2. Les coopératives urbaines
a) · Les coopératives industrielles (coop
meuble, coopérative béninoise de matériels agricoles :
COBEMAG)
· La fédération des coopératives de
production artisanale et de services (FECOPAS)
· Les coopératives de services (stations service,
boulangeries, transport, cliniques, etc.)
b) · Les coopératives urbaines de
consommateurs
· La centrale coop
etc.
Cette liste n'est probablement pas exhaustive, elle permet
néanmoins de se rendre compte du foisonnement des
coopératives.
Quelles fonctions exercent toutes ces coopératives ?
1. Les coopératives rurales
- Les coopératives rurales du groupe
(a) sont des coopératives de services.
A la base les groupements villageois des producteurs ou les
groupements villageois des producteurs de coton, les producteurs individuels de
coton expriment leurs besoins en intrants agricoles à leurs unions
communales, interfaces entre les fournisseurs d'intrants, l'organisme
responsable du paiement du coton et eux.
Les unions communales servent aussi d'interface entre ces
groupements de base et tous ceux qui veulent intervenir en milieu rural.
Les groupements féminins (GF) passent par
l'intermédiaire du GV pour obtenir les intrants et commercialiser le
coton. Suivant les cas, ils bénéficient soit de la caution du GV
ou des unions communales pour l'obtention d'un crédit
d'équipement de transformation.
Il s'agit de transformation de produits agricoles ou de
cueillette (amandes de karité, graines de néré, etc.) et
aussi, de la fabrication traditionnelle de produits cosmétiques.
D'une manière générale, les producteurs
membres d'un GV, jouissent de la caution solidaire de celui-ci dans le cadre
d'un crédit à la CLCAM ou pour obtenir les intrants à
crédit.
Les unions départementales, la FUPRO, le CNPC,
l'ANOPER, la FENURCAR gèrent les relations extérieures et
s'occupent de la défense des producteurs, des éleveurs de
ruminants et du lobbying.
Créées par certaines UCP, les
coopératives rurales de consommateurs mettent à la disposition
des producteurs ruraux, des produits manufacturés de première
nécessité (ciment, feuilles de tôle, sucre, sel, etc.).
La coopérative d'approvisionnement et de gestion des
intrants agricoles, participe au dépouillement des appels d'offres en
matière de fourniture d'intrants agricoles.
- Les coopératives rurales du groupe
(b) sont des coopératives de production agricole en zone de
palmeraie.
Ces coopératives étaient intégrées
à des complexes agro-industriels. Dans le cadre de la privatisation de
l'entreprise publique, chargée de leur encadrement, les usines ont
été cédées par l'Etat au secteur privé.
C'est ainsi donc qu'elles ont été «sevrées» de
la valeur ajoutée qui provient de la transformation des produits.
Pour jouir d'une partie de cette valeur ajoutée qui leur
échappe, certaines unions de CAR ont pris la décision d'installer
leurs propres mini-huileries.
- Les coopératives rurales du groupe
(c), s'occupent de l'épargne et du crédit.
L'unité de base est la CLCAM qui mobilise l'épargne
et octroie du crédit.
Les UR-CLCAM coordonnent les activités, assurent le
contrôle et la formation technique permanente de leurs collaborateurs.
La fédération définit la politique
générale, coordonne les activités, assure les relations
extérieures.
- La coopérative rurale du groupe
(d), produit des alevins qu'elle livre à ses
pisciculteurs affiliés. Elle assure la formation technique en
matière de pisciculture des acteurs à la base.
- Les coopératives rurales du groupe (e)
Les agriculteurs acquièrent à crédit du
matériel agricole perfectionné, qu'ils utilisent à tour de
rôle, dans leurs exploitations agricoles.
L'union s'occupe de l'achat de matériels, des
pièces de rechange, de la maintenance, etc.
- Les coopératives rurales du groupe (f)
Les organisations professionnelles d'éleveurs de
ruminants sont structurées de la base (campement d'éleveurs)
jusqu'au niveau national (ANOPER) en passant par plusieurs niveaux
intermédiaires.
Les objectifs globaux sont :
- promouvoir la communauté des éleveurs et
améliorer leur représentation, - améliorer les conditions
techniques de l'élevage,
- assurer la santé des animaux,
- gérer le terroir,
- commercialiser les produits de l'élevage,
- améliorer l'information, la commercialisation et le
financement.
2. Les coopératives urbaines
- Les coopératives urbaines du groupe (a)
Il s'agit de :
> coopératives de transformation du bois, de
construction de matériel agricole. Les coopérateurs produisent
soit avec des moyens de travail collectifs (cas des coopératives du
meuble de COTONOU et de PARAKOU, COBEMAG : usine centrale) soit à titre
individuel dans leurs propres ateliers (cas des sections COBEMAG qui s'occupent
de la maintenance du matériel agricole).
