part les mesures fiscales et les permis négociables qui
ont été mis en place, d'autres auteurs comme
Roberts et Spence ont proposé des
mesures qui sont en phase d'étude pour l'avenir.
CHAPITRE 1 : CHANGEMENT CLIMATIQUE : PHENOMENE DU
20e SIECLE
SECTION 1 : Analyse des origines et conséquences
du changement climatique
I. LES CAUSES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Les premières interrogations concernant les changements
climatiques datent dés la fin du 1 9e siècle, quand le chimiste
et prix Nobel Suédois Svante Arrhenius met à jour la notion
d'effet de serre, selon lui le gaz carbonique CO2 (dioxyde de carbone) qui se
trouve dans l'atmosphère agit de la même façon que les
parois vitrées d'un serre.
Arrhenius nous annonce que l'utilisation massive et
répétée de combustibles fossiles à base de carbone
va engendrer une augmentation de la température de la terre
supérieure à la normale et cela va dérégler
considérablement le climat.
Le dioxyde de carbone contrôle le climat de la terre et
que l'utilisation dans les processus de production des énergies fossiles
conduit à une importante concentration dans l'atmosphère de CO2
entrainant un réchauffement climatique.
Ainsi, la concentration de CO2 dans l'atmosphère est
passée de 275ppm (partie par million) à la fin du 19e
siècle à 311ppm (partie par million) en 1957. La majeure partie
de cette hausse s'est produite pendant deux périodes différents
et à un rythme de 0,15 degré par décennie : d'une part de
1910 à 1945 période correspondant aux deux guerres mondiales et
à la reconstruction que cela a engendrée par la suite et d'autres
part depuis 1976.
§1) Un changement climatique étroitement
lié aux activités humaines
Dans l'atmosphère, on observe une concentration de gaz
à effet de serre(GES), cette concentration augmente depuis le 1
9ème siècle, et avec une vitesse de plus en plus
forte. Ce phénomène est dû à certaines
activités telles que :
3
y' L'utilisation massive de combustibles fossiles telles que
le charbon, les produits pétroliers, le gaz naturel : des
quantités considérables de dioxyde de carbone ont
été rejetées en quelques dizaines d'années,
provenant de carbone longuement accumulé dans le sous-sol depuis
l'ère primaire, avec donc comme principale conséquence le
réchauffement climatique.
y' La déforestation : une forêt est dite mature
lorsqu'elle se présente comme un réservoir important de carbone.
Mais avec la déforestation qui prend de plus en plus d'ampleur, au
profit de culture de pâturage (culture emmagasinant une quantité
moindre de matière organique), les forets sont de moins en moins matures
ce qui se traduit par une augmentation du rejet de CO2 dans
l'atmosphère. De ce fait les jeunes arbres ne peuvent plus absorber
autant de carbone du fait de la diminution des arbres.
y' L'utilisation des CFC (chlorofluorocarbones) dans le
secteur de la climatisation (pourtant réglementée par le
protocole de Montréal) engendre d'importants rejets dans
l'atmosphère car leur durée de vie y est longue.
§2) Un changement climatique hérité
de la révolution industrielle
La révolution industrielle a été synonyme
de mécanisation, et donc d'utilisation massive d'énergies
fossiles-charbon, pétrole, gaz naturel, qui ont constitué les
principaux leviers du développement économique mondial. Cette
utilisation a provoqué une concentration importante de dioxyde de
carbone dans l'atmosphère, qui actuellement est de 35% supérieur
aux niveaux atteints avant la révolution industrielle. Ce CO2 est
considéré comme la conséquence inévitable d'une
utilisation massive d'énergies fossiles qui se trouve être
à l'origine du réchauffement climatique déjà
perceptible depuis le début du 20ème siècle. En
effet la planète se serait réchauffée d'environ
1°C.
Avec tous ces éléments qui favorisent le
réchauffement climatique, on se heurte à une dégradation
de l'environnement
Cette dégradation de l'environnement s'explique par
trois principaux aspects, dont l'importance respective varie selon les pays.
Ces trois facteurs sont la population(P), le niveau individuel moyen de
consommation(A) et la nature de la technologie(T). Le rôle de ces trois
facteurs est résumé par Ehrlich(1981) par l'équation
impact I= PAT
· L'environnement dans les pays en
développement :
5
Pour les pays en développement, le facteur P est
primordial par rapport aux deux autres facteurs qui sont plus perceptibles dans
les pays industrialisés. Avec une population de plus en plus
grandissante, il y a une poussée croissante de l'exploitation des
ressources ou l'occupation de la surface ce qui augmente
considérablement l'émission des déchets.
