Introduction
La santé et le bien-être des populations dans le
monde dépendent étroitement de la performance de leurs
systèmes de santé (OMS, 2000). Dans la pratique, la performance
et la qualité d'un système de santé dépendent en
fin de compte de la qualité des ressources humaines de la santé
(RHS) (Martinez et al. 1998 ; Zurn et al. 2004). Mais, dans les pays en voie de
développement, les travailleurs de la santé exercent en effet
dans des conditions de manque de ressources (humaines, matérielles,
financières, etc.) à tous les niveaux (Pascal Zurn, et al.,
2006). C'est pourquoi, le défi commun à tout système de
santé consiste à identifier et à appliquer un ensemble de
mesures lui permettant de remplir ses objectifs.
Au Bénin, les équipes de santé qui
oeuvrent à la base de la pyramide sanitaire servent de ligne de front
pour la défense et la protection des populations. La qualité de
leur travail est déterminante pour la performance du système de
santé béninois. Or, la constitution des équipes de
santé et les rôles spécifiques dévolus à
leurs membres au niveau périphérique font aujourd'hui l'objet de
réflexions constantes chez les décideurs et parfois même
des polémiques dans le rang des managers ou responsables du
système sanitaire au niveau périphérique (médecins
chefs, médecins coordonnateurs, etc.).
Dans un tel contexte caractérisé par une
pénurie aiguë des ressources humaines et une constante
sollicitation des agents de santé à tous les niveaux, on se
demande s'il est possible d'observer les règles établies en
l'occurrence en matière de répartition des tâches dans les
équipes de santé qui servent en milieu rural.
Cette préoccupation fonde notre curiosité sur la
réelle utilisation qui est faite des auxiliaires de santé, ces
agents sans qualification professionnelle précise et qui sont
recrutés dans les formations sanitaires pour assister les infirmiers et
les sages-femmes.
C'est fort de ce constat que nous avons choisi de
réaliser une « étude sur l'utilisation des auxiliaires dans
la production de soins dans les formations sanitaires
périphériques de la Zone Sanitaire de Tanguiéta ».
Cette zone sanitaire est le champ d'application que nous avons identifié
dans le cadre de l'étude.
Le présent document s'articule autour de quatre
chapitres essentiels. Dans le premier, il s'agit pour nous d'exposer le cadre
théorique de l'étude. Dans le deuxième, nous
présentons le cadre physique qui a servi de champ d'application à
notre étude ainsi que la méthode qui a guidé la conduite
de l'étude. Dans le troisième, les résultats obtenus
à l'occasion de la collecte
de données sont présentés et
analysés. Enfin, le quatrième expose les suggestions et situe les
responsabilités des acteurs impliqués dans le programme de
résolution des difficultés soulevées par l'utilisation des
auxiliaires dans la production des soins au sein des formations sanitaires
périphériques.
1. Cadre théorique de l'étude
Le présent chapitre est consacré à la
problématique, aux objectifs, à la revue de littérature,
au cadre conceptuel, ainsi qu'aux hypothèses que nous avons
émises pour conduire l'étude.
1.1. Problématique
1.1.1. Contexte
D'immenses progrès ont été
réalisés pour donner à l'homme un état de complet
bien- être physique, mental et social. La situation sanitaire dans le
monde présente, en effet aujourd'hui, les effets
bénéfiques des médicaments et des nouvelles technologies
(OMS, 2006). Pourtant, la santé1 dans le monde ne s'en porte
pas mieux dans plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne (OMS, 2006). Les
systèmes de santé dans cette région continuent de faire
face à des défis majeurs.
En effet, le paludisme, les infections gastro-intestinales,
les infections respiratoires et les lésions traumatiques constituent
d'une part les premières causes de consultations. Les maladies à
potentiel épidémique notamment le choléra, la rougeole, la
méningite et la fièvre jaune continuent d'autre part de menacer
les populations. Les taux de mortalité maternelle, infantile et
juvénile sont par ailleurs alarmants. A titre illustratif, en Afrique de
l'Ouest, ils oscillent entre 150 et 230 décès pour 1000
naissances vivantes. La mortalité maternelle est approximativement de
600 décès pour 100.000 naissances vivantes. Ce taux est cent fois
plus élevé qu'en Amérique du Nord (Jaffré et
Olivier de Sardan, 2003). Outre le paludisme, la tuberculose et le VIH/SIDA
font l'objet d'une grande mobilisation à travers le continent. Dans la
sous région, bien que variant d'un pays à l'autre, le taux de
prévalence du VIH/SIDA est de l'ordre de 4 %.
A tout cela viennent s'ajouter le faible taux de
fréquentation des centres de santé, l'insuffisance de l'offre de
santé en termes de ressources humaines (en moyenne un médecin
pour 20 000 habitants) et de très fortes disparités entre milieux
urbains et ruraux. Au Bénin, la mortalité maternelle est de 397,5
pour 100.000 naissances vivantes en zone urbaine et de 505 pour 100.000
naissances vivantes en zone rurale (INSAE, 2002). Cette situation est
restée invariable jusqu'en 2006.
Ces défis perdurent malgré les nombreuses
politiques de santé qui ont été
développées.
1 Selon l'OMS, la santé est un état de
complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.
En effet, devant les multiples problèmes de
santé publique, l'assemblée mondiale de la santé (dont le
Bénin est membre) avait décidé déjà en 1978,
à la Conférence d'Alma-Ata (Ex- URSS), de tout mettre en oeuvre
pour permettre aux populations de mener une vie socialement et
économiquement productive. Elle a opté pour une politique
clé, « les Soins de Santé Primaires » centrée
sur la prise en compte des aspects culturels, sociaux,
économiques et médicaux des problèmes de santé
(Dujardin, 2003).
En 1987, plusieurs pays en voie de développement (dont
le Bénin) ont adopté une stratégie complémentaire,
propre à leur contexte. Cette stratégie a été
dénommée «Initiative de Bamako». Sa
caractéristique principale est la volonté d'améliorer
l'offre de santé en étendant la couverture géographique en
services de santé de base avec la participation des
bénéficiaires.
En 1998, la base de la pyramide sanitaire Béninoise a
été réorganisée en zone sanitaire. Celle-ci est
l'unité opérationnelle la plus décentralisée du
système de santé. Elle délivre, pour une population de
100.000 à 200.000 habitants, des services de santé à
travers un réseau de formations sanitaires publiques et privées
(Centre de santé de commune, Centre d'Action de la Solidarité et
d'Evolution de la Santé, Centre de santé d'Arrondissement,
Maternité et dispensaires isolés et Unité villageoise de
santé), appuyées par un Hôpital de première
référence public ou privé dénommé
Hôpital de Zone. L'objectif de cette stratégie est de rapprocher
les prestations sanitaires des populations là où elles se
trouvent.
La mise en oeuvre de cette stratégie repose sur quatre
piliers à savoir :
· L'organisation, la planification et la gestion ;
· Le financement et l'affectation des ressources ;
· Les actions intersectorielles ;
· Le développement des ressources humaines.
Mais à l'instar des autres Etats membres de
l'assemblée mondiale, le Bénin a privilégié la
planification et la mise en place des infrastructures. Le Ministère de
la Santé a défini pour ce qui concerne les ressources humaines,
les normes pour le fonctionnement des formations sanitaires sous sa tutelle en
2001. Elles ont été complétées en 2002 dans le
document de Normes des soins infirmiers, gynéco obstétricaux
et néonataux élaboré par la Direction des Soins
Infirmiers et Obstétricaux.
Selon les niveaux dans la hiérarchie sanitaire, des
équipes à compétences variées ont été
prévues pour répondre aux exigences de soins de santé
pratiques, scientifiquement
valables et socialement acceptables. Dans cette optique, le
personnel de santé chargé d'animer les formations sanitaires est
composé de personnel soignant ainsi que de personnel administratif et
d'appui. Dans la première catégorie, on retrouve le personnel
médical (Médecin généraliste, chirurgien,
gynécologue, etc.), le personnel paramédical
(infirmiers, sages femmes, techniciens de laboratoire, techniciens d'imagerie
médicale, etc.) et les auxiliaires de santé
(aide-soignants, secouristes et matrones).
Dans la même dynamique de formalisation, le
Ministère a édité un référentiel des profils
de poste au niveau des zones sanitaires en 2001. Ce document a
été complété en 2002 par le statut des
hôpitaux de zone et en 2005 par l'arrêté portant
attribution, composition et fonctionnement de l'Equipe d'Encadrement de Zone
Sanitaire.
Les amendements successifs des profils de poste n'ont pas
concerné le corps des aides soignants dont les tâches sont
limitées dans les centres de santé périphériques
à l'accueil, la prise de certaines constantes biologiques, l'entretien
du matériel et des locaux ainsi que la participation aux
activités de vaccination. Et c'est là où se pose le
problème.
1.1.2. Enoncé du problème
Dans un contexte où les responsabilités ont
été définies au regard de la qualification professionnelle
des membres des équipes pluridisciplinaires de santé, on devait
s'attendre à ce que chacun accomplisse exclusivement les tâches
qui lui sont formellement assignées. En matière de
coopération au travail, on pouvait également espérer que
les membres des équipes de santé agiraient en
complémentarité et en cohérence avec un mécanisme
de coordination adapté aux structures de type mécaniste. Mais,
lorsqu'on observe le fonctionnement réel des structures de santé,
non comme il devrait être mais tel qu'il est au quotidien, un autre mode
de fonctionnement apparaît (Jaffré et Olivier de Sardan, 2003).
Le quotidien exprime, en effet, une toute autre
réalité. Il est devenu quasi-naturel d'observer que, dans les
centres de santé périphériques2, des
auxiliaires de santé (aides- soignants, secouristes, matrones)
excèdent les attributions qui leur sont formellement reconnues alors
qu'en général, ils sont sans qualification ou sont titulaires
simplement du CEP avant leur entrée en fonction. On peut donc
raisonnablement s'interroger sur la qualité des soins qu'ils
produisent.
2 La pyramide sanitaire comprend trois niveaux :
central, intermédiaire et périphérique (zones sanitaires).
Les centres de santé de niveau périphérique sont encore
appelés centres de santé de première ligne, de premier
contact ou de premier échelon.
Plusieurs éléments viennent renforcer ce constat
sur le quotidien des centres de santé au Bénin.
En effet, une étude commanditée par la
Direction des Soins Infirmiers et Obstétricaux du Ministère de la
Santé et réalisée en 2007, a montré que des
auxiliaires de santé tiennent entièrement des unités
sanitaires (DSIO, 2007).
Mieux, le Service des Ressources Humaines de la DDS-Atacora a
observé que, de 2000 à 2005, une dizaine d'auxiliaires de
santé, Agents Permanents de l'Etat sont arrivés à obtenir
une autorisation d'inscription à l'Ecole Nationale des Infirmiers et
Infirmières Adjoints (ENIIAB) de Parakou3 et qu'ils en sont
sortis avec un brillant résultat.
Enfin, une enquête exploratoire auprès des
acteurs du secteur, le long de la ligne hiérarchique, de la
périphérie au niveau central, confirme bien le
phénomène. La première question qui vient à
l'esprit dans ce cas est de savoir : pourquoi les auxiliaires de santé
au niveau périphérique excèdent-ils leurs attributions
formelles ?
La question est davantage préoccupante lorsqu'on sait
que
· le concept de qualité des soins est plus que
jamais d'actualité puisque depuis une dizaine d'années le
Ministère de la Santé s'est inscrit entièrement dans cette
démarche (Mahinou-Zocli et Koussemou, 1998) ;
· il y a de fréquentes plaintes des
bénéficiaires des soins produits par les aides soignants dans les
formations sanitaires au Bénin (Saizonou et al 2006)
Pour mieux appréhender la préoccupation, nous
examinerons spécifiquement les questions suivantes :
· Quelles sont les occupations des agents qualifiés
(Infirmiers et Sages Femmes) dans les formations sanitaires
périphériques ?
· Quelles sont les tâches qu'exécutent les
auxiliaires de santé dans les formations sanitaires
périphériques ?
· Quels sont les facteurs liés au contexte et qui
favorisent l'utilisation des auxiliaires de santé dans les structures de
soins périphériques ?
3 Ecole de formation des agents de santé de
niveau élémentaire au Bénin.
1.1.3. Intérêt de
l'étude
L'intérêt de notre étude réside
dans l'influence plurielle que l'emploi des auxiliaires de santé peut
avoir sur tout le système de santé des points de vue
organisationnel, gestionnaire, psychosocial, culturel, juridique,
économique, etc.
Concrètement, l'intérêt de cette
étude peut s'analyser de cinq points de vue.
· Premièrement, elle se démarque de
l'ensemble des études antérieures et a l'avantage de focaliser
exclusivement l'attention sur le travail des auxiliaires de santé
(aides- soignants, secouriste et matrones) dans l'environnement sanitaire
béninois. Ce faisant, elle cherche à analyser, l'utilisation
concrète qui est faite des auxiliaires de santé dans les
formations sanitaires périphériques ;
· Deuxièmement, elle servira de support aux
éventuelles études sur la qualité des prestations de ce
personnel dans les soins de santé car son objet ne s'étend pas
à cette dimension ;
· Troisièmement, cette étude suscite le
débat sur le potentiel (compétence, aspiration,
possibilités d'évolution) des auxiliaires de santé ;
· Quatrièmement, le champ d'application de
l'étude est la Zone Sanitaire de Tanguiéta. Cette zone
présente des caractéristiques semblables aux trente trois (33)
autres zones que compte le Bénin, principalement en matière de
ressources humaines et d'organisation du travail. L'étude pourrait donc
être généralisée à tout le pays pour une
réelle maîtrise de l'emploi des auxiliaires de santé dans
les formations sanitaires périphériques.
· Cinquièmement, elle fournit les données
empiriques qui peuvent servir de base aux décisions en ce qui concerne
cette frange la plus nombreuse du personnel de santé actuellement au
Bénin. Elle constitue, par la même occasion, pour les
décideurs et les employeurs, le ferment de nombreux axes de
réflexion en ce qui concerne les mécanismes à mettre en
place pour une utilisation optimale de toutes les ressources humaines
opérant dans le système de santé béninois.
1.2. Objectifs
1.2.1. Objectif général
Etudier le degré d'utilisation des auxiliaires de
santé dans la production des soins dans les formations sanitaires
périphériques de la Zone Sanitaire de Tanguiéta et en
connaître les déterminants.
1.2.2. Objectifs spécifiques
L'étude cherche plus particulièrement à
:
· Décrire les occupations du personnel
qualifié (Infirmiers et Sages Femmes) ;
· Mesurer l'utilisation des auxiliaires dans la production
des soins de santé ;
· Identifier les facteurs liés au contexte et qui
favorisent l'utilisation des auxiliaires aux soins de santé.
1.3. Revue de littérature
Sous cette rubrique nous clarifions certains concepts
clés et exposons les études théoriques sur les auxiliaires
de santé.
1.3.1. Clarification conceptuelle
Utilisation
Le terme utilisation traduit, selon le dictionnaire universel
(1995), l'action ou la manière d'utiliser. Selon le même
dictionnaire, le terme utiliser a pour synonyme le verbe employer. Dans le
contexte de notre étude, l'utilisation des auxiliaires de santé
signifie donc l'emploi qui est fait de ces agents dans les formations
sanitaires à l'occasion de la production des soins de santé.
Auxiliaire de santé
La dénomination « auxiliaire de santé
» n'est pas récente dans la nomenclature des corps du
système de santé. Aujourd'hui, elle est utilisée pour
différents niveaux d'emplois en fonction de la qualification de
référence.
Selon le Petit Larousse, Grand Format (2003) un auxiliaire, est
une personne qui fournit une aide momentanément ou accessoirement.
Le Comité Administratif de Coordination des Nations Unies
définit en septembre 1954, l'auxiliaire comme :
« un agent rémunéré d'un
domaine technique particulier qui ne possède pas toutes les
qualifications exigées pour accéder au niveau professionnel dans
ce domaine et qui, placé sous son autorité, aide un agent de
niveau professionnel».
Plus simplement, pour la FNAAS4, un auxiliaire de
santé est « un personnel de santé qui aide le personnel
infirmier dans les fonctions courantes».
Au Bénin, en dehors des Aides Soignants, la
nomenclature du personnel relevant du Ministère de la Santé
présente une catégorie de soignants de niveau inférieur ;
celle des secouristes et matrones. Ces derniers travaillent souvent dans les
centres de santé du niveau périphérique.
Dans le présent document, le terme auxiliaire de
santé sera donc utilisé pour désigner les aides soignants,
les secouristes et les matrones. Notre étude concerne principalement
ceux parmi eux qui sont recrutés et oeuvrent activement dans le
système de santé à temps plein et qui sont
rémunérés pour le travail effectué soit par le
Budget National, soit sur le financement de la communauté, soit celui
des mairies ou sur le fonds des « mesures sociales»5.
Soins
La notion de soins est polysémique. Elle a un sens
à la fois large ou restreint selon son utilisateur. Le Petit Larousse,
Grand Format (2003) définit les soins comme des moyens par lesquels on
s'efforce de rendre la santé à un malade. Cette définition
ne rend certainement pas compte des actes qui doivent être posés
par un professionnel pour procurer le bien-être à son patient.
La notion de soin est plus concrètement perçue
comme tout acte ou prestation par lesquels on soigne ou encore conserve ou
rétablit la santé de quelqu'un. Ceci dit, le concept de soin
englobe l'ensemble des actes relationnels, psychologiques, de confort, etc.
Sur le site réservé à la santé
par le gouvernement français, on peut lire une définition qui a
le triple avantage d'être technique, descriptive et analytique. Est en
effet considéré comme soins,
4 Fédération Nationale des Associations
d'Aides-Soignants en France
5 Personnel rémunéré sur le
crédit octroyé au Ministère de la Santé dans le
cadre de l'initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE).
«tout acte médical ou paramédical
réalisé par un professionnel de santé, qui concourt
à la prévention, au traitement d'une maladie, à la prise
en charge d'un handicap, à des soins palliatifs6
».
Au regard de cette définition, les soins de santé
comprennent cinq (05) volets à
savoir :
· la prévention,
· la promotion,
· le curatif,
· la réadaptation (prise en charge d'un handicap)
et
· le traitement palliatif.
Pour ce qui concerne les soins de santé primaires, ce
sont des « soins de santé essentiels fondés sur des
méthodes et des techniques pratiques, scientifiquement valables et
socialement acceptables, rendus universellement accessibles à tous les
individus et à toutes les familles de la communauté avec leur
pleine participation et à un coût que la communauté et le
pays puissent assumer à tous les stades de leur développement
dans un esprit d'autoresponsabilité et d'autodétermination »
(OMS, 1989, P 9 ).
Cette définition des soins de santé primaires
exclut donc le traitement palliatif et prend en compte les quatre
premières composantes à savoir la prévention, la
promotion, le curatif et la réadaptation (OMS, 1979).
Niveau périphérique
Du fait de la réforme initiée par la table
ronde sur le secteur santé en 1995, le système sanitaire
béninois est organisé sous une forme pyramidale. Il constitue un
moyen rationnel d'organiser les soins de santé primaires. On y distingue
trois niveaux : le niveau central, le niveau intermédiaire et enfin le
niveau périphérique. Ce dernier est le niveau opérationnel
le plus décentralisé du système de santé. Il
comprend des unités administratives et un réseau de formations
sanitaires publiques et privées (Centre de santé de commune,
Centre d'Action de la Solidarité et d'Evolution de la Santé,
Centre de santé d'Arrondissement, Maternité et dispensaires et
Unité villageoise de santé) appuyés par un hôpital
de première référence public ou privé
dénommé Hôpital de Zone.