> Coopératives de services (stations service,
boulangeries, transports, cliniques,
etc.) créées par des spécialistes dont les
prestations sont payantes.
- Les coopératives urbaines du groupe (b)
Créées par des citadins, elles mettent à
la disposition de leurs membres ou des usagers, des produits
manufacturés de première nécessité au moindre
coût si possible. Elles sont fortement concurrencées par le
commerce informel qui échappe dans une large mesure aux divers
impôts et taxes.
22. Quelques données statistiques Tableau
N°1 : Les types de coopératives
N°
|
DENOMINATION
|
NOMBRE D'UNITES
|
1
|
GROUPEMENTS VILLAGEOIS DES PRODUCTEURS (GV)
|
711 ?
|
2
|
GROUPEMENTS VILLAGEOIS DES PRODUCTEURS DE COTON
|
1050
|
|
(GVPC)
|
|
3
|
GROUPEMENTS FEMININS (GF)
|
1139
|
4
|
UNIONS COMMUNALES DES PRODUCTEURS (UCP)
|
50
|
5
|
UNIONS COMMUNALES DES PRODUCTEURS DE COTON (UCPC)
|
27
|
6
|
UNIONS DEPARTEMENTALES DES PRODUCTEURS (UDP)
|
07
|
7
|
UNIONS DEPARTEMENTALES DES PRODUCTEURS DE COTON
|
03
|
|
(UDPC)
|
|
8
|
FEDERATION DES UNIONS DES PRODUCTEURS (FUPRO)
|
01
|
9
|
CONSEIL NATIONAL DES PRODUCTEURS DE COTON (CNPC)
|
01
|
10
|
COOPERATIVE D'APPROVISIONNEMENT ET DE GESTION DES
|
01
|
|
INTRANTS (CAGIA)
|
|
11
|
COOPERATIVES RURALES DE CONSOMMATEURS
|
15
|
12
|
COOPERATIVE D'AMENAGEMENT RURAL (CAR)
|
32
|
13
|
UNIONS REGIONALES DES COOPERATIVES D'AMENAGEMENT
|
03
|
|
RURAL (UR-CAR)
|
|
14
|
FEDERATION NATIONALE DES UR-CAR (FENURCAR)
|
01
|
15
|
CAISSES LOCALES DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL (CLCAM)
|
83 ?
|
16
|
UNIONS REGIONALES DES CAISSES LOCALES DE CREDIT
|
07
|
|
AGRICOLE MUTUEL (UR-CLCAM)
|
|
17
|
COOPERATIVE POUR LA PROMOTION DE LA PRODUCTION
|
01
|
|
HALIEUTIQUE DANS LE MONO (COPROHAM)
|
|
18
|
COOPERATIVES D'UTILISATION DU MATERIEL AGRICOLE (CUMA)
|
16
|
19
|
UNION REGIONALE DES COOPERATIVES D'UTILISATION DU
|
01
|
|
MATERIEL AGRICOLE (UR-CUMA)
|
|
20
|
GROUPEMENTS PROFESSIONNELS DES ELEVEURS DE RUMINANTS
|
?
|
|
(GPER)
|
|
21
|
UNIONS D'ARRONDISSEMENTS DES GPER (UAGPER)
|
?
|
22
|
UNIONS COMMUNALES DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES
|
24
|
|
DES ELEVEURS DE RUMINANTS (UCOPER)
|
|
23
|
UNION DEPARTEMENTALE DES ORGANISATIONS
|
01
|
|
PROFESSIONNELLES DES ELEVEURS DE RUMINANTS (UDOPER)
|
|
24
|
ASSOCIATION NATIONALE DES ELEVEURS DES RUMINANTS
|
01
|
|
(ANOPER)
|
|
25
|
COOPERATIVES INDUSTRIELLES
|
03
|
26
|
FEDERATION DES COOPERATIVES DE PRODUCTION ARTISANALE
|
01
|
|
ET DE SERVICES (FECOPAS)
|
|
27
|
COOPERATIVES URBAINES DE SERVICES (STATIONS SERVICES,
BOULANGERIES, CLINIQUES DE SANTE, ETC.)
|
36
|
28
|
COOPERATIVES URBAINES DE CONSOMMATEURS
|
03
|
29
|
CENTRALE COOP
|
01
|
23. Forces et faiblesses
En compulsant quelques rapports d'évaluation des
organisations coopératives existantes, on constate les forces et les
faiblesses desdites organisations.
Forces
- Importance numérique des coopératives qui
s'organisent dans d'autres domaines que l'agriculture (cf. Tableau N°1)
- Forte structuration
- Prise en charge effective des responsabilités
etc.
