Aujourd'hui dans les pays développés tout
comme ceux en voie de développement, la société manifeste
des exigences de plus en plus grandes dans le domaine de la
sécurité, de la protection des biens et des personnes.
Mais cette exigence ne s'accompagne pas toujours d'une prise
de conscience claire de la gravité des risques que chaque individu
encourt de par ses comportements quotidiens très défavorables
à la sécurité routière. L'engagement des pouvoirs
publics dans le cadre de la lutte contre la situation
d'insécurité ainsi créée reste par ailleurs
très timide.
En effet, face aux enjeux de la sécurité en
général et la sécurité routière en
particulier, comprise comme ``l'ensemble des mesures visant à assurer la
sécurité des usagers de la route'', une prise de conscience
s'impose si l'on veut limiter les accidents de la circulation et assurer le
bien être de la population.
Ces accidents constituent aujourd'hui un problème de
santé et de sécurité publique majeur, qui appelle des
efforts concertés en vue d'assurer durablement une prévention
efficace. En effet, depuis plus de quatre décennies,
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) n'a
cessé d'attirer l'attention des Etats et des dirigeants sur la question
de la sécurité routière. Dès 1962, un rapport de
cet organisme mettait déjà en relief, la nature et la dynamique
de ce problème. En 1974, l'assemblée mondiale a adopté la
résolution WHA 27. 59 en déclarant que les
accidents de la route constituent un problème de santé publique,
une crise de développement et appelle les Etats à
réagir.
Dans cette même perspective, la Banque Mondiale
encourage depuis plus de vingt ans, ses emprunteurs à inclure les
éléments relatifs à la sécurité
routière dans la plupart de leurs projets de route et de transports
urbains ; mais pourtant le mal persiste. C'est pourquoi début 2003,
les Nations Unies ont adopté une résolution A / RES / 57
/ 309 sur la crise mondiale de la sécurité
routière, suivie d'un rapport du secrétaire
général, présenté le 22 Mai 2003 à la
58ème session de l'Assemblé Générale des
Nations Unies tenue à New York. Dans ce rapport présenté,
le secrétaire Général de l'ONU, après avoir reconnu
la gravité des problèmes de santé publique et individuelle
liée aux accidents de la circulation et ses impacts sur le
développement, a invité les Etats membres à s'engager
résolument dans les actions préventives des accidents de
circulation. Ceci doit passer par le développement des
programmes d'éducation plus efficaces visant à encourager une
utilisation responsable des véhicules et des routes, à promouvoir
et à coordonner la recherche sur les facteurs humains et médicaux
jouant un rôle dans les accidents de circulation.
Le problème reste et demeure encore très
préoccupant, vu les dégâts matériels, sociaux et
humains qu'il engendre (Rapport OMS 2004). L'Etat des lieux de
la situation est très catastrophe.
Plus de 3.000 personnes meurent chaque jour dans le monde des
suites d'un accident de la circulation (OMS 2004). Selon les projections de ce
rapport, les décès consécutifs à des traumatismes
devraient passer de 5,1 millions en 1990 à 8,4 millions en 2020. Cette
évolution est principalement imputable aux accidents de la circulation
qui représentent 2,2 % de millions de personnes dans le monde, pour
l'ensemble des groupes d'âges (Jacobs et Al 2000).
Les coûts sociaux et économiques de ces accidents
sont énormes. Au plan social, ``pour chaque personne tuée,
blessée ou encore rendue infirme par un accident de la circulation, tout
un ensemble d'autres personnes (famille, entourage et les amis de
l'intéressé) sont profondément affectées'' (Jacobs
et Al 2000). A l'échelle mondiale, des millions de personnes doivent
faire face aux décès ou à l'incapacité des membres
de leur famille, à la suite d'accident de la route. En plus des
tués, on estime qu'entre 20 millions et 50 millions de personnes sont
blessées chaque année dans les accidents de la circulation
(Murray et Lopez 1996).
Le coût économique de ces accidents et des
traumatismes qu'ils engendrent, est estimé à 1% du Produit
National Brut (PNB) dans les pays à faibles revenus ; 1,5 % dans
les pays à revenu intermédiaire et 2 % dans les pays à
revenu élevé (OMS 2004). Selon les études
publiées par Jacobs et Al (2000), ce coût mondial est
estimé à environ 518 milliards de dollar US par an. Pour les Pays
à faible revenu et à revenu intermédiaire, ce coût
se chiffre à plus de 65 milliards de dollar US, c'est - à - dire
plus qu'ils ne reçoivent au titre de l'aide au développement. Les
accidents de la circulation grèvent lourdement, non seulement les
économies mondiales et nationales, mais aussi les finances des
familles.
De nombreuses familles sombrent dans la pauvreté
à la suite de décès d'un de leur membre ou des
dépenses qu'entraîne la prise en charge des membres de leur
famille rendus infirmes par un accident de la circulation (OMS 1996)
Face à l'ampleur du problème, l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) y a consacré une journée ``la
journée mondiale de la santé'', célébrée
tous les 7 Avril. En 2004, le thème développé est
« l'Accident de la route n'est pas une fatalité. »
Au cours de cette journée, les recommandations sont relatives aux
actions préventives efficaces, économiquement rentables et
acceptables par le public. Ces actions de recherche et de prévention
sont pour la plupart déployées dans les pays riches (OMS 2004).
Pourtant les taux de décès et d'incapacités permanentes
dus aux accidents de circulation sont plus élevés dans les pays
pauvres (Jacobs et Al 2000) Selon Nantulya VM et Reich MR.(2003), 90 % des
accidents mortels de la route surviennent dans ces pays et les usagers les plus
vulnérables sont les piétons, les deux roues motorisées,
les usagers des transports publics et en particulier les jeunes de sexe
masculin (Nohan 2000).
Le Bénin se situe pleinement dans cette
catégorie depuis 1987. Le taux des accidents de la circulation y va de
façon grandissante. En 1987, on y a enregistré 1581 cas
d'accidents de circulation dont 199 tués et 1330 blessés. En dix
ans, le nombre de ces cas d'accidents a doublé et est passé
à 3272, dont 475 tués et 2766 blessés en 1997 (le volume
du trafic routier étant en nette augmentation depuis 1990). La situation
en 2003 est encore alarmante. Sur 5500 cas, 550 personnes sont tuées et
3802 sont blessés (CNSR 2003). Il s'agit d'accidents qui surviennent
aussi bien en zone urbaine, qu'en zone rurale. Le Département de
l'Atlantique et particulièrement la ville de Cotonou, constitue la zone
où le risque d'accidents est majeur. Mais les accidents survenus en
zones rurales sont beaucoup plus dangereux que ceux des villes. Les trois quart
de ces accidents sont mortels (Rapport du Ministère de la
Santé Publique, 1992).
Le nombre de ces accidents, la gravité des
lésions occasionnées et le coût financier engendré,
constituent au Bénin un problème de santé publique auquel
il convient d'apporter des solutions appropriées.
Suivant les recommandations de l'OMS, l'essentiel est de vite
agir dans le domaine de la recherche scientifique, pour mieux
appréhender le problème au niveau local et proposer des
stratégies efficaces devant réduire le risque de mourir d'un
accident sur route au Bénin.
Un programme volontariste de sécurité
routière comportant l'éducation des enfants et des jeunes, la
formation et l'information des conducteurs et de tous les usagers de la route,
est proposé par le rapport du Ministère de la Santé
Publique en 1992, en vue d'opérationnaliser ses recommandations.
De telles conclusions nous ont motivées à cette
recherche. Elles ont particulièrement orienté le thème de
recherche sur l'éducation à la sécurité
routière dans notre pays. Il s'agit d'analyser les politiques
préventives et les actions éducatives en matière de
sécurité routière, les structures responsables de telles
actions et les stratégies qu'elles développent
Le but principal de la présente étude est de
susciter un nouveau dynamisme et l'adoption des stratégies
intégrées pour une meilleure efficacité et une
amélioration effective de la sécurité routière au
Bénin.
Pour y parvenir, l'étude a été
organisée en six points. Après cette première partie
introductive, une deuxième partie est consacrée à la
contextualisation de la recherche, et permettra de présenter le cadre et
le contexte de notre étude. Une troisième partie est relative
à la problématisation de la recherche. Il s'agit de faire une
revue de littérature pertinente. Elle portera sur trois grands axes du
problème : les facteurs de risque, l'impact mondial
socio-économique et les aspects préventifs des accidents de la
circulation. Une telle investigation permet de situer le cadre théorique
organisant l'étude, de formuler la problématique et les
hypothèses de la recherche. Une quatrième partie porte sur la
méthodologie utilisée. C'est l'occasion de présenter les
sujets de l'étude, les outils d'investigation et d'analyse
utilisés. La cinquième partie présentera les
résultats de la recherche, leur interprétation et discussion. Une
dernière partie la Conclusion débouchera sur des propositions et
suggestions en vue d'améliorer la sécurité routière
au Bénin.
Cette étude portant sur les aspects préventifs
des accidents de la circulation se déroule au Bénin, pays
situé en Afrique de l'Ouest où les accidents mortels
enregistrés entre 1968 et 1990 ont connu ``une croissance de
350%''(Dhliways, 1997).
Pays à faible revenu, le Bénin compte selon les
chiffres du dernier Recensement Générale de la Population et de
l'Habitat (RGPH) de Février 2002, 6.769.914 habitants sur une
superficie de 114.762 km². Ouvert sur la mer, le Bénin
sert de pôle de transit pour plusieurs pays enclavés de la
sous-région comme le Burkina-Faso, le Mali, le Niger, le Tchad
et même le Nigéria avec l'engorgement de ses ports. Cette
situation accroît considérablement le nombre de véhicules
qui circulent sur les routes du pays, et rend très dangereux le
transport routier. De plus, le phénomène ``venu de
France'', a augmenté considérablement le parc automobile
du Bénin. En cinq ans, le taux de croissance est de 61%, soit 138.044
véhicules à moteurs en 1995.
Le Bénin comme tous les pays en voie de
développement est confronté au problème
d'insécurité routière. Il se caractérise par
certains indicateurs d'exposition au risque tels que :
- Les excès de vitesse sur les routes bitumées
qui occasionnent chaque année, en moyenne un accident sur chaque
kilomètre ;
- L'état des routes en terre source d'un accident en
moyenne tous les dix kilomètres ;
- L'état des véhicules pour la fréquence
des accidents est de 549 accidents dont 87 tués pour 10.000
véhicules circulant par an ;
Les accidents surviennent autant en zone urbaine qu'en zone
rurale. Les départements de l'Atlantique et du Littoral et plus
particulièrement la ville de Cotonou est la zone où le risque
d'accident est majeur. En effet, la concentration de toutes les forces
économiques, politiques dans cette ville est fonction d'un
véritable problème d'insécurité routière.
Les mouvements des populations vers cette contrée ne cessent de
croître de jour en jour. Capitale économique du pays, Cotonou
attire beaucoup de jeunes ruraux en quête d'emploi et surtout le
taxi-moto. De plus, la fougue des gens
impatients qui sont pressés et ne trouvent aucun
inconvénient à brûler les feux de signalisation et des
autres règles de sécurité routière.
Les accidents en zones rurales sont plus dangereux que ceux
des villes. Au niveau national ce sont ceux des départements du
Borgou-Alibori et Zou-Collines qui sont les
plus meurtriers. Ainsi, les taux de gravité minimum les plus
élevés sont notifiés sur les tronçons
Parakou-Bembèrèkè ;
Dassa-Glazoué ; Savè-Parakou. Cette situation
s'explique par le fait que les tronçons de ces départements
servent de couloirs de transit pour les pays enclavés de la sous
région. Les accidents intervenant sur ces tronçons impliquent
souvent les véhicules de transport de marchandise et les taxis-inter
état. Le plus souvent les conducteurs de ces véhicules ne
maîtrisent pas le circuit routier car étant des étrangers.
Les tronçons routiers où se produisent le plus fréquemment
ces accidents sont respectivement Cotonou-Sèmè-Kpodji,
Godomey-Allada et Godomey-Ouidah. Il
s'agit des routes inter état où le transport, les trafics
économiques sont très influents. La forte densité de la
circulation sur ces tronçons est la source principale de la
fréquence élevée des cas d'accidents enregistrés.
Pour l'ensemble du pays, deux accidents sur trois, ont lieu entre 7 h
et 18 h et 90 % de ces accidents mettent en cause
les véhicules légers à quatre roues, surtout dans les
villes ; (ceux des poids lourds n'étant mis en cause qu'une fois
sur quatre). Quant aux deux roues (motos et vélos) largement
utilisés au Bénin, ils sont impliqués dans près de
40 % des accidents surtout avec l'avènement des
taxis-moto qui ne maîtrisent pas souvent le code de la route et conduit
parfois dans un état d'ivresse (Rapport du Ministère de
la Santé publique, 1992.)
Au Bénin les facteurs humains sont souvent
incriminés dans ces diverses catégories d'accident (que ce soit
des quatre roues ou des deux roues). Ces facteurs ont pour noms :
l'excès de vitesse, le défaut de maîtrise, les
dépassements ou stationnement défectueux, les défaillances
mécaniques et techniques des véhicules ou des motocyclettes qui
relèvent de l'insouciance des conducteurs. Cette situation peut
être appréciée d'avantage à travers les tableaux de
répartition des infractions et des victimes par tranches d'âges et
sexes issus du rapport du Ministère de la Santé Publique sur les
accidents de la voie publique au Bénin réalisé en 1992.