6 Ensemble des actions destinées à
atténuer les symptômes d'une maladie dont, en particulier, la
douleur qu'elle provoque, sans cependant la guérir
Dans ce réseau de formations sanitaires, les soins de
santé sont offerts au niveau de la collectivité locale ou du
village. Ils font appel à une technologie élémentaire et
sont dispensés au sein de la collectivité par des agents de
première ligne qui constituent la majorité du personnel des
services de santé (OMS, 1979). On retrouve également au niveau
périphérique (à l'hôpital notamment), des
prestations médicales sanitaires de niveau moyen faisant appel à
une technologie intermédiaire.
Avant d'aborder les rôles des agents de santé
(infirmier, sage femme, aide soignant) que fournit la littérature ainsi
que les études théoriques préalables menées sur les
auxiliaires de santé, nous évoquons prioritairement :
· L'importance du facteur humain dans les systèmes
de santé
· Intérêt de la Gestion des Ressources
Humaines pour la santé
· Utilité de l'analyse des emplois, véritable
objet de notre travail de recherche
1.3.2. Importance du facteur humain dans les
systèmes de santé
L'homme est un facteur clé du succès des
organisations. Dans le système de santé, il a tout autant la
même importance.
La qualité des hommes fait en général la
différence entre les entreprises performantes et celles qui ne le sont
pas. Pour Meyssonnier (1991), Il n'est de richesse que d'homme. Les
créations dans les entreprises sont dues à des efforts
individuels ou collectifs. Cette observation situe bien la place de choix que
l'homme occupe actuellement dans les organisations. L'homme, n'est plus
considéré comme un simple paramètre de l'action. Il est
désormais intégré à la stratégie dans les
organisations et des objectifs de développement lui sont
fixés.
Les systèmes de santé saluent tout autant le
rôle stratégique que joue l'homme dans les succès attendus.
Il est en effet unanimement reconnu que l'équipe de santé est la
cheville ouvrière de la mise en oeuvre des soins de santé
primaires (OMS, BRA, 1997).
En prenant service à la tête de la Direction
Générale de l'Organisation Mondiale de Santé, le Dr LEE
(2006) a donné sa position sur l'importance des Ressources Humaines pour
le système de santé. Pour lui, « Le capital humain est
vital pour les systèmes de santé ». Oeuvrant au coeur
du système, le personnel est l'élément moteur de tout
progrès en matière de santé. Le nombre et la valeur du
personnel influent de manière positive sur la couverture
vaccinale, l'extension des soins de santé primaires
ainsi que sur la survie infantilo-juvénile et maternelle.
Les ressources humaines sont donc une variable importante
dans la performance du système de santé. Il est essentiel de
constituer un corps d'agents de santé compétents, motivés
et bénéficiant des soutiens nécessaires si l'on veut faire
sauter les blocages qui s'opposent à la réalisation des objectifs
nationaux et mondiaux en matière de santé (OMS, 2006).
La place de choix qu'occupe l'homme dans le système de
santé confère un intérêt certain à la
fonction ressources humaines.
1.3.3. Intérêt de la Gestion des Ressources
Humaines pour la santé
La Fonction Ressources Humaines (FRH) joue le rôle
d'outil privilégié de la performance de l'organisation. Citeau
(1997) le confirme et déclare à cet effet que la FRH participe
à la recherche d'une meilleure efficacité des organisations en
s'efforçant de promouvoir et de réaliser une meilleure allocation
des ressources humaines (adéquation compétences-emplois). Abord
de Chantillon et al (2003) précisent que la GRH est un mode d'exercice
de la fonction «ressources humaines» centrée non pas sur les
aspects bureaucratiques mais sur l'apport des individus et des groupes à
la performance de l'organisation dans le temps. En concluant sur la
finalité de la GRH pour une organisation, Meignant (1997) annonce qu'il
s'agit de disposer à temps, d'effectifs suffisants, et en permanence,
des personnes compétentes et motivées pour effectuer le travail
nécessaire dans une situation qui leur permette de valoriser leurs
talents avec un niveau élevé de performance et de qualité,
à un coût salarial compatible avec les objectifs.
L'OMS (2006) partage d'ailleurs cette opinion. En matière
de personnel, elle s'est fixée un objectif tout à fait simple
:
« Veiller à ce que des agents
compétents, présentant les qualifications voulues soient
placés au bon endroit pour faire ce qu'il y a lieu de faire et de la
sorte, conserver suffisamment de souplesse pour réagir aux crises,
combler les lacunes existantes et prévoir
l'avenir»7.
Cet objectif exige au préalable une analyse des emplois
et bien sûr une planification des Ressources Humaines.
7 Résumé du rapport sur la santé
du monde 2006 : Travailler ensemble pour la santé, OMS, 2006, non
paginé.
1.3.4. Utilité de l'analyse des
emplois
L'analyse des emplois s'identifie à un processus qui
permet de constater par l'observation et par l'étude, l'information
pertinente qui concerne la nature d'un poste spécifique et de la
rapporter (Sékiou et al, 2004). L'analyse des emplois s'applique
à effectuer donc une étude complète de l'emploi. Plusieurs
auteurs s'entendent sur la perception de l'Organisation Européenne de la
Coopération Economique (OECE, 1956). Selon cette institution, l'analyse
des emplois consiste à :
· Décomposer les faits relatifs à un
emploi de manière à déterminer les parties composantes de
cet emploi ainsi que les qualités requises du titulaire appelé
à l'occuper ;
· Consigner ces renseignements sous une forme pratique
et aisément utilisable.
Il n'existe cependant pas une méthode universelle
d'analyse des emplois. Les méthodes et techniques sont choisies en
fonction des objectifs, du degré d'implication des participants et bien
sûr de la qualité des données à recueillir.
Nous en concluons que la démarche d'analyse des emplois
est une procédure qui utilise une méthode appropriée pour
la collecte systématique des faits précis concernant un emploi
étudié à une période donnée. Il permet ainsi
de tracer le profil de cet emploi avec toutes ses composantes, soit sa
description et sa spécification. Le contenu du profil d'emploi
décrit les exigences (aptitudes, connaissances, formation)
nécessaires à rechercher chez le détenteur ou le postulant
afin que celui-ci remplisse adéquatement l'emploi (Vitet, 1975).
L'analyse des emplois occupe une place
privilégiée dans la GRH. Peretti (2000) la considère comme
l'une des clés de voûte de la GRH. Pour Dolan (2002), l'analyse
des emplois est un processus fondamental sur lequel s'appuient toutes les
autres activités des Ressources Humaines. Pour Sékiou et al,
(2004), l'analyse des emplois entretient des liens étroits avec d'autres
activités de la GRH notamment la planification des RH,
l'évaluation des emplois et leur classification, le recrutement et la
sélection, la rémunération, la gestion de la
carrière, la gestion du rendement, l'évaluation des RH, la
formation, les relations de travail, la gestion du temps, la psychologie
industrielle, la santé et la sécurité au travail.
Pour ces mêmes auteurs, l'analyse des emplois a une
influence psychosociologique assurée dans le contexte organisationnel.
C'est dire que la plupart des attitudes et des comportements des
employés dépendent de la manière dont un individu
perçoit son emploi.
Un modèle intégré des relations
découlant de l'analyse des emplois est proposé pour montrer que
l'analyse des emplois influence une série de résultats à
savoir : la survie de l'organisation, sa rentabilité, sa
compétitivité et enfin sa capacité d'adaptation
(Confère Annexe).
Au ministère de la santé, plusieurs emplois ont
déjà fait l'objet d'analyse. A l'occasion de la présente
étude, nous nous intéressons aux emplois des infirmiers, des
sages femmes et des auxiliaires de santé plus spécifiquement
celui des aides soignants. Nous laissons volontiers les emplois de secouriste
et de matrone car au niveau des formations sanitaires, le contenu de leur
description de poste est quasiment identique à celui des aides
soignants. L'élément de différence réside dans le
Certificat d'Etudes Primaires obtenu avant l'entrée en fonction. Les
aides soignants en sont titulaires. Les secouristes et les matrones ne l'ont
pas.
Quels sont les activités et les rôles de
santé de première ligne ? 1.3.5. Activités et
Rôles des agents de santé de première ligne
L'infirmier, la sage-femme et l'aide soignant constituent le
personnel de première ligne dans les prestations de soins aux
populations. On les retrouve à tous les niveaux de la pyramide
sanitaire.
Les différentes politiques de santé
élaborées jusqu'en 2001 n'avaient pas assez insisté sur le
volet normes et standards en soins infirmiers et obstétricaux. Chaque
agent pratiquait les soins selon sa conception et sa conscience (MSP, 2002)
malgré l'existence d'algorithmes conçus pour rappeler les modes
opératoires aux prestataires de soins de la périphérie.
C'est dans ce contexte que la Direction des Soins Infirmiers et
Obstétricaux du Ministère de la Santé a défini en
2002 un document intitulé « normes des soins infirmiers,
gynéco obstétricaux et néonataux ».
Les activités que doit réaliser chaque acteur
de l'équipe de santé des formations sanitaires de première
ligne ont ainsi été normalisées. Dans ce travail, nous
évoquerons tour à tour les rôles des infirmiers, des sages
femmes et des aides soignants.
1.3.5.1. L'infirmier
Selon les « normes des soins infirmiers,
gynéco obstétricaux et néonataux »., au
Bénin, il existe deux catégories d'infirmiers : les Infirmiers
d'Etat (de niveau baccalauréat) et les Infirmiers Brevetés (de
niveau brevet comme l'indique leur nom).
L'Infirmier d'Etat, c'est la personne qui a suivi avec
succès le programme d'étude exigé et à qui il
incombe de recueillir les données, de les analyser, de planifier et de
dispenser les soins infirmiers. Il agit dans toutes circonstances où il
faut promouvoir la santé, prévenir les maladies, donner des soins
aux malades et assurer une rééducation. Il assume les fonctions
de membre de l'équipe de santé à tous les niveaux de
l'exercice général des soins infirmiers dans le cadre du
rôle propre de l'infirmier soit sur prescription médicale ou dans
un rôle de délégué.
L'Infirmier Breveté, c'est la personne qui a suivi
avec succès le programme d'étude exigé pour ce niveau. Il
participe aux soins, sous la surveillance de l'infirmier d'Etat, à
l'ensemble des soins dispensés aux malades.
Les soins infirmiers font partie intégrante du
système de soins de santé comportant la promotion de la
santé, la prévention de la maladie, les soins curatifs aux
personnes physiquement ou mentalement malades, les handicapés de tous
âges, et ce dans toutes les formations sanitaires et communautaires.
Les activités de l'infirmier sont donc à la fois
curatives, préventives, promotionnelles, réadaptatives et
d'hygiène.
· Activités curatives :
Elles comprennent :
- Les consultations ;
- Les injections ;
- Les petites chirurgies ; - Les soins nutritionnels.
· Activités préventives
Elles concernent :
- La vaccination ;
- La surveillance des affections
endémo-épidémiques ;
- L'hygiène et la prévention des infections
nosocomiales ;
- Les conseils nutritionnels ;
- Le suivi et la supervision des agents des services à
base communautaire.
· Activités promotionnelles et
réadaptatives
On retrouve ici,
- Le counseling ;
- La communication pour un changement de comportement ; - Les
visites à domicile ;
- Les stratégies avancées ;
- La réinsertion sociale.
· Activités d'hygiène
Il s'agit de :
- L'hygiène de l'environnement immédiat ;
- La maîtrise des procédures de
décontamination, de la désinfection et de la stérilisation
;
- Le respect des règles d'asepsie ;
- La gestion des déchets bio-médicaux.
1.3.5.2. La sage-femme
Toujours selon les « normes des soins infirmiers,
gynéco obstétricaux et néonataux », la Sage
Femme est une personne qui ayant suivi régulièrement un programme
d'enseignement spécialisé en obstétrique, dûment
reconnu dans le pays où il a lieu, a terminé avec succès
le programme d'étude prescrit en obstétrique et a acquis les
qualifications nécessaires pour avoir le droit de pratiquer
légalement la profession.
Elle doit être en mesure d'assurer :
· la surveillance ;
· les soins obstétricaux et gynécologiques
;:
· les soins aux nouveau-nés et aux nourrissons ;
· les services de conseil nécessaires aux filles,
aux femmes pendant la grossesse, l'accouchement, le post-partum.
De façon synthétique, la typologie des soins
obstétricaux, néonataux et gynécologiques est la suivante
:
Soins obstétricaux et
néonataux
· Soins prénataux ;
· Soins pendant l'accouchement ;
· Soins postnataux ;
· Soins néonataux ;
· Soins post abortum.
Soins gynécologiques
· Soins liés aux infections génitales
courantes ;
· Soins promotionnels (Planning Familial) ;
· Soins liés aux anomalies organiques (kyste,
myomes, infertilité, etc.).
Ces soins incluent les préventions, la
détection des anomalies chez la mère et l'enfant, une assurance
médicale et l'exécution des mesures d'urgences en l'absence d'un
gynécologue obstétricien.
La sage-femme joue un rôle important de
conseillère et d'éducatrice sanitaire, non seulement à
l'égard de la femme mais également au sein de la famille et de la
collectivité. Ces fonctions englobent l'éducation
prénatale et la préparation au rôle de parent. Elles
s'étendent à certains aspects de la gynécologie, de la
planification familiale et des soins aux enfants.
Outre cette distinction entre les activités des
Infirmiers et des Sages femmes, il existe des activités communes aux
deux corps dans les formations sanitaires périphériques. Il
s'agit des activités d'hygiène et de gestion.
· Activités d'hygiène
- Formation et supervision d'agents ;
- Collecte, décontamination et désinfection des
instruments et linges ; - Désinfection régulière des
surfaces et des salles de soins ;
- Organisation de la stérilisation ;
- Surveillance de l'application des règles d'asepsie ;
- Gestion des déchets biomédicaux.
· Activités de gestion
- Tenue et remplissage corrects des différents supports
de données (registres, fiches, carnets, etc.) ;
- Tenue des statistiques ;
- Gestion des médicaments et du matériel
médico-technique ;
- Gestion des ressources humaines ;
- Gestion des ressources financières.
1.3.5.3. L'aide soignant
Au nombre des auxiliaires de santé, seuls les aides
soignants sont retenues dans le document des normes produit par la DSIO comme
personnel capable d'assister les Infirmiers et les Sages Femmes dans les
formations sanitaires.
L'aide soignant est la personne formée pour aider
l'infirmier ou la sage-femme dans ses tâches quotidiennes en
matière de soins et de prévention.
Rôles propres
Au centre de santé périphérique, l'aide
soignant, dans son rôle propre est chargé d'assurer :
· L'accueil quotidien des nouveaux et anciens malades ;
· L'accueil des cas d'urgences ;
· L'accueil quotidien des femmes gestantes ;
· L'inscription sur fiche et orientation ;
· La pesée systématique, la prise de
température ;
· L'organisation de la stratégie avancée
(distribution de la vitamine A, de médicaments et de contraceptifs non
hormonaux) ;
· Le nettoyage, la stérilisation du matériel
médico-technique ;
· Les visites à domicile ;
· La recherche active ;
· La participation aux séances de vaccination.
Dans les maternités, Il est plus particulièrement
responsable des tâches suivantes :
· Analyse d'urine ;
· Mensuration (périmètre crânien,
taille, poids) ;
· Toilette au nouveau-né ;
· Pose de brassard pour l'identification du
nouveau-né ;
· Préparation du lit et propreté des draps
;
· Pause des compresses, tampons de coton, garniture tampon
vaginal
· Toilettes vaginales.
Rôles délégués
Les soins suivants peuvent être
délégués aux aides soignants :
· Surveillance des pansements et des bandages simples ;
· Entretien des outils et matériels de vaccination
;
· Entretien de la chaîne de froid ;
· Prise des constances (poids et température) ;
· Conseils à la mère ;
· Reconditionnement des médicaments ;
· Visite à domicile ;
· Pose de bouillottes et enveloppement froid ;
· Conseil d'hygiène dans le cadre de la lutte contre
le paludisme.
Le Décret 98-77 du 06 mars 1998 portant statuts
particuliers des corps des personnels de la santé publique fixe en son
article 10 les conditions de recrutement des Aides Soignants. Ils peuvent
être recrutés parmi les candidats des deux sexes titulaires de
l'attestation de fin d'Etudes primaires ou d'un titre équivalent. Le
corps des aides soignants est encore ouvert aux agents d'Entretien des Services
de Santé comptant au moins trois (3) années d'ancienneté
de service.
L'article 11 du même décret prévoit que
les Aides-Soignants ont vocation à accéder, au Corps des
Infirmières et Infirmiers Brevetés ou au corps des Techniciens de
Laboratoire d'Analyses et de Recherches médicales niveau C,
conformément aux dispositions des articles 16, 17, 18, 69 et 175 du
Statut Général des Agents Permanents de l'Etat et aux
dispositions des articles 16 et 24 de ce décret.
1.3.6. Etudes sur les auxiliaires de
santé
Les premières recherches spécifiques
effectuées sur la gestion des ressources humaines pour la santé
remontent à une trentaine d'année (OMS, 1989). Les
réflexions sur le personnel intervenant dans les centres de
santé, remontent cependant plus loin. Mais le personnel auxiliaire de
santé a fait très peu l'objet d'études spécifiques
axées sur leurs missions, leur utilisation, leurs conditions de travail
et leur importance pour les systèmes de santé.
1.3.6.1. En Europe
La revue prépiasant8é
présente à partir de quatre fiches métiers, la situation
des aides soignants en France. Selon elle, le rôle de l'aide soignant est
de soigner en collaboration avec l'infirmier. C'est lui qui fait face aux
situations d'urgences (malaises de patients, par exemple),
8 Revue qui paraît sur le site
www.studya.com dédié
à la formation des aides soignants.
informe et assiste les infirmiers. Ayant de nombreux contacts
avec les malades, il est leur interlocuteur privilégié et c'est
à lui que les patients se confient la plupart du temps. Au quotidien,
l'aide-soignant s'occupe de la toilette des malades, de la distribution des
repas, etc. Il a un rôle d'accompagnement et doit veiller au confort de
ces malades.
Une grande majorité des aides-soignants (70 %) sont
employés dans des hôpitaux, publics ou privés. Mais,
baby-boom oblige, les établissements de soins aux personnes
âgées ont des besoins de plus en plus élevés
(gériatrie). De nombreux postes sont également à pourvoir
en salles d'opération et en psychiatrie.
Le métier d'aide-soignant comporte des perspectives.
Au bout de trois années de service, il est possible de se
présenter au concours d'entrée d'une école d'infirmier et
de suivre sa formation.
1.3.6.2. En Afrique subsaharienne
Jaffré et Olivier de Sardan (2003) ont
réalisé une enquête socio-anthropologique de la
santé systématiquement dans cinq capitales en Afrique de l'Ouest
(Abidjan, Bamako, Conakry, Dakar et Niamey). Leur centre d'intérêt
est le dysfonctionnement des systèmes de santé. A travers cette
étude, ils ont décrit la réalité quotidienne des
interactions entre les soignants et les populations de cette région.
Plusieurs dimensions de la présence au travail des personnels de
santé ont été abordées par ces auteurs. Il s'agit
principalement de l'organisation du travail, du mode de recrutement des agents,
de la gestion du personnel dans les centres de santé. Deux
modalités retiennent particulièrement notre attention :
· La division du travail : Globalement, le
fonctionnement des services de santé est fondé sur un ordre
hiérarchique, définissant pour chacun une fonction correspondant
à un ensemble de tâches à accomplir. Dans la pratique, on
observe un glissement illégitime vers le haut par les tâches.
L'absence de médecin et l'apparente pléthore de maind'oeuvre
conduisent l'ensemble du personnel à « dépasser » ses
sphères de compétence. Puisque l'infirmière fait fonction
de médecin, les aides-soignants vont accomplir les tâches
d'infirmier. Durant les gardes de nuit, les matrones remplacent la sage-femme.
