Chapitre I :
GENESE ET
EVOLUTION DES SFD
Chapitre 1 : Genèse et Evolution des
SFD
Au Sénégal, la décennie d'après
indépendance a été marquée par une grave crise
économique. Le secteur primaire, principal poste de ressources du pays,
a connu d'importants blocages suite aux sécheresses de 1974 et 1979,
à la non diversification des cultures de rentes (arachide et coton) et
à la détérioration des termes de l'échange. Du fait
de l'instabilité pluviométrique, mais aussi de la concurrence
d'autres pays, les exportations d'arachide ont enregistré une forte
baisse et la population, rurale à plus de 55%, s'est vue fortement
endettée et appauvrie. Conséquence : de grands vagues
migratoires vers le milieu urbain s'observent à partir des années
80.
Comme dans la plupart des pays en développement, les
circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur
rôle de récupération de l'épargne nationale. Outre
un environnement peu favorable, les banques ont connu d'énormes
difficultés financières et structurelles pour avoir permis
à l'Etat, fortement endetté après la dilution de ses
recettes d'exportations d'assurer ses charges (salaires des fonctionnaires,
financement du secteur public), par des prêts rarement remboursés.
En outre, par les effets du clientélisme, des
prêts considérables ont été alloués à
des dignitaires sans qu'ils se soient acquittés des remboursements au
point qu'une société de recouvrement a été
créée en 1989 pour tenter de limiter des pertes.
A ce cadre peu propice à l'expansion bancaire, s'est
ajouté un mode de fonctionnement inapproprié à la
clientèle locale, les banques constituant un prolongement des
établissements des anciennes métropoles coloniales, avec un
calquage de leurs modes de fonctionnement sur le modèle français.
Ce qui a eu pour conséquence d'exclure économiquement,
psychologiquement et géographiquement les populations locales. Sachant
qu'une importante frange de la population vit avec moins d'un dollar par jour,
comment faire face au montant exigé pour la simple ouverture (1.000 FF
pour un compte d'épargne et 5.000 FF pour un compte courant) ? Sans
parler des garanties (nantissements, hypothèques) hors de portée
d'une population qui peine à subvenir à ses besoins !
Sur ce plan psychologique, la localisation des banques en
centre ville a eu pour effet « d'impressionner » les
populations de banlieue et les ruraux. Le luxe dont s'entourent ces
établissements (cadre climatisé, architecture moderne,
ascenseurs) ne correspond pas aux mentalités du pays et en
éloigne une bonne partie de la population, en majorité
analphabète, rebutée par la lourdeur des démarches
administratives. Problèmes d'accès également : en
dehors de la caisse nationale de crédit agricole, aucune banque
classique n'est localisée en milieu rural ou péril urbain.
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