Faiblesses
- Faible niveau de maîtrise des principes
coopératifs
- Faiblesse des activités par rapport aux
potentialités réelles
- Manque de professionnalisme dans l'organisation et la gestion
des activités
- Inexistence d'un centre d'impulsion ou d'appui de la promotion
des activités économiques des organisations paysannes
- Déficience de communication tant au niveau vertical,
qu'au niveau horizontal des organisations
- Faible degré d'intercoopération
- Faible niveau de développement de l'esprit
entrepreneurial
- Déficit de formation à tous les niveaux aussi
bien pour le personnel d'accompagnement que pour les membres des
organisations
etc.
Comme on peut le constater, les faiblesses l'emportent
largement sur les forces. Il ne pourrait en être autrement quand on sait
que la Direction nationale chargée de la promotion coopérative
est coupée du terrain. En effet, les spécialistes en
organisations paysannes rendent compte à leurs Responsables des centres
communaux pour la production agricole (RCPA), ceux-ci rendent compte au
Directeur général du centre régional de la production
agricole (DG - CeRPA) qui, à son tour rend compte au cabinet du Ministre
de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP).
Les chefs de services d'appui à l'action
coopérative et aux organisations professionnelles (SAACOP) sont
déconnectés administrativement et techniquement de la Direction
de la promotion et de la législation rurale (DPLR) puisqu'ils rendent
compte à leurs directeurs techniques en l'occurrence, les Directeurs de
l'information, de la formation et de l'appui aux organisations professionnelles
(DIFAOP) qui à leur tour déposent leurs rapports aux DG CeRPA.
Dans ces conditions, le MAEP pourra-t-il assurer une
coordination efficace d'une politique globale de promotion des organisations
paysannes et par extension, des entreprises coopératives en
général dans le pays ?
La législation coopérative actuelle n'est plus
adaptée au développement politique, économique et social
d'un pays qui veut émerger. Il est urgent que la nouvelle
législation coopérative soit enfin adoptée par
l'Assemblée nationale et promulguée par le Gouvernement.
Le mouvement coopératif béninois diversifié
et couvrant plusieurs domaines d'activités, peut-il contribuer à
la création des emplois et à la lutte contre la pauvreté
?
Trois études de cas permettront de répondre
à cette question.
Il s'agit :
- des cliniques coopératives de santé,
- des caisses d'épargne et de crédit agricole
mutuel du Bénin,
- de la coopérative béninoise de matériel
agricole.
3. ETUDE SOMMAIRE DE TROIS TYPES DE COOPERATIVES 3.1. LES
CLINIQUES COOPERATIVES DE SANTE
Créées, gérées et
contrôlées par des techniciens de la santé
(médecins, sages-femmes, infirmiers, laborantins, assistants sociaux,
aides soignantes), les cliniques coopératives de santé ont
bénéficié d'un appui technique et financier du PNUD et de
l'OMS.
Date de création : 1992
Activités :
- soins médicaux,
- séances d'animation concernant la prévention,
- visites de malades à domicile,
- formation et perfectionnement des assistants sanitaires,
- construction progressive de leurs propres installations de
soins (3/10 sont propriétaires de leurs installations en 2004.
Structuration :
Les dix cliniques coopératives ont créé une
organisation faîtière : le Collectif des cliniques
coopératives de santé.
Activités du Collectif :
- coordonner les activités des cliniques,
- représenter les cliniques et défendre leurs
intérêts,
- approvisionner et céder au moindre coût, les
produits pharmaceutiques et les matériels médico-techniques aux
cliniques affiliées,
- former le personnel dans le domaine de l'organisation et de la
gestion coopérative.
Résultats obtenus :
- couverture médicale de patients à faibles
revenus par des soins médicaux de proximité, à coût
modique (500 F CFA au lieu de1 200 F CFA des Centres hospitaliers
départementaux et 3 500 F CFA des cliniques privées)
- création d'emplois permanents (3 à 10 par
cliniques soit environ 100 emplois) auxquels, il faut ajouter des prestations
de services, notamment médecins au niveau de certaines cliniques
- démonstration pratique des possibilités
d'insérer des cadres qualifiés sans emplois dans le circuit
économique.
Contraintes :
- difficultés de bénéficier de formation de
spécialistes (chirurgie, cardiologie, pédiatrie, etc.),
- hausse quasiment annuelle du loyer par les propriétaires
des bâtiments, - insuffisance, vétusté des matériels
techniques, etc.
32. LES CAISSES D'EPARGNE ET DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL AU
BENIN (1) Date de création : 1977
Activités :
- collecter l'épargne, - octroyer du crédit,
etc.
