Discussion
Au cours de cette étude nous avons cherché
à connaître les caractéristiques sociales d'un groupe de
pratiquants d'Aïkiryu qui s'est organisé sous forme d'une
communauté. L'Aïkiryu n'étant pas un art martial mais une
composante des « arts du geste », on peut dire que cette pratique est
une précision du lien entre l'Aïkido et une personne qui a
pratiquée, vécue et transmit une certaine vision du monde et de
la vie, différente de ce que l'on retrouve dans la société
actuelle. Nous avons formulé les hypothèses selon lesquelles les
Aïkiryuka sont des individus issus de milieux sociaux différents et
que la communauté se subdivise en différentes classes d'opinion
tout en restant une pratique rassembleuse. Les définitions
données par les pratiquants reflètent une vision de pratique et
de vie propre à une volonté de liberté ainsi qu'un
désir de sociabilité.
Les méthodes de recueil de données sont de deux
ordres, la première méthode consiste à mettre un
questionnaire en ligne sur internet afin que l'ensemble des pratiquants
puissent y répondre (n=42) et la seconde méthode est une
observation participante effectuée lors des différents moments
passées en sur le lieu de stage et ceci afin de mieux comprendre le sens
de la pratique. Cette étude est de type compréhensif, en ce
qu'elle doit rechercher le sens, les motifs, des comportements humains, puisque
ceux-ci sont constitutifs des actions dont il s'agit de rendre comptent.
Ce qui ressort de l'ensemble de ce travail de recherche c'est
que les pratiquants d'Aïkiryu ont des caractéristiques sociales
différentes. En effet, la population d'Aïkiryuka est
composée d'individus de tout âge, il y a une diversité en
ce qui concerne les catégories socioprofessionnelles, des niveaux
d'études également très différents, les pratiquants
d'Aïkiryu sont pour moitié des débutants qui ont
commencés entre 2004 et 2007. Sur l'ensemble de la population
étudiée il n'y a que 24% qui n'ont jamais suivi l'enseignement de
Charles Abelé ce qui traduit qu'une partie des pratiquants actuels ont
approché les idées et la vision que Charles Abelé a voulu
transmettre. Ce qui est intéressant concerne les stages car ils sont le
moment où les pratiquants, membres de la communauté, peuvent se
retrouver. Les stages qui
permettent de souder et de rendre effective cette
communauté, ce qui confirme l'une des hypothèses formulés
précédemment. Ensuite, ce que l'on peut constater c'est que
l'ensemble des pratiquants ont une activité à côté
qui se décline en quatre catégories, les activités
physiques et sportives, les arts martiaux, les expressions artistiques
indirectes médiées par un objet et les expressions artistiques
directes corporelles ou orales.
Concernant les opinions des pratiquants, il existe deux
classes différentes au sein de la communauté, les deux classes
mettent en avant les idées de bien être, d'équilibre par la
pratique et que la pratique sportive permet de se dépenser. Ces classes
exclues les idées que l'on se valorise en étant le meilleur et
que ce qui est recherchée en Aïkiryu c'est la force. Ces classes se
différencient par des moyennes de réponses aux questions plus
élevée dans la classe 1 et qui semble traduire un accord
d'opinion tandis que la classe 2 est plus disparate dans la répartition
des moyennes des réponses. L'autre élément à
prendre en compte, c'est que parmi les deux classes est il n'y a pas de
prédominances d'un groupe social particulier, les deux classes sont
homogènes. Cependant, il est impossible de les différencier
véritablement par la méthode utilisée car les opinions
sont très proches. Cette proximité montre que la
communauté est unifiée. Dans l'ensemble, l'orientation des
définitions met en avant cet art comme un moyen privilégié
d'améliorer les rapports entre les individus par un échange et de
redonner un espoir en la société. On peut ajouter qu'il y a une
forte corrélation entre le fait qu'il serait bon de pratiquer une
activité sportive et que ce serait une source d'équilibre
(0,705), ce qui confirme l'inscription de cette activité corporelle dans
un mouvement de pensée plus large que la simple pratique. Dans la
plupart des cas, Charles Abelé est présenté comme le
fondateur de l'Aïkiryu mais il n'y a qu'une seule définition qui
fait état d'« un regroupement » autour de lui. Cette
reconnaissance du fondateur montre bien que la communauté n'existe pas
autour d'une personne mais existe bien de façon intrinsèque car
les pratiquants recherchent une vision plus humaniste des rapports
interindividuels comme par exemple la sincérité dans le rapport
à l'autre.
Les critiques sur cette étude peuvent s'orienter autour
des biais de la méthode utilisée car le mode participatif demande
une ouverture d'esprit afin de pouvoir accueillir les opinions des individus
observés. Cette objectivité, dont il faut faire preuve pour
pouvoir étudier au mieux des groupements sociaux particuliers et pour
laquelle aucun enseignement dit scolaire ne permet de construire de
compétence, est nécessaire.
Cette étude apporte un ensemble de connaissances sur
une pratique qui n'a jamais été étudiée de
façon universitaire. Il a fallut la placer dans l'espace des pratiques
au sens large puis de la définir par la vision qu'en ont les
pratiquants. L'élément à mettre en avant dans cette
étude est qu'il existe une autre façon de voir les relations, qui
n'est pas restreint qu'à cette pratique mais au contraire qui correspond
à tout un nouveau mode de pensée émergeant.
La continuité de ce travail serait d'étudier le
rôle de la constitution de la communauté avec comme axe de
recherche : la constitution de la communauté, la vision du monde que les
pratiquants comprennent et prennent en référence, comme
l'écologie ou bien leur vision humaniste de la société. Il
s'agirait de chercher à comprendre comment s'est construite cette
communauté.
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