Dans les écosystèmes aquatiques, les organismes
les plus nombreux sont les microorganismes, les bactéries forment la
composante majoritaire. Leur rôle est fondamental dans l'équilibre
écologique des milieux aquatiques, principalement par la
régulation des cycles biogéochimique et énergétique
(BIANCHI et al, 1989).
Les bactéries marines diffèrent
physiologiquement de celles qui ont des habitats non marins ; elles sont
très adaptées aux conditions très spéciales
offertes par le milieu marin (salinité, pH, oxygénation
réduite, basses températures et des pressions souvent
considérables) (MORITA et COLWELL, 1974).
Dans le milieu marin, les bactéries servent de
nourriture à de nombreux organismes marins, elles favorisent la fixation
d'algues ou de larves sur certains substrats, elles permettent également
la dégradation de certains polluants tels que naphtalène,
pesticides, cellulose, hydrocarbures, etc. Cependant, leur effet peut
être nuisible.
Certaines bactéries ont la capacité de
concentrer des polluants tels que les métaux lourds (mercure) ; leur
consommation par des mollusques filtreurs ou des vers peut contaminer la
chaîne alimentaire (Equinoxe, 1990).
A côté de cette flore autochtone adaptée
rigoureusement aux conditions de la vie marine, une flore accidentelle se
rencontre le long des côtes, des baies ou d'estuaires et à
proximité des villes introduites soit par ruissellement ou par les
égouts domestiques. Les principales espèces rencontrées
sont d'origines fécales appartenant au groupe des
entérobactéries telles que : les coliformes, les salmonelles et
les streptocoques (BELLAN et PERES, 1974).
Ces bactéries ont à la fois un rôle en
pathologie et un intérêt épidémiologique (BRISOU et
DENIS, 1978 ; GHAUTIER et PIETRI, 1989).
Une fois déversées dans les océans, les
bactéries peuvent être retrouvées sous divers formes :
Cette forme est peu favorable et n'autorise pratiquement
aucune forme de croissance. La survie ne peut que modestement se prolonger.
Elle place la cellule en situation de carence car les germes n'ayant
rencontré aucun support, aucun refuge, restent libres mais
vulnérables.
Ils représentent une minorité en péril et
sont incapables de reproduction et par conséquent appelés
à disparaître (BRISOU et DENIS, 1978)
Certaines bactéries vivent dans un habitat relativement
stable qui n'est pas soumis à des modifications physico-chimiques
profondes, tel est le cas des bactéries pathogènes, parasites ou
saprophytes de l'organisme hôte. D'autres organismes au contraire doivent
s'adapter à des habitats contrastés et survivre dans un milieu
hostile à des variations de température, de PH et à des
carences nutritionnelles. Les bactéries doivent s'adapter pour survivre
:
· Les spores sont l'une des formes de
résistance et d'évolution que prennent certaines bactéries
pour survivre dans des conditions hostiles et attendre des conditions plus
propices afin qu'elles puissent germiner et donner de nouvelles cellules
végétatives identiques aux cellules originelles (BRISOU et DENIS,
1978 ; LECLERC et al, 1995).
· Les formes L représentent des
états par lesquels toutes les bactéries peuvent passer à
un moment de leur existence. Ce sont en fait des « façons
d'être », des instantanés de la vie microbienne, fonctions de
l'environnement. Des Salmonella, des Escherichia, prennent
par exemple des formes inhabituelles de serpents, de poires, dès
qu'elles séjournent dans une eau de mer légèrement
enrichie en matière organique. Le passage des bactéries à
ces états de résistance, à été
retrouvé dans les eaux d'égouts et de rivières et chez les
mollusques. Ils restent le plus souvent inaperçus faute de mise en
oeuvre des techniques appropriées (BRISOU et DENIS, 1978).
· Les kystes ; comme les spores ;
appartiennent aux formes de résistances ; mais qui est spécifique
aux parasites. C'est le cas des amibes par exemple (BRISOU et DENIS, 1978).
