INTRODUCTION
En matière de productions animales, les systèmes
d'élevage bovin pratiqués actuellement en Afrique subsaharienne
sont caractérisés par un niveau faible de productivité
pouvant être expliquée essentiellement par les contraintes
génétiques, alimentaires, sanitaires et climatiques.
Le faible potentiel génétique des races locales
et les sorties de devises pour l'importation du lait et des produits laitiers
ont contraint beaucoup de pays subsahariens à accroître la
production laitière nationale. Ainsi, l'amélioration de la
fertilité demeure un des objectifs prioritaires pour optimiser le
potentiel de reproduction et donc de production de l'élevage bovin.
En pratique, les politiques de développement de
l'élevage bovin dans les pays subsahariens ont opté pour une
politique d'intensification de la production laitière locale par
l'entremise d'un vaste programme d'amélioration génétique
du cheptel autochtone grâce notamment à la biotechnologie de
l'insémination artificielle (IA).
Malheureusement, l'analyse des résultats sur
l'insémination artificielle en Afrique subsaharienne a montré une
faiblesse des taux de réussite: au Sénégal: 44,3%
[NISHIMWE, 2008]; en Mauritanie: 46,45% [TENE, 2008];
en Guinée: 50% [KAMGA WALADJO et al., 2007];
au Cameroun: 38,09% [BADAI, 2008]; au Burkina-Faso: 38,61%
[NYANTURE, 2007]; au Mali: 55% et au Tchad: 45%
[BERTRAND, 2006].
Plusieurs facteurs sont à l'origine de ces faibles taux
d'IA; notamment la non maîtrise des paramètres de la reproduction
chez la vache, l'alimentation et surtout les avortements.
En effet, dans les élevages bovins laitiers, les
avortements se sont révélés comme les causes majeures de
pertes économiques car sans production de veaux il n'y a pas de
rentabilité économique de l'élevage et donc pas
d'intensification de la production [GATSINZI, 1989].
Ces fléaux économiques de l'élevage
peuvent se définir comme des pertes de gestation et regroupent les
mortalités embryonnaires, les avortements cliniques dûment
constatés par l'éleveur ou le vétérinaire, les
retours en chaleurs de l'animal ou encore les diagnostics de non-gestation
posés par le vétérinaire [HANZEN,
2008].
Les causes des avortements sont multiples, non infectieuses ou
infectieuses.
Dans les troupeaux de vaches laitières, les avortements
sont l'un des problèmes majeurs limitant la productivité, ils ont
une importance non négligeable. Ils rêvent un rôle important
en terme de santé publique. Ainsi, une part non négligeable des
avortements est due à des agents infectieux zoonotiques, et certaines de
ces zoonoses sont loin d'être bénignes d'un point de vue
médical [HAUREY, 2000]. De ce fait, leurs importances
sont également sanitaires; l'avortement d'une vache dans un
élevage doit toujours conduire le praticien à évoquer les
maladies abortives. Enfin, les avortements occasionnent des pertes
économiques sévères, ayant à la fois des effets
directs sur les animaux (pertes de veaux, stérilité, augmentation
des intervalles entre vêlages, diminution de la production
laitière) et des effets indirects sur les productions animales tels que
le coût des interventions vétérinaires et de la
reconstitution des cheptels [REKIKI et al., 2005].
Ainsi, pour une meilleure rentabilité économique
de l'élevage et l'intensification de la production; la connaissance des
facteurs associés aux avortements et les méthodes de diagnostic
constitue le meilleur moyen de les maîtriser au sein des élevages
bovins.
L'objectif général de notre travail est de
synthétiser les connaissances actuelles sur les avortements dans
l'espèce bovine.
De façon spécifique, il s'agit de:
> Faire le point des facteurs étiologiques des
mortalités embryonnaires et des avortements cliniques au sein de
l'élevage bovin;
> Dégager les méthodes de diagnostic des
mortalités embryonnaires et des avortements cliniques au sein du
troupeau;
> Dégager les stratégies de lutte contre les
avortements.
Ce travail basé sur une synthèse bibliographique
comprend 2 parties:
+ La première partie qui est consacrée à la
physiologie de la gestation et les avortements chez la vache
+ et une seconde partie est consacrée aux
méthodes de diagnostic et stratégies de lutte contre les
avortements. Enfin, des recommandations sont formulées à
l'endroit de tous les acteurs impliqués dans l'amélioration des
productions animales.
LA PHYSIOLOGIE DE LA GESTATION ET
LES AVORTEMENTS CHEZ LA VACHE
CHAPITRE I: LA PHYSIOLOGIE DE LA
GESTATION
La gestation ou gravidité correspond à la
période de la vie de la femelle qui s'écoule entre la
fécondation et la mise bas. L'événement essentiel de la
gestation est la fécondation qui est la transformation de l'ovocyte en
oeuf, suite à la fusion avec le spermatozoïde.
Dans ce chapitre, nous évoquerons les phases de la
gestation, sa durée, sa régulation et sa biochimie.
I.1. Principales phases de la gestation
La gestation se divise en deux périodes à savoir la
progestation et la gestation proprement dite.
I.1.1. Progestation
La progestation correspond à la période pendant
laquelle l'oeuf issu de la fécondation mène une vie libre dans
l'utérus.
Elle comprend trois phases. Il s'agit respectivement de la
traversée tubaire, la phase pré-implantatoire et la nidation ou
implantation.
I.1.1.1. Traversée tubaire
Elle correspond au transit de l'oeuf depuis le lieu de la
fécondation jusqu'à l'utérus grâce aux contractions
de la trompe et les battements des cils de l'épithélium tubaire.
Pendant cette période la nutrition de l'oeuf est assurée par les
sécrétions de l'oviducte.
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