I.1.2.2- Nature physique de la pollution
Une pollution de nature physique peut être
mécanique, thermique ou radioactive.
Une pollution mécanique est due à une
charge importante des eaux en éléments en suspension (particules
de charbon, d'amiante, de silice, de sable, de limon, etc...) provenant
d'effluents industriels ou d'eaux usées de carrières, ou de
chantiers divers.
Une pollution thermique quant à elle est
causée par le rejet d'eaux chaudes provenant des centrales
électriques ou nucléaires, des sources thermales. A
côté de leur influence directe sur les biocénoses, elles
ont pour effets indirects:
- une baisse sensible de la teneur en oxygène dissous
surtout si le milieu aquatique est chargé de matières organiques
(Tuffery, 1980) ;
- une augmentation de la toxicité de certaines
substances. Ainsi, la toxicité du cyanure de potassium est
multipliée par deux pour un accroissement thermique de 10°C
(Tuffery, 1980) ;
- une réduction de la résistance des
animaux et une multiplication des agents pathogènes (Arrignon, 1998).
La pollution par les agents radioactifs est pour sa part
limitée par le contrôle strict effectué dans les
installations nucléaires ; toutefois, les risques demeurent
dans certains hôpitaux face aux déchets d'utilisation des
radioéléments.
I.1.2.3 - Nature chimique de la
pollution
D'après Tuffery (1980), l'immense majorité des
nuisances est causée par ce type de rejets parmi lesquels on distingue
ceux de nature minérale dominante et les effluents organiques.
La pollution à dominance minérale est
le fait d'éléments tels les phosphates, les nitrates, les
nitrites, les sulfates, l'ammoniaque rencontrés dans la nature à
des concentrations généralement faibles, ou de substances non
naturelles à toxicité immédiate ou différée
(pesticides, métaux lourds, toxiques détergents etc....) qui
s'accumulent dans les tissus des organismes vivants (Arrignon, 1998). Les
premiers sont déversés dans le milieu aquatique sous forme
d'excédents d'engrais agricoles qui sont entraînés par le
ruissellement, le lessivage ou la lixiviation. Si leur charge devient
élevée, on observe alors une forte multiplication des populations
algales débouchant à l'eutrophisation et au vieillissement
précoce du cours d'eau (Tuffery, 1980). Quant aux pesticides, aux
métaux lourds et aux détergents, la réponse de leur action
sur les biocénoses reste liée à l'espèce. En effet,
lorsque la concentration en ces toxiques atteint ou dépasse la dose
létale d'un taxon donné, celui-ci meurt.
La pollution à dominance organique a des
origines multiples. Les sources principales sont les rejets des
agglomérations urbaines, les industries agro-alimentaires telles les
laiteries, les conserveries, les tanneries etc... (Tuffery, 1980). Les apports
importants de matières organiques agissent sur les organismes (par
exemple, les espèces saproxènes disparaissent au profit des
groupes saprophiles et saprobiontes), sur la production des biocénoses
et le vieillissement des plans d'eau.
I.1.2.4 - Ampleur des effets
En tenant compte de l'ampleur des effets, on peut distinguer
la pollution aiguë de la pollution chronique.
Une pollution aiguë entraîne des
perturbations à court terme et parfois momentanées du milieu.
Elle peut être accidentelle (fuite d'une cuve de fuel domestique,
etc...), provoquée ou due à l'absence de maintenance de stations
d'épuration quand elles existent (Leynaud & Verrel, 1980).
Une pollution chronique est beaucoup plus dangereuse parce
qu'insidieuse, complémentaire et difficile à déceler et
à situer. Les chaînes alimentaires sont partiellement ou
totalement touchées à travers la bioaccumulation et la
bioamplification.
L'altération de la qualité de l'eau, qu'il
s'agisse de pollution physique, chimique, minérale ou organique, peut
donc entraîner rapidement des substitutions d'espèces en
favorisant celles dont la dynamique de population est la mieux adaptée
(Roux, 1981).