Pour l'année 2003 on note plus de 6 milliards
d'individus dans le monde et d'ici la fin de ce siècle la population
mondiale passera à 10 milliards selon des estimations et la majeure
partie de cette hausse se fera dans les pays les moins
développés.
Cette hausse de la population dans les pays en
développement(PED) entraine qu'on aura des besoins en alimentation de
plus en plus importantes de même que des besoins en chauffage ce qui
entraine une déforestation de plus en plus importante.
Avant la révolution agricole la superficie de la
forêt était de 6 milliards hectares à la surface de la
terre mais en 2003 elle n'occupe que 4 milliards d'hectares et la plupart de
cette baisse a lieu durant le dernier demi siècle.
Cette déforestation répond à une demande
de plus en plus importante de nouvelles terres cultivables ainsi qu'à
une demande grandissante de bois de chauffage qui constitue l'essentielle en
ressources énergétiques pour la majeur partie de la population
mondiale.
· L'environnement dans les pays
industrialisés :
Comme ce qui a été dit précédemment
le changement climatique est causé par d'autres facteurs outre que la
croissance de la population.
En effet, une grande proportion des dommages environnementaux
et principalement ceux concernant la Terre comme l'effet de serre et la
diminution de l'épaisseur de la couche d'ozone, en plus de la
surexploitation des ressources naturelles épuisables (pétrole,
charbon, gaz ...) ou renouvelables (forêts, poissons...) sont les
principales conséquences des comportements de consommation et de
production des pays industrialisés.
En effet, ces pays, bien que représentant moins de 30%
de la population mondiale, consomment l'essentiel des ressources
environnementales. Ces pays sont à l'origine d'environ 70% des
émissions de CO2 et une bonne partie des CFC.
En revanche, la révolution technologique joue aussi un
rôle important dans l'augmentation de la pollution de l'environnement,
avec les nouvelles technologies de production qui se substituent aux anciens
procédés.
Par exemple, le savon en poudre est remplacé par les
détergents synthétiques, et les fibres naturelles telles que le
coton ou la laine qui laissent de plus en plus la place à la
synthétique qui se trouve être des procédés
très polluants. A la vue de tous ces exemples, on peut noter que ce sont
les techniques de productions qui ont connu de grandes mutations à
travers les nouvelles méthodes mises en oeuvre.
En somme, on peut dire que les pays du Nord ont une
consommation démesurée des ressources environnementales extraites
à une cadence très importante dans les pays PED (le Sud).
II. LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES ACTUELLES ET FUTURES
Le changement climatique constitue le problème capital
auquel devront faire face nos économies dans les années à
venir. En effet, ces conséquences actuelles, très importantes en
termes de pertes économiques et humaines, montrent que si rien n'est
fait pour stopper voir même réduire les émissions de GES
dans les années à venir, on pourrait assister à la
faillite de nos systèmes économies et à la recrudescence
des catastrophes naturelles.
§1) Le Secteur Financier Face aux Conséquences
du Changement Climatique
Le secteur financier dans son ensemble est d'accord pour dire
que les pertes causées par les catastrophes naturelles depuis ces 15
dernières années ont représenté mille milliards de
dollars et dans l'avenir ces pertes constitueront chaque année 150
milliards de dollars d'ici 10 ans.
La fréquence des catastrophes naturelles telles que les
inondations en Europe, les feux de forêts aux Etats-Unis ou
l'accroissement de 0,3 à 0,6 degrés plus une augmentation de la
fréquence des évènements extrêmes comme le
phénomène El Nino, constituent des conséquences du
réchauffement climatique.
Le PNUE (Programme des Nations-Unis pour l'Environnement) en
partenariat avec beaucoup de banques et compagnies d'assurances et
d'investissement affirment que si la fréquence, l'intensité et la
durée des phénomènes extrêmes continuent à ce
rythme cette situation pourrait causer la faillite des marchés boursiers
et financiers dans le monde.
7
La répétition et l'intensité des
phénomènes climatiques agressives reliées à des
coûts sociaux énormes associés à une conjoncture
sociale incertaine peuvent contribuer à accroitre
considérablement la crainte des assureurs, réassureurs et
établissements financiers au point de diminuer considérablement
leur rentabilité et même de les conduire à la faillite a
indiqué le rapport « Climate change and the financial services
industry ».
