CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES DE LA REGION
2.1. CARACTERISTIQUES BIOPHYSIQUES
2.1.1. Climat
Dans sa majorité, la région de l'Est est
située dans la zone soudanienne. Le climat est de type soudanien au Sud
et Sahélien au Nord. La zone est comprise entre les isohyètes
1200 mm et 400 mm (INERA, 2000). D'après PICOFA (2003), la zone la mieux
arrosée dans la région de l'Est est située à
l'extrême Sud dans les provinces de la Kompienga et de la Komandjari.
Selon une étude du MCE(2003), la province de la
Kompienga est marquée par une saison sèche d'octobre à
avril au cours de laquelle sont enregistrées les plus fortes chaleurs
(mars, mai) et, une saison de pluies de mai à fin septembre.
La moyenne des précipitations annuelles
enregistrées au cours des dix dernières années dans la
ville de Pama est 901,87#177;1 80,23 mm.
ANNEE
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Janvier
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
11,6
|
-
|
-
|
Février
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1,2
|
15
|
Mars
|
22 ,7
|
-
|
-
|
-
|
-
|
5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Avril
|
28,8
|
77,4
|
11,8
|
53,5
|
21,1
|
13,9
|
46
|
22,6
|
62,4
|
13,1
|
Mai
|
50,6
|
147,7
|
73,2
|
144,7
|
90,3
|
67,1
|
148,5
|
88,9
|
64,8
|
74,1
|
Juin
|
197,2
|
166,1
|
83,5
|
148,1
|
102,1
|
79,6
|
103,9
|
91,5
|
143
|
96,5
|
Juillet
|
11,2
|
189
|
129,5
|
208,1
|
149,1
|
94,2
|
94,2
|
190,5
|
284,2
|
103,9
|
Août
|
209,6
|
244,7
|
349,1
|
232 ,3
|
359
|
204,6
|
323,2
|
109,5
|
197
|
165,2
|
Septembre
|
152,1
|
377
|
268,1
|
185,8
|
178,1
|
125,1
|
283,5
|
163,7
|
88,7
|
171,9
|
Octobre
|
34
|
74,2
|
45
|
47,7
|
16,7
|
69,9
|
19,7
|
3,1
|
68,8
|
97,2
|
Novembre
|
-
|
-
|
-
|
|
-
|
2
|
-
|
5,3
|
-
|
-
|
TOTAL
|
806,2
|
1296,1
|
960,2
|
1020,4
|
916,4
|
666,5
|
1019
|
686,9
|
910,1
|
736,9
|
Source : DPAHRH/Pama
Tableau 1 : Répartition
temporelle de la pluviosité (en mm) à Pama
2.1.2. Sol, Relief et Géomorphologie
La géomorphologie du Burkina Faso témoigne d'une
action érosive très ancienne menant vers le développement
d'une pénéplaine généralisée, l'altitude
moyenne est de 400 m. Le relief est essentiellement conditionné par la
situation géologique.
A Pama (chef-lieu de la province de la Kompienga), le relief
est de type pénéplaine avec des dénivellations faibles. Le
point le plus culminant est à 356 m au sommet d'une colline
située au Nord de Pama, le point le plus bas à 140 m à
Mampa au sud de Pama (lit du Koulpéologo). Ces zones à relief
accusé correspondent à des massifs circonscrits (Pama, Tindangou,
Samboini, Diébiga). L'altitude moyenne varie entre 250 et 300 m. Cette
altitude baisse progressivement jusqu'à 3 rivières principales :
le Koulpéologo à l'Ouest, le Singou à l'Est et le Potiona
au Nord (MCE, 2003).
Les sols constituent l'expression des actions combinées
du climat, du relief, de la végétation et de l'homme sur la roche
mère (TERSIGUEL, 1992). Du point de vue géologique, la
région d'étude se caractérise par la prédominance
du socle cristallin précambrien. Il reste que des vestiges de roches
très anciennes, gréseuses ou gréso-schisteuses constituent
le massif du Gobnagou et ses abords. Les principaux sols rencontrés sont
:
- les sols ferrugineux tropicaux peu
lessivés sur matériaux sableux, sablo-argileux ou
argilo-sableux qui sont pauvres avec des teneurs basses en calcium, potassium
et phosphore ;
- les sols peu évolués
d'érosion, sur matériaux gravillonnaires ayant une
profondeur insuffisante avec une faible capacité de rétention en
eau ;
- les sols bruns tropicaux sur
matériaux argileux qui ont un potentiel chimique élevé ;
- les vertisols sur alluvions ou matériaux argileux qui
ont une richesse minérale élevée ; - les sols
hydromorphes à pseudogley sur matériaux à
textures variées caractérisés par un
excès d'eau temporaire (PICOFA, 2003).
2.1.3. Le réseau hydrographique
D'après MCE (2003), la totalité de Pama
appartient aux sous bassin versant de la Pendjari, elle-même affluent du
Nakajima. La Pendjari et ses affluents ne coulent pas en saison sèche.
Mais de nombreuses mares ou retenues permanentes sont situées sur le
cours de la rivière. Le débit international sur la Pendjari est
de 7,8m3 /s à la station d' Arly. Une retenue artificielle importante
(la Kompienga) a été réalisée sur la rivière
Ouali. La capacité de stockage est de
2,5 milliards de m3. De plus 3 grands ensembles
hydrogéologiques sont constatés et sont
caractérisés en fonction de la nature lithologique des formations
aquifères : les granitoïdes, les formations schisteuses
volcano-sédimentaires, les formations sédimentaires et
superficielles.
En plus du lac du barrage, de nombreux points d'eaux serpentent
la province :
- la Kompienga appelée aussi Kpenpiena ou
Koulpéologo,
- la Bigou non permanente, - la Singou non permanente, - et la
Pendjari permanente.
2.1.4. La végétation
D'après INERA (2000), la végétation de la
région est caractérisée par une savane arbustive au nord
et une savane arborée au sud.
Aussi, elle est de type « savane arborée »,
plus claire à proximité des villages avec le maintien d'un parc
à karité, néré, tamarinier et baobab qui sont des
espèces protégées et exploitées par les
populations. Le tapis herbacé est continu avec une présence
marquée de graminées pérennes dont andropogon (PICOFA,
2003).
La savane arbustive de type clair est dense et domine sur les
versants à pente faible de la zone de marnage. Dans la zone plane ou en
légère dépression, ils se forment les terrasses et les
berges de la Kompienga et des autres cours d'eau qui sont dominés par la
forêt galerie, la savane boisée et la savane marécageuse.
Le potentiel floristique est dynamique dans les différentes zones de
réserve totale ou partielle dans la province (DRED-EST, 2005).
2.1.5. Le potentiel faunique
L'espace protégé dans la région Est
représente environ 11,3% des réserves fauniques du pays avec une
faune abondante et variée (DRED, 2003). Ces aires de conservation ont
été établies en vue de la préservation d'un
patrimoine à la fois national et international. Très importante
par la biodiversité, la zone abrite environ 55 à 70% des derniers
éléphants du Burkina Faso et les derniers survivants Ouest
Africains de quelques espèces telles que le guépard, le
damalisque, le pangolin et le lycaon. Le Parc national d'Arly représente
environ 26,57% des réserves fauniques du pays (CLARK, 1997).
D'après l'UPC de Pama (communication orale, 2006), la
province abrite incontestablement les plus grandes réserves de faune
cynégétique du pays. Elle est riche et diversifiée. On y
rencontre les grands mammifères de l'Afrique de l'Ouest. Les
espèces couramment rencontrées sont entre autres des
éléphants, antilopes, singes, buffles, lions, hypotragues,
hippopotames, bubales, waterbuk, phacochère, cynocéphale,
hyène, cob de buffon, cob de roseau, céphalophe, ourébi et
guib harnaché.
Il faut noter que le damalisque et la panthère sont
deux mammifères que l'on rencontre de façon sporadique dans la
forêt. Enfin, la faune aviaire compte également diverses
espèces et il y a aussi la présence de reptiles.
2.2. CARA CTERIS TIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES
Les principaux secteurs économiques sont l'agriculture
et l'élevage. L'agriculture est l'activité
socio-économique la plus pratiquée dans la région Est et
occupe la quasi-totalité des ménages soit environ 80% de la
population (DRED-Est, 2003). Les systèmes d'exploitation agricole et les
systèmes d'élevage sont décrits comme étant
extensifs et fortement consommateurs des ressources naturelles (SPACK, 1997 ;
INERA, 2000 et MAHRH, 2005).