Structuration :
Au niveau régional, les Caisses
locales de crédit agricole mutuel, dont les activités ont
été citées ci-dessus, s'affilient à une
organisation faîtière de 1er niveau qui est
l'Union régionale des caisses locales de crédit agricole
mutuel.
Au niveau national, les Unions régionales
de crédit agricole mutuel ont installé une
Fédération des Caisses d'épargne et de
crédit agricole mutuel du Bénin.
Activités des niveaux régionaux et du
niveau fédéral
- Au niveau régional : coordination des
activités, gestion des ressources humaines et financières,
contrôle, etc.
- Au niveau fédéral : promotion,
surveillance et contrôle, représentation des institutions qui lui
sont affiliées, etc.
Résultats obtenus
- Mobilisation de ressources et octroi de crédit au
31/12/2005 Sociétariat : 50 6 415
Capital social : 2 654 152 000 F CFA
Dépôts : 26 523 330 363 F CFA
Encours de crédits : 17 665 606 816 F CFA. Il s'agit
essentiellement de
crédit à court terme : crédit de
campagne, crédit pour achat, stockage et revente de
céréales, tout petit crédit aux femmes pour faire du petit
commerce, etc. (en 12 ans, 10 000 femmes ont bénéficié de
24 milliards CFA de ce type de crédit. Il leur suffit de payer une part
sociale de 1 000 F CFA + 2 000 F CFA de droit d'adhésion pour
bénéficier sur leur demande, d'un crédit de 10 000
à 50 000 F CFA, renouvelable trois fois, afin de leur permettre
d'épargner et d'entrer dans un processus régulier de
crédit.
Source : FECECAM-BENIN, ONAFECAM-BENIN
(1 ) Il faut signaler qu'un arrêté
ministériel de 2007 a suspendu les dirigeants élus de la
Fédération des caisses d'épargne et de crédit
agricole mutuel (FECECAM) et nommé un Comité de suivi du
redressement de ladite Fédération.
? Agents de maîtrise : 264 ? Employés : 104 ?
Agents de soutien : 170 Au 31/11/2005
Contraintes :
- Contexte économique national morose (baisse du prix
de coton, importante offre de céréales entraînant à
la baisse leur prix). Cet état de choses, perturbe l'évolution de
l'épargne collectée et le remboursement des crédits
octroyés.
- Difficultés de refinancement, ce qui limite l'octroi
de crédit à moyen et long terme (crédits
d'équipement, crédits pour plantation, etc.). Les ressources
financières collectées étant à court terme, elles
ne peuvent servir à octroyer du crédit à moyen ou long
terme.
33. LA COOPERATIVE BENINOISE DE MATERIEL AGRICOLE Date de
création : 1974
Activités :
La coopérative béninoise de matériel
agricole opère dans cinq branches d'activités à
savoir :
- le matériel agricole à traction animale,
- le matériel de transformation et de conservation des
produits agricoles, - l'hydraulique villageoise,
- les constructions métalliques et la chaudronnerie,
- le génie civil.
Structuration :
- Au niveau central, une usine avec des machines
outils qui permettent, à partir des matières premières
importées de fabriquer ce qui a été cité ci-dessus.
Elle utilise des salariés.
- Au niveau des villages des artisans
coopérateurs, propriétaires de l'usine qui leur sert de centre de
formation, de perfectionnement. Ces artisans coopérateurs se chargent de
la vente des pièces de rechange, de l'entretien et de la maintenance des
matériels.
Activités :
Mise à la disposition du monde rural de plus de 50 000
équipements de culture attelée, de matériels de
transformation agroalimentaire et autres.
Résultats obtenus :
- Chiffre d'affaires de trois dernières années
Années
|
Chiffres d'affaires en F CFA
|
2004
|
217
|
998
|
402
|
2005
|
248
|
928
|
828
|
2006
|
154
|
739
|
021
|
Source : COBEMAG
? Agents de maîtrise : 05 ? Employés : 20 ?
Agents de soutien : 07 Au 31/12/2007
- Création d'emplois pour 561 artisans coopérateurs
installés à leur propre compte, pour les réparations et la
maintenance du matériel agricole dans les villages.
Contraintes :
- Sous équipement des artisans coopérateurs (huit
ateliers seulement équipés)
- Insuffisance d'équipement en machine outils à
l'Unité centrale pour augmenter le taux de fabrication sur place,
- Insuffisance de formation des coopérateurs à la
base,
- Difficultés d'accès aux marchés sous
régionaux,
- Quasi stagnation du chiffre d'affaires compte tenu de la
morosité économique générale actuelle.
Ces trois cas sommairement étudiés,
permettent-ils de répondre à cette interrogation, les
coopératives peuvent-elles servir comme outils privilégiés
de lutte contre le chômage des jeunes et la pauvreté ?
