CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE
Il est et demeure évident que la situation de la femme
au cours de ces dernières décennies constitue une
préoccupation majeure qui interpelle les Etats, les Organismes
Internationales, les Organismes Non Gouvernementaux (ONG), les bailleurs de
fonds et partenaires au développement. La femme au centre des
réflexions est un thème autour duquel des débats houleux
ont engagé différents auteurs. C'est pourquoi cette partie
exposera la littérature se rapportant à la situation de la femme.
L'approche genre, le féminisme et culturalisme ont été
utilisés pour cerner au mieux la question des femmes.
SECTION I : L'APPROCHE GENRE
Le mot genre est la traduction de l'anglo-saxon "GENDER". Il a
été introduit dès le début des années 1970
dans le but d'établir une différence avec le mot sexe. Le sexe
est référé au déterminisme biologique des hommes et
des femmes : c'est un fait de nature, un caractère inné qui n'est
pas susceptible au changement. Le genre met l'accent sur le caractère
social des distinctions fondées sur le sexe : c'est un fait de culture,
un caractère acquis qui est donc susceptible de changement. Le concept
de genre peut être considéré comme un outil analytique qui
permet de prendre en compte à la fois les rôles, les
responsabilités et les chances des femmes et les hommes dans une
société donnée, en intégrant leurs
différences, leurs complémentarités, leurs synergies et
parfois leurs conflits. Coche (1995 : 4)
Kébé Alpha Oumar : 39ème
Promotion UGANC/FLSH
Thème : Participation des Femmes dans les Projets
de Développement dans la CRD de Mankountan
|
L'expression « Genre et développement » selon
Coche (1995 : 7) découle, à l'instar de la formulation de «
intégration des femmes au développement » d'une traduction
de la langue Anglaise. Cette approche a été inaugurée au
début des années soixante-dix par Aokley dans son ouvrage :
« Gender and society » (1972) et appartient au courant politique que
l'on qualifie de « féminisme socialiste ». Toute fois, bien ce
concept ait été défini il y a presque trente ans, son
utilisation et son expansion dans le domaine du développement sont
relativement récentes.
Le terme « Gender » est utilisé afin
établir une distinction avec le sens impliqué dans le mot sexe
désignant les différences entre hommes et femmes au point de vue
biologique, physique chromosomique, etc Coche (1995 : 10)
Le mot « gender » désigne les
différences masculin/féminin du point de vue social, c'est
à dire en soulignant la variation de statut et de rôle qu'il peut
exister entre hommes et femmes dans une société donnée. Le
genre selon le CCCI4 cité par Coche (1995 : 12) est un
concept social.
Le Genre, ou plutôt l'expression relation de genre,
désigne des caractéristiques déterminées par la
société dont découlent des caractères propres, des
activités et des normes. Ce sont des caractères définis
par les institutions et cadres sociaux, culturels politiques et
économiques. Des relations de genre découlent des valeurs, des
attitudes, des pratiques et des comportements. Il s'agit d'une construction
sociale, culturelle, historique et psychologique déterminant les
relations hommes- femmes à l'intérieur d'un système social
donné, définissant ainsi le rôle et le statut de chacun
dans les différents domaines de la vie familiale et domestique,
villageoise et sociale, économique, politique, religieuse. Coche (1995 :
15)
Contrairement au sexe, l'expression relation de genre implique
la variabilité de ces caractères, attitudes et comportements
d'une société à l'autre, d'une époque à une
autre. Les relations de genre sont comme l'affirme Bisilliat, cité par
Coche (1995 : 21), « essentiellement dynamique, qui renvoie aux
catégories sociales et non aux catégories sexuelles ».