I.1.3 - Autoépuration et capacité
d'assimilation des cours d'eau
Leynaud & Verrel (1980) définissent
l'autoépuration comme l'ensemble des processus par lesquels le milieu
aquatique assure la minéralisation des substances organiques qui y sont
déversées. Lorsque la charge apportée est un substrat
trophique, l'autoépuration correspond simplement au prolongement de
l'évolution naturelle des écosystèmes par le biais de
l'épuisement des éléments nutritifs en excès
(Schorter, 2001). Cette notion est étroitement liée à la
capacité d'assimilation du système qui correspond pour sa part
à la charge polluante maximale qui peut être rejetée dans
le cours d'eau, sans qu'il ne se produise des modifications importantes des
caractéristiques structurales et fonctionnelles des biocénoses
(Agence de l'Eau, 1993). Au-delà de la capacité d'assimilation
d'un écosystème, la surcharge en éléments
exogènes induit des nuisances environnementales et influe sur les
usages de l'eau (Schorter, 2001).
I.1.4 - Etat hydrologique du milieu récepteur
Selon Chuzeville (1990), l'hydrologie est la
science qui étudie l'eau dans la nature et son évolution sur la
terre et dans le sol sous ses trois états (solide, liquide,
gazeux). Les conditions hydrologiques du milieu récepteur
déterminent de nombreux facteurs physiques comme la dilution, la
dispersion longitudinale, la sédimentation et la remise en suspension,
l'adsorption, la désorption, les échanges gazeux avec
l'atmosphère (Schorter, 2001).
I.1.4.1 - Profil en long
Le profil en long désigne la ligne joignant les
points les plus bas du talweg d'un cours d'eau de sa source à son
embouchure. L'allure générale présente toujours une forme
hyperbolique plus ou moins régulière, la pente des parties en
amont étant beaucoup plus forte que celle des parties en aval
(Chuzeville, 1990). C'est de
cette pente longitudinale que dépendront la vitesse d'écoulement
des eaux et la délimitation des cours supérieur, moyen et
inférieur.
I.1.4.2 - Débit
Le débit indique le volume d'eau écoulé
en un point du cours d'eau par unité de temps. Le climat de la
région, la perméabilité du terrain et la pente affectent
le débit dont les irrégularités subséquentes se
traduisent par des crues et étiages variables dans leur rythme et leur
conséquence selon le mode d'alimentation du cours d'eau (Arrignon,
1998). Plus les débits sont importants, plus le transport et la dilution
sont rapides ; l'hétérotrophie et la sédimentation
sont déplacées vers l'aval (Schorter, 2001).
I.2 - Evaluation de la qualité des eaux d'un
cours d'eau
Les milieux aquatiques sont essentiellement suivis par la
détermination des paramètres physico-chimiques, car moins
compliqués à mettre en oeuvre (Schorter, 2001). Rodier (1996) a
rassemblé un certain nombre de critères d'appréciation de
la qualité générale de l'eau (tableau 1).
De ce tableau il ressort trois niveaux de qualité de
l'eau dont les propriétés sont définies comme
suit :
- qualité 1 (1A et 1B) : eau
possédant des propriétés requises pour la vie et la
reproduction des poissons normalement présents dans la zone
écologique considérée, ainsi que pour la production d'eau
destinée à l'alimentation humaine après épuration
normale ;
- qualité 2 : eau possédant des
propriétés requises pour la vie piscicole mais où la
reproduction du poisson est aléatoire, permettant la production d'eau
destinée à l'alimentation humaine après épuration
poussée et stérilisation (traitement tertiaire) ;
- qualité 3 : eau dans laquelle la vie
piscicole subsiste, mais qui est impropre à la production d'eau
destinée à l'alimentation humaine. Cette eau ne convient
qu'à l'irrigation et à la navigation.