2.2.1. Les systèmes d'exploitation agricoles
2.2.1.1. L'agriculture
SPACK (1997) fait constaté que l'agriculture des
gourmantché repose sur une culture pluviale, extensive avec un outillage
traditionnel et dans certains endroits de la région la terre est
rarement labouré et dès que les premières pluies tombent,
le paysan sème.
Les exploitants agricoles de la région de l'Est
pratiquent l'agriculture et l'élevage de façon plus ou moins
intégrée. La majorité des familles paysannes vivent de
l'agriculture vivrière, pratiquée sur de petites exploitations,
avec un itinéraire technique extensif : peu de fertilisants organiques
ou minéraux, faible taux d'équipement en culture attelée.
Dans la majorité des cas,
c'est la main d'oeuvre qui constitue le facteur limitant
à la production, et dès qu'un exploitant peut faire l'acquisition
d'une chaîne de culture attelée, il augmente ses surfaces en
culture. Les cultures de rentes dans la région sont essentiellement le
coton, l'arachide, le sésame et le niébé. Les autres
spéculations sont le mais, le petit, le mil, le sorgho (INERA, 2000).
2.2.1.2. Elevage
L'Est est une réelle région d'élevage,
les risques de concurrence avec l'agriculture pour le besoin en ressources
naturelles sont présents. Dans toutes les provinces de la région
le cheptel est important (SPACK, 1997).
Trois systèmes d'élevage coexistent dans la
région :
L'élevage transhumant : c'est une zone
de transhumance importante pour les animaux du sahel nigérien et
burkinabé. Certains éleveurs basés dans la zone pratiquent
par ailleurs la transhumance vers le Bénin et le Togo ;
L'élevage extensif sédentaire :
celui-ci a pris beaucoup d'importance tant au niveau des éleveurs peulhs
que celui des agropasteurs gourmantchés et mossis. Cet élevage
est estimé à environ 1 bovin, 1 ovin et 1,5 caprin par habitant.
Il représenterait 16% de l'effectif bovin burkinabé ;
L'élevage fermier : cet élevage
est encore très marginal au plan quantitatif. Il est très
lié à la culture attelée pour les bovins, il est davantage
pratiqué pour les ovins, souvent par les femmes. Sur le plan technique,
la pratique de l'embouche paraît assez « rustique » et serait
susceptible d'amélioration permettant une rentabilité
économique directe et une production beaucoup plus importante de
matière organique (PICOFA, 2000 et DRED-Est, 2003).
2.2.1.3. La chasse, la pêche et le
tourisme
Ces activités ont connu un essor grâce aux
potentialités naturelles dont regorge l'ensemble de la région. En
effet, cette zone fait partie d'un grand écosystème
transfrontalier entre le Burkina, Bénin et Niger. Selon CLARK (1997) le
taux de braconnage, le flux de visiteurs touristiques font preuve des
potentialités fauniques dont regorge la région.
En 1995, la production totale de poisson était
estimée à 2.500 tonnes/an grâce aux aménagements
hydro-agricoles et le secteur hydraulique de la Kompienga, de Bilanga et
Boudieri. Les recettes générées par la chasse sont de 129
850 500 FCFA (DRED-Est, 2004). La province de la Kompienga est
réputée pour ses sites touristiques. Selon les statistiques de
DRED-Est (2005) dans cette province, les recettes liées à
l'activité cynégétique sont très impressionnantes.
Elles sont passées de 65 753 500 FCFA à la campagne de 2002/2003
à 64 813 200 FCFA en 2003/2004 pour atteindre en 2004/2005 un montant de
66 725 700 FCFA. Cet effort économique provient essentiellement des
activités de la pêche et de la chasse dans les différentes
réserves forestières et zones aménagées à
cet effet.
En somme, il est notoire que les activités liées
à l'exploitation faunique procurent des revenus aussi bien aux
populations impliquées dans la gestion de la faune qu'aux budgets de
l'Etat et aux concessionnaires privés.
2.2.1.4. Les autres activités
L'activité industrielle est inexistante, elle se limite
à la production d'électricité grâce au barrage de la
Kompienga. Aucun site minier d'envergure n'a été identifié
dans la province. Il existe cependant, une carrière d'exploitation de
granite de bitumage à Pama. L'artisanat est surtout utilitaire et porte
essentiellement sur la vannerie, la forge, la poterie et le tissage (des nattes
surtout). L'artisanat d'art est peu développé (DRED-EST,
2005).
2.3. Activité cotonnière dans la zone
2.3.1. Contexte historique
Le processus d'extension de la culture du coton, en tant que
culture commerciale, au Burkina Faso avait exclu les cercles de l'Est actuel
(provinces du Gourma et de la Tapoa) jusqu'au lendemain de
l'indépendance (SCHWARTZ, 1997a). D'après SCHWARTZ (1998)
in SOMDA et al (2006), la population de l'Est en général
pratiquait traditionnellement la culture du coton à des fins domestiques
et vendait éventuellement les excédents sous forme de bandes
tissées. Malgré la mise en place de l'appareil colonial
français dans les années 1924 à 1929 qui rendait
obligatoire cette culture et le dispositif d'encadrement (ORD) associé,
la population de cette région ne s'est pas immédiatement
convaincue à s'investir particulièrement dans la production de
coton. C'est en 1989 avec le Projet de Développement Rural
Intégré (PDRI) que la relance de la culture cotonnière a
été affichée comme un objectif majeur dans la
région.
2.3.2. Dynamique et défis de
l'activité
Première culture de rente dans plusieurs
systèmes d'exploitation agricole notamment dans les régions
productrices, la culture du coton est en pleine expansion dans toute la
région de l'Est. D'après UPPC-K (communication orale, 2006), la
province de la Kompienga comptait 145 de GPC (Groupement de Producteur de
Coton) qui sont repartis dans les trois (03) départements. Selon la
même source, il y avait entre 12 à 45 membres dans chaque GPC ce
qui fait 1.740 à 6.525 producteurs potentiels qui s'investissent dans
cette spéculation.
On trouve ici l'explication de l'importance de cette
filière dans l'économie des ménages et partant de sa place
dans les stratégies de lutte contre la pauvreté de cette
province.
Depuis la libéralisation du secteur du coton intervenu
en 2000, l'exploitation et la commercialisation de la production de la
région de l'Est est dévolue à la SOCOMA
(Société Cotonnière du Gourma). Cette
société dispose deux (02) usines dont la plus ancienne
(installée à Diapaga) a une capacité de 30.000 T et la
dernière est installée dans le département de Kompienga
qui est opérationnelle en 2007.
De nos jours, les défis auxquels sont
confrontés, cette filière sont énormes. D'après
HAMSAR (2004) in (CSAO, 2005) les défis auxquels se heurtent le
sous-secteur coton sont complexes. Des subventions accordées dans les
pays développés qui affaiblissent le cour, l'augmentation de la
production dans le monde, la concurrence accrue des fibres synthétiques,
les innovations technologiques, les nouveaux moyens de lutte contre les
parasites, la percée de la biotechnologique chez les producteurs des
pays développés et d'Asie même d'Afrique du sud et les
effets préjudiciables sur l'environnement.
Depuis l'introduction de la culture du coton dans la
région de l'Est, elle est sujette à discussion. PICOFA (2003),
fait constaté que tous les spécialistes de la gestion des
ressources naturelles sont inquiets face au fort courant d'immigration et
à l'expansion de cette culture, les conditions d'un développement
durable et le maintien de fertilité sont peu assurés. La
dégradation des ressources naturelles, peu réversible, fragilise
le développement touristique de cette partie de la région.
La problématique environnementale de la culture de
coton dans la région de l'Est est sans doute l'expansion des parcelles
exploitées. Il est couramment admis que le paramètre extension
des superficies emblavées semble militer en faveur de la destruction des
ressources naturelles par cette culture.
En effet, les statistiques de MAHRH/DSA (2007) indiquent que
4800ha ont été emblavées dans la province en 2006 par les
producteurs en coton.