Le secteur immobilier avec les prêts à long terme
consentis aux particuliers pour l'acquisition de leurs habitations pourrait
devenir extrêmement fragile face aux phénomènes climatiques
extrêmes. Les personnes qui sont propriétaires de leur
résidence principale ou secondaire de même que les investisseurs
immobiliers se retrouveront sans couverture car les assureurs auront
résilié leur contrat d'assurance ou bien recevront un court
préavis avant une rupture de leur contrat d'assurance habitation.
D'après ce même rapport, les administrateurs
d'actifs, particulièrement les caisses de retraites qui tardent à
s'apercevoir des effets négatifs du changement climatique, risquent de
voir se déprécier leurs investissements consentis dans les
entreprises énergétiques car ces dernières produisent de
grandes quantités de carbone ce qui suscitera des craintes de la part
des investisseurs car les risques qui y sont liés sont
énormes.
Cependant, il existe des opportunités pour les services
financiers de participer à la réduction d'émission de gaz
à effet de serre.
Ainsi, le secteur financier au vu des énormes
portefeuilles d'actifs qu'il gère pourrait en s'associant exercer une
influence considérable sur l'évolution économique actuelle
et future de même que sur les émissions internationales de gaz
à effet de serre dans son propre intérêt et celui de
l'humanité toute entière.
Cependant, une étude sur les institutions
financières les plus influentes révèle que bon nombre
d'acteurs financiers prennent à la légère le
phénomène du réchauffement climatique ou choisissent de
suivre une politique de réserve et d'inaction.
Cette situation découle des désaccords issus du
protocole de Kyoto (qui est un accord international mis en place pour lutter
contre le réchauffement climatique) auxquels s'ajoutent les
problèmes d'asymétries d'informations sur les émissions de
gaz à effet de serre ainsi que d'un protocole d'accord signé par
tous les pays concernés par le réchauffement de la terre ainsi
que d'une réglementation sur les permis d'émissions.
Seule une minorité d'entreprises prennent à bras
le corps ce problème et certains assureurs supportent des à
présent les effets économiques car la proportion de catastrophes
d'origine climatique augmente considérablement.
Le directeur exécutif du PNUE a déclaré
que ce rapport constitue un appel à l'aide qui est destiné
à la communauté financière du monde, il met en exergue les
conséquences économiques du réchauffement climatique
provoqué du fait de l'action de l'homme ; il affirme que le secteur
industriel peut faire quelques choses avec les outils et les dispositifs mis en
oeuvre par le protocole de Kyoto et en plus en réfléchissant sur
ses propres remèdes.
Le secteur financier de même que ces institutions avec
le poids considérable qu'il représente peut pousser les
marchés à adopter des politiques qui créent un
environnement plus sain, plus pur et moins fragiles dans l'intérêt
de tous.
Quelques propositions :
Le rapport préconise d'inciter les assureurs à
prendre en considération dans les contrats d'assurances les dommages
liés aux phénomènes climatiques et à mettre en
place des accords publics, privés dans les activités à
hauts risques pour se protéger des dommages environnementaux.
Les institutions financières et les
établissements de crédits doivent évaluer le coût
des dommages liés au changement climatique et les répercuter dans
les polices d'assurances et favoriser l'utilisation des énergies
propres.
Les organismes de gestion d'actifs comme les caisses de
pensions doivent demander aux entreprises qu'elles financent de meilleures
garanties concernant leurs rejets de carbone et leurs capacités
d'émission de gaz à effet de serre.
Les analystes financiers et autres experts financiers doivent
mieux conseiller leurs clients classiques à mieux appréhender les
risques liés au changement climatique. Le domaine lié aux permis
d'émissions de gaz à effet de serre doit être
réglementé.
Les pouvoirs publics doivent adopter des politiques strictes
afin de fixer à un niveau acceptable les émissions de gaz
à effet de serre.
Les gouvernements doivent mettre en place des mesures
rigoureuses pour diminuer les émissions et encourager l'utilisation
d'énergies propres. Et ces autorités doivent être en
étroite relation avec les organismes de gestions des marchés
boursiers afin de mieux maîtriser les conséquences du changement
climatique pour les sociétés cotées en bourse.
Au final ce rapport préconise que des efforts soient
faits pour que le secteur financier développe de nouveaux instruments
afin de mieux conseiller les investisseurs à mettre des clauses pour
protéger l'environnement.