Dans ces conditions, l'objectif de qualité
recommandable pour la production d'eau destinée à l'alimentation
humaine est la qualité 1 et exceptionnellement la qualité 2. Pour
les baignades et les loisirs, c'est la qualité 1 qui est recommandable
ou exceptionnellement la qualité 2 pour certaines activités de
loisirs.
Tableau 1 : Critères
d'appréciation de la qualité générale de l'eau
d'après Rodier (1996)
Critère de qualité
|
Valeurs des paramètres déterminant les
niveaux de qualité
|
1 A
|
1 B
|
2
|
3
|
Température
|
20°
|
20° à 22°C
|
22 à 25°C
|
25° à 30°C
|
O2 dissous (mg/l)
|
7
|
5 à 7
|
3 à 5
|
milieu aérobie à maintenir en permanence
|
O2 dissous en % sat.
|
90 %
|
70 à 90 %
|
50 à 70 %
|
DBO5 (mg d'O2/l)
|
3
|
3 à5
|
5 à 10
|
10 à 25
|
Oxydabilité (mg d'O2/l)
|
3
|
3 à 5
|
5 à 8
|
-
|
DCO (mg O2/l)
|
20
|
20 à 25
|
25 à 40
|
40 à 80
|
NH4 (mg/l)
|
0,1
|
0,1 à 0,5
|
0,5 à 2
|
2 à 80
|
Ecart de l'indice biotique par rapport à l'indice normal
(10)
|
1
|
2 ou 3
|
4 ou 5
|
6 ou 7
|
Fer total mg/l précipité et en solution
|
0,5
|
0,5 à 1
|
1 à 1,5
|
|
Mn total (mg/l)
|
0,1
|
0,1 à 0,25
|
0,25 à 0,5
|
|
Matières en suspension totales (mg/l)
|
30
|
30
|
30
|
30 à 70
|
Matières décantables (mg/l)
|
|
|
<0,5
|
<1
|
Couleur (mgPt/l)
|
10 10 à 20
absence de coloration visible
|
20 à 40
|
40 à 80
|
Odeur
|
non perceptible
|
ni saveur, ni odeur
|
pas d'odeur perceptible à distance du cours d'eau
|
Substances extractibles au chloroforme (mg/l)
|
0,2
|
0,2 à 0,5
|
0,5 à 1
|
>1
|
Graisses et huiles
|
néant
|
Néant
|
trace
|
présence
|
Phénols (mg/l)
|
0,001
|
0,001
|
0,001 à 0,05
|
0,05 à 0,5
|
Toxique
|
norme permissible pour la vocation la plus exigeante pour
préparation d'eau alimentaire
|
|
pH (u.c)
|
6,5-8,5
|
6,5 - 8,5
|
6,5 - 8,5
|
5,5 - 9,5
|
I.2.1 - Analyses physiques
I.2.1.1 - Température
La température de l'eau affecte sa densité et
sa viscosité (densité maximale à 4°C), la
solubilité des gaz, celle de l'oxygène en particulier qui baisse
quand la température de l'eau croît (Arrignon, 1998). On note par
ailleurs qu'une augmentation de la température accélère
considérablement la vitesse des réactions chimiques et
biochimiques. Ces dernières consomment de l'oxygène, d'où
une aggravation des pollutions organiques par temps chaud ou par
réchauffement artificiel des eaux (Rodier, 1996 ; Arrignon, 1998).
I.2.1.1 - Matières en suspension
L'eau véhicule de fines particules de matières
solides en suspension (MES) décelables pondéralement par
centrifugation, sédimentation, filtration ou même par
spectrophotométrie (Arrignon, 1998). Suivant leur densité et les
caractéristiques du milieu récepteur, ces MES se déposent
plus ou moins loin en aval, produisant une pollution mécanique et
augmentant la turbidité des eaux.
La teneur des eaux en matières en suspension est
très variable selon les cours d'eau et est fonction de la nature des
terrains traversés, de la saison, des travaux et des rejets (Rodier,
1996). Elle est également le fait de l'érosion
accélérée des sols à la suite de
déboisements, de surcharges de pâturages ou de mauvaises pratiques
culturales.
