L'Hôpital de Référence de
Loandjili
Afin de redorer l'image du pouvoir auprès de l'opinion
publique qui lui faisait reproche de ne pas s'occuper des problèmes de
santé, le pouvoir de Brazzaville à mis en oeuvre en 2002 la
construction de l'Hôpital de Référence de Loandjili. Cette
structure était sensée rehausser et désengorger
l'unité de soins héritée de la colonisation :
l'Hôpital de Référence Adolphe Cissé.
Le Dr Firmin Bossali, chef de service de
gastro-entérologie et médecine interne, directeur des affaires
médicales, évoque les problèmes extra fonctionnels de
cet Hôpital i.
206 lits, un indicateur hospitalier trimestriel (Avril, mai,
juin 2005) de 631 malades, un taux d'occupation moyen variant entre 22 et
26 % et un séjour moyen de 5 jours. Voilà les vues
synoptiques de la capacité d'accueil et du mouvement des malades dans
les 12 services médico-, techniques animé par 43 médecins
dont 7 prestataires.
En revanche il manque 9 services à l'Hôpital de
Loandjili pour répondre aux critères d'un CHU (Centre Hospitalier
Universitaire).
Le plateau technique :
Si l'impression générale est plutôt
flatteuse, et permet de répondre aux 2/3 des besoins des services, il
est nécessaire de compléter ce plateau, notamment en :
Radiologie : Scanner, table
télécommandée, mammographie...
Gastro-entérologie : endoscopie...
Réanimation : lits adaptés,
appareillage...
Chirurgie : boites chirurgicales, service de
réanimation chirurgicale...
Pédiatrie : soins intensifs pédiatriques,
néonatologie...
Gynécologie obstétrique : lits
adaptés, tables de réanimation néonatales...
Urgences : circuits de fluides médicaux,
matériels d'urgence, ambulances médicalisées...
Ophtalmologie : manque d'équipement moderne...
Stomatologie : radiographie panoramique, laboratoire de
prothésiste...
ORL : chambre acoustique, endoscopie...
Service de bio maintenance : manque patent de
personnel...
Médecine du travail : manque de
spécialistes...
Laboratoires : sur 6 unités 2 sont en manque
d'équipement...
On peut donc comprendre que les nantis, s'envolent pour aller
se faire soigner dans des pays mieux dotés en structures de soins,
laissant au peuple congolais le service minimal offert..
Au delà de ces manques technico - médicaux
s'ajoutent des problèmes structurels, énergétiques,
d'adduction d'eau et d'épuration des effluents. Pourtant la structure
dispose de son forage, d'une station d'épuration d'eau, mais faute d'une
mission d'expertise susceptible de connecter et de garantir la qualité
de l'eau, ce dispositif demeure inopérant. Les eaux usées
déversées dans l'environnement sont donc polluées et
véhiculent des effluents pathogènes. La chaîne de
responsabilités est complexe, elle revient en premier lieu à
l'Etat, qui décide de la mise en service d'une structure
hospitalière incomplète et dangereuse, aux services
ministériels qui entérinent, à la direction de
l'hôpital qui accepte de travailler dans des conditions non
satisfaisantes, à la mairie de Pointe-Noire qui ne se substitue pas aux
services ad hoc, carentiels, pour assurer la santé de la population.
S'il semble absurde de nier l'utilité de la
construction de l'Hôpital de Loandjili, à l'analyse on voit que sa
mise en service relève de l'inconscience la plus flagrante. La structure
est probablement à ce jour plus dangereuse qu'utile. Un audit de l'OMS
entraînerait très probablement sa fermeture dans l'attente de sa
mise en conformité. Pourquoi les raisons politiques prennent elles une
fois de plus le pas sur les besoins en santé des populations ?
Par contre Pour le Gouvernement
congolais :
Le droit à la santé a toujours
été garanti par les lois fondamentales.
