La presse quotidienne nationale européenne peut-elle tirer profit du Web 2.0 ?( Télécharger le fichier original )par Marc LEIBA Institut des hautes études en communications sociales de Bruxelles - DESS de Journalisme Européen 2007 |
1.3. Une crise du papier dans toute l'EuropeMême en ligne, les éditeurs de presse n'en demeurent pas moins des industriels du papier. Il leur est donc difficile de planifier des investissements stratégiques sur la toile si leur activité traditionnelle est lourdement déficitaire. Or, on observe à l'échelle de l'Europe et globalement par pays, un déclin certain de la diffusion payée des quotidiens, alors que la presse quotidienne est en concurrence depuis longtemps avec d'autres médias de masse. 1.3.1. Une industrie papier déclinanteQuelle est la réalité de l'état de la PQN européenne ? Pour l'apprécier, nous étudierons plusieurs séries de chiffres, directement issues de l'Association mondiale des journaux ou relayées par elle. On pourra toujours examiner des titres qui ne se fondent pas dans cette tendance au déclin de l'industrie et on aura raison de souligner le dynamisme de certaines formules éditoriales en phase avec leur lectorat. Pour autant, ces exemples particuliers ne peuvent gommer la situation d'ensemble observée sur une période récente et significative. Penchons-nous tout d'abord sur la diffusion de la PQN européenne. Tableau 4 : Evolution de la diffusion payée totale des quotidiens en Europe sur la période 1995-200213(*)
Ainsi pourra-t-on observer qu'entre 1995 et 2002, la diffusion payée des quotidiens italiens progresse de près d'un tiers quand celle des quotidiens polonais grimpe de 27 %. Mais force est d'admettre qu'en Europe de l'Ouest comme en Europe de l'Est, les résultats indiquent globalement un déclin de la diffusion payée de respectivement 5,9 et 9 %. Tableau 5 : Evolution de la diffusion moyenne par titre en Europe sur la période 2002-200614(*)
Ces chiffes ne font que confirmer la tendance du déclin même si la courbe ralentit progressivement, voire tremble légèrement. La presse quotidienne européenne voit sa diffusion moyenne par titre chuter de 7,85 % en l'espace de quatre ans, même si elle enregistre un soubresaut entre 2005 et 2006. A présent, penchons-nous sur des exemples relatifs aux chiffres d'affaires des éditeurs de PQN à l'échelle de pays, puis nous comparerons l'évolution des parts de marché publicitaire entre les journaux et Internet. Tableau 6 : Chiffre d'affaires de la PQN en 2000 et 2004 : France, Allemagne, Royaume-Uni15(*)
En quatre ans, le chiffre d'affaires de la PQN française diminue de plus de 20 %. En Allemagne et au Royaume-Uni, si les chiffres d'affaires y sont sensiblement plus importants qu'en France, celui de l'Allemagne chute tout de même de 13 % entre 2000 et 2004, tandis que celui du Royaume-Uni stagne. Le déclin de l'industrie touche donc également les éditeurs au portefeuille. De plus, alors que la part de marché des investissements publicitaires en PQN diminue globalement en Europe, celle d'Internet connaît des taux de croissance exponentiels. Tableau 7 : Parts de marché publicitaire des journaux et Internet en 2002 et 2006 en Europe16(*)
En seulement quatre ans, les annonceurs ont investi le média Internet qu'ils intègrent désormais presque systématiquement dans leurs plans de communication. Ceci, donc au détriment de la presse quotidienne, le recul s'échelonnant de quelques points pour l'Allemagne à 42 % pour la Roumanie. * 13 D'après GMID * 14 D'après Association mondiale des journaux, World Press Trends 2007 * 15 Euromonitor et Infos-Médias n° 13, Direction du développement des médias, 07/2007 * 16 Association mondiale des journaux, World press trends 2007 |
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