III.1- Mesures hydrologiques
Le tableau 2 résume les données hydrologiques du
ruisseau Ntsomo.
Tableau 2:
Résultats des mesures hydrologiques
Paramètre
|
Station
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Pente (%)
|
8,59
|
0,80
|
0,80
|
0,18
|
Section mouillée (m2)
|
0,0087
|
0,1925
|
0,1450
|
0,2700
|
Vitesse (m/s)
|
0,090
|
0,067
|
0,178
|
0,200
|
Débit (m3/s)
|
0,787.10-3
|
12,9.10-3
|
25,8.10-3
|
54.10-3
|
· Profil en long
L'observation du profil en long du Ntsomo (fig.3) laisse
entrevoir 3 tronçons de pentes relativement différentes. Le
tronçon de plus forte pente (8,59 %) s'étend sur 640 m environ,
de la source à l'entrée de l'étang d'Efoulan : c'est
le cours supérieur du Ntsomo. Le tronçon de pente moyenne (0,80
%) constitue le cours moyen du Ntsomo avec une longueur estimée à
1360 m. Le cours inférieur qui constitue le dernier tronçon a une
pente de 0,18 % et une longueur d'environ 3250 m (tableau 2).
· Section mouillée
La section mouillée est globalement croissante de
l'amont vers l'aval (fig.4). On note
toutefois que la section à la station 3 est
inférieure à celle de la station 2, ceci impliquant une
accélération de la vitesse d'écoulement des eaux en ce
lieu.
· Vitesse d'écoulement des
eaux
La vitesse d'écoulement des eaux prise au niveau des
stations d'étude varie de façon
irrégulière quand on va de l'amont vers l'aval
(tableau 2). Elle baisse entre les stations 1 et 2, ce qui s'explique par la
localisation de la station 1 sur le cours supérieur du Ntsomo où
la pente est plus forte (8,59 %), tandis que la station 2 est située
à l'entrée du cours moyen où la pente est moyenne (0,80).
Toutefois, les autres fluctuations observées sont le fait de la pente du
cours d'eau au niveau des stations d'étude.
· Débit
Le débit du Ntsomo augmente graduellement de la source
vers l'embouchure. De 0,787.10-3 m3/s à la source
on atteint 54.10-3 m3/s à la station 4 soit une
augmentation d'environ 70 fois (fig.5). Cet accroissement du débit est
dû aux apports latéraux des différents affluents
débouchant dans le cours principal.
III.2 - Analyses physico-chimiques
III.2.1- Analyses physiques
· Température
La température de l'eau du Ntsomo varie très peu
d'une station à l'autre. Les valeurs extrêmes sont 23,5 °C
à la station 4 et 25 °C aux stations 2 et 3 (fig.6). On ne note pas
de grandes différences entre ces valeurs et celles de la
température de l'air prise à l'ombre au niveau des mêmes
stations. En effet, l'écart maximal observé est de 1°C. La
température de l'air est toujours supérieure ou égale
à celle de l'eau.
· Matières en suspension
A l'état de trace à la source, la teneur en
matières en suspension est maximale à la station 3 (fig.7).
Cette forte teneur (160 mg/l) serait liée aux apports des effluents
d'une porcherie située en amont de cette station. Il faut
également noter que le rétrécissement du lit du Ntsomo en
ce lieu favorise une accélération du courant qui remet les boues
en suspension. Hormis cette station, les teneurs en matières en
suspension restent inférieures à la valeur
considérée normale (= 30 mg/l) par les critères
d'appréciation de la qualité de l'eau présentés par
Rodier (1996).
III.2.2 - Analyses chimiques
· pH
Les valeurs du pH obtenues indiquent que les eaux du Ntsomo
sont faiblement acides. De 5,05 à la source, le pH augmente à la
station 2 (6,50) et reste pratiquement constant aux stations 3 (6,49) et 4
(6,54) (fig.8). Ces mesures sont très proches de celles indiquées
par Ajeagah (1997) sur l'Ekozoa et Ngangué (1999) sur l'Abiergué
où le pH se situe entre 6,50 et 6,80. Ces valeurs permettent selon les
critères de qualité présentés par Rodier (1996) et
Arrignon (1998), de classer les eaux du Ntsomo dans la catégorie des
eaux favorables à la reproduction et au développement de la
plupart des espèces aquatiques.