Dans la plupart des centres, les « petits personnels » (auxiliaires
de santé) accèdent aux tâches infirmières ou font
les accouchements pendant que, de leur côté, les infirmiers font
les diagnostics et les prescriptions. Beaucoup d'agents de santé
n'effectuent donc pas exactement les tâches pour lesquelles ils ont
été formés.
· Les affectations : La stabilité des personnels
n'est pas garantie, en particulier au niveau des chefs. Si les cadres sont donc
souvent en quelque sorte en transit, ce sont les agents subalternes qui sont
alors les permanents, et constituent la mémoire du lieu, ceux qui
reproduisent la culture professionnelle locale avec ses routines.
Ces éléments présentent une certaine
similarité à travers tout le continent au sud du
Sahara.
1.3.6.3. Au Bénin
La formation des aides soignants des formations sanitaires
est très peu structurée. Si avant leur entrée en fonction,
ils ne reçoivent aucune formation spécifique au domaine, ils sont
formés dans le meilleur des cas, dans un centre de santé
privé ou dans une formation sanitaire publique sans un programme
précis et sans une identification appropriée de la qualité
du formateur. Dans tous les cas la formation des auxiliaires de santé
fait encore au Bénin, l'objet de longues polémiques.
Dans un rapport d'évaluation de la formation des aides
soignantes, le département du Borgou a marqué sa position en
1991, devant l'instabilité du personnel qualifié et la
présence quasi-permanente des aides soignants qui sont issus des
communautés locales. Cette Direction a pris l'initiative de former les
auxiliaires de santé en service dans le département pour trois
raisons :
· Les aides soignantes recrutés par l'Etat ou les
collectivités locales, apprennent en général le
métier sur le tas ;
· Les sages femmes et infirmières qui
reçoivent les formations finissent par être affectées
dans d'autres départements. Elles s'en vont ainsi avec leurs
connaissances ;
· Les aides soignantes, du fait qu'elles ont
été recrutées par les collectivités locales,
constituent un atout car elles sont rarement affectées.
La logique qui a sous tendu une telle décision
était de donner à ce personnel, un minimum de connaissances
théoriques, lesquelles associées à leurs
expériences pratiques permettraient assurément d'améliorer
leur prestation.
L'évaluation de cette première initiative dans le
département a révélé que l'expérience
était encourageante, très positive et qu'il serait
intéressant de la poursuivre.
Le Gouverneur du Territoire du Dahomey fustigeait
déjà en 1950, dans son rapport médical sur le
fonctionnement du Service de Santé, l'instabilité de Sages Femmes
au poste. Il
écrivait ceci, « l'administration des Sages
Femmes rencontre toujours les mêmes difficultés signalées
depuis de très nombreuses années». Cette situation serait
due à deux raisons principales à savoir :
· De très fréquentes interruptions de
services motivées par les grossesses ou des indisponibilités pour
raisons de santé ;
· La répugnance marquée au séjour
au-dessus d'Abomey.
Ce constat fait en 1950 pour les sages femmes est
malheureusement valable aujourd'hui pour toutes les catégories d'agents
de santé (Mahinou-Zocli et Koussemou, 1998).
A la suite d'une évaluation de la viabilité des
zones sanitaires au Bénin, le Dr Akono Emane (2001) est arrivée
à la même observation. Le personnel de santé
qualifié se raréfie au fur et à mesure que l'on
évolue au nord du pays. De plus il remarque aussi que la
répartition géographique du personnel de santé est
très peu équitable. Les zones urbaines sont plus fournies que les
zones rurales.
Les différents efforts qui ont été
consentis en matière de recrutement du personnel sanitaire
qualifié sont insuffisants. En effet, dans la perspective de la
formation des agents de santé intervenant dans les maternités, la
DSIO a requis en juin 2007, le point du personnel infirmier et aides soignants
ou matrones responsables de maternité. Il a été
établi sur le plan national que « dix huit aides soignantes
continuent de tenir seules les maternités.»9. Si en
général, la situation est contraire aux normes et standards en
matière de personnel, dans les départements de l'Atacora et de la
Donga, elle est encore plus alarmante. Selon la même source, en dehors
des postes tenus par des infirmières, quatre (04) maternités sont
tenues par des matrones et des aides soignantes en 2007.
Dans le Borgou/Alibori, le PROSAF10 a fait
l'expérience de l'utilisation des aides- soignants dans les
activités du Programme Elargi de Vaccination. Les résultats de
cette expérience sont forts édifiants.
9 DSIO (2007), Evaluation de la politique et des
stratégies nationales du sous secteur soins infirmiers et
obstétricaux, P. 36
10 Projet de Santé Famiale
1.3.6.4. Dans l'Atacora et la Donga
De rares études se sont intéressées au
personnel dans ces deux départements bien que la problématique du
personnel soit au coeur des débats du système sanitaire dans
cette partie du Bénin.
La plus récente est celle réalisée par
le Dr Tossou Boco en 2007. Son étude est relative à
l'évaluation de la performance des agents de santé formés
à la Prise en Charge Intégrée des Maladies de
L'enfant11 de 2 à 59 mois dans la zone sanitaire de
Tanguiéta.
Il s'agit d'une étude transversale descriptive qui a
pris en compte les infirmiers, les Sages Femmes et les aides-soignants
formés à la PCIME. L'implication des aides-soignants dans cette
formation est une fois encore (comme dans le Borgou) soutenue par :
· Le souci d'assurer la mise en application permanente de
l'approche PCIME, vu la faible disponibilité des agents de santé
qualifiés ;
· La possibilité de formation des aides soignants
instruits de la zone sur les directives essentielles de la PCIME en vue de
garantir la continuité de service en cas d'absence des prestataires
qualifiés (infirmiers et sages femmes) pour diverses raisons.
Comme en 1991 dans le Borgou, ici encore, de vives
discussions ont suivi la proposition des responsables de la zone sanitaire de
Tanguiéta. Le motif de la contestation et même de l'opposition du
Ministère de la Santé est le faible niveau de connaissance et de
compétence des aides soignants et la crainte d'officialiser, au
mépris la déontologie médicale, la prise en charge des
patients par les personnels non qualifiés.
On comprend à travers ce débat, l'opposition
des points de vue entre les praticiens du niveau opérationnel et les
décideurs du niveau stratégique. A l'issue d'un consensus, la
formation a été réalisée.
Les résultats ont cependant
révélé, un an après la formation, que les aides
soignants ont acquis une compétence technique acceptable en
matière de prise en charge des enfants de 02 à 59 mois.
1.4. Cadre conceptuel
(Voir schéma à la page suivante).
11 En abrégé PCIME
Figure 1 : Cadre conceptuel de l'étude sur
l'utilisation des auxiliaires de santé dans la production des soins de
santé
Facteurs organisationnels
· Paquet d'activités
· Forme d'organisation du travail
· Contraintes (communication et infrastructures socio-
économiques)
· Structure des emplois
· Rotation du personnel
|
Facteurs liés à la population
· Fréquentation
· Pouvoir d'achat
· Habitudes socioculturelles (Itinéraire
thérapeutique)
· Climat social
|
|
Degré d'utilisation des auxiliaires de
santé dans la production des soins de santé
Facteurs liés à l'auxiliaire de
santé
· Profil (qualification, aptitude, expériences)
· Ancienneté
· Disponibilité (matérielle et
psychologique)
· Stabilité
|
Facteurs liés au supérieur
hiérarchique de l'agent
· Profil (qualification professionnelle,
expériences)
· Occupation
· Ancienneté
· Utilité de l'agent auxiliaire
· Disponibilité (matérielle et
psychologique)
· Coopération au travail
|
|
Variable dépendante Variable indépendante
Relation directe Relation indirecte
Source : Elaborée par nous-mêmes
Explication du cadre conceptuel
Un certain nombre de facteurs influencent l'utilisation des
auxiliaires de santé dans la production de soins de santé au
niveau des formations sanitaires périphériques au
Bénin.
On identifie d'abord les facteurs liés à
l'individu c'est-à-dire à l'auxiliaire de santé lui-
même. Sont pris en compte ici, le profil (qualification, aptitude,
expériences) de l'agent, son ancienneté, son statut ainsi que sa
disponibilité matérielle et psychologique.
Ensuite, on retrouve les facteurs liés au responsable
hiérarchique de l'auxiliaire. Les mêmes composantes
analysées chez l'auxiliaire sont présentes ici. Viennent s'y
ajouter les occupations du personnel qualifié, la reconnaissance de
l'utilité des auxiliaires, la volonté de coopérer au
travail avec ceux-ci. Ces facteurs déterminent tous autant, la nature
des tâches que réalise un auxiliaire de santé dans une
formation sanitaire de niveau périphérique.
Les facteurs liés à l'auxiliaire de santé
et ceux liés à son supérieur hiérarchique exercent
entre eux, des influences mutuelles.
D'un autre côté, on retrouve les facteurs
organisationnels. En effet, la politique des soins de santé primaire
prévoit que les agents exercent une typologie précise
d'activités. Selon l'aire sanitaire à desservir et la
variété des activités, le supérieur peut être
débordé. Le degré d'occupation de l'agent qualifié
est conditionné par la forme d'organisation du travail, les contraintes,
la structure des emplois et le taux de rotation du personnel sont d'autres
éléments qu'il est intéressant de prendre en compte pour
une analyse appropriée de l'utilisation des auxiliaires de
santé.
Enfin, on mentionne les facteurs liés à la
population. La fréquentation du centre de santé, le pouvoir
d'achat de la population, le climat social de travail ainsi que les habitudes
socioculturelles influencent à notre avis l'utilisation des auxiliaires
de santé dans la production des soins.
Si la variable dépendante est influencée par les
quatre variables ci-dessus évoquées, les différentes
variables indépendantes entretiennent des relations indirectes entre
elles.
1.5. Hypothèses
· Les occupations du personnel qualifié
(Infirmier et Sage-femmes) et la supervision entraînent la modification
de l'utilisation des auxiliaires de santé dans les formations sanitaires
périphériques ;
· La stabilité, l'ancienneté et
l'expérience des auxiliaires dans les formations sanitaires favorisent
leur utilisation à des tâches pour lesquels ils n'ont pas la
qualification de base ;
· Les facteurs organisationnels et ceux liés
à la population desservie par les formations sanitaires contribuent
à la responsabilisation informelle des auxiliaires de santé.
2. Cadre physique et méthode
d'étude
Dans ce chapitre, nous exposons le cadre physique de
l'étude et la méthode d'études.
2.1. Cadre physique
2.1.1. Données géographiques
2.1.1.1. Localisation géographique
La Zone Sanitaire de Tanguiéta (ZST) est l'une des trois
zones sanitaires que compte
le département de l'Atacora. Elle est située dans
la partie septentrionale à l'extrême Ouest du Bénin. Elle
regroupe les communes de Tanguiéta, Matéri et Cobly et est
limitée :
- Au Sud par la commune de Boukoumbé et la
République du Togo ;
- A l'Est par les communes de Toucountouna, Kouandé et
Kérou ;
- Au Nord et à l'Ouest par la République du
Burkina Faso.
La superficie totale de la zone est de 7900 Km2. Elle
occupe le second rang en matière de superficie dans l'Atacora.
Figure 2 : Localisation de la ZST au Bénin et
dans l'Atacora
? N
Source : EEZS Tanguiéta 2006
2.1.1.2. Climat et hydrographie
Le climat est de type tropical à deux saisons. La
saison pluvieuse commence généralement en mai et se termine en
octobre. L'harmattan sévit de novembre à janvier et cède
place à une intense chaleur qui s'étend de février
à avril.
Le relief est essentiellement marqué par la chaîne
de l'Atacora qui borde la commune de Tanguiéta et de la
pénéplaine qui s'étend sur le reste de la zone.
Le réseau hydrographique est dominé par deux
principaux fleuves dans sa partie Nord. Il s'agit de la Pendjari (135 km), le
Mékrou (410 km) et d'autres affluents du bassin du Niger qui baignent
toute la Zone à l'exception de Cobly.
La végétation est constituée de savane
arborée dans la partie nord. C'est la principale zone
cynégétique du nord-ouest du Bénin avec 275.000 ha. Le sol
est pierreux en zone montagneuse, argileux et sablonneux ailleurs.
2.1.1.3. Population et démographie
La zone est essentiellement peuplée de Berba (la plus
importante numériquement avec environ 14%), de Gnindé, de Waama,
de Natemba, de Gourmantché et de Bourba. A ces ethnies se sont
ajoutés à travers les courants migratoires les Dendi, Germa,
Haoussa, Bariba, Yoruba, Fon et Mina.
Les principales religions sont : la religion traditionnelle, le
christianisme et l'islam.
La population de la zone est concentrée dans sa partie
méridionale et au Centre. En 2007, elle est estimée à 222
119 habitants d'après les projections des résultats du RGPH 3,
soit respectivement 100 461 ; 55 989 et 65 669 habitants pour les communes de
Matéri, Cobly, Tanguiéta.
La densité de la population est de 28 habitants par
km2 en 2007.
Tableau 1 : Répartition de la population de la
zone par aire sanitaire en 2007
Commune de Matéri
|
|
Commune de Cobly
|
|
Commune de Tanguiéta
|
|
Aire de santé
|
Population
|
Aire de santé
|
Population
|
Aire de santé
|
Population
|
Matéri
|
23
|
836
|
Cobly
|
15
|
120
|
Tanguiéta
|
25
|
030
|
Gouandé
|
15
|
685
|
Tapoga
|
8
|
733
|
Tanongou
|
8
|
326
|
Tantéga
|
19
|
949
|
Kountori
|
12
|
973
|
N'dahonta
|
10
|
483
|
Dassari
|
15
|
074
|
Datori
|
8
|
703
|
Taïacou
|
11
|
660
|
Nodi
|
9
|
448
|
Nanagadé
|
10
|
460
|
Cotiacou
|
5
|
797
|
Porga
|
7
|
130
|
|
|
|
Koronkoré
|
4
|
373
|
Tchanhoun-cossi
|
9
|
339
|
|
|
|
|
|
|
Total commune
|
100
|
461
|
Total commune
|
55
|
989
|
Total commune
|
65
|
669
|
|
Source : EEZS Tanguiéta, 2007
Matéri est la première commune sur le plan
démographique avec 45 % de la population totale de la Zone. Elle est
suivie de Tanguiéta avec 30 % et Cobly en fin de compte qui abrite 25 %
des habitants de la Zone Sanitaire.
Les trois centres de santé qui desservent le plus
grand nombre de population sont Nanagadé, Tanguiéta et Cobly. Par
contre les trois plus petites aires sanitaires en matière de population
sont Porga, Cotiakou et Koronkoré.
2.1.2. Conditions de vie des populations de la
ZST
Les ménages de la zone manquent de revenu et de
ressources productives pour assurer des moyens d'existence vitale. La moyenne
de l'indice de pauvreté dans la Zone est de 60,9 % (INSAE, 2002)
La zone compte environ 37 020 ménages vivant dans un
environnement caractérisé par le manque de moyens financiers
propres et l'accès difficile aux micros crédits. Environ 70 % de
la population est pauvre contre une moyenne nationale de 43,1% (INSAE, 2002).
Le taux d'analphabétisme est très élevé (71 %). Il
en est de même pour le taux de déperdition scolaire et d'exode des
jeunes gens vers les villes et surtout vers le Nigeria.
En matière de couverture en source d'approvisionnement
en eau potable, la zone dispose d'une source d'eau potable pour environ 34
ménages. Cette faible couverture en eau potable est à l'origine
de nombreuses maladies et épidémies qui appauvrissent davantage
les populations de la zone.
Pour s'éclairer, 91 % de la population utilise le
pétrole alors que 5,6 % seulement utilise l'électricité
(INSAE, 2002).
L'itinéraire thérapeutique de la population en
général est l'automédication, la médecine
traditionnelle et enfin la médecine moderne (MAEP, 2001).
2.1.3. Données économiques de la
ZST
L'agriculture est la première activité et la
première source de revenu des populations de la zone. Elle absorbe
environ 74 % de la population. Les techniques agricoles sont encore
traditionnelles et rudimentaires. Les produits agricoles sont très
variés : igname, sorgho, mil, arachide, néré, fonio,
sésame soja, manioc, tabac, haricot, gombo. La culture de rente de la
zone est le coton.
Les autres activités sont par ordre d'importance
l'élevage, la pêche, la chasse, l'artisanat, le commerce et le
tourisme.
Les cascades de Tanougou et le parc animalier de la Pendjari
sont les principaux sites touristiques de la zone.
Les infrastructures de loisirs publiques et privées sont
quasiment inexistantes en milieu rural. L'activité industrielle est
aussi inexistante dans la Zone Sanitaire.
La zone est traversée par les routes inter-état
Bénin Burkina-Faso (bitumée) et Bénin Togo (non
bitumée) qui favorisent les trafics avec les pays limitrophes.
2.1.4. Organisation de l'administration territoriale et
du système sanitaire de la ZST.
2.1.4.1. Organisation administrative de la
ZST
La zone sanitaire regroupe trois communes du
département de l'Atacora que sont celles de Tanguiéta,
Matéri et Cobly dirigées chacune par un maire. Elle comporte
quinze (15) arrondissements et cent vingt six (126) villages ayant chacun pour
autorité respective un chef d'arrondissement et un chef village.
Par ailleurs, la zone dispose de quatre (04) brigades
territoriales de gendarmerie dont deux (02) dans la commune de Matéri,
d'un commissariat spécial de police à Porga, de deux (02)
Recettes Perception (Matéri et Tanguiéta), de deux (02) bureaux
de postes (Matéri et Tanguiéta) et de la couverture des
réseaux mobiles GSM Libercom, Moov et MTN. Il existe aussi une Centrale
téléphonique à Tanguiéta, trois (03)
circonscriptions scolaires, deux services du CeRPA, trois CLCAM avec des CVEC
et trois Centres de Promotion Sociale (CPS).
2.1.4.2. Organisation du système sanitaire de la
zone
La Zone Sanitaire de Tanguiéta est constituée
de 18 aires sanitaires ayant chacune au moins un centre de santé. Elle a
pour hôpital de zone un hôpital confessionnel (l'Hôpital
Saint Jean de Dieu de Tanguiéta).
L'organe suprême de représentation et de
décision de la zone sanitaire est le comité de santé qui
est chargé d'assurer le développement socio-sanitaire de la
zone.
L'Equipe d'Encadrement de la Zone Sanitaire (EEZS) est
l'organe technique pluridisciplinaire de la zone. Elle est chargée de
coordonner l'action socio-sanitaire dans la zone.
Figure 3 : Organigramme du système sanitaire de
la zone
|
|
|
Organe de Organe technique Etablissement
|
|
Fonctions
|
décision de soins
|
|
et rôle
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
santé/ZS
|
|
d'encadrement/ZS
|
|
zone
|
|
Budgétisation
|
|
|
|
|
|
|
|
Coordination
|
|
|
|
|
|
|
|
Supervision
|
|
Comité de Gestion des centres de santé de commune
(COGEC)
Comité de direction de la circonscription sanitaire de
commune (CSCOM)
Centre de santé de la commune
Planification budgétisation Exécution des
activités
Comité de gestion des
|
|
Equipe de santé
|
|
Centre de santé
|
|
Planification
|
centres de santé d'arron- dissement (COGEA)
|
|
d'arrondissement
|
|
d'arrondissement
|
|
budgétisation Exécution des activités
|
|
Source : EEZS/Tanguiéta 2006
La volonté d'uniformisation des dénominations a
conduit à la modification de l'appellation des COGEC et COGEA. Ils sont
devenus des COGECS (Comité de Gestion de Centre de Santé), De
même, on ne fait plus une distinction dans les appellations, entre Centre
de Santé d'Arrondissement et Centre de Santé de Commune. Mais
pour les besoins de notre étude, nous conservons les anciennes
terminologies.
2.1.4.3. Missions de l'équipe de gestion de la
zone
Sous la coordination du Médecin coordonnateur de la
zone (Médecin de Santé Publique), l'équipe d'encadrement
se réunit périodiquement pour les décisions tactiques et
opérationnelles de la zone.
