CONCLUSION
Actuellement, le secteur des assurances au Maroc connaît de
profondes mutations et se trouve ainsi confronté à de grands et
importants défis (libéralisation, concentration, assurance
maladie obligatoire, bancassurance...) qui vont certainement affecter le
processus de sa croissance, des défis qui une fois relevés, le
secteur sortira certainement plus solide et plus apte à mener à
bien sa principale mission, qui est celle de permettre à
l'économie marocaine à mieux s'adapter aux exigences
internationale.
Conscient de l'importance sociale et économique du secteur
des assurances, l'Etat, dans la perspective de protéger les
intérêts des assurés et vu l'importance du rôle
joué par les fonds des entreprises d'assurances comme source de
l'épargne nationale et principale source de financement de ses
investissements, est intervenu dans ce secteur non seulement pour l'organiser
mais pour le protéger contre toute anarchie et pour le redresser le cas
échéant, les dispositions arrêtées dans le cadre de
la politique industrielle permettant de penser que l'on s'oriente davantage
vers une nouvelle manière d'aborder tels problèmes.
Si, dans une première approche, on conçoit la
politique industrielle comme un "ensemble des relations entre l'Etat et les
entreprises", on ne doit pas s'étonner que l'existence d'un tel
"interventionnisme" ait déjà pu soulever des questions, surtout
dans l'esprit des chantres d'un libéralisme parfait ou le rôle de
l'Etat serait réduit au minimum. En fait, les arguments
économiques en faveur d'une telle intervention ne cessent de se
multiplier, dont l'intérêt voire l'impératif de
définir une politique industrielle dont les fondements en
"théorie" sont en relation plus ou moins étroite avec les
analyses théoriques portant sur l'opportunité d'une intervention
des pouvoirs publics et auxquelles correspondent trois grandes familles de
politiques industrielle :
La première attitude est celle de ceux qui restent
opposés à la mise en place d'une telle action : le meilleur choix
de politique industrielle est de ne pas en avoir, de sorte que toute
intervention de l'Etat, surtout en période de crise, ne peut
qu'accroître les rigidités et retarder l'heure de la reprise, en
inspirant aujourd'hui la mise en place de "politique globale d'ajustement" des
firmes aux conditions économiques changeantes.
La deuxième attitude est celle adoptée par ceux qui
militent en faveur de l'intervention des pouvoirs publics pour atteindre des
projets précis. Il s'agit de mettre en place des "politiques
fonctionnelles" qui, au-delà d'une simple politique d'ajustement,
assurent la défense ou la promotion d'activités, sans toutefois
s'engager dans une gestion globale du système.
La troisième attitude correspond à celle des
partisans déclarés d'une politique industrielle comme moyen
privilégié d'organisation du système productif. Il s'agit
cette fois de mettre en place des "politiques structurelles", en ce sens qu'on
désire agir directement sur les structures du système industriel
et même sur les comportements des agents, de la même façon
qu'on prétend assurer un pilotage général du
développement de l'appareil productif.
L'industrie des assurances à la fois se mondialise et se
segmente. La protection sociale face au vieillissement de la population
représente un enjeu de taille pour la plupart des pays et exige la mise
en place de systèmes nouveaux et adaptés.
Au Maroc, cette industrie qui a entrepris ces dernières
années tout un processus de redressement et d'assainissement,
s'apprête à connaître de profondes mutations liées
essentiellement à l'ouverture du marché.
Désormais, avec l'échéance de la
libéralisation, les compagnies d'assurances se trouvent
confrontées à de nouveaux challenges pour conquérir un
marché fortement potentiel et résister aux coups de la
concurrence internationale. Pour y parvenir, la politique industrielle, lien
privilégié entre les entreprises et les pouvoirs publics, est
appelée à entrer dans une nouvelle phase de son
développement qui constituera sans doute la voie permettant aux
sociétés d'assurances de quitter définitivement
l'ère du protectionnisme pour entrer pleinement dans celle de la
concurrence internationale. Tout d'abord par des mesures directes
spécifiques en faveur de ce secteur, puis, progressivement, à
partir des années 80 et particulièrement en 1984 qui a connu le
plus de problèmes résultant de violations de la loi par certains
opérateurs. Si la situation à cette époque exigeait des
pouvoirs publics de prendre les mesures d'urgence pour sauver les entreprises
qui souffrent d'une faiblesse dans leur gestion ou de problèmes
financiers au point qu'elles étaient dans l'impossibilité
d'honorer leurs engagements envers leurs assurés, elle exigeait d'eux
également qu'ils cherchent d'abord les véritables raisons ayant
conduit le secteur dans cette impasse pour ensuite leur trouver la parade avec
les moyens adéquats.
Ainsi, la mise en oeuvre de politiques agressives face à
la concurrence est longtemps restée en dehors de la préoccupation
de l'Etat. L'agressivité n'a pas été nécessaire
pour cette profession régie par des contraintes réglementaires
qui limitent fortement la pression concurrentielle. Cependant, avec la
libéralisation du secteur, les compagnies d'assurances se trouvent dans
l'obligation de s'adopter à une telle politique. Dans un tel cadre, se
situe l'intérêt de transposer les concepts de la politique
industrielle aux politiques de développement des sociétés
d'assurances.
Quant aux opportunités, nous pouvons sélectionner
celles disposant d'un attrait et d'une probabilité de succès
élevés à savoir :
v Le développement de la bancassurance ;
v Le faible taux de pénétration des produits
d'assurances.