· Conductivité électrique
La conductivité électrique est faible à
la source (141 uS/cm) et très élevée le long du
cours d'eau avec un maximum de 1675 uS/cm à la station 2 (fig.9). Les
valeurs obtenues pour les stations 2 à 4 sont supérieures
à 1000 uS/cm. Arrignon (1998) faisait remarquer que de telles eaux
étaient soumises à une minéralisation excessive des
matières organiques qui les rendait impropres à l'irrigation. Le
maximum obtenu à la station 2 trouve son explication dans la
proximité de cette station à l'étang d'Efoulan qui est un
milieu lentique, propice à la minéralisation des matières
organiques. Cette minéralisation étant essentiellement le fait
des bactéries hétérotrophes (Billen et al.,
1999).
· Azote ammoniacal et orthophosphates
La teneur en azote ammoniacal est faible à la source
(0,05 mg/l) et s'échelonne entre 2,22 mg/l (ST3) et 2,74 mg/l
(ST2) (fig.10). La teneur en orthophosphates quant à elle
varie nettement le long du Ntsomo. La plus forte valeur a été
obtenue à la station 3 (12,72 mg/l) et la plus faible à la
station 4 avec 1,83 mg/l (fig.10).
La forte concentration de l'eau en orthophosphates
observée à la station 3 s'expliquerait par l'apport des
effluents de la porcherie qui se trouve dans son voisinage. Les ions
orthophosphates sont la forme minérale du phosphore qui est un
élément nutritif biogène favorable à la croissance
des algues et macrophytes (Hecky & Kilham, 1988). Sa faible concentration
à la station 4 serait la conséquence de son pompage par les
algues du genre Spirogyra présentes à cette station, de
même que par les macrophytes qui abondent dans cette zone de
broussailles. Dans l'ensemble, ces teneurs en orthophosphates sont du
même ordre de grandeur que celles obtenues sur l'Abiergué par
Foto et Njiné (1997). Les mesures de l'azote ammoniacal obtenues sur le
Ntsomo sont par contre nettement inférieures à celles
indiquées sur l'Abiergué par les mêmes auteurs.
· DBO5 et DCO
Les valeurs de la DBO5 sont globalement
élevées dans toutes nos stations d'étude. De 40 mg
d'O2/l à la source, la DBO5 passe à 65 mg
d'O2/l à la station 2 et à 70 mg d'O2/l aux
stations 3 et 4 (tableau annexe 1). Le profil de la DCO a la même allure
que celui de la DBO5 à l'exception de la station 4 où
sa valeur (193,80 mg d'O2/l) est d'au moins deux fois
supérieure à celle mesurée à chacune des deux
stations précédentes (fig.11).
Ces valeurs de DCO et de DBO5 sont semblables
à celles obtenues sur l'Abiergué par Foto & Njiné
(1997) (DCO et DBO5 comprises respectivement entre 73,50 19,78 mg
d'O2/l et 133,01 34,53 mg d'O2/l d'une part et 46,64
11,50 mg d'O2/l et 69,53 22,60 mg d'O2/l d'autre part).
La DBO5 sur le Ntsomo est par contre supérieure à
celle indiquée sur l'Ekozoa (DBO5 33,30 mg
d'O2/l) par Ajeagah (1997).
Le rapport DBO5/DCO > 0,50 indique la
présence dans l'eau de matières de dégradabilité
facile et rapide (Anonyme, 2002). C'est le cas de l'eau du Ntsomo aux stations
1, 2 et 3. La valeur de ce rapport étant inférieure à
0,50 à la station 4, on peut dire que ce ruisseau accumule en
ce lieu des substances difficilement biodégradables. Cette situation
serait la conséquence du ruissellement jusque dans le
cours d'eau des effluents industriels émis par SITRACEL S.A.
·
Oxygène dissous
Les valeurs du pourcentage de saturation de l'eau en
oxygène dissous obtenues sont faibles dans l'ensemble et ne
présentent pas de grande différence d'une station à
l'autre. Leur profil décroît continuellement de la source vers
l'embouchure, avec une baisse régulière de 0,5 % de saturation en
oxygène quand on passe de la station 2 à la station 3 puis 4
(fig.12).