2.3.3. Evolution spatiale de la production
Dans la région de l'Est, l'accroissement de la
production a été conforté par le « plan de relance de
la culture cotonnière adopté en février 1996 » et qui
couvrait la période de 1995/2001. Ce plan prévoyait entre autre
l'extension de la culture à des nouvelles zones productrices
potentielles (50 000 ha envisagés dans l'est et le sud du pays Sissili
et Comoé) selon MAHRH (2003).
En 1996, la production cotonnière de l'ensemble de la
région de l'Est était de 2.280T pour atteindre 31 .055T en 2005
et 22.929T en 2006. Sur la même période considérée
celle de la province de la Kompienga a évolué tendanciellement en
hausse de 172T en 1995 et 5.706T en 2006(confère figure N°4).
Depuis l'année 2004, la production de la région
semble se stabiliser autour de 30 000T.
En 11 années de campagne cotonnière soit de 1995
à 2006, les superficies emblavées et la production ont
évalué tendanciellement vers la hausse.
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
Année
R-Est KPG
R-Est= Région de l'est ; KPG=Province de la Kompienga
Source : MAHRH/ Direction des statistiques agricoles :
Campagnes agricoles de 1995 à 2006
Figure N°4 : Production cotonnière de
la Région de l'Est et de la province de la Kompienga
Par contre, les rendements de la région sont
restés stationnaires et connaissent une baisse depuis 2004 ce qui s'est
traduit par la baisse de la production. Le plus grand rendement obtenu par la
province a été de 1208T/ha réalisé en 2006. La
moyenne des rendements des 10 dernières années est 1035,54 T/ha
pour la région tandis qu'elle est de 1054,33T/ha pour la province de la
Kompienga.
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
R-Est P-KPG
Année
Source : MAHRH/ Direction des statistiques agricoles :
Campagnes agricoles de 1995 à 2006
Figure N°5: Evolution temporelle des
rendements dans la région de l'Est
En revanche, les superficies ont aussi accru, mais à un
rythme moins accéléré. En effet, de 1995 à 2006,
les parcelles ensemencées ont évolué de 3.828 ha à
26.077 ha soit un accroissement de près de 7 fois pour la région
Est alors que la province de la Kompienga a triplé les superficies
emblavées de 2001 à 2006.
25000
20000
35000
30000
15000
10000
5000
0
Année
R-Est P-KPG
Source : MAHRH/Direction des statistiques agricoles : campagnes
agricoles de 1995 à 2006 Figure N° 6:
évolution des superficies emblavées en coton dans la
région de l'Est
2.4. Conclusion partielle
En définitive, il faut mentionner que la région
possède d'énormes potentialités fauniques,
forestières et hydrauliques. Ce qui lui offre des atouts pour amorcer
son développement économique. L'agriculture et l'élevage
sont les principales activités qui occupent la population de la zone.
Cependant, cet équilibre risque d'être rompu au regard de la forte
migration que connaît la province. Cette migration s'accompagne d'un
développement d'activités anthropiques notamment agricoles.
Ainsi, l'expansion de la culture de coton dans ces dernières
années est un facteur qui aggraverait les effets pervers sur
l'écosystème de la région.
CHAPITRE III : PROBLEMATIQUE DE LA CULTURE DU COTON ET
ECOSYSTEME
LECLECH (1998) définit l'écosystème comme
l'unité écologique de base par un milieu physique, le biotope, et
les organismes animaux et végétaux qui y vivent, la
biocénose. Mais on ne peut pas réduire l'écosystème
à l'énumération de ses composantes biologiques. Il
convient aussi de décrire le milieu physico-chimique, et les relations
qui s'établissent entre et dans tous les compartiments. Il ne faut pas
non plus se contenter de dresser un tableau à l'instant `T» d'un
écosystème, mais voir ou contraire sa dynamique
d'évolution au cours du temps. Tout cela est conditionné par les
facteurs biotiques et abiotiques extérieurs qui l'influencent. Les agro
systèmes sont des écosystèmes agricoles
c'est-à-dire les espaces où l'homme se livre à des
activités de culture et d'élevage.
Dans les pays en développement en
général, la problématique de l'environnement se pose
surtout en terme de déséquilibre entre les ressources naturelles
d'une part et les besoins sans cesse croissants de la population d'autre part.
A la recherche d'une amélioration de leurs conditions de vie, les
populations (dont le noble augmente à un rythme très rapide)
exercent une pression accrue sur les ressources de leur environnement. Cette
pression se traduit par la rapide diminution des ressources naturelles, une
importante baisse de la biodiversité et une perturbation du
fonctionnement global des écosystèmes naturels (CRE, 2001).
Le développement de l'agriculture est une
priorité dans les pays africains et il est souvent tributaire de
l'utilisation des pesticides pour accroître les rendements des cultures
de rentes (coton, café, cacaoyer etc.). La protection des cultures
contre les ravageurs, les maladies et les concurrents pour les
éléments nutritifs, la lumière et l'eau est aussi ancienne
que la culture des plantes elle-même. Exclusivement manuelles à
l'origine, les méthodes de protection des cultures employées par
l'homme se sont enrichies au cours du temps de procédés
culturaux, mécaniques, chimiques, biologiques et biotechniques.
L'utilisation de produits chimiques de synthèse y est
considérée comme une mesure de secours (PAN, 1993).
3.1. Environnement international de la production
cotonnière
3.1.1. La production mondiale
En 1998-1999, la production mondiale de fibre a
été de 18,6 millions de tonnes contre environ une moyenne de 19
millions sur la période 1989-1991. Elle a connu une légère
amélioration à la campagne de 1997-1998 avec une valeur d'environ
20 millions de tonnes. Mais à partir de la campagne 98-99 jusqu'en 2001,
elle a fluctué entre 18 millions et 19 millions de tonnes (voir tableau
N°2).
ANNEE
|
1998/99
|
1999/00
|
2000/01
|
2000/02
|
2002/03
|
Monde
|
18572
|
19051
|
19314
|
21438
|
19158
|
Chine populaire
|
4507
|
3832
|
4420
|
5313
|
4921
|
Etats-Unis
|
3030
|
3694
|
3742
|
4421
|
3747
|
Inde
|
2805
|
2652
|
2380
|
2678
|
2308
|
Pakistan
|
1372
|
1872
|
1785
|
1807
|
1698
|
Ouzbékistan
|
1002
|
1128
|
958
|
1067
|
1027
|
Brésil
|
521
|
700
|
939
|
766
|
827
|
Turquie
|
4495
|
4382
|
4306
|
4521
|
3730
|
Autres
|
4495
|
4382
|
4306
|
4521
|
3730
|
Source: United Department of Agriculture, Foreign
Agriculture, Service, Cellular séries, 08-2003 in MEF et GTZ (2003).
Tableau N°2: production mondiale de coton
fibre (en millier de tonnes)
En outre, on constate que sur la période de
référence du tableau, les deux premiers producteurs demeurent la
Chine et les Etats-Unis. Les deux pays, grands producteurs de coton, totalisent
plus de 40% de la production annuelle mondiale de coton, avec des parts
respectives de 23% et 19%. C'est donc dire que leurs politiques
cotonnières influencent nécessairement le marché mondial
(MEF, 2003).
3.1.2. La production au Burkina Faso
A l'exception pratiquement des provinces sahéliennes,
le coton est cultivé un peu partout. Cependant, la principale aire
cotonnière est située à l'Ouest ; elle s'étend sur
le cinquième du territoire national et produit près de 95% du
coton graines commercialisé par le Burkina. Cette aire
bénéficie de conditions naturelles favorables à la culture
de coton (MEF, 2003). Amorcé après 1947, le développement
de la culture de coton est surtout notable à partir de la fin des
années 1960. L'augmentation est progressive jusqu'au milieu de la
décennie 1980 et à partir de 1994-1995, la croissance s'est
accélérée (d'environ 88 000 T de coton graine en 84/85,
elle passe à 406 000 T en 2003 pour atteindre 71 2707 T en 2005 (MAHRH,
2006).
En réalité, la forte augmentation de la
production dans la deuxième décennie de 1980 masque
d'énormes disparités régionales et intra
régionales. En effet, à côté de la zone
cotonnière qu'est l'Ouest, on trouve les régions Centre et l'Est
du Burkina se présentant également comme des régions
productrices.