L'expérience des cliniques coopératives de
santé, permet de se rendre compte que des techniciens de la
santé, peuvent s'organiser pour donner dans les quartiers
périphériques défavorisés des centres urbains, des
soins de santé de proximité moins chers. Pourquoi de telles
cliniques coopératives de santé ne sont-elles pas
créées en milieu rural où, beaucoup de centres de
santé construits à grands frais, manquent de personnels
qualifiés ?
Plus d'une décennie après leur lancement, les
cliniques coopératives de santé n'ontelles pas fait suffisamment
leur preuve ? Pourquoi ne les généralise-t-on pas ? N'ont-elles
pas leur place, dans la stratégie de lutte contre la pauvreté et
le chômage ?
Les caisses de crédit agricole mutuel du Bénin
en plus du crédit classique, font du tout petit crédit aux femmes
les plus pauvres. Deux réactions de bénéficiaires de ce
type de crédit choisies parmi beaucoup d'autres sont éclairantes
:
PEHUNCO 1994
La femme N°1
«Avant l'obtention du crédit, j'achetais de
l'igname, la viande et les condiments à crédit et c'est à
la fin de la journée, que je remboursais mes fournisseurs. Certains
fournisseurs permettaient de les rembourser les jours de marché (tous
les cinq jours). Aujourd'hui, j'achète tout au comptant à des
conditions favorables».
La femme N°2
«Avant le crédit, je passais de village en
village pour prendre les produits vivriers à crédit et c'est
après la vente au marché de PEHUNCO, que je retournais dans les
villages payer mes fournisseurs et reprendre à nouveau la marchandise.
Je subissais le prix des mesures qu'ils m'imposaient, actuellement, comme
j'achète au comptant grâce au crédit, je peux discuter avec
mes fournisseurs et même leur imposer les mesures avec lesquelles, je
veux acheter»(2).
(2) AGOUA (F.) Suivi/évaluation d'un
programme expérimental du Tout petit crédit aux femmes (TPCF) au
sein de la FECECAM-BENIN ABIDJAN, ACI, 1994, 20p. + annexes, pp. 14 et
15
Ces caisses de crédit agricole mutuel ne
conduisent-elles pas depuis plus d'une décennie, une lutte
acharnée contre la pauvreté, en l'absence d'une stratégie
nationale ? Pourquoi ne profiterait-on pas de leur expérience dans la
stratégie nationale de lutte contre la pauvreté
?(3)
L'effectif actuel en personnels de toutes catégories de
ces caisses de crédit agricole mutuel, n'augure-t-il pas bien de leurs
capacités à créer des emplois au fur et à mesure de
leur déploiement dans le temps et dans l'espace ?
Quand on sait que beaucoup de productrices et de producteurs
ruraux ont toujours comme outil principal la houe, entraînant par
conséquent, une faible productivité du travail, que beaucoup de
produits agricoles sont vendus à l'état brut, la COBEMAG
n'offre-t-elle pas l'opportunité d'utiliser de l'outillage
amélioré qui permettra une productivité accrue et une
production abondante ? d'entrer dans un processus continu de transformation
agroalimentaire ?
Un tel processus de transformation agroalimentaire ne
favorisera-t-il pas la création de nouveaux emplois en milieu rural ? ne
créera-t-il pas de la valeur ajoutée qui peut servir à
améliorer les conditions de vie et de travail dans le milieu ?
Ces coopératives sont donc en place, depuis plusieurs
décennies, l'Etat veut-il s'en servir dans sa stratégie de lutte
contre la pauvreté et le chômage ? ne lui suffira-t-il pas
seulement de mettre les moyens financiers à disposition et de demander
des comptes ?
Au cours de l'établissement de l'inventaire des
organisations coopératives existantes, il a été
constaté que certaines organisations faîtières sont d'un
statut juridique différent, des organisations affiliées (FUPRO,
FENURCAR, ANOPER, etc.).
Une assemblée générale constitutive,
l'adoption de statuts, de règlement intérieur et
l'élection des différents organes sont-elles suffisantes pour
accorder la légitimité de contrôle, d'animation et
d'accompagnement des organisations affiliées de statut juridique
différent ?
4. COOPERATIVES, ASSOCIATIONS MEME COMBAT ? 4.1 Les
coopératives
Un petit rappel historique permettra de mieux situer le
débat.
En effet, aussi loin que l'on remonte dans l'histoire de
l'humanité, l'entraide et la solidarité ont
caractérisé la vie en société. En Afrique en
général et au Bénin en particulier, il suffit d'observer
autour de nous, pour se rendre compte de cette entraide et de cette
solidarité qui se manifeste à l'occasion des naissances, des
mariages, de la maladie, de la mort, des travaux champêtres, de la
construction des habitations, etc. C'est sur la base de ces pratiques
ancestrales qu'ont émergé progressivement, les principes
coopératifs.
