B) L'objet : l'Aïkiryu:
1. De l'Aïkido à l'Aïkiryu :
1.1. L'Aïkido :
1.1.1. Historique :
La « voie de l'harmonie avec l'énergie universelle
» est un art martial crée, développé et
enseigné par Ueshiba Morihei (1883-1969) à partir de 1931 au
Kobukan, son dojo de Tokyo. Techniques et philosophie de ce système de
combat furent d'abord transmise par l'association Kobukai puis
Aïkikaï à partir de la fondation de cette dernière le 9
février 1948. Cet enseignement traditionnel se perpétue à
travers son fils (Ueshiba Kishomaru), puis le petit-fils (Ueshiba Moriteru) du
maître fondateur de cet art de vivre du XXème siècle.
Beaucoup plus qu'une énergie de combat, la « voie » ouverte
par Ueshiba, technicien de génie et homme reconnu, est une
démarche de recherche intérieure. C'est l'expression par le corps
de l'union de l'individu (de son ego) avec l'univers qui le régit.
L'Aïkido de Morihei Ueshiba est l'« identification à la grande
nature », en plaçant le pratiquant, au travail de
méditation, de concentration, d'ascèse et de pratique, sur une
« paix interne»1.
Ueshiba rencontrera deux grands courants spirituels qui
donneront une particularité à ce qui deviendra l'Aïkido : le
bouddhisme et l'Omotokyo sorte de synthèse entre le bouddhisme et
chamanisme tibétain mais d'origine shintoïste. Le but de
l'Aïkido étant un accomplissement de l'être humain, la
discipline d'Ueshiba rejoint ici la dimension visée par toutes «
voie » martiale, reliés par le Budo, et par opposition à la
simple technique, utilisable en combat, sur le champ de bataille ou dans la
pratique sportive. De technique de destruction son art martial devait devenir
source de vie, d'harmonie et d'amour. Il consacra le reste de sa vie à
transmettre ce message de paix à travers un art issu de la guerre.
L'Aïkido était né comme le couronnement d'une recherche
éperdue.
Il eut quatre rencontres importantes dans sa vie ; Kumagusu
Minataka lui apporta les notions d'écologie et d'universalisme ; Bonji
Kawatsura lui apporta les techniques de purification par le bâton ;
Sokuka Takeda lui apporta les techniques martiales et le sens du
Bushido1; Onisaburo Deguchi lui apporta son approche spirituelle
universelle par l'Omotokyo2.
1.1.2. Le message de la pratique :
L'originalité de l'approche faite par Ueshiba au niveau
du combat réside plus dans le sens donné au geste, «
l'esprit de la technique », que dans l'efficacité du geste en soi,
à noter que l'Aïkido reste une technique très efficace. La
technique martiale s'est imprégnée de spiritualité et est
devenue art de vie. L'entraînement au dojo doit amener le pratiquant
à une nouvelle conception de son existence même, donc un
changement dans sa vie de tous les jours. Il s'agit à travers la
maîtrise des techniques et la capacité de vaincre, d'arriver
à la connaissance de soi et des autres. La voie de l'Aïkido est
donc l'apprentissage du respect, de l'amour, de l'homme, de la vie et de la
paix.
Son expression personnelle de l'Aïkido n'était
plus un système d'autodéfense dirigé contre un adversaire
mais une façon de communiquer avec un autre « soi », qu'il ne
fallait plus détruire mais amener à composer en le convainquant
de l'inutilité de ses attaques ou plutôt en transformant
l'énergie de son attaque. Entrer en harmonie avec son énergie
agressive pour la détourner, l'apaiser et la rendre positive.
L'Aïkido reste la « voie de la paix » par l'harmonie du corps et
de l'esprit. Une grandeur d'âme hors
1C'est le code d'honneur des samouraïs
2C'est un courant religieux qui a eu une grande
importance durant le 19ème siècle au Japon
du commun définit bien Ueshiba Morihei qui dispensa un
message d'amour, de sagesse et de paix. Eviter les affrontements et la
rivalité, sauf avec soi-même, afin de revenir sur une recherche
interne et pour se développer. L'homme doit s'accomplir à travers
l'harmonisation de son « énergie vitale » (ki) et de son corps
(taï) dans l'univers tout entier, en même temps que l'harmonisation
de son esprit (Shin) et de sa force morale (Ri). C'est important de
connaître cela car c'est la base de la culture inscrite dans la pratique
de l'Aïkiryu et c'est dans cet état d'esprit que l'observateur doit
s'insérer. De plus, partant du postulat que le message conditionne le
geste, il va être intéressant de voir quelle est la part de cette
culture transmise notamment par l'étude de définition que les
pratiquants ont de l'Aïkiryu.
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