La condition d'une saturation en oxygène d'au moins 50
% nécessaire au maintien d'un pouvoir normal
d'autoépuration (Klein, 1959) n'est satisfaite dans aucune des stations
d'étude.
Il est intéressant de rapprocher les faibles teneurs
en oxygène dissous aux charges en substances organiques
biodégradables (DBO5) qui restent élevées dans
toutes les stations, ainsi qu'au fort degré de minéralisation des
eaux. La biodégradation de cette importante charge en matières
organiques s'accompagnant d'une consommation de l'oxygène dissous par
les principaux agents dégradateurs que constituent les bactéries
hétérotrophes (Billen et al.,1999) expliquerait les
faibles teneurs en oxygène dissous observées.
III.3 - Composantes biologiques
III.3.1 - Chlorophylle a
Les mesures de la teneur des eaux en chlorophylle a
et les valeurs de biomasses phytoplanctonique correspondantes sont
présentées dans le tableau 3.
Tableau 3 :
Résultats des mesures de la chlorophylle a et
biomasse phytoplanctonique
Paramètre
|
Station
|
2
|
3
|
4
|
Chlorophylle a (ug Chla /l)
|
3,204
|
7,049
|
10,680
|
Biomasse
Phytoplanctonique (ug C/l)
|
112,14
|
246,71
|
373,80
|
On note une augmentation graduelle de la teneur en Chla de la
station 2 (3,20 ìg Chla/l) à la station 4 (10,68
ìg Chla/l) (fig.13). La biomasse phytoplanctonique correspondant
à chacune des stations d'étude est 112,14 ìg C/l ;
246,71 ìg C/l et 373,80 ìg C/l respectivement aux stations 2, 3
et 4 (tableau 3).
Cette augmentation graduelle de la biomasse
phytoplanctonique est à rapprocher de celle du débit dont le
profil est similaire. La croissance de la biomasse phytoplanctonique pourrait
ainsi s'expliquer par les apports des différents tributaires
débouchant dans le cours d'eau principal.
III.3.2 -Zooplancton
Au cours de cette étude, 444 individus
zooplanctoniques ont été dénombrés sur le Ntsomo.
Les Rotifères dominent nettement avec 56 % des individus
observés, suivis des Arthropodes (19 %) où la super-classe des
Crustacés à elle seule constitue les 86 %
prédominés par la forme larvaire soit respectivement 249
Rotifères, 86 Arthropodes dont 74 Crustacés avec 50 larves
Nauplii (fig.14, tableau annexe 2). Les Ciliés, les Annélides et
les Helminthes représentent respectivement 13 %, 6 % et 5 % des
individus dénombrés. L'embranchement des Mollusques est le moins
représentés avec 1 % des individus observés.
Le profil de la densité zooplanctonique dans le Ntsomo
montre une diminution progressive de l'amont vers l'aval (fig.15). Les
résultats obtenus par Foto & Njiné (1997) sur
l'Abiergué révèlent des densités de 230 ind./ml
pour les deux ciliés Paramecium africanum et Colpidium
colpada, une valeur supérieure à celle de la totalité
des ciliés dénombrés sur le Ntsomo. Cette relative faible
densité zooplanctonique serait liée à la faible biomasse
phytoplanctonique relevée aux différentes stations
d'étude, car selon Pourriot et al., (1982), l'abondance des
algues nannoplanctoniques s'accompagne d'un peuplement important
d'espèces zooplanctoniques.
La densité zooplanctonique globale à la station
2 est de 199 ind./l où les individus de l'embranchement des
Rotifères représentent 64 % des spécimens observés,
tandis que Ciliés, Annélides, Helminthes et Arthropodes ont
respectivement 10 %, 10 %, 9 % et 7 % (fig.16). L'espèce
Notommata pseudocerberus de l'embranchement des Rotifères
représente à elle seule près de la moitié de
l'effectif zooplanctonique (97 ind./l) à cette station (tableau annexe
2). On y rencontre également les genres Anuraeopsis et
Brachionus, indicateurs des eaux
â-mésosaprobes et l'espèce Rotoria neptuna qui
caractériseles milieux polysaprobes et
á-mésosaprobes (Kolkwitz & Marsson, 1908 cités par
Verneaux, 1980).