§2) Le Secteur Agricole Face aux
Conséquences du Changement Climatique
Les changements climatiques entraîneraient une baisse de
la production agricole et de la sécurité alimentaire et cette
situation se fera par le biais d'une montée des eaux qui diminuerai
l'étendu des zones côtières cultivables.
Les températures faibles seraient
bénéfiques à certaines cultures dans les zones
tempérées. Par contre, elles défavoriseraient les zones
climatiques situées dans les basses latitudes. Par ailleurs, des
températures élevées seraient néfastes pour
beaucoup d'autres cultures.
Les systèmes agricoles universels devront faire face
à ces grands défis que sont l'augmentation des
températures, des précipitations et des dommages subits par la
qualité des sols. Si le monde n'était pas confronté aux
phénomènes de réchauffement climatique les prix des
denrées alimentaires seront en baisse ce qui va améliorer le
pouvoir d'achat des populations et l'autosuffisance alimentaire dans beaucoup
de pays.
Une étude du GIEC1 montre qu'une hausse
annuelle des températures de 2,5 degré produirait une hausse des
prix des denrées alimentaires à cause de la diminution des terres
cultivables par rapport à l'augmentation de la demande mondiale, en
d'autres termes la production agricole ne suffirait pas à subvenir aux
besoins des populations.
Ainsi, si en termes de sécurité alimentaire il
existe aucune crainte ce n'est pas le cas en ce qui concerne la
productivité agricole car une baisse des profits est à
prévoir dans certaines régions du monde comme dans les zones
tropicales.
L'effet du réchauffement climatique sur la
productivité agricole est complexe car le déficit de rendement
des régions du sud est compensé par la hausse des rendements des
régions du nord ce qui fait que la production totale
générale suffira à combler la demande jusqu'au terme de ce
siècle.
Par contre, au niveau régional les écarts de
productivités seraient plus concrets ce qui se manifeste par des famines
dans les pays pauvres.
1 GIEC=Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evoluion du
Climat
9
La réduction de ce phénomène passe par la
maîtrise de certains paramètres tels que les ressources
financières disponibles ou bien les préceptes institutionnels
permanents et efficients ce qui n'est pas le cas dans certains pays en voies de
développement où on constate une fragilité des
systèmes de préventions et de réaction face aux risques
climatiques.
Le continent Africain semble être le plus touché
car il manque cruellement de moyens économiques et technologiques. En
effet, l'agriculture Africaine reste très dépendante des
phénomènes météorologiques notamment des
quantités de pluies.
Prenons par exemple le cas de l'Ouganda où on estime
que si la température augmente de 2 degrés, la superficie
disponible pour l'exploitation du café (qui constitue la principale
ressource du pays) va diminuer considérablement, car le secteur agricole
occupe 80% de la population et représente 45% du PIB2 soit
90% des exportations. Si cette situation se confirme cela va se traduire par un
déficit commercial, une baisse du pouvoir d'achat des populations, une
augmentation du taux de chômage et un exode rural vers les grandes
villes.
2 PIB= Produit Intérieur Brut
10
SECTION 2 : Les instruments de régulations pour
lutter contre le réchauffement climatique:
Exemple des mesures fiscales : Mise en place et
Fonctionnement
I. Les Taxes Pigouviennes
Pigou fut le premier économiste a
développé une théorie des externalités qui repose
sur l'idée que les agents économiques n'achètent les biens
qu'avec des prix exacts, donc ce qu'il faut faire c'est de modifier le
système de prix par le moyen de taxes si l'externalité est
négative et par des subventions si c'est une externalité
positive.
Supposons 2 firmes : une firme polluante E1 et une firme
polluée E2, le graphique représente cette situation
d'externalité de production :
Source : D. Duban (Economie publique)
12
Selon Pigou, passer de la quantité Q qui est la
production du marché à la quantité Q* qui est la
production optimale consiste de mettre en place un système de taxation
unitaire à l'entreprise qui pollue qui représente
l'externalité marginale c'est-à-dire la différence entre
le coût marginal social (Cms) et le coût marginal privée
(Cmp) qui consiste pour l'entreprise polluante à internaliser
l'externalité c'est-à-dire en égalisant le Cms et le
Cmp.
§1) Les Taxes et les Subventions : défis
économiques et environnementaux
Considérés comme le principal instrument
économique pour lutter contre les dommages environnementaux, les
stimulants fiscaux se décomposent en deux grandes idées : les
taxes et les subventions. L'augmentation des prix par la mise en place d'une
taxe ou leur baisse par l'instauration d'une subvention influent sur les modes
de consommation des agents privés et sur les instruments productifs.
