Paragraphe 2 - Nécessité d'introduire des
mesures dissuasives
S'attaquer à l'enfant incestueux dans la perspective de
promouvoir la famille légitime est une erreur ; nous le pensons,
c'est se tromper totalement de cible.
Il serait en effet plus juste et plus intelligent d'accentuer
plutôt la répression pénale sur les auteurs de cet acte
répréhensible.
Le droit pénal, jusque-là, aborde la question de
l'inceste avec une fausse pudeur, si bien que l'infraction n'est pas
spécialement réprimée ; le droit civil, quant
à lui semble pratiquement impuissant devant les auteurs de cet
acte ; et c'est là une situation totalement anormale.
En clair, le législateur béninois n'a
manifestement jamais prévu de mesures punitives suffisamment fortes pour
décour ager réellement les uns et les autres.
L'inceste, et il en est de même de l'adultère,
est devenu un fait de plus en plus courant. On s'en accommode, on s'y habitue
et, hypocritement bien sûr, à petits pas sûrs, on s'y
plaît. Des pères de famille se plaisent à entretenir des
relations sexuelles avec leurs filles, avec leurs belles soeurs, etc ; des
frères et soeurs ne s'embarrassent pas pour orienter leurs rapports dans
le sens où ils ne devraient pas ; il en de même entre
diverses personnes de proches parenté ou alliées et nous en somme
tous conscients.
Dans la plupart des cas, ce sont des relations qui sont
soigneusement tenues secrètes, même si l'une des parties n'est pas
consentante ; à citer par exemple la situation d'une fille que le
père oblige à coucher avec lui et qui n'a pas le courage de
dénoncer celui-ci ... Les cas foisonnent ; et en tout état
de cause, c'est une situation d'autant plus préoccupante que si l'on ne
réagit pas promptement en légiférant en la matière,
on finirait par faire face à une société quasiment
irrécupérable.
A une certaine époque pourtant, et jusqu'à
présent, dans certaines régions du Bénin, l'inceste est
rejeté au point que ceux qui s'en rendent coupables ne sont pas
tolérés. Ils sont en effet purement et simplement
expulsés, contraints de quitter la région. On considérait,
entre autres, que c'était une question de santé publique.
Quant aux enfants issus de ces relations, loin
d'être écartés, sont récupérés et ne
subissent aucun traitement particulier ; ils sont acceptés sans
problème et intégrés dans la société comme
les autres enfants.
Dans d'autres régions, les populations
elles-mêmes se chargent de châtier les délinquants en les
faisant promener nus tout autour du marché (Savalou) ou en les
éliminant tout simplement (vindicte populaire). Parfois encore, la peine
de mort est décidée pour les amants incestueux sur
décision du Roi.
Evidemment, il s'agit là de sanctions extrêmes et
surtout incompatibles avec le respect des droits de l'Homme ; mais
toujours est-il que ces sociétés marquaient clairement leur
désapprobation de l'acte d'inceste ; malheureusement, on ne peut
pas en dire autant de la législation applicable jusque-là dans
notre pays ; nulle part il ne figure la répression de l'inceste et
c'est davantage dommage avec le quasi-silence du CPF en la matière.
Les rédacteurs de ce code, au lieu d'aller à la
source d'un aussi mauvais comportement que l'inceste en réprimant
correctement les coupables, s'en prennent lâchement aux enfants qui
naissent de cet acte. C'est là une attitude pour le moins ridicule, mais
surtout hypocrite, irresponsable et révoltante : il n'est pas
normal que les concepteurs de normes aussi importantes que celles du code des
personnes et de la famille n'aient pas le courage d'appréhender les
faits tels qu'ils s'imposent. Minimiser un fait aussi condamnable que l'inceste
au point de négliger l'élaboration de dispositions fermes
à son encontre nous semblent imprudent ; et faire subir le martyre
aux enfants en guise de sanction de l'infraction est décevant.
Pour nous situer dans un cadre plus englobant,
c'est-à-dire en incluant les enfants adultérins, il nous faut
faire savoir que plutôt que de s'acharner contre les enfants nés,
soit de l'infidélité de leurs parents, soit de leurs relations
incestueuses, le législateur devrait donc réfléchir
à des dispositions suffisamment dures pour freiner toute
velléité d'infidélité ou d'inceste.
En définitive, et à l'exemple de M. Noël A.
GBAGUIDI, nous estimons qu'il va falloir que de nouvelles dispositions soient
fixées en conséquence, que la commission des lois étudie
très sérieusement la possibilité de renforcer le CPF par
de sérieuses mesures punitives ; qu'en clair, l'on sanctionne
solidement et correctement les responsables de tels actes ; il urge pour
ainsi dire que le législateur prenne ses responsabilités et
sévissent réellement. Ce qui est sûr, ce serait la
meilleure façon de combattre, de supprimer progressivement, le mal
à la racine et, par la même occasion, éviter les injustices
faites envers les enfants qui, en réalité, nous ne dirons jamais
assez, sont de véritables innocents.
|