400000
200000
800000
700000
600000
500000
300000
100000
0
Année
Production
Source : MAHRH/ Direction des statistiques
agricoles : Campagnes agricoles de 1995 à 2006 Figure
N°7 : Evolution de la production cotonnière au Burkina
Faso
3.2. Les intrants chimiques et minéraux du
cotonnier
3.2.1. Classification des pesticides
chimiques
En plus des classifications basées sur les
caractéristiques biologiques et physiques, il existe une classification
chimique des pesticides. On distingue deux catégories principales de
pesticides : les pesticides minéraux et les pesticides organiques. Les
pesticides organiques comprennent à leur tour les substances botaniques
ou pesticides naturels et les substances de synthèse.
Parmi les pesticides de synthèse, on retrouve
principalement quatre groupes : les organochlorés (OC), les
organophosphorés (OP), les carbamates et les pyrethrinoïdes de
synthèses.
Les pesticides d'un même groupe chimique
possèdent souvent les mêmes caractéristiques en ce qui
concerne leur toxicité, leur persistance, leur mode d'action etc (voir
Tableau 3). Un pesticide peut être désigné par sa formule
chimique, son nom scientifique, son nom commun et son nom commercial. Le nom
commun représente la matière active du produit. Une même
matière active peut être vendue sous plusieurs noms commerciaux
différents et être présentée sous plusieurs
formulations différentes.
Matière active
|
DL 50
|
Classe
|
Délai
|
Cancéri-
|
Téra-
|
Toxi-
|
Toxi-
|
Nocif
|
|
(orale aigue
|
de danger
|
d'inter-
|
gène
|
to-
|
que
|
que
|
Pour
|
Formulation commerciale
|
sur rat
|
selon
|
diction
|
(exp.ani-
|
gène
|
pour
|
pour
|
Auxi-
|
|
en mg/kg)
|
CEE/OMS
|
avant récolte
|
mal)
|
(exp. animal
|
abeille
|
pois- son
|
liaires
|
Colonne 1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
.Organochlorés aldrine
|
38 DD
|
/Ib
|
42
|
*
|
*
|
*
|
*
|
|
chloredane
|
460 DD
|
/II
|
|
*
|
*
|
|
|
|
DDT
|
113 DD
|
/II
|
42
|
*
|
*
|
*
|
*
|
|
dieldrine
|
46 DD
|
/Ia
|
42
|
*
|
*
|
*
|
*
|
|
endosulfan
|
80
|
T/II
|
60
|
*
|
|
*
|
*
|
4
|
heptachlore
|
100 DD
|
|
49
|
*
|
|
*
|
*
|
|
.Organophosphorés
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Diméthoate
|
150
|
Xn/II
|
60
|
|
|
|
*
|
3-4
|
Malathion
|
2100
|
X/III
|
21
|
|
|
*
|
*
|
|
Ométhoate
|
50
|
T/IIb
|
42
|
|
|
*
|
*
|
|
parathion
|
13 DD
|
T/Ia
|
56
|
*1)
|
|
*
|
*
|
|
.Carbamates
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Aldicarbe(themik)
|
0,93 DD
|
/Ia
|
|
|
|
*
|
*
|
|
carbaryl(sevin)
|
300
|
Xn/II
|
35
|
*
|
*
|
*
|
*
|
3-4
|
carbofuran(furadan)
|
8
|
Xn/Ib
|
70
|
*
|
*
|
*
|
*
|
|
méthomyl
|
17
|
T/Ib
|
14
|
|
|
*
|
*
|
4
|
.Fongicides bénomyl
|
10000
|
|
56
|
*
|
*
|
|
*
|
|
captafol
|
5000
|
|
35
|
*
|
*
|
|
*
|
1
|
captane
|
9000
|
|
28
|
*
|
*
|
|
*
|
1
|
folpel
|
7000
|
|
28
|
*
|
*
|
|
*
|
|
thirame
|
560
|
Xi/III
|
42
|
*
|
*
|
|
*
|
1-2
|
.Herbicides alachlore
atrazine
|
1200 2000
|
/III
|
90 90
|
*2)
|
|
|
*
|
1
|
glyphosate(roundup)
|
4320
|
|
42
|
*2)
|
|
|
*
|
1-2
|
paraquat simazine
|
150 5000
|
T/II
|
14 70
|
*
|
*
|
|
|
|
DD :Dirty Dozen ; a :utilisation interdite ;
Colonne 3 : T=toxique ; Xn : nocif, Xi : irritant, Ib :
très dangéreux ; Ia=extrêmement toxique/très
toxique, II=modérément toxique/nocif, III= peu
dangéreuxColonne 9 : 1=inoffensif ; 2=faiblement nocif ; 3=moyennement
nocif ; 4=très nocif
Tableau N°3: Dangers potentiels de pesticides
d'usage répandu
3.2.2. Rôle des produits
phytosanitaires
Les pesticides sont des produits chimiques ou naturels qui
permettent de lutter contre les maladies des végétaux, les
insectes ravageurs et les rongeurs. Ils peuvent être des fongicides, des
herbicides, des insecticides, des rodenticides, ou des nématocides.
Chacun de ces produits à une fonction bien précise.
Pour aboutir à une molécule commercialisable, il
faut en synthétiser environ 20 000. Les études biologiques et
toxicologiques nécessitant 7 à 8 ans. Il y a actuellement
près de 912 matières actives homologuées et plus de 8833
spécialités commerciales (LECLECH, 1998). Les maladies et
ravageurs des cultures, les adventices entraînent des pertes
considérables allant selon les régions du monde et les
espèces cultivées de 20 à plus de 50% des récoltes
potentielles. Utilisés dès le siècle dernier, des produits
d'origine minérale comme le soufre (en 1857) ou la célèbre
bouillie bordelaise (en 1884) ont permis de lutter efficacement contre les
fléaux, importés d'Amérique que sont l'oïdium et le
mildiou. Mais c'est avec le développement de la chimie de
synthèse que la protection des cultures a trouvé ses principales
armes (LECLECH, 1998).
D'après des statistiques, en culture cotonnière,
H. armigera est le ravageur potentiellement le plus dangereux. On
estime que 20% de la production de coton de la campagne 1991 a
été détruite, du seul fait de cet insecte au Burkina Faso
(MARA et al., 1995).
Selon KUMAR (1991), les insecticides sont à ce jour la
principale arme de l'homme contre les insectes ravageurs. L'utilisation
à grande échelle, des produits agrochimiques est l'un des atouts
premiers facteurs de réduction des pertes causées par les
ravageurs.
En Afrique et dans les pays du tiers monde en
général, l'utilisation massive des pesticides a
coïncidé avec la « révolution verte ». Elle s'est
traduite par la mise au point de semences et de variétés
améliorées à hauts rendements. En outre, elle a permis le
développement des cultures d'exportation comme le café, le coton
le cacao, le thé, le palmier à huile et les bananes. Les intrants
agricoles étaient utilisés à fortes doses pour optimiser
les rendements de ces produits (CRE, 1991).
Ainsi, il apparaît clairement l'importance de l'utilisation
des pesticides en agriculture.
3.2.3. Caractéristiques principales des
pesticides
L'utilisation des pesticides a des effets non intentionnels
multiples. Les risques sont liés aux caractéristiques
physico-chimiques (persistance, solubilité, coefficient d'adsorption) et
toxicologiques des molécules en interaction avec la nature des sols et
les conditions climatiques.
3.2.3.1. Transfert des produits
phytosanitaires
Le sol reçoit in fine la plupart des produits
phytosanitaires utilisés en agriculture et constitue donc la plaque
tournante de leur devenir. A partir de cette matrice six (06)
phénomènes peuvent avoir lieu à savoir :
· volatilisation,
· photodécomposition,
· entraînement par ruissellement, soit en solution,
soit absorbés sur les particules,
· entraînement par lessivage,
· immobilisation par adsorption sur les argiles ou les
matières organiques
· et dégradation physico chimique ou biologique par
les micro-organismes du sol. Seuls les processus de photo décomposition
et de dégradation participent à la disparition réelle du
produit. Les autres mécanismes correspondent à des stockages
où à des déplacements. La multiplicité des
paramètres intervenant sur le devenir des molécules rend celle-ci
difficilement prévisible (LECLECH, 1998).