Tableau A : Répartition
des infractions pour les véhicules.
Infraction véhicule
|
Nombre
|
%
|
Dépassement défectueux
|
96
|
11,6
|
Excès de vitesse
|
185
|
22,3
|
Circulation à gauche
|
45
|
5,4
|
Circulation en sens interdit
|
21
|
2,5
|
Fatigue
|
1
|
0,1
|
Défaillance mécanique
|
61
|
7,3
|
Eblouissement par phares
|
2
|
0,2
|
Stationnement défectueux
|
19
|
2,3
|
Changement de direction sans précaution
|
63
|
7,6
|
Défaut de signalisation
|
20
|
2,4
|
Non respect des feux de circulation
|
17
|
2,0
|
Surcharge
|
0
|
0
|
Refus de priorité
|
105
|
12,6
|
Inattention
|
85
|
10,2
|
Défaut de maîtrise
|
110
|
13,2
|
Etat d'ébriété
|
1
|
0,1
|
TOTAL
|
831
|
100
|
Il est anormal de constater que ce sont les
excès de vitesse qui sont le plus souvent en cause alors que celle-ci
est normalement limitée dans les agglomérations. Viennent ensuite
le défaut de maîtrise et le refus de priorité qui sont
également mises en cause.
Tableau B : Répartition
des infractions pour les motos.
Infraction moto
|
Nombre
|
%
|
Dépassement défectueux
|
39
|
12,2
|
Excès de vitesse
|
86
|
26,9
|
Circulation à gauche
|
13
|
4,1
|
Circulation en sens interdit
|
8
|
2,5
|
Fatigue
|
0
|
0
|
Défaillance mécanique
|
2
|
0,6
|
Eblouissement par phares
|
3
|
0,9
|
Stationnement défectueux
|
3
|
0,9
|
Changement de direction sans
précaution
|
48
|
15
|
Défaut de signalisation
|
9
|
2,8
|
Non respect des feux de circulation
|
9
|
2,8
|
Surcharge
|
3
|
0,9
|
Refus de priorité
|
42
|
13,1
|
Inattention
|
20
|
6,3
|
Défaut de maîtrise
|
30
|
9,4
|
Etat d'ébriété
|
5
|
1,6
|
TOTAL
|
320
|
100
|
Là aussi, l'excès de vitesse demeure la
cause principale des accidents, mais les refus de priorité (13,1%) et
les changements intempestifs de direction (15%) sont également mis en
cause.
Tableau C : Répartition
des infractions pour les vélos.
Infraction vélo
|
Nombre
|
%
|
Dépassement défectueux
|
0
|
0
|
Circulation à gauche
|
2
|
20
|
Circulation en sens interdit
|
0
|
0
|
Changement de direction sans précaution
|
1
|
10
|
Défaut de signalisation
|
3
|
30
|
Non respect des feux de circulation
|
1
|
10
|
Refus de priorité
|
1
|
10
|
Inattention
|
2
|
20
|
Etat d'ébriété
|
0
|
0
|
TOTAL
|
10
|
100
|
Les défauts de signalisation (30%)
l'inattention et la circulation à gauche (20%) sont malheureusement
à l'origine de la majorité des accidents concernant les
vélos.
Tableau D : Répartition
des infractions pour les piétons.
Infraction piétons
|
Nombre
|
%
|
Traversée imprudente
|
92
|
91,1
|
Etat d'ébriété
|
8
|
7,9
|
Habillement sombre
|
1
|
1
|
TOTAL
|
101
|
100
|
Comme normalement attendue dans les villes, les
traversées de chaussées imprudentes donnent lieu à 91,1%
des accidents
Tableau E : Répartition
des victimes par tranches d'âge et par sexe.
Tranches d'âge
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
0 - 4 ans
|
6
|
0,83
|
4
|
1,99
|
10
|
1,08
|
5 - 14 ans
|
40
|
5,53
|
28
|
13,93
|
68
|
7,36
|
15 - 24 ans
|
176
|
24,34
|
43
|
21,39
|
219
|
23,70
|
25 - 34 ans
|
189
|
26,14
|
45
|
22,39
|
234
|
25,32
|
35 - 44 ans
|
101
|
3,97
|
14
|
6,97
|
115
|
12,45
|
45 - 54 ans
|
34
|
4,7
|
11
|
5,47
|
45
|
4,87
|
+ 55 ans
|
15
|
2,07
|
26
|
12,94
|
41
|
4,44
|
Non mentionné
|
162
|
22,41
|
30
|
14,93
|
192
|
20,78
|
TOTAL
|
723
|
100
|
201
|
100
|
924
|
100
|
Les hommes sont le plus souvent les victimes (7 hommes
pour 2 femmes) et les classes d'âge 15 - 24 ans et 25 - 34 ans
représentent près de la moitié des accidentés au
Bénin.
Ces constats fondent notre étude qui se
préoccupe d'analyser les politiques mises en oeuvre pour prévenir
et réduire ces accidents. En effet, depuis 1994, des programmes de
prévention des accidents de la route sont élaborés et mis
en oeuvre dans le pays. Cependant les mêmes infractions sont
constatées et le nombre de victimes ne cesse d'augmenter. Une telle
situation ne pourrait laisser personne indifférente. C'est ce qui
justifie le choix de notre thème portant sur L'ANALYSE DE LA
GESTION DES ACTIONS DE PREVENTION DES ACCIDENTS DE LA ROUTE AU BENIN :
STRATEGIES DES ACTEURS ET PERSPECTIVES. Il s'agit pour nous
d'identifier les enjeux d'une telle entreprise, d'analyser les
stratégies déployées par les acteurs, d'apprécier
les contraintes et obstacles pour enfin déboucher sur des propositions
concrètes afin de réduire les accidents de la route au
Bénin.
2.1 Etat des connaissances sur les accidents de
la route
Tous les jours, des millions de personnes sont tuées
sur nos routes. Parmi nos parents, amis en voyage, allant au service ou se
déplaçant pour satisfaire un besoin, certains ne rentreront
jamais. Ils laisseront des familles tristes et des communautés
brisées. Les accidents de la circulation et ses effets pervers sont
devenus sans nul doute une problématique d'insécurité
routière dans le monde entier.
La sécurité entendue comme ``l'état de
tranquillité d'esprit de celui qui pense qu'aucun danger n'est à
craindre'' (dictionnaire universel, 2000, 1100) se définit
également comme ``une situation dans laquelle l'individu n'est
exposé à aucun risque d'agression physique, d'accident, de vol,
de détérioration'' (Larousse, 1994, 926). Elle constitue de nos
jours une préoccupation pour toutes les nations et cela explique la
création des organisations, de sécurité sociale, de
sécurité publique de sécurité, routière
etc...
La sécurité sociale est ``l'ensemble des mesures
administratives et législatives qui ont pour objet de garantir les
individus et les familles contre les risques sociaux'' (Petit Larousse
illustré, 1981, 920). C'est l'ensemble des organismes chargés
d'appliquer ces mesures. Le système français de
sécurité sociale issue de l'ordonnance du 04 Octobre 1945,
instituant un régime de protection sociale commun à toute la
population, est géré par un service public unique qui regroupe
les risques sociaux en cinq branches :
· L'assurance maladie, maternité,
invalidité, décès.
· L'assurance accident de travail.
· L'assurance vieillesse.
· L'assurance veuvage et
· Les protections familiales.
Quant à la sécurité publique, elle
renvoie aux éléments de l'ordre public parmi lesquels on
distingue les éléments de la sécurité
routière c'est-à-dire l'ensemble des règles et des
services visant la protection des usagers de la route. C'est cette
catégorie de sécurité qui fait l'objet de nos
préoccupations.
Plusieurs travaux de recherches menées à
partir des années 60, ont permis d'approcher de façon pragmatique
et scientifique le problème de l'insécurité sur les routes
et de trouver des solutions en vue de réduire les accidents de la
circulation. Nous pouvons classer ces travaux en trois catégories :
ceux ayant abordés l'impact mondial de ces accidents, ceux portant sur
les facteurs de risque et enfin ceux approchant les aspects préventifs
des accidents de la circulation.
2.1-1 L'incidence mondiale des accidents de la
circulation
Les études menées sur l'impact mondial des
accidents de circulation par plusieurs auteurs ont montré l'ampleur du
problème et ses incidences économiques, sanitaires et
sociales.
En effet, certains de ces travaux analysant les coûts
économiques des accidents de la circulation, ont montré que les
blessés et traumatisés de la circulation coûtent en moyenne
1% du Produit National Brut (PNB) des pays à faible revenu ; 1,5%
des pays à revenu intermédiaire, et 2 % des pays à revenu
élevé (Jacobs et Al, 2000). En 1997, le laboratoire de recherche
en transport (Transport Resarch Laboratory TRL Ltd) a estimé que les
traumatismes consécutifs aux accidents de la circulation avaient
coûté, 518 milliards de dollars US à l'échelle
mondiale soit 453 milliards pour les pays à haut revenu et 65 milliards
de dollars US pour les pays à revenu faible et intermédiaire.
Tableau F : Coût des
accidents de la circulation, par région (milliards de dollars
US)
Région
|
PNB de la région
1997
|
Estimation du coût annuel
|
|
PNB
|
Coût
|
Afrique
Asie
Amérique latine / Caraïbes
Moyen-Orient
Europe centrale / orientale
|
370
2454
1890
495
659
|
1%
1%
1%
1,5%
1,5%
|
3,7
24,5
18,9
7,4
9,9
|
Total intermédiaire
|
5615
|
|
64,5
|
Pays à taux élevé de motorisation
|
22665
|
2%
|
453,3
|
TOTAL
|
|
|
517,8
|
Source : Jacobs et Al
2000
Selon deux autres rapports publiés par le conseil de
l'Europe pour la sécurité des transports (1997 ; 2000), les
accidents coûtent 180 milliards de dollars US par an aux pays de l'Union
Européenne, soit deux fois plus que le budget annuel de l'ensemble des
activités organisées dans ces pays. Aux Etats-Unis, ``ce
coût est de 230,6 milliards de dollars par an, soit, 2,3 % du PNB''
(BLincoe et al. 2002, 809 - 446). Différentes études
réalisées dans les années 90 ont conclu à des
coûts estimés à 0,5% du PNB au Royaume Uni, 0,9% en
Suède, 2,8% en Italie et 1,4% en moyenne dans 11 pays à revenu
élevé (Elvick 2002, 849-851). En 2000, les accidents de la
circulation ont coûté 45 millions de dollars US au Bangladesh soit
1,6 % PNB (Babtie, 2003) et 2 milliards de dollars à l'Afrique du sud
(Rapport du ministère du transport 2001). Enfin en chine, en 1999, ces
accidents ont entraîné la perte de 12,6 millions d'années
productives, ce qui représente une valeur estimée à 12,5
milliards de dollars soit près de quatre fois le montant du budget
annuel de la santé du pays (Zhou et al, 2003, 124-127).
D'autres travaux portant sur les coûts sanitaires
sociaux de ces accidents ont montré que parmi les personnes
blessées et ayant besoin d'être prises en charge par un service
de santé, près d'un quart présentaient des traumatismes
crâniens et un dixième des blessures ouvertes. Ces
résultats confirment que ``les accidents de la circulation sont la
principale cause de traumatisme crânien tant dans les pays à
revenu élevé que dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire''. (Thurman, 2001 ; Santikarn et al 2002). Une
synthèse des études faites par (Odero et al 1997) a permis de
conclure que les accidents de la circulation représentent entre 30 et
86% des causes d'hospitalisation pour traumatismes dans certains pays à
revenu faible et intermédiaire. Les personnes blessées dans de
tels accidents représentent entre 13 et 31% de l'ensemble des patients
hospitalisés pour traumatisme et occupant 48 % des lits dans les
services de chirurgie. Selon les prévisions en 2020 les traumatismes dus
aux accidents de la circulation entraîneront la mort d'environ 2,3
millions de personnes à l'échelle mondiale et
représenteront un pourcentage plus important de tous les
décès consécutifs à des traumatismes soit 27,4%
dont 90% auront lieu dans les pays à faible revenu (Murray, Lopez 1996).
Le rapport de la fédération européenne des victimes de la
route 2003, mentionne que plus de 40.000 personnes sont tuées chaque
année et plus de 150.000 deviennent invalides à vie à la
suite d'un accident de la circulation. Près de 200.000 familles perdent
un être cher ou se retrouvent avec un invalide. Les études
menées en 1993 et en 1997 par cette même fédération,
ont montré que 90 % des familles de personnes
décédées dans un accident et 85 % des familles de
survivant d'accidents devenus handicapés connaissent une
dégradation importante de leur qualité de vie. Les
résultats de ces études ont également
révélé que les survivants d'accidents de la circulation et
leur famille ne sont ni satisfaits de la procédure pénale
d'indemnisation par les assurances et de l'action en responsabilité
civile, ni des informations et de l'appui qu'il avait reçu pour les
aider à y faire face. Dans cet ordre d'idée, (Hijar et al 2003),
a montré que dans tous les pays, la perte du soutien de famille, le
coût des funérailles et des soins prolongés qu'exigent les
personnes handicapées, peuvent faire sombrer les familles dans la
pauvreté. Les enfants sont souvent les plus durement touchés.
Dans un pays comme le Mexique, la perte des parents dans un accident de la
circulation est la deuxième cause pour laquelle les enfants deviennent
orphelins.
