Impact des subventions à l'exportation des produits agricoles sur la croissance economique des pays en voie de développement: Cas du Niger( Télécharger le fichier original )par Fatchima MAHAMAN Université Abdou Moumouni de Niamey-Niger - Maitrise 2006 |
Chapitre troisième : Les gains et les pertes liés aux subventions à l'exportation des produits agricoles dans les pays en développement en général et du Niger en particulierIntroduction Le cadre d'analyse théorique des subventions est celui qui ressort les gains et les pertes économiques liés à la protection accordée par un pays, à la production et à l'exportation d'un produit. C'est de trouver une théorie explicative de base aux subventions des pays développés et montrer par la suite, comment ces subventions peuvent déprimer le prix mondial. 3.1 Les négociations du cycle de Doha sur l'accès aux marchéLe cycle de Doha, consacré aux négociations de commerce multilatéral, procure aux pays développés une occasion d'aligner les législations commerciales internationales et leurs politiques nationales sur leurs engagements de développement. Il serait utopique d'imaginer que le cycle de Doha peut remédier à la totalité de cette discordance de longue date, mais un manquement à son devoir de prise de mesures palpables aurait des conséquences désastreuses sur le système d'échange multilatéral. Les résultats obtenus par le Cycle de Doha sont évalués selon trois critères différents. Tout d'abord, le cycle se doit de produire des règles permettant de s'attaquer aux problèmes des pratiques commerciales abusives et déséquilibrées en exercice depuis un certain temps, en développant l'accès aux marchés pour les pays pauvres. Puis le cycle a pour mission de se concentrer en particulier sur le commerce agricole et sur la réduction des subventions agricoles. Enfin, il se doit de revoir les accords et les négociations relatifs à la limitation de l'espace d'élaboration de politiques mis à la disposition des pays en voie de développement et qui menacent directement le développement humain ou dévient les bénéfices, issus de l'intégration, vers les pays riches. Les questions que soulèvent les législations de l'OMC sur les investissements et la propriété intellectuelle, ainsi que les négociations en cours, illustrent parfaitement le problème de différentes manières.
Nous pouvons être sûrs que renforcer les liens rattachant commerce et développement humain, exige de mener une action d'ampleur. La priorité immédiate est d'examiner la question de la politique commerciale en tant qu'élément central du projet de réduction de la pauvreté, puis de s'assurer que les règles commerciales multilatérales et régionales sont au service des priorités de développement humain. Le cycle de Doha ainsi que l'OMC constituent un élément important du développement de ce processus. De bonnes règles commerciales ne suffiront pas à résoudre un grand nombre de problèmes les plus sérieux que rencontrent les pays en voie de développement, mais de bonnes règles peuvent néanmoins y contribuer. Et de mauvaises règles peuvent entraîner de graves lésions. La réunion ministérielle de l'OMC de décembre 2005 a été une occasion cruciale d'adopter une structure de négociation qui soit à la hauteur de son engagement à un cycle de développement. Elle a permis de préparer un terrain favorable aux négociations futures qui placent la question du développement humain, comme celle d'une libéralisation progressive et équilibrée au centre des préoccupations de l'OMC. Ne savoir saisir cette occasion aurait pour conséquence un affaiblissement qui peut être fatal, de la légitimité et de la crédibilité de l'OMC déjà très ébranlées.