A la station 3 où 154 ind./l ont été
dénombrés (tab. annexe 2), on note une prédominance des
Rotifères suivis des Ciliés et des Arthropodes avec
respctivement 63 %, 18 % et 15 % des effectifs (fig.17). Les espèces
dominantes sont Notomanata pseudocerberus et Anuraeopis
fissa appartenant toutes à l'embranchement des Rotifères
avec respectivement 39 % et 8 % des individus observés. Par ailleurs, la
présence de Anuraeopsis fissa est caractéristique des
eaux â-mésosaprobes (Arrignon, 1998).
La densité zooplanctonique à la station 4 est
nettement moins importante qu'aux deux stations précédentes. On y
rencontre 91 ind./l dont 54 % d'Arthropodes, 25 % de Rotifères et 11 %
de Ciliés (fig.18). Annélides et Mollusques sont les moins
présents avec respectivement 8 % et 2 % des individus
dénombrés. Le Rotifère Notommata pseudocerberus
dominant aux stations 2 et 3 est totalement absent ici. On y rencontre en
outre, des Annélides du genre
Tubifex et des Rotifères du genre
Anuraeopsis qui tous deux sont des genres caractéristiques des
milieux â-mésosaprobes selon la classification de Kolkwitz &
Marsson (1908) cités par Verneaux (1980). Drenner et al.,
(1993) et Havens (1994) montrent une importante diminution du zooplancton
lorsqu'il est exposé aux substances chimiques en mésocosme. La
baisse de la densité zooplanctonique observée à cette
station vient conforter les présomptions de pollution des eaux par les
rejets de SITRACEL. Par ailleurs, cette faible densité zooplanctonique
pourrait être la conséquence de la présence de la zone de
lessive et de baignade en amont de cette station ; Dejoux (1988) faisait
remarquer que les eaux de lessive étaient l'une des causes du
dépeuplement faunistique dans les eaux continentales africaines.
III.3.3 - Macroinvertébrés benthiques
Au cours de cette étude, 18 familles de
macroinvertébrés appartenant aux embranchements des Mollusques,
des Annélides et des Arthropodes ont été
identifiées et dénombrées. 107 individus ont
été dénombrés le long du Ntsomo, soit 12
annélides (11 %), 38 mollusques (36 %) et 57 Arthropodes (53 %)
exclusivement de la classe des Insectes (fig. 19, tableau annexe 3).
Le profil de la densité des
Macroinvertébrés le long du Ntsomo indique une plus grande
densité à la station 3 (45 ind./ 5 épuisettes), suivie des
stations 2 et 4 avec respectivement 36 ind./ 5 épuisettes et 26 ind./ 5
épuisettes ( fig. 20).
A la station 2, on observe 36 ind./ 5 épuisettes
dominés par les Mollusques (59 %) dont les familles des Physidae et des
Hydrobiidae avec respectivement 14 ind. et 6 ind./5 épuisettes (tableau
annexe 3) constituent la moitié des individus dénombrés.
On note en outre la présence des Annélides de la famille des
Erpobdellidae (tableau annexe 3), qui sont indicateurs des milieux á et
â-mésosaprobes (Kolkwitz & Marsson, 1908 cités par
Verneaux, 1980).
A la station 3, 45 ind. ont été
dénombrés pour 5 épuisettes avec une dominance des
Arthropodes de la classe des insectes (62 %), les Mollusques et les
Annélides constituant respectivement 29 % et 9 % des spécimens
observés (fig.22). Les familles prépondérantes ici sont
celles des Chironomidés de l'embranchement des Arthropodes (13 ind. /5
épuisettes)
et celle des Hydrobiidés de l'embranchement des
Mollusques. Ces Chironomidés sont par ailleurs caractéristiques
des milieux très pollués (Arrignon, 1998).