En 1998 et selon une étude publiée par Krug
(1999), les accidents de la circulation ont causé la mort d'environ
1170694 personnes dans le monde et sur l'ensemble des décès,
1029037 soit 87,9% se sont produits dans les pays à faible revenu et
12,1 dans les pays à revenu élevé. Ceci peut être
mieux apprécié à travers ce tableau ci-dessous.
Tableau G :
Répartition des décès dus aux Accidents de
la Circulation (AC) et taux de mortalité, par région de l'OMS* et
par niveau de revenu* (élevé et faible / moyen), en
1998.
PAYS
|
ARF
|
AMR
|
EMR
|
EUR
|
SEAR
|
WPR
|
MONDE
|
NIVEAU REVENU
|
|
Elevé
|
Faible
|
|
Elevé
|
Faible
|
|
Elevé
|
Faible
|
|
Nombre de décès due aux AC (000)
|
170
|
49
|
126
|
72
|
66
|
107
|
336
|
25
|
220
|
1171
|
% des décès mondiaux dus aux AC
|
14,5
|
4,2
|
10,8
|
6,1
|
5,6
|
9,1
|
28,6
|
2,1
|
18,8
|
100
|
Taux de mortalité dus aux AC pour 100.000
|
28,2
|
16,1
|
25,3
|
15,2
|
16,8
|
22,4
|
22,6
|
12,6
|
15,5
|
19,9
|
% de l'ensemble des décès due aux AC
|
1,8
|
1,9
|
4
|
1,9
|
1,7
|
2
|
2,5
|
1,7
|
2,1
|
2,2
|
Source : Krug, 1999
* Se reporter à la liste des abréviations au
début de ce document.
2.1-2 Les facteurs de risque d'accidents
Plusieurs études ont abordé l'existence de tels
facteurs. Nous les présentons en quatre groupes suivant les
éléments déterminant du concept de risque approché
par Rumar (2000) : l'exposition, la probabilité de survenu d'un
accident, la probabilité d'être blessé en cas d'accident et
enfin l'issue du traumatisme subi.
2.1.2-1 - L'exposition au risque d'accident
Dans la circulation routière, les risques
apparaissent avec la nécessité de se déplacer, par exemple
pour se rendre au travail, aller à l'école ou pour s'adonner
à des loisirs. Pour Tingvall C. (1995), il est impossible du point de
vue pratique, d'éliminer tous les risques, mais il est possible de
réduire l'exposition au risque de graves traumatismes et d'en diminuer
la gravité et les conséquences. Les études de tels
facteurs sont liés à l'augmentation du nombre des
véhicules. Selon Smeed R (1949) il existe une corrélation entre
l'augmentation du nombre des véhicules automobiles et celle des
accidents de la circulation. Certains travaux ont montré que les
facteurs démographiques influencent beaucoup sur le nombre de victime de
la route. Selon Hakamies- Blomqvist. L. (2003) l'évolution
démographique que connaîtront les pays dans les 30 prochaines
années fera que les personnes âgées de plus de 65 ans, en
raison de leur fragilité physique risquent fort d'être
exposées aux accidents de la circulation. Certains auteurs ont
montré que les pratiques d'aménagement du territoire et les
décisions concernant les limitations de vitesse ainsi que la conception
et le tracé des routes, ont des incidences considérables sur la
santé publique. En effet Khayesi M (1998) et Tiwari G. (2000) ont
montré que le risque d'être blessé dans les accidents de la
route sera donc plus grand pour les occupants de voitures et encore plus pour
les usagers de la route vulnérables comme les piétons, les
cyclistes et les utilisateurs de deux - roues motorisées. De plus dans
beaucoup de pays à faible revenu, la mixité du trafic routier
où se côtoient piétons, vélos, pousse-pousse,
cyclomoteurs, vélomoteurs et autres motocyclettes, fourgonnettes,
camions et autobus influent sur les facteurs d'exposition.
2.1.2-2 La probabilité de survenu d'un
accident
Certains travaux ont montré que ces facteurs sont
liés à la vitesse insuffisante et excessive, à la
consommation d'alcool, la prise de médicaments ou de drogues, à
l'usage récréatif. En effet, des enquêtes de Odero (1995)
menées dans les pays à faible revenu sur les conducteurs, il
ressort que 33% et 69% des conducteurs tués au volant et près de
8 % et 29 % de conducteurs impliqués dans un accident non mortel avaient
consommé de l'alcool. Peden et al (1996) conclurent qu'en Afrique du
sud, l'alcool joue un rôle dans 29% des cas où les conducteurs
sont blessés et dans plus de 47% des cas où les conducteurs
meurent des suites d'une collision.
D'autres facteurs comme la fatigue, la jeunesse au volant,
les zones urbaines et résidentielles, les défauts de conduite, de
frein et d'entretien sont aussi des facteurs de risque influant sur les
accidents. Le rapport de la Commission des Communautés
Européennes publié en 2003 a souligné que la vitesse
excessive ou inappropriée contribue à 30 % environ aux accidents
mortels dans les pays à revenu faible.
Quant aux travaux de Promising (2001) et Kandela (1993), ils
ont mis l'accent sur les défauts de conception, de tracé et
d'entretien des routes sans oublier le comportement dangereux des usagers
de la route, le manque de visibilité dus aux facteurs environnementaux
et l'usage du portable au volant.
2.1.2-3 La probabilité d'être blessé en
cas d'accident
Plusieurs études ont associé les facteurs de
risque de gravités des traumatismes, lors des accidents au manque de
protection anti-collision intégré au véhicule, à
une protection insuffisante sur les bords des routes, à la non
utilisation des dispositifs de sécurité dans les
véhicules, au défaut de port de casque, à la vitesse
excessive et inappropriée et à la consommation d'alcool. Mohan
(2002) a montré dans son étude que dans les pays à revenu
faible, la majorité des victimes des accidents de la route se trouvent
à l'extérieur des véhicules, car ce sont des
piétons, des cyclistes ou des passagers d'autobus ou camions qui en sont
victimes. Il montre qu'à ce jour, rien n'oblige à protéger
les usagers de la route vulnérables en concevant l'avant des voitures et
autobus de manière à ce qu'ils absorbent des chocs.
Le défaut de port de casque est le principal facteur
de risque pour les utilisateurs des deux roues motorisées. Les travaux
de Hijar et al (2003) ont montré que le port du casque réduit de
20% à 45% le nombre de traumatismes crâniens graves mortels chez
les motocyclistes et est la meilleure approche pour qu'ils ne se blessent pas.
Kulanthayan et al (2000) conclurent qu'en cas de collision, les utilisateurs de
deux roues motorisées qui ne portent pas de casque risquent trois fois
plus d'être victimes de traumatismes crâniens que ceux qui en
portent un. Quant aux conducteurs et passagers des véhicules, l'ampleur
de ces traumatismes crâniens réside selon Mackay M. (1997) dans le
défaut de port de la ceinture de sécurité et la non
utilisation de sièges pour enfants dans les véhicules
automobiles.
Les collisions entre les véhicules qui quittent la
route et les objets qui se trouvent en bord de route, comme les arbres, les
poteaux et les panneaux de signalisation, constituent un problème
d'insécurité routière majeur dans le monde. D'après
les études réalisées par Kloeden CN et al (1998) en
Australie et la commission européenne pour la sécurité des
transports (1998), 18% à 42% des accidents mortels résultent de
ces collisions.
2.1.2-4 Les suites des traumatismes après les
accidents.
Les travaux de Ellinwoo et al (1985) et Judd LL. S (1985)
montrent qu'il est possible dans une large mesure d'empêcher que les
victimes de la route meurent avant leur arrivée à
l'hôpital. En effet, certains facteurs tels le délai de
réaction après un accident, la présence de feu
provoquée par la collision, la fuite de matières dangereuses, la
présence de l'alcool et la drogue, les difficultés à
extraire les personnes des véhicules, l'absence de soins
pré-hospitaliers et de salle des urgences des hôpitaux
appropriés, augmentent dangereusement l'ampleur des traumatismes
après les accidents.
Une étude européenne menée par Buylaert
W, ed (1999) sur la mortalité dans les accidents de la circulation,
conclut qu'environ 50% des décès consécutifs à ce
type d'accident, surviennent en l'espace de quelques minutes sur les lieux de
la collision ou sur la route vers l'hôpital. Par ailleurs Mock et al
(1998) ont montré que dans les pays à faible revenu et à
revenu moyen, l'immense majorité des décès se produit
avant l'hospitalisation. Ces travaux soutiennent que la probabilité de
mourir est inversement proportionnelle au niveau socio-économique de la
victime. Mais la mortalité dépend aussi des soins
dispensés après l'accident.
Dans une étude portant sur 2000 admissions en
traumatologie dans le principal hôpital de Kumassi au Ghana, on remarque
qu'il s'écoule 12 heures avant le début d'une intervention
chirurgicale urgente et que le matériel essentiel est peu utilisé
alors même que les équipes en ont à leur disposition. (Mock
et al 1997, 504 - 513).
Dans les pays à faible revenu, bien des victimes n'ont
ni sécurité sociale, ni protection en matière de
santé, ni assurance-vie et elles n'ont donc pas accès aux soins
hospitaliers (Nantulya, 2000 : 211 - 225). Ainsi selon Mock et al (2000),
parmi les blessés graves administrés dans les hôpitaux,
seuls 60 % dans les zones urbaines et 38% dans les zones rurales
reçoivent des soins hospitaliers et sur les 11 hôpitaux investis,
il y a un manque essentiel de matériel et d'équipement,
d'où le problème important des soins inadéquats
après les accidents. L'existence de tels soins et leur qualité
influencent sensiblement les suites d'un accident de la circulation, à
savoir les décès ou les incapacités qui résultent
éventuellement.
2.1-3 Les facteurs de prévention et de
réduction des accidents de la
route
Historiquement, les accidents de circulation étaient
considérés comme des événements dus au hasard qui
« n'arrivaient qu'aux autres » et une conséquence
inévitable du trafic routier. Pour Loimer et Guarnieri (1996), le terme
« accident » donne l'impression de quelque chose
d'inévitable et d'imprévisible, un évènement sur
lequel on n'a aucune emprise. Mais aujourd'hui un tel événement
peut faire l'objet d'une analyse rationnelle et d'une action corrective qui
engagent le problème de la sécurité routière.
Traditionnellement,
érigée en organisme au sein du ministère des transports
des pays développés, la sécurité routière
est progressivement perçue comme, un problème de santé
publique (Trinca et al, 1988 ; Woller 2001). En effet, en pratique les
traumatismes causés par les accidents de la circulation
représentent un problème de santé publique majeur, et la
meilleure prévention des accidents de la circulation est vue sous
l'angle de la santé publique. Ce problème repose au plan
scientifique non seulement sur les données de la médecine, de la
biomécanique, de l'épidémiologie, mais aussi et surtout
sur les données de la sociologie, des sciences comportementales, de la
criminologie, de l'éducation, de l'économie, du génie
civile et d'autres disciplines. Du point de vue sociologique, la
sécurité routière a été approchée de
manière systémique et complémentaire.
Au plan social, plusieurs travaux ont
montré que les accidents de la circulation touchent d'avantage
les membres des familles les plus pauvres et les plus vulnérables de la
société. Ainsi selon ces études les pauvres
représentent la majorité des victimes d'accidents et ne
reçoivent pas de soutien durable en cas de séquelles à
long terme et ont un accès limité aux soins d'urgence (Nantulya
2003 ; Laflamme et al 2000), d'où selon ces auteurs, l'égale
protection de tous les usagers de la route devait être un principe
cardinal pour éviter que les personnes les plus pauvres et les usagers
de la route vulnérables soient plus représentés parmi les
blessés et tués. Ce problème d'équité selon
Mohan (2002) est fondamental pour réduire le nombre de morts et de
blessés résultant des accidents de la route à
l'échelle mondiale.
Du point de vue systémique, les travaux de Haddon
(1968) visant une prévention efficace des traumatismes dus aux
accidents de la route, ont mis au point l'interaction de trois facteurs ``la
matrice de Haddon'' permettant d'expliquer un accident :L'homme, le
véhicule et l'environnement. Ainsi neuf cellules imaginées par
Haddon, modélisent l'accident comme un système organisé en
trois phases : avant, pendant et après le choc. Système
dynamique, chacune des cellules offre des possibilités d'interaction
pour réduire les traumatismes causés par un accident de la
circulation.
Tableau H : Matrice de
Haddon
F A C T E U R S
|
PHASE
|
HUMAIN
|
VEHICULE ET EQUIPEMENT
|
EVIRONNEMENT
|
Avant
L'accident
|
Prévention des accidents
|
Information
Attitudes
Diminution des facultés
Application de la loi
|
Aptitude à rouler Eclairage
Freins Maniement
Gestion de la vitesse
|
Aménagement routier
Limite de vitesse
Aménagement piétons
|
Accident
|
Prévention des traumatismes en cas d'accident
|
Utilisation de moyens de contention
Diminution des facultés
|
Ceintures
Autres dispositifs de sécurité
Conception de protection en cas d'accident
|
Accotements résistants
|
Après l'accident
|
Maintien en vie
|
Notions de secourisme
Accès à des médecins
|
Faculté d'accès
Risque de feu
|
Equipement de secours congestion
|
Source : Haddon Jr. W.
(1968).
Cette approche qui a permis de réaliser des
progrès importants dans la compréhension des facteurs
comportementaux, des facteurs liés à la route et aux
véhicules, a influencé le nombre et la gravité des
traumatismes subis dans les accidents de la circulation.
