Conclusion
Le Web 2.0 n'est pas un coup de bluff conceptuel. Cette
expression désigne bel et bien une période de l'évolution
d'Internet à la fois nouvelle et fondamentale pour les éditeurs
européens de PQN. D'une part, il n'existe plus de frontière entre
le producteur d'information et le grand public. D'autre part, les internautes
génèrent eux même des contenus et parviennent à
s'intéresser les uns les autres. Néanmoins, « le
Web 2.0 est à peine né que déjà s'ébauche
Web 3.0, la world-wide database. (...) Le Web 3.0, sur lequel travaillent
actuellement les sociétés Internet, et les universités,
c'est l'injection dans le système d'une couche d'intelligence
artificielle ». (OLIVENNES, 2007, 115). Aussi est-il juste de
souligner que le Web 2.0 n'est qu'une étape, un moment de l'histoire
d'Internet. Intrinsèquement, ce n'est pas une technologie. Par
conséquent, ce n'est pas du Web 2.0 que les éditeurs peuvent
espérer le salut. D'autant plus que les entreprises emblématiques
du « contenus générés par les
utilisateurs », Dailymotion et Youtube avancent des chiffres
spectaculaires excepté lorsqu'il s'agit de divulguer leur
bénéfice, probablement inexistant.
L'enjeu est donc pour les quotidiens européens de
s'adapter aux nouveaux comportements des cyberlecteurs et mettre en oeuvre des
modèles économiques et des organisations innovants et
pérennes. Il n'existe pas une seule solution mais plusieurs
possibilités de se réinventer dans l'univers numérique.
L'essentiel est d'avoir appréhendé les rapports changeant des
individus à la presse et identifié « le
déplacement du lieu principal de formation de la valeur »
(LENTSCHENER, 2007, 148). Annonces classées, e-commerce ou manne
publicitaire, les éditeurs européens ne pourront en tout cas plus
ignorer que l'information échappe de plus en plus à la
sphère monétaire. Charge à eux de sublimer l'environnement
du Web 2.0 pour répondre à la problématique Internet de la
gratuité. Dans ce contexte, le rayonnement de leur marque sera
l'allié le plus précieux pour progresser dans la galaxie
numérique. C'est elle qui permet de capter « le temps de
cerveau disponible » et partant, d'augmenter les audiences et de
proposer des services additionnels rémunérateurs.
Executive summary
Depuis la démocratisation massive d'Internet dans le
monde, les éditeurs européens de presse quotidienne en ligne
sont confrontés à une concurrence polymorphe et intense. Le
réseau a entraîné dans ses filets la culture de la
gratuité et l'évolution actuelle du net, dénomée
Web 2.0, a provoqué une inversion du rapport de force entre l'audience
et le producteur d'information. Sur la toile, la qualité n'est plus un
argument pour déclencher l'acte d'achat du cyberlecteur et les
ressources publicitaires n'atteignent pas le niveau du papier. Dans
l'impossibilité d'appliquer les modèles traditionnels des
journaux imprimés, les éditeurs sont confrontés à
deux types de choix. Soit ils ignorent ostensiblement le nouveau média
en ne développant pas de présence en ligne significative ou en
facturant systématiquement les contenus. Dans ce cas, ils compromettent
à coup sûr le renouvellement de leur lectorat, étant
donné la faible pénétration des quotidiens papiers
auprès des jeunes générations. Soit, ils acceptent de
partir à la recherche de nouvelles sources de financement. En effet, qu
l'on soit favorable ou hostile à ce phénomène de
démonétisation de l'information, il n'en reste pas moins que la
concurrence est rude et que le processus de création de valeur s'est
déplacé. L'information de qualité demeure indispensable
à la pérennité d'un titre mais ne suffit plus. Les
éditeurs soucieux d'organiser la diversification de leur quotidien
devront repenser leur organisation et développer en ligne des
stratégies de marque afin d'agréger les audiences et proposer de
nouveaux services. Le Web 2.0 est un moment de l'histoire d'Internet et en tant
que tel, à vocation à être dépassé. L'enjeu
plus général pour les éditeurs européens de presse
quotidienne en ligne est alors de maîtriser la gratuité,
l'intégrer dans l'élaboration de nouveaux modèles
économiques et de définir le contexte de leur présence sur
Internet.
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