Afin de tirer profit des échanges commerciaux et obtenir de bons résultats en matière de développement humain, les pays en voie développement et les populations pauvres doivent avoir accès aux marchés des pays riches. Cet aspect est reconnu dans la déclaration de lancement du cycle de Doha qui inclut notamment une promesse, formulée par les pays riches, « de réduire ou d'éliminer, selon les possibilités les barrières tarifaires comme non tarifaires relatives aux produits d'exportation susceptibles d'intéresser les pays en voie de développement ». Pour un groupe de libres échangistes auto-déclarés, les gouvernements des pays riches ont éprouvé les difficultés à mettre leurs dires en application. La majorité des systèmes fiscaux sont fondés sur un principe simple : plus on gagne, plus on paie. Le système international d'échanges commerciaux passe outre ce principe. Lorsqu'il s'agit d'accéder aux marchés industriels, plus les revenus moyens d'un pays sont faibles plus l'impôt est élevé. Tandis que les pays industrialisés pratiquent mutuellement des taxes douanières en moyenne très modérées, ils réservent leurs barrières tarifaires d'importations aux pays les plus démunis. En moyenne, les pays en voie développement à faibles revenus et exportant vers les pays à revenus élevés sont confrontés à des barrières tarifaires 3 à 4 fois plus élevées que les barrières tarifaires imposées aux autres pays à revenus élevés. Cette augmentation brutale des taxes douanières est une des formes les plus dangereuses de progression perverse. Les pays développés ont pour habitude de pratiquer des tarifs peu élevés sur les matières premières, mais ils imposent des taux augmentant généralement de manière considérable pour les produits intermédiaires ou finis. Ce système tarifaire prive les pays en développement d'une possibilité d'ajouter de la valeur à leurs exportations. L'ascension des barrières tarifaires a pour but de transférer cette valeur des producteurs des pays pauvres aux exploitants et détaillants agricoles des pays riches, et cela porte ses fruits. Ceci permet d'expliquer pourquoi la culture mondiale de fèves de cacao à 90% est effectuée dans les pays en voie de développement, alors que seulement 44% des exportations de crème de cacao et 29% des exportations de cacao en poudre proviennent de ces pays. La montée en flèche des tarifs participe à l'isolement de pays tels que la Côte d'Ivoire et le Ghana, et à la restriction de leur activité à l'exportation de fèves de cacao brutes, les enfermant dans un marché du cacao volatile et à faible valeur ajoutée. Cependant, l'Allemagne est un des plus importants exportateurs de cacao transformé au monde, et les entreprises européennes s'emparent de l'ensemble de la valeur définitive de la production africaine de cacao.
Parmi les produits agricoles qui font l'objet de subventions, seul le coton retiendra notre attention car c'est ce produit qui fait l'objet de grosses subventions par les Etats-Unis et beaucoup d'autres pays. La politique américaine de production de coton fournit un autre exemple d'altération de marché subventionné, ayant un effet néfaste sur le développement humain. Le ministère de l'agriculture américain estime que les 20000 cultivateurs de coton du pays recevront en 2005, des indemnités de 4,7 milliards de dollars versés par le gouvernement : un montant équivalent à la valeur marchande de cette culture et supérieur à celui alloué à l'Afrique subsaharienne par les Etats-Unis. Les subventions de cet ordre rappellent les systèmes de planification de l'état caractéristique de l'union soviétique. En relation plus directe se trouve l'impact des subventions sur les producteurs des pays pauvres. Les altérations des prix engendrées par des subventions américaines ont un impact direct sur ces petits producteurs terriens. Ces subventions baissent les prix de 9% à 13%, et permettent aux producteurs américains d'avoir la mainmise sur les marchés mondiaux, représentant ainsi près d'un tiers du total des exportations. Ces exportations ne seraient pas réalisables sans subventions. Les niveaux élevés de soutien gouvernemental éloignent, de manière frappante, les producteurs américains des indicateurs de prix mondiaux, leur permettant d'élargir leur production en dépit des réglementations de marché. De manière assez peu logique, l'augmentation des subventions est provoquée par