Le processus de maturation des principes coopératifs a
été accéléré par le développement de
l'économie d'échanges. C'est elle, qui fait naître des
problèmes nouveaux, en désintégrant les groupes humains,
en créant la fonction de l'intermédiaire qui, en séparant
l'homme de ses moyens de travail, des débouchés pour le produit
de son travail, occupe sur toutes les voies d'accès au marché,
une position stratégique où il s'attribue un droit de
péage souvent abusif et un pouvoir de domination.
C'est alors, que l'instinct de conservation ne s'attache plus
seulement à la conservation de la vie, il s'attache aussi, à la
conservation ou à la récupération de l'indépendance
économique. Les formules d'entraide ou d'association se transforment,
les règles coopératives vont graduellement se préciser
suite à l'évolution du contexte.
(3) Il est heureux de constater que le nouveau
régime installé depuis 2006, prend à bras le corps, la
question de la pauvreté des femmes, de 5 milliards au départ, l
'Etat a mis en place 10 milliards et prévoit de passer à 15
milliards en 2008 compte tenu de l'ampleur du problème
De la maturation à la formulation des principes
coopératifs
Les premières pratiques coopératives
formalisées, apparaissent en Europe au cours des années 1800,
plus précisément en 1840.
C'est le Congrès de Manchester de septembre 1995
organisé à l'occasion du centenaire de l'Alliance
coopérative internationale (ACI) qui réaffirma les principes
coopératifs existants et formula un nouveau en plus :
l'engagement envers la communauté.
La déclaration sur l'identité coopérative,
issue du Congrès de Manchester ci-dessus cité, définit la
coopérative en ces termes :
«Une coopérative est une association
autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs
aspirations et besoins économiques sociaux et culturels communs, au
moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et
où le pouvoir est exercé
démocratiquement».
La coopérative véhicule un certain nombre de
valeurs fondamentales qui sont : - la prise en charge personnelle et
mutuelle,
- la démocratie,
- l'égalité,
- l'équité,
- la solidarité.
Conformément à l'esprit de leurs fondateurs, les
membres des coopératives adhèrent à un ensemble de
règles de conduite fondées sur l'honnêteté, la
transparence, la responsabilité sociale, une disposition à aimer
et à aider son prochain.
42. Les associations
L'association est une convention par laquelle deux ou
plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs
connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices.
Les associés ne doivent pas avoir un but lucratif, mais
il n'est pas interdit à une association de réaliser des
bénéfices, ce qui est interdit, c'est de les partager entre
associés. Après prélèvement des frais
généraux, les bénéfices doivent être
affectés au but ou à l'oeuvre poursuivi en commun.
Pourquoi une association à but non lucratif est la
structure faîtière d'organisations qui sont à la fois des
associations et des entreprises soumises à des obligations de
résultat ?
L'une, la coopérative est régie au Bénin
par l'Ordonnance N°59/PR/MDRC portant statut général de la
coopération du 28 décembre 1966 et son Décret
d'application N°516/PR/MDRC du 28 décembre 1966.
Ladite ordonnance prévoit que les coopératives
peuvent constituer entre elles, pour la gestion de leurs intérêts
communs ou mixtes des unions. Ces associations de coopératives, peuvent
s'organiser au sein de fédérations (art. 3).
L'autre, l'association, régit par la loi de juillet
1901 est immatriculée au Ministère de l'Intérieur, de
quelle légitimité prévaudra le Ministère de
l'agriculture, de l'élevage et de la pêche assurant la tutelle des
coopératives au Bénin, pour contrôler ou inviter les
responsables d'une association, organisation faîtière de
coopératives relevant de sa tutelle ?
N'y-a-t-il pas là, un mélange des genres à
éviter ?
Il faut ajouter à tout ce qui précède, que
la Recommandation N°127 du 21-06-66 de l'OIT ci-dessus citée
précise :
«Les coopératives devraient être soumises
à un contrôle garantissant qu'elles déploient leurs
activités conformément à leur objet et à la
loi.
Ce contrôle devrait être assuré de
préférence par un organisme coopératif
fédératif ou par l'autorité compétente.
La vérification des comptes des coopératives
affiliées à un organisme coopératif devrait être
confiée à ce dernier, en attendant la création d'un tel
organisme, ou lorsque celui-ci n'est pas en mesure d'assumer ce service, elle
devrait incomber à l'autorité compétente ou à un
organisme indépendant qualifié (2.4)».
