CONCLUSION DU CHAPITRE 4
La deuxième conclusion majeure liée à la
théorie des ZMO est la spécialisation des pays, surtout lorsque
ces derniers suivent la logique des avantages comparatifs. A la question de
savoir si l'utilisation d'une monnaie unique conduit à une forte
spécialisation en Zone CEMAC, la réponse donnée par ce
chapitre n'est pas stricte. Prenant l'exemple du Cameroun, il ressort une
conclusion ambiguë : l'indice de spécialisation internationale
montre que ce pays n'est pas spécialisé au sens absolu, mais
plutôt au sens « relatif », dans les
secteurs forestiers et pétroliers. Ce caractère relatif
s'explique par le fait que ce pays possède une base productive (et donc
exportable) relativement diversifiée, mais dont quelques branches
(pétrole et bois) occupent une grande part. Ce résultat a
été obtenu en calculant le poids de ces secteurs lors
l'élaboration de l'indice de Herfindhal.
En ce qui concerne la nature de la spécialisation,
l'indice de Grubel et Lloyd appliqué à l'ensemble des pays de la
CEMAC montre que ces pays obéissent globalement à une
spécialisation intra-branche dans le secteur des marchandises et
inter-branche dans le secteur des services. Mais des données
désagrégées auraient pu aboutir à des
résultats plus affinés.
Enfin, tous ces résultats sont confirmés par le
faible niveau du potentiel commercial des pays de la CEMAC, et montrent que les
pays sont spécialisés en fonction de leurs dotations
naturelles.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
L'analyse empirique du marché de la CEMAC a
privilégié un aspect : le rôle de la monnaie unique
sur le processus d'intégration par le marché. Trois enseignements
majeurs issus d'une méthodologie économétrique
(modèle de gravité augmenté) et statistique (indicateur du
potentiel des exportations et indices de Herfindhal et de Grubel et Lloyd)
doivent être tirés :
v le premier montre que la monnaie unique n'a pas joué
le rôle attendu dans le renforcement de l'intégration par le
marché. Mais l'estimation montre que ce rôle s'apprécie au
fil du temps, car il est observé une augmentation du coefficient de la
variable UM ainsi que de sa significativité. Mais lorsque la variable
est construite à partir des seuls pays de la CEMAC, le coefficient
associé est négatif, significatif à 1%, et augmente en
valeur absolue dans les deux sous-périodes ;
v le second enseignement, qui découle du premier montre
que les pays de la CEMAC sont spécialisés dans un petit nombre de
produits. Ainsi, ils obéissent à une spécialisation
intra-branche dans le secteur des marchandises et inter-branche dans celui des
services. Cette spécialisation est imposée non par la suppression
de l'effet frontière monétaire, mais par les dotations naturelles
;
v en ce qui concerne le potentiel commercial des pays, il se
dégage que les pays de la sous-région Afrique centrale
possèdent un faible potentiel commercial qui n'est pas valorisé
à cause de la faiblesse du capital spatial (infrastructures
routières, ferroviaires, connexions Internet et
téléphoniques, etc.).
Au final, il ressort que les pays de la Zone CEMAC, tout en
obéissant à une logique de spécialisation régionale
(car cinq pays sur six sont producteurs de pétrole) montrent quelques
signes d'endogénéité sur le plan monétaire,
hypothèse en devenir. Cette conclusion est confortée à
travers l'augmentation dans le temps de la valeur du coefficient de la variable
d'UM en présence des partenaires. En plus, le Cameroun à lui
tout seul ne saurait déterminer le degré de diversification,
malgré son poids dans la Communauté. Ainsi, la suppression de
l'effet frontière monétaire a conduit d'une part à
l'amélioration du commerce quoique non significative et d'autre part
à la spécialisation des pays, mais cette fois ci en fonction des
dotations naturelles.
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