2.1.3 Les microbes adsorbés
L'adsorption d'une particule correspond à la fixation
sur une autre sans intervention d'une réaction d'ordre chimique.
Même si l'épaisseur de la couche adsorbée ne dépasse
pas la dimension d'une molécule, l'adsorption constitue un état
très favorable pour la survie bactérienne. En effet, les
matériaux favorables à la survie des bactéries, sont
rassemblés aux doses maximales à la surface des particules
adsorbantes ; ce qui permet aux microorganismes de trouver des conditions de
survie acceptables.
Les particules adsorbantes, sont représentées par
les matières en suspension (MES), et qui comprennent dans ce cas :
- le plancton représenté par le
phytoplancton et le zooplancton;
- le tripton, qui regroupe les organismes morts, les
détritus et des substances colloïdales. (BRISOU et DENIS, 1978)
2.1.4 Les microbes absorbés
Vecteur passif en cas de simple adsorption, le plancton
(protozoaires, zooplancton, métazoaires et organismes filtreurs) devient
vecteur actif, conservateur, protecteur, véhicule de micro-organismes
s'il les absorbe. Ces organismes jouent alors le rôle de
réservoirs et de vecteurs de nombreux agents pathogènes pour
l'homme et les animaux (BRISOU et DENIS, 1978).
2.2 Paramètres d'analyse bactériologique
2.2.1 Généralités
La charge bactérienne des eaux usées
domestiques, qui représentent la principale source de micro-organismes
pathogènes pour l'homme en milieu marin, est très
élevée, soit 109 à 1010 germes/litre
(GAUTHIER et PIETRI, 1989). Nous éliminons environ 1 kg
d'excrétions (solides ou liquides) soit 70 g de matières
oxydables auxquelles il faut ajouter 90 g de matières en suspensions,
toute les 24 heures (FIGARELLA et al, 2001).
Les espèces considérées comme
pathogènes a transmission hydrique sont reparties au sein de quatre
genres : Salmonella (bacilles de la typhoïde, des
paratyphoïdes A et B et de diverses gastro-entérites), Shigella
(bacilles dysentérique), Escherichia (essentiellement E.coli ou
colibacille) parmi les Entérobactéries, et Vibrio
(vibrion du cholera) parmi les Vibrionacées. (BRISOU et DENIS, 1978
; GAUTHIER et PIETRI, 1989 ; EBERLIN, 1997).
Le degré de pollution des eaux de mer est cependant,
comme pour les eaux douces, évalué par le dénombrement
d'autres bactéries entériques, appelés « indicateurs
de contamination fécale », en général les coliformes
fécaux et les streptocoques fécaux (groupe D), qui sont en grande
partie dénués de pathogénicité pour l'homme, mais
sont très abondants dans les eaux usées. La raison de ce choix
tient essentiellement au fait que la numération de ces bactéries
est beaucoup plus simple et rapide (24 à 48 heures) que celle des
espèces véritablement pathogènes
(généralement quelques jours, avec souvent
nécessité d'identification sérologique). (GAUTHIER et
PIETRI, 1989).
Si la présence des espèces indicatrices ne
confirme pas celle des espèces pathogènes dans les eaux
analysées, elle la laisse supposer, car une certaine relation
quantitative existe entre les deux groupes de bactéries (GAUTHIER et
PIETRI, 1989). En effet, La présence simultanée des coliformes et
des entérocoques suffit à confirmer qu'il y a pollution (BRISOU
ET DENIS, 1978).