Cette équipe assure des missions diverses et
variées. Entre autres, elle se charge de mobiliser des ressources
extérieures nécessaires pour l'exécution de son plan
d'action, élabore les plans d'actions annuels, coordonne les
activités de toute la zone, gère, forme et recycle le personnel.
Elle réalise aussi les inventaires, monitoring et supervision des
Formations Sanitaires, liquide les crédits
délégués, organise des restitutions aux agents de
santé puis veille au bon fonctionnement du système de
référence et de contre référence de la zone. Elle
assure la surveillance intégrée des maladies et la riposte.
Enfin, elle centralise et analyse les données de toutes les Formations
Sanitaires et mène des activités de recherche.
2.1.5. Ressources de la ZST
2.1.5.1. Infrastructures sanitaires
La Zone sanitaire de Tanguiéta est composée d'un
réseau de soixante deux (62) formations sanitaires publiques et
privées. Les infrastructures sanitaires de la zone sont :
- L'hôpital de zone Saint Jean de Dieu ; - Les centres de
santé de commune (3) ;
- Les centres de santé d'arrondissement (11) ; - Les
CASES (2) ;
- Les centres de santé privés (2) ; - Un
dispensaire isolé ;
- Les unités villageoises de santé (42
fonctionnels).
Malgré le nombre des infrastructures, 47 % de la
population de la zone se situe à plus de 5 km d'une formation
sanitaire.
2.1.5.2. Ressources financières
Les ressources financières de la zone proviennent
essentiellement du Budget national (hors salaires personnels et consommation
eau, électricité, téléphone), du financement
communautaire et surtout de la Fondation UNIDEA.
Tableau 2 : Répartition des ressources
financières par sources de financement
en 2005 et en 2007
Années
|
Sources de financement
|
Prévision
|
|
Réalisation
|
Taux de réalisation
|
|
BN
|
107
|
261
|
000
|
106
|
291
|
475
|
99
|
|
Unidea
|
145
|
293
|
820
|
191
|
648
|
333
|
132
|
2005
|
FNUAP
|
27
|
000
|
000
|
|
|
0
|
0
|
|
FC
|
77
|
861
|
942
|
59
|
206
|
757
|
76
|
|
TOTAL
|
357
|
416
|
762
|
357
|
146
|
565
|
100
|
|
BN
|
125
|
960
|
000
|
122
|
681
|
377
|
97
|
|
Unidea
|
281
|
935
|
529
|
271
|
834
|
723
|
96
|
|
FNUAP
|
29
|
000
|
000
|
9
|
000
|
000
|
31
|
2006
|
FC
|
60
|
930
|
000
|
57
|
876
|
870
|
95
|
|
GSA
|
10
|
000
|
000
|
5
|
000
|
000
|
50
|
|
TOTAL
|
584
|
472
|
060
|
438
|
166
|
392
|
75
|
|
BN
|
106
|
468
|
000
|
106
|
447
|
839
|
100
|
2007
|
Unidea FC
|
278 119
|
056 900
|
876 000
|
209 115
|
613 000
|
073 000
|
75
96
|
|
TOTAL
|
504
|
424
|
876
|
431
|
060
|
912
|
85
|
|
Source : EEZS Tanguiéta, 2007
Les ressources financières de la zone ont pratiquement
doublé par rapport à 2005 en raison de l'apport des
différents partenaires de la zone en l'occurrence la Fondation UNIDEA au
titre de l'exercice 2006. Elles ont, par contre, connu une légère
baisse en 2007 imputable au Budget National (BN) et à l'absence de
l'appui des partenaires comme le FNUAP et le Groupe de Solidarité pour
l'Afrique (GSA).
2.1.5.3. Ressources humaines
Le tableau ci-dessous présente le récapitulatif du
personnel de la zone sanitaire au 1er janvier 2007 à l'exclusion de
l'Hôpital de Zone.
2.1.5.3.1. Répartition des ressources
humaines
Tableau 3 : Répartition du personnel par
catégorie socioprofessionnelle
Catégories socioprofessionnelles
|
Cobly
|
Matéri Tanguiéta
|
Total
|
Pourcentage
|
Administratif
|
12
|
15
|
26
|
53
|
28,04%
|
Auxiliaire de santé
|
13
|
24
|
20
|
57
|
30,16%
|
Infirmier
|
12
|
11
|
26
|
49
|
25,93%
|
Médecin
|
1
|
1
|
2
|
4
|
2,12%
|
Sage Femme
|
3
|
4
|
8
|
15
|
7,94%
|
Technicien
|
3
|
3
|
5
|
11
|
5,82%
|
Total
|
44
|
58
|
87
|
189
|
100,00%
|
|
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Le personnel soignant (Médecin, Infirmier, Sage-Femme,
Auxiliaires de santé) fait 66,15 % de l'effectif total de la Zone
Sanitaire. Les auxiliaires de santé constituent 45,60 % du personnel
soignant.
2.1.5.3.2. Comparaison aux normes
Tableau 4 : Plan Emploi Ressources par niveau
périphérique des auxiliaires et du personnel
qualifié
Formations Sanitaires
|
Auxiliaires (Hommes)
|
Auxiliaires (Femmes)
|
Infirmiers
|
SFE
|
TOTAL
|
|
P A E
|
P A E
|
P A E
|
P A E
|
CSA
|
30 18 -12
|
45 20 -25
|
30 28 -2
|
30 5 -25
|
135 71 -64
|
CSC
|
9 10 1
|
9 9 0
|
12 17 5
|
9 7 -2
|
39 43 4
|
|
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Légende : P = Prévu ; A = Actuel ; E= Ecart
Le déficit du personnel dans les Centres de
Santé d'Arrondissement est très important (- 64 agents). On
observe un surplus d'effectifs dans les zones urbaines qui abritent les centres
de santé de commune (+ 4 agents).
Tableau 5 : Plan Emploi Ressources par commune des
auxiliaires et du personnel qualifié
Formations Sanitaires
|
Auxiliaires (Hommes)
|
Auxiliaires (Femmes)
|
Infirmiers
|
|
SFE
|
|
|
Total
|
|
|
A
|
E
|
P
|
A
|
E
|
P
|
A
|
E
|
P
|
A
|
E
|
P
|
A
|
E
|
Cobly
|
11
|
7
|
-4
|
15
|
6
|
-9
|
12
|
13
|
1
|
11
|
3
|
-8
|
49
|
29
|
-20
|
Matéri
|
13
|
11
|
-2
|
18
|
13
|
-5
|
14
|
10
|
-4
|
13
|
4
|
-9
|
58
|
38
|
-20
|
Tanguiéta
|
15
|
10
|
-5
|
21
|
10
|
-11
|
16
|
22
|
6
|
15
|
5
|
-10
|
67
|
47
|
-20
|
Total
|
39
|
28
|
-11
|
54
|
29
|
-25
|
42
|
45
|
3
|
39
|
12
|
-27
|
174
|
114
|
-60
|
|
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Légende : P = Prévu ; A = Actuel ; E= Ecart
Les communes présentent en général une
insuffisance en personnel dans les trois catégories observées.
Les plus importants déficits sont enregistrés dans le rang du
personnel féminin notamment chez les Sages Femmes et les aides
soignantes. Il se dégage cependant un excédent en personnel
infirmier à Tanguiéta et à Cobly. Cette situation n'est
qu'apparente car huit (08) maternités qui devaient être tenues par
des sages femmes sont dirigées par des infirmières.
2.1.5.3.3. Caractéristiques des auxiliaires et du
personnel qualifié
Tableau 6 : Répartition par âge du
personnel auxiliaire et qualifié (infirmier et sage-femme)
Classe d'âges
|
Auxiliaire de santé
|
Personnel qualifié
|
Total
|
16-20
|
1
|
|
1
|
21-25
|
7
|
12
|
19
|
26-30
|
7
|
16
|
23
|
31-35
|
11
|
15
|
26
|
36-40
|
13
|
1
|
14
|
41-45
|
5
|
5
|
10
|
46-50
|
4
|
3
|
7
|
51-55
|
5
|
4
|
9
|
56-60
|
3
|
|
3
|
60-65
|
1
|
|
1
|
Plus de 65
|
1
|
|
1
|
Total
|
58
|
56
|
114
|
|
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Graphique 1 : Répartition par âge du
personnel auxiliaire et qualifié
20
18
16
14
12
10
4
8
6
2
0
AS PQ
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
La répartition par classe d'âge du personnel est
inégale. Cependant, on note une forte concentration du personnel
auxiliaire dans les tranches d'âges de 31 à 40 ans alors qu'elle
s'observe dans la tranche de 26 à 35 ans chez le personnel
qualifié.
Tableau 7 : Répartition par ancienneté du
personnel auxiliaire et qualifié (infirmier et sage-femme)
Classe d'ancienneté
|
Auxiliaire de santé
|
Personnel qualifié
|
Total
|
0-5
|
31
|
41
|
72
|
6-10
|
21
|
6
|
27
|
11-15
|
3
|
1
|
4
|
21-25
|
1
|
4
|
5
|
26-30
|
2
|
4
|
6
|
Total
|
58
|
56
|
114
|
|
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Graphique 2 : Répartition des auxiliaires et
agents qualifiés par ancienneté
40
50
30
20
10
0
0-5 6-10 11-15 21-25 26-30
AS PQ
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Le personnel des deux catégories socioprofessionnelles
est concentré dans les classes de 0 à 10 ans. Ceci traduit la
reprise des recrutements il y a seulement une dizaine d'années.
Tableau 8 : Ecart en âge et ancienneté des
auxiliaires et du personnel qualifié
Variables
|
Age
|
|
Ecart
|
Ancienneté
|
Ecart
|
|
Personnel Qualifié
|
|
Personnel Qualifié
|
|
17
|
22
|
-5
|
0
|
0
|
0
|
X Max
|
74
|
52
|
22
|
29
|
28
|
1
|
Moyenne
|
38
|
32
|
6
|
6
|
5
|
1
|
Mode
|
33
|
29
|
4
|
3
|
3
|
0
|
Quartile 1
|
32
|
26
|
6
|
3
|
3
|
0
|
Médiane
|
36
|
29
|
7
|
5
|
3
|
2
|
Quartile 3
|
45
|
35
|
10
|
8
|
4
|
4
|
Q3-Q1
|
12
|
9
|
3
|
5
|
1
|
4
|
|
Sources : Données EEZS Tanguiéta 2007
Les auxiliaires comptent dans leur rang l'agent le plus le
jeune (17 ans) et l'agent le plus vieux (74 ans). L'âge moyen des
auxiliaires est de 38 ans contre 32 ans pour le personnel qualifié.
Cependant 75 % des auxiliaires ont un âge inférieur ou égal
à 45 ans. Dans la même proportion, le personnel qualifié a
35 ans et la plupart des auxiliaires ont 33 ans alors que les agents
qualifiés ont en majorité 29 ans. Les auxiliaires sont donc en
général plus vieux que le personnel qualifié.
Du point de vue de l'ancienneté, le recrutement est
récent dans les deux catégories d'emploi. L'ancienneté
maximale des auxiliaires est supérieure à celle du personnel
qualifié. Une grande disparité s'observe dans le détail.
En effet, 50 % des auxiliaires ont une ancienneté inférieure ou
égale à 5 ans alors que dans la même proportion, le
personnel qualifié a seulement 3 ans. Cet écart est encore plus
expressif quand on considère l'intervalle entre les 25 % les plus jeunes
et les 25 % les plus anciens. Il est de 4 ans au profit des auxiliaires. Ceux
ci sont, en général, plus anciens que le personnel
qualifié.
2.1.6. Données
épidémiologiques
Tableau 9 : Répartition des dix affections les
plus fréquentes dans la Zone Sanitaire de Tanguiéta
Affections
|
Masculin
|
|
Féminin
|
|
Ensemble
|
|
|
%
|
Nbre de cas
|
%
|
Nbre de cas
|
%
|
Paludisme simple
|
19263
|
51
|
18743
|
49
|
38 006
|
33
|
Infections respiratoires aiguës/basses
|
8915
|
53
|
7981
|
47
|
16 896
|
15
|
Lésions traumatiques
|
3423
|
62
|
2104
|
38
|
5 527
|
5
|
Anémie
|
3102
|
56
|
2391
|
44
|
5 493
|
5
|
Affections gastro-intestinales
|
2108
|
48
|
2300
|
52
|
4 408
|
4
|
Diarrhée fébrile
|
1811
|
54
|
1514
|
46
|
3 325
|
3
|
Paludisme grave
|
1098
|
47
|
1223
|
53
|
2 321
|
2
|
Affections dermatologiques
|
943
|
53
|
851
|
47
|
1 794
|
2
|
Infections respiratoires aigües/hautes
|
808
|
54
|
696
|
46
|
1 504
|
1
|
Affections uro-génitales
|
321
|
29
|
797
|
71
|
1 118
|
1
|
Reste des affections
|
17 828
|
52
|
16 739
|
48
|
34 567
|
30
|
2007
|
59 620
|
52
|
55 339
|
14
|
114 959
|
100
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
2006
|
47 102
|
52
|
43 473
|
48
|
90 575
|
100
|
|
Source : EEZS Tanguiéta, 2007
Le paludisme simple (33%) et les affections Infections
respiratoires aiguës/basses (15%) sont les affections que les agents
soignent le plus souvent dans les formations sanitaires de la Zone
Sanitaire.
2.1.7. Activités de soins dans les formations
sanitaires de la zone
Sur la base des relevés épidémiologiques
mensuels B7, les formations sanitaires de la zone ont enregistré 63 565
nouveaux consultants contre 58 585 en 2006 soit un accroissement de 8% par
rapport à 2006. Le taux de fréquentation des centres de
santé périphériques de la zone est passé de 27% en
2006 à 29% en 2007.
Tableau 10 : Taux de fréquentation des services
de santé de la zone en 2007
Aires sanitaires/ Communes
|
Population 2006
|
Nouveaux Consultants
|
Taux de fréquentation en %
|
Nanagadé
|
10 460
|
11 641
|
111
|
Datori
|
8 703
|
2 121
|
24
|
Kountori
|
12 973
|
2 617
|
20
|
Tapoga
|
8 733
|
1 831
|
21
|
Cobly
|
15 120
|
5 653
|
37
|
Nodi
|
9 448
|
1 108
|
12
|
Porga
|
7 130
|
4 376
|
61
|
Dassari
|
15 074
|
3 738
|
25
|
Gouandé
|
15 685
|
2 518
|
16
|
Tantéga
|
19 949
|
2 567
|
13
|
Matéri
|
23 836
|
5 237
|
22
|
Tchanhoun
|
9 339
|
3 620
|
39
|
Koronkoré
|
4 373
|
663
|
15
|
Cotiacou
|
5 797
|
1 140
|
20
|
N'Dahonta
|
10 483
|
3 391
|
32
|
Tanongou
|
8 326
|
1 475
|
18
|
Tanguiéta
|
25 030
|
8 246
|
33
|
Taïacou
|
11 660
|
1 623
|
14
|
Commune de Tanguiéta
|
65 669
|
16 538
|
25
|
Commune de Matéri
|
100 461
|
23 164
|
23
|
Commune Cobly
|
55 989
|
23 863
|
43
|
Total
|
222 119
|
63 565
|
29
|
|
Source : EEZS Tanguiéta, 2007
La fréquentation des services de santé varie de
12% (Nodi) à 111% (Nanagadé). La moyenne pour toute la zone
sanitaire est de 29 %. On observe que 67 % des centres de santé ont un
taux d'utilisation inférieur à cette moyenne.
2.2. Méthode d'étude
2.2.1. Description de l'approche
méthodologique
Notre étude sur l'utilisation des auxiliaires de
santé dans la production des soins de santé au niveau
périphérique au Bénin est une étude transversale
descriptive qui s'est déroulée dans la zone sanitaire de
Tanguiéta.
Elle s'est réalisée selon une approche de
recherche évaluative qui combine les méthodes de collecte des
données et les sources d'information. Le choix de cette technique se
justifie par le fait qu'au-delà des chiffres, nous avons prévu
recueillir les opinions des acteurs du système sanitaire. Les
données qualitatives sont utilisées pour mieux explorer et
expliquer les données quantitatives. Dans la démarche d'une
analyse stratégique, les données qualitatives nous ont permis de
dégager les forces et faiblesses, les menaces et les
opportunités en vue de faire de suggestions relatives
à l'optimisation de l'utilisation des auxiliaires de santé dans
la production des soins de santé au niveau périphérique de
la pyramide sanitaire au Bénin.
2.2.2. Echantillonnage
2.2.2.1.Population cible et unités
statistiques
La cible primaire de notre travail, est composée des
auxiliaires de santé ainsi que des infirmiers et sages femmes qui
exercent dans les centres de santé périphériques. Le
personnel médical et le personnel des unités administratives
constituent notre cible secondaire. Il s'agit principalement des
Médecins Coordonnateurs de Zone Sanitaire, des Médecins Chefs de
Commune et des infirmiers majors des équipes d'encadrement de Zone. Nous
nous sommes intéressés aussi aux responsables syndicaux des aides
soignants, des infirmiers et des sages femmes qui nous ont fourni des
données qualitatives sur le sujet. Les chefs de services techniques de
la Direction Départementale de la Santé ont été mis
à contribution pour compléter certaines informations recueillies
dans les centres de santé.
2.2.2.2. Taille des échantillons et limite de
l'étude
L'effectif total de la Zone Sanitaire de Tanguiéta
était de 189 agents selon les statistiques au 1er janvier
2007. Le personnel soignant est au nombre de 114 agents dont 45,60% sont
auxiliaires de santé répartis dans 19 centres de santé
à l'exclusion de l'Hôpital de Zone qui ne fait pas partie de notre
champ d'analyse.
Le souci de mener une recherche sur des unités
homogènes nous a conduit à exclure de notre champ d'étude
l'Hôpital. En effet, l'Hôpital de Zone ne constitue pas
formellement un centre de premier contact. La structure des emplois y est
différente. De plus, la forme d'organisation de travail est distincte de
celle des centres de santé. Enfin, Les types d'activités
réalisées sont d'une exigence technique supérieure. Dans
les centres de santé de premier contact, il est prévu
l'exécution d'un Paquet Minimum d'Activités (PMA)12
alors que dans les hôpitaux, c'est un Paquet Complémentaire
d'Activités (PCA)13 qui doit être
exécuté
12 Ensemble des activités curatives,
préventives et promotionnelles qui doivent être effectuées
de manière intégrée au niveau du premier échelon
(Centre de Santé) de la pyramide sanitaire.
13 Ensemble des activités
complémentaires du paquet minimum d'activités qui doivent
être effectuées de manière continue au niveau de
référence (constitué de l'Hôpital de Zone notamment,
compte tenu de sa particularité telle que le plateau technique et les
ressources humaines).
2.2.2.3. Méthodes et techniques
d'échantillonnage
Pour sélectionner l'échantillon, nous avons
utilisé la méthode probabiliste. Nous avons adopté un
tirage aléatoire simple au sein de chaque corps. Autrement dit, nous
avons pris en compte les différents corps de personnels qui constituent
notre cible directe. Ainsi, nous avons tiré 75%, soit 86 des agents de
santé, à partir de la liste nominative de la zone. Ils se
répartissent en 43 auxiliaires et 43 agents qualifiés. Nous nous
sommes réservé une marge de 25 % dans laquelle nous avons
identifié les agents présents au moment de l'enquête pour
remplacer ceux absents.
Pour notre cible indirecte (médecins, infirmiers major
de zone, chefs de service de la Direction), non compris dans cet
échantillon, nous avons utilisé une méthode non
probabiliste fondée sur un choix raisonné.
2.2.2.4. Outils et techniques de collecte
Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes servis
de deux questionnaires conçus à l'endroit des auxiliaires de
santé d'une part et du personnel qualifié des centres de
santé (Infirmier et sage femmes) d'autre part.