5. CONCLUSION
Contrairement à ce que certains pensent, les
coopératives ne sont pas la marotte de quelques illuminés qui
folklorisent le développement économique et social.
C'est beaucoup plus sérieux que ça, puisqu'il
s'agit de lutter contre les intermédiaires abusifs et leur pouvoir de
domination.
Il s'agit aussi de promouvoir un certain nombre de valeurs
fondamentales : - la prise en charge personnelle et mutuelle
- la démocratie
- l'égalité
- l'équité
- la solidarité
et de faire appliquer des règles de conduite
fondées sur l'honnêteté, la transparence, la
responsabilité sociale, une disposition à aimer et à aider
son prochain.
Ces conditions peuvent-elles être remplies si l'Etat ne
considère pas l'établissement et la croissance des
coopératives comme des facteurs importants du développement
économique, social et culturel ainsi que de la promotion humaine ?
N'est-il pas tant que la Direction chargée de la
promotion des coopératives soit mieux située,
bénéficie des moyens humains et financiers suffisants pour
s'inscrire dans une perspective de développement du mouvement
coopératif au Bénin ?
Ce développement passe par l'aide aux
coopératives existantes afin qu'elles élaborent leurs plans de
développement stratégique, les mettent en oeuvre. Sans de tels
plans comment procéder à un suivi-évaluation efficace et
à une recherche opérationnelle qui permettent d'aller de l'avant
?
Comme constaté, beaucoup de faiblesses persistent et
freinent le mouvement. Ce qui paraît faire défaut en Afrique en
général et au Bénin en particulier et entraîne des
déboires, semblent être, d'une part, l'insuffisante mobilisation
permanente des communautés de base en vue de leur participation
consciente et responsable au développement et la pénurie de
cadres compétents, engagés et honnêtes de l'autre.
La coopérative étant une association et en
même temps une entreprise, il est important de former les responsables
élus qui seront non seulement des animateurs mais des entrepreneurs et
des administrateurs qui sauront organiser, planifier, mettre en oeuvre,
évaluer des actions, accumuler du capital, tout cela dans
l'intérêt général des coopérateurs qui les y
ont mandatés pour des périodes bien déterminées.
La promotion des hommes est une condition sine qua non de la
réussite des coopératives en Afrique. Beaucoup d'Etats l'ont
compris et l'on constate ça et là, l'instauration de
l'alphabétisation fonctionnelle qui permet au coopérateur
illettré d'apprendre à lire, à écrire et à
calculer afin de pouvoir contrôler, les opérations qui se font
dans sa coopérative.
L'alphabétisation fonctionnelle doit devenir le fer de
lance de la coopérative. Elle permet aux productrices et aux producteurs
de prendre en charge la gestion de leurs propres affaires dans leur univers
socioculturel.
C'est un coopérateur scandinave qui dit :
«Si nous avions à recommencer notre mouvement
à nouveau, et si le choix nous était offert entre les
possibilités de recommencer tout sans capital, mais avec des membres et
un personnel éclairés, soit au contraire avec de gros capitaux et
des membres non informés, notre expérience nous conseillerait
d'opter pour la première formule».
Allant dans le même sens que ce coopérateur
scandinave, le professeur Henri DESROCHE renchérit :
«Le développement coopératif c'est un
métier qui consiste à apprendre à pêcher mais qui,
désormais, dans les conditions qui lui sont faites, ne consiste plus
à pêcher à la ligne, même pas à pêcher
au chalut, car les ensembles doivent être mis en place d'un seul coup, et
comme un bloc dans de grandes aires régionales. Il nécessite donc
l'implantation d'un appareil. Il ne dispense pas pour autant de recruter des
équipages et de former des capitaines».
51. Que peut faire l'Etat face aux faiblesses des
coopératives béninoises ?
- Repréciser son rôle par rapport aux
coopératives
- Accompagner dans la durée le mouvement
coopératif.
51.1. Repréciser son rôle par rapport aux
coopératives
Les pays africains soucieux de leur développement
économique, social et culturel optent pour le système
coopératif compte tenu de ses méthodes d'organisation et de
gestion.
Mais en adoptant ce système, peuvent-ils laisser les
coopératives «voler de leurs propres ailes» dans
l'immédiat ?
Il est important de signaler qu'en Europe, après
l'avènement des Equitables Pionniers de Rochdale, il a fallu de longues
années, beaucoup d'échecs, une foi constante pour asseoir le
mouvement coopératif. Souvent même, une longue et patiente
éducation réalisée grâce au soutien financier de
l'Etat. C'est pourquoi il faut accompagner dans la durée.