L'analyse de l'environnement interne et externe des
sociétés d'assurances nous a conduit d'une part à proposer
une politique industrielle que nous estimons adaptée au contexte
économique et social actuel et futur et d'autre part, réaliste
pour être mise en oeuvre.
La politique proposée s'articule autour de quatre grands
axes :
v Axe n°1 : La mise en place de mesures incitatives
fiscales pour encourager l'épargne longue car les taxes ont un impact
sur le coût de la prime.
v Axe n°2 : La mise en place d'un marché
financier mature et développé. L'existence d'un
marché financier mature et développé constitue pour les
compagnies d'assurances un impératif essentiel et ce pour deux raisons,
d'une part, parce que les assureurs ont besoin d'un marché financier
suffisamment important en volumes et avec des possibilités
d'investissement très diversifiées sur des durées
différentes afin de pouvoir honorer leurs engagements auprès des
assurés, et d'autre part, parce que les produits en unités de
compte qui constituent une formidable opportunité pour booster le
secteur ne peuvent se développer dans un marché
caractérisé par le marasme structurel.
v Axe n°3 : renforcer l'identité et
promouvoir l'élaboration du nouveau code constituant un cadre
institutionnel et technique propre au secteur des assurances.
v Axe n°4 : amélioration de l'environnement
externe des compagnies d'assurances complétée par le
contrôle de leurs situations financières, en mettant en place
des lois relatives aux investissements de l'entreprise par la création
de règlements adéquats donnant à l'entreprise le droit
d'investir ses fonds au profit des assurés et de
bénéficiaires du contrat d'assurances.
Cette recherche de performance de la politique industrielle dans
le secteur des assurances au Maroc n'est d'ailleurs plus un choix, mais
plutôt une exigence absolue dictée par la libéralisation du
secteur des assurances et son ouverture sur le marché
étranger.
De plus, il faut signaler que les spécificités du
monde de l'assurance s'estompent peu à peu par rapport à celles
du secteur bancaire. La réglementation évolue et rend les
rapprochements entre le secteur bancaire et celui des assurances plus
aisés. Ainsi que la mise en commun des réseaux de distribution et
la complémentarité de ces deux secteurs clés pour
l'économie leur confèrent aujourd'hui des potentialités de
développement considérables.
Au Maroc plusieurs alliances et rapprochements ont vu le jour
dans le cadre de l'exploitation des gisements de la bancassurance, son
potentiel du développement au Maroc est important, en témoignent
les participations croisées entre banques et sociétés
d'assurances ainsi que la vague de concentration que connaît aussi bien
le secteur bancaire que celui des assurances.
Ainsi, pour que l'assurance maladie obligatoire (AMO) ne devienne
pas un «autre mirage organisé», le projet de loi instituant
l'AMO , en gestation depuis près de dix ans, doit plus que jamais voir
le jour. La perspective de mise en application de ce régime d'assurance
maladie obligatoire fait naître non seulement des espoirs mais suscite
aussi des craintes. Espoirs d'étendre la couverture des dépenses
de santé à de larges fractions de la société qui en
sont dépourvues et de contribuer au développement du
progrès social. Craintes d'enfanter un monstre dévoreur de
ressources. Toute la difficulté, alors, est de mettre d'accord les
différents protagonistes sur le système de financement des soins
de santé à long terme le plus adéquat. Alors que certains,
comme les assureurs, préconisent de s'attaquer d'abord aux gros risques,
d'autres, comme les professionnels de la santé, estiment que, gros
risques ou pas, la prise en charge des soins de santé ne peut être
que collective et solidaire. Quant à l'État, il doit tout
faire pour concilier entre la nécessaire généralisation de
la couverture sanitaire et la contrainte d'un mécanisme de financement
qui ne soit pas trop budgétivore.
Enfin, la tendance actuelle, tenant compte d'un environnement
économique ouvert sur le monde dans le cadre de la globalisation des
marchés, impose une évolution du secteur vers une structure
ramassée et recentrée. Or depuis la libéralisation des
tarifs en 2001, les assurances sont invitées à plus de
transparence. Ainsi en entamant leur mue, elles se restructurent à coups
de rapprochements de fusions et d'alliances, et se réorganisent.
Dans le cadre du présent travail, nous avons adopté
une démarche qui se situe entre une approche pragmatique et une approche
théorique. L'objectif est d'allier les avantages de l'une et de
l'autre.
L'étude sur le développement du secteur des
assurances au Maroc n'a pas été du tout un travail facile. Nous
avons constaté, en effet, un manque flagrant d'études sur le
sujet. A part l'étude annuelle publiée par la Direction des
Assurances du Ministère des Finances, il y a un énorme vide
concernant le sujet.
Tout au long de ce travail, nous avons essayé de toucher
de plus près les assureurs, leur environnement et les mesures
d'encouragement et de promotion en faveur de ce type d'industrie. L'Etat a
accordé à ce secteur un intérêt particulier qui
constitue un levier de grande importance dans la mobilisation de
l'épargne longue. Ainsi, un nouveau cadre juridique a été
mis en place pour promouvoir le secteur. Toutefois, les mesures
instituées par la loi des finances 2004 constituent un coup dur qui ne
manquera pas d'avoir des effets néfastes sur l'avenir du secteur en
général. Cependant, les difficultés que connaît
cette industrie pour s'épanouir ne sont pas exclusivement imputables aux
conditions économiques ou à la conjoncture économique car
bien des secteurs réalisent de très bonnes performances
même en période de récession.
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