La nature et la concentration des matières en
suspension jouent un rôle prépondérant dans la formation de
la couleur des eaux avec une diminution de leur transparence. L'énergie
lumineuse disponible pour la photosynthèse peut ainsi se trouver
considérablement réduite avec des modifications quantitatives et
qualitatives importantes des peuplements végétaux
(Leynaud & Verrel, 1980). L'asphyxie des
poissons par colmatage des branchies est souvent la conséquence d'une
teneur élevée en MES (Rodier, 1996 ;
Arrignon, 1998), de même que le colmatage des sédiments
de fond avec asphyxie des organismes benthiques et des oeufs des poissons
frayant sous les graviers (Tufferry, 1980).
I.2.2- Analyses chimiques
I.2.2.1- Potentiel d'Hydrogène
Le pH d'une eau naturelle est lié aux
conditions édaphiques (Leynaud & Verrel, 1980) et varie
habituellement entre 7,2 et 7,6 (Rodier, 1996).
Arrignon (1998) propose pour quelques groupes d'organismes
aquatiques une plage de tolérance au pH:
- pH < 5,0 : limite inférieure pour la
survie de la plupart des espèces,
- 6,0 < pH < 7,2 : zone optimale pour la
reproduction de la plupart des espèces,
- 7,5 < pH < 8,5 : zone optimale pour la
productivité du plancton,
- pH > 8,5 : destruction de certaines algues,
- pH > 9 : seuil létal de nombreuses
espèces (Salmonidés notamment).
Ces valeurs ne doivent toutefois pas être
séparées de celles des autres paramètres notamment la
température, l'oxygène dissous, la salinité, l'anhydre
carbonique dont elles dépendent.
I.2.2.2- Conductivité
électrique
La conductivité exprimée en
microsiemens par centimètre est la conductance d'une colonne d'eau
comprise entre deux électrodes métalliques de 1 cm2 de
surface séparée l'une de l'autre d'1 cm (Arrignon, 1998). Elle
permet d'évaluer approximativement mais très rapidement la
minéralisation globale de l'eau (Rodier, 1996) comme suit :
- cond. < 100 uS/cm : minéralisation
très faible,
- 100 uS/cm < cond. < 200 uS/cm:
minéralisation faible,
- 200 uS/cm < cond. < 333 uS/cm:
minéralisation moyenne,
- 333 uS/cm < cond. < 666 uS/cm:
minéralisation moyenne accentuée,
- 666 uS/cm < cond. < 1000 uS/cm:
minéralisation importante,
- cond. > 1000 uS/cm : minéralisation
excessive.
Une conductivité électrique supérieure
à 1500 uS/cm fait considérer une eau comme inutilisable
dans les zones irriguées (Arrignon, 1998).
I.2.2.3 - Azote ammoniacal
L'azote est une composante essentielle de la matière
vivante qui joue par conséquent un rôle important dans une
pollution de type organique (Leynaud & Verrel, 1980). L'azote ammoniacal
des eaux superficielles peut avoir pour origine la matière
végétale des cours d'eau, la matière organique animale ou
humaine, les rejets industriels (engrais, textiles, etc...). Sa présence
est à rapprocher de celle des autres éléments
azotés identifiés dans l'eau (nitrate, nitrite) et des
résultats de l'analyse bactériologique (Rodier, 1996). En dehors
des rejets des fabriques d'engrais, l'azote présent dans les effluents
domestiques et industriels est essentiellement sous forme réduite. Cette
dernière se transforme en nitrites et en nitrates dans les cours d'eau
où la teneur en oxygène est suffisamment
élevée (Leynaud & Verrel, 1980). La vie
aquatique peut être atteinte pour des concentrations d'environ 2 mg/l et
un pH de 7,4 à 8,5. La forme ionisée est moins toxique que celle
qui est non ionisée.
I.2.2.4 - Orthophosphates
Le phosphore est à la fois le métalloïde
le plus nécessaire à la vie aquatique et celui qui se
présente sous la forme la plus simple : celle de l'orthophosphate.