la création, due à la chute des prix appliqués mondialement, d'incitations à développer la production au cours des périodes de baisse de prix, tandis que les autres pays assument les coûts de revalorisation. Ces coûts de revalorisation sont très élevés. Lorsqu'en 2001, les prix mondiaux retombèrent au niveau enregistré 50 ans plutôt, les pertes imputables aux subventions américaines furent estimées de 1% à 3% du PIB pour des pays tels que le Burkina Faso et le Mali en Afrique occidentale, une région au sien de laquelle 2 millions de petits producteurs dépendent du coton qui représente leur principale activité, et parfois leur seule source de revenu. Ces pertes ont affecté les ménages des populations pauvres, dont les revenus amoindris ont menacé l'équilibre nutritionnel et les ressources disponibles pour développer les secteurs sanitaire et scolaire ainsi que les investissements agricoles. Au seul Bénin, la chute des prix du coton sur les années 2001 et 2002 a été associée à une augmentation de la pauvreté passant de 37% à 59%. Des économies entières sont victimes de déséquilibres dus à des altérations du marché mondial du coton, les pays pauvres en essuyant les frais. Les exportations de coton sont de nature marginalisante pour les Etats-Unis. Pour le Burkina Faso au contraire, le coton représente 50% de la valeur des exportations et compte parmi les piliers de l'économie nationale. Etant donnée la situation actuelle, où le marché mondial de coton se dirige vers une autre crise en 2005, le FMI estime que des termes de l'échange plus sévères réduiraient la croissance économique du Burkina Faso à 2,5% du PIB, réduisant de moitié le taux de croissance espéré. Ces résultats ont des répercussions sérieuses sur les efforts fournis pour atteindre les OMD de réduction de la pauvreté de moitié. De plus, un déséquilibre menace également la balance des paiements, les afflux d'appui étant insuffisant pour couvrir un déficit toujours profond. Le développement humain sera victime à la fois de l'impact sur la pauvreté rurale et d'une capacité d'importation diminuée. Tous les problèmes auxquels font face les acteurs des marchés mondiaux du coton ne peuvent être imputés à la seule politique agricole américaine. Les augmentations de production dans d'autres zones, en particulier en Chine, et les importantes subventions de l'union européenne y contribuent également. Cependant, en tant que grand exportateur au monde, les Etats-Unis exercent des politiques aux effets particulièrement importants sur les marchés mondiaux.
Dans cette section, nous verrons l'effet des subventions du nord sur les exportations agricoles du Niger, comment ces subventions dépriment le prix mondial et les pertes en terme des parts de marché enregistrées par ce pays.
Notre étude théorique consistera à montrer les relations de cause à effet qui existent entre les subventions des pays du Nord et les recettes d'exportations agricoles du Niger.
On distingue d'une part les subventions directes et d'autre part, les subventions indirectes. - Les subventions dites directes sont celles d'exploitation, elles sont plus visibles et elles ont un effet direct sur la production ; - Les subventions indirectes sont généralement invisibles et elles ont des effets moins directs sur les coûts de production et sur la compétitivité. Les subventions, entre autres, les aides à l'investissement, les détaxes et les réductions de charges sociales réduisant le coût du capital, sont, qu'elles soient directes ou indirectes, classées en 2 catégories : - Les subventions à la production qui peuvent se définir comme des aides accordées aux producteurs d'un pays, en vue de les inciter à produire davantage ou de les protéger de la concurrence extérieure. Elles sont généralement pratiquées pour rétablir l'indépendance d'une nation quand celle-ci se trouve menacer par la concurrence internationale. Rappelons nous des années 70, des stratégies de développement dites de substitution aux importations, les subventions à la production ont constitué les principaux instruments d'actions incitatifs à la production intérieure (NEME, 1996) - Les subventions à l'exportation qui sont des sommes versées à une firme ou à un individu qui vend des biens à l'étranger (Krugman, 1996). Elles apparaissent comme l'un des principaux instruments de la politique de promotion des exportations des différents pays.