Le changement de prix découlant d'incitations fiscales
apporte un éclaircissement aux consommateurs et aux producteurs sur la
manière d'appréhender la pollution et aussi d'y faire face. Les
prix relatifs représentent des indicateurs qui révèlent la
priorité dans les choix de politiques publiques nationales
accordés à la préservation de l'environnement : de ce fait
les consommateurs sont amenés à consommer moins de produits
nocifs à l'environnement de même que les producteurs dans leur
processus de production utiliseront des matériaux et des technologies
plus profitables à l'environnement.
Sur le plan théorique, la taxe et la subvention
consistent à une internalisation des effets externes tant en terme de
coûts de gains d'allocation ainsi que de la modification en terme de
bien-être qui y découle. Les secteurs économiques qui
exploitent l'environnement pour y tirer des profits peuvent causer des
désagréments entrainant une diminution de bien-être pour
d'autres types d'agents. S'il n'y a pas de contrepartie pécuniaire,
cette diminution de bien-être se traduit par une externalité
négative, elle peut-être positive si cette activité
économique est bénéfique pour d'autres agents.
Samuelson et Nordhaus (1995) ont émis une
définition complète : « Les externalités apparaissent
quand les conséquences sur la production ou la consommation ne sont pas
comprises dans les prix du marché » c'est-à-dire que des
actions perpétrées par certains acteurs économiques
peuvent nuire à d'autres sans qu'ils ne soient en relation avec ces
activités et sans pour autant qu'il n'y est de compensation
pécuniaire.
Ainsi la taxe Pigouvienne se révèle être
comme un instrument de politique publique dont le but est de modifier les
habitudes de production et/ou de consommation pour mieux protéger
l'environnement.
Son fonctionnement s'appuie selon le principe du «
pollueur-payeur » dans une étude en équilibre partiel elle a
pour but d'intégrer dans son calcul la baisse de bien-être
découlant des activités polluantes en y incluant les coûts
externes consécutifs aux dégâts environnementaux en plus
des coûts privés.
Graphiquement, on le représente par une fonction de
demande décroissante du prix pour un bien (droite D) dont sa production
cause une pollution pour l'environnement.
Dans un contexte parfaitement concurrentiel,
l'équilibre correspond pour le producteur quand il égalise le
coût marginal de production au prix P du marché (intersection
droite S avec la droite D), cette situation qui est l'équilibre
privé n'intègre pas le calcul des coûts externes dus
à la pollution.
P'
Graphique : Taxe, Subvention, et internalisation de
l'effet externe
Coût marginal privé+dommage marginal Prix
S'
S coût marginal privé
Externalité
Taxe
négative S½
Externalité
positive
P Subvention
P½
coût marginal privé-dommage
marginal
D
Quantités
Q' Q Q½ Produites
L'augmentation du prix (passage de P à P') par la mise
en place d'une taxe a pour but de baisser la production (passage de Q à
Q') et en même temps la pollution. Pour ce niveau de quantités
produites, l'équilibre « social »se situe à
l'intersection de P' et de la droite de coût marginal social (coût
marginal privé+dommage marginal).
A l'intersection de la droite d'offre S' et de la droite de
demande D, l'externalité négative est internalisé.
Supposons à présent qu'on a affaire à un
bien dont l'exploitation ne rejette pas de CO2 (par exemple le cas de
l'énergie éolienne pour la production d'électricité
en substitution de l'électricité obtenue à partir du
charbon), l'instauration d'une taxe s'inscrit dans la même
démarche économique car par opposition avec la taxe qui augmente
les prix des produits et les
14
quantités de polluants, les subventions quand à
elles ont pour avantage de baisser les prix des produits dont la consommation
conduit à peu ou pas de pollution (effet externes positifs
incorporés).
Il en découle une baisse des prix à
l'équilibre et une hausse de la demande. D'où, la subvention est
un bon instrument dans la mesure où elle permet une
compétitivité technologique bénéfique pour
l'environnement.
Notons deux inconvénients liés à son
application d'abord se pose la difficulté liée à son
financement et à la baisse de surplus pour d'autres acteurs ; ensuite la
subvention peut conduire les entreprises à produire plus donc à
polluer plus.