Cependant, si la santé est un droit tel
qu'énoncé ci-dessus, il n'en demeure pas moins vrai que le devoir
de toute personne, à titre individuel ou collectif est de contribuer
à la prise en charge des problèmes de santé dans ses
composantes promotionnelles, préventive, curative et ré
adaptative.
La santé représente un secteur d'investissement
et de ce fait obéit aux règles d'utilisation rationnelle des
ressources.
L'orientation libérale de la société
congolaise fait de la santé un espace privilégié
d'expression des droits humains et d'exercice des libertés
fondamentales.
Dans son ensemble, la population doit avoir un accès
équitable à l'offre de soins de qualité, de telle sorte
que chaque individu et chaque collectivité en bénéficient
selon ses besoins.
La politique nationale de santé adoptée par le
conseil de ministre depuis juillet 2000 vise à améliorer
l'état de santé des populations.
Les axes stratégiques retenus pour la mise en oeuvre de
cette politique sont :
La promotion et la protection de la santé,
l'accessibilité aux soins et aux services, l'intégration des
activités, la promotion du secteur privé, le financement de la
santé, le renforcement des capacités de gestion, la
décentralisation du système de santé, la rationalisation
de la mise en oeuvre des activités et de l'utilisation des ressources de
santé, enfin la participation des individus et des
collectivités.
Les orientations nouvelles redéfinissent le rôle
et les responsabilités de l'Etat dans la gestion du secteur de la
santé.
L'offre des soins relève dorénavant d'une part,
du secteur public représenté par les formations sanitaires de
l'Etat, et du secteur privé à but lucratif ou non lucratif
d'autre part.
Si les confessions religieuses, les associations, les
sociétés mutualistes gèrent le secteur privé
à but non lucratif, et participent ainsi au service public, le secteur
privé à but lucratif comme propriété est
réservé aux personnes physiques ou morales.
Cette redistribution des charges permet à l'Etat de
s'acquitter réellement de ses obligations de service public en
matière d'offre des soins de qualité, et de participation
à la lutte contre la pauvreté.
Le ministère en charge de la santé assure
l'exécution de la politique nationale de santé à travers
ses structures administratives et opérationnelles, ainsi que celles du
secteur privé.
L'Etat garantit les conditions d'une saine concurrence et d'un
développement harmonieux du système national de santé,
grâce à ses fonctions de régulation et d'arbitrage.
A cet effet, les cadres organisationnels de mise en oeuvre
doivent s'adapter à la nouvelle donne, ainsi, la réactualisation
de l'ensemble des textes, juridiques et réglementaire devenant une
tâche urgente et impérieuse.
Le cadre administratif sous-entend la valorisation de la
fonction de gestion des structures et des programmes de santé.
Il intègre les concepts de spécialisation et
d'intégration des programmes et projets, sur l'ensemble du
système de santé.
Le cadre administratif prévoit le renforcement du
rôle normatif des organes centraux et l'amélioration des
capacités opérationnelles des structures intermédiaires et
périphériques.
Il intègre aussi les mécanismes
appropriés pour renforcer la coordination intersectorielle de la
politique nationale de santé.
La mise en oeuvre de la politique nationale de santé
requiert des ressources importantes et des mesures essentielles
d'accompagnement.
Ces mesures au nombre de quatre vont permettre au Congo
l'édification du grand chantier du développement sanitaire au
cours de ce troisième millénaire naissant.
Il s'agit de :
1. la création d'un cadre général
favorable à l'amélioration de la gestion de la santé
2. l'augmentation progressive de l'apport du gouvernement dans
le financement de la santé pour atteindre le seuil minimum de 10 % du
budget de l'Etat ;
3. l'implantation progressive et la dynamisation des ordres
des professions de la santé, compatibles avec l'exercice libéral
des professions médicales et du secteur santé dans leur ensemble
;
4. la création d'un fond de financement de la
santé devant prendre en charge en autres, l'insertion et la
réinsertion des professionnels de la santé dans le secteur
privé.
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