Un guide d'entretien structuré a été
ensuite conçu pour recueillir les données qualitatives
auprès des médecins, des responsables syndicaux, des chefs de
service de la Direction Départementale de la Santé.
A l'aide de grilles d'observations, nous avons
procédé par ailleurs, à une analyse des registres de soins
curatifs et de soins maternels et infantiles, des cahiers d'accouchement et de
stratégies avancées sur le second semestre de 2007.
Ces outils nous ont permis d'évaluer le nombre de
consultations des malades, de stratégies avancées,
d'accouchements et de consultations prénatales réalisés
par les auxiliaires de santé sur la période. Les données
ainsi recueillies ont été mises en perspective avec ces
mêmes activités effectuées par le personnel qualifié
sur la même période. Ceci nous a permis de dégager la
valeur relative de l'intervention des auxiliaires de santé dans les
formations sanitaires sur le semestre observé.
L'exploitation documentaire que nous avons organisée,
nous a conduit également au niveau des archives de la Zone Sanitaire.
Nous avons cherché à cette occasion à mesurer le mouvement
du personnel ainsi que l'éventail des activités de gestion qui
occupent les agents en dehors de leur poste de travail.
2.2.3. Variables
2.2.3.1 .Variable dépendante
· Degré d'utilisation des auxiliaires de
santé dans la production des soins de santé.
2.2.3.2. Variables indépendantes
· Facteurs organisationnels ;
· Facteurs liés à la population ;
· Facteurs liés aux auxiliaires de santé ;
· Facteurs liés au supérieur
hiérarchique de l'agent.
2.2.3.3. Opérationnalisation des
variables
Nous attribuerons la note 1 si le critère est
vérifié et 0 si le critère n'est pas
vérifié.
Le niveau d'influence de chaque facteur est obtenu du
résultat comparé au score le maximum.
Facteurs organisationnels
- Forme d'organisation du travail
· Contraignante : 0 Flexible : 1
- Contraintes
· Facilité de communication Faible 0 Forte : 1
· Présence d'infrastructures
socio-économiques : Faible 0 Forte : 1
- Structure des emplois
· Non conforme : 0 Conforme : 1
- Rotation du personnel
· Faible 0 Forte : 1
Tableau 11: Aspects opérationnels des facteurs
organisationnels
Scores
Variables
Modalités
Critères
Forme d'organisation du travail
Organisation du travail flexible favorisant un repos
intermittent de l'agent (Tour de garde)
1
Facilité de communication : Présence de RAC +
Téléphone ou téléphone simple
1
Facteurs organisationnels
Contraintes
Présence des infrastructures socio-économiques
appropriées
1
Structure des emplois
Effectif présent adapté
1
Rotation du personnel
Stabilité du personnel qualifié à son poste
pendant 3 ans
1
Total des scores
5
Source : Elaboré par
nous-mêmes
Niveaux d'influence des facteurs organisationnels :
Entre 0 et 1 = Faible ; Entre 2 et 3 = Moyen ; entre 4 et 5 =
Elevé :
Facteurs liés à la population -
Fréquentation
· Faible : 0 Forte : 1 - Pouvoir d'achat
· Faible : 0 Acceptable : 1 - Habitude
socioculturelle
· Défavorable : 0 Favorable : 1 - Climat social
· Défavorable : 0 Favorable : 1
Tableau 12 : Aspects opérationnels des facteurs
liés à la population
Variables
|
Modalités
|
Critères
|
Scores
|
Facteurs liés à la population
|
Fréquentation
|
Fréquentation au-dessus de 29 % qui est la moyenne de la
Zone
|
1
|
|
Pouvoir d'achat acceptable
|
1
|
|
Recours de premier ordre aux formations sanitaires en cas de
maladie
|
1
|
|
Intégration du personnel qualifié et absence de
conflit
|
1
|
Total des scores
|
4
|
|
Source : Elaboré par
nous-mêmes
Niveaux d'influence des facteurs liés à la
population :
Entre 0 et 1 = Faible ; 2 = Moyen ; entre 3 et 4 = Elevé
:
Facteurs liés à l'auxiliaire de
santé
- Profil (qualification, aptitude, expériences)
· Qualification : Non Conforme : 0 Conforme : 1
· Aptitude : Faible : 0 Forte : 1
· Expérience ; Faible : 0 Forte : 1 -
Ancienneté
· Faible : 0 Forte : 1
- Disponibilité (matérielle et psychologique)
· Matérielle : Faible 0 Forte : 1
· Psychologique : Faible : 0 Forte : 1 -
Stabilité
· Faible : 0 Forte : 1
Tableau 13 : Aspects opérationnels
|
des Facteurs liés à l'auxiliaire de
santé
|
|
|
|
|
Variables
|
Modalité
|
Critères
|
Scores
|
Facteurs liés à l'auxiliaire de santé
|
Qualification
|
Formation de base égale au CEP
|
1
|
|
Niveau d'instruction supérieur au CM1
|
1
|
|
Encadré par au moins un personnel qualifié
|
1
|
|
Trois (03) ans au moins
|
1
|
|
Nombre de jours mensuels d'absence inférieure à
3
|
1
|
|
Volonté de poursuivre dans la profession
|
1
|
|
Ancienneté au poste supérieur à 5 ans
|
1
|
Total des scores
|
7
|
|
Source : Elaboré par
nous-mêmes
Niveaux d'influence des facteurs liés aux auxiliaires de
santé :
Entre 0 et 2 Faible : Entre 3 et 5 Moyen : Entre 6 et 7 =
Elevé :
Facteurs liés au supérieur
hiérarchique de l'agent
- Profil (qualification professionnelle, expériences)
· Qualification professionnelle : Faible : 0 Forte : 1
· Expériences : Faible 0 Forte : 1
- Ancienneté
· Faible : 0 Forte : 1
- Occupations (professionnelles et personnelles)
· Occupations professionnelles : Faible : 0 Forte : 1
· Occupations personnelles : Faible : 0 Forte : 1 -
Disponibilité (matérielle et psychologique)
· Disponibilité matérielle : Faible : 0 Forte
: 1
· Disponibilité psychologique : Faible : 0 Forte :
1
- Utilité de l'agent auxiliaire
· Faible : 0 Forte : 1 - Coopération au travail
· Faible : 0 Forte : 1
Tableau 14 : Aspects opérationnels des Facteurs
liés au supérieur hiérarchique de l'agent
Variables
|
|
Modalités
|
|
|
Critères
|
|
Scores
|
|
|
Qualification professionnelle
|
|
|
IDE ou SFE
|
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
Expériences
|
Parcours professionnel
supérieur à 1 poste
|
1
|
|
Ancienneté
|
Aucune Si IDE ou SFE ; 3 ans si IB
|
1
|
|
Occupations professionnelles
|
Les activités curatives,
préventives et de gestion sont quotidiennes
|
1
|
Facteurs liés au supérieur de l'agent
|
Occupations personnelles
|
L'agent qualifié mène plusieurs activités
personnelles
|
1
|
|
Nombre de jours d'absence inférieure 3
|
1
|
|
Disponibilité psychologique
|
Formation, Délégation des tâches,
supervision
|
1
|
|
Utilité de l'agent auxiliaire
|
L'agent intervient dans 3 activités dont les
activités curatives et préventives
|
1
|
|
Coopération au
travail
|
Utilité de l'agent, supervision et bonne
qualité des rapports au travail
|
1
|
|
Total des scores 9
Source : Elaboré par
nous-mêmes
Niveaux d'influence des facteurs liés au supérieur
hiérarchique de l'agent : Entre 0 et 3 Faible : Entre 4 et 6 Moyen :
Entre 7 et 9 = Elevé :
2.2.4. Procédure d'administration des outils de
collecte.
L'administration des questionnaires a été
réalisée par trois équipes de deux enquêteurs
maîtrisant les techniques d'enquête et ayant une bonne connaissance
du langage technique sanitaire. La supervision a été
réalisée par nous-mêmes.
Les équipes ont eu pour responsabilité de
remplir également les fiches d'observation relatives aux consultations
prénatales, consultations des malades, stratégies avancées
et accouchements.
Une formation préalable, avec les directives
adéquates, à l'intention des enquêteurs a été
organisée en vue de garantir la fiabilité des données
à recueillir.
Nous avons conduit en outre personnellement, les
différents entretiens.
La phase de mise en oeuvre de l'enquête sur le terrain
a été précédée par un pré-test qui a
été réalisée dans la zone sanitaire de Bassila.
Cette activité nous a permis de procéder à la
reformulation de certaines questions.
2.2.5. Plan d'analyse
Tableau 15 : Plan d'analyse des
données
Objectifs spécifiques
|
Variables
|
Indicateurs
|
Mode de calcul
|
Questions
|
Décrire les
occupations des
professionnels de
santé (Infirmiers
et Sages Femmes)
|
Occupations (Professionnelles et personnelles) des Infirmiers
et Sages Femmes
|
- Liste des activités qui occupent les professionnels de
la santé
|
Aucun
|
Questions 5 des agents qualifiés
|
Mesurer l'utilisation des auxiliaires dans la
production des soins de santé
|
Utilisation des auxiliaires
|
- Rôles propres
- Tâches déléguées
- Tâches hors attributions mais exécutées
|
Aucun
|
Questions 4 des auxiliaires
|
Identifier les
facteurs liés au
contexte et qui
influencent
l'utilisation des
auxiliaires aux
soins de santé.
|
Facteurs organisationnels
|
Niveau d'influence
|
Score total réalisé sur score prévu
|
Questions 2 des agents qualifiés
|
|
Niveau d'influence
|
Score total réalisé sur score prévu
|
Questions 3 et 8 des agents qualifiés
|
|
Niveau d'influence
|
Score total réalisé sur score prévu
|
Questions 2, 3 et 6 des auxiliaires.
|
|
Niveau d'influence
|
Score total réalisé sur score prévu
|
Questions 1, 4, 6 et 7 des agents qualifiés
|
|
Source : Elaboré par
nous-mêmes
2.2.6. Traitement et analyse des
données
Pour traiter les données, nous avons utilisé, les
logiciels suivants :
· Word pour le traitement de texte ;
· Excel pour la réalisation des tableaux et
graphiques
· Epi-info pour la compilation, le traitement et l'analyse
des données collectées sur le terrain.
· Arcview pour la localisation géographique de la
zone sanitaire de Tanguieta dans l'Atacora et au Bénin en
général.
L'analyse des données s'est faite en cohérence
avec les objectifs spécifiques, les hypothèses que nous avons
soumis à l'épreuve des faits.
Nous avons utilisé enfin trois formes de
présentation des données collectées : les
paramètres, les tableaux et les graphiques appropriés.
3. Résultats et analyse des
données
Dans ce chapitre, les résultats seront
présentés par objectifs après la présentation des
caractéristiques générales de la population. Les
données sont ensuite analysées.
3.1. Caractéristiques de la population
enquêtée
3.1.1. Caractéristiques des agents
qualifiés enquêtés
L'enquête a été réalisée
auprès de 49 agents qualifiés (infirmiers et sages-femmes) dont
28 sont de sexe féminin et 21 de sexe masculin. Ils sont 38 à
être mariés. Leur âge varie de 21 à 62 ans avec une
moyenne de 34 ans. Il y a 46 de ces agents, soit un pourcentage de 93 % qui ne
sont pas originaires de la localité où ils travaillent.
Sur le plan de la formation professionnelle, 31 sont
Infirmiers Brevetés, 8 Infirmiers Diplômés d'Etat et 10
Sages Femmes. En majorité, ils sont Contractuels Mesures Sociales (37
agents) ; 8 sont Agents Permanents de l'Etat. L'ancienneté moyenne des
agents qualifiés est
de 7 ans.
3.1.2. Caractéristique des auxiliaires
enquêtés
Au total, 47 auxiliaires (secouristes, matrones,
aide-soignants) ont été enquêtés. Ils se
répartissent en 29 femmes et 18 hommes. On dénombre 40
auxiliaires mariés. L'âge moyen est de 36 ans.
Les agents enquêtés servent majoritairement en
milieu rural c'est-à-dire dans les centres de santé
d'Arrondissement (34 agents) contre 13 en milieu urbain. Contrairement au
personnel qualifié, 42 auxiliaires sur 47, soit un pourcentage de 89 %,
sont originaires de la communauté où ils travaillent.
Seulement 10 agents sur les 47 ont reçu une formation
d'aide soignant avant leur prise de service. Ils sont 33 contractuels Mesures
sociales, 8 Contractuels du Financement Communautaire et 6 Agents Permanents de
l'Etat. L'ancienneté moyenne des auxiliaires est
de 8 ans.
3.2. Présentation des
résultats
3.2.1. Occupations du personnel
qualifié
Il est question ici de présenter les occupations
professionnelles et les occupations personnelles des agents infirmiers et sages
femmes enquêtés dans les centres de santé
périphériques.
3.2.1.1. Occupations professionnelles
Tableau 16 : Occupations professionnelles des agents
qualifiés
|
|
|
Occupation du personnel qualifié
|
Ordre d'importance
|
Exécution quotidienne
|
Lieu d'exécution
|
|
CH15
|
Les activités curatives
|
36
|
49
|
48
|
1
|
Les activités préventives
|
34
|
42
|
3
|
45
|
Les activités de gestion (Planification, Organisation,
Contrôle)
|
31
|
21
|
43
|
3
|
Les activités promotionnelles
|
25
|
44
|
5
|
44
|
Les activités d'encadrement et de formation
|
23
|
16
|
34
|
3
|
Les activités d'hygiène
|
18
|
45
|
31
|
18
|
Les activités réadaptatives
|
10
|
18
|
11
|
15
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
|
|
Les agents qualifiés sont beaucoup plus occupés
dans les centres de santé par les activités curatives, les
activités préventives, les activités de gestion et les
activités promotionnelles. Ils se consacrent tous les jours aux
activités curatives. Ils sont en majorité occupés
quotidiennement par les activités d'hygiène, promotionnelles et
préventives. En ce qui concerne les soins réadaptatifs, ils
s'exécutent assez rarement. Les activités préventives et
promotionnelles nécessitent de fréquentes sorties du personnel
qualifié.
3.2.1.2. Occupations personnelles
Tableau 17 : Occupations personnelles des agents
qualifiés
Occupations personnelles Fréquence %
Absence pour raisons de famille 9 18,4%
Les démarches administratives 8 16,3%
Maladies 3 6,1%
Autres activités secondaires 1 2,0%
Autre (Week-end) 28 57,1%
Total 49 100,0%
Source : Enquête de terrain
14 C = Activités qui s'exécutent au
centre exclusivement
15 CH= Activités qui s'exécutent au
centre et à l'extérieur
Sur le plan privé, les agents qualifiés ont
très peu d'occupation. Ils vont pour la plupart du temps en week-ends
(57,1%) ou se consacrent à leur famille (18,4%). Les démarches
administratives personnelles occupent 16,3% du personnel qualifié.
3.2.2. Utilisation des auxiliaires dans la production
des soins
Sous cette rubrique, nous évoquons, les rôles
propres, les rôles délégués et les tâches qui
ne sont pas prévues dans les attributions des auxiliaires mais qui sont
réalisées par eux. 3.2.2.1. Rôles propres communs
à la maternité et au dispensaire
Tableau 18 : Tâches relatives aux rôles
propres communs à la maternité et au dispensaire
Tâches Fréquence %
L'accueil quotidien des nouveaux et anciens malades 46 97,9%
L'accueil des cas d'urgences 46 97,9%
Distribution de la vitamine A, de médicaments et de
contraceptifs non
hormonaux 46 97,9%
Participation aux séances de vaccination 46 97,9%
Le nettoyage, stérilisation du matériel
médico-technique 45 95,7%
Interprétation 43 91,5%
La pesée et la prise de température 42 89,4%
L'inscription sur fiche et orientation 26 55,3%
Recherche active 8 17,0%
Les visites à domicile 5 10,6%
Source : Enquête de terrain
Dans les centres de santé périphériques,
les auxiliaires sont faiblement utilisés dans les visites à
domicile (10,65%) qui font cependant partie de leurs rôles propres. Ils
sont par contre majoritairement associés à huit (08) tâches
sur les dix (10). Les activités dans lesquelles ils sont le plus
impliqués sont l'accueil, la distribution de vitamine A, de
médicaments et de contraceptifs non hormonaux ainsi que la vaccination
(97,9 %).
3.2.2.2. Rôles propres exclusifs à la
maternité Tableau 19 : Tâches relatives aux rôles exclusifs
à la maternité.
|
|
Tâches
|
Fréquence %
|
Toilette au nouveau-né
|
27
|
100,0%
|
L'accueil quotidien des femmes gestantes
|
26
|
96,3%
|
Mensuration (périmètre crânien, taille,
etc.) ;
|
25
|
92,6%
|
Faire les toilettes vaginales
|
20
|
74,1%
|
Faire des compresses, tampons de coton, garniture tampon
vaginal
|
19
|
70,4%
|
Analyse d'urine
|
17
|
63,0%
|
Faire le lit et veiller à propreté des draps
|
10
|
37,0%
|
Pose de brassard pour l'identification du nouveau-né
;
|
3
|
11,1%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
Dans les maternités, très peu d'auxiliaires
posent de brassard pour l'identification du nouveau-né. Elles
exécutent majoritairement six (06) tâches sur les huit (08) qui
leurs sont exclusivement reconnues De plus, elles pratiquent toutes, la
toilette au nouveau-né (100 %).
3.2.2.3. Rôles
délégués
Tableau 20 : Tâches relatives aux rôles
délégués
Tâches Fréquence %
Conseil d'hygiène dans le cadre de la lutte contre le
paludisme 40 85,1%
Entretien des outils et matériels de vaccination 37
78,7%
Conseils à la mère 36 76,6%
Pose de bouillottes et enveloppement froid 32 68,1%
Surveillance des pansements et des bandages simples 31
66,0%
Source : Enquête de terrain
On dénombre cinq (05) rôles
délégués aux auxiliaires dans les formations sanitaires
périphériques. La plupart des auxiliaires les assument. Ils
s'impliquent davantage dans les tâches de conseils à la
mère (76,6%), l'entretien des outils et matériels de vaccination
(78,7%) et le conseil d'hygiène dans le cadre de la lutte contre le
paludisme (85,1%).
3.2.2.4. Tâches non prévues dans les
attributions traditionnelles
Pour mesurer les tâches non prévues dans les
attributions traditionnelles des auxiliaires, il nous a fallu considérer
la liste des tâches exécutées par les agents
qualifiés (infirmiers et sages femmes) dans le cadre de leurs
responsabilités spécifiques. Seules les tâches
réalisées fréquemment par les auxiliaires de façon
autonome sont prises en compte.
Pour les tâches du dispensaire, seuls les auxiliaires
de santé du dispensaire ont été considérés.
Ils sont au nombre de 20 à avoir été
enquêtés. Il en est de même pour taches de la
maternité pour lesquelles 27 auxiliaires ont été
enquêtés.
3.2.2.4.1. Au dispensaire
3.2.2.4.1.1. Soins préventifs
Tableau 21 : Tâches relatives aux soins
préventifs
Tâches Fréquence %
Traitement intermittent (Paludisme) 20 100,0%
Vaccination 20 100,0%
Prévention des Infections au centre de santé 18
90,0%
Détection de la malnutrition (Etablissement de la courbe
poids/âge, etc) 17 85,0%
Suivi du développement psychomoteur (taille, poids,
âge et courbe) 17 85,0%
Dépistage du TBC, Lèpre, Onchocercose, MST 11
55,0%
Dépistage et orientation des handicapés 4 20,0%
Prescription de contraceptifs 3 15,0%
PTME 2 10,0%
Source : Enquête de terrain
Si dans les dispensaires les auxiliaires s'adonnent
faiblement à la Prévention de la Transmission Mère Enfant
du VIH/SIDA (PTME) et à la prescription des contraceptifs, dans une
proportion variant entre 85 et 100 %, ils détectent les malnutris,
suivent le développement psychomoteur, assurent la prévention des
infections des centres de santé, la vaccination et le traitement
intermittent du paludisme. Ces deux dernières tâches sont
exécutées par eux tous.
