II) Etude de la pratique « Aïkiryu »:
L'« Aïkiryu » est un art du geste
créé par Charles Abelé suite à l'envie de faire
partager une vision du monde et de la vie, aux individus par la transmission
d'un ensemble de valeurs en cohérence avec une vision de la
société. Celle-ci visant à placer l'individu au centre de
la société et que l'on pourrait qualifier d'« humaniste
». Cette discipline propose un espace d'échanges entre les
pratiquants qui permet de créer des liens, de partager des moments et de
faire des rencontres. Ces échanges entre pratiquants ont fait
émerger un groupe au sein de la pratique et que l'on peut nommer la
« communauté Aïkiryu ». Cette communauté
étant liée notamment par un désir de sociabilité.
Les raisons qui peuvent pousser à la formation de cette
communauté seraient que le contexte social actuel basé sur un
« esprit capitaliste », comme l'explique Max Weber dans La
théorie de la religion1, tend à «
rationaliser » mais également à rendre les personnes de plus
en plus « individualistes ». Dans ce contexte, certaines pratiques
visent à procurer un bien être aux individus et à
rétablir un dialogue social, c'est dans ce sens que Charles Abelé
à créer l'Aïkiryu. En effet, l'émergence d'une
communauté au sein de l'Aïkiryu s'est faite suite à la
rencontre des pratiquants et de Charles Abelé, cette personne
charismatique et respectée a catalysé la formation d'un groupe
d'individus sous forme d'une communauté.
Dès lors, cette pratique s'inscrirait dans un projet de
société particulier qui peut se rapprocher des idées
décrites dans La charte de l 'Europe des consciences, qui est
un texte rédigé par l'Association de l'Europe de Consciences et
visant à proposer, sous forme d'un programme, une autre façon de
voir la société ainsi que les fondements de cette
société. Cette charte regroupe tout un ensemble de propositions
afin d'améliorer les conditions de vie des individus et propose
également une orientation politique visant à placer l'individu en
tant qu'être humain au centre de la société. Cette charte
permet de mettre des mots sur un courant de pensée qui est proche de la
vision de pratique qu'est l'Aïkiryu et permet donc de comprendre au mieux
cette pratique.
On peut se demander si cette pratique ne regrouperait pas un
certain type de personnes ayant des caractéristiques sociales identiques
comme on a pu le voir avec
1 Weber, Max (2006) Sociologie de la religion, traduit
par Kalinowski, I.
l'étude de JP Clément, c'est-à-dire que
l'appartenance à une catégorie sociale détermine le type
de pratique. En revanche, l'Aïkiryu semblerait regrouper des individus
issus de classes sociales complètements différentes.
C'est-à-dire que l'on retrouverait au sein d'une même pratique des
individus ayant des origines sociales ainsi que des caractéristiques
sociales mixtes. Donc, cette pratique propose un échange ainsi qu'un
métissage entre des personnes qui ne sont pas issues du même
milieu social et ne possédant pas les mêmes capitaux culturels,
économiques.
Afin de connaître les visions de pratique pouvant
déterminer le degré d'appartenance à la communauté,
il sera important d'étudier les opinions des pratiquants. On peut faire
l'hypothèse que les pratiquants d'Aïkiryu mettent en avant
l'idée de la pratique pour un bien être plutôt que pour une
valorisation personnelle car cette idée est prédominante dans la
pratique. Cependant, cette communauté se différencie en plusieurs
groupes de personnes.
Puis, il serait également intéressant de voir
comment les pratiquants définissent l'Aïkiryu et si ces
définitions apportent des indications complémentaires concernant
leur vision de pratique. On peut formuler l'idée que l'ensemble de ces
définitions montrent la relation qu'entretiennent les pratiquants avec
l'Aïkiryu. Dans un second temps, les définitions permettent
d'identifier les co-occurrences de thèmes abordés au sein de
cette pratique, notamment les thèmes de relation et de vision de la vie
en général. Les visions de vie se rapprochant d'une
volonté de liberté, de libre arbitre dans sa propre vie, ainsi
qu'un désir de sociabilité.
Enfin, il va être pertinent de chercher sous quelle
forme la communauté perpétue et continue à transmettre ses
idées, notamment les idées relatives aux principes même de
la pratique. On peut faire l'hypothèse que ce qui fait le ciment de
cette communauté pourrait être les stages. Ces stages permettant
de réunir l'ensemble des pratiquants et permettant d'échanger, de
créer des relations, de faire des rencontres. Mais surtout, en allant
plus loin, les stages sembleraient être un lieu privilégié
de mise à jour des codes et normes de cette communauté, que l'on
pourrait identifier comme un moyen de pouvoir transmettre au plus près
des pratiquants, l'ensemble des fondamentaux, des éléments qui
font de la pratique un moyen de communication performant et rassembleur.
1 Quivy, R. Van Campenhoudt, L. (2005) Manuel de
recherché en sciences sociales, Dunod
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