2.2.2 Les indicateurs microbiens
On présente ci-dessous les germes indicateurs principaux,
à savoir, les coliformes, les streptocoques fécaux et les
clostridiums (sulfito-réducteurs) :
2.2.2.1 Les coliformes totaux
Les coliformes sont des bâtonnets (figure01),
anaérobie facultatif, gram (-) non sporulant (PNUE/OMS, 1 977).Ils sont
capables de croître en présence de sels biliaires et fermentent le
lactose en produisant de l'acide et du gaz en 48 heures à des
températures de 35 à 37° C (RODIER et al, 1996). Ils regroupent
les genres Echerichia, Citrobacter, Entérobacter, Klébsiella,
Yersinia, Serratia, Rahnella, et Buttiauxella (RODIER et
al, 1996 ; JOLY et REYNAUD ,2003). La recherche et le
dénombrement de l'ensemble des coliformes (coliformes totaux), sans
préjuger de leur appartenance taxonomique et de leur origine, est
capital pour la vérification de l'efficacité d'un traitement d'un
désinfectant mais il est d'un intérêt nuancé pour
déceler une contamination d'origine fécale (RODIER et al,
1996).
2.2.2.2 Les coliformes fécaux
Ce sont des bâtonnets Gram (-), aérobies et
facultativement anaérobies ; non sporulant, capables de fermenter le
lactose avec production de l'acide et de gaz à 36 et 44°C en moins de 24
heures. Ceux qui produisent de l'indole dans l'eau peptonée contenant du
tryptophane à 44°C, sont souvent désignés sous le nom d
'Eschericia Coli bien que le groupe comporte plusieurs souches
différentes (Citrobacter freundii, Entérobacter aerogenes,
Klebsiella pneumoniae...etc.) (PNUE/OMS, 1977 ; RODIER et al
,1996 ; JOLY et REYNAUD, 2003).
Figure 1: Coliformes
fécaux
(Source :
bouillondecultures.blogspot.com)
Les coliformes fécaux thérmotolérants
(44°C) sont considérés d'origine humaine (GAUJOUS, 1995) en
voici quelques concentrations
- excréments humains 109 /gramme de
matière fécale; - eaux usées non traitées
106 à 108 / 100ml.
Lorsqu'on les trouve ; ils dénotent normalement une
pollution fécale récente car ils ne se propagent pas dans le
milieu marin. Il a été signalé des taux de disparition
(T-90) correspondant à une réduction de 90 % du nombre de CF
d'une à trois heures qui dépendent de la salinité, de la
température et des rayonnements solaires (PNUE/OMS, 1977).
Les coliformes fécaux répondent aux
critères de bons indicateurs, la principale difficulté qui
s'attache à leur emploi, est leur survie relativement courte en eau de
mer, ce qui peut exiger un recourt à des indicateurs
supplémentaires (PNUE/OMS, 1977).
2.2.2.3 Les streptocoques fécaux
Ces bactéries appartiennent à la famille de
Streptococcaceae, au genre Streptococcus et au groupe
sérologique D de LanceField (SHARPE, 1979). Ils sont définis
comme étant des cocci sphériques légèrement ovales,
gram positifs. Ils se disposent le plus souvent en diplocoques ou en
chaînettes, se développent le mieux à 37°C et ils
possédent le caractère homoférmentaire avec production de
l'acide lactique sans gaz (Manuel de Bergey, 1984).
Il y a 5 espèces reconnues parmi les SF : S. bovis,
S. equinus, S. avium, S. faecalis et S. faecium.
Figure2 : Streptocoques fécaux
Figure3 : Streptocoques fécaux
(Source :
membres.lycos.fr) (Source :
fr.wikipedia.org)
Ils sont des témoins de contamination fécale
assez résistant y compris dans les milieux salés (GAUJOUS, 1995).
Ils peuvent aussi se multiplier dans les milieux présentant des pH
allant jusqu'à 9.6, on peut par conséquent les utiliser comme
indicateurs d'organismes pathogènes qui ont une résistance
similaire au pH élevé (PNUE/OMS, 1977).
