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Réformes macroéconomique et intégration par le marché dans la CEMAC

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par Michel Dieudonné MIGNAMISSI
Université Yaoundé II - DEA 2008
  

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1.1.1. Les explications traditionnelles du commerce international

Les explications traditionnelles du commerce international recouvrent deux aspects : les aspects statiques et les aspects dynamiques.

Les aspects statiques sont généralement regroupés autour de la théorie des avantages comparatifs et examinent la spécialisation des pays (Smith, 1776 ; Ricardo, 1817). Considérant d'autres facteurs tels que la dotation factorielle, Ohlin (1933) et Heckscher (1949) ont cherché à expliquer autrement la motivation des Etats à commercer. Leurs travaux furent complétés à travers une formulation mathématique par Samuelson (1949), qui démonte les prédictions de leurs conclusions.

Entre les deux visions classique et suédoise, une analyse néoclassique est présentée par Haberler (1936) et s'articule autour de la théorie des coûts d'opportunité ou des taux de substitution. D'inspiration microéconomique, il démontre que l'équilibre en cas d'ouverture est meilleur que l'équilibre autarcique. Plusieurs autres contributions telles que celle de Leontief (1956) s'attardent plutôt sur la spécialisation internationale, surtout avec le cas des Etats-Unis, où il trouve un résultat paradoxal. En effet, les Etats-Unis qui sont un pays capitalistique avaient tendance à exporter les produits à forte concentration en main-d'oeuvre.

Les analyses traditionnelles, vu leur caractère immuable et statique se sont avérées peu concluantes. En toute logique, les conditions initiales peuvent changer et la spécialisation elle-même est vouée au dynamisme. C'est ainsi que Graham (1923) a proposé le concept de gains et pertes dynamiques dans la spécialisation internationale, ceux-ci pouvant être liés aux structures d'offre et de demande63(*).

S'intéressant à la nature des produits échangés, Lassudrie-Duchêne (1971) avance la notion de commerce intra-branche, qui peut être défini comme l'échange croisé des produits similaires entre les pays aux caractéristiques différentiées64(*).

Mais ces théories ont subi l'érosion du temps et se sont avérés peu pertinentes.

1.1.2. Les dépassements des théories traditionnelles

C'est sous la Nouvelle Théorie du Commerce International (Krugman, 1993) que se sont développés au courant des années 90 les dépassements des théories traditionnelles du commerce international. Les arguments explicatifs tournent autour de la structure imparfaite du marché et la nature croissante des rendements d'échelle65(*).

La prise en compte des économies externes a des implications différentes sur la structure du marché. Répondant à la question `'comment les économies d'échelle externes influencent-elles le commerce international ?'', Krugman et Obstfeld (1995) avancent que « de fortes économies externes tendent à confirmer les structures existantes des échanges inter-industriels quelle que soit l'origine de celles-ci. Les pays qui sont au départ gros producteurs de certaines industries pour quelle que raison que ce soit tendent à le rester ». Rainelli (1997) pour sa part affirme que « si de telles économies existent dans la production d'un bien, elles ont pour effet de favoriser, toute chose égale par ailleurs, les nations qui produisent des volumes importants de ce bien ».

En ce qui concerne les économies d'échelle internes, la structure du marché, comme il a été dit, est généralement imparfaite (Guillochon, 1993 ; Krugman et Helpman, 1985). Prenant le cas des marchés contestables66(*), Guillochon (1993) et Rainelli (1997) concluent que les conséquences à l'ouverture internationale vont conduire à évincer du marché le pays dont le prix est le plus élevé, l'hypothèse de départ étant l'existence de deux pays en situation de monopole contestable. On débouche finalement à l'émergence d'un monopole sur le plan international, car à long terme, seul un pays réussira à solder de manière significative la demande mondiale avec des coûts de production les plus bas.

Les développements ci-dessus qui se limitent à expliquer le commerce international oublient toujours dans la gamme d'outils, d'autres facteurs explicatifs qui relèvent du secteur monétaire : c'est la monnaie elle-même. Depuis les décennies 90 et 2000, plusieurs travaux empiriques cherchent plutôt à montrer l'effet de la monnaie sur le commerce. Ce rôle est souvent conforté par celui d'autres variables telles que la frontière, la distance et bien d'autres variables géographiques et socio-historiques.

* 63 Du côté de l'offre, lorsqu'un pays se spécialise dans une production à rendements d'échelle croissants et donc à coûts décroissants, le gain statique de l'échange est remplacé par un gain dynamique et inversement ; du côté de la demande, Graham (1923) distingue les biens à demande progressive (biens industriels) et les biens à demande régressive (produits primaires). Ainsi lorsqu'un pays se spécialise dans les premiers et importe les seconds, sa situation se renforce par un gain dynamique.

* 64 Les explications se retrouvent dans la volonté de certains pays de combler leur désavantage comparatif, des effets de ``demande de différence'', c'est-à-dire le snobisme de certains consommateurs envers certains produits. Les produits en question bénéficient de la « qualité de non banalisation ». Une autre explication se retrouve dans la `'hiérarchie des avantages comparatifs'' : à ce niveau les pays intermédiaires (niveau de développement moyen) jouent un rôle important de transit de ces biens.

* 65 En effet, le corollaire de l'hypothèse de concurrence pure et parfaite rencontrée dans les théories traditionnelles est celui des rendements d'échelle constants. L'échange international peut être aussi bien influencé par les économies d'échelle externes et internes. Les économies d'échelle externes résultent de la structure industrielle dans son ensemble (externalités positives) et les économies d'échelle internes renvoient à l'organisation interne de l'entreprise.

* 66 Théorie développée par Baumol, Willig et Panzar au courant des années 80 avec pour hypothèses fondamentales l'existence d'entrants potentiels, l'absence de barrières à l'entrée et à la sortie. Dans cette configuration de marché, les prix sont fixés par égalisation du coût moyen et de la recette moyenne, contrairement aux hypothèses de la théorie microéconomique traditionnelle, pour lesquels le prix se fixe par égalisation du coût marginal et de la recette marginale.

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