B- Les limites à la politique industrielle :
Au niveau de la mise en place d'une politique industrielle, les
difficultés sont permanentes et tiennent, au moins, aux facteurs
suivants :
v Ambiguïtés dans les relations quotidiennes entre
l'Etat et les entreprises : si la politique industrielle est
élaborée par des pouvoirs publics, avec ou sans la collaboration
des firmes, elle ne sera finalement réalisée que par ces
dernières ; or, par nature, elles chercheront à préserver
leur autonomie. De plus, l'Etat les y invite... tout en les influençant
: au niveau des principes, volontarisme industriel et autonomie de gestion font
mauvais ménage ; au niveau des faits seul le double langage sauve les
apparences. Des problèmes de type voisin se rencontrent dans les
relations entre l'Etat et les entreprises publiques ;
v Absence d'un lien bien clair de la définition de
coordination de la mise en place de cette politique, de sorte qu'elle risque de
se réduire à une suite de décisions prises "au coup par
coup" par un petit nombre de personnes, se connaissant bien entre elles et
maîtrisant les problèmes ;
v Articulation difficile entre les politiques nationales et les
politiques régionales, quand il ne s'agit pas d'opposition entre elles,
certaines régions voulant soutenir au nom de la défense de
l'emploi et de la cohérence de leur système local ;
v Faiblesse de système d'information et
d'évaluation qui entraîne une absence systématique du bien
fondé des interventions et une sous-estimation de leurs effets
réels ;
Quels rapports la politique industrielle entend-elle
instaurer entre les entreprises et les pouvoirs publics ?! D'un
côté, ces dernières doivent-ils se contenter de
définir une "pratique incitative", invitant les firmes à profiter
de "politique d'environnement" déterminant un environnement favorable ?
Pour beaucoup, les limites de la politique industrielle doivent
s'établir là, sous peine d'aboutir à un interventionnisme
trop puissant... D'un autre côté, ne peut-on pas attendre des
pouvoirs publics qu'ils développent des "pratique plus contraignantes",
visant à atteindre des objectifs précis et
hiérarchisés, à l'aide de "politique d'intervention"
très différenciées ? Pour beaucoup d'analystes, dans cette
hypothèse, l'Etat deviendrait, à la limite, un coordinateur
obligé du système et ferait des entreprises des sortes
d'unités fictives, des agents économiques soumis à un
pouvoir régulateur omniprésent.
Au-delà des discussions politico-théoriques sur
l'opportunité de l'intervention de l'Etat, on sait qu'il existe un
argument de "concurrence déloyale" qui joue en défaveur des
interventions publiques ; les différentes modalités
d'intervention sur l'industrie peuvent être ramenées à des
subventions versées par les pouvoirs publics, puisqu'il est possible de
calculer des équivalences entre les subventions et les avantages
fiscaux. Or les productions des firmes subventionnées peuvent être
vendues à l'étranger; même si ce n'est pas le cas, elles
viennent en concurrence avec des firmes étrangères qui offrent
leurs produits dans le pays.
Selon un argument qui joue un rôle très important,
l'existence de ces subventions est à l'origine d'une « concurrence
déloyale » entre firmes subventionnées et firmes non
subventionnées. Cette situation est contraire aux règles de
l'Accord Général sur le Commerce et les Droits de Douane (GATT
selon l'acronyme anglaise), reprises par l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC).
De telles situations sont à l'origine de rappel à
l'ordre de la part du GATT, de plaintes devant l'OMC, mais aussi de mesures
destinées à contrebalancer les avantages artificiellement
créés. D'autres instances interdisent de manière encore
plus rigoureuse certaines subventions.
Réalité multiforme, la politique industrielle
rencontre des obstacles aussi bien lors de sa définition que de sa mise
en oeuvre.
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