2.2.2.4 La flore mésophile aérobie
totale
La flore mésophile aérobie totale (FMAT) est
utilisée comme un indicateur de pollution global. Elle englobe
l'ensemble de microorganismes capables de se multiplier à l'air aux
températures moyennes, surtout à une température optimale
de croissance située entre 25 et 40°C.
La FMAT renseigne aussi bien sur la microflore autochtone que
sur la microflore allochtone apportée par la pollution.
2.2.3 Les germes pathogènes
Ces germes proviennent le plus souvent des côtes
polluées par les égouts, les effluents et d'autres sources de
pollution. Ils peuvent également être natifs du milieu marin.
On présente ci-dessous, les salmonelles et les
staphylocoques : 2.2.3.1 Les Salmonelles
Elles appartiennent à la famille des
enterobacteriacées et sont des bâtonnets mobiles (figure 03), Gram
(-), aérobies et facultativement anaérobies. Elles fermentent le
glucose, le maltose et le mannitol, avec production de gaz, mais elles ne
fermentent pas le saccharose. Elles réduisent le sulfite en sulfure et
decarboxylent la lysine.
Figure4 : les Salmonelles Figure5 :
les Salmonelles
(Source :
www.e-sante.be) (Source :
eau.tourdumonde.free.fr)
Elles sont retrouvées dans les excréments de
porteurs sains et malades d'animaux ou d'Hommes .Elles sont peut être la
cause la plus fréquente d'infections des êtres humains par des
organismes pathogènes à hôte animal (PNUE/OMS, 1977).
Dans le milieu marin, les exutoires d'eaux usées
constituent la principale source de pollution par les salmonelles (LECLERC et
al, 1995).
2.2.3.2 Les Staphylocoques
Les staphylocoques sont des cellules sphérique de 0.5
à 25 um généralement regroupées en amas, ils sont
immobiles et ne forment pas de spores ; ils sont aérobies ou
anaérobies facultatifs, Gram (+), catalase (+), fermentent les sucres en
produisant de l'acide lactique (LECLERC et al ,1995).
L'espèce Staphylococcus aureus ou «
staphylocoque doré » possède toutes ces
caractéristiques, ajoutant à cela qu'elle est coagulase (+), il
est à noter que les staphylocoques sont ubiquistes, très
largement distribués dans l'environnement (LECLERC et al, 1995).
Cette famille comprend les genres suivants : Planococcus,
Micrococcus et Staphylococcus. Kloos et Schleifer (1975) ont pu
identifier 11 espèces au sein du genre Staphylococcus, en 1984,
ils ont pu distinguer 19 espèces (Manuel de Bergey, 1984).
Figure6 : Staphylocoques
(Source :
www.infonosocomiale.com)
Parmi ces espèces, S. aureus revêt plus
d'intérêt quant à la pollution de eaux littorales et des
fruits de mer. Deux autres espèces (S. epidermidis et S.
saprophyticus) sont assez fréquemment rencontrées dans
l'eau, mais leur pouvoir pathogène est moins important.
La recherche des staphylocoques présente un
intérêt pratique surtout dans les eaux destinées à
la baignade (GAUJOUS, 1995 et RODIER et al, 1996).
2.2.3.3 Les Clostridiums
sulfito-réducteurs
Ils peuvent être considères comme des germes
fécaux, ce sont aussi des germes telluriques et de ce fait aucune
spécificité d'origine fécale ne peut être
attribuée a leur mise en évidence .Dans une telle optique
d'interprétation il y a intérêt à ne chercher que
les espèces les plus susceptibles d'être d'origine fécale,
c'est le cas en particulier de Clostridium perfringens (RODIER et
al, 1996). Les Clostridium perfringens sont des
bâtonnets anaérobies, gram (+), sporulants et qui réduisent
les sulfites en sulfures en 24 à 48heures (PNUE/OMS, 1977).
