La question de l'eau est incontestablement
le problème environnemental qui aura le plus mobilisé l'attention
de la communauté internationale ces vingt dernières
années. Du sommet de Rio en 1992 à celui de Johannesburg en
2002, en passant par les forums de l'eau tenus à Marrakech en
1997, la Haye en 2000 et récemment celui de Kyoto en 2003, on
a noté un intérêt particulier accordé à la
production d'eau potable et sa mise à la disposition d'un grand nombre
de personnes. Ces objectifs passent par une meilleure gestion des ressources en
eau.
Les industries, les villes et l'agriculture déversent
des quantités non négligeables d'effluents et de déchets
divers plus ou moins traités dans la nature et contaminent cette
ressource vitale. Un chiffre illustre à lui seul le poids
économique et social d'une eau polluée : 80 % des maladies
de la population mondiale sont dues à l'eau (Cazalas & Gautron,
1993).
Au Cameroun, l'utilisation des cours d'eau pour
l'évacuation des déchets liquides des villes et des industries
est la cause première de la dégradation de la qualité des
eaux (Foto, 1991). Malgré la construction des stations
d'épuration par les promoteurs des cités à Yaoundé,
le problème de pollution de l'environnement par les eaux usées
demeure tout entier à cause du dysfonctionnement ou de l'arrêt de
ces installations, suite à une mauvaise exploitation (Sikati, 1998).
L'enrichissement des eaux en matières nutritives entraîne une
série de changements symptomatiques tels que la dégradation de
leur qualité physico-chimique, l'accroissement de la production d'algues
et de macrophytes, et d'autres modifications considérées comme
indésirables et néfastes aux divers usages de l'eau
(Meybeck, 1998). Il en résulte ainsi une dégradation des
écosystèmes aquatiques qui se manifeste par la destruction de
l'habitat, la perte de la diversité biologique et de la qualité
de l'eau (Neckmen, 1999).
Les travaux effectués sur le réseau
hydrographique du Mfoundi, précisément sur le Mfoundi et
l'Abiergué (Foto, 1989, 1991), sur l'Ekozoa (Ajeagah, 1997), sur le
Mfoundi et l'Abiergué (Foto & Njiné, 1997), sur
l'Abiergué (Ngangué, 1999), sur l'Aké, l'Ebogo,
l'Ewoué, le Tongolo et le Ntem (Foto et al., 2002) montrent
que ces cours d'eau sont sujets à une pollution essentiellement
organique. Djuikom (1998) indique des risques graves de
contamination par des germes pathogènes d'origine hydrique, liés
à l'usage des eaux des cours d'eau de ce réseau hydrographique
par les populations.
Le but de cette étude est d'évaluer la
qualité des eaux du Ntsomo, un ruisseau du même réseau
hydrographique que les précédents, qui se singularise par la
pauvreté des données y afférant dans la
littérature. Après détermination de la situation
hydrogéographique et hydrologique du Ntsomo, l'impact de l'action
anthropique sur la qualité physico-chimique de ses eaux sera
évalué. Le recours à la méthode des saprobies et
l'application des indices de diversité à l'inventaire des
peuplements du milieu conduiront à la détermination du niveau de
pollution de ce cours d'eau. L'intérêt sera par la suite
porté sur l'évaluation du risque épidémiologique
d'origine hydrique lié aux usages des eaux du Ntsomo. La présente
étude s'articule sur trois chapitres dont le premier est consacré
à la revue de la littérature. Le second chapitre renseigne sur le
cadre géographique de l'étude et expose les méthodes et
techniques utilisées. Les résultats et la discussion qui
découle de leur interprétation font l'objet du troisième
chapitre, suivi de la conclusion, des perspectives et des recommandations.
CHAPITRE I
I .1- Généralités sur les milieux
aquatiques
On estime à 1.360 millions de km3 le
volume d'eau accumulé sur la terre dont 99,5 % se trouve sous la forme
salée ou glacée, et 0,5 % seulement (soit environ 7 millions de
km3) sert d'eau utile à la vie à la surface de la
terre (Cazalas & Gautron, 1993).
Les ressources en eau sont scindées en deux grands
groupes:
- les eaux souterraines réparties en nappes captives,
libres, phréatiques;
- les eaux de surface (cours d'eau, lacs, étangs,
barrages, réservoirs, etc...).
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