3.2.3.2. Toxicité
PAN (1993) indique que le chemin que peut suivre une
substance depuis la « frontière du système homme » vers
l'intérieur du corps et l'action qu'elle peut y avoir dépendent
avant tout de ses propriétés physico chimiques et toxiques.
Ainsi, la charge de matière active sur le lieu de
travail dépend de plusieurs facteurs différents. Elle augmente
avec la concentration du produit et la concentration de la matière
active dans la formulation commerciale.
Les effets de l'exposition aux pesticides chez l'homme ou chez
l'animal nécessitent de distinguer :
- l'intoxication aigue qui est liée à une
pénétration massive du produit dans l'organisme. Les
symptômes (digestifs, cardiovasculaires, respiratoires, nerveux)
apparaissent peu de temps après le contact (24-48 heures). Cette
toxicité est assez bien connue. Elle est évaluée par la
DL50 ou CL50 ainsi que par des études sur les propriétés
irritantes et allergisantes. Elle est exprimée en mg de matière
active par kg de poids vif.
- L'intoxication chronique quant à elle est le
résultat d'une exposition répétée ou continue
à des doses faibles, les signes apparaissent souvent très
tardivement. Les effets sont multiples : cancérigène,
mutagène, tératogène, stérilité atteinte
progressive d'un organes (foie, rein etc), baisses immunitaires (PAN, 1993).
Malgré la sévérité des
procédures d'homologation, les données expérimentales,
obtenues sur des cellules ou des animaux, restent difficilement transposables
aux conditions naturelles ainsi que chez l'homme, les phénomènes
de transfert dans l'écosystème, de bio accumulation
d'interactions avec d'autres substances toxiques (engrais, solvants, tabac,
alcool, médicaments), rendent le problème particulièrement
difficile.
3.2.4. Les conséquences de l'usage des pesticides
3.2.4.1. Effets agronomiques non intentionnels
La simplification des systèmes de cultures et
l'utilisation répétée de certains pesticides ont conduit
à plusieurs phénomènes indésirables.
LECLECH (1998) décrit les trois (03)
phénomènes de la manière suivante :
- sur les évolutions de flores:
D'après cet auteur, l'application répétée
d'herbicides ayant le même spectre d'activité, conduit à la
raréfaction des espèces, et corrélativement favorisent le
développement d'une flore adaptée, généralement
moins active, mais à fort pouvoir de
régénération.
Herbicides Utilisation Plantes
favorisées
Phytohormones Céréales Graminées : vulpins,
folle,
acétiques ovines, chiendents...
Urées substituées Céréales
Ombellifère : gaillets
difénamide Tomate Solanacées : morelles, datura
nopropamide Colza, vigne Crucifères ; moutarde,
ravenelle, capselle
Propyzomide Choux, tournesol, Crucifères et
composées
soja, pépinière
oxadiazon Vigne, vergers, Caryophyllacées : mouron des
Pépinières oiseaux céraistes...
Source : D'après LECLECH (1998).
Tableau N°4 : Spectre floristique
après usage d'herbicide
L'évolution de la flore n'est qu'une
conséquence de l'empirisme et de l'utilisation abusive du
désherbage chimique. Les répercussions techniques sont lourdes,
elles entraînent une complication notoire des interventions. Mais, les
retombées économiques sont encore plus graves, l'apparition d'un
tel problème impliquant toujours un surcroît du
désherbage.
- la biodégradation
accélérée des pesticides : L'usage
répété d'un même produit sur un même site
entraîne la prolifération d'une flore microbienne
spécifique l'utilisant comme substrat. Il en résulte en quelques
années une baisse progressive de la persistance agronomique du produit
et par conséquent une chute d'efficacité.
De nombreux cas ont été signalés dans le
monde principalement pour les insecticides (carbamates et
organophosphorés) et quelques herbicides et carbamates uniquement. Cette
famille semble donc particulièrement concernée. Bien que le
phénomène soit encore limité, il exprime bien les dangers
de la combinaison monoculture mono traitement.
- effet sur les organismes non visés
: KUMAR (1991) fait écho des effets des pesticides sur les
organismes non visés en ces termes : les insecticides affectent les
processus biologiques de nombreux organismes vivants et peuvent donc
s'avérer toxiques pour un grand nombre d'animaux autres que ceux
appartenant aux espèces visées. Dans certains endroits où
des traitements ont été effectués contre les insectes, des
populations entières d'oiseaux ont été
décimées ou largement réduites, des populations de
poissons ont été considérablement abaissées et l'on
a décelé des résidus de produits chimiques dans le tissu
adipeux humain ainsi que dans la viande et le lait de bétail.
En Afrique de l'Ouest, l'utilisation de l'HCH(
Hexachlorocyclohexane) a causé la destruction d'ennemis naturels de
ravageurs dans l'écosystème du cacaoyer et a provoqué la
multiplication d'espèces précédemment insignifiantes, qui
ont pu atteindre des proportions de ravageurs (OWUSU MANU, 1976 ; KUMAR,
1979).
DE BOCH et BARLETT (1951) ont étudié les effets
des insecticides sur les ennemis naturels des agrumes et se sont aperçus
que l'augmentation intervenue dans les populations de chaque ravageur
était liée à la domination du nombre des ennemis naturels
(KUMAR, 1991).
Des recherches effectuées à long terme en
nouvelle Ecosse, au Canada, sur une période d'environ 20 ans, ont
montré que 52 espèces ravageurs des vergers des pommiers sont
maîtrisées de manière efficace par leurs ennemis naturels.
Dans le sud des Etats-Unis, l'usage
important d'insecticide sur le cotonnier a permis à
l'araignée jaune d'acquérir le statut de ravageur
économique, le nombre de ces insectes étant si
élevé qu'ils envahissent
« Presque toutes les feuilles » (KUMAR, 1991).
3.2.4.2. Problématique des
résidus
3.2.4.2.1. Les limites admises dans
l'alimentation
Les études toxicologiques permettent de définir
une dose sans effet sur l'animal le plus sensible (DSE en mg/kg de poids
corporel) pour l'homme en adoptant un facteur de division d'au moins 100,
parfois 500 ou 1000 si certains risques sont encore mal définis.
La teneur en résidu de récolte test
multiplié par la consommation moyenne en aliment donne une
évaluation de la charge en pesticide de la ration alimentaire. Si la DJA
(Dose Journalière Admise) n'est pas atteinte, on retient cette teneur
comme limite maximale de résidus (LMR en mg/kg) dans les denrées
alimentaires. De la même manière, on fixera pour l'eau une
concentration maximale admissible (CMA). Si les DJA sont unanimement reconnues,
les LMR sont variables d'un pays à l'autre, du fait des modalités
d'obtention et de réglementations différentes. En Europe, elle
est basée sur la consommation quotidienne de 400g de fruits et
légumes d'un homme de 60 kg : (LMR = DJA × 60 × 1/0,4).
Actuellement, dans le cadre de l'OMC, un comité sur
les résidus de pesticides est chargé de l'harmonisation de
celle-ci. Le « Codex alimentaire » élaboré
conjointement par l'OMS et la FAO constitue dans l'immédiat la
référence.
En 1980, la directive européenne (80/778/CEE) sur
l'eau de boisson a fixé la CMA à 0,1 ug/litre (1 ug :
10-6 g) pour l'ensemble des produits phytosanitaires. La
concentration totale en pesticides ne devant pas dépasser 0,5 u g/
litre.
De nombreux insecticides, et surtout les organochlorés
comme le DDT (Dichloro-diphénil trichloroéthane), laissent des
résidus dans les biotopes terrestres et aquatiques, provoquant une
concentration cumulative dans la chaîne alimentaire et l'amplification
biologique. Les résidus peuvent avoir des effets défavorables sur
les écosystèmes, en créant un déséquilibre
affectant la chaîne alimentaire, les insectes nécrophages, les
relations insectes-hôtes, les relations insectes-plantes etc. Par
ailleurs, une partie importante du produit chimique appliqué et des
produits de sa dégradation peuvent persister pendant des années
dans le corps des animaux, y compris le corps humain. De très faibles
concentrations peuvent avoir des conséquences biologiques
significatives. Elles peuvent causer des cancers (substance teratogène),
ou provoquer des transformations génétiques (LINCER et
al., 1981).