Les subventions sont la forme de protection la plus répandue surtout dans les pays industrialisés depuis les années 70. Une économie a recours à une protection pour éviter les sorties de devises ou lorsqu'elle est incapable de faire face à la concurrence. En 1981, deux études menées dans un premier temps par Anderson et Baldwin sur les Etats-Unis, le Canada, le Japon et l'Australie et dans un second temps par Messer Line sur les pays européens, ont révélé que la faiblesse ou le manque de compétitivité d'un secteur, l'effet de filière, la force de frappe électorale, l'argument politique sont les principaux facteurs de la forte protection dans les pays industrialisés. · La faiblesse d'un secteur de l'économie : de tel secteur est moins compétitif donc incapable de faire face à une concurrence internationale ; ce qui se traduit par un fort taux de pénétration des produits étrangers. Alors, le recours à la protection dans les secteurs faibles ou les moins compétitifs offre le marché intérieur et permet de vendre à l'extérieur à terme ; · L'effet de filière : une industrie même bien organisée peut être non concurrentielle parce que ses inputs sont chers. C'est le cas des industries agricoles et alimentaires en Europe et aux Etats-Unis ; une telle situation favorise les productions à bon marché (conjoncture économique mondiale observable dans les années 70). Le recours à la protection dans ce cas de figure facilite l'accès ou l'achat des inputs par les acteurs nationaux des pays protectionnistes ; · La force de frappe électoral : certaines industries dans les régions pauvres sont protégées car elles constituent un bastion électoral important pour le pouvoir en place. Alors, l'accroissement du chômage induit par la disparition des industries pourrait faire perdre au pouvoir la force électorale constituée dans ces régions. D'où la nécessité politique de protéger des dites régions. · La force politique : ce facteur pourrait s'apparenter au précédent. Sauf qu'ici, il est question de l'influence des lobbyings2(*). Cette influence des lobbyings fait pression sur les pouvoirs publics les incitant à voter des lois protectrices à leurs avantages (cas fréquent aux Etats-Unis d'Amérique).
Excepté l'argument du tarif optimum, la théorie économique postule dans le sens de la préférence pour les subventions plutôt que les droits de douane ou autres mesures de protection (P. Streeten, 1982 ; NORRO, 1994). Des auteurs comme Haberler (1957), Meade (1995), Bagwati et Ramaswati (1963 ; 1971), par des études ont montré que face à des distorsions intérieures, plutôt que de recourir à des distorsions du commerce extérieur à travers un droit de douane, il serait préférable d'utiliser une solution directe comme les subventions. Le recours aux subventions était donc considéré comme la meilleure des alternatives face à des distorsions internes en ce sens qu'elles présentent théoriquement plusieurs avantages (NORRO, 1994) ; · Les avantages des subventions : elles corrigent les distorsions éventuelles et s'adaptent plus aux situations particulières. Elles peuvent être faites sans que le bien-être du consommateur ne soit affecté. Elles permettent également de maintenir des prix compétitifs par rapport aux prix mondiaux et ne compromettent pas la création d'entreprises situées en aval de l'activité soutenue. De même leur suppression ne perturbe pas fondamentalement la structure de production. Si les activités aidées sont à coûts décroissants, la subvention est mieux adaptée que le droit de douane puisque la diminution de la subvention peut en principe accompagner la diminution des coûts. En outre, les subventions rencontrent mieux l'argument protectionniste qui concerne la différence entre coûts privés et coûts sociaux (mémoire, Bama Fidèle, 2003). La subvention est perçue par la théorie économique comme le moyen privilégié de corriger les distorsions intérieures sans entraver le commerce mondial, reconnu pour ses effets bénéfiques sur une nation. Mais si théoriquement les subventions présentent de nombreux avantages, dans la pratique par contre, elles se heurtent à des obstacles susceptibles d'annuler les avantages théoriques (NORRO, 1994) ; · Les limites des subventions : une subvention représente un versement à la charge de l'Etat ou une diminution des recettes publiques. Cependant, la limite la plus grave est celle liée à l'administration des subventions. Il n'est pas facile de calculer ce que doit être un subside correcteur des imperfections du marché. La lourdeur de la machine administrative est source de retard et d'incertitude. Elle peut aussi favoriser la corruption (mémoire, Bama Fidèle, 2003). Théoriquement une subvention soutient un secteur ou corrige une distorsion sans pour autant en créer. Mais dans la pratique les politiques de subventions des pays industrialisés, par leur intensité, ont dépassé le seuil du rôle de correcteur des distorsions internes et des imperfections. Elles se sont muées en de puissants instruments d'incitation à la production des activités économiques dans ces pays. Ainsi se trouve fausser le fondement de la théorie économique sur les subventions stipulant la non perturbation du système « libre échange » du marché.