Enfin, pour avoir une bonne taxe il faut que le
législateur dispose de plusieurs informations notamment les coûts
de production et particulièrement de la fonction de dommage. Concernant
le disfonctionnement du secteur énergétique et des processus
d'ajustement fiscal au niveau des frontières planifiées par l'OMC
(Organisation Mondiale du Commerce), les taxes spécifiques au secteur
énergétique sont fonctions de la consommation en énergie
et non de leur proportion en carbone. Ainsi l'électricité obtenue
grâce aux énergies renouvelables subit la même taxation que
celle issue des énergies fossiles comme le pétrole ou le charbon
qui elles renferment une forte teneur en CO2. D'où l'instauration de
taxes spécifiques pour contrer cet effet.
§2) Exemples de « fiscalités
climatiques »
Des pays comme l'Allemagne ou la Finlande ont mis en place des
subventions spécifiques concernant les énergies renouvelables
pour quelles occupent une place plus importante dans le secteur de
l'électricité. De même que le Royaume-Uni a
détaxé l'électricité issue de ressources
renouvelables. L'alliance taxe-subvention serait plus efficiente que la taxe
à elle seule tant en termes d'objectif pour l'environnement que de
coût de diminution des rejets de gaz à effet de serre.
> Critique de la taxe Pigouvienne
:
La solution de Pigou a le mérite d'être simple au
point de vue théorique mais c'est dans son application que se pose un
problème car fixer le montant de la taxe suppose de connaître
l'ampleur exact de l'externalité mais cette information s'avère
aléatoire et difficile à déterminer car la firme qui est
victime de l'externalité peut avoir du mal à déterminer
l'ampleur et même si elle y arrive, elle peut être tenté de
falsifier le montant.
II. TAXE ET SEUIL DE POLLUTION
Le principe c'est d'instaurer une taxe et de fixer un seuil de
production, l'Etat fixe un seuil de pollution socialement acceptable et
détermine ensuite une taxe aux entreprises pollueuses pour les pousser
à respecter le seuil de pollution qui a été
fixé.
Ce mécanisme est différent de la taxe
Pigouvienne car l'Etat n'a pas toute l'information disponible pour mettre en
place ces taxes (c'est une solution de second rang). Dans ce cas ci, le
législateur attend que le seuil de pollution soit respecté.
§1) Taxe et Seuil de Pollution dans le cas d'une
seule Firme
Source : D. Duban (Economie publique)
Le fonctionnement repose sur une étude préalable
afin de fixer un niveau de pollution socialement acceptable, ainsi il suppose
une quantité « Qe » du produit à l'origine de
l'externalité de production. Ensuite, l'Etat instaure une écotaxe
qui se définit comme étant une taxe unitaire qui est fixé
de telle manière que le Cmp (coût marginal privé) de la
firme à l'origine de la pollution coupe sa courbe de demande pour une
quantité « Qe ».
16
§2) Taxe et Seuil de Pollution dans le cas de
Plusieurs Firmes
Supposons que plusieurs firmes produisent le même effet
externe mais on se limitera à deux entreprises polluantes A et B. La
firme A émet deux fois plus de déchets que la firme B.
Le gouvernement pense qu'il faut diminuer de moitié les
émissions de gaz à effet de serre. Une solution envisageable est
de contraindre les firmes à réduire leur pollution mais cette
éventualité est inefficace car la capacité de
réduction de la pollution est différente pour chaque firme.
Considérons que la firme A est plus souple et donc sa
capacité de réduction des émissions polluantes est moins
coûteuse de telle sorte que le coût marginal de diminution de A est
inférieur à celui de B, le but est convaincre l'entreprise A
à baisser d'avantage son niveau de production que la firme B.
Ceci passe par l'instauration d'une écotaxe non pas sur
entité d'un bien produit dégageant une externalité mais
sur tout unité de pollution.
Source : D. Duban (Economie publique)
Du moment où le montant de l'écotaxe
excède le coût marginal de diminution de la pollution les
entreprises baissent leurs degré de pollution, en revanche dés
que ce coût est supérieur au montant de l'écotaxe les
firmes préfèrent s'acquitter de la taxe.
Etant donné que le coût marginal de diminution de
l'entreprise A est toujours inférieur à celui de l'entreprise B,
A va plus baisser ses rejets que B, de ce fait à l'équilibre le
coût marginal de diminution de la pollution serait équivalent pour
les deux entreprises à l'écotaxe.
Si le gouvernement a raisonnablement fixé le montant de
la taxe, la pollution émise est juste équivalent au seuil de
pollution socialement souhaitable.
