CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
L'étude a montré que la culture du coton est en
pleine expansion dans la province de la Kompienga au regard de l'accroissement
des superficies emblavées et de l'attrait grandissant des producteurs
vers cette spéculation. Cet attrait est dû aux revenus
monétaires générés par la culture du coton
contribuant ainsi à la résolution des problèmes ponctuels
des ménages. Aussi, ce dernier élément est en partie
responsable de l'expansion des surfaces emblavées par de nouvelles
défriches, toute chose qui confirme l'hypothèse spécifique
2.
La culture du coton comme on a pu le constater à
travers les résultats fait recours à une utilisation importante
de pesticides dans la lutte contre les ravageurs et de fertilisants en vu de
l'accroissement de la productivité. Les pratiques d'utilisation des
pesticides sont peu respectueuses des normes de protection sanitaires aussi
bien des utilisateurs que de l'écosystème environnant. Sont entre
autre de ces mauvaises pratiques, la non utilisation des équipements de
protection sanitaires, le non respect des dosages et dilutions des
insecticides, l'utilisation des pesticides du cotonnier sur les autres cultures
alimentaires etc. Tous les éléments suscités constituent
des pratiques génératrices de risque aussi bien pour l'homme que
l'environnement. Les principaux risques révélés sont la
réduction drastique de la couverture végétale par la
déforestation avec les effets collatéraux comme la menace sur la
diversité biologique animale et végétale, l'exposition aux
risques sanitaires par consommation ou inhalation de pesticides très
toxiques aux origines douteuses voir inconnus. Dans cette même optique la
perception de certains risques et dangers environnementaux par les
cotonculteurs pourrait être un tremplin pour entreprendre des actions en
faveurs la préservation de l'écosystème.
Ces éléments permettent de conclure en partie sur
la justesse de la première hypothèse et de la deuxième
hypothèse.
Au regard des risques de premier niveau pour l'homme, les
animaux et le milieu, la première perspective consisterait à
réaliser une des ambitions originelles de la présente
étude à savoir vérifier l'existence de certains risques
à partir d'analyses de prélèvements des cibles
potentiellement exposés. Aussi, nous suggérons que des
études soient engagées autour des thématiques suivants
afin vérifier définitivement les hypothèses, notamment la
1 ère spécifique. Il s'agit entre autres :
y' Un suivi de la dynamique d'occupation des espaces et de
l'état de la végétation ;
y' Un suivi écologique pour déterminer les dommages
que subit la population entomophile ;
y' Une analyse des ressources en eau pour connaître son
niveau de pollution ; y' Un suivi des sols afin de mieux connaître
l'état d'évolution de la fertilité ;
y' Une analyse des ressources végétales
forestières pour faire l'état de leurs
contaminations.
y' La recherche et la valorisation des pesticides naturels.
En second lieu, d'autres actions telles que le
développement de la recherche sur les bios pesticides et le coton
biologique constitueraient des pistes à prospecter. Les institutions de
recherche et les partenaires au développement ont des rôles
importants à jouer en vue de réduire la pauvreté en milieu
rural par la promotion de la culture de coton. Il s'agit de rompre le cercle
vicieux de « culture de coton - dégradation des ressources
naturelles-pauvreté croissante-abandon des terres affaiblies - expansion
de nouvelles terres ».
Pour ce faire, il est urgent d'instaurer un cadre de
réflexion relatif à la problématique environnementale de
la culture de coton en y impliquant les décideurs, les
développeurs, les producteurs et les autres agents économiques
qui s'investissent dans la région. L'enclenchement d'un tel processus
permettra à chaque acteur selon son domaine et niveau d'intervention de
prendre toute la dimension de ses droits mais aussi de ses devoirs en
matière de gestion durable et de préservation des ressources
naturelles.
Le socle impérieux des acteurs en amont comme en aval
de la production serait d'adopter des mesures concertées de protection
et de prévention contre les risques encourus par
l'écosystème de la région. Pour ce faire, il est urgent en
attendant que les recherches préconisées soient conduites, que
les actions suivantes soient menées en vue d'atténuer, voir
contrôler les impacts négatifs prévisibles toute chose qui
permettrait de vérifier l'hypothèse3 :
y' La réorganisation de l'occupation de l'espace.
y' La réactualisation et la matérialisation des
limites des réserves forestières et fauniques par un respect de
la zone tampon.
y' La sensibilisation et la formation des producteurs de coton
à l'adoption des techniques rationnelles d'utilisation des intrants
chimiques (pesticides et engrais).
y' Le développement de la recherche et valorisation des
pesticides naturelles.
y' Une rigueur sur le respect de la réglementation et un
contrôle des produits phytosanitaires.
y' La promotion d'une politique d'équipement des
producteurs de coton en matériel de protection.
y' Une sensibilisation des producteurs en les incitant à
pratiquer l'agroforesterie et à utiliser la fumure organique.
La réalisation des actions préconisées
à travers les deux axes que constitue la nécessité de
conduire des recherches approfondies et la prise de mesures conservatoires
urgentes constitueraient le seul gage d'une agriculture durable et partant d'un
développement humain durable.
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