CONCLUSION GENERALE
Sans prétention aucune d'avoir épuisé la
question du témoignage dans la procédure pénale au
Cameroun, l'on peut remarquer au terme de notre étude que le
témoignage est un mode de preuve irremplaçable en
procédure pénale camerounaise. Il occupe une place de choix parmi
les modes de preuve en matière pénale au Cameroun. Presque dans
tout procès pénal, on a recours aux services des témoins
pour établir aussi bien le corps du délit que la
responsabilité pénale des délinquants.
Conformément au principe de la légalité
dans l'administration des preuves, le droit positif l'a
réglementé. Il oblige par exemple toute personne ayant des
informations sur la commission d'une infraction ou de ses auteurs à les
révéler à la justice à moins d'être
liée par un secret professionnel.
Toutefois, la mise en oeuvre du témoignage en
procédure pénale camerounaise rencontre beaucoup de
difficultés. Certaines concernent l'investigation et la présence
du témoin qui n'est pas toujours assurée devant nos juridictions
ceci étant en grande partie dû à la peur des
représailles et au découragement des témoins.
D'autres sont relatives à la fiabilité douteuse
du témoignage. En effet le risque toujours présent de faux
témoignage et les mauvaises qualités du témoin sont
à même de détourner le prétoire de la
vérité. A cela s'ajoute l'appréciation du juge qui peut
être subjective et erronée.
N'a-t-on pas l'habitude de le dire : " l'erreur est
humaine" ? Ce dicton populaire se vérifie parfaitement en
matière de témoignage dans la mesure où l'homme intervient
à tous les stades. C'est lui qui le fournit et c'est encore lui qui
l'apprécie. L'homme n'étant pas parfait, sa justice ne peut
être elle-même parfaite, dépourvue d'erreurs, la perfection
étant du domaine de la divinité. Mais on doit ressentir dans ses
actions un besoin permanent de tendre vers la perfection. Ce besoin, nous
l'avons retrouvé dans le CPP qui s'est manifesté par les
mutations et innovations profondes dans l'administration du témoignage
en vue de se rapprocher davantage de la vérité, objectif
principal du procès pénal.
En élargissant par exemple le cercle des témoins
à la personne poursuivie, le législateur a certes heurté
le principe de la présomption d'innocence mais a voulu par là
renforcer le caractère accusatoire du procès à la phase de
jugement en associant toutes les parties dans la recherche de la
vérité.
De plus, en rejetant certains témoignages
présumés douteux et en généralisant l'obligation de
prêter serment, le législateur a voulu se rapprocher davantage de
la vérité.
Enfin en soumettant le témoin à un
interrogatoire croisé, le CPP a voulu faciliter la recherche de la
vérité et combattre par là énergiquement le
phénomène de fabrication des preuves et de subornation des
témoins toujours préjudiciables pour la manifestation de la
vérité.
Mais la législation sur la preuve testimoniale brille
par endroit par son mutisme ou son imprécision sur certains aspects.
D'où la nécessité de le renforcer.
Par exemple, la législation sur le faux
témoignage devrait être revue parce que trop perméable dans
ses éléments constitutifs et ne permettant pas une
répression efficiente des délinquants.
La problématique de la protection des témoins
qui aujourd'hui tient à coeur la plupart des législations
étrangères n'a même pas été abordée,
alors que le phénomène de la fuite des témoins devant nos
tribunaux est en majorité dû à la peur des
représailles.
C'est au regard de tous ces constats que nous pensons que
toutes ces règles méritent d'être revues pour
améliorer l'administration du témoignage et la découverte
de la vérité, de la vérité vraie indispensable pour
rendre une juste et saine justice.
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