Elle cherche alors à mettre en évidence et
à corriger les principales sources d'erreur ou les défauts de
conception des véhicules causant des accidents graves ou mortels et en
conséquences des traumatismes survenus au cours des accidents de
circulation.
Ces travaux justifient l'élaboration des politiques
de sécurité routière dans tous les pays. Ceux conduits
à cet effet par Trinca et al (1988) ont montré la
responsabilité partagée de différents ministères au
sein d'une équipe gouvernementale pour cerner et réussir une
politique de sécurité routière. Ainsi quoique les
responsabilités gouvernementales en matière de
sécurité routière incombent au ministère des
transports, autres ministères comme ceux de la police, de la justice, de
la santé, de la planification et de l'éducation, s'occupent de
certains aspects clés de cette sécurité.
Principales entités influençant
l'élaboration des politiques
USAGERS/CITOYENS
MEDIAS
ONG.
GROUPES D'INTERET
INDUSTRIE
POLITIQUE DE PREVENTION DES ACCIDENTS DE LA ROUTE
POLICE
SPECIALITES
ORGANISMES PUBLICS ET LEGISLATIFS
Par ex. Transports, santé publique, éducation,
justice, finances.
Sources : Trinca G. et
al (1998)
Mais selon le rapport de l'U.E.M.O.A (2000), les
accidents sont multi - factoriels et nécessitent une approche globale.
Il s'agit d'une prise en considération simultanée de l'ensemble
des composantes de la sécurité routière, dans leur
complexité et dans leur diversité, source d'une volonté
politique et d'une meilleure mobilisation des acteurs concernés. Une
telle approche est intrinsèquement liée à la
démarche de concertation ; chacun des acteurs mobilisés ne
pouvant se sentir seul mis à contribution ou au contraire, dans son
domaine (éducation nationale, santé, etc....)
négligé. Elle suscite en réalité un
véritable effet d'entraînement, une certaine émulation et
constitue un facteur indéniable de succès de la politique ainsi
définie (UEMOA, 2000).
Ces différentes études ont permis de cerner la
problématique de l'insécurité routière au plan
mondial et régional. Elles ont eu le mérite d'aborder le
problème des accidents de la circulation à travers trois aspects
majeurs : l'impact socio-économique, les facteurs essentiels de
risque et surtout les mesures importantes pour la prévention des
traumatismes et les décès qui en résultent. Cependant
aucune de ces études n'a mis en évidence de façon
spécifique les stratégies développées par les
différentes institutions politiques chargées de la
sécurité routière au Bénin. C'est à une
telle étude que nous allons nous consacrer dans le cadre de ce travail
de recherche. Pour atteindre un tel objectif, cette étude de nature
essentiellement analytique va s'appuyer sur une théorie sociologique
développée en sociologie des organisations : l'analyse
stratégique de Crozier et Friedberg (1977). Elle servira du cadre
théorique à cette étude.
2.2 Cadre théorique de la sociologie des
organisations : l'analyse
stratégique de Crozier et
Friedberg (1977)
Un certain nombre de Ministères se partage la
responsabilité de la gestion des activités de
sécurité routière au Bénin. Il s'agit : du
Ministère des Travaux Publics et des Transports (MTPT) qui coordonne
l'ensemble des activités se rapportant à la
sécurité routière à travers, la Direction
Générale des Transports Terrestres (DGTT) et le Centre National
de la Sécurité Routière (CNSR), chef de file du
système de prévention des accidents au Bénin. Ensuite les
Ministères de l'Intérieur et de la Défense qui sont
chargés de réguler le trafic routier, de contrôler la
circulation et d'intervenir en cas d'accident, respectivement dans les zones
urbaines et dans les zones rurales. Enfin des sociétés
d'assurance qui interviennent dans la prise en charge des risques
engendrés par les accidents. Ces différentes structures
interviennent dans le domaine de la sécurité routière par
des actions préventives et répressives. Elles seront
approchées par Crozier et Friedberg (1977) en termes d'organisation et
les missions qui sont les leurs et les actions menées par chacune
d'elles en termes de stratégies.
Ce cadre théorique de la sociologie des organisations
qui postulent que ``toute organisation a des objectifs propres, est
structurée par un système formel, doublé d'un
système informel, mais est influencée par l'environnement, et
regroupe des individus divers mêlant en permanence leurs objectifs et
stratégies propres à ceux de l'organisation''. Une telle
définition de l'organisation nous amène à nous
intéresser particulièrement aux concepts de système formel
et informel pour comprendre les stratégies développées par
les acteurs de chacune des organisations en jeu dans le domaine de la
sécurité routière au Bénin. Ces acteurs concourent
au fonctionnement de l'organisation en apportant leur contribution dans les
conditions orientées par les règles (système formel), mais
y mêlent leurs propres stratégies au regard de la
représentation qu'ils se font des intérêts que poursuit
l'organisation et de leurs propres intérêts (système
informel). Selon Crozier et Friedberg (1977), l'idée de système
sous-entend qu'il existe une articulation des rôles de chacun dans un
ensemble intériorisé par les acteurs, et dans lequel se
construisent les rapports interindividuels. Si ces rapports sont
structurés par des éléments du système
formel (statut, objectif, règlement) qui réduisent les
possibilités d'autonomie des membres, le système n'est pas une
donnée intangible et extérieure à l'action des acteurs. Il
est à la fois contenant et contenu, structure et processus, contrainte
pour l'action humaine en même temps que son résultat. Il
présente une face officielle, le système formel et une face
adaptée, le système informel c'est - à - dire les
modalités de fonctionnement admises par tous, mais non prévues
par les informations officielles. Cette définition du système
nous permet de nous intéresser aux structures et aux processus qui
contraignent l'action des différents acteurs de la
sécurité routière. Il s'agit de mettre en évidence
le système formel et informel des différentes organisations
chargées d'assurer cette sécurité, puis d'analyser les
stratégies développées par chacune d'elle.
L'analyse stratégique distingue deux types
d'acteurs : collectif et individuel. Elle démontre la
capacité de ces acteurs à construire des échanges et
exploiter les opportunités qu'offre le contexte dans une situation
d'action commune. Cette capacité d'action des acteurs repose sur des
postulats suivants :
- l'organisation est un construit et non une réponse.
Elle aurait pu être autrement si les acteurs ne l'avaient pas construite
telle qu'elle est. Elle est donc le résultat du jeu des acteurs.
- L'acteur est relativement libre, car il n'est jamais
totalement enfermé dans son rôle. Jouer avec son rôle et
tenter de rendre prévisible le comportement des autres expliquent les
interactions.
- Les objectifs de l'acteur ne sont pas identiques à
ceux de l'organisation. L'acteur n'est pas soumis et s'il se dévoue, son
comportement est dû à un arrangement lui permettant de trouver ses
propres intérêts. Il calcule avec une rationalité
limitée pour obtenir un maximum de satisfaction.
Ces postulats de l'analyse stratégique posent la
question de comprendre comment chacun de ces acteurs (collectif et individuel)
agit au Bénin pour assurer la sécurité des usagers de la
route. Il s'agit de mettre en évidence le jeu des acteurs et surtout les
arrangements leur permettant de tirer des profits de la sécurité
routière.
2.3 Problématique
Le Bénin comme la plupart des pays de la sous
région s'est doté d'une politique de sécurité
routière assurée et mise en oeuvre par un ensemble
d'organisations. Chacun de ces acteurs collectifs participe de diverses
manières aux actions préventives et répressives dans le
domaine de la sécurité routière. Les structures formelles
de chacun d'eux limitent leurs actions communes biens qu'elles se
complètent dans l'informel. Leurs acteurs individuels étant
``libre'' n'adoptent pas les règles formelles de ces organisations sans
les adapter à leur propre dynamisme.
En effet les objectifs poursuivis par ces derniers ne sont pas
identiques à ceux des organisations. Ils sacrifient
l'intérêt général au profit du personnel et ne
permettent pas alors de limiter les accidents de circulation.
Cette problématique nous conduits à formuler les
questions de recherche suivantes :
- Quelles sont les stratégies développées
par les différents acteurs collectifs ?
- Quelles sont celles développées par les
acteurs individuels qui limitent la prévention des accidents de la
route ? Autrement dit quels sont les jeux d'acteurs source d'arrangement
permettant à ces derniers de tirer des profits?
- Comment coordonner les actions des différents acteurs
collectifs et individuels afin d'insuffler une nouvelle dynamique aux actions
de prévention par des stratégies intégrées
d'intervention ?
Il s'agit de façon spécifique :
Ø D'apprécier la pertinence et
l'efficacité des actions de prévention des accidents de la route
mises en oeuvre par les différentes organisations créées.
Ø D'identifier les faiblesses et les obstacles majeurs
qui handicapent ces actions.
Ø De susciter l'adoption des stratégies
intégrées pour une amélioration de la
sécurité routière au Bénin.
2.4 Hypothèse
Pour atteindre les objectifs assignés à cette
recherche, notre étude se fonde sur trois hypothèses
majeures :
· les stratégies individuelles
développées par les acteurs collectifs de la prévention
des accidents de la route ne limitent pas pour autant la fréquence de
ces accidents
· La recherche de l'intérêt individuel
entrave l'atteinte de l'objectif commun qui est la prévention et la
réduction des accidents de la route.
· L'incivisme des usagers de la route limite les efforts
déployés par certains acteurs.
La qualité scientifique d'une recherche réside
dans la méthodologie utilisée par le chercheur pour recueillir et
analyser des données relatives à la problématique que pose
son étude. Il s'agira de faire état dans cette partie du travail
de la démarche suivie pour recueillir, au sein des acteurs
chargés de la mise en oeuvre des politiques de prévention des
accidents de la route et les différentes catégories d'usagers du
circuit routier, des informations utiles pour notre thème. Ces
informations seront issues : des sources documentaires, de la
pré-enquête, des observations directes sur le terrain et des
entretiens avec les différents acteurs concernés par la
problématique de notre étude.
3.1 - Le champ d'analyse et la sélection des
unités d'observation
3.1.1 - Le champ d'analyse
En sciences sociales il ne suffit de savoir
les types de données à rassembler, encore faudrait-il que le
champ des analyses empiriques soit circonscrit dans l'espace
géographique et social.
En effet, la problématique des accidents de la
circulation au Bénin et les moyens pour les prévenir sont des
préoccupations qui concernent tous les Béninois sans distinction
aucune. Mais, au regard des contraintes de temps, des ressources et de la
nature de cette recherche, nous avons décidé de limiter nos
investigations à deux grandes villes du pays, que sont Cotonou et
Porto-Novo. Ces villes abritent à elles seules la grande majorité
des acteurs du trafic routier et la quasi-totalité des institutions
chargées de la mise en oeuvre des politiques gouvernementales en
matière de sécurité routière.
3.1.2 - La sélection des unités
d'observation
La nature de notre recherche et la complexité du
phénomène qu'elle aborde ne permettent pas d'étudier le
problème dans sa globalité en prenant en compte tous les usagers
de la route. La possibilité retenue est le choix raisonné qui
permettrait d'étudier les composantes les plus en vue dans
l'intervention et la prévention de l'accident de la route. Il s'agit
pour nous de recueillir nos informations auprès de deux unités en
charge du phénomène étudié. Dans un premier temps
de l'ensemble des acteurs collectifs intervenant dans la mise en oeuvre des
stratégies de prévention et de la prise en charge des risques que
sont : le Centre National de Sécurité Routière
(CNSR) ; la Direction Générale des Transports Terrestres
(DGTT) ; les Forces de Sécurité Publiques : la Police
et la Gendarmerie et enfin les sociétés d'assurance qui prennent
en charge les risques engendrés par ces accidents. Dans un
deuxième temps, les usagers de la route et plus spécifiquement
les usagers les plus vulnérables (piétons, cyclistes,
motocyclistes) et les usagers les plus impliqués dans les accidents (les
chauffeurs des camions de transports et les taxis urbains ou interurbains).
En définitive, l'échantillon de l'étude
se compose comme suit :
- Au niveau des acteurs de la mise en oeuvre des politiques de
prévention et de prise en charge des risques, nous aurons à
interviewer :
· 8 sujets de la DGTT dont le directeur
général, les chefs services et les agents d'exécution.
· 8 sujets du CNSR dont le Directeur, les chefs service
et les agents d'exécution.
· 8 sujets de la gendarmerie routière dont le
responsable principal et les agents.
· 8 sujets de la police dont le responsable principal et
les agents.
· 3 responsables des sociétés
d'assurance.
Au niveau des usagers de la route nous aurons à
interviewer deux composantes majeures que sont :
- Les usagers les plus impliqués dans les
accidents. Soit :
§ 15 conducteurs poids lourd dont 10 chauffeurs
titulaires et 5 responsables syndicaux.
§ 15 conducteurs de taxi dont 10 chauffeurs titulaires et
5 responsables syndicaux.
- Les usagers les plus vulnérables.
Soit :
§ 15 piétons dont les élèves et
autres.
§ 15 cyclistes et motocyclistes dont les taxi-motos.
Tableau I : récapitulatif du nombre
de sujets interviewés
Structures d'enquête
|
effectifs
|
Pourcentage
|
DGTT
|
8
|
8.42
|
CNSR
|
8
|
8.42
|
Police et gendarmerie
|
16
|
16.84
|
Société d'assurance
|
3
|
3.15
|
Conducteurs poids lourds
|
15
|
15.79
|
Conducteurs taxis
|
15
|
15.79
|
Piétons/ élèves
|
15
|
15.79
|
Cyclistes et motocyclistes/ taxi-motos
|
15
|
15.79
|
TOTAL
|
95
|
100
|
3.2 - Instrument d'observation et de collecte des
données.