La présence de phosphates dans les eaux naturelles est liée
à la nature des terrains traversés, à la
décomposition des matières organiques et à l'utilisation
des détergents. La grande partie du phosphore organique provient
également des déchets du métabolisme des protéines
et de son élimination sous forme de phosphates dans les urines par
l'homme (Sawyer & Mc Marty, 1978).
Il est le facteur majeur affectant la biomasse algale dans
les systèmes d'eau douce (Hecky & Kilham, 1988). Le dosage des
phosphates permet d'apprécier le degré de trophie ainsi que celui
de la pollution des eaux (Duchaufour, 1997).
I.2.2.5 - Oxygène dissous
La teneur en oxygène dissous peut être
utilisée comme critère de qualité des eaux de surface. Sa
solubilité dans l'eau est liée à certains facteurs. Ainsi,
l'augmentation de la température de l'eau entraîne une baisse de
la solubilité de l'oxygène dissous, celle-ci augmentant avec les
pressions atmosphériques croissantes (Rodier, 1996 ; Arrignon,
1998).
L'oxygène de l'eau provient de son contact avec l'air,
sa dissolution étant facilitée par le brassage. Elle a
également une origine biologique par la fonction chlorophyllienne
exercée par les végétaux du périphyton, les algues
planctoniques, ainsi que les phanérogames aquatiques dans les zones
littorales des plans d'eau (Arrignon, 1998). Parmi les causes
de variation de sa teneur, on peut citer la présence des matières
organiques oxydables, des organismes, des germes aérobies, des graisses,
des hydrocarbures, des détergents, ainsi que la perturbation des
échanges atmosphériques à l'interface air-eau (Rodier,
1996). Selon la législation française, l'eau n'est potabilisable
que si elle contient au moins 5 mg/l d'oxygène dissous (Billen et
al., 1999).
I.2.2.6 - Demande biochimique en
oxygène (DBO5)
La DBO5 d'une eau est la quantité
d'oxygène nécessaire aux microorganismes aérobies pour
assurer l'oxydation des matières organiques biodégradables
contenues dans un échantillon de cette eau, pendant 5 jours. Sa
détermination effectuée tant pour les eaux usées que pour
les eaux des cours d'eau pollués permet d'apprécier l'action
potentielle des matières organiques contenues dans l'eau sur le bilan en
oxygène du milieu récepteur (Leynaud & Verrel, 1980).
I.2.2.7 - Demande chimique en oxygène
(DCO)
La DCO représente la quantité d'oxygène
consommée dans les conditions de l'essai par les matières
oxydables contenues dans un échantillon d'eau. Elle permet
d'apprécier la concentration en matières organiques ou
minérales, dissoutes ou en suspension dans l'eau.
Avec la DBO, elle constitue un indicateur utile de la demande
totale d'oxygène qui peut être imposée à un cours
d'eau pour son épuration (Gloyna, 1972).
I.2.3 - Indicateurs biologiques de la pollution
Un écosystème apparaît comme un ensemble
intégré du biotope et de la biocénose, une unité
fonctionnelle résultant d'un ensemble de relations et d'interactions
existant entre espèces, entre paramètres du milieu, puis entre
espèces et paramètres. Les biocénoses soumises à
des flots polluants peuvent témoigner par leurs fluctuations de la
qualité des eaux qui les abritent et servir ainsi d'indicateurs
biologiques de la pollution (Tuffery, 1980). Deux types principaux de
méthodes biologiques de détermination de la pollution sont
utilisés :
- celles fondées sur la présence
d'organismes considérés comme indicateurs d'un type
donné de contamination (analyses
bactériologiques, le système des saprobies, etc...),
- celles basées sur l'examen global ou partiel
des peuplements aquatiques (analyse
biocénotique, indice biotique, etc ...).