Avantages et inconvénients de cette
solution :
C'est un mécanisme simple au sens théorique mais
très compliqué à mettre en oeuvre au plan pratique car le
législateur doit fixer un seuil de pollution socialement acceptable, par
la suite l'Etat doit connaître parfaitement les courbes de coût des
firmes pour déterminer le montant de l'écotaxe.
Donc globalement les Etats déterminent une taxe et par
la suite ils en mesurent les impacts et donc ils ajustent les taxes
périodiquement à la hausse ou à la baisse mais
l'inconvénient est que ça provoque un facteur additionnel
d'incertitude pour les entreprises.
Par ailleurs, avec une même évolution des
comportements de production, les experts prévoient une augmentation de
50% de la concentration de CO2, une hausse de plus d'un à cinq
degrés des températures et une augmentation du niveau de la mer
de 20 cm à 1 mètre d'ici 2010. D'où une
nécessité de régulation des émissions de CO2.
Exemple de la taxe concernant les émissions
de CO2 :
> La taxation des émissions de
CO2
En général la taxation doit donner une impulsion
à l'économie et favoriser une recherche et de nouveaux
procédés de la part des agents privés, de plus la taxe est
une source de revenus pour l'Etat pour développer des techniques plus
propres pour l'environnement.
La taxe optimale pour le CO2 qui limitera suffisamment les
émissions de CO2 afin de répondre au principe de
précaution se situerait selon des études entre 90 euros et 230
euros par tonne de carbone, mais par contre le montant de la taxe sur le CO2
répondant au critère du protocole de Kyoto se situe entre 15
euros et 120 euros par tonne de carbone.
18
> La taxe pour plus d'efficacité doit
être combinée avec des politiques publiques d'incitations pour une
maitrise énergétique
La taxe constitue un instrument efficace que si les agents
peuvent faire des arbitrages coûts- avantages par contre elle est
inefficiente si les individus ne connaissent pas leur fonction de consommation
énergétique ou leurs capacités de contrôle des
émissions. De plus, elle est aussi inefficace dans les domaines
où les agents font face à des « contraintes de financement
» pour investir dans des technologies plus propres. Dans ce cas, il
revient aux pouvoirs publics d'ajuster les anomalies du marché du
crédit en leurs donnant des garanties ou en facilitant leurs
emprunts.
> La taxation du CO2 doit être
décidée au niveau mondial
Quand un pays instaure à l'échelle nationale une
taxe sur le carbone qui est équilibré par la diminution des
impôts dans d'autres secteurs, il y a une baisse de la
compétitivité pour l'exportation qui se produit car d'une part la
compétitivité selon les prix dans le secteur de l'industrie
lourde est détériorée et d'autre part les secteurs non
émetteurs de carbone se verront dynamisés par une hausse de leurs
activités
Ces deux effets ne se compensent pas car une baisse de
compétitivité se traduit par des conséquences plus
importantes comme par exemple des délocalisations et les gains de
compétitivité auront un effet plus dispersé ce qui fait
que leurs impacts seront moindres.
De ce fait, la mise en place d'une taxe sur le CO2 sera moins
ressentie sur le plan national que si elle est coordonnée à
l'échelle mondiale.
> Taxe carbone et double
dividende
Dans la réalité l'instauration de mesures
fiscales pour l'environnement se heurte à des difficultés
relatives au choix des secteurs impliqués et à leurs mises en
application. C'est ainsi que, quand il faut instaurer une taxe sur
l'émission de CO2 au plan national, il faut prendre en compte plusieurs
autres paramètres. Ainsi, la question du double dividende illustre les
interactions éventuelles entre les différents secteurs
d'activités. Elle illustre aussi les effets de transfert de l'impact
d'une taxe mise en place pour certains produits ou activités par rapport
à d'autres.
Le double dividende fait état au « double avantage
» qui pourrait provenir d'une mesure fiscale en faveur de l'environnement
(Zhang et Baranzani 2004 ; OCDE, 2001).
Le premier avantage résulte de la protection de
l'environnement dépassant l'unique cadre du bien ou du secteur
d'activité taxé. De ce fait, une taxe qui repose sur le contenu
en carbone
conduira à consommer moins d'énergies fossiles
et donc à baisser l'émission d'autres substances comme l'oxyde de
souffre(SO2) ou les NO2 qui se manifestent dans des pollutions de moindre
importance.
Le deuxième avantage découle de la diminution
voire de la suppression d'autres taxes lors de l'instauration d'une taxe
carbone. Par exemple : une écotaxe peut favoriser une baisse des
cotisations sociales favorable à l'emploi.