Les techniques et outils d'investigation utilisés sont
constitués d'une analyse documentaire, d'une pré-enquête,
des entretiens avec les unités identifiées et des observations
directes sur les points de contrôle routier et les centres de visite
technique.
- L'analyse documentaire a consisté en la collecte
d'ouvrages et publications scientifiques relatifs aux accidents et à la
sécurité routière. Elle a été
réalisée auprès des institutions comme : l'OMS, le
CNSR, la DGTT, la Police et la Gendarmerie et aussi dans les centres de
documentation spécifiques et des sites WEB à Porto-Novo et
à Cotonou. Cette analyse a permis de cerner les contours du thème
de recherche pour une bonne orientation des objectifs.
- La pré-enquête a été
également utile pour une meilleure connaissance des acteurs du
phénomène étudié. Elle a permis d'identifier et de
prendre contact avec les institutions concernées afin d'obtenir
l'autorisation de la recherche.
- Les observations qui ont consisté à porter un
regard sur les faits au niveau des points de contrôle au CNSR, les
postes de police et de gendarmerie. Ces observations sont directes et ont
permis de prendre connaissance de la forme, des manifestations du
phénomène, de son impact sur l'environnement immédiat.
Elles ont également permis d'apprécier la stratégie des
acteurs individuels (transporteurs, contrôleurs et agents de
sécurité).
- Les entretiens qui ont été
réalisés avec ces différents acteurs nous ont permis de
produire des données à partir des discours des
d'enquêtés, et de compléter nos observations. Cette
technique a permis de faire recours à la mémoire, au souvenir
et au vécu des enquêtés.
Ces entretiens semi-directifs sont organisés à
partir d'une grille structurée en thèmes et en sous-thèmes
sur lesquels les enquêtés doivent donner leurs opinions.
3.3- Méthode de collecte et de traitement des
données.
L'enquête proprement dite s'est déroulée
dans les villes de Cotonou et de Porto-Novo avec l'échantillon
précédemment défini. Les informations sont recueillies
sur du support papier préalablement préparé et sur du
support audio.
Le traitement des données a consisté
à dépouiller un nombre important d'entretiens, à
procéder par catégorie à la transcription intégrale
de tous les entretiens qui semblent représenter le point de vue de
l'ensemble des personnes interviewées sur le thème et à
procéder à une analyse thématique du corpus. Cette
technique est inspirée de l'ouvrage : l'enquête et ses
méthodes, l'entretien (1992) proposée par Alain Blanchet et Anne
GOTMAN. Il s'agit de découper transversalement tout le corpus.
L'unité de découpage est le thème qui représente un
fragment de discours. Chaque thème est défini par une grille
d'analyse élaborée empiriquement. Le mode de découpage est
stable d'un entretien à l'autre. Cette technique ignore ainsi la
cohérence singulière de l'entretien, et cherche une
cohérence thématique inter-entretiens. ``La manipulation
thématique consiste donc à jeter l'ensemble des
éléments signifiant dans une sorte de sac à thèmes
qui détruit définitivement l'architecture cognitive et
affectivement des personnes singulières'' (Bardin, 1991, p.93).
L'identification des thèmes et la construction de la
grille d'analyse se sont effectuées à partir des
hypothèses de notre étude. Elles procèdent donc d'une
itération entre hypothèses et corpus. Cette grille d'analyse doit
autant que possible être hiérarchisée en thèmes
principaux et thèmes secondaires (spécification) de façon
à décomposer au maximum l'information, séparer les
éléments factuels et les éléments de signification,
et minimiser les interprétations non contrôlées. La grille
d'analyse est un outil explicatif visant la production de résultats de
l'enquête.
Une fois les thèmes et items identifiés, une
fois la grille construite, il s'agit alors de découper les
énoncés correspondants et les classer dans les rubriques ad hoc.
Ces énoncés sont des unités de signification complexe et
de longueur variable (membre de phrases, phrases, paragraphes...)
Enfin procéder à l'analyse et
l'interprétation des résultats de la grille d'analyse.
3.4 - Difficultés rencontrées
Elles sont de plusieurs ordres
- L'inexistence d'une documentation fournie sur le
thème sur place. Mais avec le secours de l'OMS, cette difficulté
a été enrayée.
- L'indisponibilité de certains acteurs de notre
enquête.
- Le refus de certains agents de la police et de la
gendarmerie à utiliser le matériel audio.
- L'insuffisance du temps consacré à la
réalisation du mémoire par les autorités
académiques et le manque de ressources financières.
4.1- Présentation des résultats
Les données recueillies auprès
des différentes composantes de notre étude après
dépouillement et transcription sont présentées dans ce
tableau bâti selon notre modèle de traitement des données.
Ce tableau met en relation les thèmes et les sous-thèmes avec les
hypothèses et la problématique de notre recherche. Il
présente en trois colonnes les thèmes, les sous-thèmes et
les unités de signification que sont les données recueillies et
présentant un intérêt particulier pour le thème de
recherche.
TABLEAU H : RECAPITULATIF DES
RESULTATS DES DONNEES
RECUEILLIES PAR THEMES
ET SOUS THEMES.
THEMES
|
SOUS-
THEMES
|
UNITES DE SIGNIFICATION (données issues des
entretiens)
|
Mission des diverses structures
institutionnelles impliquées dans la
sécurité routière
|
CNSR
|
Réalisation et mise en oeuvre de la politique de
sécurité routière au Bénin par des mesures de
prévention en vue d'accroître la sécurité des
usagers (éducation routière, formation des usagers, inspection
routière, étude des dossiers d'infractions, inspection technique
des véhicules.
|
DGTT
|
Chargée de l'organisation, la réglementation, la
surveillance et le contrôle des transports routiers et ferroviaires
à l'intérieur de la république du Bénin :
législation routière, contrôle routier, recherche,
délivrance et le contrôle des titres et autorisations de
transports, perfectionnement et recyclage des usagers.
|
Police et gendarmerie
|
- Faire appliquer la réglementation routière
- Prévenir et constater les accidents de la
route
- Réguler la circulation routière
- Constater et réprimer les infractions au code
de la route.
- Renseigner les conducteurs et les étrangers
|
|
Compagnie d'assurance
|
- prise en charge des risques routiers.
- Respect des dispositions relatives à la mise en
application des tarifs
- Faire face aux sinistres.
|
L'application des textes
|
Origine des moyens de mise en application
|
Les moyens proviennent de l'Etat, nous avons des
activités qui génèrent de l'argent comme les visites
techniques, des frais liés à la production des titres de
transports.
|
Stratégies d'application des textes
|
Les postes de contrôle sur les voies
La patrouille de surveillance
Les actions de formation et d'éducation
Les examens de permis de conduire
Les inspections routières
Les répressions et les sanctions
|
Contrôle et supervision
|
Il n'y a pas un corps de contrôle
Contrôle périodique inopiné (police et
gendarmerie)
Les agents sont responsables et conscients de leur rôle.
Même si on est derrière eux ils feront ce qu'ils doivent faire.
Le contrôle ne va pas régler le problème.
C'est une culture citoyenne qu'il faut.
|
Contraintes observées
|
La grille des sanctions est désuète, ne permet
pas de dissuader les usagers ``kwedjenadou''. C'est leur vain
mot.
Les textes non actualisés deviennent caducs au regard
de la modernisation des infrastructures
L'ingérence extérieure ou des hauts
gradés
Violation des règles par des véhicules
officiels
Influence du politique
Présence des réseaux parallèles
frauduleux d'obtention des titres surtout le permis de conduire.
|
|
Vulgarisation des réglementations
|
Dans les auto écoles pour les candidats au permis.
Sur les points de contrôle.
|
Les actions de prévention
|
Action d'éducation routière
|
Sur certains parcs auto (CNSR).
Sur certaines radio et télévisions partenaires
(CNSR).
Pas d'actions éducatives en dehors des autos
écoles (DGTT).
Quelques sensibilisations sur les points de contrôle ou
lors des patrouilles (gendarmerie police)
Nous compagnies d'assurance nous n'avons pas des actions
d'éducation et de sensibilisation mais nous accordons des primes
à la bonne conduite pour certains chauffeurs.
|
Actions techniques de prévention
|
Travaux de correction de certains panneaux.
Etude et recherche des causes les plus fréquentes.
Détection des points noirs.
|
Stratégies
|
Sur les radio et télévision.
Sur les parcs
Projection vidéo, contrôles sur les routes
|
Contraintes majeures
|
Nous avons des doutes par rapport au condition de
déroulement des examens de permis.
Nous avons des difficultés qui sont dues à la
corruption qui a gagné cette maison.
Les permis de nos sont très peu crédibles.
|
Les répressions et les sanctions
|
Approches utilisées
|
Les verbalisations
Les amandes
La fourrière
Le retrait des titres dont le permis de conduire.
|
Les résultats obtenus
|
Ils sont significatifs. Mais les grilles de sanctions ne
permettent pas de les rendre plus significatifs.
Les textes qui régissent ces grilles sont
dépassés.
|
Contraintes et obstacles
|
L'incivisme des conducteurs
L'ignorance et l'analphabétisme de certains usagers de
la route.
L'ingérence extérieure qui démotive
l'agent qui s'est gêné pour arrêter un véhicule en
infraction mais qui le revoit repartir par un petit coup de
téléphone ou une petite carte de visite d'un gradé ou
personnage influent. Ils n'ont qu'à cesser.
|
Les relations avec les différentes structures
impliquées
|
Les structures institutionnelles
|
Chacune d'elle assure ses missions
Actions complémentaires périodiques
Pas d'actions concertées en temps que telle car chacun
connaît son rôle.
Existence parfois des grouilles avec la Direction de la
Sécurité Publique (DSP).
Grouille avec la DGTT surtout en ce qui concerne
l'organisation des examens de permis.
|
Les usagers de la route
|
Les chauffeurs se prennent comme nos ennemis alors qu'en fait
nous sommes là pour les aider.
Ces gens-là veulent vivre sur les dos des chauffeurs,
ils ne font rien pour nous et au même moment ils réclament
l'argent. Avec le CNSR et la gendarmerie nous connaissons moins de souffrances
mais les policiers sont impitoyables. Ils nous harcèlent et nous
poussent parfois aux accidents.
Les responsables syndicaux au lieu de nous défendre
deviennent nos bourreaux à cause de leurs intérêts
personnels. Ils sont plutôt des syndicats d'exploitation que des
syndicats de défense.
Vous savez au Bénin l'excès de vitesse est la
principale cause des accidents. Ceci est dû à la gourmandise de
certains chauffeurs et propriétaires de véhicules qui veulent
trop gagner, au comportement de certains clients qui sont trop pressés.
|
Attitudes et comportement des agents
|
|
Attitudes ..., ils n'ont pas d'autres attitudes que d'assurer
leur mission. Il est vrai que certains usagers cherchent à
négocier avec les agents en leur proposant de l'argent sur les postes de
contrôle. Mais actuellement nous veillons au grain pour décourager
ces comportements.
Vous savez nos agents ce sont des hommes et d'ailleurs qui va
trouver l'argent et refuser. Même toi tu peux refuser...
|
Connaissance du code par certaines catégories
d'usagers
|
Les piétons
|
Moi je vais sur les voies avec les connaissances que j'ai eues
au cours primaire.
Les populations surtout rurales maîtrisent très
peu les dispositions du code de la route.
Ils traversent les voies publiques sans arrière
pensée ; vraiment c'est un problème très
délicat, il faudrait agir dans ce sens.
|
Cyclistes motocyclistes
|
Vous savez aujourd'hui le grand problème
d'insécurité routière qui se pose dans notre pays et
surtout dans nos grandes villes, c'est l'ignorance total des règles du
code par les conducteurs du taxi moto ; ils roulent n'importe comment et
créent beaucoup d'accidents...
Vous voyez c'est vraiment un problème, nos voies sont
trop exiguës et l'incivisme pousse les béninois à occuper
les passages pour piétons. Ce sont des lieux de commerce.
Les bandes cyclables sont mal bâties, ce qui est sur la
voie de Porto-Novo est un couloir de la mort.
|
Education routière dans les programmes
d'étude
|
|
Au Bénin, en dehors du CE1 il n'y a plus des aspects du
programme scolaire qui tiennent compte de la sécurité
routière.
Depuis un certain temps nous au CNSR nous
réfléchissons à comment faire pour que dès le bas
âge c'est-à-dire à partir du cours maternel, que l'enfant
soit en contact avec des connaissances sur les règles de
sécurité routière ; ce qui va faciliter sa formation
à la longue. Les travaux de réflexion sont donc en cours et d'ici
peu ce serait une réalité.
|
Difficultés et obstacles
|
Difficultés
|
Nous rencontrons ici des difficultés financières
et matérielles.
Le personnel est insuffisant et nous ne disposons pas
d'effectifs pour assurer notre mission convenablement.
Certaines structures impliquées ignorent parfois les
missions de l'autre ; ce qui crée beaucoup de difficultés
aux chauffeurs.
Ici nous assistons à trop d'interférence et la
recherche des faveurs par certains.
Le manque d'infrastructure routière dans les zones
rurales occasionne les surcharges (insuffisances de moyens de transports).
|
Obstacles
|
L'incivisme des usagers de la route.