L'un ou l'autre type de méthodes nécessite une
connaissance préalable de la biocénose des milieux
étudiés, qui se traduit essentiellement par une étude
qualitative et quantitative des peuplements.
I.2.3.1 - Phytoplancton
Le phytoplancton est l'ensemble des organismes
microscopiques chlorophylliens, vivant librement en pleine eau (Odum, 1971).
Son importance dans le milieu aquatique est due à sa situation à
la base du cycle biologique, où il constitue le point de départ
de la chaîne alimentaire.
Le dosage des pigments chlorophylliens, après
concentration de cellules algales par filtration puis extraction au moyen d'un
solvant, permet de déterminer facilement la biomasse phytoplanctonique
(Lorenzen, 1967). Une teneur de l'eau de 1ug Chla/l correspond environ à
une biomasse phytoplanctonique de 35 ug de carbone par litre (Billen et
al., 1999). Ainsi, des valeurs très élevées de
chlorophylle a témoignent d'une forte densité algale.
I.2.3.2 - Zooplancton
Le zooplancton peut être défini comme un
ensemble d'organismes animaux généralement microscopiques vivant
en pleine eau et non dotés de mouvements d'amplitude sensible (Angeli,
1980). Il est en majeure partie constitué de
Rotifères, d'Arthropodes appartenant aux classes des Cladocères
et des Copépodes (Angeli, 1980; Pourriot, 1980).En cas de pollution
organique, quelques groupes de protozoaires Ciliés,
Rhizoflagellés et Acinétiens deviennent prédominants
(Angeli, 1980). On y rencontre également mais de façon
sporadique, les organismes de la classe des Héliozoaires, des
Thécamoebiens, des Coelentérés, des Turbellariés,
des larves de mollusques, quelques Ostracodes, des Hydracariens, des oeufs et
larves d'insectes. Ces peuplements sont de bons bioindicateurs de pollution et
ils ont également une forte influence sur la biodiversité des
milieux dulcicoles (Zébazé, 2000).
I.2.3.3- Macroinvertébrés
benthiques
Les macroinvertébrés benthiques vivent
au fond de l'eau et peuvent être retenus par les filets de maille 0,2 mm
de large (Brönmark & Hansson, 2000). Ils sont étroitement
liés aux habitats aquatiques, leur abondance et la structure de leurs
communautés étant en relation avec l'état physico-chimique
du cours d'eau (Knorr & Fairchild, 1987 ;
Rosenberg & Resch, 1993). Ils sont
directement influencés par les conditions physiques de leur milieu de
vie comme la nature du substrat, la forme du lit, la nature et la teneur
des détritus ainsi que le couvert végétal (Niemi et
al., 1990 ; Richards & Host,
1993). Les variations de la concentration en nutriments et les
fluctuations de la production primaire les affectent indirectement
(Steward & Robertson, 1992 ;
Richards et al., 1993). Les macroinvertébrés
permettent d'identifier les perturbations passées du milieu et les
effets toxiques de ces perturbations qui généralement ne sont pas
détectés par les méthodes physico-chimiques (Steward
et al., 2000).
I.2.3.4 - Système des saprobies
Bien que certaines données apparaissent
déjà vers les années 1840 - 1850, c'est essentiellement en
1908 et 1909 que Kolkwitz et Marsson proposent une gamme initiale d'organismes
indicateurs des degrés de saprobiontie (Verneaux, 1980). En effet, ces
auteurs remarquant que la présence des organismes aquatiques est
dépendante de la charge de l'eau en matières organiques, ont
entrepris le classement des organismes animaux et végétaux d'eau
douce en fonction de leurs préférences ou exigences
vis-à-vis des matières organiques (Tuffery, 1980). Quatre
principales classes de pollution ont ainsi été définies en
fonction des quatre niveaux de saprotrophie:
- les eaux oligosaprobes qui sont des eaux propres, presque
saturées en oxygène et pauvres
en matière organiques ;
- les eaux â-mésosaprobes qui sont des eaux
modérément polluées, légèrement moins
oxygénées que les précédentes et
entièrement minéralisées ;
- les eaux á-mésosaprobes ou eaux moyennement
polluées, à minéralisation incomplète ;
- les eaux polysaprobes qui sont des eaux très
polluées, pauvres en oxygène et riches en gaz
(CO2, SH2). La matière organique
y est abondante et non minéralisée.