4 Conseil Canadien pour la Coopération
internationale. Dans leur ouvrage « un autre genre de développement
: un guide pratique pour les rapports femmes-hommes dans le
développement »
Kébé Alpha Oumar : 39ème
Promotion UGANC/FLSH
Thème : Participation des Femmes dans les Projets
de Développement dans la CRD de Mankountan
|
Le concept genre qui prend en considération les
relations hommes-femmes permet d'établir et d'analyser le rôle des
femmes dans l'ensemble de la vie sociale, économique et politique et de
définir de façon complète et précise, quelles sont
véritablement leurs activités et quelle est leur participation
effective aux processus de développement découlant directement de
leur statut dans le système social. Coche (1995 : 23)
L'approche genre par son caractère globalisant, c'est
à dire, considérant le rôle et le statut des femmes et des
hommes dans un ensemble socioculturel, économique et politique, fait
apparaître pleinement la multitude des domaines dans les quels
interviennent les femmes. En matière de développement rural, les
questions de genre s'insèrent dans chacun des aspects intéressant
les développeurs et sur les quels les actions sont menées.
On peut véritablement parler à l'instar de Munting
et Ledroit, cités par Coche (1995 : 31), « d'une
problématique transversale ».
Les questions des relations de genre se retrouvent dans des
domaines aussi différents et variés que le problème de la
propriété foncière, la gestion des espaces ruraux et la
protection des ressources naturelles, les différentes filières de
production, l'accès au financement, les associations paysannes et le
développement participatif, la création des capacités, la
gestion cohérente des actions de développement dans le temps et
dans l'espace.
Le principe de l'approche genre et développement est
avant tout d'abord le rejet du développement séparé c'est
à dire qu'elle se fonde sur la volonté de comprendre un ensemble
composé d'hommes et de femmes, ayant des rôles et des statuts
différents, de développer ce « système » de
façon équilibré et cohérente. Cela suppose des
actions qui prennent en compte la participation de chacun et qui s'adaptent aux
contraintes des différentes catégories de population afin de
favoriser la mise en place des actions durables et pertinentes. Coche (1995 :
27)
Kébé Alpha Oumar : 39ème
Promotion UGANC/FLSH
Thème : Participation des Femmes dans les Projets
de Développement dans la CRD de Mankountan
|
Il ne s'agit pas de considérer les femmes d'un
côté et les hommes de l'autre, mais au contraire de comprendre les
relations dynamiques qui existent entre les deux « genre », leurs
rôles respectifs et leurs complémentarités dans l'ensemble
du système social , économique, politique, rural.
Beaucoup d'intervenants dans le domaine du
développement s'interrogent sur l'utilité des distinctions de
Genre : les femmes ne sont elles pas comprises d'office lorsque l'on parle des
« paysans ? », des «bénéficiaires du projet
?», des « populations concernées » ? Cela n'est pas
simple : car on croit parler en général alors qu'en
réalité on parle en masculin. De ce fait, les femmes restent
invisibles et leurs besoins et intérêts spécifiques sont
souvent oubliés. Coche (1995 : 29)
Ce biais initial a engendré des biais dans la
programmation du développement : en reconnaissant aux femmes un
rôle majeur essentiellement dans la reproduction sociale, on omet de
reconnaître leur rôle productif et économique. La non prise
en compte de ces réalités sociales a souvent conduit les
décideurs à commettre des erreurs d'analyse et à diminuer
l'efficacité des actions programmées. Des « projets de
femmes » ou des « volets femmes » ont parfois été
initiés. Leur caractère ponctuel et sectoriel a parfois
accentué la marginalisation des femmes dans les grands projets, en les
maintenant à l'écart des objectifs principaux de
l'intervention.
L'approche genre permet de prendre en compte non seulement les
rôles spécifiques des femmes, mais aussi la corrélation de
leurs rôles avec ceux des hommes, les rôles spécifiques des
hommes en soi et leurs corrélations avec ceux des femmes. Elle permet
d'intégrer la dynamique sociale qui existe entre eux : l'information au
sujet des femmes implique aussi l'information au sujet des hommes, et vice et
versa. Coche (1995 : 31)
|