3.2.2.4.1.2. Soins curatifs
Tableau 22 : Tâches relatives aux soins
curatifs
|
|
|
Tâches
|
Fréquence
|
%
|
Interrogatoire
|
20
|
100,0%
|
Indication de la posologie
|
20
|
100,0%
|
Administration des médicaments par voie buccale
|
20
|
100,0%
|
Prise de veine et Injection
|
20
|
100,0%
|
Examen clinique du patient (Température, tension
artérielle, poul, pesée, taille, etc)
|
19
|
95,0%
|
Diagnostic des maladies courantes (paludisme, infections
gastro- intestinales, infections respiratoires, etc.)
|
19
|
95,0%
|
Prescription de médicaments
|
19
|
95,0%
|
Petites chirurgie (suture, pansement)
|
19
|
95,0%
|
Conseil
|
19
|
95,0%
|
Demande d'examen complémentaire (labo, radio, etc)
|
3
|
15,0%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
En dehors de la demande d'examen, plus de 90 % des
auxiliaires travaillant au dispensaire font les tâches constitutives des
soins curatifs. Ils conduisent tous (100 %) l'interrogatoire du nouveau
patient, indiquent la posologie, administrent les médicaments par voie
buccale, prennent les veines et font les injections.
3.2.2.4.1.3. Soins promotionnels
Tableau 23 : Tâches relatives aux soins
promotionnels
Tâches Fréquence
%
IEC/CCC (Séances de sensibilisation de masse) 20 100,0%
Mesures d'hygiène et d'assainissement 17 85,0%
Cession de moustiquaires 12 60,0%
Cession de contraceptifs 4 20,0%
Source : Enquête de terrain
Moins du quart (20 %) des auxiliaires de santé
cèdent les contraceptifs. Par contre, ils tiennent tous (100 %) des
séances de sensibilisation.
3.2.2.4.1.4. Soins réadaptatifs
Tableau 24 : Tâches relatives aux soins
réadaptatifs
Tâches Fréquence %
Massage 0 0,0%
Rééducation 0 0,0%
Communication pour l'intégration sociale de
l'handicapé 0 0,0%
Prescription de chaussure orthopédique 0
0,0%
Source : Enquête de terrain
Aucun auxiliaire n'exécute au dispensaire des soins
réadaptatifs. Ceux-ci ne font pas partis du Paquet Minimum
d'Activités.
3.2.2.4.2. A la maternité
3.2.2.4.2.1. Soins préventifs
Tableau 25 : Tâches relatives aux soins
préventifs
Tâches Fréquence %
Dépistage des grossesses à risque 27 100,0%
Administration Vit A., fer foldine, Mebendazole 26 96,3%
Prévention de l'anémie (fer + acide folique +
mébendazole) 26 96,3%
Traitement intermittent (Paludisme) 24 88,9%
Détection de la malnutrition (Etablissement de la courbe
poids/âge, etc) 23 85,2%
Vaccination 22 81,5%
Consultation d'enfants sains (pesée, température,
prise de taille) 22 81,5%
Prescription de contraceptifs 20 74,1%
Prévention des Infections au centre de santé 19
70,4%
Examen de l'enfant (tête, oreille, bouche, peau,
constitution physique, etc.) 17 63,0%
Suivi du développement psychomoteur 6 22,2%
Dépistage du TBC, Lèpre, Onchocercose, MST 4
14,8%
Dépistage et orientation des handicapés 1 3,7%
PTME 1 3,7%
Source : Enquête de terrain
A la maternité, très peu d'auxiliaires (3,7%)
font le dépistage et l'orientation des handicapés ainsi que la
PIME. Par contre, plus de 75 % des auxiliaires se consacrent aux soins
préventifs (consultation des enfants sains, vaccination, prescription de
contraceptifs, etc.). Ils sont encore plus nombreux (96 %) à assurer la
prévention de l'anémie chez les patientes. Elles dépistent
toutes les grossesses à risque (100 %).
Résultats et analyse des données
3.2.2.4.2.2. Soins curatifs
Tableau 26 : Tâches relatives aux soins
curatifs
|
|
54
|
Tâches
|
Fréquence %
|
Administration des médicaments par voie orale
Toucher vaginal (Dilatation du col, présence de la poche
des eaux, appréciation
|
27 100,0%
|
de la présentation)
|
27
|
100,0%
|
Rupture artificielle de la poche des eaux
|
27
|
100,0%
|
Conseil
|
27
|
100,0%
|
Interrogatoire
|
26
|
96,3%
|
Injection
|
26
|
96,3%
|
Surveillance du nouveau-né (température,
vaccination BCG, Pansement ombilical, etc)
|
26
|
96,3%
|
Curage digital au cours des avortements spontanés
|
26
|
96,3%
|
Examen obstétrical (Hauteur Utérine,
Périmètre ombilicale, Bruit du coeur, seins)
|
25
|
92,6%
|
Suivi de l'évolution de la grossesse au 2ème
trimestre
|
25
|
92,6%
|
Surveillance de la dilatation du col, des contractions
utérines et du liquide amiotique
|
25
|
92,6%
|
Délivrance naturelle ou artificielle
|
25
|
92,6%
|
Réanimation du nouveau-né (cri du
nouveau-né, battement cardiaque, coloration de la peau, tonus
musculaire, réflexe au cathéter)
|
25
|
92 , 6%
|
Suivi de l'accouchée ( involution utérine,
lochies, montée laiteuse, muqueuse, oeudème, etc.)
|
25
|
92,6%
|
Pratique de l'accouchement (tête ou siège)
|
24
|
88,9%
|
Examen général : Prise des constantes (TA,
Température, muqueuse, Pouls, Oedèmes des Membres
Inférieurs.)
|
23
|
85,2%
|
Prescription de médicaments
|
23
|
85,2%
|
Indication de la posologie
|
23
|
85,2%
|
Sondage vésical
|
23
|
85,2%
|
Diagnostic de la grossesse chez la femme au 1er trimestre
|
22
|
81,5%
|
Tracer le parthogramme au cours de la surveillance du travail
d'accouchement
|
22
|
81,5%
|
Diagnostic des maladies courantes (paludisme, infections
gastro-intestinales, infections respiratoires, etc.)
|
21
|
77,8%
|
Référence des cas
|
21
|
77,8%
|
Surveillance de l'accouchée (conscience, globe de
sûreté, perte sanguine, température, le poul, la TA, la
diurèse)
|
21
|
77,8%
|
Examen gynécologique (Examen des seins, examen au
spéculum, toucher vaccinal)
|
20
|
74,1%
|
Pronostic de l'accouchement.
|
19
|
70,4%
|
Recherche d'albumine, sucre dans les urines
|
18
|
66,7%
|
Cotation du score d'Apgar
|
17
|
63,0%
|
Demande d'examen complémentaire (labo, radio, etc)
|
8
|
29,6%
|
Petites chirurgies (Section du cordon, Perçage des
oreilles aux filles, suture, pansement, Réparation du
périnée au vicryl, section des freins de langue au
nouveau-né)
|
8
|
29,6%
|
Pratique de l'épisiotomie
|
6
|
22,2%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
Les auxiliaires exécutent toutes les 31 tâches
dénombrées dans les soins curatifs de la maternité, mais
ceci dans des proportions différentes. Moins de 30 % des auxiliaires
pratiquent l'épisiotomie, la petite chirurgie et demandent des examens
de laboratoire. Plus de
85 % exécutent les accouchements (naturels et
artificiels) et les tâches connexes (réanimation du
nouveau-né, suivi de l'accouchée, etc.). A 100 %, ces agents
conseillent les patientes.
3.2.2.4.2.3. Soins promotionnels
Tableau 27 : Tâches relatives aux soins
promotionnels
Tâches Fréquence %
IEC/CCC (Séances de sensibilisation) 24 88,9%
Mesures d'hygiène et d'assainissement 23 85,2%
Cession de moustiquaires 20 74,1%
Cession de contraceptifs 20 74,1%
Counselling (entretien individuel, Avantage, inconvénient
et mode
d'action de chaque méthode) 18 66,7%
Administration de la méthode contraceptive
demandée par la cliente
(Pose de Norplant, DIU, etc.) 2 7,4%
Source : Enquête de terrain
Moins de 8 % des auxiliaires intervenant dans les
maternités administrent les méthodes de contraception. Mais ils
sont très nombreux à mettre en pratique les mesures
d'hygiène et d'assainissement et à conduire des séances de
sensibilisation (85 %).
3.2.2.4.2.4. Soins réadaptatifs
Tableau 28 : Tâches relatives aux soins
réadaptatifs
Tâches Fréquence %
Massage 2 7,4%
Rééducation 0 0,0%
Communication pour l'intégration sociale de
l'handicapé 0 0,0%
Prescription de chaussure orthopédique 0
0,0%
Source : Enquête de terrain
A la maternité, seul le massage est exécuté
par 7 % les agents auxiliaires.
3.2.2.5. Utilisation des auxiliaires selon les agents
qualifiés Tableau 29 : Utilisation des auxiliaires selon les agents
qualifiés
|
Activités
|
Fréquence %
|
Activités curatives
|
49100,0%
|
Activités préventives
|
46
|
93,9%
|
Traduction
|
45
|
9 1,8%
|
Accueil
|
43
|
87,8%
|
Activités d'hygiène
|
41
|
83,7%
|
Activités promotionnelles
|
37
|
75,5%
|
Activités réadaptatives
|
10
|
20,4%
|
Activités d'encadrement et de formation
|
8
|
16,3%
|
Activités de gestion
|
6
|
12,2%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
Tous les agents qualifiés déclarent que les
auxiliaires font les soins curatifs. Ils reconnaissent dans leur
majorité que les auxiliaires mènent les activités
préventives, les activités d'hygiènes et les
activités promotionnelles. Les 94 % de ces agents confessent qu'ils
délèguent les tâches aux auxiliaires quand ils sont pris ou
absents.
3.2.2.6. Utilisation des auxiliaires selon les supports
de données
L'exécution de certaines activités exige la
combinaison des tâches identifiées plus haut. Il s'agit à
la maternité, des accouchements et consultations prénatales et au
dispensaire, des consultations des malades et stratégies
avancées.
Les données présentées ici sont celles
recueillies dans les différents registres pendant le second semestre de
l'année 2007. Les activités dénombrées au nom des
auxiliaires sont celles que ces agents ont effectuées en toute
autonomie.
Tableau 30 : Degré d'utilisation des auxiliaires
de santé dans 4 activités clés
Actités
vi
|
Auxiliaire
|
|
Personnel qualifié
|
Total
|
|
Fréquences
|
%
|
Fréquences %
|
|
1360
|
42%
|
1899
|
58%
|
3259
|
Consultation des Malades
|
5172
|
17%
|
24521
|
83%
|
29693
|
Consultation Prénatales
|
1529
|
20%
|
6089
|
80%
|
7618
|
Stratégies Avancées
|
106
|
16%
|
537
|
84%
|
643
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
|
|
|
Dans les maternités, les auxiliaires de santé
ont réalisé 42% des accouchements et 20% des consultations
prénatales. Dans les dispensaires, ils ont consulté 17% des
malades. Les stratégies avancées sont assurées dans le
même ordre (16%) par ce personnel.
3.2.3. Conséquences de l'utilisation des
auxiliaires dans la production des soins
de santé
Pour énoncer les conséquences de l'utilisation
des auxiliaires dans la production des soins de santé, nous choisissons
de rapporter ici les propos évocateurs d'un médecin coordonnateur
avec lequel nous nous sommes entretenus lors de nos travaux de collecte de
données.
Il affirmait en effet ceci : « l'utilisation des
auxiliaires de santé dans la production des soins, est comparable
à la fameuse allégorie du chien et du cabri. Entre deux maux, il
faut choisir le moindre. Au lieu d'avoir des centres de santé
dépourvus de personnel, il est mieux d'avoir du personnel non
qualifié (ce n'est que mon point de vue + rire). En
réalité cette situation offre l'avantage d'assurer la
pérennité des soins dans les formations sanitaires. Il est vrai
qu'aujourd'hui, aucune autorité ne s'engage à court terme dans la
rupture avec cette
pratique qui, je l'avoue en tant qu'acteur du niveau
opérationnel, a des conséquences néfastes sur les
populations et les performances du système de santé de notre cher
pays. Sans chercher à être exhaustif sur la question, je citerai
les cas les plus courants que j'ai rencontré depuis ma prise de fonction
dans cette zone
sanitaire. il
s'agit
· des tests que font les auxiliaires sur les vies
humaines avec de toute évidence des pertes dont les causes ne sont pas
toujours connues ;
· des erreurs de diagnostic qui sont faites par les
auxiliaires en l'absence des agents qualifiés à leur
côté ;
· des infections qui sont référés
à l'Hôpital de Zone suite à des injections mal faites
;
· des mauvaises exécutions des accouchements
dont les effets sont la ré- émergence de certaines maladies que
l'on pensait avoir éradiquées ;
· des décès maternels et infantiles
liés à l'exécution de certaines opérations
inopportunes ;
· des complications de l'état de santé de
certains nouveaux-nés liés à l'utilisation de produits
contre indiqués à la naissance ;
· et la liste est longue.
Tout ceci a des effets désastreux sur les pauvres
populations qui vivent dans l'ignorance.
Je rappelle que j'ai eu connaissance de ces cas à
l'occasion des diverses plaintes qui me sont parvenues par le biais des usagers
des centres de santé. Les demandes d'explication que j'ai
engagées à la suite des plaintes pour investiguer n'ont
malheureusement pas abouti à l'identification des causes
véritables des phénomènes décriées par les
populations. Il me semble qu'il y a une parfaite connivence avec les agents
qualifiés. Le plus difficile n'est pas là. Lorsque vous cherchez
à initier des sanctions à l'endroit des agents, vous créez
une démotivation au niveau des agents qualifiés qui introduisent
peu de temps après une demande d'affectation. Finalement le centre de
santé se retrouve aux mains des auxiliaires de santé. On retourne
ainsi dans une situation pire que le statu quo.
Je pense vraiment que les dirigeants du secteur devrait
initier une étude spécifique sur les conséquences de
l'utilisation des auxiliaires de santé dans la production de soins et
tenir
compte des conclusions dans la prochaine ouverture des
écoles de formation professionnelle des aides soignants au Bénin.
Ainsi on réussira à suivre l'évolution de la
qualité des prestations des soins dans les formations sanitaires du
pays... »
En filigrane on retrouve dans ces propos plusieurs facteurs qui
influencent l'utilisation des auxiliaires dans la production des soins de
santé.
3.2.4. Facteurs d'influence de l'utilisation des
auxiliaires
3.2.4.1. Facteurs organisationnels
Les indicateurs socio-économiques des arrondissements
où sont implantés les centres de santé ne sont
guère reluisants. La couverture radiophonique et
télévisuelle est faible et parfois inexistante. L'eau potable et
l'électricité font défaut. Les services postaux sont
quasiment absents. Il en est de même pour les centres de loisirs,
CVEC/CLCAM et dans une moindre mesure les collèges. Les voies
d'accès sont pour la plupart du temps, les pistes de desserte rurale
(69,4%). De plus, les centres de santé sont éloignés du
Bureau de Zone, 37 km en moyenne. Ils le sont aussi de la Direction
Départementale de la Santé (79 km) et du Ministère de la
Santé (749 km) en moyenne.
Dans 98% des cas, l'effectif du personnel des centres de
santé n'est pas conforme aux normes. Les agents avec lesquels nous nous
sommes entretenus sont d'ailleurs unanimes à affirmer que le personnel
est insuffisant dans la plupart des centres de santé. L'organisation du
travail exige, dans le même temps, des agents qualifiés en service
en zone rurale, une présence continue et permanente. Ceux des zones
urbaines assurent des tours de garde. Il arrive qu'ils soient
spécialisés pour certaines activités comme la vaccination.
Les auxiliaires de santé, par contre, sont pour la plupart dans des
tours de garde (64 %) à l'exception des centres où ils se
retrouvent seuls avec leur supérieur hiérarchique (36 %).
Du point de vue de la communication, même si la
couverture proposée par les opérateurs GSM est encore faible (37
%), il existe un système de Réseau Aérien de Communication
(RAC) fonctionnel dans tous les centres de santé et qui leur permet
d'échanger entre eux et avec le Bureau de Zone et l'Hôpital de
Zone.
Enfin, l'ancienneté moyenne du personnel qualifié
est de 2,27 ans au poste alors qu'elle est de 8 ans chez les auxiliaires.
La combinaison des facteurs organisationnels présente les
niveaux d'influences suivants :
Tableau 31 : Niveau d'influence des facteurs
organisationnels
Niveau d'influence Fréquence
|
%
|
Faible
|
23
|
46,9%
|
Moyen
|
20
|
40,8%
|
Elevé
|
6
|
12,2%
|
Total
|
49
|
100,0%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
Les facteurs organisationnels exercent à priori une
influence faible (46,9 %) sur l'utilisation des auxiliaires dans la production
des soins. Mais le niveau moyen est proche de cette proportion (40,8%). Leur
influence est donc relativement moyenne.
3.2.4.2. Facteurs liés à la
population
Les facteurs liés à la population concernent la
fréquentation des centres de santé, le pouvoir d'achat des
patients, l'itinéraire thérapeutique et le climat social.
Le taux moyen de fréquentation de la zone est de 29 %.
De nombreux centres (67 %) sont en dessous de cette moyenne. Les agents
qualifiés sont nombreux (66 %) à confesser que le pouvoir d'achat
des populations est faible. Ils sont bien plus (88%) à penser que le
centre de santé n'est pas le premier recours en cas de maladie chez les
populations. Très peu parmi eux ont connu un conflit avec les
populations (8 %). C'est pourquoi, ils affirment être
intégrés au milieu social (80%). A ce titre, ils pratiquent la
langue locale (25%), s'adonnent à des travaux agricoles (25%) et
participent aux animations culturelles (14%).
La mise en commun des facteurs liés à la
population donne le résultat ci-dessous : Tableau 32 : Niveau
d'influence des facteurs liés à la population
Niveau d'influence Fréquence
|
%
|
Faible
|
29
|
59,2%
|
Moyen
|
9
|
18,4%
|
Elevé
|
11
|
22,4%
|
Total
|
49
|
100,0%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
Les facteurs liés à la population exercent en
général une faible influence sur l'utilisation des auxiliaires de
santé dans la production des soins de santé.
3.2.4.3. Facteurs liés à l'auxiliaire de
santé
En matière de formation générale, 32
auxiliaires sont titulaires du Certificat d'Etudes Primaires (CEP), 14 n'ont
aucun diplôme. Au total, 25 agents ont un niveau général
compris
entre la classe de CM2 et la classe de 3ème de
l'enseignement secondaire ; 9 ont un niveau général compris entre
la troisième et la classe de terminale.
Très peu d'auxiliaires (21%) ont reçu une
formation professionnelle avant leur entrée en fonction. Les rares
formations continues organisées à l'endroit de certains portent
sur la PCIME (19%), le PEV (17%), l'accouchement (14%), le tracé dur
partogramme (14%), etc.
Les auxiliaires ont majoritairement (68%) une
ancienneté supérieure à 5 ans. Le parcours professionnel
de 37 agents est limité à un même poste de travail ; 64%
parmi eux ont connu plus d'un supérieur hiérarchique. Ces agents
ont une absence moyenne mensuelle de 1,33 jours. Ils affirment tous (100%)
qu'ils sont motivés pour faire poursuivre l'exercice de la profession
car ils espèrent accéder à un emploi de qualification
supérieure (47%) suivre une formation diplômante d'aide soignant
(47%), la reconnaissance de leur contribution aux soins (57%) et enfin une
rémunération correspondant à leur contribution (49%).