La densité des macroinvertébrés est
moindre à la station 4. On y a dénombré 26 ind./ 5
épuisettes nettement dominés par les Arthropodes (81 %), les
Mollusques et les Annélides représentant respectivement 15 % et 4
% (fig.23). Deux familles de l'embranchement des Arthropodes dominent
ici : celle des Chironomidae avec 10 ind./ 5 épuisettes et celle
des Coenagrionidae avec 7 ind./ 5 épuisettes (tableau annexe 3). Dans
les eaux courantes, une certaine quantité d'invertébrés
est constamment entraînée vers l'aval suite au
phénomène de dérive (Dajoz, 1985). On se serait de ce fait
attendu à une plus grande densité de
Macroinvertébrés à cette station 4 située vers
l'aval. La faible densité de Macroinvertébrés
observée ici témoigne de la présence de substances
toxiques qui inhibent la prolifération de ces organismes. En outre, elle
confirme l'état de pollution des eaux à cette station par des
rejets de la SITRACEL relevé par le rapport DBO5/DCO, se
traduisant également par sa très faible densité
zooplanctonique.
III.3.4 - Evaluation du degré de pollution
organique des eaux au moyen
des méthodes
biologiques
III.3. 4-1 Utilisation de la méthode des
saprobies
Le calcul de l'indice de saprobie de Pantle & Buck (1955)
des échantillons récoltés au niveau des stations
d'étude donne des résultats relativement similaires (tableau 4)
qui indiquent que les stations 2, 3 et 4 se situent dans la zone
â-mésosaprobe (1 = S = 2,5).
Ces résultats confirment ceux des analyses
physico-chimiques, qui montrent des mesures de DBO5 sensiblement
égales d'une station à l'autre. La valeur relativement
élevée de cet indice à la station 2, liée à
la présence d'espèces indicatrices des milieux
á-mésosaprobes et polysaprobes s'expliquerait par la
proximité de cette station avec l'étang d'Efoulan situé en
amont, en état d'eutrophisation avancée.
La qualité globale des eaux du Ntsomo reste toutefois
meilleure à celle indiquée par Foto et al. (2002) pour
les cours d'eau Aké, Ebogo, Ewoué, Ntem, Tongolo du même
réseau hydrographique du Mfoundi, dont les niveaux de saprobie sont plus
élevés.
Tableau 4 : Indice de saprobie de Pantle
& Buck (1955) et Indice de diversité de
Menhinick (1964) et de
Shannon & Weaver (1948) le long du Ntsomo
Paramètre
|
Station
|
2
|
3
|
4
|
Indice de
Menhinick
|
1,37
2,00
|
1,54
2,24
|
1,58
1,20
|
Indice de
Shannon & Weaver
|
2,29
2,83
|
2,48
3,23
|
1,96
2,29
|
Indice
saprobique
|
2,35
-
|
2,12
-
|
2,28
-
|
Niveau de
saprobie
|
â- mésosaprobe
-
|
â- mésosaprobe
-
|
â- mésosaprobe
-
|
Ciliés
Macroin-
vertébrés
III.3.4.2 - Utilisation des indices de
diversité
L'abondance et la structure des communautés de
macroinvertébrés inféodées aux habitats aquatiques
sont en relation avec les caractéristiques physiques et chimiques des
eaux, ce qui fait d'eux de véritables indicateurs biologiques
(Hilsenhoff, 1997). Le calcul des indices de diversité de Shannon &
Weaver (H') et de Menhinick (d) des Macroinvertébrés au niveau
des différentes stations d'étude du Ntsomo indique des milieux de
diversité relativement différente. Les valeurs obtenues indiquent
une plus grande diversité à la station 3 (H' = 3,23 ; d =
2,24) suivie de la station 2 (H' = 2,83 ; d = 2), la station 4 (H' =
2,29 ; d = 1,20) étant la moins diversifiée (tableau 4). Le
calcul de l'indice de diversité de Shannon et Weaver chez les
Ciliés donne lieu à des interprétations similaires.
D'après Arrignon (1976) cité par Foto (1997), un
indice de Shannon et Weaver inférieur à 2 indique une pollution
permanente. Un indice supérieur à 3 est indicateur d'un bon
état hydrologique alors que pour les valeurs comprises entre 2 et 3, la
situation est douteuse. Dans notre cas, ces indices de diversité
suggèrent une situation hydrologique douteuse pour les stations 2 et 3
et une pollution permanente à la station 4.