Le soutien au secteur agricole dans les pays développés, a démarré depuis des décennies, dans les années 1930, avec pour objectif principal de protéger leur production des effets néfastes de la grande dépression économique d'alors. Aujourd'hui la plupart de ces pays « subventionnels » visent d'autres objectifs nouveaux adaptés à la conjoncture du marché mondial. Nous pouvons en citer trois objectifs principaux : - Garantir des revenus minima aux producteurs nationaux ; - Protéger le marché local du coton afin de le réserver aux producteurs nationaux ; - Protéger ou augmenter la part de la nation dans le marché mondial du coton. Pour y parvenir les pays industrialisés ont eu recours au fil des années, à une panoplie de mesures de soutien au secteur agricole. Et ce en violant les règles de l'OMC.
Supposons un pays quelconque qu'on appellera pays tiers et un produit agricole pour lequel le pays tiers accorde une quantité importante de subvention à l'exportation de chaque unité aux producteurs. En tant que petit pays, le Niger est un « price taker » sur le marché mondial de ce produit. Le schéma suivant illustre les effets sur les différents partenaires. Graphique 7 : Effets des Subventions du Nord Prix
Dd
P' A B P F E D C Od O Quantités Au début, le prix mondial est OP. A ce prix le pays tiers exporte la quantité ED. La politique des subventions vient augmenter le prix à OP'. Quand les producteurs du pays tiers exportent, ils reçoivent une recette égale à OP'. Leur recette d'exportation a augmenté de P'BDP. La hausse de la recette d'exportation des producteurs du pays tiers représente le manque à gagner des producteurs nigériens du fait de la baisse des prix sur le marché mondial de ce produit. Désormais, les producteurs du pays tiers exportent la quantité AB. Ce qui fait augmenter la production mondiale. Du fait de la loi de l'offre et de la demande, le prix sur le marché mondial baisse. Ce qui fait baisser les recettes d'exportation des producteurs nigériens. Et cette baisse affecterait nécessairement la croissance économique du pays car ces recettes d'exportation sont la principale source en devises du Pays. Et ceci va être démontré dans notre étude économétrique.
L'analyse des subventions des pays industrialisés pose des problèmes liés surtout à la multiforme des mesures utilisées comme subventions et à leur caractère invisible. Selon HENNER (1996), la dilution des subventions dans l'ensemble de l'économie fait que l'analyse exhaustive de leurs effets en chaîne devient pratiquement impossible. Pour démontrer qu'il y a une relation étroite entre les subventions du Nord et le repli du cours mondial, il faudra une étude économétrique très poussée et pointue. Cela nécessite que l'information (les statistiques des différentes formes de subventions accordées) soit disponible et complète sur une longue période. Alors qu'il est impossible dans la pratique d'avoir toutes les informations statistiques nécessaires vu le caractère sensible de la question. Une analyse de court terme des élasticités des prix par rapport aux subventions a montré une grande sensibilité des cours mondiaux. Ainsi, l'élasticité de la période 1998-2002 est de -1,6. Ceci implique qu'une augmentation de 1% des subventions américaines et européennes peut entraîner éventuellement une baisse des prix mondiaux de 1,6%. Mais carence en statistique série longue sur les subventions des pays du Nord ne permet pas une analyse économétrique directe de son impact sur la croissance économique du Niger. L'analyse théorique a clairement montré que les subventions accordées par les pays développés ne sauraient être sans effet sur le prix mondial à cause de leur immensité et du poids que représentent ces différents pays sur le marché international.