3.2.4.2.2. Développement des
phénomènes de résistances
Rare en 1950, le phénomène de résistance
concerne aujourd'hui plusieurs espèces d'adventices, de
pathogènes et de ravageurs. L'acquisition de la résistance
à un pesticide est principalement liée à deux
mécanismes (LECLECH, 1998) :
· modification du site d'action : il s'agit de mutation
ponctuelle affectant les gènes qui codent pour la cible du pesticide.
C'est le cas de la résistance chloroplastique à l'atrazine
développée par une cinquantaine de dicotylédones.
· Détoxication accrue : elle résulte,
d'une amplification des gènes codant pour des enzymes dégradant
ou neutralisant le pesticide de modification de la conformation de l'enzyme le
rendant plus efficace ou de gènes régulateurs contrôlant le
degré d'expression de ceux-ci. Par exemple, chez le puceron du
pêcher (Myzus persicae), la résistance aux
organophosphorés est due à une surproduction d'estérases.
C'est également le cas de la résistance à l'atrazine des
graminées adventices.
Le risque d'apparition de la résistance est d'autant
plus élevé que la matière a un site d'action unique.
Ainsi, la résistance se caractérise par un changement
génétique en réponse à une sélection
provoquée par un insecticide.
D'après GEORGHIOU et TAYLOR (1997), le nombre
d'espèces d'insectes et d'acariens parmi lesquelles des souches
résistantes ont été signalées, serait passé
de 1 en 1908, à 364 en 1975 (tableau N°5). L'impact du
développement de résistances dans la lutte moderne anti-
ravageurs est extrêmement important. Les agriculteurs sont contraints
d'utiliser des doses croissantes et d'effectuer des traitements plus
fréquents pour tuer les mêmes nombres de ravageurs. Ceci
entraîne, non seulement une perturbation de l'écosystème
supérieure à ce qu'elle aurait été si l'on avait
effectué des traitements moins fréquents à des doses plus
faibles, mais aussi à des coûts plus élevés et une
perte d'investissement dans la mise au point d'insecticides.
Année
|
Nombre total d'espèces
résistantes
|
Nombre d'espèces d'insectes et d'acariens
résistants contre 1,2,3,4 voire 5 groupes de matières
actives
1 2 3 4 5
|
1938
|
7
|
7
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1948
|
14
|
13
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1955
|
25
|
14
|
18
|
3
|
0
|
0
|
1969
|
224
|
155
|
42
|
23
|
4
|
0
|
1976
|
364
|
221
|
70
|
44
|
22
|
7
|
1980
|
428
|
245
|
95
|
53
|
25
|
10
|
1984
|
447
|
234
|
119
|
54
|
23
|
17
|
Matières actives ; DDT « drines » (aldrine,
diéldrine, endrine), organophosphorés, carbonates,
pyréthrinoïdes Tableau N° 5 :
Développement de résistances multiples d'insectes et d'acariens
(d'après GEORGHIOU et TAYLOR, 1977).
Certaines souches d'insectes et d'acariens sont devenues
à leur tour, résistantes à l'arsenic, au DDT ainsi qu'aux
autres hydrocarbures chlorés, puis aux organophosphorés, aux
carbamates et plus récemment aux pyréthrenoïdes et à
l'ensemble des spécialités commercialisées par la lutte
anti-ravageurs.
Le développement des phénomènes de
résistance est le problème le plus urgent de la lutte moderne
anti-ravageur. D'après l'OMS (1976) « la résistance est sans
doute le plus sérieux obstacle ou combat contre les maladies transmises
par des vecteurs et constitue la cause principale de la difficulté
à éliminer valablement le paludisme dans de nombreux pays
».
Les cas de résistances signalés ne concernent
pas seulement les insecticides les plus récents mais également
les régulateurs de la croissance des insectes, les
chimiostérilisants, et même les agents de la lutte biologique
(SAWICKI, 1979).
3.2.4.2.3. Accumulation dans la chaîne
alimentaire
Les organochlorés en raison de leur persistance
élevée s'accumulent dans les chaînes alimentaires, le
produit passe en s'accumulant par exemple dans les microorganismes aquatiques
aux poissons et des poissons aux rapaces ou à l'homme. Les poissons et
les crustacés représentent pour la population de nombreux pays en
développement la principale source de protéines alimentaires. Ils
sont souvent attrapés dans les rizières ou des lacs directement
ou indirectement contaminés par des pesticides agricoles et de lutte
contre les vecteurs. Un autre itinéraire d'accumulation même des
aliments pour bétails contaminés aux animaux domestiques, puis
à l'homme. Même, de petites quantités résiduelles
d'organochlorés (voir Tableau N°6) passent presque sans perte de
l'aliment aux réserves de graisse de l'animal ou dans le lait (PAN,
1993).
Chez les mammifères, les organochlorés sont
transmis avec le lait de la mère à l'enfant, qui est plus
vulnérable et qui les emmagasine à son tour. La contamination du
lait est fonction de l'exposition de la mère. Ainsi, CETINKAYA (1985) in
PAN (1993) a montré que les mères habitant en région
rurale ont un taux de HCH dans le lait plus élevé que les
mères citadines, et que la teneur en DDT du lait de mères vivant
dans des régions de productions cotonnières est presque 4 fois
plus élevé qu'en région urbaine. Une étude
menée au Togo et au Sri Lanka par la GTZ (1978) in (PAN, 1993) sur les
résidus à montré que plus 50% des échantillons de
légumes dépassaient les normes : 90% des salades et les tomates
du Sri Lanka étaient « non commercialisable ». Des
études menées au Brésil de 1981 à 1982 et portant
sur 1128 échantillons de poudre de lait, de conserves, d'huiles
alimentaires, de beurre et de fromage, montrent à quel point les
aliments peuvent être contaminés dans les pays en
développement : 59% des aliments étudiés contenaient des
pesticides en quantité supérieure à la concentration
maximale autorisée. De même, en Inde, des études
réalisées sur des légumes provenant de différents
marchés de Bombay ont produit des résultats semblables : presque
50% des échantillons analysés contenaient des résidus de
pesticides à savoir l'HCH, le lindane, l'aldrine, l'heptochlore,
l'endrine, le DDT (KHADEKAR et al, 1982).
En Egypte, l'analyse de lait de buffle et de deux
espèces de poisson a fait apparaître des taux de lindane,
d'aldrine, de diéldrine, de DDT et d'Heptachlore surélevés
dans le lait de buffle ; la plupart des échantillons de poisson
contenaient du HCH, de l'heptachlore, de l'époxyheptachlore de
l'hexachlorobenzène et du chlordane mais en concentration
inférieure au lait du buffle. Ce qui est à rapporter au fait que
les organochlorés s'accumulent dans les graisses et que les poissons
contiennent moins de matières grasses que le lait (DOGHEIM et al, 1988).
De même DUSZELN (1991) rapporte que 350 échantillons de
céréales et produits aux céréales,
légumineuses, pommes de terre, viande et fromage pour l'essentiel
provenant de 18 localités au delta du Nil ont été
analysés dans le cadre de cette étude qui visait les
organochlorés et les organophosphorés. Il est apparu que ceux-ci
étaient dépassés dans 43% des échantillons pour le
HCH, 7% pour le lindane et 9% pour le DDT. Certains dépassements
étaient considérables : le taux de DDT de quelques
échantillons de pommes de terre était 90 fois, celui de lindane
de 10 fois. Des concentrations de résidus très
élevés ont également été constatées
dans des échantillons de riz paddy, de farine de blé, de farine
de maïs et de son de blé.
Pays
|
Eléments
|
Nombre d'échantillon
|
Concentration du DDT en ppm Min Max
|
Soudan
|
Graisses
|
6
|
7,8
|
53
|
|
Lait
|
16
|
1,8
|
35
|
Sri Lanka
|
Graisses
|
5
|
11
|
102
|
Philippines
|
Graisses
|
10
|
1,2
|
26
|
Nicaragua
|
Graisses
|
10
|
19
|
179
|
|
Lait
|
5
|
24
|
43
|
Tanzanie
|
Graisses
|
8
|
2,6
|
41
|
Iran
|
Graisses
|
17
|
2,4
|
63
|
Thaïlande
|
Lait
|
98
|
0,75
|
28
|
Min=minimum ; Max=maximum
.Taux de DDT et de ses métabolistes dans les
matières grasses.