III.3.5 - Analyses bactériologiques
Les concentrations des coliformes fécaux et des
streptocoques fécaux dans les eaux du Ntsomo s'échelonnent
respectivement entre 8.103 et 11.103 UFC/100 ml pour les
premiers et entre 12.102 et 15.104 UFC/100 ml pour les
seconds. Les concentrations maximales de ces microorganismes ont
été obtenues aux stations 2 et 3 respectivement pour les
coliformes fécaux et les streptocoques fécaux (tableau 5).
46
Tableau 5 : Résultats des analyses
bactériologiques (valeurs moyennes) et indication de
l'origine probable des
souillures fécales observées dans le Ntsomo
Paramètre
|
Station
|
2
|
3
|
4
|
Moyenne CF/100ml
|
11.103
|
8.103
|
10.103
|
Moyenne SF/100ml
|
57.102
|
15.104
|
12.102
|
CF/SF
|
1,93
|
0,053
|
8,33
|
Origine probable des souillures
fécales
|
Mixte
|
Animale
|
Humaine
|
CF : Coliformes fécaux
SF : Streptocoques fécaux
Ces résultats obtenus aux différentes stations
d'étude attestent que les eaux du Ntsomo hébergent de fortes
densités de bactéries fécales indicatrices d'une
contamination d'origine fécale de ses eaux.
Considérant les rapports des moyennes de CF/SF,
l'origine probable des souillures fécales a été
établie d'après les critères de l'Agence américaine
de Protection de l'Environnement (Nola et al., 1998). Ainsi, l'origine
fort probable de la pollution selon ces critères est humaine si ce
rapport est supérieur à 4, animale si le rapport est
inférieur à 0,7 ; mixte si le rapport est compris entre 1et
2. La pollution a donc une cause essentiellement animale, mixte et humaine pour
les eaux respectivement des stations 3, 2 et 4.
Les fluctuations spatiales de la densité des
germes fécaux semblent fortement liées aux facteurs locaux tels
que la densité des populations animale et humaine. La station 3 qui
apparaît comme la plus contaminée en souillures fécales
(fig.24) le doit à sa proximité à la porcherie dont les
effluents se mélangent aux eaux du Ntsomo. Nos investigations ne
révèlent que très peu de sources ponctuelles de
contamination fécale le long du cours d'eau. Nola et al. (1998)
indiquent toutefois que les propriétés physiques du sol de la
région de Yaoundé (granulométrie, porosité et
densité réelle) pourraient favoriser la pollution de la nappe
phréatique. On comprendre dès lors que les eaux du Ntsomo
puissent être contaminées par le biais de la nappe
phréatique souillée par les nombreuses latrines et fosses
septiques mal construites dans son bassin versant.
A l'endroit des populations riveraines du Ntsomo qui
utilisent ses eaux à la l'abreuvement des animaux, la lessive et la
baignade, ces résultats montrent les risques d'infection auxquels elles
s'exposent. Selon Rodier (1996), il est admis qu'une eau est susceptible de
contenir des microorganismes pathogènes chaque fois que la
présence de matières fécales est prouvée.
Long de 5,25 km et ayant un bassin versant d'une superficie
d'environ 6,42 km2, le Ntsomo est ruisseau du réseau
hydrographique du Mfoundi qui subit des pressions diverses
(pressions démographiques,
décharges publiques, élevages, industrie, etc...), lesquelles
affectent directement ou indirectement la qualité de ses eaux.
Les analyses physico-chimiques révèlent en
amont une pollution organique d'origine urbaine à laquelle vient
s'ajouter en aval une pollution industrielle provenant de SITRACEL S.A. Les
paramètres indicateurs de pollution organique montrent une charge en
substances organiques biodégradables (DBO5) globalement
élevée le long du cours d'eau. Le rapport DBO5/DCO
inférieur à 0,5 indique la présence à la station 4
de substances peu ou pas biodégradables, caractéristiques d'une
pollution par les effluents industriels. Cette importante charge en
matières organiques biodégradables justifie les niveaux de
minéralisation excessifs et explique les faibles teneurs en
oxygène observées le long de ce ruisseau, l'oxygène
étant consommé par les bactéries et autres microorganismes
hétérotrophes lors du processus de biodégradation des
matières organiques.