Figure7 : Clostridium perfringens
(Source
:
www.bact.wisc.edu)
Ils sont excrétés par l'homme et les animaux, on
les trouve régulièrement dans les matières fécales
humaines, leur densité est la suivante (PNUE/OMS, 1977) :
· excréments humains 106 à
108 / g;
· eaux usées non traitées 103 /
ml.
Elles sont employées comme indicateurs dans
l'étude des pollutions littorales pour un certain nombre de raisons
(PNUE/OMS, 1977) :
> elles se trouvent en abondance dans les eaux usées
qui sont principalement d'origine humaine;
> elles ne se multiplient pas dans les sédiments;
> elles survivent dans les sédiments, ce qui permet de
déceler une pollution ancienne ou intermittente (RODIER et al ,1996).
3. L'autoépuration des eaux de
mer
Les premières recherches dans ce domaine (DE GIAXA,
1889 in GAUTHIER et PIETRI, 1989) avaient clairement démontré que
les micro-organismes allochtones, comme les coliformes, survivent mal dans les
eaux marines, bien que les causes de cette disparition n'aient
été clairement discernées.
Par la suite, de nombreux travaux ont été
entrepris pour analyser ce phénomène, aussi bien in situ
qu'au laboratoire.
Jusqu'aux années 70, il était admis que les
bactéries pathogènes d'origine humaine étaient
détruites en quelques heures dans l'eau de mer. Ainsi,
l'autoépuration des eaux marines est le retour spontané à
la normale d'un écosystème modifié, physiquement,
chimiquement, biologiquement, ou le tout à la fois.
La plupart des auteurs considèrent que de nombreux
facteurs environnementaux physiques, chimiques ou biologiques sont
décrits comme pouvant influencer la survie des
entérobactéries en eau de mer, avec cependant une importance
très inégale.
On invoquait ainsi l'influence de la sédimentation
après adsorption des cellules sur le matériel particulaire,
l'activité létale de la salinité, des métaux
lourds, de la carence en éléments nutritifs, de la lumière
et le rôle antagoniste de nombreux éléments biologiques
propres aux eaux usées ou au milieu marin : micro- et macro
prédateurs et substances antibactériennes produites par les
algues, le phytoplancton ou les bactéries et les levures.
Bien qu'un important effort de synthèse ait
été fait sur ce thème, aucun consensus
véritable n'est apparu quant à l'efficacité de l'un ou
l'autre de ces facteurs dans les conditions naturelles. (GAUTHIER et PIETRI,
1989).
3.1 Facteurs influant sur la teneur microbienne globale
3.1.1 Facteurs physico-chimiques
3.1.1.1 La dilution : elle
intervient immédiatement après le rejet. Elle est
favorisée par le mélange des eaux : courants, turbulence et
action des marées. On estime que 90 à 99% des bactéries
d'égout sont détruites après 48 heures de suspension dans
l'eau de mer et que leur nombre décroit avec la distance beaucoup plus
rapidement que l'on pourrait s'y attendre du fait de la simple dilution
(MAURIN, 1974).
3.1.1.2 L'adsorption : c'est la
fixation des polluants sur toutes les particules organiques ou minérales
en suspension dans le milieu aquatique. C'est un phénomène bien
connu par lequel les microbes s'accrochent à des corpuscules dont ils
suivent le sort ; l'adsorption contribue donc à un isolement des germes
et à une efficace dissociation de la charge polluante, car elle peut
atteindre 90 à 95% des bactéries et des virus (WOOD et col, 1967
in BRISOU et DENIS, 1978).
3.1.1.3 La sédimentation :
directe ou indirecte (après adsorption), elle détermine la
disparition momentanée des microbes. Cette disparition peut être
provisoire, car il peut y avoir remise en suspension des sédiments et
des bactéries. Très efficace en eaux calmes, elle se trouve
amoindrie par la turbulence du milieu (MAURIN, 1974. WILKINSON et al, 1995).