Dans notre 2e chapitre, nous avons vu l'importance de l'agriculture et des exportations agricoles dans l'économie nigérienne. Dans cette section, nous allons voir les facteurs qui influencent le PIB (indicateur de la croissance économique) dont les exportations agricoles. A travers une étude économétrique, nous allons vérifier si les subventions à l'exportation des pays du Nord ont un impact sur la croissance du PIB au Niger. Vu la situation actuelle de la question des subventions, un sujet très sensible, il nous est difficile de faire une régression entre Subvention et PIB nigérien. Mais nous estimons que les exportations agricoles, très sensibles à la question des subventions, seront utilisées en lieu et place des subventions. C'est ainsi que nous allons d'abord présenter les résultats des estimations, ensuite les interpréter et en fonction des résultats ressortir l'impact que les subventions agricoles peuvent avoir sur la croissance économique du Niger.
Dans ce travail nous allons ressortir, de façon empirique, la contribution des exportations agricoles à la formation du PIB. La variable expliquée est le PIB réel pris en logarithme pour réduire la taille des données. Notre étude portera sur les exportations agricoles (EXPAGRI), mais nous avons préféré ajouter d'autres variables à savoir la population et l'investissement, du fait du poids de ces dernières dans la formation du PIB au Niger. Tableau 9 : les variables et leurs signes attendus
L'équation théorique à estimer est de la forme : LPIBr = f (LEXPAGRI, LINV, LPOP) La forme linéaire parait la plus adoptée à l'allure des séries des données collectées, d'où on a la relation suivante : LPIBr = a + b (LEXPAGRI) - c (LPOP) + d (LINV) + u ; a représente la constante ; b, c, d représentent respectivement les élasticités de long terme du LPIBr par rapport au LEXPAGRI, LPOP, LINV et u est le terme de l'erreur. · Test de normalité des variables : Ce test se fait par le test de Jarque-Bera, il permet de vérifier la qualité des variables à introduire dans le modèle. Comme le montre le tableau 10, les valeurs empiriques des hypothèses de normalité sont inférieures à une valeur critique maximale de 5,99, et d'indépendance des écarts et de probabilité comparée à une valeur minimale de 0,05 sont proches des seuils de comparaison des statistiques générées par le logiciel Eviews. Toutes les variables utilisées sont normales. Tableau 10 : Résultat du test de normalité
· Test de stationnarité Le test de Dikey-Fuller a permis de rendre compte que le PIBr est intégré d'ordre deux (I(2)), LINV et LEXPAGRI sont intégrés d'ordre un (I(1)) et que LPOP est stationnaire à niveau (I(0)). Tableau 11 : Résultat du test de stationnarité
Remarque : au vu des résultats de ce test, on peut conclure que la méthode d'estimation est celle du modèle à correction d'erreur (MCE). Ce qui permet de faire l'analyse de la cointégration. · Test de cointégration Puisque les variables n'ont pas le même ordre d'intégration retenu est celui de Johannsen. La stationnarité des résidus issus de ce test indique l'existence d'une relation stable de long terme. Les résultats de ce test justifient l'existence de trois relations de cointégration entre les variables. On associe à ces variables cointégrées un MCE de court terme. Tableau 12 : Résultats du modèle de long terme
Le coefficient de détermination est égal à 0,959344 Le modèle estimé est : 0,956048 LPIBr = -1,18 - 0,11 LEXPAGRI + 0,34 LINV + 1,79 LPOP (1,1) (0,05) (0,04) (0,18) Les nombres entre parenthèses sont les écarts types. Du point de vue de la théorie économique, le modèle présente quelques nuances car seul LINV a le signe attendu. Du point de vue statistique, le modèle est globalement significatif car le coefficient de détermination ajusté est de 0,95. Pour la qualité individuelle des variables, il ressort de la comparaison de leurs T-statistiques (valeur critique 2,042) que toues les variables sont significatives. Le test de Durbin Watson indique lui-même l'absence d'autocorrelation des erreurs avec une statistique de 2,19, une probabilité de 0,00005. Ces résultats sont confirmés par le test Breush Goldfrey avec F-statistique = 1,331006 et une probabilité de 0,257171. Tableau 13 : Résultats du modèle à correction d'erreur
La variable expliquée est le LPIBr en différence seconde. difLEXPAGRI est LEXPAGRI en différence première ; difLINV est LINV en différence première LPIBr1 est le LPIBr retardé d'un an et LPIBr2,le LPIBr retardé de deux ans. Le modèle à court terme estimé est : DifLPIBr = 0,19 + 0,04 difLEXPAGRI + 0,09difLINV + 0,02LPOP - 0,68LPIBr (-1) (0,51) (0,02) (0,13) (0,12) + 0,66LPIBr (-2) (0,13) Les nombres entre parenthèses sont des écarts types. Le coefficient de détermination est 0,608902 et celui ajusté est 0,549644 Le test de non autocorrelation des résidus par la méthode de Breush Goldfrey montre bien que les résidus sont non autocorrelés. Tableau 14 : Test de Breush Goldfrey
Quant au coefficient de correction d'erreur il est négatif et égal à -0,688. il est inférieur à un en valeur absolue et est significatif (T-statistique = -5,34) Ainsi le MCE est accepté et on dit qu'il est validé à 68,8%.