I.2.3.5- Indices biotiques
Cette méthode a été
développée sur la faune d'invertébrés benthiques
qui colonisent le substrat et qui sont soumis aux éventuelles
fluctuations de qualité du support aqueux (Tuffery,
1980). Les prélèvements faunistiques sont menés
dans des faciès lentiques et lotiques selon des techniques diverses
adaptées à chaque type de substrat.
La détermination systématique des
invertébrés, se limitant à préciser selon le cas la
famille, le genre ou l'espèce, permet de connaître la composition
de la faune en présence et sa diversité. L'indice biotique
traduisant la qualité biologique d'une eau par des valeurs
numériques conventionnelles variant de 0 à 10 est
déterminé, ceci sur la base d'un tableau standard
représentant un échantillon caractéristique des grands
groupes d'invertébrés aquatiques en fonction de leur survie dans
les eaux polluées ( Tuffery, 1980).
I.2.3.6 - Indice de diversité
spécifique
La diversité
spécifique mesure le rapport entre le nombre d'espèces et le
nombre d'individus faisant partie d'un même écosystème ou
d'une même communauté. Parmi les indices de diversité
couramment utilisés figurent l'indice de Shannon
& Weaver (1948) et celui de Menhinick
(1964). Un indice de diversité élevé correspond à
des conditions de milieu favorables permettant l'installation de nombreuses
espèces (Dajoz, 1985).
I.2.3.7 - Analyses
bactériologiques
En tant que décomposeurs, les microorganismes
(bactéries et champignons, etc...) sont indispensables à la
pérennité des écosystèmes aquatiques. En effet, ils
minéralisent les substances organiques apportées au cours d'eau
par la pollution organique, participant ainsi au phénomène
d'autoépuration (Rivière, 1980). Parmi les microorganismes du
milieu aquatique, certains dits pathogènes sont susceptibles de
provoquer des maladies chez l'homme et les animaux à sang chaud. Il
apparaît en conséquence indispensable de toujours s'assurer que la
qualité hygiénique des eaux des réseaux naturels
(rivières, étangs, lacs...) s'accorde à leurs usages.
L'analyse bactériologique des eaux permet de
rechercher les bactéries pathogènes, d'évaluer les risques
de contamination par ces bactéries et de contrôler
l'efficacité des traitements des eaux (Rodier, 1996). Cette analyse
procède par la recherche des bioindicateurs de contamination
fécale que Rodier (1996) définit comme des bactéries
d'habitat fécal normal et exclusif. Il s'agit notamment des coliformes
fécaux et des streptocoques fécaux.
Les coliformes fécaux (CF) ou coliformes
thermotolérants sont des bacilles à Gram négatif de la
famille des Enterobacteriaceae, non sporulés, oxydases positifs,
aérobies ou anaérobies facultatifs. Ils peuvent se
développer en présence des sels biliaires ou d'autres agents de
surface équivalents. Ils fermentent le lactose avec production d'acide
lactique et de gaz en 24 à 48 heures à une température de
41 à 44°C (OMS, 1994).
Quant aux streptocoques
fécaux (SF), ce sont ceux du groupe D selon la classification
sérologique de Lancefield (Delarras, 2000).
Assimilés au groupe des Entérocoques d'après la
définition de la norme expérimentale NF XPT 90 - 416 de 1996, ce
sont des Cocci en chaînettes (sauf exception), á ou â
hémolytiques et à Gram positif (Delarras, 2000).
CHAPITRE II
![](Effets-des-rejets-dune-usine-de-traitement-de-la-cellulose-sur-la-qualite-des-eaux-du-Ntsomo-Etud4.png)
II.1 - Site d'étude
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