CONCLUSION
Comme nous venons de le voir, la réalisation de tout
projet, aussi infime soit il nécessite la réalisation d'une
étude d'impact tant social qu'environnemental. Le cadre juridique dans
lequel s'opère cette étude est certes encore à parfaire
mais constitue déjà une volonté manifeste du gouvernement
camerounais de s'impliquer activement dans la bataille de la
préservation de l'environnement. La pratique des EIE s'est donc
quasiment institutionnalisé au Cameroun au vu du nombre des
études déjà réalisées et des secteurs
d'activités concernés. Et cette tendance est due à une
volonté politique affirmée comme le témoigne la mise en
place d'un cadre législatif étoffé, à savoir, la
Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement et les lois et
règlements sectoriels en la matière.
On peut également citer la participation des
différents acteurs intervenant à différente phase du
processus de réalisation de l'EIE. Il s'agit notamment des populations
concernées, de la société civile, des administrations
concernées, des ONG impliquées dans la protection de
l'environnement, etc.
S'agissant des populations concernées, on peut
souligner les efforts du gouvernement d'associer les populations au processus.
En effet, des audiences publiques sont organisées par l'administration
en charge de l'environnement à travers des supports médiatiques
divers194. La participation du public dont le but est de recueillir
les avis et observations des populations riveraines d'une part, et des ONG
d'autre part, même si elle ne draine pas encore beaucoup de
monde195 constitue néanmoins une volonté de les y
impliquer.
Pour ce qui est des ONG, elles constituent pour l'essentiel
celles qui participent activement au processus de restitution des EIE lors des
audiences publiques. Concernant par exemple le projet de Lom Pangar, elles le
qualifient de
194 Il s'agit tantôt des journaux, tantôt des
brochures distribuées aux passants en cours de route ou encore des
communiqués radio et télé sous forme de message
synthétique défilant, etc.
195 Les populations ne se sentent pas vraiment
concernées par ces procédures qu »elles trouvent
harassantes. En effet, lorsque ces regroupements ne leur apportent pas un
intérêt immédiat, elles les considèrent comme une
perte de temps et elles estiment qu'elles se sentiraient plus utiles ailleurs.
De plus, les populations qui assistent à ces audiences publiques ne sont
pas au fait ou ne le sont pas suffisamment des informations concernant ledit
projet.
« dangereux », quoi que louable. Pour les
uns196, ce projet accélérerait la dégradation
du niveau de vie des populations locales197 et toute opposition de
la part de ces derniers serait apparentée à une
rébellion198. Pour les autres, ces projets qui visent
à accélérer le développement sont
généralement à l'origine de l'appauvrissement accru des
populations, de la dégradation de l'environnement et des violations des
droits humains199. La liste n'etant pas exhaustive, il existe
à l'heure actuelle une multitude d'ONG de défense de
l'environnement au Cameroun.
En ce qui concerne les différentes administrations
impliquées dans le processus, les uns interviennent tantôt en
amont, tantôt en aval ou encore aux deux phases. Il peut s'agir de
l'administration sectoriellement compétente, auquel cas elle y est
impliquée du début du projet à la fin de celui ci. Vient
s'ajouter à celle ci l'administration en charge de l'Environnement,
ainsi que ces structures rattachées200. Le gouvernement fait
très souvent appel à un panel d'experts201 pour le
suivi et le contrôle de la qualité des études d'impact
environnemental et social. Ce dernier apporte son appui au gouvernement du
Cameroun pour l'examen des propositions de mesures compensatoires
proposées par les consultants. Il révise avec le gouvernement les
responsabilités à assurer dans le cadre de la mise en oeuvre du
PGE. Le Panel conseille le gouvernement sur les implications pratiques de ce
Plan et sa traduction en termes de procédures, de règlements et
de capacités humaines, tant sur le plan quantitatif que
qualitatif202. Pour ce faire, le Panel fournit au gouvernement les
éléments de bonnes pratiques de développement de projets
comparables existant dans le monde. Il doit plus particulièrement
fournir des références et des conseils au gouvernement dans les
domaines de gestion financière des compensations aux personnes
situées sur l'emprise du projet ou concernées ; de gestion des
impacts induits ; de la vérification des mesures d'atténuation
des impacts des infrastructures et travaux ; de toutes tâches de
contrôle technique.
Au regard du nombre d'études réalisées au
Cameroun, de la variété des secteurs concernés, de
l'implication des promoteurs privés et publics, il apparaît que
les considérations environnementales dans le développement des
projets et programmes sont prises en compte de façon constante
grâce à l'institutionnalisation des études d'impact qui est
devenue pratique courante. En outre, les prescriptions des études
d'impact dans les législations et règlements sectoriels vont
certainement renforcer cette généralisation, comme on peut le
noter aujourd'hui dans le domaine de construction et d'entretien routier ou
dans le secteur forestier et pétrolier. Le développement de la
pratique des études d'impact environnemental sera certainement
renforcé par le parachèvement du cadre réglementaire et
institutionnel qui reste soit à compléter, soit à
étoffer.
Malgré cette institutionnalisation et la volonté
manifeste du gouvernement d'intégrer dans la conscience des uns et des
autres les préoccupations environnementales, il est à noter qu'il
existe encore d'énormes faiblesses dans la
196 Point de vue du secrétaire exécutif de Global
Village, une ONG basée à Yaoundé.
197 Il s'agit notamment des Baka et Bakola qui sont des peuples
pygmées.
198 Telle est la vision d'un environnementaliste exerçant
à Global Village.
199 C'est le point de vue du Programme intégré de
lutte contre la pauvreté, une ONG basée à
Yaoundé.
200 Notamment le Comité Interministériel de
l'Environnement et le Secrétariat Permanent à l'Environnement.
201 Ce panel constitue à côté de celui
financier le partenaire technique de l'administration dans la
réalisation du projet. 202 Il s'agit ici du nombre de personnes et des
qualifications qu'elles doivent avoir.
mise en oeuvre de cette pratique d'études d'impact
environnemental. Ces faiblesses, au lieu de répondre aux attentes de la
volonté politique affichée, risquent de faire de ces
études une simple formalité légale.
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