La résultante des facteurs liés à
l'auxiliaire de santé est la suivante :
Tableau 33 : Niveau d'influence des facteurs liés
à l'auxiliaire de santé
Niveau d'influence Fréquence
|
%
|
Faible 0
|
0,0%
|
Moyen
|
28
|
59,6%
|
Elevé
|
19
|
40,4%
|
Total
|
47
|
100,0%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
Les auxiliaires prennent une part active dans leur utilisation
à la production des soins. Leur influence est donc relativement
élevée.
3.2.4.4. Facteurs liés au supérieur
hiérarchique de l'agent
En dehors des occupations du personnel qualifié, les
facteurs pris en compte ici sont le profil, la disponibilité, la
coopération au travail et l'ancienneté.
Le personnel qualifié est composé en
majorité d'Infirmier Breveté (63 %). Ils sont 47 % à avoir
servi à deux postes au moins. En dehors des activités qui les
occupent dans les centres de santé, plusieurs raisons nécessitent
leur absence périodique. Pour des raisons très officielles, 50 %
des responsables de maternité font 44 jours en dehors des centres. Dans
la même proportion les chefs postes font 25 jours. Les congés ont
un faible poids dans les jours d'absence.
Les agents qualifiés reconnaissent à
l'unanimité (100%) que les auxiliaires leur sont très utiles et
qu'ils entretiennent avec eux de bonnes relations de travail. Ils sont 94 %
à déléguer les tâches aux auxiliaires qu'ils ont
formés en fonction de leurs besoins spécifiques. Ils supervisent
régulièrement leurs assistants.
La mise en commun des facteurs liés au supérieur
hiérarchique de l'agent produit le résultat suivant :
Tableau 34 : Niveau d'influence des facteurs liés
au supérieur hiérarchique
Niveau d'influence Fréquence
|
%
|
Faible
|
2
|
4,1%
|
Moyen
|
26
|
53,1%
|
Elevé
|
21
|
42,9%
|
Total
|
49
|
100,0%
|
Source : Enquête de terrain
|
|
|
|
L'influence des supérieurs hiérarchiques de
l'agent sur l'utilisation des auxiliaires dans la production des soins est
relativement élevée.
3.3. Analyse des données
L'analyse porte d'abord sur l'atteinte des objectifs et la
limite des données. Elle concerne ensuite les aspects organisationnels
et ceux relatifs aux Ressources Humaines.
3.3.1. Atteinte des objectifs
L'objectif général de notre étude est
d'étudier l'utilisation des auxiliaires de santé dans la
production des soins dans les formations sanitaires périphériques
de la Zone Sanitaire de Tanguiéta
Pour y arriver, nous avions prévu atteindre 86 agents
(auxiliaires et personnel qualifié). La mobilité des agents a
conduit les enquêteurs à dépasser l'objectif de 10 agents.
Ceci présente l'avantage de renforcer la qualité des
données qui servent à l'analyse. Il était également
prévu de rencontrer les médecins et les membres de
l'équipe d'encadrement de la Zone sanitaire de Tanguiéta. La
collecte de données a coïncidé avec une concertation qui les
a réunis tous à Natitingou. Ce fut une occasion que nous avons
saisie. Enfin, nous sommes parvenus à consulter l'ensemble des registres
de soins curatifs, de soins maternels et infantiles, cahiers d'accouchement
ainsi que les cahiers de stratégies avancées là où
ils sont tenus.
3.3.2. Limites des données
Plusieurs éléments peuvent introduire des biais
dans les résultats obtenus. Il s'agit de :
· la mobilité du personnel (séance de
travail à Natitingou, absence, congés, etc) qui ne nous a pas
permis d'atteindre toutes les responsables de maternité (Tanongou,
Dassari, Cotiakou, N'Dahonta, etc.) ;
· la non-disponibilité des cahiers de
stratégies dans certains centres et des cahiers d'accouchements à
Dassari, N'Dahonta peut influencer également les résultats que
nous avons obtenus ;
· la récente prise de service de certains agents
qualifiés à leur poste de travail (Datori, Gouandé, etc.)
peut introduire un biais dans les données que nous avons recueillies
à leur niveau notamment en ce qui concerne leur intégration ;
· la présence dans la zone sanitaire d'un
partenaire au développement, en l'occurrence UNIDEA, peut constituer un
déterminant de la mobilisation du personnel autour des objectifs et de
l'exécution personnelle des activités par les agents
qualifiés. Elle peut être à contrario un facteur de forte
mobilité des salariés du fait même de l'exécution
des activités programmées par la Zone Sanitaire.
3.3.3. Aspects organisationnels
3.3.3.1. Le milieu de travail et sa
population
La politique sanitaire du Bénin vise à porter
les soins de santé au plus près des populations là
où elles vivent. La contrainte en est que les centres de santé
sont installés dans les villages ou les arrondissements les plus
éloignés des centres villes (en moyenne 37 km du Bureau de Zone
et 79 km de Natitingou où se trouve la Direction Départementale
de la Santé). Nous avons pu observer que la majorité des voies
qui desservent les centres de santé sont des pistes rurales. La plupart
des formations sanitaires sont installées dans des milieux ruraux mal
couverts en matière de radiodiffusion, de télévision,
d'électricité et même d'eau potable. Les bureaux de poste
sont aussi rares que les centres de loisir, les collèges autant que les
CVEC/CLCAM. Pour percevoir leur salaire, la plupart des agents sont
obligés de se rendre en milieu urbain et parfois à
Tanguiéta. En dehors du réseau aérien de communication qui
permet les échanges entre les centres de santé et le bureau,
très peu de centres de santé sont couverts par les
opérateurs privés de GSM et le réseau
téléphonique national. En définitive, les agents qui
travaillent servent en milieu déshérité.
Cependant, le climat social est bon et parfois excellent
d'abord entre les agents eux- mêmes (100 %) et puis avec les populations
(80%). Même si par endroit, les agents estiment qu'ils ont connu des
conflits avec la population, ils trouvent qu'ils sont bien
intégrés. Les indices en sont leur capacité à
s'exprimer en langue locale, leur participation aux animations culturelles et
les travaux agricoles auxquels ils se livrent sur le plan privé.
3.3.3.2. L'organisation du travail
Les normes prévoient en terme de Ressources Humaines
dans les centres de santé d'arrondissement, 2 sages-femmes, 2
infirmiers, 2 aides soignants, 3 aides soignantes. Il n'y a pratiquement aucun
centre de santé qui ait une structure du personnel conforme à ces
normes. Soit, ils sont en situation de déficit aigu soit, ils ont un
effectif pléthorique. Or, les normes nous paraissent être le
minimum qui puisse être exigé dans les formations sanitaires dans
un contexte où l'on requiert des soins de santé produits en
continue par du personnel qualifié.
En dehors des disparités que nous avons
constatées entre les zones rurales et les zones urbaines, nous avons
compris qu'il est exigé que les agents qualifiés soient en
permanence à leur poste de travail alors même qu'à
l'occasion de leur fonction, ils doivent participer aux concertations
régulières organisées aux différents niveaux de la
pyramide sanitaire (Bureau de Zone, DDS, Ministère).
Le travail des agents de santé est atypique en ce sens
qu'il nécessite une fourniture permanente des services. Le besoin en
santé étant un besoin permanent, l'organisation du travail doit
être adaptée à cette exigence cardinale. La solution
n'aurait pas été d'exiger d'un seul agent qu'il soit
présent en permanence. Il aurait été intéressant
d'obtenir une intégration des unités de travail (dispensaire et
maternité) facilitant l'intervention des agents qualifiés dans
les deux unités en l'absence de l'un ou de l'autre. Mais les
réalités socioculturelles dans les milieux ruraux interdisent aux
hommes (infirmiers au dispensaire) de faire les accouchements à la
maternité. La spécialisation dans les tâches s'est alors
développée alors même qu'une polyvalence et une
organisation de travail à géométrie variable auraient
été propices.
Pendant que le personnel qualifié est contraint de
travailler en continu, dans la pratique de plusieurs centres de santé,
les auxiliaires font les tours de garde. Ils sont finalement obligés de
suppléer au personnel qualifié quand celui-ci est pris ou absent.
Les agents qualifiés eux- mêmes les préparent à ce
rôle d'intérim.
3.3.4. Aspects afférents aux ressources
humaines
Les aspects afférents aux ressources humaines portent
sur les occupations des professionnels, leur temps de travail, les
activités des auxiliaires et la stabilité des agents qui
travaillent dans les formations sanitaires périphériques.
3.3.4.1. Occupations des professionnels et temps de
travail
La plupart des activités des agents qualifiés
se mènent au quotidien. Les agents qualifiés observés sont
en général des responsables de service (maternité,
dispensaire). L'une des caractéristiques des activités de gestion
est qu'elles sont sans fin et nécessitent une forte implication
personnelle. Autrement, le responsable doit déléguer une partie
de ses tâches ou de ses responsabilités.
Les quatre premiers motifs pour lesquels ces agents sont en
dehors de leurs centres de santé, c'est-à-dire absents de leur
poste de travail, sont les suivants :
· les formations (65 %) ;
· les stratégies avancées (63 %) ;
· les réunions (51 %) ;
· les activités promotionnelles (40 %).
Sur le plan personnel, les agents qualifiés sont une fois
de plus obligés de faire de fréquents déplacements
à l'extérieur de leur centre de santé. Les quatre premiers
motifs sont :
· la perception du salaire (61%) ;
· les week-ends (57 %) ;
· les congés (39 %) ;
· les raisons de famille (27 %).
Du fait qu'ils sont donc les seuls agents qualifiés
à leur poste, le travail repose alors sur les auxiliaires. Ils
reconnaissent d'ailleurs à leur écrasante majorité (94 %)
qu'ils délèguent leur travail aux auxiliaires quand ils ne sont
pas présents ou quand ils sont pris.
3.3.4.2. Activités des auxiliaires
Graphique 3 : Utilisation des auxiliaires selon les
agents qualifiés
Activités d'encadrement et de formation
Activités promotionnelles
Activités réadaptatives
Activités préventives
Activités de gestion
Activités d'hygiène
Activités curatives
Traduction
Accueil
0 10 20 30 40 50
43
6
8
10
37
41
45
46
49
Source : Enquête de terrain
Graphique 4 : Degré de réalisation des 4
activités clés par les auxiliaires de santé
Stratégies Avancées
Consultation des Malades
Accouchements
Consultation Prénatales
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
16%
17%
20%
42%
58%
80%
83%
84%
PQ AS
AS = Auxiliaires de Santé PQ = Personnel
Qualifié
Source : Enquête de terrain
Ces deux graphiques qui sont les résultats des
enquêtes et de la consultation des supports tenus dans les formations
sanitaires sont expressifs à plus d'un titre. Ils sont confirmés
par l'opinion des Infirmiers Major des Equipes d'Encadrement de Zones
interrogés
et les Médecins qui nous ont accordés des
entretiens. Ils sont unanimes à reconnaître que les auxiliaires
font dans les centres de santé périphériques, les
injections (intramusculaires et intraveineuses), les petites chirurgies (les
pansements et les sutures), la consultation des malades, la prise des
constantes biologiques (pesée, température, tension
artérielle), la vaccination (en poste fixe et en stratégie
avancée), la prescription de soins et de médicaments, les
consultations prénatales et post natales, les accouchements.
En termes clairs, les auxiliaires n'aident pas seulement les
agents qualifiés, ils les suppléent. Plusieurs agents avec
lesquels nous nous sommes entretenus l'ont déclaré vertement :
« dans les centres de santé périphériques, les
auxiliaires de santé remplacent les agents qualifiés dans leurs
fonctions ». Un autre agent ajoute qu'ils « posent
même des actes médicaux ».
3.3.4.3. Stabilité des agents
Aux termes de l'arrêté relatif aux mutations du
personnel en service au Ministère de la Santé, le temps moyen
à passer à un poste de travail est d'au moins 3 années
successives. Chez le personnel qualifié, nous avons pu constater que sur
les 49 agents, 28 agents, soit 57%, ont passé moins de trois ans
à leur poste de travail alors que l'ancienneté moyenne au poste
des auxiliaires est de 8 ans.
On peut en conclure que ce sont les auxiliaires qui sont plus
stables à leur poste. Ils constituent en quelque sorte la mémoire
du lieu et sont ceux qui reproduisent la culture professionnelle locale. Cette
observation se renforce par l'origine de ces auxiliaires. Ils ressortent
à environ 90% de la communauté qu'ils servent contrairement aux
agents qualifiés dont 6% seulement affirment être originaire de la
communauté.
3.4. Vérification des
hypothèses
Dans le cadre de notre étude, nous avons émis
trois hypothèses à vérifier.
Hypothèse 1 : Les occupations du
personnel qualifié (Infirmier et Sage-femmes) et la supervision
entraînent la modification de l'utilisation des auxiliaires de
santé dans les formations sanitaires périphériques.
Les agents qualifiés se consacrent tous les jours aux
activités curatives. Ils sont en majorité occupés
quotidiennement par les activités d'hygiène, promotionnelles et
préventives. Ces deux dernières activités
nécessitent leurs fréquentes sorties vers les populations dans
les différents villages et quartiers de ville. A elles s'ajoutent les
activités de gestion Sur le plan
personnel, les agents sont obligés de s'absenter en
général les week-ends, pour des raisons de famille et parfois
pour les démarches administratives. Etant donné qu'ils sont seuls
à leur poste de travail et qu'il y a une active coopération au
travail avec les auxiliaires, les agents qualifiés forment leurs
collaborateurs aux activités quotidiennes sur le tas. Ils
délèguent ainsi aisément leurs tâches aux
auxiliaires en leur absence ou quand ils sont pris.
On peut donc en conclure que les occupations du personnel
qualifié entraînent la transformation du rôle des
auxiliaires. Notre première hypothèse est donc
vérifiée.
Hypothèse 2 : La stabilité,
l'ancienneté et l'expérience des auxiliaires dans les formations
sanitaires favorisent leur utilisation à des tâches pour lesquels
ils n'ont pas la qualification de base.
L'enquête sur le terrain nous a conduit à trois
(03) résultats qui concernent cette hypothèse.
L'ancienneté moyenne des auxiliaires est de plus de 8 ans alors que
celle du personnel qualifié est d'un peu moins de 7 ans. Le nombre de
poste moyen par auxiliaire est d'un (01) poste. Près de 64% des
auxiliaires ont connu plus d'un chef poste. La moyenne est de 2
supérieurs hiérarchiques.
Les normes prévoient une moyenne de 3 ans par poste.
Les auxiliaires sont donc très stables à leurs postes de travail.
Leur ancienneté est supérieure à celle de leurs
supérieurs hiérarchiques. Ils en ont connu chacun, plusieurs qui
les ont formés à diverses activités mises en oeuvre au
quotidien.
La combinaison de ces éléments confère aux
auxiliaires, les habiletés nécessaires à
l'exécution des tâches dont ils n'ont pas la qualification de
base.
Notre seconde hypothèse est donc
vérifiée.
Hypothèse 3 : Les facteurs
organisationnels et ceux liés à la population desservie par les
formations sanitaires contribuent à la responsabilisation informelle des
auxiliaires de santé.
A l'issue du dépouillement des données, nous
nous sommes rendus compte que les facteurs organisationnels exercent une
influence relativement moyenne sur l'utilisation des auxiliaires dans la
production des soins de santé. Cette influence est en
général faible quant aux facteurs liés à la
population.
En conclusion, l'utilisation des auxiliaires dans la
production des soins dépend moins des facteurs liés à la
population que des facteurs organisationnels. Notre hypothèse donc est
vérifiée en ce qui concerne les facteurs organisationnels mais
pas du point de vue des facteurs liés à la population.
3.5. Diagnostic
Le diagnostic porte sur les auxiliaires, le personnel
qualifié et le système de santé.
3.5.1. Sur les auxiliaires
- Les auxiliaires réalisent tous, des tâches qui
excèdent leur niveau de compétence ;
- Les auxiliaires exécutent souvent l'ensemble des
activités de soin confiées au personnel qualifié ;
- Les auxiliaires ne reçoivent en majorité aucune
formation avant d'entrer dans les formations sanitaires.
3.5.2. Sur le personnel qualifié
- Les agents qualifiés forment les auxiliaires en
fonction de leurs besoins spécifiques ;
- Les agents qualifiés sont souvent seuls au poste dans
les centres de santé périphériques alors qu'ils sont
sollicités de toutes parts ;
- Les occupations professionnelles et personnelles des agents
qualifiés les obligent à déléguer leurs
responsabilités en matière de soins aux auxiliaires.
3.5.3. Sur le système de santé
- Les conditions de vie et de travail sont difficiles au niveau
périphérique ; - Les effectifs sont insuffisants et mal
répartis ;
- Les agents qualifiés n'ont pas toujours le grade requis
pour être responsabilisés ; - L'organisation formelle du travail
est assez rigide ;
- L'intérim des agents qualifiés en congé
n'est pas organisé ;
- Les niveaux de responsabilités ne sont pas
réglementés.
En règle générale, l'utilisation des
auxiliaires de santé dans la production des soins est influencée
respectivement par les facteurs liés au personnel qualifié, les
facteurs liés à l'auxiliaire de santé, les facteurs
organisationnels et dans une moindre mesure ceux liés à la
population.
4. Suggestions et responsabilités des
acteurs
Nos suggestions sont, d'une part, issues de la
synthèse des perspectives énoncées par les auxiliaires et
les agents qualifiés. Elles sont, d'autre part, la conséquence
des observations que nous avons faites à l'occasion de la
présente étude. Ici, elles sont couplées avec les
conditions de mise en oeuvre. Pour achever ce chapitre, nous avons
défini les responsabilités des différents acteurs qui
seront impliqués à l'optimisation de l'utilisation des
auxiliaires dans la production des soins.
4.1. Suggestions à l'issue de l'enquête
4.1.1. Suggestions des agents qualifiés
Les agents qualifiés ont envisagé à
l'occasion de notre enquête une série de perspective pour les
auxiliaires de santé et les formations sanitaires.
Tableau 35 : Perspectives pour les auxiliaires de
santé
Perspectives Fréquence %
Faire une option de professionnalisation en instituant
un cadre de formation diplômante au personnel de ce 46
93,9%
corps
Mettre en place les mécanismes appropriés pour les
27 55 ,1%
retourner à leur mission originelle
Source : Enquête de terrain
Tableau 36 : Perspectives pour les formations
sanitaires
Perspectives Fréquence %
Doter les formations sanitaires en effectif qualifié
adéquat 44 89,8%
Mettre en place un mécanisme diligent de suivi de la
carrière 41 83,7%
du personnel
Mettre en place une organisation du travail plus flexible pour
39 79,6%
le personnel
Autres 13 26,5%
Source : Enquête de terrain
La proposition relative aux effectifs vient en tête.
Les agents reconnaissent eux-mêmes la pénurie du personnel. En
majorité, ils souhaitent aussi que l'organisation du travail leur
permette de consacrer un peu plus de temps à leur vie personnelle. Le
suivi de leur carrière demeure aussi une préoccupation
essentielle.
Ils ont formulé plusieurs autres souhaits qui peuvent se
résumer de la façon suivante dans l'ordre d'importance :
· Doter les maternités en motos pour les
stratégies avancées et réhabiliter les centres de
santé désaffectés ;
· Donner une formation professionnelle continue et une
prime d'éloignement pour le personnel, prime de garde pour les agents
;
· Mettre en place un mécanisme pour la prise en
charge de la famille des agents de santé et organiser les concours
professionnels ;
· Loger le personnel de la périphérie car
aujourd'hui seuls les responsables sont logés ;
· Motiver les agents travaillant en milieu rural ;
· Reverser les CMS en APE et donner l'opportunité
aux IB de devenir des IDE.