L'ignorance du code de la route.
Certaines méthodes sont dépassées, les
textes désuets.
Le système de permis très peu
crédible.
L'analphabétisme des populations est un obstacle
à l'atteinte de bons résultats.
La non implication des autorités locales constitue
aussi un obstacle.
|
Propositions et suggestions pour l'amélioration
de la sécurité routière
|
|
Pour que la sécurité routière soit une
réalité au Bénin, il faut une action partagée, que
chacun se sente concerné par la cause de la sécurité
routière.
J'invite tous les citoyens de ce pays à un engagement
car en assurant la sécurité à l'autre on assure
soi-même.
Je pense qu'il faut une loi pour rendre les textes plus
modernes et corser les sanctions.
Impliquer les usagers de la route aux actions de
prévention car ils sont les premiers concernés.
Je pense qu'il faut revoir la formation des moniteurs dans nos
autos écoles ou même limiter l'ouverture de ces écoles.
Il faut exiger des chauffeurs une visite médicale
périodique.
Il faut impliquer toutes les radios et
télévisions pour des émissions interactives
d'éducation routière.
L'autre aspect c'est la formation des taxi motos
(zémidjans). Il faut exiger d'eux un permis de conduire mais un permis
sincère (propre).
Pour ma part je pense qu'il faut aussi impliquer des
sociétés d'assurance dans les actions de prévention.
Je souhaite vivement que les réflexions en cours
aboutissent rapidement pour que l'éducation routière soit une
réalité dans les programmes de formation au Bénin de la
maternelle jusqu'à l'université comme ce qui se fait dams
certains pays.
.
|
|
|
Il faut limiter les ingérences politico administratives
et assurer une bonne formation des conducteurs car tout part du permis de
conduire
C'est très important.
Je souhaite pour ma part que le code soit traduit dans les
principales langues du pays et sa vulgarisation par une implication des
autorités locales : les maires, les chefs d'arrondissement et les
responsables des centres d'alphabétisation.
Immobiliser les véhicules dont le cadre technique
n'est plus adapté à la circulation routière.
Revoir la durée de formation dans les
auto-écoles.
Revoir la qualification des directeurs d'auto-écoles
Ouvrir des centres dans les communes pour la formation et le
recyclage obligatoire des conducteurs.
Il faut aussi un engagement politique en plus de la
volonté politique qui commence à être au rendez-vous.
|
4.2-Analyse et interprétation des
résultats
4.2.1- la mission et les stratégies des
différents acteurs collectifs ayant en charge la sécurité
routière.
L'objectif global de notre recherche est de parvenir au bout
du processus à analyser, les stratégies utilisées par les
divers acteurs impliqués dans la mise en oeuvre des politiques de
prévention des accidents de la route. Cependant pour des raisons d'ordre
pratique, cet objectif global a été divisé en des
objectifs spécifiques. Ceci nous a permis d'approcher les diverses
composantes de la politique de prévention des accidents de la
circulation.
De l'approche pragmatique du fonctionnement des diverses
structures impliquées dans la prévention des accidents de la
circulation, il ressort que chaque structure assure sa part de
responsabilité dans la chaîne de sécurité
routière.
4.2.1.1- La Direction Générale des
Transports Terrestres
La Direction Générale des Transports Terrestres
(DGTT) est chargée au Bénin de l'organisation, la
réglementation, la surveillance et le contrôle des transports
routiers et ferroviaires. Dans ce cadre, elle participe à la mise en
oeuvre des politiques de prévention des accidents de la route. Ceci
s'observe à travers les missions de gestion des transports, de la
législation routière, de la délivrance et le
contrôle des titres et autorisation de transport, de l'agrément
des autos-écoles et le contrôle de leurs activités etc...
Cette direction de part ses attributions apparaît comme le pivot du
transport terrestre. Mais, de nos entretiens avec les responsables et certains
agents de cette structure, il ressort pour la plupart qu'il reste encore
beaucoup à faire pour la Direction des Titres de Transports.
Le permis de conduire montre que le titulaire sait conduire,
mais il doit et surtout être la preuve que le conducteur maîtrise
le véhicule de la catégorie dont il est détenteur du
permis de conduire. Cependant les enquêtes ont
révélé que la qualité de l'organisation des examens
de permis est douteuse. Les usagers obtiennent le permis de conduire sans avoir
la maîtrise du véhicule ce qui entrave toutes les actions des
autres structures impliquées telles que le Centre National de
Sécurité Routière.
Ainsi donc, la nécessité pour cette Direction de
renforcer l'organisation et la supervision des examens du permis de conduire
s'impose comme un impératif de premier rang. A en croire aux dires de
certains responsables interviewés, aucune action de prévention ne
peut aboutir si le premier titre autorisant l'usager de prendre le
véhicule et de se mettre sur la route n'est pas crédible.
Quant à la Direction des Etudes, de la
Réglementation et du Contrôle, la plupart des réponses
accordées à nos interviews montrent que cette direction n'est pas
connue. Elle ne fait pratiquement rien qui prouve son existence sur le terrain.
Elle n'a pas connaissance des irrégularités qui s'opèrent
sur les routes pour pourvoir légiférer en conséquence.
Elle n'est pas toujours au courant des contraintes observées sur
certains réseaux routiers par les chauffeurs ou autres usagers de la
route.
Il est à noter aussi que cette structure n'a pas des
mécanismes convenables pour organiser des séances de
sensibilisation et d'information en vue d'amener tous les acteurs du transport
routier au respect du code. Car pour certains usagers interviewés, les
textes ne sont pas connus du grand public. De même, ces textes n'existent
pas dans nos langues nationales alors qu'il existe la Direction de
l'alphabétisation au Bénin.
Au niveau du Centre de formation et des Directions
régionales, de nos entretiens avec les tiers, il ressort que tous les
acteurs du transport routier ne connaissent pas leurs droits et leurs
obligations ; il en découle que le Centre à charge la
formation des acteurs de transport n'accomplit pas bien sa mission.
La plupart des réponses accordées à nos
interviews montrent que les attentes du public en matière
d'éducation routière, n'ont pas encore été
comblées. Les entretiens avec les responsables de cette structure
révèlent que les formations à donner aux moniteurs
d'auto-écoles et les recyclages à faire aux chauffeurs tardent
à devenir une réalité.
Pour ce faire, à en en croire certains responsables et
conducteurs interviewés, il faudrait impliquer les autorités
locales afin de pouvoir quadriller toute l'étendue du territoire. La
formation des usagers reste et demeure un objectif fondamental dans tout
processus de réduction et de prévention des accidents de la
route. Au total, les actions de la DGTT manquent de visibilité à
plusieurs niveaux. En effet, cette direction ne dispose pas d'une bonne
politique de communication en matière de sécurité
routière. De même, la formation, le recyclage et le test de
conduite manquent de crédibilité. Enfin l'inexistence d'une
politique de recherche et les problèmes liés à la
réglementation et leur application sont des germes de
l'inefficacité des actions de cette structure.
4.2.1.2- Le Centre National de Sécurité
routière
Le Centre National de Sécurité Routière
(CNSR), chef de file de toute la chaîne de sécurité
routière, a pour missions la réalisation et la mise en oeuvre de
la politique de Sécurité Routière au Bénin par des
mesures de prévention en vue d'accroître la sécurité
des usagers. A cet effet, il est chargé de réglementer et de
légiférer en matière de sécurité
routière, d'éduquer, d'informer et de sensibiliser les
populations en matière de sécurité routière
notamment dans les établissements scolaires. Il assure également
l'inspection technique des véhicules, l'inspection routière et
l'étude des dossiers d'infractions au code de la route et autres
réglementations.
Des réponses des enquêtes menées, il
ressort que ce centre n'assure pas encore efficacement ce rôle qui lui
est dévolu. En effet, il fournit des efforts à en croire aux
réponses fournies par les responsables interviewés, pour
éduquer les usagers de la route à un changement de comportement.
Certes, les stratégies utilisées sont loin d'atteindre l'ensemble
des usagers de la route. En dehors de quelques actions de sensibilisation
organisées de façon périodique sur les parcs auto, avec
les supports comme les projections de films, cette structure en partenariat
avec certaines radios publiques et communautaires, organise des
émissions d'éducation en direction des populations. Mais, ces
actions ne couvrent pas toutes les localités du pays. Depuis sa
création, le CNSR n'est pas encore parvenu à assurer l'essentiel
des missions qui lui sont assignées surtout en ce qui concerne
l'éducation routière dans les écoles.
Pour certains usagers interviewés, le CNSR participe
à la réduction des accidents de la route. Cependant, les actes ou
les tentatives de corruption qu'on constate lors des visites techniques,
entravent considérablement l'efficacité des actions de
prévention de cette structure.
Pour certains responsables du CNSR, le renforcement de la
volonté politique en matière de sécurité
routière est une condition fondamentale aux succès des actions
dans le domaine. C'est pourquoi le financement de base des actions de
sécurité routière au Bénin est
préconisé. Toutefois, l'aide internationale est souhaitée
pour le renforcement des actions et pour des objectifs spécifiques. Elle
est source d'intérêt pour l'élargissement du partenariat.
De plus, certaines actions menées par le CNSR n'aboutissent pas à
cause des contraintes qu'engendrent en amont d'autres structures
impliquées telles que, la Direction de la Sécurité
Publique et surtout la Direction des Titres et Transport qui autorise parfois 6
places assises dans les véhicules à 5 places assises pour le
constructeur.
Ces situations montrent à quel point l'inexistence d'un
cadre de concertation en dehors de la commission interministérielle de
retrait de permis de conduire entrave l'efficacité des actions. Ces
dernières années, d'aucuns s'interrogent sur l'incidence des
programmes d'éducation et de formation et l'on cherche à
définir des méthodes pour les évaluer. Mais force est de
constater que les actions du CNSR ne font pas l'objet d'une véritable
évaluation, évaluation qui devrait permettre de réorienter
les méthodes et les stratégies déployées. De
même, il n'existe pas un corps de contrôle au sein des structures
du centre, qui pourrait permettre de décourager les agents
indélicats qui travailleraient pour leurs intérêts
personnels.
4.2.1-3 Les sociétés
d'assurances
La sécurité routière est une affaire de
toutes les composantes du système de sécurité. Au
Bénin, les enquêtes révèlent que les
sociétés d'assurance, en dehors de la prise en charge très
timide des risques, ne font rien dans le domaine de la prévention.
Malgré les avantages que ces dernières pourraient tirer de la
réduction des accidents sur les routes, elles préfèrent se
livrer à un jeu de concurrence déloyale. Les spots publicitaires
sur les radios, les télévisions et les affiches grand public
pour chanter les mérites de telles ou telles compagnies, sont des
preuves de nos assertions. La façon la plus radicale d'améliorer
la mise en oeuvre des mesures de prévention est d'insérer dans un
programme de sécurité routière une composante
« en gagnant l'implication de tous les acteurs de la chaîne de
sécurité ». Il est donc indispensable que les
compagnies d'assurances soient impliquées dans les actions de
prévention au lieu d'attendre les blessés à soigner et des
familles à dédommager.
4.2.2 - Les stratégies, les pratiques des acteurs
individuels et les contraintes observées.
Au Bénin, les gendarmes et les policiers ont pour
mission de s'assurer si le conducteur détient un permis de conduire de
la catégorie du véhicule qu'il conduit. Ils sont aussi
autorisés à contrôler les autres titres de transport et
prévenir les accidents de la route par des actions de sensibilisation et
d'éducation.
Le contrôle du bon état de fonctionnement du
véhicule, de l'usure pneumatique, du fonctionnement de l'essu - glace,
des feux clignotants, des phares, relève de leur compétence. Ils
peuvent également contrôler les débordements pouvant
gêner les autres véhicules etc.
De nos enquêtes il ressort que ces agents chargés
des contrôles routiers, loin de se limiter à la mission qui est la
leur et qui donne lieu à des répressions, s'engagent parfois dans
des pratiques illicites, sources des rançonnements.
Sur ces axes routiers, des barrages officiellement
érigés pour garantir la sécurité territoriale,
servent non de poste de contrôle aux agents mais de lieu où ils
s'enrichissent en complicité avec les conducteurs. D'où les
problèmes de tracasserie policière au Bénin.
Dans cette perspective, certaines fautes commises par les
conducteurs (excès de vitesse et surcharges) sont parfois
sanctionnées de façon exagérée alors que d'autres
sont pardonnées à partir des pourboires.
D'autres agents ont révélé l'incivisme
des populations et surtout le phénomène taxi-moto, source de la
grande partie des accidents au Bénin. Ces agents préconisent
l'institution du permis pour tous les conducteurs de taxi-moto, des formations
au niveau local pour tous les chauffeurs, les visites médicales
automatiques et obligatoires pour ces derniers.
Mais au nombre des obstacles qui entravent l'action des
acteurs impliqués dans la sécurité routière, il est
à noter l'ingérence politique et la vétusté de
certains textes.
En effet, plusieurs agents de la police ou de la gendarmerie
ont révélé lors des enquêtes, qu'ils
préfèrent négocier sur place avec les conducteurs, car
bien souvent ils sont découragés par le sort
réservé à certains véhicules envoyés
à la fourrière. Il suffit parfois d'un petit coup de
téléphone ou la présentation d'une carte de visite, pour
que le véhicule arrêté soit rendu sans aucune autre forme
de procès ; d'où le comportement décrié des
agents sur nos routes. Tout porte donc à croire que la
sécurité routière est encore au bout des lèvres et
non dans les pratiques. L'enclavement de certaines localités et
l'inexistence d'infrastructures appropriées, font que certains agents de
sécurité laissent passer les véhicules en surcharges.