Tableau N° 6 : Teneur en
DDT de graisses et de lait humain dans des pays en développement
(D'après GTZ 1978)
3.2.4.2.4. Contamination des matrices
écologiques
Lorsque l'on applique un pesticide seul, une infirme partie de
la quantité employée atteint les organismes visés,
ravageurs et parasites. Plus de la moitié du produit passe directement
dans l'atmosphère lors de l'application par une liaison avec les
aérosols, les produits chimiques peuvent être transportés
sur de longues distances et lavés à terre lors des pluies. Ce
processus entraîne une diffusion égale des pesticides sur les
continents et les eaux de surface. On peut trouver aujourd'hui des traces de
pesticides dans le monde entier : dans le corps de manchots
de l'Antarctique comme dans les graisses des esquimaux d'Alaska
ou jamais des pesticides n'ont été appliqués (PIMENTEL,
1983; RAMADE, 1986 in PAN, 1993; CRE, 2000).
3.2.4.2.4.1. Quelques expériences au plan
mondial
En général, les pesticides peuvent passer dans
l'air et contaminer l'atmosphère par plusieurs chemins : par
dérive lors de l'application, par volatilisation depuis la surface du
sol et des plantes et par entraînement par le vent de particules de sols
contaminés.
D'après VANDENBROCK, 1979 ; OSIBANJO et BOMGBOSE (
1990) in FAO, 1993 , les hydrocarbures chlorés (CLHC) en tant que
substances hydrophobes ont un fort potentiel d'accumulation biologique dans les
plantes aquatiques, les poissons et les mollusques et subissent une
amplification biologique le long des niveaux trophiques.
SCHRIMPF (1984) a constaté que la pollution de l'air
par des pesticides (diclarine, endrine, DDT) dans des régions urbaines
de colombie est en rapport avec l'usage intensif de ces produits dans les
surfaces agricoles voisines. Il a également constaté que la
teneur en DDT de l'air était 10 fois plus élevée en
Colombie qu'en Europe centrale. KAUSHIK et al. (1987) ont mesuré de
fortes concentrations de DDT et HCH dans l'air de la capitale indienne New
Delhi. Des analyses sur plusieurs années de l'eau du lac Mashu sur
l'île Hokkaïdo du Japon ont fait apparaître des concentrations
de lindane de plus en plus élevées dont les sources possibles de
provenance sont la Chine et la Corée où ce produit est
employé fréquemment PAN (1993).
En Californie, on a décelé des pesticides dans
des gouttelettes de brouillard, des organophosphorés et de leurs
produits de transformation par oxydation mais aussi d'herbicides tels que
l'atrazine et la Simazine. La concentration de ces produits était
considérablement plus élevée que l'eau de pluie (GLOTFELTY
et al., 1987).
A Bhopal, l'analyse de l'eau de boisson a
révélé des résidus de pesticides dont les
concentrations moyennes pour le HCH étaient de 4,6 ppm dans les puits,
6,1 ppm dans les fontaines et 5,2 ppm dans les étangs ; pour le DDT 5,7
ppm dans les puits, 14,4 ppm dans les fontaines et 16,0 ppm dans les
étangs DIKSHITH (1990).
Au Salvador, on a décelé des concentrations
élevées des pesticides dans les eaux souterraines comme les eaux
de surfaces dans les régions cotonnières. Dans les puits,
l'aldrine et la diéldrine atteignaient des concentrations de 19ug/l et
le DDT de 11 1ug/l (CALDERON, 1981 in PAN, 1993).
En France diverses enquêtes indiquent une
prépondérance de contamination par le lindane et les triazines.
Des composés retirés de la vente depuis plusieurs années
ont également été identifiés (heptachlore, aldrine,
diedrine, DDT). Ainsi, les résidus de pesticides dans les eaux
souterraines présentaient des concentrations en lindane de 0,2 à
10,6 ug/l au nord de la France et en Atrozine 0,5 à 1 ug/l au sud la
France (LECLECH, 1998).
HUNT et BISHOFF (1960) ont constaté que le
phytoplancton d'un lac de Californie renfermait 5 ppm d'un insecticide voisin
de DDT, le TDE alors que sa concentration dans les eaux n'était que de
0,014 ppm (RAMADE, 1978). L'alimentation expérimentale de
bécasses avec des vers de terres contaminés à des doses
d'heptachlore de 2,86 #177; 0,24 ppm, comparable
à celle que renferme les échantillons de ces
annélidés prélevés en Louisiane dans leur
territoire d'hivernage provoque après 35 jours la mortalité de
50% des oiseaux intoxiqués (STICKEL et al. 1965 in RAMADE,
1978).
De même RAMADE (1978) rapporte que la contamination des
eaux douces par les pesticides exerce une influence catastrophique sur la faune
ichtyologique. Celle-ci semble résulter en bien des cas d'un
appauvrissement des eaux en matières alimentaires animales à
savoir le zooplancton, larves d'insectes dont se nourrissent les poissons. A
cet égard, les travaux canadiens relatifs aux effets, des traitements
aériens avec le DDT des forêts du New Brusnswick conclu en
définitive par la raréfaction des peuplements de Saumons des
rivières qui en traversent ces régions et intéressent donc
les écosystèmes limniques.
Une étude effectuée en 1949 et en 1951 sur la
persistance des insecticides dans le sol, à Beltsville au Maryland,
démontra qu'après 14 ans on pouvait retrouver 40% de chloredane,
41% d'endrine, 16% d'héptachlore et 45% de toxophène. Quand au
DDT, après 17 ans la dose résiduelle était de 39% (CHAPUT
et al., 1971).
3.2.4.2.4.2. Quelques expériences
africaines
Les activités anthropogènes sont la
première source ponctuelle de l'apport d'hydrocarbures chlorés
dont l'environnement aquatique, les pesticides organochlorés (OCP)
pénètrent dans l'environnement aquatique principalement à
la suite d'application délibérés ou accidentellement,
tandis que l'entrée des PCB dans le milieu aquatique est indirecte et
principalement accidentelle. La production agricole vivrière
nécessaire à la population du continent qui naît rapidement
et celle des cultures de rapport nécessaire à son essor
économique, ainsi que les activités menées depuis les
années 1940 pour lutter contre les vecteurs de maladies
représentent les principales sources d'apport anthropogène d'OCP
(FAO, 1993).
Le destin final de ces polluants notamment leur
répartition dans les différents compartiments de l'environnement
aquatique dépendra d'un certain nombre de facteurs dont : la
concentration, la dilution, la solubilité dans l'eau, les processus
géochimiques qui se produisent, l'adsorption sur les sols, les
particules en suspension et les sédiments, la lipophilicité et la
bioaccumulation biologique dans les organismes vivants (KHAN, 1977).
Les résidus de ces produits chimiques toxiques
trouvés dans l'eau, les sédiments, les poissons et autres biotes
aquatiques peuvent constituer un risque pour les organismes aquatiques, pour
leurs prédateurs et pour l'homme.
Dans les différentes régions africaines, la
littérature existante permet de se faire une idée sur
l'état de la contamination des ressources.
* En Afrique du Nord
Les rares informations dans la sous région reposent en
grande partie sur des études qui ont été faites depuis la
fin des années 70 en Egypte concernant les taux résiduels de CLHC
dans différents compartiments écologiques des plans d'eau
intérieurs et côtiers.
EL-SEBEA et ABU-ELOMAYEM (1979) avaient décelé
des taux quantifiables de lindane, d'heptachlore, d'O-P' DDT de pp'-DDT
à des concentrations allant de 100 à 950 ug/l dans le Nil dans
une première étude en 1970.
SAAD et al. (1985) ont analysé des
échantillons de sédiments composites prélevés en
1968 dans le lac de Monzalah et en 1970 dans le lac Mariant et dans
l'hydrodrome de Nozha pour doser le DDT et les PCB. Alors que le lac Mariant et
l'hydrodrome de Nozha présentent des concentrations relativement bas de
DDT total (29,8 et 54,1 ng) respectivement, le lac de Manzalah avec 877 ng/g
s'est révélé fortement pollué. Les taux de PCB ont
été 17,8 ; 21,4 et 71,2 ng/g (lindane) ; respectivement pour le
lac Mariant, l'hydrodrome de Nozha et le lac de Mozalah.