L'examen du zooplancton révèle des
densités relativement faibles le long du cours d'eau. Cette faible
densité est la conséquence de ce que la biomasse
phytoplanctonique reste basse sur toute la zone d'étude. Les
Macroinvertébrés comptent 18 familles appartenant à trois
embranchements (Mollusques, Annélides et Arthropodes). On note une
plus faible densité des Macroinvertébrés à la
station 4 qui rapprochée à la baisse de la densité
zooplanctonique observée à cette même station atteste
d'une pollution des eaux en ce lieu par les rejets de SITRACEL.
L'application de la saprobiontie aux peuplements infusoriens
montre que ce ruisseau se situe dans la zone â-mésosaprobe avec
une tendance -mésosaprobe observée à la station 2. Le calcul
des indices de diversité de Shannon & Weaver et de Menhinick indique
une meilleure qualité des eaux aux stations 2 et 3 comparée
à la station 4 confirmant ainsi l'état de pollution industrielle
des eaux à cette station.
Les eaux du Ntsomo hébergent de fortes
densités de bactéries fécales, ce qui indique pour les
populations riveraines d'importants risques épidémiologiques
liés aux différents usages des eaux de ce ruisseau. L'origine des
souillures fécales varie d'une station à une autre et peut
être surtout humaine, animale ou même mixte ; ce qui traduit
selon le cas la nature des activités anthropiques menées dans
les secteurs environnant ces stations. Les populations riveraines en contact
avec les eaux s'exposent à des risques sanitaires certains. Des
études ultérieures impliquant la recherche des germes
pathogènes donneront d'amples informations sur la nature et l'ampleur
de ces risques épidémiologiques.
Les analyses physico-chimiques, biologiques et
bactériologiques de même que les mesures hydrologiques telles que
nous les avons menées ne nous donnent qu'une idée de la
qualité des eaux du Ntsomo limitée à la petite saison
sèche. Une étude de la dynamique de ces différents
paramètres qui s'étendrait sur toutes les saisons de
l'année constituerait une base de données pour une meilleure
connaissance et une meilleure gestion de ce cours d'eau.
On se serait attendu à une meilleure qualité des
eaux de la station 2 du fait de la situation à la sortie des eaux de
l'étang d'Efoulan. Une étude de cet étang en vue de
l'amélioration de la qualité des eaux du Ntsomo est à
envisager.
Une évaluation au laboratoire des effets
écologiques des effluents de SITRACEL S.A sur microcosme d'eau douce
contribuerait à mieux appréhender l'impact de ces rejets sur le
cours d'eau.
Les pollutions relevées dans le Ntsomo, qu'elles
soient organiques, inorganiques, industrielles ou fécales soulignent la
nécessité d'un suivi permanent de la qualité de ses eaux
pour une meilleure gestion de cette ressource. A cet effet, des mesures visant
à la réduction des flux polluants sont proposées :
- la sensibilisation des divers intervenants (riverains,
pouvoirs publiques, opérateurs
industriels...) sur la nécessité de
protéger les milieux aquatiques ;
- la construction dans les élevages de stations
d'étangs ou de fosses d'aseptisation des
effluents avant leur rejet dans l'environnement ;
- l'installation d'une station d'épuration à la
SITRACEL après l'étude sus-citée afin de
préserver le milieu naturel des méfaits dus aux
déchets de sa production ;
- l'initiation des populations à la construction de
latrines ou de fosses septiques
modernes afin de limiter les cas de contamination de la nappe
phréatique ;
- la création à long terme d'organismes
à l'instar de la DDASS, la DIREN, l'Agence de
l'Eau qui en France s'occupent de la surveillance de la
qualité du réseau hydrographique, des milieux aquatiques sur les
sites de production d'eau potable ou de baignade, de la police des eaux.
Ajeagah, G.A. (1997). Application of artificial substrate: The
polyurethane foams, for the
colonisation of ciliated protists, in
assessing the pollution in an urban stream
in Yaounde, memory of master, The
University of Yaounde I.
Agence de l'Eau (1993). Etude biologique de l'impact des
aménagements sur les capacités
autoèpuratrices des cours
d'eau. Etude inter agences, Paris.
Angeli, N. (1980). Interactions entre la qualité de
l'eau et les éléments de son plancton.
In: P. PESSON (Eds). La pollution
des eaux continentales.
Paris: Gauthier - Villars.
|