3.1.1.4 La lumière : elle
intervient sur la dispersion (dilution, adsorption, sédimentation) dans
le sens où elle conditionne les mouvements verticaux et horizontaux des
masses planctoniques. Une action bactéricide directe de la
lumière ultraviolette est en principe admise, mais est très
modeste (BRISOU et DENIS, 1978) ; car son action ne dépasse pas une
profondeur de 0.05m à 0.20m selon la turbidité (MAURIN, 1974).
3.1.1.5 La température de l'eau :
la décroissance des bactéries augmente avec la
température de l'eau. Ainsi, en période estivale, celle-ci est un
des facteurs majeurs de l'épuration microbienne (MANCINI, 1978 ; FLINT,
1987).
3.1.1.6 Variations de pH : au plan
microbiologique, les fluctuations naturelles de pH n'interviennent pratiquement
pas. Par contre elles jouent un rôle dans les mouvements de masses
planctoniques (BRISOU et DENIS, 1978).
3.1.1.7 La salinité : les
fortes variations de salinité d'un milieu à l'autre, ont tendance
à empêcher l'accoutumance des bactéries allochtones
à leur nouveau milieu, ce qui conduit à la décroissance de
leur nombre (MAURIN, 1974).
3.1.2 Facteurs biologiques
Compétition
interspécifique: la présence des microorganismes
autochtones, plus aptes à se multiplier dans leur milieu naturel,
implique la décroissance des bactéries allochtones (FLINT,
1987).
Prédation : On peut citer les
:
-Bactéries prédatrices : comme
les Bdeiovibrio (groupe de bactéries de petite
taille qui se fixent sur d'autres bactéries pour les «
dévorer » ; ce sont des vibrions très mobiles qui
n'attaquent que les bactéries Gram négatif) (PELMONT, 1993 ;
BRISOU et DENIS, 1978) ; et les Myxobactéries
(germes à Gram négatif ayant pour
singularité d'hydrolyser les molécules insolubles, de lyser les
cellules bactériennes et de les utiliser comme substrat) (BRISOU et
DENIS, 1978).
-Les bactériophages :
extrêmement répondus dans la nature ; ils parasitent et
détruisent bactéries et Cyanophycées. Ils peuvent
détruire une population bactérienne entière ou seulement
une partie de celle-ci, s'intégrer dans le chromosome pour
établir la lysogénie (BRISOU et DENIS, 1978).
-Les prédateurs microphages : Ce sont
tous les organismes qui se nourrissent de microbes. Ils sont
représentés par les amibes, les flagellés, les
ciliés ou des êtres plus évolués tels que les
mollusques filtrants qui absorbent une grande quantité de
bactéries et de virus avec leur nourriture. Il faut souligner que pour
ces deux derniers, les germes absorbés ne sont pas nécessairement
détruits (BRISOU et DENIS, 1978).
4. Devenir et évolution d'une pollution
bactérienne en milieu marin
De nombreuses études ont été
menées afin d'apporter des précisions concernant le devenir des
bactéries entériques rejetées dans le milieu marin. Elles
sont réalisées soit in situ soit au laboratoire pour tenter de
mettre en évidence les facteurs et les paramètres intervenant
dans la décroissance bactérienne dans le milieu marin (CRANE et
MORE, 1986 in POMMEPUY et al, 1990).
4.1 La contamination de l'eau
Elle peut se faire d'une manière directe par les
rejets d'eaux usées ou indirecte par la remise en suspension des
particules décantées, la contamination sera dépendante de
la qualité physicochimique de l'eau de mer qui conditionnera la survie
ou la mort des germes.
Selon POMMEPUY et al (1990), les paramètres qui
déterminent la mortalité des microorganismes ou leur survie dans
l'eau de mer sont :
· La présence de composés organiques
osmoprotecteurs qui permettent à la cellule de supporter le choc
osmotique lors du passage de l'eau usée douce à l'eau de mer
salée.