Les études sur le double dividende
révèlent des difficultés quant aux profits associés
à un réaménagement ou à une réaffectation
des charges fiscales (Bovenberg et Goulder, 1996). Plusieurs critères
doivent être remplis comme l'existence de décalage dans la
fiscalité nationale et particulièrement de transfert d'une partie
des charges fiscales de certains facteurs de production tel que les capitaux
techniques et humains sur le capital naturel, ce qui conduirait de ce fait
à une hausse de l'emploi, de l'investissement et/ou de
l'efficacité économique tout en préservant
l'environnement.
20
Exemples de mesures visant à procurer un
double dividende dans certains pays Européens
Pays
|
Année d'application
|
Taxes Perçues
|
Taxes Réduites
|
Ordre de
Grandeur
|
Suède
|
1990
|
CO2
SO2
Divers
|
*Impôt sur le
revenu
*Taxe sur
l'énergie à
l'agriculture *Formation continu
|
2,4% des
recettes globales totales
|
Danemark
|
1994
|
Divers CO2
SO2
|
*Impôt sur le
revenu *Cotisations sociales
*Revenu du
capital
|
0,3% du PIB en 1996 en 2000, ou plus de 6% des recettes
fiscales totales
|
Pays-Bas
|
1996
|
CO2
|
*Impôt sur les
sociétés
*Impôt sur le
revenu *Cotisations sociales
|
Environ 0,3%
du PIB en 1996 ou environ 0,5% des recettes fiscales
totales
|
Royaume-Uni
|
1996
|
Mise en
décharge
|
*Cotisations sociales
|
Environ 0,1%
des recettes
fiscales totales
en 1999
|
Norvège
|
1999
|
CO2
SO2
Gazole
|
*Cotisations sociales
|
Environ 1% des recettes fiscales de 1999
|
Allemagne
|
1999
|
Produits pétroliers
|
Cotisations sociales
|
Moins de 0,1% des recettes totales de 1999
|
Le tableau présente quelques exemples de pays qui ont
essayé d'obtenir des doubles dividendes dans l'optique de la politique
de lutte contre le réchauffement climatique. La Suède est le
principal précurseur en 1990 et ce fut élargi à d'autres
pays de l'OCDE, et il se trouve que les résultats sont assez
mitigés au sens de la réaffectation des recettes des taxes
à l'exception des pays comme la Suède et le Danemark.
Les diminutions de la fiscalité ont eu un impact
particulièrement sur le facteur travail par l'intermédiaire de la
baisse des cotisations sociales patronales, témoignant et confirmant de
ce fait le transfert de la charge fiscale du capital humain vers le capital
naturel.
La finalité est de stimuler l'investissement et la
création d'emplois tout en diminuant la pollution.
> Taxe carbone versus Taxe énergie :
impacts économiques et environnementaux
différents.
Une taxe concernant l'énergie peut être plus
coûteuse qu'une taxe qui concerne le carbone pour une même
quantité d'émission. Elle augmente de ce fait le prix de toutes
les formes d'énergies.
Ainsi pour une quantité équivalente de
réduction des émissions de carbone, une taxe sur l'énergie
doit atteindre un niveau particulièrement élevé pour
atteindre un même niveau de baisse de CO2 qu'avec une taxe sur le
carbone.
Zhang et Baranzani (2004) justifie cette situation par les
particularités propres à chaque taxe ainsi que les buts qui s'y
rapportent : les potentialités de substitution de combustible pour la
taxe carbone et la recherche d'une bonne efficacité
énergétique concernant la taxe énergétique.
Appliquée aux énergies fossiles, la taxe carbone
permet de baisser les émissions de CO2 en encourageant une bonne
efficacité énergétique et en visant surtout au changement
des tendances industrielles pour un autre mode de combustibles qui rejettent
moins de CO2 (par exemple substituer le charbon au gaz). Concernant la taxe sur
l'énergie elle dépend de la teneur énergétique ou
de la chaleur dégagée par les autres sources
séparément de leur contenu en carbone.
Ainsi, dans une optique coût-efficacité, la taxe
sur le carbone touchant aux ressources fossiles tel que le charbon ou le
pétrole s'avère largement plus adaptée qu'une taxe sur
l'énergie à l'ensemble des ressources (fossiles,
nucléaires et renouvelables).
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CHAPITRE 2 : Quelques solutions françaises au
réchauffement climatique : « le grenelle de l'environnement
»
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