CONCLUSION GENERALE
La politique de décentralisation qui constitue le
lieu de mise en oeuvre des politiques de développement local, institue
aux collectivités de s'appuyer sur leurs ressources réelles ou
potentielles pour se structurer. De plus en plus les Etats se retirent en
délégants leurs compétences aux gouvernements locaux. La
loi au Sénégal portant transfert des compétences a
été votée en 1996. Presque une décennie
après sa promulgation, les collectivités locales dans leur
majorité peinent à s'acquitter convenablement des nouvelles
responsabilités qui leur sont attribuées.
Pour le cas de la ville de Rosso, les ressources qui
constituent les moteurs du développement local sont tributaires de la
réalité géopolitique et géographique du milieu.
Toute politique visant le développement de cette cité doit
nécessairement intégrer cette réalité, s'appesantir
sur les mécanismes à mettre en place afin de faire profiter la
commune au maximum de l'importante rente engendrée par l'effet
frontière, de considérer les activités se déroulant
au niveau de la frontière non point comme un désordre dont il
faut se désoler mais surtout comme un levier du développement. En
effet, il est impossible de penser l'épanouissement économique
des villes périphériques en ignorant la
réalité géographique et économique qui les
soutiennent.
Au regard des résultats obtenus, il apparaît
clairement que, la ville pour sa survie et son développement
socio-économique doit beaucoup à sa voisine du nord. La
proximité géographique, la situation de ville carrefour : le
seul point de la vallée à disposer d'un bac pour traverser, font
que de nombreuses activités y sont développées,
différents et divers acteurs y exercent leurs activités dont le
but ultime est de tirer le maximum de profit des opportunités que
fournit la localité. Tout ce dynamisme se ressent dans le regain
d'intérêt observé par les populations de la vallée
pour cette nouvelle commune.
Avec l'effet frontière, presque la
quasi-totalité des activités qui soutiennent l'économie
urbaine sont étroitement liées à la nature des relations
entre le Sénégal et la Mauritanie. La nouvelle
municipalité a révélé sa dépendance
vis-à-vis des recettes qu'elle tire de la frontière pour la
constitution de son budget qui, on le sait, est le principal instrument pour
opérer les investissements nécessaires à la
création d'un environnement urbain viable, vivable.
On l'a vu, l'essentiel des acteurs de l'économie
locale gravitent autour des activités transfrontalières. La plus
grande partie du produit local brut est engendrée par des secteurs
directement rattachés aux activités transfrontalières. D'
où la nécessité de prendre en compte cette
réalité dans les politiques de développement de la
localité.
Le développement futur de la ville ne peut se faire
sans que l'on prenne en compte des scénarios qui intègrent des
variables tels que l'évolution des rapports politiques entre le
Sénégal et la Mauritanie, les changements politiques en
Mauritanie etc.
Depuis quelques temps, ces rapports se sont
réchauffés et les cadres de la coopération
bilatérale ne cessent de se consolider par des actes posés par
les autorités de part et d'autre. De grands projets sont annoncés
comme la réalisation d'un pont qui va relier les deux rives à
Rosso. Avec l'avènement du nouveau pouvoir, et compte tenu des voyages
d'affaires les déplacements annoncés des nouvelles
autorités mauritaniennes sur Dakar, on s'achemine vers une consolidation
des relations. Il ne faut pas oublier aussi l'exploitation prochaine des
gisements de pétrole découverts à Keur Massène,
village mauritanien situé dans la zone du bas Delta mauritanien qui
devrait fournir des emplois supplémentaires au profit des
localités de la zone.
Toutes ces mutations annoncées de part et d'autre ne
vont pas laisser la ville indemne. D'une manière ou d'une autre Rosso
doit s'attendre à devoir jouer un rôle plus important que ce
qu'elle a connu jusqu' à présent. C'est pourquoi des projets
comme le plans d'investissement communal doivent se focaliser surtout sur
l'anticipation pour que Rosso puisse intégrer ces nouvelles mutations
sans grands heurts.
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