Certaines dispositions des textes en vigueur sont
dépassées et doivent être revues au regard de
l'évolution et de la modernisation de certaines infrastructures
routières. En effet, certaines grilles de sanctions appliquées
aujourd'hui ne font plus peur aux conducteurs. Il faut donc revoir leurs
contenus afin de dissuader ces conducteurs dont l'incivisme va grandissant. De
telles données inhibent tous les efforts déployés par les
structures impliquées dans les actions de prévention et profitent
aux agents impliqués dans les actions de sécurité
routière.
Les actions de préventions des accidents de la
circulation souffrent d'un manque de coordination et d'action concertée
de toutes les composantes de la chaîne de sécurité. Tandis
que certains luttent pour fléchir la tendance générale des
accidents, d'autres à la quête du gain facile, développent
des pratiques qui profitent des avantages illicites et individuels. Certains
agents exploitent l'ignorance des usagers et surtout des taxis urbains et
inter-urbains pour s'enrichir.
Si les actions positives de certaines structures sont lisibles
sur le terrain, d'autres structures s'illustrent dans de mauvaises pratiques
que l'ensemble des usagers de la route n'hésite pas à
dénoncer.
Dans ces conditions, les attentes des usagers de la route en
matière de prévention, sont loin d'être comblées. Et
d'ailleurs, cela ne pourrait être autrement car aucun changement
significatif ne s'observe chez les usagers de la route, notamment les
chauffeurs. En effet, ces derniers soutiennent que quel que soit le
degré de l'infraction commise, il n'y a que les agents pour les
régler d'où la nécessité de les corrompre.
L'existence des réseaux parallèles de délivrances des
titres de transport tel que le permis de conduire, est aussi un facteur qui
compromet dangereusement la sécurité routière. Certains
agents se livrent à des visites techniques parallèles dans les
centres de contrôle. En effet, il n'est pas rare de rencontrer des
véhicules qui ont des visites techniques à jour alors que
techniquement, ils ne sont pas conformes à la réglementation en
vigueur. Enfin une politique ou un programme de sécurité devrait
faire l'objet d'évaluation et de suivi à toutes les phases du
déroulement. Mais au Bénin, aucun suivi et évaluation ne
se font dans les diverses structures. Alors que les résultats de ces
évaluations devraient permettre de faire des ajustements
appropriés pour rendre plus efficaces les actions.
Au vue de tout ce qui précède, on conclut
aisément que les diverses structures impliquées dans la
sécurité routière ont du mal à coordonner leurs
actions. Le rôle de chacune d'elle n'est pas véritablement
défini. Ce qui engendre parfois le conflit et le jeu
d'intérêt. Les contraintes liées à la mise en oeuvre
des actions et les stratégies développées par les acteurs
ne sont pas de nature à réduire les accidents de la route au
Bénin. Il importe donc de susciter de nouvelles pratiques,
stratégies et attitudes, tant au niveau des acteurs collectifs qu'au
niveau des agents et des usagers de la route. Elles ont pour noms la
volonté politique, des stratégies concertées
d'intervention, le financement durable de la sécurité
routière, l'éducation et la formation des conducteurs et autres
usagers de la route de même que l'entretien des infrastructures
routières. D'où la formulation des perspectives pour une
réduction durable des accidents de la route au bénin. Il s'agit
des approches et expériences concluantes vécues en cours dans
certains pays développés comme en voie de développement.
Compte tenu de tout ce qui précède et sans avoir
la prétention d'avoir cerné tous les contours des
problèmes posés, l'étude du thème
« Analyse de la gestion des actions de prévention des
accidents de la route au Bénin : stratégies des acteurs et
perspectives» a permis de cerner et de comprendre les
stratégies développées par chacun des acteurs
impliqués.
Perçus aujourd'hui comme une préoccupation
à l'échelle mondiale, les problèmes de prévention
et de sécurité routière qui se définissent
essentiellement en termes d'accidents de la circulation, de préjudices
corporels, matériels, économiques et financières, frappent
l'observateur par l'importance des victimes. La lutte contre les accidents de
la route se pose désormais au Bénin comme un enjeu de
santé publique, une cause d'intérêt national.
Cependant, aucune entreprise humaine ne réussit sans
discipline : les lois et les politiques existent pour réglementer
les activités quotidiennes des citoyens dans le domaine du transport.
Néanmoins beaucoup de difficultés, d'obstacles et de contraintes
entravent les actions de prévention des accidents au Bénin.
En effet, les stratégies et méthodes
développées par les différents acteurs de la
sécurité routière sont sources d'arrangement et des
profits des agents de sécurité. Qu'ils soient publics,
privés ou professionnels, ces acteurs individuels font très peu
preuve du patriotisme en vue d'un travail de qualité. Il est donc urgent
que les recommandations issues de nos travaux soient traduites en actions
pratiques. Que la Direction Générale des Transports Terrestres
veille à l'application effective de la réglementation en
matière de transport, à l'entretien des infrastructures
routières, à la délivrance d'un permis de qualité
sincère et aux actions de recyclages des conducteurs.
Le Centre National de la Sécurité
Routière doit renforcer ses actions par l'adoption des stratégies
nouvelles d'éducation et de formation de tous les usagers de la route.
Qu'il veille à ce que la sécurité routière soit une
réalité dans les écoles et prennent part activement aux
examens de permis de conduire.
Quant à la gendarmerie et la police, elles doivent
développer plus d'actions de prévention et changer d'attitude
vis-à-vis des conducteurs en vue de leur faire respecter les
règlements en vigueur, au détriment des arrangements et du
rançonnement.
Quant aux autres acteurs, les compagnies d'assurance, les
autorités locales, les ONG et les représentants syndicaux, ils
doivent s'impliquer d'avantage dans les actions de prévention
routière. Enfin, la réussite de telles actions au Bénin,
demande le civisme de chaque béninois, la volonté et l'engagement
des différents partenaires du système des transports.
En définitive, le bien-être des
communautés et partant, la régression de la pauvreté, sont
dorénavant assujettis au succès des politiques de
prévention et de sécurité routière. Cette approche
de la question doit être partagée par tous, de sorte que depuis le
sommet de la hiérarchie jusqu'au bas de l'échelle sociale, chacun
se sente responsable du succès des actions de lutte contre ce
fléau inacceptable que constituent les accidents de la route.
Au Bénin comme dans bon nombre de pays africains en
voie de développement, les questions de sécurité
routière revêtent un cachet singulier. Mais, la
réalité du désastre économique, social,
psychologique et environnemental qu'induit ce fléau impose aujourd'hui
que la sécurité routière soit intégrée au
coeur des préoccupations nationales que sont le développement
durable, la santé et l'éducation pour tous, la qualité de
la vie et du bien être social etc., car en définitive
financer la sécurité routière c'est réduire la
pauvreté et participer au développement durable.
Au terme de cette étude nous tenons à
formuler des propositions et des suggestions à l'endroit des acteurs
du monde de la prévention des accidents de la circulation au
Bénin. Nos propositions sont en effet issues des expériences
vécues par d'autres pays. Elles sont des approches proposées pour
surmonter les faiblesses et les obstacles identifiés au niveau des
dispositifs et les actions de sécurité routière au
bénin. Ces perspectives prendront en compte la concertation nationale
des acteurs ; la prévention et l'éducation
routière ; la formation, l'évaluation et le recyclage du
conducteur ; enfin la volonté politique et le financement durable
de la sécurité routière.
Perspectives d'une réduction durable des
accidents de la route au bénin.
Au terme de l'analyse des contraintes majeures qui entravent
le succès des actions de prévention des accidents de la route au
bénin, il apparaît donc que les causes sous-jacentes sont d'ordre
institutionnel, politique, économique que social. Ce mémoire
propose donc des approches et stratégies permettant de surmonter ces
obstacles.
· La concertation nationale des
acteurs
Le problème de l'insécurité
routière devenant de plus en plus aigu, les programmes de
sécurité routière se multiplient, ainsi que les
partenaires publics ou privés, organismes nationaux ou internationaux.
La multiplicité des programmes et d'acteurs se traduit
par une fragmentation des actions de sécurité routière au
bénin. Dans ce contexte, une démarche de concertation nationale
semble être la meilleure approche. Les accidents de la circulation
étant multifactoriels, aussi, est-il important de s'intéresser
à l'ensemble des facteurs, dans une approche globale. Une prise en
considération simultanée de l'ensemble des composantes de la
sécurité routière, dans leur complexité et dans
leur diversité, constitue un signal très fort : elle
témoigne d'une volonté politique certaine, se trouve
par-là même plus lisible par la population et suscite une
meilleure mobilisation des acteurs concernés. Une telle approche est
intrinsèquement liée à la démarche de concertation.
En effet, si l'on associe tous les acteurs à la démarche, il est
essentiel que chaque type d'acteur mobilisé ne se sente pas seul mis
à contribution, ou au contraire, ne sente pas que son domaine
(sécurité publique, éducation nationale, ingénierie
routière, santé publique etc.) est négligé.
L'approche globale suscite en réalité un véritable effet
d'entraînement et une certaine émulation : elle constitue un
facteur indéniable de succès de la politique ainsi
définie, évite les conflits d'intérêt et les
divergences de point de vue.
En l'absence d'une telle concertation, il n'est pas possible
de mettre en oeuvre des actions intégrées. Bien au contraire, on
risque d'assister à une juxtaposition de quelques mesures de
sécurité routière pas toujours cohérentes, peu
rentables d'un point de vue économique et sociale, ne correspondant pas
forcément aux priorités nationales. Ces actions ne s'accompagnant
que rarement de la volonté politique nécessaire au plein
aboutissement des projets. La lisibilité devient alors
nécessaire, y compris pour les responsables et les autorités en
charge de la sécurité routière. Ainsi, ils se retrouvent
à la tête des projets et programmes dont ils ne saisissent pas
toujours les contours, d'autant qu'ils arrivent parfois à se recouper. A
l'ère de la décentralisation au bénin, cette concertation
doit s'élargir au niveau local avec la participation des
autorités locales à la gestion de la sécurité
routière. En effet, il est admis que si de nouvelles mesures d'ordre
sont imposées, sans concertation ni information préalable elles
sont mal perçues, mal comprises et, parfois même, peu
pertinentes : leur mise en oeuvre aura de fortes chances de se heurter
à de grandes difficultés. Le dialogue permet au contraire
d'asseoir la politique envisagée sur des bases plus solides : les
mesures étant expliquées, elles seront mieux comprises, donc plus
acceptables. De plus, le dialogue avec les milieux concernés et surtout
les conducteurs pourra parfois donner lieu à des adaptations des mesures
envisagées ou une certaine progressivité dans leur mise en
oeuvre, afin d'en améliorer l'acceptabilité du fait d'une
meilleure prise en compte des réalités locales et des contraintes
de chacun.
Cette approche produit un effet d'ordre pédagogique au
niveau de certains acteurs. En effet à l'issue de la concertation, les
transporteurs comprennent mieux le pourquoi de telle ou telle
réglementation, l'administration des transports terrestres mesure mieux
la difficulté pour les forces de police et de gendarmerie de faire
appliquer la réglementation et cernent au mieux les contraintes diverses
(financières, économiques, etc.) des chauffeurs et transporteurs.
Chaque acteur repart ainsi avec une vision plus complète et plus
objective des problèmes. La présente approche place donc la
concertation au coeur du processus de définition d'une politique de
sécurité routière, ainsi que sa formalisation par la
création d'un organe de concertation ad hoc où se prendront
toutes les décisions dans la gestion de la sécurité
routière.
· Prévention et
éducation
L'éducation des usagers les plus vulnérables que
constituent les enfants et les adolescents est un véritable
problème d'insécurité routière au bénin. La
notion de "continuum éducatif" signifie que l'on raisonne par rapport
à l'individu, en s'intéressant à chacune des étapes
de sa vie, et selon une approche adaptée à chacune d'elles :
depuis la petite enfance, par la prévention "jeunesse" en milieu
scolaire ou non. L'individu se positionne alors en tant que piéton ou
cycliste. En suite, il faut passer à l'étape d'adolescence,
à l'âge de l'apprentissage de la conduite automobile, à
l'étape particulière de l'épreuve du permis. Enfin tout
le long de sa vie de conducteur ou de piéton, sous une forme "formation
continue" ou de d'un suivi, souvent grâce à des campagnes
médiatiques ciblées ou encore par le biais d'un traitement
particulier des conducteurs coupables d'infractions (entretiens, formations
etc.)
De même, il faut améliorer l'enseignement de la
sécurité routière à l'école d'où la
formation des enseignants, de tous les ordres. La question des jeunes non
scolarisés reste à traiter car ces enfants qui sont souvent dans
la rue, sont les plus exposés à la circulation et donc les plus
vulnérables. En effet, il s'agit de repérer ou d'inventer des
supports mieux adaptés à la communication avec les jeunes
concernés, souvent illettrés. Cette éducation devra
recouvrir à de nouveaux vecteurs :Associations, clubs,
écoles religieuses, radios, musique, théâtres,
télévisions etc....ce model d'éducation peut
déboucher dans les écoles sur la délivrance d'une
attestation ou d'un certificat à la sécurité
routière qui constituerait un critère pour l'examen du permis de
conduire.