L'interprétation sera faite à deux niveaux : les résultats du modèle de long terme d'une part et les résultats de court terme d'autre part. a) Les résultats du modèle de long terme Il ressort des résultats obtenus que le pouvoir explicatif du modèle à long terme est de 95,63%. Ces mêmes résultats font appel à des observations suivantes : - Le coefficient de LEXPAGRI (-0,11) indique qu'une hausse de cette variable de 10% réduit LPIBr de 1,10 points de pourcentage. Ce qui est contraire à tous les développements théoriques à savoir la théorie du surplus agricole, le modèle ouvert, le modèle fermé. Ce coefficient a une probabilité de 0,0432 inférieure à 0,05. Il est encore significatif. Mais dans les faits réels, ce coefficient se révèle non pertinent, les exportations agricoles ne peuvent en aucun cas constituer un frein à la croissance du PIBr. - Le coefficient de LPOP (1,797152) indique qu'une hausse de cette variable de 10% augmente LPIPr de 17,97 poins de pourcentage. Ce coefficient est complètement aberrant car il est supérieur à un. - Le coefficient de LINV (0,34) indique qu'une hausse de LINV de 10% augmente LPIBr de 3,4 points de pourcentage. Ce coefficient est pertinent. Il y a lieu de voir comment réorganiser la fonction des exportations agricoles pour en faire un véritable facteur de relance économique. b) Les résultats de court terme Le résultat obtenu par le MCE révèle qu'à court terme, la croissance du PIBr s'ajuste positivement avec toutes les variables. En effet une augmentation des exportations agricoles de 10% entraîne une augmentation du PIBr de 0,41% point de pourcentage. Dans le même temps, une augmentation dans les mêmes proportions de la population et de l'investissement accroît respectivement le PIBr de 0,26 et 0,97 points de pourcentage. Le coefficient de l'investissement est significatif car la probabilité est 0,0011. Le coefficient des exportations agricoles est un peu significatif car la probabilité est légèrement supérieure à 0,05. Quant au coefficient de la population et la constante, ils ne sont pas significatifs car leurs probabilités sont largement supérieures à 0,05. Les coefficients de la variable expliquée retardée sont très significatifs. En se basant sur le rapport inverse du coefficient de correction d'erreur (-0,688), qui est de 1,45 on peut conclure que tout choc ou toute action de politique économique sur la croissance du PIBr est résorbée au bout d'une période d'un an cinq mois environ. Enfin, dans la mesure où les exportations agricoles agissent positivement sur le PIBr à court terme, il conviendrait d'entreprendre des politiques économiques de relance de ce secteur pour améliorer le bien être des nigériens. ConclusionIl ressort de ce travail que la croissance du PIBr au Niger est influencée par les exportations agricoles. Or, la valeur des exportations agricoles baisse avec les mesures de subventions des pays du Nord ; nous pouvons donc dire par extrapolation que les subventions des pays du Nord influencent négativement la croissance économique au Niger. Cela veut dire que toute hausse des subventions entraîne une baisse de la croissance du PIBr donc une baisse de la croissance économique. * 2Groupe de personnes puissantes pouvant déstabiliser économiquement un régime politique |
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