4.1.2. Suggestions des auxiliaires Tableau 37 : Souhaits
des auxiliaires de santé
Souhaits Fréquence %
La reconnaissance de la valeur de contribution aux soins 27
57,4%
Une rémunération correspondante à notre
utilisation 23 48,9%
Accéder à un emploi de qualification
supérieure (infirmier ou Sage 22 46,8%
Femme)
Suivre une formation diplômante d'aide soignant : dans une
école 22 46,8%
Suivre une formation diplômante d'aide soignant : dans un
hôpital 9 19,1%
Source : Enquête de terrain
Le personnel désire d'abord la reconnaissance de la
valeur de sa contribution aux soins, ensuite une rémunération
correspondante à sa contribution ainsi qu'une formation
diplômante. Dans le cadre de sa carrière, il souhaite devenir
à terme Infirmier ou Sage-femme.
4.2. Suggestions relatives au diagnostic
Le diagnostic que nous avons fait, nous amène à
proposer un programme de résolutions structuré en quatre (04)
points à savoir :
· La professionnalisation des auxiliaires de santé
;
· La mise en place d'une Gestion Prévisionnelle des
Emplois et des Compétences (GPEC) ;
· L'amélioration des conditions de vie et de travail
;
· La réglementation des soins infirmiers et
obstétricaux. 4.2.1. La professionnalisation des auxiliaires de
santé
Le professionnel n'est pas nécessairement à
notre avis, un spécialiste ou un polyvalent très
compétent. Il est plutôt une personne qui maîtrise son
métier, avec professionnalisme, qui est capable d'adapter ses
compétences au fur et à mesure de l'évolution du
métier.
Le professionnel est un salarié
- A qui on peut faire confiance pour qu'il prenne l'initiative
de fournir des réponses pertinentes dans une situation
problèmatique ;
- qui satisfait à des exigences, des règles de
l'art et d'éthique spécifiques à son métier ; - qui
met en oeuvre ses propres ressources dans la limite de ses compétences
;
- qui entretient un réseau professionnel qu'il mobilise
pour y trouver des ressources
(information, compétences) selon les besoins.
La professionnalisation est une démarche de
développement des compétences. Elle passe par une formation
continue et une formation professionnelle.
La formation continue est une formation en cours d'emploi.
Elle a pour but l'adaptation et la promotion professionnelle et sociale des
travailleurs. Elle leur confère une qualification nouvelle, leur
permettant d'accéder aux différents niveaux de culture et de
qualification professionnelle.
La formation professionnelle est la formation suivie dans un
établissement scolaire ou dans une organisation ou encore dans les deux
en même temps, permettant ainsi à une personne d'acquérir
des connaissances théoriques et pratiques liées à un
domaine spécifique. Ces connaissances lui sont nécessaires pour
exercer avec compétence son métier ou la profession choisie. Son
objectif est de donner une qualification au travailleur ou de l'accroître
pour lui permettre d'exercer un métier ou de changer d'emploi.
La professionnalisation du métier des auxiliaires a
certaines exigences que sont :
· la définition et l'harmonisation d'un programme
de formation à l'intention des auxiliaires avec l'implication de
praticiens à tous les trois niveaux de la pyramide sanitaire. Ce
programme devra tenir compte de leurs rôles propres, de leurs rôles
délégués et développer le potentiel individuel
(compétence, aspiration, possibilités d'évolution) de
l'auxiliaire ;
· L'institutionnalisation du cadre de formation et
l'identification des formateurs ;
· La formation des auxiliaires actuellement en service
et les futurs ;
· La supervision régulière des auxiliaires
dans leurs pratiques professionnelles.
Plusieurs actes administratifs favorisent déjà la
professionnalisation des auxiliaires de santé. Il s'agit de :
· Le décret 98-77 du 06 mars 1998 portant statuts
particuliers des corps des personnels de santé publique ;
· Le décret N° 2002-294 du 05 juillet 2002
modifiant et complétant le décret 98-77 du 06 mars 1998
portant statuts particuliers des corps des personnels de santé publique
;
· Le décret N°2007-502 su 31 décembre
2007 portant régime juridique d'emploi des Agents Contractuels de l'Etat
constitue enfin une véritable opportunité pour la
professionnalisation des auxiliaires de santé en poste. Deux raisons
soutiennent notre position :
o Il dispose d'une part en son article 109 que les agents
contractuels directement recrutés par les ministères
bénéficient du reversement exceptionnel dans le cadre des Agents
contractuels de l'Etat. Pour le compte du ministère de la santé
en général et la zone sanitaire de Tanguiéta en
particulier, les agents contractuels « mesures sociales » et ceux
émargeant sur le financement communautaire sont concernés par
cette mesure ;
o L'article 75 du décret énonce d'autre part la
disposition selon laquelle les Agents Contractuels de l'Etat peuvent
bénéficier d'une formation professionnelle dans les mêmes
conditions que les Agents Permanents de l'Etat.
Il sera très utile de décider, de vulgariser et
de mettre en application les dispositions contenues dans ces actes pour
dynamiser le taux de professionnalisation de la catégorie des agents
auxiliaires.
4.2.2. La mise en place d'une Gestion
Prévisionnelle des Emplois et des Compétences
La Fonction Ressources Humaines est la « fonction de
l'entreprise qui vise à obtenir une adéquation efficace et
maintenue dans le temps entre ses salariés et ses emplois en terme
d'effectif, de qualification et de motivation » ( Le GALL, 2007).
Pour assurer cette adéquation appropriée et
continue entre les emplois et les salariés (auxiliaires et personnels
qualifiés dans le cadre de notre étude), nous suggérons la
mise en place d'une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des
Compétences (GPEC).
Elle consiste en la conception, la mise en oeuvre et le suivi
de politiques et de plan d'actions cohérent visant d'une part à
réduire de façon anticipée les écarts entre les
besoins et les ressources humaines de l'organisation en fonction de son plan
stratégique. Elle implique d'autre part, le salarié dans le cadre
de son évolution professionnelle.
Nous avons observé que la Zone Sanitaire de
Tanguiéta accuse, dans les centres de santé
périphériques, un déficit quantitatif et qualitatif de
soixante (60) agents. De plus, huit (08) maternités sur 19 sont tenues
par des infirmières et deux (02) par des auxiliaires alors qu'elles
devaient avoir à leur tête des Sages Femmes. Onze (11) postes sur
seize (16) sont tenus par des Infirmiers Brevetés (IB) alors que les
normes prévoient que ce soit des Infirmiers Diplômé d'Etat
(IDE). Cette situation peut avoir plusieurs effets.
Le déficit d'effectif entraîne au sein de
l'entreprise une surcharge de travail, le retard dans l'exécution des
tâches, des erreurs dans la production et enfin un climat de travail
austère. Pour les individus, lorsque les exigences du poste sont
supérieures à la compétence du titulaire, l'effet induit
est entre autres, le mauvais travail et la fréquence des erreurs.
La GPEC est un outil dynamique de la GRH qui peut permettre
d'éviter des déséquilibres entre les ressources dont elle
a besoin à court, moyen terme et long terme et celles qui seront
disponibles en quantité (effectif) et en qualité (qualification,
compétence). Elle débouche sur l'élaboration de divers
plans de recrutement, de formation, de réorganisation de postes, de
mobilité de personnel (mutation, promotion), etc.
Pour le cas que nous étudions, le processus
débouchera sur l'ensemble des actions qui suivent.
4.2.2.1. La formation des auxiliaires
La formation des auxiliaires sur le tas présente
assurément plusieurs inconvénients. Les infirmiers et
médecins interrogés en ont cité quelques-uns sur lesquels
nous nous limitons à savoir :
· La non maîtrise de la théorie
nécessaire à la pratique professionnelle que requiert le
métier des auxiliaires ;
· La variation du contenu de la formation d'un agent
qualifié à un autre et d'un centre de santé à un
autre ;
· Le délaissement des rôles propres des
auxiliaires ;
· L'absence de garantie de la qualité des soins ;
· La multiplication des déviances (ouverture de
cabinets de soins, prolifération des «piqueurs sauvages») ;
· L'altération de la réputation des centres
de santé.
Au regard de ces nombreux inconvénients, nous
suggérons l'organisation officielle de la formation pour les auxiliaires
suivant deux regroupements.
4.2.2.1.1. Les auxiliaires déjà en
poste
Nous suggérons que les auxiliaires de santé
déjà en poste, soient formés dans les hôpitaux de
zone proches de leur lieu de résidence habituelle. Ceci présente
plusieurs avantages :
· La mobilité des agents en sera réduite ;
· Les modules de formation et les exercices pratiques
correspondront davantage aux réalités socioculturelles des
apprenants ;
· Le stage pratique profitera aux structures d'accueil du
département ;
· Les contraintes sociales et le coût induit par la
formation s'en trouveraient réduits pour les auxiliaires à
former.
4.2.2.1.2. Les futurs auxiliaires
Il est souhaitable qu'avant leur recrutement, les futurs
auxiliaires reçoivent une formation dont le contenu du programme est
connu et harmonisé.
L'avantage en sera que les agents s'approprient avant leur
entrée en fonction, la déontologie de leur métier et leurs
domaines de compétences. Les changements s'observeront progressivement
dans les formations sanitaires au sujet de leur utilisation.
Il serait intéressant que cette condition soit
soutenue par un acte administratif qui spécifie que les auxiliaires de
santé aient désormais le niveau de la classe de troisième
de l'enseignement secondaire, qu'ils soient titulaires au moins du CEP et
détiennent un diplôme de formation professionnelle obtenue dans
les établissements ouverts à cet effet.
4.2.2.2. La formation du personnel
qualifié
La conception et la mise en oeuvre d'une GPEC favoriseront la
formation des infirmières et infirmiers brevetés responsables de
maternité et de dispensaires qui remplissent les critères
fixés par le décret N°94-224 du 12 juillet 1994 relatif aux
critères d'attribution des bourses de stage.
Un plan de formation sera indiqué pour harmoniser
l'ordre de départ en formation de ces agents dans le respect des
exigences en terme d'organisation du travail au sein des centres de
santé.
4.2.2.3. Le recrutement du personnel (auxiliaires et
agents qualifiés)
Il s'agit de doter les formations sanitaires en agents qui
possèdent les compétences nécessaires pour occuper les
emplois conformément aux normes définis par le Ministère
de la Santé.
Le recrutement de ce personnel se fera en fonction des
possibilités budgétaires actuelles. Il est également
possible de faire une analyse de la situation au niveau national afin d'initier
un plan cohérent de recrutement qui intègre les
différentes réflexions en cours dans le ministère et le
réajustement des déséquilibres en ressources humaines
observés par endroit.
4.2.2.4. La réorganisation du travail
4.2.2.4.1. L'élargissement et l'enrichissement
des tâches des auxiliaires
Le potentiel des auxiliaires est raisonnablement plus
élevé que les tâches qui leur sont confiées. Ils ont
en majorité le CEP et un niveau entre le CM2 et la
4ème de l'enseignement secondaire. Pour optimiser leur
utilisation, il serait souhaitable que le contenu de leur description de poste
soit élargi et enrichi notamment en ce qui concerne les tâches qui
leur sont déléguées.
L'élargissement des tâches est l'augmentation
des tâches attribuées à un emploi. Elle a pour effet
d'aider les employés à acquérir de nouvelles
habiletés. L'enrichissement pour sa part, consiste à
accroître les responsabilités rattachées à son
poste. Il contribue à améliorer l'état psychologique de
l'employé.
Dans le cadre de cette suggestion nous pensons
spécifiquement aux tâches les plus fréquentes qu'ils
réalisent déjà tous. Il s'agit de :
· Le pansement ;
· L'injection ;
· La vaccination ;
· Le traitement intermittent du paludisme ;
· L'administration des médicaments par voie
buccale.
Cette liste n'est pas limitative. L'extension dépendra
fondamentalement de la formation initiale qui leur sera donnée et de
l'analyse qui sera faite de leur capacité à conduire dans les
normes les autres activités qui n'exigent pas un niveau de qualification
plus élevé.
4.2.2.4.2. la flexibilité dans l'organisation du
travail
Le recrutement du personnel favorise la flexibilité de
la répartition du travail entre les membres des équipes de
santé. Les équipes pourront être constituées en
séquences temporelles.
Une organisation du travail flexible a la capacité de
réduire l'absentéisme, de rehausser le moral du personnel et
d'améliorer les relations entre les employés et les employeurs.
Les agents de santé ressentiront donc moins les contraintes de travail,
le service offert sera alors continu et de meilleure qualité à la
grande satisfaction des usagers des centres de santé.
4.2.2.4.3. L'organisation de l'intérim des agents
en congé
Il nous paraît nécessaire de proposer
l'organisation de l'intérim des agents qualifiés quand ceux-ci
partent en congé (administratif, de maternité, etc.). On
s'assurera ainsi que les soins de santé sont, dans la mesure du
possible, sous la responsabilité d'agents qualifiés.
4.2.2.4.4. Le redéploiement du
personnel
Le redéploiement du personnel réduira les
inégalités entre les milieux urbains et ruraux en terme de
ressources humaines. Il permettra d'éviter le gaspillage des ressources
et les frustrations qui naissent à l'occasion de la surcharge de
travail. La condition de succès de cette activité est
l'amélioration des conditions de vie et de travail en milieu rural.
4.2.3. L'amélioration des conditions de vie et de
travail
Cette suggestion vise à réduire le
déséquilibre entre les milieux ruraux et urbains.
Une avancée importante a été
déjà réalisée. Elle concerne la sécurisation
de l'emploi des agents (confère le décret 2007-502 du 31
décembre 2007). Mais bien d'autres défis restent à relever
à savoir :
· Renforcer le système de communication en incitant
davantage les opérateurs GSM à couvrir davantage les zones
déshéritées ;
· Régler la panne du téléphone fixe de
Cobly ;
· Développer des programmes d'électrification
des centres de santé à base d'énergie solaire ;
· Réhabiliter les centres de santé
désaffectés ;
· Offrir aux agents de la périphérie, une
prime d'incitation ;
· Etendre le mécanisme de prise en charge des
agents de santé et de leurs familles aux Hôpitaux de Zone pour
leur éviter de se rendre systématiquement au centre hospitalier
départemental en cas de maladie ;
· Récompenser les agents qui servent en milieu
rural, à l'issue d'une évaluation périodique et donner une
meilleure visibilité aux succès obtenus au niveau
périphérique.
4.2.4. La réglementation de l'exercice des
soins infirmiers et obstétricaux
Koukpo (2005) observe que sur le plan juridique, le
système sanitaire présente de nombreuses insuffisances en
l'occurrence l'absence d'un code de santé.
Dans le même sens, nous notons l'absence d'actes
normatifs qui définissent les pénalités auxquelles
s'exposent les agents lorsqu'ils viennent à excéder leur niveau
de compétence dans un domaine aussi sensible que la santé.
C'est pourquoi, nous suggérons la prise d'un
décret ou d'une loi qui fixe le niveau de responsabilité par
catégorie socioprofessionnelle et précise les
pénalités encourues en cas de violation.
Cette recommandation ne sera possible que sous certaines
conditions :
· La satisfaction des préalables
(évoquées plus hauts) pour réduire les résistances
aux changements ;
· L'association à l'élaboration de l'acte, de
toutes les parties prenantes aux soins dans les formations sanitaires ainsi que
des partenaires extérieurs au système ;
· L'intégration des dispositions réglementant
l'exercice des soins infirmiers et obstétricaux, au programme de
formation des agents ;
· La mise en oeuvre progressive de l'acte après de
larges séances de sensibilisation.
La figure N° 4 présente sous la forme de
programme, nos quatre suggestions pour une optimisation de l'utilisation des
auxiliaires dans la production de soins dans les centres de santé
périphériques.
Début
Figure 4 : Programme pour une optimisation
de l'utilisation des auxiliaires dans la production de soins
dans les centres de santé
périphériques
Soins de santé primaires
Fin
Source : Elaborée par nous-mêmes
Le métier d'auxiliaire
est-il professionnalisé ?
Non
Oui
Existe-t-il une GPEC pour la disponibilité permanente
des RH en quantité en qualité ?
Non
Oui
Les conditions de vie et de
travail sont-elles satisfaisantes ?
Non
Oui
L'exercice des soins infirmiers est- il
réglementé ?
Non
Oui
Les soins de qualité sont produits par un
personnel compétent en permanence.
Les soins sont produits sans garantie de qualité et
de permanence.
Etude sur l'utilisation des auxiliaires de santé dans
la production des soins
4.3. Responsabilités des acteurs
La condition fondamentale de mise en oeuvre de nos
suggestions est leur appropriation par les responsables à divers
niveaux. Il sera ensuite possible de mobiliser les ressources pour leur
réalisation.
4.3.1. L'Equipe d'Encadrement de Zone de
Tanguiéta
La responsabilité de l'Equipe d'Encadrement de Zone de
Tanguiéta est assez légère pour la simple raison qu'elle
est au niveau opérationnel et que la question de l'utilisation des
auxiliaires de santé dans la production des soins est une question
quasiment structurelle. Il s'agit pour elle de solliciter la
réhabilitation des centres de santé désaffectés et
d'organiser l'intérim des agents bénéficiaires de
congés.
4.3.2. La Direction Départementale de la
Santé
La Direction Départementale de la Santé (DDS)
sert de support à la réalisation du programme de
résolution. Sa responsabilité consiste à développer
un marketing social pour donner une meilleure visibilité aux
succès obtenus dans la zone sanitaire et le département en
général. Elle pourra également introduire une
requête à l'endroit du Ministère de la Santé pour
étendre le mécanisme de prise en charge des agents de
santé et de leurs familles aux Hôpitaux de Zone.
La DDS se chargera aussi de faire une analyse globale des
conditions de vie et de travail dans le département en vue de faire un
plaidoyer auprès des différents projets du secteur qui sont
orientés vers les zones déshéritées.
4.3.3. Le Ministère de la
Santé
Le Ministère de la Santé a une
responsabilité essentielle dans la question de l'utilisation des
auxiliaires au sein des formations sanitaires. Il s'agit pour lui de
décider de
· la réduction de la disparité
interrégionale en matière de Ressources Humaines ;
· la mise à disposition permanente des ressources
humaines nécessaires ;
· l'élargissement et l'enrichissement du travail des
auxiliaires ;
· la réglementation des niveaux de
compétences des agents ;
· l'instauration des mesures incitatives pour le personnel
en service dans les milieux ruraux.
4.3.4. Les autres acteurs
Depuis la définition des soins de santé
primaires à la Conférence d'Alma Ata et l'initiative de Bamako,
la question de la santé ne relève plus des seuls acteurs du
secteur. Elle est désormais un enjeu intéressant diverses
structures dont seules les actions aideront véritablement à
produire des soins de qualité accessibles aux populations où
qu'elles se trouvent.
A l'occasion de cette étude, nous avons pu observer
que la plupart des postes de travail (CSA) sont localisés en milieu
rural déshérité (insuffisance d'infrastructures socio-
économiques, contraintes de communication). C'est pourquoi, nous avons
suggéré un ensemble de mesures pour l'amélioration des
conditions de travail dans ces milieux.
Les responsabilités qui relèvent des acteurs
externes au secteur de la santé sont d'ordre stratégique. Il est
en effet souhaitable que :
· le Ministère en charge de la Communication
incite les opérateurs GSM et l'Office de Radiodiffusion et
Télévision Nationale à étendre leur couverture sur
toute l'étendue du territoire national ;
· le Ministère de Mines et de l'Energie, quant
à lui, développe davantage le programme d'électrification
rurale soit à base d'énergie solaire ou d'énergie
électrique ainsi que le programme d'hydraulique villageoise.
Pour la professionnalisation du corps des auxiliaires, une
commission interministérielle comprenant le Ministère en charge
de la Formation Technique et Professionnelle, celui du Travail et de la
Fonction Publique et le Ministère de la Santé peut siéger
pour formaliser la stratégie subséquente, harmoniser le contenu
du programme de formation et institutionnaliser les centres de formation.
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