· Formation, évaluation et recyclage du
conducteur
Les contraintes et difficultés identifiées
à partir de l'analyse des résultats de l'enquête militent
pour une reforme de la formation et de l'épreuve de permis de conduire
au Bénin. En effet, le permis de conduire est un titre de transport qui
autorise le détenteur à se mettre sur une voie publique. Mais au
bénin les conditions de délivrance de ce titre reste
entourées de mystères. Il faut donc une nouvelle
réglementation pour la création des autos écoles et
décourager à jamais les promoteurs d'auto écoles fictives.
Les acteurs doivent engager une réforme de l'épreuve de permis
tant au niveau de contrôle des connaissances théoriques qu'au
niveau de l'épreuve pratique. En effet, il faut améliorer les
programmes de formations,la durée, les grilles de correction. Au niveau
de l'épreuve pratique, les circuits les situations et comportements de
conduite, les critères d'évaluation doivent être
réformés. Cette réforme doit mieux répondre aux
attentes des populations illettrées, en concevant des supports
adaptés. De même il faut une démarcation entre les agents
chargés de l'inspection des autos écoles et ceux conviés
au déroulement de l'épreuve de permis de conduire.
Enfin, il est urgent de créer des centres de
recyclages obligatoires pour tous les conducteurs. En effet, l'Etat doit
définir un cadre législatif instituant le recyclage obligatoire
pour tout titulaire de permis de conduire à l'issue d'un certain nombre
d'années.
La formation des inspecteurs de sécurité
routière et les moniteurs d'auto écoles doit se faire de
façon régulière en vue d'une harmonisation et d'une
amélioration des connaissances et des pratiques.
· Volonté politique et financement durable
de la sécurité routière
Que la sécurité routière devienne une
priorité politique est la première condition pour réduire
le taux d'accidents ! Les études révèlent que le soutien
des responsables politiques est peut être le plus déterminant pour
la réussite d'un dispositif de sécurité routière.
Et sans cet appui, il est probablement impossible d'engager de
véritables mesures de prévention. En effet, ces responsables sont
en amont et en aval des actions de préventions. Ils découragent
les acteurs parfois par leur intervention pour telle ou telle personne au coeur
d'une infraction routière. Les acteurs doivent mener donc des campagnes
de sensibilisation destinées aux décideurs et devraient porter de
préférence sur, des analyses de coût avantages montrant que
la sécurité routière profite à la
société dans son ensemble. Aujourd'hui, l'Etat, les
collectivités territoriales et les acteurs économiques doivent
faire face à de multiples besoins pressants de la part des populations,
à savoir le développement durable, l'éducation, la
santé etc. pourtant, chacun de ces acteurs doit se convaincre de ce que
les besoins de sécurité routière concourent au
succès de ces politiques attendues. C'est pourquoi dans le cadre d'un
partenariat fédérateur d'énergies, le financement de la
sécurité routière doit être renforcé pour des
actions pérennes et durables.
Nombreux sont les pays à court de ressources et de ce
fait, les financements internationaux sont très recherchés. Si
l'aide internationale est souhaitable pour des objectifs spécifiques et
à titre provisoire, le financement de base d'un programme de
sécurité routière doit être mobilisé au
niveau local. Les crédits alloués au financement de la
sécurité routière au bénin proviennent
généralement du budget ou de dotation de l'Etat et varient d'une
année à une autre, ce qui pose de graves problèmes pour la
poursuite des actions à mener. Par contre, les redevances des usagers
présentent une source stable de financement qui peut d'ailleurs
s'accroître avec le trafic. Cependant nombre d'acteurs interviewés
estiment que le manque des ressources financières est une question
clé, si des ressources étaient disponibles pour
améliorer les routes, doter les services de police d'équipements
et de véhicules et pour financer les programmes d'éducation et de
formation, alors la sécurité routière ferait des
progrès.
Un dispositif efficace de sécurité
routière devant reposé sur une source durable de financement, le
système béninois de financement de la sécurité
routière doit se reposer sur des solutions d'inscrivant dans la
durée. Ce modèle de financement doit prendre en compte le droit
sur les assurances au tiers qui n'est pas encore une réalité au
Bénin. Viennent ensuite la taxe annuelle de sécurité
routière imposée aux propriétaires de véhicules,
une quote-part de droit d'inspection, les redevances des autos-écoles,
les permis de conduire, du fond routier, les redevances sur les carburants et
des amandes de polices. A travers ce modèle, la trésorerie de la
sécurité routière peut-être améliorée.
Toutefois la recherche de financement extérieur peut-être
envisagée pour le renforcement des actions. C'est l'intérêt
de l'élargissement du partenariat avec d'autres structures. Il s'agit
des ONG des organismes d'aide au développement, les
sociétés de construction de routes etc.
Cependant cette chaîne de partenariat ne saurait se
développer sans faire une place au financement de la recherche en
sécurité routière. En effet, la collaboration avec les
universitaires et les chercheurs est indispensable surtout pour la survie et
l'évaluation des programmes de sécurité
routière.
En définitive, la réduction durable des
accidents de la circulation au Bénin passe nécessairement par
outre les perspectives identifiées quatre mots. Il s'agit de la
participation, du financement, de la responsabilité et de la gestion.
Participation dans une optique d'associer tous les usagers de la route pour
amener le public à prendre conscience de l'importance des mesures de
préventions et créer une pression de l'opinion en faveur de la
sécurité. Financement dans le cadre d'un plan de financement
durable du secteur en lui assurant les ressources suffisantes et continues.
Responsabilité pour établir clairement les responsabilités
de chaque acteur de la chaîne. Et enfin gestion afin d'introduire des
pratiques de gestion stratégique dans la mise en oeuvre des actions et
de leur suivie évaluation par des indicateurs objectivement
identifiables. Tout ceci à partir des stratégies d'acteurs bien
intégrées et des modèles d'intervention accordant une
place primordiale à la réussite des actions et non la recherche
de l'intérêt individuel.
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Lexique
Accident de la
circulation : Collision impliquant au moins un
véhicule roulant sur une voie publique ou privée, et dans
laquelle une personne au moins est blessée ou tuée.
Alcootest : Instrument,
également appelé éthylomètre ou éthylotest,
qui mesure la quantité relative d'alcool présente dans l'air
expiré par une personne.
Andragogie : C'est la
science et la pratique d l'éducation donnée aux adultes. Science
de qualification des adultes, les méthodes andragogiques sont
généralement l'inverse des méthodes pédagogiques,
surtout lorsqu'elles sont destinées à des personnes gardant un
très mauvais souvenir de leur scolarité. Le terme est
formé à partir des mots grecs aner, andos
« homme » et agogus « conduire.»
Application
automatique : Application du code de la route au moyen
de dispositifs tels que des cameras de surveillance et des radars qui
enregistrent les infractions sans la présence des policiers sur les
lieux.
Application très visible de la
loi : Patrouille de polices facilement repérables
par des usagers de la route, par exemple, avec des alcootests aléatoires
et des postes de contrôle de la sobriété.
Barrières de
sécurité : Barrières qui
séparent le trafic. Elles peuvent empêcher les véhicules de
quitter la route ou amortir l'impact si un véhicule vient les heurter,
ce qui réduit la gravité des traumatismes que subissent
éventuellement ses occupants.
Contrôle de
sécurité : Vérification
effectuée à plusieurs étapes d'un projet routier afin de
s'assurer que sa conception et sa mise en oeuvre sont conformes aux principes
de sécurité et de déterminer quelles autres modifications
conceptuelles sont nécessaires pour prévenir des collisions et
accidents.
Débit : Nombre de véhicules passant
sur un point donné par unité de temps (en général
une heure).
Délester :
Dévier ponctuellement tout ou partie d'un flux de
véhicules s'écoulant sur un axe routier saturé vers un
autre moins encombré.
Densité : Rapport
du nombre de véhicules par unité d surface ou de longueur (en
général le km).
Dévier : Orienter
un flux de véhicules ou de piétons vers une autre direction (une
autre rue).
Ecoulement : Mouvement
de véhicules de piétons sortant d'un lieu quelconque.
Fluide : Se dit de la
circulation routière lorsqu'elle se fait à une vitesse normale et
que la densité des véhicules est faible.
Fluidifier : Rendre la
densité des véhicules en circulation plus faible.
Flux de véhicules :
Ensemble des véhicules en mouvement sur une direction
donné selon un sens précis et à une vitesse
déterminée.
Gestion de la circulation ou du
trafic : Planification, coordination, contrôle et
organisation de la circulation afin d'utiliser au mieux la capacité
routière existante.
Infrastructure
routière : Installations et équipements
routiers, y compris le réseau, les places de stationnement, le
système d'écoulement des eaux, les ponts et les trottoirs.
L'andragogie active, clé de voûte de la mise
à niveau culturelle pour la mobilisation d'une intelligence collective,
est basée sur des méthodes élaborées à
partir des principes qui caractérisent les adultes. L'andragogie utilise
l'expérience et le savoir-faire pour dégager de la
compréhension. Lryrit, J.C. et Tixier, P. (1999).
Neutraliser un axe :
Interdire tout trafic routier sur cet axe.
Perturbation :
Irrégularité dans l'écoulement du trafic
routier.
Plans de feux :
Dispositifs gérés par informatique permettant de
réguler le trafic routier en coordonnant selon un plan
préétabli, le cycle d'un certain nombre de feux tricolores.
Ralentissement :
Diminution de la vitesse d'écoulement du flux des véhicules.
Régulation :
Ensemble des mesures visant à faciliter l'écoulement du
trafic automobile.
Réguler : Prendre
des mesures de circulation adaptées à tout ou partie d'un axe
routier ou d'une zone nettement définie.
Réseau : Ensemble
des voies de circulation d'un secteur donné.
Résorber : Faure
disparaître les problèmes en rapport avec la fluidité du
trafic routier pour revenir à une situation normale.
Sécurité :
Ensemble des mesures, des procédés et des moyens qui ont
pour but de soustraire les personnes au danger encouru lors de l'acte
entrepris.
Signalisation : Ensemble
des dispositifs destinés à informer les usagers de la route des
conditions réglementaires ou non de son utilisation.
Surveiller : Mission ou
mesure de sécurité ayant pour objet de déceler toute
perturbation du trafic dans le but de renseigner et d'alerter.
Trafic : Mouvement
général des véhicules.
Usager de la route :
Personne utilisant une partie du réseau routier, comme un usager des
transports motorisés ou non motorisés.
Usagers de la route
vulnérables : Usagers de la route les plus
exposés dans la circulation, comme les piétons, les cyclistes et
les passagers des transports en commun. Les enfants, les personnes
âgées et les personnes handicapées appartiennent aussi
à cette catégorie.
Vacuité : Espace
vide de véhicules compris entre deux extrémités nettement
définies.
TABLE DES MATIERES
Ø
SOMMAIRE.............................................................I
Ø
DEDICACES..........................................................III
Ø
REMERCIEMENTS.................................................IV
Ø SIGLES ET
ACRONYMES.........................................VI
Ø
INTRODUCTION GENERALE.....................................1
1. CONTEXTUALISATION DE LA
RECHERCHE..........................5
2.PROBLÉMATISATION DE LA
RECHERCHE......................10
2.1 L'état de la
connaissance sur les accidents de la
route.......10
2.2 Cadre théorique de
la sociologie des organisations : l'analyse
stratégique de Crozier et Friedberg
(1977).....................21
2.3 Problématique
..........................................................................23
2.4
Hypothèses..............................................................24
3. DÉMARCHE
MÉTHODOLOGIQUE....................................25
3.1 Le champ d'analyse et de la
sélection des unités
d'observations...................................................................25
3.2 Instruments
d'observation et de collecte des
données........27
3.3 Méthode de collecte et de traitement des
données.............28
3.4 Difficultés
rencontrées.............................................29
4. PRÉSENTATION ET
ANALYSE DES RÉSULTATS.................30
4.1 Présentation des
résultats...........................................30
4.2 Analyse et interprétation des
résultats............................38
4.2 - 1 La mission et les stratégies des
différents acteurs collectifs
ayant en charge la sécurité
routière..............................38
4.2.2 - Les stratégies, les pratiques des
acteurs individuels et les
contraintes
observées....................................................42
5 - CONCLUSION ET
PERSPECTIVES........................................46
CONCLUSION..................................................................46
PERSPECTIVES POUR UNE REDUCTION DURABLE DES ACCIDENTS
DE LA ROUTE AU BENIN........................................48
· CONCERTATTION NATIONALE DES ACTEURS
........................48
· PREVENTION ET EDUCATION
.................................................50
· FORMATION, EVALUAION ET RECYCLAGE DU
CONDUCTEUR.50
· VOLONTE POLITIQUE ET FINANCEMENT DURABLE DE
LA
SECURITE
ROUTIERE..............................................................................51
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES...................................54
LEXIQUE DE
DEFINITIONS..............................................58
TABLE DES
MATIERES.....................................................62
ANNEXES..........................................................................64
? Guide d'entretien pour les enquêtes de
l'étude
? Evolution des accidents de la route au
Bénin de 1987 a 2003
? Résolution wha27.59 Assemblée
Mondiale de la Santé : prévention des accidents de la
circulation(1974)
? Les tragédies humaines derrière les
statistiques des accidents de la route (OMS 2004)
? Approches éducatives de la
sécurité des piétons
? Systèmes de délivrance progressive
des permis de conduire
? Sécurité durable : l'exemple
des Pays -Bas
? « Vision Zéro »une
politique en matière de sécurité routière mise au
point par la Suède en 1990