· La présence de matières organique
assimilable
· La température de l'eau et l'effet
bactéricide de l'ensoleillement car il suffit d'une exposition d'une
à deux heures à l'ensoleillement pour qu'une suspension
bactérienne ne devienne plus cultivable.
4.2 La décantation des
bactéries
Les bactéries issues des rejets se présentent
sous forme libre ou agglomérée. La décantation des
bactéries est un phénomène lent car il faut en moyenne 10
heures pour que les concentrations bactériennes diminuent d'un
logarithme (POMMEPUY et al, 1990).
Cependant cette décantation est sélective dans
le sens où elle est conditionnée par la taille et la forme que
peuvent prendre certaines bactéries. Par exemple les streptocoques se
disposent en chaînettes de 20 à 40 jim ; ils auront tendance
à se concentrer plus au fond que les coliformes 1 à 2 jim
(ANONOYME, 1980).
4.3 La contamination du sédiment
Les dépôts des particules chargées de
bactéries seront fonction de l'hydrodynamisme et se feront dans les
zones peu profondes, abritées des courants et des clapots. Plus le
sédiment est riche en matière organique plus les bactéries
fécales survivront plus longtemps.
Dans le sédiment les bactéries d'origine
fécale peuvent acquérir une résistance vis-à-vis
des facteurs inhibiteurs par l'échange de gènes avec les
bactéries autochtones (GAUTHIER, 1989).
Le sédiment peut être considéré
comme un réservoir de bactéries, les temps de survie y sont
très élevés et les T90 (temps
nécessaire pour que 90 % des bactéries disparaissent) peuvent
atteindre les 14 jours et exceptionnellement 40 jours lorsque les conditions y
sont favorables (LE GUYARDDER et al, 1990 in POMMEPUY, 1990).
Lorsqu'il est remis en suspension, il peut recontaminer l'eau surnageante
(WOOD, 1967 in POMMEPUY et al, 1990).
5. Impact sanitaire des contaminations
microbiennes
Les impacts associés à la contamination
microbiologique des eaux littorales affectent la qualité de l'eau
elle-même mais aussi celle des cheptels présents sur les sites
soumis aux contaminations. C'est l'homme : l'usager du littoral en
qualité de «baigneur » ou de « consommateur de fruits de
mer » qui suscite un grand intérêt. L'eau de mer
souillée contient une large gamme de germes, virus et bactéries
susceptibles de provoquer des troubles infectieux. Certaines espèces de
bactéries (tableau 2) peuvent être à l'origine de trouble
infectieux, de gastro-entérites ou d'intoxication (POGGI, 1990).
Tableau 02 : Caractéristiques des
principales bactéries pathogènes (POGGI, 1990).
Les incidents cutanés sont fréquents chez les
baigneurs et les sujets fréquentant les sables de plage. Elles
reconnaissent des origines diverses :
Les bactéries banales telles que les staphylocoques,
les streptocoques, les microcoques (Micrococcus epidermis) sont
à l'origine des furonculoses, abcès et des panaris auxquelles il
faut ajouter les affections génito-urinaires provoquées par les
« chlamydies » généralement (BRISOU et DENIS, 1978).
Il reste entendu que la majorité de ces syndromes ont
une origine bactérienne.Les salmonelles, shigelles, E.coli
entérotoxique, Protéus et Vibrio cholerae sont les
principales bactéries incriminées.
Ces bactéries sont à l'origine des
diarrhées, dysenteries, fièvres typhoïdes et para-
thyphoides et le choléra (BRISOU et DENIS, 1978).
Les germes présents dans une eau s'accumulent dans les
coquillages filtreurs.
Le processus de concentration des germes, liés au taux
de filtration, a fait l'objet de nombreuses études. En retenant celles
fournies par (DESLOUS-PAOLI et al, 1987 in POGGI, 1990), on peut
estimer la capacité de filtration des principaux bivalves à usage
commercial (tableau 03).