En 1978/79 ABU-ELAMAYEM et al. (1979) ont
trouvé des taux de contamination dans le poisson de 34,98 ng/g (lindane)
; 38,96 ng/g (p,p'-DDE), 17,36 ng/g (p p'-DDT) et 60,76 ng/g (DDT total).
MACKLAD et al. (1984 b) ont suivi les taux de
pesticides chlorés dont deux espèces de poissons provenant du lac
Mariant et de l'hydrodrome de Nozha. Dans les poissons de l'hydrodrome les taux
de DDE dans l'espèce Mugil allaient de 3,13 à 822,0 et de 3,0
à 1320,0 ng/g de poids humide, dans le muscle et le foie du poisson
respectivement. Par ailleurs, on trouve encore du DDT dans les organismes
aquatiques, bien qu'il soit interdit depuis plusieurs années. D'une
manière générale, les concentrations des pesticides
chlorés étaient moins élevées dans les poissons du
lac Mariant que dans ceux de l'hydrodrome.
* En Afrique de l'Est
Les bassins versants de l'Afrique de l'Est et de
l'Océan indien sont des sites d'agriculture intensive, d'urbanisation et
d'industrialisation. La plupart des études portent sur l'analyse du
biote et d'échantillons de faune sauvage les tissus musculaires et
hépatiques de vingt neuf spécimens de poissons appartenant
à sept espèces différentes ont été
échantillonnés et analysés par EL-ZORGANI et al.
(1979) du point de vue des isomères et des métabolites du DDT.
Dix seulement des 58 échantillons analysés contenaient des
concentrations décelables de résidus d'OCP. On a trouvé du
P P'-DDE dans les dix échantillons (3-153) ng/g du poids frais tandis
que le pp'DDT n'a été trouvé que dans trois
échantillons (5-14)ng/g entre 6 et 184 ng/g. La source probable de
contamination chimique du lac de Nubie est la région de culture du coton
qui s'étend le long du Nil bleu et du Nil Blanc dans le centre du
Soudan.
Sur la rive nord du lac Tanganyka, on cultive du coton, de la
canne à sucre et du café, cultures qui font l'objet de
pulvérisations aériennes de pesticides à raison d'environ
45 tonnes par an. Dans l'environnement marin, le DDT, l'endrine, l'aldrine, le
toxophène et d'autres pesticides proviennent à l'océan
Indien par l'intermédiaire des cours d'eau, mais proviennent aussi des
grandes villes de Dar-Es-Salam Tanga, Lindi et Zanzibar (BRICESON et
al., 1990).
PAASIVIRTA et al. (1988) ont analysé des
échantillons prélevés dans le lac artificiel la retenue de
Nyumba ya Mungu en Tanzanie. Les concentrations moyennes trouvées dans
les sédiments étaient de 1 ng/g pour le DDE et DDD, de 3 ng/g
pour le DDT, de 1 ng/g pour le lindane de 4 ng/g pour la diéldrine et de
131 ng/g pour la Tanzadrine, un photo-métabolite de
la diéldrine. Les valeurs moyennes trouvées dans
les plantes aquatiques, par gramme de poids secs ont été de 15 ng
de DDe, 18 ng de DDT, 4,5 ng de lindane, 27 ng et 25 ng de tanzadrine. Des
oiseaux piscivores (martins-pêcheurs et cormorans) qui ont
été contaminés par le biais de la chaîne alimentaire
contenaient 10 ng/g de diéldrine et de 60 à 200 ng/g de DDE
(KOEMAN et al., 1972).
MUGACHIA et al (1992 a, 1992 b) ont décelé un
niveau moyen de DDT total moyen observé dans les requins était de
702 ng/g (la valeur la plus élevée a été de 3415
ng/g). Les taux de résidus du groupe HCH allaient de 4 à 290
ng/g. Dans les poissons d'eau douce, le DDT allait de 52 à 11125
ng/g.
* En Afrique de l'Ouest et du Centre
Selon FAO (1994), pendant plus de trente ans, de nombreux
insecticides chlorés ont été utilisés dans cette
sous région pour l'agriculture. La lutte contre les vecteurs de maladies
et la santé publique, mais peu de données concernant les
quantités employées sont disponibles. OGUNLOWO (1991) a
étudié la présence et la concentration de CLCH dans 9
cours d'eau de l'Etat d'Ondo, grande région cacaoyère du Nigeria.
Il a trouvé (en ng/l) les valeurs suivantes : lindane ND-6,4 (2,4),
heptachlore ND-5,0 (2,1). OKONNA (1985) a mis en évidence la
présence de résidus de pesticides dans les eaux de la lagune de
Lagos. Les concentrations trouvées, en ng/l étaient les suivantes
: lindane 85,3 ; aldrine 19,3 ; DDe 12 ; HCB 1,9 ; endrine 12,5 et
diéldrine 28,0.
SUNDAY (1990) a analysé 20 échantillons de
sédiments provenant de rivières et de cours d'eau passant dans la
ville d'Ibadan, dans l'Est d'Oyo. Les concentrations moyennes en ng/g de poids
sec étaient les suivantes : diéldrine (1,4) ; á- HCH (1,6)
; aldrine (0,04). MARCHAND et MARTIN (1985) ont évalué la
contamination des sédiments de la lagune Ebrié par le DDT et ses
métabolites, le lindane et le PCB. Les concentrations en ng/g (poids
sec) sont de l'ordre de : lindane 0,5-19 ; DDE 0,2-149 ; DDO 0,2-803 ; DDT
0,2-354 ; PCB 2- 213. Deux sites critiques ont été mis en
évidence : la baie de Bietry et la baie de Marcory qui sont fortement
polluées.
Une étude réalisée en 1988-1989 par la
faculté des sciences de l'université du Bénin au Togo
montre que toutes les eaux y compris celle du robinet, sont souillées
par l'aldrine et accessoirement par l'heptachlore, le lindane, l'endrine et le
DDT (CRE, 2000).
Au Bénin, SOCLO et KABA (1992) ont relevé les
concentrations moyennes suivantes pour les poissons : HCB < 0,016 ; lindane
0,10 ; heptachlore 0,02 et DDT 1,86 ; en ng/g, de poids frais.
En Gambie, JALLOW (1988) a trouvé les concentrations
moyennes de lindane en ng/g en poids frais suivants : poisson 0,029 ; crevette
3,07 et huître 1,74.
* En Afrique Australe
MHLANGA et MADZIVA (1990) au Zimbabwe ont communiqué
les concentrations de HCH, aldrine, diedrine et DDT total trouvés dans
différentes matrices du lac Mclluwaine. Les valeurs obtenues
(fourchette, moyenne) ont été dans le poisson (ng/g en poids
frais) : á -HCH ND-240(04,1) ; diéldrine ND-24 (1,33) ;
DDT total (66,6) ; dans l'eau (ng/l) : á -HCH 26-270
(100), diedrine 10-530 (200), DDT total 30-700 (400) et dans
les sédiments (ng/g en poids frais) : HCH 2,0 -42 (16) ; aldrine ND-12
(1,0) ; diéldrine ND-16 (5,0) ; DDT total 32-146 (76).
MATHIESSEN (1983) a mesuré les concentrations de DDT et
de ses métabolites dans les compartiments écologiques des
principaux cours d'eau se déversant dans le lac Kariba. Les valeurs
obtenues ont été < 20-300 ng/l dans l'eau, 40-740 ng/g en
poids humides dans les sédiments, 170 ng/g en poids frais dans le muscle
des poissons et 150-740 ng/g en poids frais dans les mollusques. Les taux de
résidus ont également été mesurés dans le
foie de poisson (440ng/g en poids frais) et les ovaires de poisson (360 ng/g en
poids frais).
3.3. CONCLUSION PARTIELLE
Les impacts de la culture du coton sur les
écosystèmes ont été décrits et mis en
évidence. L'usage des intrants chimiques (pesticides et fertilisants)
permet certes d'améliorer les rendements mais ont été des
sources des dégâts collatéraux. Ces effets qui, très
souvent, vont au delà des agro-systèmes dans lesquels cette
culture est pratiquée peuvent affecter tout l'écosystème.
Aucune matrice écologique n'est épargnée des risques de
contamination. Au vu de ces données, la zone cotonnière Est du
Burkina Faso n'est pas à l'abri de ces risques eu égard à
la dynamique de l'expansion de cette spéculation.
Deuxième partie : MATERIEL ET
METHODOLOGIE
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