52.1. Accompagner dans la durée, le mouvement
coopératif
Il faut accompagner dans la durée, le mouvement
coopératif parce que :
- l'environnement économique n'est pas toujours
favorable en raison de l'existence de sociétés d'import-export,
nationales ou étrangères qui, installées à tous les
points stratégiques du circuit économique, se font payer pour la
plupart un «péage» abusif qui grève le budget des
communautés de base,
- les productrices et les producteurs ruraux, les plus nombreux
de la population
totale de nos pays, n'ont pas encore acquis le niveau de
connaissance leur
permettant de comprendre aisément l'organisation et la
gestion d'une coopérative, - le système coopératif est
basé sur des règles relativement complexes qui
diffèrent
des méthodes communautaires d'entraide.
A l'étape actuelle du développement
économique, social et culturel de notre pays, l'Etat doit donc prendre
l'initiative de développer le mouvement coopératif.
Pour ce faire, il faut non seulement mettre en place des
structures adéquates qui apporteront toute l'assistance technique et
l'éducation nécessaires, mais également promulguer une
législation coopérative adaptée, élaborer une
politique de formation judicieuse.
Faute de n'avoir pas suffisamment précisé dans
les programmes de développement économique, social et culturel,
la place et le rôle des coopératives, celles qui existent ne sont
pas toujours visibles, ni lisibles. Ne peuvent-elles pas être, une
pièce importante d'un éventuel projet de société
?
Compte tenu de tout ce qui précède, à un
moment où le gouvernement béninois consacre plusieurs milliards
de francs CFA à la lutte contre la vie chère presque sans
résultats tangibles semble-t-il, les coopératives ne
peuvent-elles pas aider dans une certaine mesure à résoudre ce
problème ?
Pourquoi les producteurs organisés d'une part et les
consommateurs organisés de l'autre ne se mettraient-ils pas en relation
d'affaires pour mener cette lutte commune ?
Plus facile à dire qu'à faire. Il est urgent de
commencer néanmoins, en sachant que c'est un travail de longue haleine,
qui demandera beaucoup de mobilisation sociale, d'information et de formation,
d'un accompagnement de qualité dans la durée. Cela devrait
être autant l'affaire du Gouvernement que celle des producteurs et des
consommateurs organisés.
DOCUMENTS CONSULTES
1. Sommet extraordinaire de l'Union africaine sur l'emploi et la
lutte contre la pauvreté du 3 au 09 Septembre 2004
OUAGADOUGOU (BURKINA FASO)
Déclaration sur l'emploi et la lutte contre la
pauvreté
ADDIS ABEBA, 2004, 37p
2. R 127 Recommandation sur les coopératives (pays en
voie de développement, 1966) Genève, 1966, 9 p + annexes
3. CHEAKA (A. T.) OUIKOUN (M.) OKE (M.) COMLANVI (M. O.)
DJOSSOUVI (A. G.) ADOMA (M.)
4. AGOUA (F.) TAILLEFER (B.)
5. ADELEKE (J.) AGOUA (F.)
6. AGOUA (F.) BEAUVAL (V.) GUERA (M. - K.) YERIMA (A. - Z.)
Résultats des travaux du groupe sur l'appui aux
organisations paysannes
COTONOU, 1996, Ministère du développement rural
Programme d'appui au secteur agricole (PASA)
101 p. + annexes
Analyse de l'Union régionale du Mono
Volume 1 Constats et recommandations de la mission Paris,
Parakou, 1996, 76 p. + annexes
Les attentes des productrices et des producteurs ruraux du BORGOU
: Programme des activités de l'UDP-BORGOU
2002 - 2004
Parakou, UDP-BORGOU, 2001, 38 p. + annexes
Appui à l'Union des producteurs du BORGOU Paris, IRAM,
1996, 21 p. + annexes
7 BEAUVAL (V.) Identification du projet d'appui à
l'autopromotion rurale du ZOU
(appui à l'Union départementale des producteurs et
aux
organisations paysannes du ZOU)
COTONOU, MDR, 1994, 39 p. + annexes
8. AGOUA (F.) MERCOIRET (M. - R.) DELMAS (P.) OLOULOTAN
(S.)
9. AGOUA (F.) BEAUVAL (V.) MERCOIRET (M. - R.) OUIKOUN (M.) GABA
- AFOUDA (L.)
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Projet de consolidation des coopératives agricoles
PROCOCA2 Bilan à mi-parcours et propositions
CIRAD - TERA N°15/2002, 72 p. + annexes
Rapport de synthèse des missions d'appui à l'Union
départementale des producteurs du ZOU
BOHICON, 2000, 30 p.
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10. AGOUA (F.) Suivi-évaluation d'un programme
expérimental du Tout petit crédit aux femmes (TPCF) au sein de
la FECECAM - BENIN ABIDJAN, ACI, 1994, 20 p. + annexes
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